Rivalités à Venise

Cette remarquable exposition me ramène avec plaisir à mon récent séjour à Venise, entre autre à la Scuola  Grande San Rocco, véritable chapelle sixtine peinte par Jocopo Tintoretto. Mais il ne faut pas s’y tromper, les toiles n’ont pas été décrochées des églises et musées vénitiens, à part quelques unes, mais proviennent du monde entier. C’est ce qui en fait son intérêt.
Je ne m’étendrai pas sur l’intégralité de l’exposition, le mini-site du Louvre étant fort bien construit, l’exposition elle-même fort bien présentée, avec un audio-guide « intelligent » qui vous guide à travers les diverses salles et grâce auquel rien ne vous échappe ou presque de cette merveilleuse exposition.
Deux toiles ont un été un vrai coup de cœur pour moi, 2 sujets récurrents dans l’histoire de l’art :
Sous le titre la femme désirée, le nu féminin à Venise :
Le nu féminin est un des thèmes les plus représentatifs de la peinture vénitienne du XVIe s. Ce genre trouve son origine dans les images de femme à la beauté idéale peintes par Giovani Bellini et Giorgione au début du siècle (rien à voir avec les femmes grasses, cellulitiques de Renoir vues au Grand Palais)
La femme nue apparaît aussi bien dans des scènes historiques que dans les images où son corps étendu, offert à la contemplation, devient le sujet principal du tableau. Ce thème érotique devient incontournable pour tous les peintres vénitiens ou étrangers dans la lagune.
Titien triomphe dans ce genre sensuel, et ses nus sont recherchés par les cours princières d’Europe. Ses mythologies peintes pour Philippe II d’Espagne montrant le corps féminin dans des positions variés servent de modèles. Véronèse les transpose dans un style serein et mesuré, tandis que Tintoret leur confère un caractère énergique souvent empreint d’ironie. Bassano, moins intéressé par ce sujet cherche à saisir le mouvement instantané et la vérité psychologique de l’événement.
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Danaë recevant la pluie d’or, accompagnée de sa servante cupide, du Titien, oeuvre déjà vue au Prado.
Acrisios, le roi d’Argos, enferma sa fille, engendrée avec Eurydicé, dans une tour de bronze. Il avait appris d’un oracle que le fils de celle-ci allait le tuer. Zeus la rejoindra sous la forme d’une pluie d’or et lui donnera un fils du nom de Persée. Acrisios jettera l’enfant et sa mère à la mer, enfermés dans un coffre qui échouera sur l’île de Sériphos. Le frère du roi, un pêcheur nommé Dictys (filet), les sauvera et leur offrira le gîte et le couvert. Le roi de l’île de Sériphos, Polydectès, tentera de tuer Persée qui protégeait Danaé dont il était amoureux. Il demandera au jeune homme lui ramener la tête de la Gorgone Méduse au titre du tribut qu’il devait lui verser. Il emmurera Danaé dans un sanctuaire sans nourriture, jusqu’à ce qu’elle accepte de l’épouser. Persée, rentré l’année suivante avec sa femme Andromède, libérera Danaé à temps et pétrifiera le roi et sa cour grâce à la tête de la Gorgone qui transformait en pierre ceux qui la regardaient. Persée confiera la royauté à Dictys et amènera sa femme et sa mère à Argos où il tuera accidentellement Acrisios. Danaé se rendra en Italie, selon Virgile, et échouera sur la côte de Latium en raison d’une tempête. Il fondera la cité d’Ardée avec les colons argiens. L’un de ses petits-enfants, Turnus, sera le rival d’Enée pour la main de Lavinia.

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Ou encore Suzanne et les vieillards du Tintoret (Vienne Gemälde Gallery) est un tableau d’une beauté saisissante, A Babylone. Suzanne y est une très belle, très pieuse mère de famille, Elle se regarde dans un miroir, épiée par des vieillards lubriques qui la surprennent aux bains. Elle les repousse. Pour se venger, ils l’accusent d’adultère, de coquetterie et de provocation.  Les deux notables licencieux sont juges au tribunal religieux : ils ont donc toutes chances de la faire condamner. Mais le jeune prophète Daniel les confond en les faisant interroger séparément. Les deux lâches sont alors condamnés et lapidés.
Vous trouverez des détails sur ce blog
photo 1 de l’auteur

Ordre hasard et déchirures – Gérard Blériot

L’ordre c’est l’histoire de l’art à laquelle on n’échappe pas. C’est l’œuvre picturale dans son organisation, sa composition. C’est en particulier l’abstraction géométrique dans sa rigueur.
Le hasard c’est celui des rencontres, des rapprochements infinis d’images, de l’œil qui se pose et retient ce qu’il sélectionne.
La déchirure c’est le geste, l’expression des égratignures, des écorchures, des agressions de la réalité actuelle.
Les collages présentés à la bibliothèque  municipale tentent de concilier les trois choses.

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C’est par ces termes que nous accueille Gérard Blériot au 1er étage de la bibliothèque, Grand’ Rue de Mulhouse et ceci jusqu’au 31 décembre 2009.
Originaire de la région de Compiègne, issu d’une famille de tisserands, attiré par le dessin dès l’enfance, il s’est orienté vers l’apprentissage de l’architecture. Après un passage dans un cabinet d’architecture, il se consacre à l’enseignement et devient professeur d’arts plastiques au lycée Schweitzer de Mulhouse.
Lorsque l’on regarde ses collages, sa formation d’architecte saute aux yeux. C’est l’évidence même dans le rythme, la sensibilité à l’espace et à la composition. Le choix des couleurs peut être assimilé au lyrisme, mais il se défend d’être un vrai lyrique. Pour GB, cela est l’expression de ce que l’on voit actuellement, tout le monde est en noir, mais aussi l’expression d’une réalité, de la société qui est la nôtre.gerard-bleriot-5.1261358274.jpg
Il découpe ses sujets dans des revues d’art, dans des catalogues, récupère dans les affiches du métro, récupère de la publicité. L’affichage sauvage étant devenu quasiment inexistant, tout est réglementé, alors que des artistes comme Villeglé ou Hains, pouvaient se contenter d’arracher des affichages existants, en les arrangeant quelque peu.
gerard-bleriot4.1261358090.jpgL’exposition d’Andreas Gursky au Kunstmuseum de Bâle l’a notamment inspiré pour ce collage, où il a introduit des photos de bijoux précieux, et intercalant au milieu de la trame, un espace représentant une grotte aux couleurs chaudes.
A côté d’une peinture acrylique, abstraite et géométrique, un collage détourné de Soulages en référence à l’exposition actuelle au MAMCS.
Un autre encore où il met en opposition le luxe de la société actuelle avec la lutte ouvrière dont on devine les lettres, avec une belle dame voluptueuse luxueusement vêtue d’une robe noire.
geard-bleriot-lutte.1261357715.jpgUn autre collage allie des carreaux de la place St Marc à Venise à des couleurs, ou l’ange de Simon Vouet dont il a gardé l’oblique des ailes et du bras, toujours dans sa recherche de géométrie.
Un autre encore nous montre des personnages de Fernand Léger, débarquant sur la lune.
Il allie le jeu des rythmes aux images d’orfèvrerie, à la géométrie, au jeu des couleurs, en modifiant grattant, déchirant, pour obtenir un ensemble qui puisse satisfaire son besoin de structure architecturale.
Une exposition de cette série de collage est prévue pour les 11/12/13 juin 2010, à St Jean aux bois près de Compiègne (vernissage le vendredi 11/6).

Grand merci à Gérard Blériot pour m’avoir accordé son attention.


photos de l’auteur avec la difficulté de la réverbération

Regionale 10 FABRIKculture de Hegenheim

L’exposition de la Régionale 10 à FABRIKculture s’articule autour de la notion de passage. La situation même d’Hégenheim, près de la frontière avec Bâle et la vocation transfrontalière de FABRIKculture donnent à ce thème toute sa raison d’être.

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Depuis sa création en 2003 l’association FABRIKculture devient progressivement un pôle d’expérimentation pour la création artistique contemporaine pluridisciplinaire dans la  RegioTriRhena.
Les travaux des 19 artistes sélectionnés évoquent de près ou de loin le dépassement des frontières, le changement de lieu de vie, d’environnement, de paysages, d’identité culturelle.
L’idée de passage devient un fil conducteur qui offre au visiteur la possibilité de découvrir les différents liens entre les oeuvres exposées.
Avec son architecture industrielle si caractéristique et les dimensions de sa halle, FABRIKculture se démarque sans conteste des autres lieux de la région frontalière et offre au public et aux élèves des écoles une approche différente de l’
art contemporain.
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Fabrikculture se veut un espace laboratoire et lieu de production et de diffusion artistique. Sa mission est de promouvoir la jeune création en organisant des expositions et en accueillant des artistes en résidence au milieu de plus de quinze ateliers occupés par des artistes de la Regio. Tout ceci sous la houlette de Laurence Blum  présidente de l’association.
A l’entrée de la halle, le visiteur est confronté à l’installation de Pawel Ferus qui rassemble au sol 30 pièces d’enseignes lumineuses au titre évocateur «Exit».fabrikulture-hegenheim-22-medium.1260801521.JPG Il devra contourner cette
«anti-chambre» pour pouvoir appréhender l’ensemble de l’exposition.
Les petits groupes de moutons en papier, grandeur nature, de Barbarella Meier nous incitent à nous frayer un chemin à travers l’espace. Aux murs les paysages de fabrikulture-hegenheim-45.1260805952.JPGStephan Hauswirth, Mathieu Boisadan, Iris Hutteger, Hans Rudolf Fitze, Christian Schuler, Anne Wicky, se succèdent, nous offrant des approches très contrastées dans l’appropriation du thème de la nature entre fiction et réalité; tandis que la série de «Key West» de Dadi Wirz,dadi-wirz-key-west-2000.1260804725.JPG propose une vision réductrice d’un paysage topographique.
Notre regard passe d’un travail à un autre et constate l’absence de représentation d’être humain. Chez Anne Marie Catherine Wieland, Simone Wyss et Maukje Knappstein, même si le corps est à l’origine de leurs travaux, il apparaît plus fantomatique que réel. Cette impression de «présence-absence» se retrouve de manière plus sensible encore chez Lara Gysi et Andrea Hartinger qui toutes deux, en prenant le matelas comme motif, traitent de l’espace intérieur, de ce lieu de vie intime si difficile à représenter.
marion-ritzmann-wegweiser-ii-2008.1260806369.JPGIl ne s’agit pas d’abstraction mais bien souvent d’une volonté chez ces artistes de décontextualisation: Marion Ritzmann plante une pancarte au milieu de la forêt et nous autorise à faire de la publicité. Celia Sidler dans son installation au mur réunit de nombreux matériaux d’emballage de produits de consommation de provenances diverses pour niveler les identités culturelles en créant une atmosphère et en leur donnant un nouveau contenu.
On retrouve un questionnement semblable dans la série «sculpture sociale» de Corps étranger, présent au Kunstverein  de Fribourg,  (où on peut voir, au premier étage, bien en retrait sur un mur, l’image de Françoise de Robert Cahen, qui a l’air bien désorientée dans ce lieu…)
Chacune de ces photos représente l’artiste en veston, allongé dans différents contextes urbains. Ces images comme le disent leurs auteurs «interroge[nt] aussi l’identité des lieux et notre capacité à nous identifier à un lieu et à faire corps avec lui, au point de ne plus nous en distinguer.»
Et la question se repose… : Et si la Régionale était un pays?
Commissaire : Laurence Blum
Visite :
Sa/sa, 19.12., 16:00 In Anwesenheit der Künstler/en présence de quelques artistes
Adresse
60, rue de Bâle, F-68220 Hégenheim, www.fabrikculture.net, info@fabrikculture.net
Öffnungszeiten/Heures d’ouverture
Fr/ve – So/di, 11:00 – 17:00
25/26.12.2009 und/et 01.01.2010 geschlossen/fermé
photos 1 + 2 de l’auteur
3/4/5 courtoisie de la FABRIKculture

Regional 10 – Ausstellungsraum Klingental Basel (CH)

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Cette année, l’Ausstellungsraum Klingental organise une mise au
rebut («Entsorgung»). De nombreux artistes se séparent d’une de
leurs oeuvres en la mettant dans des bennes préparées à cette
occasion. En plus, ils ou elles donnent une explication de leur
choix. Ce qui, en général, se déroule dans le silence des ateliers –
la mise au rebut pour des raisons intellectuelles ou pragmatiques –
est rendue public par cette action.Leur action ne se veut point
iconoclaste, au contraire, elle veut donner une idée des procédés
créateurs et déclencher un discours au sujet de la créativité et la
matérialité, de l’éphémère et du marché.  Tous les jours des oeuvres arrivent pour être détruites. Elles sont acceptées jusqu’au 4 janvier 2010. L’autodafé est prévu pour le début janvier.
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Artistes
Entsorgungen und Statements von:/Mise au rebut et motivations par:
Ammon Peter | Arnold Véronique | Aurich Elke | Baldinger Fritz | Becher Nathalie |
Bendele Florian | Bezzola Corina | Bombsch Reinhard | Borer Kathrin |
Brolly Claire-Marie | Brugger Daniela | Buess Anne & Weber Gabi |
Bugg Barbara | Carl Jan Sven | Cheynet Eléonore | Dyminski Daniel |
Faller Wolfgang | Ferus Pavel | Flieger Katja | Florido Navarro Eloisa |
Frick Andreas | Fritsch Luise | Früh Eva | Fürst Peter |
Gasser Nicolas | Gerhard-Choi Hyun-Bi | Gisler Pia | Grundmann Klaus |
Hagenbach Andreas | Herzner Katrin | Knüfer Ute | Kunz Lukas | Laufer Daniel |
Linsi Raphael | Maier Barbarella | Menzel Michaela | Mueller Yvonne |regionale-klingenthal-basel-74-medium.1260753738.jpg
Munsch Olivier | Pakery Paula | Ramolet Sylvain | Raz-Goldau Brigitte |
Rechsteiner Jay | Rodgers Megan | Rodrigo Christina | Romanini Letizia |
Rosenstiel Eva | Saxer Urban | Schneider Andreas | Schnell Sabine Dorothea |
Schuler Peter | Schwarz Stephan | Stampfli Ursula | Steier Christel Andrea |
Stein Johanna | Storti Barbara | Strässle Manuel | Streit Florian |
Streun Andreas | Strubel Dominique-Paul | Tiemann Heidrun | Underwood Erika |
van der Post David | Varela Carlos | Vessa Michael | Völkle Gerhard |
vom Endt Alexandra | Vulic Darko | Weber Selma | Wiedemer Reinhard |
Yun Hyeyoung | Ziegler Johanna u.a.

 regionale-klingenthal-basel-73-medium.1260753649.jpg
Manifestations
FINISSAGE, Abtransport der Mulden: Mo. 4.1.2010, ab 15.00
Visites guidées
Jeweils Fr/ve + Sa/sa, 14:00 – 17:00. Die Projektverantwortlichen sind im
Ausstellungsraum anwesend und geben Auskunft über das Projekt.
Adresse
Kasernenstrasse 23, 4058 Basel, T +41 (0)61 681 66 98, www.ausstellungsraum.ch,
info@ausstellungsraum.ch
Heures d’ouverture
Di/ma – Do/je, 15:00 – 18:00 | Fr/ve – So/di, 11:00 – 17:00 | Geschlossen/fermé: 25./26.12.2009/1.1.2010
Prix d’entrée
Entrée libre
Transport public
Tram 8direction Kleinhüningen, arrêt «Kaserne». Au rez-de chaussée de la Klingentalkirche,
dans la cour  du Kasernenareals, hofseitiger entrée avec la rampe (côté du Rhin)
 
photos de l’auteur

Colin-maillard à la Kunsthalle de Mulhouse

affiche-regionale-10.1260658265.jpgEt si la Regionale était un pays, à quel pays appartenez-vous ?
La Kunsthalle propose différentes manières pour aborder la Regionale, soit classiquement, avec le vernissage force Kougelhoupf et vin blanc, visites guidées classiques avec une guide.
Les Kunstapéro, visites guidées suivies d’une dégustation, qui permet de discuter autour d’un verre, avec une participation de 5 € (7 janvier 2010 à 18 h)
Puis une expérience  inédite « Colin maillard » proposée  par Joël Henry de Latourex (laboratoire de tourisme expérimental) Entrée libre, inscription au 0369776647
L’exposition de la Kunsthalle souhaite mettre en avant la place du code, de la mesure, de l’organisation et de la structure. Où se situent les frontières d’un espace ? Ce sont des séries de références, un principe de codification qui marquent les convergences et définissent les appartenances. A travers, des installations, du son, de la peinture, des photographies et des sculptures l’exposition dessinera un espace, un territoire qui lui est propre.
Commissaires de l’exposition : Sandrine Wymann directrice de la Kunsthalle Mulhouse et Bertrand Lemonnier artiste enseignant à l’Ecole d’art du Quai à Mulhouse.
Colin-maillard
 Pouvez-vous nous présenter l’œuvre exposée ?
Nous nous sommes retrouvés au bas de l’escalier de la Kunst, par couples.kunsthalle-colin-maillard-12-dec-09-3.1260656207.jpg
Le principe étant que l’un des personnages du couple fasse le guide, décrive les œuvres présentées, la 2e personne le visage recouvert d’un loup, la suit « aveuglement », tente de comprendre les explications, et pose des questions, pour parfaire sa compréhension de ce qui est décrit. Ensuite après une pause on  échange les impressions des couples, puis nouvelle visite de l’exposition cette fois sans le bandeau pour voir les œuvres et les confronter aux explications données par le guide occasionnel. C’est ainsi que je me suis prêtée à faire le guide de mon « aveugle » Mariana.
Grimper les escaliers de la Kunst est déjà une aventure, combien de marches ? attention au tournant, rentrer dans l’espace d’exposition, en évitant à son aveugle de se cogner au montant de la porte. Puis nous voici dans le vif du sujet, décrire les oeuvres au plus juste, trouver les mots, le matériau, la couleur,  sans jargonner, être objectif, éviter de marcher sur les œuvres à même le sol, sans oublier que le thème fédérateur ici est le code.
Voici comment j’ai décrit mon David par Michel Ange sous bulle :kunsthalle-mulhouse-21.1260643605.JPG

Michel Ange, c’est la place de la Seigneurie à Florence, le David, la taille de la scuplture, son arrogance, la beauté du corps, le papier bulle, les alvéoles colorées, de noir, de gris, de blanc, pour former le visage, les bras, les aisselles, le pubis, les muscles des jambes. Je ne sais même plus si j’ai prononcé le nom de David, tellement cela me semblait évident.
Voici ce qu’en dit l’artiste Barbara Bugg :
Si la Regionale était un pays, je me sentirais du pays  « Regionale ». Ce pays serait pour ainsi dire un pays artistique artificiel, exempt de tout sentiment d’appartenance à une nation.
Le plastique bulle est un matériau courant d’emballage.
Partant de l’idée qu’une sculpture ou un objet ait été emballé avec du plastique bulle, puis déballé, apparaissent alors sur la feuille des traces et des empreintes de cet objet.
L’empreinte se compose de points (pixels) – chaque point est important, mais ce n’est que dans leur totalité qu’ils produisent un sens (l’image).
Le plastique bulle, donc le matériau d’emballage, devient le véritable objet d’art, et obtient de ce fait une surprenante importance.Un premier ensemble est formé d’oeuvres qui font appel à l’image informatisée ou à l’utilisation d’internet. Qu’elle soit « re-codées », comme le Retour aux sources de Bertrand Gondouin, déconstruite à la manière de Without you baby, There ain’t no us de Comenius Roethlisberger et Admir Jahic ou qu’elles imposent une lecture conditionnée de l’image comme Matrix Hype 8 de Ildiko Csapo (3D), David de Barbara Bugg (pixel) ou le travail de Chloé Dugit-Gros (image virtuelle d’un dessin), toutes ces oeuvres ont pour convergence de nous mener à une lecture
empreinte de références informatiques.kunsthalle-colin-maillard-12.1260749633.jpg

Star Wars kids me laisse perplexe, pourquoi tout le monde exploite cette vidéo alors que cela a rendu le jeune garçon malade au point de ne plus sortir de chez lui, et moi je me joins à la meute pour en parler sur mon blog. perçoit-on l’idée de dénonciation de la surconsommation des images et duWeb ? Des images, 600 dessins visibles ou non visibles de youtoube reproduites sur des planches encadrées, 22 dessins en largeur x 7 en hauteur soit 154 dessins en tout qui sont accrochées au mur du fond de la Kunsthalle, puis par une série de lots devant le mur, chaque image étant une séquence de la vidéo la plus visionnée sur Youtoube. Voici ce qu’en disent les 2 plasticiens :kunsthalle-colin-maillard-12-dec-09-star-wars-kids.1260657284.jpg
Comenius Roethlisberger : une installation contemporaine sortie de ses gonds.
Admir Jahic : peindre d’après les numéros. Ils ont dessiné les 40 dernières secondes (15 dessins par seconde) de la vidéo,
reproduit et encadré les images
Youtoube de Star Wars Kid, » Nos travaux sont des surfaces de projection. Dans des mises en scènes énigmatiques, nous réfléchissons sur tous les aspects et contextes possibles de l’identité.Nos travaux sont des surfaces de projection. Dans des mises en scènes énigmatiques, nous réfléchissons sur Star Wars Kid est né il y a plusieurs années grâce une personne s’étant volontairement filmé en train de faire semblant de se battre à la « star-wars » avec un balai, devant des rideaux et le type est vraiment à fond dans ce qu’il fait, très sérieux, très concentré …
C’est justement ce qui rend cette vidéo unique … et ça ne s’arrête pas là puisqu’ayant eu la maladresse de laisser la vidéo dans la caméra, des camarades ont diffusé la vidéo sur la toile.
Voilà que des dizaines de personnes se sont misent à la trafiquer en y ajoutant des effets spéciaux, musiques et faisant même des parodies de films, le résultat est vraiment hilarant et est devenu en quelque temps un véritable phénomène du même genre que :  all your base belong to us,  ou le chinois !!!kunsthalle-colin-maillard-1.1260657157.jpg « Une autre approche, un autre ensemble, nait d’une attention portée à la forme. Lifeboat de Bruno Steiner est un carton animé, tourné et retourné et qui laisse toujours apparaitre sa forme première. La série Blickwinckel de Gianin Conrad, bas-reliefs géométriques construits à partir du mètre en bois du bricoleur est contrainte par l’utilisation du matériau. On retrouve également le Matrix Hype 8 d’Ildiko Csapo qui construit une oeuvre en volume et renvoie ainsi à la représentation de la matière, à la construction moléculaire.
Les repères historiques liés à une mémoire partagée ou transmise sont également représentés. Le David de Barbara Bugg mais aussi la Chambre d’écoute d’Emanuel Strassle qui introduit dans l’espace un ronflement, un bourdonnement faisant référence à un univers industriel.kunsthalle-colin-maillard-12-dec-09-8-medium.1260793068.jpg
Certaines oeuvres ont pour point commun de venir perturber notre bon sens de l’espace. Anita Kuratle s’inscrit dans cette approche de même que Katja Flieger. Avec ses Ground painting, elle mène à l’absurde les conventions de signalétique urbaines prescrites et respectées. Selma Weber et sa série Ein Moment trifft die Welt engage une réflexion sur les clichés et les conventions qui sont les nôtres en matière de représentation vestimentaire.
Un autre vecteur de reconnaissance est le signe, utilisé comme moyen de communication, detransmission. kunsthalle-colin-maillard-1-dec-09.1260656472.jpgChristina Schmid l’utilise dans ses Audioguides, canevas brodés de messages sténographiées en anglais …, avec une traduction sur l’envers. Andreas Frick, dans Bérénike, extrait des pages imprimées, les termes relatifs à la couleur et à son évocation. Les mots transmettent alors une information chromatique susceptible à son tour de mener à une nouvelle définition de pays.
Et ainsi de glissement en glissement, de lecture en relecture des oeuvres, se dénombre une multitude de pays possibles qui tour à tour ou conjointement pourraient s’appeler la Régionale.

Barbara Bugg, Gianin Conrad, Ildiko Csapo, Chloé Dugit-Gros, Katja Flieger, Andreas Frick,
Bertrand Gondouin, Anita Kuratle, Comenius Roethlisberger et Admir Jahic, Christina Schmid,
Bruno Steiner, Emanuel Strassle, Selma Weber.

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photos Emilie George Elisabeth Itti

La confusion des sens à l'espace Vuitton

Indissociable du monde du voyage, la Maison Louis Vuitton à Paris
se plaît à traiter de cette thématique dans les expositions qu’elle organise, au sein de son espace culturel. Pour sa dixième exposition, elle en propose une nouvelle approche, qui change un peu la donne, puisqu’elle invite, cette fois-ci, son spectateur à un voyage intérieur.

Un parcours dans lequel ses sens se troublent, bouleversant ainsi son rapport à la réalité pour une remise en question absolue de son existence et du monde qui l’entoure. Un périple au coeur des méandres d’une intériorité déstabilisante, puisque sans repères. Une

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 » confusion des sens « ,

comme l’indique le nom de l’événement, provoquée par la mise en scène de huit oeuvres d’artistes contemporains, toutes surprenantes. La commissaire de l’exposition est Fabienne Fulcheri que vous pouvez trouver dans sa présentation sur le site de l’exposition.

C’est une invitation à plonger à l’intérieur de nous-même, à être à l’écoute de notre corps et de nos sens afin de mieux nous comprendre, mais peut-être aussi de mieux saisir la complexité du monde qui nous entoure. Elle constitue une expérience à vivre et à éprouver qui bouscule notre perception autant que nos certitudes.

Le point de départ de cette exposition sensorielle est l’œuvre de l’artiste Olafur Eliasson, créée à l’occasion de l’inauguration de l’Espace culturel Louis Vuitton dans l’ascenseur central. Intitulée «Votre Perte des Sens», Olafur Eliasson a voulu pousser son exploration de la perception individuelle et du sens de soi avec «une chambre d’entropie sensorielle». Cet ascenseur, qui enveloppe le visiteur d’une obscurité totale, prend pleinement son sens dans cette exposition et en constitue la porte d’entrée autant réelle que symbolique.traumatheque-berdaguer-et-pejus.1260466954.JPG

A travers les créations de huit artistes, «La Confusion des Sens» trace un parcours qui amène le spectateur à prendre conscience de son corps, de sa place dans l’espace mais aussi à développer ses propres images mentales. Accueilli dès la vitrine par une nouvelle œuvre de Didier Fiuza Faustino, le visiteur découvre en prologue un texte qui semble s’arracher du mur avec une force à la fois violente et contenue. Le parcours se poursuit dans le hall, l’ascenseur puis l’espace d’exposition avec un ensemble d’œuvres qui redessine la géographie des lieux dans des contrastes lumineux allant du noir profond au blanc le plus aveuglant. Conjuguant abstraction et approche sensible du réel, les installations de Renaud Auguste-Dormeuil, Céleste Boursier-Mougenot, celeste-boursier-mougenot-elisabeth-itti.1260467079.JPGVéronique Joumard et Laurent Saksik nous invitent à nous perdre pour mieux nous retrouver,  l’approche plastique créant la distorsion nécessaire pour révéler l’invisible, appréhender l’insaisissable. Plus directement lié au corps, à ses dysfonctionnements et à sa «mécanique»  interne, le travail de Berdaguer & Péjus nous propose d’expérimenter une nouvelle version de leur Traumathèque. Laurent Grasso, enfin, présente une série inédite de tableaux qui interroge notre rapport à l’espace et au temps mais constitue aussi une relecture de son propre travail.veronique-joumard.1260466792.JPG

De l’ascenseur obscure d’Olafier Eliasson, au texte frappant de Didier Fiuza Faustino, en passant par la Traumathèque de Berdaguer et Péjus, le tout orchestré par des contrastes lumineux, le spectateur se perd, inconditionnellement. Mais s’il se perd, c’est pour mieux se retrouver.

Un parcours initiatique, une véritable quête de soi, à expérimenter à l’espace culturel de la Maison, 101 avenue des Champs-Elysées, jusqu’au 10 janvier 2010. Le catalogue de l’exposition m’a été gracieusement offert.

Sens de la fête et du plaisir, une occasion de profiter de la vue sur les Champs Elysées pendant la période de l’Avent.

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Sur le site vous pouvez écouter les interviews des artistes, ainsi que la présentation par eux-mêmes de leurs oeuvres.

Un système de parcours par audio-guide par dédection dans l’espace permet un parcours facile, initiatique, déconcertant.

photos Elisabeth et JR Itti

Anish Kapoor à la Royal Academy of Arts de Londres

C’est une fascinante symphonie d’illusions qu’Anish Kapoor a composée à la Royal Academy de Londres. Considéré comme l’un des plus grands sculpteurs vivants au monde, ce Britannique d’origine indienne y rassemble ses créations des dix dernières années, jusqu’aux plus récentes, inédites. Pigments impalpables et implacables, antres qui gardent leur secret, tragédies de cire rouge…

C’est en ces termes que nous annonce, Emmanuelle Lequeux,  l’exposition d’Anish Kapoor  dans Le Monde.

Je  ne pouvais manquer cela. Forte de mes expériences passées et munie de multiples conseils de mes amis et ennemis pour affronter la sécurité de Gatwick, je m’y suis rendue.
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L’immense grotte qui accueille le visiteur dès ses premiers pas : un monstre ovoïde d’acier rouillé, percé d’une large fente menant vers une obscurité impénétrable. Il semble la matrice de tous ses congénères, nés dans le silence pour interroger la possibilité d’un sublime contemporain. Parfois organiques, parfois minimales, les sculptures créent une véritable machinerie à perception, une machination où se perdre. Comme c’est joliment exprimé, moi je pensais en m’en approchant un peu plus, à un anus géant, ma foi vertical, menant vers l’inconnu, l’obscure mystère de l’après. Autre est cette vulve mandorle – Slug – géante au bout d’une circonvolution d’intestins qui se dessine dans l’espace.anish-kapoor-slug.1260461432.jpg
La suite le confirme Est-ce ce qu’il a voulu nous rappeler avec ses sculptures les plus récentes, créées spécialement pour l’exposition ? Dans ce contexte plein de superbe, elles ne manquent pas de surprendre. Nouilles grises, intestins blanchâtres, larves ou excréments bruns s’y accumulent pour former des rectangles de béton ouvragé, conçus à l’aide d’un logiciel ultrasophistiqué. C’est un rien dégoûtant, mais drôle, le public, se complait  et se repaît à déambuler au milieu des sculptures Il semblerait que Kapoor, qui a su faire de la séduction un art, s’en lasse soudain pour revenir à une laideur originelle. Marre d’être trop poli ?
Polis les miroirs et particulièrement déstabilisante, une autre salle réunit de nombreuses sculptures en miroir. Courbes, concaves, convexes, ronds ou cubiques, dorés à la feuille ou argentés, ils inversent et métamorphosent le monde alentour en un labyrinthe de reflets.  Ici le public est plus timide et ose à peine s’approcher, les photos sont interdites, dommage car les effets sont particulièrement intéressants, mais je me débrouille …. anish-kapoor-miror.1260461597.jpg
Jean de Loisy, commissaire de l’exposition londonienne,:
 « Anish Kapoor atteint des interrogations métaphysiques à travers des moyens matériels. Ses miroirs composent comme un drame cosmique, un jardin philosophique. Hier comme aujourd’hui, il continue de nous emmener dans un temps non humain. »

L’artiste lui-même insiste sur l’ambiguïté de ses oeuvres :
 « Comme dans le monde baroque, confie-t-il, l’apparence est décorative, tout en surface, mais en dessous se cache un sombre secret ; la décadence et l’entropie ne sont jamais bien loin. »

Envahissant une des cimaises, une profonde lacune jaune d’or joue de l’illusion : est-elle en volume ou en creux ? Trompe l’œil ? Absence ou présence ? il faut s’en approcher pour voir sous l’œil amusé du gardien que c’est un creux.
 Même trouble devant ce mur littéralement enceint, la bulle blanche qui en surgit sur fond blanc, me semblait tout d’abord, un oubli, une erreur, une maladresse d’un visiteur de fin d’exposition, elle  s’efface tout d’abord, pour s’imposer au regard après quelques instants, elle se mérite.
Les sculptures taillées dans le pigment, les plus anciennes de l’exposition, ramènent aux origines de l’oeuvre, dans les années 1980. Tour de Babel vrillée, arbres schématisés, pics crénelés : de leur poudre rouge, noire ou jaune, ces objets dessinent un paysage au zen malmené. Impossible de concevoir comment ces formes pulvérulentes tiennent debout, architectures impalpables. Une envie : caresser leur peau fragile, mais interdiction formelle des gardiens.
anish-kapoor-svayambh.1260462094.jpgDans une autre salle les visiteurs sont amassés devant un canon. On a beau s’y attendre après avoir observé les gestes méticuleux et solennels d’un pseudo-artificier tout de noir vêtu, avec une coupe de cheveux que j’arborais il y a 20 ans,  qui a pris tout son temps pour chauffer le canon, y introduire la cire couleur lie-de-vin puis l’armer, la puissante détonation qui s’ensuit fait immanquablement sursauter. Et c’est exactement l’effet recherché par Anish Kapoor dont l’exposition est ainsi ponctuée toutes les vingt minutes par les tirs sporadiques de ce canon, comme l’était chaque journée passée dans les avant-postes de l’empire britannique.
Une pensée qui fait sourire l’artiste originaire de Bombay, surtout quand on lui demande si le fait de tirer à boulets rouges sur les murs d’une des vénérables institutions de Sa Majesté ne serait pas pour lui une façon de régler ses comptes avec l’Histoire :

« Je reconnais que cette exposition est une manière pour moi de titiller un peu l’Establishment britannique, si c’est bien ce que représente ce bâtiment de la Royal Academy ! Mais j’espère surtout que c’est une provocation qui a trait à l’espace et ce qu’il est possible de faire avec un bâtiment, mais aussi en sculpture. L’aspect politique est présent ici, mais ce n’est pas là-dessus que j’ai voulu mettre l’accent »,

rétorque d’une voix douce Anish Kapoor. Exit donc l’aspect revanchard de cette œuvre intitulée Shooting in the corner, qui est d’ailleurs ordinairement exposée au Musée des arts appliqués de Vienne, et que l’artiste voudrait plutôt voir interprétée comme une fable sur la naissance de la peinture.
Clou de l’exposition, un majestueux wagon arpente lentement cinq des salles de l’institution. Façonnée dans une cire rouge et grasse, la sculpture se laisse bouleverser à la vitesse d’un glacier par les murs et les arches qui s’y frottent ; elle change peu à peu de forme, en une transformation qui évoque la force du destin. C’est ici l’architecture qui fait oeuvre, plus que l’artiste.
Espiègle, Anish Kapoor, après nous avoir déstabilisés dans ses miroirs baroques, nous fait plonger dans l’inévitable destruction physique et fin pas très ragoûtante de l’existence,  avec des vanités et autre memento mori.anish-kapoor-1.1260462337.jpg
Belle exposition, se situant dans un magnifique cadre et dans un superbe quartier de Londres, avec des boutiques sous les Arcades de Burlington et au-delà…..
Au retour la sécurité n’a pas manqué de me  palper, examiner minutieusement mon sac et tout son contenu, me faire quitter mes chaussures pour les faire repasser au détecteur de mensonges.
photos de l’auteur et scan du catalogue
se termine le 11 décembre 2009
 

Ivan Fayard au T 66 de Freiburg ( Allemagne) Regionale 10

Dans le cadre de la Regionale 10, le T66 Kulturwerk de Freiburg – Allemagne a fait le choix de présenter un seul artiste Ivan Fayard, un français, né en 1967, diplomée DNSEP de l’Ecole des BA de Lyon, en 1997. Après une résidence en 1998, à Fès au Maroc dans le cadre des programmes cultures France,  en 2003 il est pensionnaire hors les murs, de la Villa Médicis, au 18  de l’Art Street Center de Los Angeles. Il est enseignant au Quai à Mulhouse (école des BA). Il travaille et vit essentiellement à Paris.yvan-fayard-kunshaus-l-6-fribourg-reg-10-3.1260231369.jpg
Pour son exposition personnelle Surfacing, Ivan Fayard, le peintre, élargit sa pratique artistique à la réalisation d’oeuvres sur papier et à une sculpture. Ce qu’il donne à voir : des jeux de matière, de reflet, de surface ; Les oeuvres présentées à T66 Kulturwerk oscillent entre nature et artifice, réalité et fiction. Usant du détail infime, de la répétition du geste, l’artiste trace une voie poétique dans la physique des images ordinaires par la révélation de leur matérialité.
Fragile et monumentale, désuète, anachronique et contemporaine, exubérante et minimale, originale et usurpatrice, la peinture d’Ivan Fayard est fragmentée tel un kaléidoscope, un miroir brisé trop vite recollé. Ces différentes séries, sortes de juxtaposition de temporalités et d’identités multiples, sont hantées par 1’histoire de l’art, visitées par d’incessantes intrusions contemporaines.
Parce qu’elle est poreuse, perméable, sa peinture ne peut se contenter d’une signature artistique particulière. Ces éclats
d’identités, ces déguisements incomplets puisés dans les « poubelles » de l’abstraction et de la figuration sont des aspirations, yvan-fayard-kunshaus-l-6-fribourg-reg-10-6.1260231550.jpgdes interrogations et des réflexions menées plutôt que des affirmations péremptoires ou guidées par un on-ne-sait-quoi idéologique. Parce qu’Ivan Fayard préfère jouer, circuler entre ces différents moments artistiques pour en déplacer les enjeux, l’essentiel de son oeuvre interroge quelle est sa part d’implication personnelle et quelles sont celles, fictives, pouvant s’inscrire dans une oeuvre polymorphe. En s’interrogeant sur ces questions de l’assimilation,
de la mémoire, d’un vécu spécifique, on entrevoit dans sa pratique artistique une affirmation troublante de l’existence
constituée de masques derrière lesquels il pourrait se cacher, sorte d’identités artistiques inventées.
extrait du catalogue Regionale 10

Entretien avec Ivan Fayard
Intrigante, érotique, drôle, déroutante, multiple, tantôt nuage atomique, gnome, femme  en extase se livrant à l’art de l’onanisme , empreintes, mais aussi vanités, Eros et Thanatos,  dessins oeuvres sur papier, Sepia, lavis bruns,  telle est l’oeuvre d’ Yvan Fayard, qui a oublié de se servir du medium favori de la Regionale : le mètre pliant -;)))
IF : Cycles des Instantanés

Ces images semblent réalisées avec de l’encre Sépia. Or, il n’en est rien. C’était un piège.
J’ai en fait, introduit un procédé (en référence à la stéganographie, cet art du secret) qui participe de cet art de la dissimulation utilisé dans l’espionnage: Il s’agit d’encre sympathique (pas le jus de citron, trop instable). Pline, dès le 1er siècle av. J.-C. décrit comment fabriquer de l’encre invisible.
Dans la vanité à 4 crânes, vous avez du remarquer deux trous en guise d’orbites oculaires: ce sont les conséquences du feu que j’ai utilisé pour faire apparaitre ces images en les brulant. Sauf qu’ici, la flamme a traversé le papier: Un indice humoristico-macabre.yvan-fayard-kunshaus-l-6-fribourg-reg-10.1260269656.jpg
Ces oeuvres sont regroupées sous le terme du Cycle des Instantanés (les images apparaissent soudainement sous le passage du feu). Les images sont précises, détaillées, elles ont été réalisées par ce qui constitue toutefois une action paradoxale: l’utilisation du feu (destructeur par nature) comme acte créateur.
ps: au paragraphe 35 du livre V de son Enquête, l’historien Hérodote fait référence à la stéganographie, cet art du secret : Histiée incite son gendre Aristagoras, gouverneur de Milet, à se révolter contre son roi, Darius, et pour ce faire,
 « il fit raser la tête de son esclave le plus fidèle, lui tatoua son message sur le crâne et attendit que les cheveux eussent repoussé ; quand la chevelure fut redevenue normale, il fit partir l’esclave pour Milet ».
 
Cycle des Musca

Les cibles sont issues du Cycle des Musca (mouche en latin).
Ces peintures renouent avec la focalité en peinture et le choix de la mouche comme unité dont la répétition forme le motif du tableau n’est pas innocent.
Symbole de la vanité ou élément du maquillage des élégantes au XVIIIe siècle, les mouches sont alternativement blanches et noires. Cette alternance dessine des rayures concentriques
qui forment sur le voile gris du monochrome une cible. Mais cette cible est comme corrompue. Le va-et-vient entre l’échelle réduite des insectes et celle, beaucoup plus grande, de la cible contribue à la dynamique du tableau.
Si je restaure une certaine peinture géométrique en introduisant un virus dans le monochrome gris argenté, je prend en même temps mes distances avec elle en l’abordant avec ironie.yvan-fayard-kunshaus-l-6-fribourg-reg-10-10.1260231675.jpg


Cycle des Reliefs

Imaginez un tatouage réalisé sans encre, dont il ne resterait que les trous laissés par le passage de l’aiguille dans votre peau. C’est ce que vous avez vu avec le cycle des Reliefs.
ps: A la Renaissance, en Italie centrale, on introduit l’emploi du carton préparatoire pour réaliser des fresques murales. La fresque entière est figurée grandeur nature sur le carton. Les lignes qui en composent le dessin sont formées par des points perforés. Une fois appliqué le carton sur l’intonaco frais, on projette une très fine poudre de charbon. yvan-fayard-kunshaus-l-6-fribourg-reg-10-14.1260293490.jpg
Ainsi la poudre, passant à travers les petits trous, laisse la trace à suivre dans le travail au pinceau. Cette technique est appelée « spolvero ».
 

photos de l’auteur

vous pouvez retrouver les dates et les horaires de visites et les parcours indiqués sous Regionale 10

Grand merci à Ivan Favard pour le temps qu’il m’a accordé

Regionale 10 – Et si la Regionale était un pays ?

Vous qui êtes dubitatif devant l’art contemporain, saisissez l’occasion, pour aller y voir de plus près, de tenter de comprendre, en parcourant les divers lieux qui participent à la Regionale 10, lieux où des guides vous donneront les clés pour une meilleure approche de ce qui vous paraît, insolite, trop conceptuel, élitiste, hermétique.

L’exposition de la Régionale est devenue le rendez-vous artistique de la fin d’année aux frontières de la Suisse, l’Allemagne et la France. Cette manifestation est le seul exemple de collaboration transfrontalière entre 15 lieux d’art contemporain. Elle réunit des artistes confirmés de la scène locale et offre une large visibilité à de nombreux jeunes talents. Cette année les jurys ont retenu 200 artistes sur 680 candidats.
Lieux d’exposition de la REGIONALE 10:


Accélérateur de Particules Strasbourg, Ausstellungsraum Klingental, Cargo Bar Basel, FABRIKculture Hégenheim, Kunsthalle Basel, Kunsthalle Palazzo, Liestal, Kunsthaus Baselland, Muttenz, Kunst Raum Riehen, Kunstverein, Freiburg, Kunsthaus L6, Freiburg, Kunsthalle- Mulhouse, [plug.in] Kunst und neue Medien, Basel, Projektraum M54, Basel, Städtische Galerie Stapflehus, Weil am Rhein, T66 kulturwerk Freiburg.

Vous trouverez les détails des circuits des bus tours ( les dimanches 6/13/20-12 ) ci-dessous :
Regionale 10
Informations: mail@regionale10.net
Accélérateur de particules rejoint pour la première fois l’événement et invite, par là-même, Strasbourg à la REGIONALE.
Dans son exposition, 13 artistes

Bechtel Laurent | Cogitore Clément | Conrad Gianin | Dugit-Gros Chloé |
Haenggi Edith | Hauswirth Stephan | Jun Azumatei | Menzel Michaela |
Muller Karen | Olbricht Kriz | Prunier Marie | Semper David | Stieger Valentina

ont été choisis pour traiter de l’idée d’espace commun et sans limites: le Ciel. Installations, sons, photos, vidéos et peintures déclinent ce sujet aérien de manière contemplative, atmosphérique, nocturne, diurne, politique…
C’est ainsi que Laurent Bechtel, dont le drapeau flottait à la Kunsthalle de Mulhouse, présente un proto-paysage au sol. Un ciel-néon  repose à l’abri d’une tente touareg constituée d’une planche agglomérée beige sable.

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Clément Cogitore déchaîne le feu du ciel avec sa vidéo Burning cities. Une succession de sujets pris sur Internet et savamment montés bout à bout avec pour point commun un ciel nocturne embrasé. Un montage très doux nous fait de manière à la fois inquiétant et poétique passer d’un feu d’artifice à un bombardement ou un incendie.

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Gianin Conrad revisite les objets du quotidien de manière provisoire et improvisée, Il reconstitue les objets à l’aide de mètres pliants. Sa pièce forme une chaise dessinée par le mètre pliant posée sur un fond noir étoilé. Une véritable constellation de la chaise du firmament.

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Chloé Dugit Gros, met en scène dans une petite pièce, une carte postale ancienne représentant un paysage montagneux bordé d’un bloc de plâtre figurant un morceau du glacier représenté sur la carte. Par ce rapprochement d’éléments formels, elle compose une esquisse de narration et nous présente une pièce proche du cabinet de curiosité.

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Marie Prunier photographie les seuls personnages de l’exposition. Tels des dieux célestes regardant l’agitation du monde, ces visages sont fortement éclairés par une source lumineuse invisible. Cette image caravagesque est à la fois douce et classique, tout en ayant une force et une contemporanéité que lui confère la qualité de la photographie.
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Commissaires de l’exposition : Olivier Grasser, directeur du FRAC Alsace à Sélestat, et Sophie Kauffenstein, directrice de Accélérateur de particules à Strasbourg.

photos de l’auteur

Anne-Sophie Tschiegg – le blog

Pour tous ceux qui n’ont pu voir l’exposition à l’espace Beaurepaire, dans la rue du même nom à Paris, pour tous ceux qui sont curieux de son travail, vous pouvez le retrouver sur son blog, où toiles et textes se marient avec bonheur.
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La pétulante et gouailleuse artiste nous promet une nouvelle exposition qui est programmée à Mulhouse en 2010