La VitraHaus à Weil-am-Rhein

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Que ce soit de jour ou de nuit, le nouveau showroom de Vitra à Weil-am-Rhein attire le regard.
Une construction perchée, faite de pignons pointus, s’intègre dans le paysage vallonné de la campagne baloise. Vitra est tout juste au-dela des frontières françaises et allemandes. Tous ceux qui passent par l’endroit de nuit, ont envie d’en connaître plus et veulent savoir ce qui se cache derrière les mystérieuses et lumineuses baies vitrées.
Les architectes Jacques  Hertzog et Pierre de Meuron, natifs du coin, ont réalisé une construction tout en angles extérieurs et en courbes intérieures. Lauréat du prix Pritzker, connus pour la rénovation de la Tate Modern à Londres, mais aussi pour le stade olympique de Pékin, la CaixaForum de Madrid , ont réussi un véritable chef d’œuvre dans ce lieu. Les bâtiments extérieurs, assez austères, composées de 12 éléments pentagonaux, tout en angles vifs, réservent de belles surprises lorsqu’on y accède avec la « la VitraHaus Key », par l’ascenseur qui mène au 4e étage aménagé en un immense loft. Les ouvertures sur le paysage extérieur sont fabuleuses, l’aménagement intérieur, met en valeur, tout le mobilier design, en vente par la maison. On redescend d’étages en étages, en contemplant des matériaux clairs, des pièces lumineuses, transparentes, un escalier en colimaçon.
Car ici tout s’achète, c’est une immense maison-vitrine, luxueuse sans ostentation. vitrahaus-weil-am-rhein-97.1275175711.jpg
Comment résister à la tentation ?
L’ensemble s’intègre parfaitement et complète l’architecture environnante, le musée lui-même, une partie de l’usine, commandée par Rolf Fehlbaum – le patron de Vitra – à l’architecte Frank Gehry, mais aussi la salle d’exposition dans l’ex-caserne des pompiers, œuvre de Zaha Hadid, le centre de conférence zen de Tadao Ando, les ateliers de briques rouges d’Alvaro Siza, l’entrepôt de métal blanc de Sanaa, puis la minuscule station d’essence en tôle de Jean Prouvé, remontée depuis le sud de la France sur la pelouse.
L’ensemble est environné d’arbres fruitiers, la cafétéria accueillante.
Le chic provoque le choc, et pourquoi résister si on a le chèque ?

photos (sauf la 1) et vidéos de l’auteur

Ugo Rondinone "la Nuit de plomb" Aarau Museum

ugo-rondinone-15.1275002852.jpgUgo Rondinone est un artiste suisse  de renommée nationale et internationale contemporaine. Tandis que les institutions du monde entier lui ont consacré de grandes expositions à plusieurs reprises, dans son pays natal, la Suisse pendant onze ans pas une seule exposition à grande échelle ne lui a été consacrée. On se souvient qu’Ugo Rondinone , faisait sourire ses têtes gigantesques, hilarantes, lunaires, grimaçantes dans l’espace qui est appelé « l’Art Public, » lors d’Art Basel 2008. Cette lacune est comblée maintenant par le Kunsthaus d’ Aargau (ou Aarau Suisse) qui  présente une sélection très complète, des travaux de l’artiste suisse, rassemblant des oeuvres des dernières années et de certains travaux plus récents, ceci jusqu’au 1 août 2010, intitulée « La nuit de plomb »
 La présentation de son travail occupe presque toutes les salles d’exposition transformant l’ensemble du musée en un univers scénique séduisant.ugo-rondinone-14.1275002888.jpg
 
Ugo Rondinone vit aujourd’hui à New York, c’est un artiste qui travaille avec les différents : médias – sculpture, peinture, installation sonore et l’espace, la poésie, le collage, le dessin, une cohérence dans l’exposition. Ses œuvres présentées à Aarau, non pas isolément, mais comme une image spatiale d’ ensemble afin de créer une atmosphère et un univers  exprimé dans le titre de l’exposition, « la nuit de plomb » à l’instar du livre de Hans Henny Jahnn  qui a été sa source d’inspiration. Le livre raconte l’histoire d’un homme qui erre dans la ville par une « nuit d’hiver de plomb » Dans le travail littéraire de Hans Henny Jahnn on trouve l’angoisse existentielle à laquelle l’homme ne peut échapper que par l’amour, l’empathie avec les autres et la création. La perte de l’amour est donc toujours une chute tragique dans les agonies fondamentales au-delà du simple deuil. Jahnn occupe une place singulière dans la littérature allemande et ne peut être assigné à aucun mouvement littéraire.
UR parsème son œuvre de paysages aux arbres décharnés blancs, surréalistes, comme s’ils avaient échappés à la lave d’un volcan, de pierres aux visages lunaires qui jonchent le sol, de sculptures érodées par l’usure du temps, le clown rabelaisien, autoportrait de l’artiste, mi-ricanant, mi abusé, rencontré sur les vidéos du Hamburger Bahnhof de Berlin, gît au milieu de ciels étoilés, solitaire, abandonné. Au delà de la tristesse du clown, la solitude de tout être humain dans l’existence. Ses têtes grimaçantes vous interpellent lorsque vous pénétrez au sous-sol.ugo-rondinone-2.1275002930.jpg
Psychologie et métaphysique se chevauchent, la liaison entre  passés et présents, inspirées par le récit  de HHJ oscillent entre les installations impressionnantes  d’ Ugo Rondinone, ses paysages de rêve, ses vidéos et l’espace réel, transformé par  l’artiste en entractes surréalistes  sur  les deux niveaux de l’ Aargauer Museum.
photos de l’auteur (Iphone)

Les gadins célèbres suite

isola-bella-298325.1274124544.jpg Ma chronique a suscité des réactions auprès d’amis non abonnés au journal LE Monde. Quelques uns se sont chargés de me rafraîchir la mémoire et de me rappeler mes turpitudes passées.
Mais aussi je tenais à rassurer mes lecteurs, qui demandaient de mes nouvelles, qui disaient s’inquiéter et croire à pire si je restais silencieuse.
Voici ce que Cécile a retrouvé sur un blog en 2007 (quelle mémoire), mon entrée fracassante dans une salle de projection à la biennale de Lyon, où une estrade s’était traîtreusement mise sur mon passage, et sur laquelle je me suis vautrée peu glorieusement. Miracle il n’y avait personne dans la salle pour glousser et s’esclaffer de ma bévue.
Ailleurs se sont mes amis du CRAC (non, non, pas ce que vous croyez …) c’est le Centre Rhénan d’Art Contemporain, – on ne se refait pas – me voyant sur le point de me diriger vers la sortie « Elisabeth cramponne-toi à la rampe » et bien oui, là aussi, j’ai dévalé les escaliers sur le dos, vous savez ces bons vieux escaliers en pierre avec une douzaine de marches, glissantes à souhait, que vous dégustez une à une, et dont vous vous souvenez longtemps.
Une dernière, relativement comique à la biennale de Venise l’année dernière : mon prof d’art recommande toujours de bien regarder un bâtiment avant de l’aborder et d’y pénétrer, mais aussi lorsqu’on le quitte, avant de s’en éloigner, de jeter un dernier regard, pour bien s’en imprégner. Aussi je jette mon dernier regard à l’Arsenal de Venise, misère, un trou dans le sol accidenté, et hop je me rattrape à la ceinture du pantalon du monsieur qui me précède, le dit monsieur tout surpris d’être agressé aussi directement et brutalement par une dame qui pourtant a l’air comme il faut ….
Patience, je m’envole pour Rome aux routes pavées, si bienfaisantes pour le dos, puis d’autres voies tout aussi remarquables, certaines même navigables. Je ne promets rien, mais vous serez tenus au courant de tout.
Le volcan en a décidé autrement pas de Caravage pour moi aux Scudéries du Quirinal.
Mais je n’ai pas dit mon dernier mot, je pars pour de nouvelles aventures vers l’Italie et le lac Majeur, pour quelques jours.

Les gadins célèbres

schtroumpf.1273869908.jpgMes parents parcouraient le monde, à la recherche de sites spectaculaires, culturels, ma mère en particulier avait une sainte dévotion pour les pèlerinages. Je détestais cela, la honte au front, je faisais mes prières devant les calvaires et grottes, terrorisée à l’idée que des personnes de ma connaissance pouvaient m’apercevoir et me reconnaître.

Je me suis découvert une spécialité au fil dans ans, en dehors de mon envie frénétique de musées, de paysages, de voyages, et du fait que je suis systématiquement fouillée au passage des douanes aériennes, en effet je dois reconnaître que mon exploit spécifique est à la hauteur de Mylène Farmer ou de Lady Gaga, sans l’être…. J’ai une régularité de gadins dans les diverses capitales qui « tombent »  comme un métronome.
Le dernier était de toute beauté, trébuchant sur une colonne en béton, enthousiasmée par mon achat, la série des timbres du partage de l’Allemagne, assortie du pass pour la zone russe, je me suis pris les pieds dans une colonne en béton, je me suis étalée devant la porte de Brandebourg, les touristes sont venus s’enquérir de mon état de santé. C’est mon 2e gadin à Berlin, le premier était moins glorieux, c’était l’année dernière, le bus ayant démarré trop brutalement, vers la fondation Berggruen je me suis étalée de tout mon long sur le plancher du bus, inquiétant les passagers.
 À Londres j’ai cru mourir, la vue embuée par le fog, à la sortie de la Tate, encore rêvant aux toiles de Turner, je n’ai pas vu la dénivellation, j’ai atterri dans le caniveau, le souffle coupé, incapable de respirer.
Devant le Palais de Tokyo, l’affiche de l’exposition du musée d’art moderne sur Bonnard, a attiré mon attention, traitreusement le trottoir s’est dérobé sous mes pieds et patatras, quelques bleus de plus.
À Madrid, c’est le plancher du métro qui a fait ma connaissance.

On a la spécialité qu’on peut, dans la mesure de ses « faibles » moyens.
Aussi j’ai une vague et lointaine parenté avec les schtroumpfs, mais je dois signaler que dans ma maladresse, j’ai toujours été entourée de personnes, passants attentifs et secourables. Je les remercie ici.

La Dolce Vita

Si vous me cherchez  je ne suis pas par là pour quelques jours, pour cause de nuage de cendres, le vol pour Rome est annulé, faute d’avion !!!

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mais surtout là

Ateliers ouverts en Alsace 2010

Les 08, 09, 15, 16 mai, participez aux Ateliers ouverts par nos artistes en Alsace
affiche-ateliers-ouverts-2010.1273182067.jpgDaniel Payot adjoint au maire de Strasbourg, chargé de l’action culturelle
Michel Samuel Weis adjoint au maire de Mulhouse délégué à la culture
Sun Chiven, consul général de Chine, résident à Strasbourg
MenG Haidong directeur du développement du centre culturel de Beijing
« Quelle course chaque année, mais quelle joie aussi de pouvoir vous proposer cet itinéraire improbable, original et printanier que sont les Ateliers Ouverts ! L’édition 2010, la 11e que nous organisons, comprend 150 ateliers, 370 artistes dans 29 communes du Bas-Rhin et 17 communes du Haut-Rhin.
Chaque atelier sera une découverte : objet, performance, peinture, vidéo, collage, gravure, photo, son, illustration, volume, multiple, bricolage, dessin, aquarelle… laissez-vous surprendre ! Notre région est l’une des plus denses en créateurs et d’une année sur l’autre environ 1/3 des artistes se renouvelle à l’occasion de ces journées portes ouvertes.
Comment faire son choix de parcours ? Partir d’une promenade en famille et faire le tour de 5 ateliers à la campagne ? Préférer un tour marathon strasbourgeois à vélo ? En profiter pour découvrir ou redécouvrir Mulhouse ou Colmar… et pourquoi pas Riedisheim, Neudorf ou le Parc Wesserling ? A vous de voir et d’aller à la rencontre des artistes à pied, à vélo, en train ou en voiture au fil d’un véritable jeu de piste sur toute la région. Les ateliers collectifs, comme l’incontournable Bastion 14 (ateliers de la Ville de Strasbourg), les anciens entrepôts au port du Rhin, Zone d’art, la Semencerie ou les ateliers de la ville de Mulhouse, vous tiendront en haleine par leur ébullition. D’autres, plus confidentiels, vous feront plonger au cœur de la création au détour d’une grange ou d’une dépendance aménagée. Pour faciliter votre ballade : le programme imprimé, le site internet avec une documentation détaillée pour chaque artiste, ou plus intuitivement les parcours choisis proposés par 7 personnalités du monde l’art.
visueljepg.1273182584.pngLa nouveauté de cette édition 2010 est le partenariat avec Pékin et Shangaï. Les premiers Ateliers Ouverts chinois sont en effet synchronisés avec les Ateliers Ouverts en Alsace : même organisation, mêmes dates, cohérence éditoriale. Vous retrouverez toutes les informations sur les Ateliers Ouverts en Chine en fin de programme, à l’inverse les artistes français seront annoncés en Chine. Et enfin, Zone d’art, à Strasbourg, accueillera une exposition d’artistes chinois intitulée “Deux dialogues”.
Un grand merci aux artistes qui acceptent de s’exposer et de vous ouvrir leurs portes
Merci aux partenaires et financeurs : la DRAC Alsace, la Ville de Strasbourg, la Région Alsace, le Département du Bas-Rhin, la Ville de Mulhouse et la Caisse d’Epargne. Sans leur soutien rien ne peut se faire.
BONNE VISITE ! »
Sophie Kauffenstein
Accélérateurs de Particules

Foules – Fools – Stephan Wilks à la Kunsthalle de Mulhouse

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clic sur l’image

Lorsque vous pénétrez dans la Kunsthalle, l’espace s’est éclairé, agrandi, les toiles  sur lesquelles dansent  des squelettes, arbres de vie et danses macabres vous accueillent, tout d’abord un rat géant, que ne renierait pas Katharina Fritch avec son Rattenkoenig , celui-ci est tout blanc, et fait partie du bestiaire de Stephen Wilks, puis à la manière d’un retable sur fond d’un paysage urbain, à l’ horizon bleu, le voyageur artiste transporte son âne sur ses épaules.
Puis tout au fond si vous avez suivi le parcours conçu par l’artiste et la commissaire vous atteignez le lieu de réflexions philosophiques avec CATERPILLAR, sculpture gigantesque, lourde et imposante d’une chenille recouverte de textes choisis, par SW féru de littérature et de philosophie..
C’est ainsi que se présente la nouvelle exposition, (jusqu’au 20 juin 2010), dont la commissaire est la talentueuse directrice du lieu Sandrine Wymann. (voir la vidéo de FR3)

Avec beaucoup d’humour mais aussi sur un mode interrogatif et parfois dérangeant, il crée des personnages qui mêlent à la fois la figure du bouffon et de la mort, et viennent amplifier un discours proche de la critique sociale. Porté sur le présent, le travail de Stephen Wilks puise ses sources dans une imagerie issue de la danse macabre, à la manière du peintre expressionniste James Ensor ou du
caricaturiste José Guadalupe Posada, Foules – Fools révélateurs d’une nature humaine éphémère et conquérante.
Comment ne pas penser à Ubu Roi,  manipulateur fou, et ayant droit de vie et de mort sur ses sujets, mais aussi le bouffon de Rigoletto, à l’existence si tragique.stephen-wilks.1272926803.jpg

Masqué derrière ses figures animales, telles le cheval de Troie repris dans sa série des Trojandonkeys, Stephen Wilks a su trouver une place de choix au milieu de ses semblables. Il ne se place ni en moralisateur, ni en calculateur mais en observateur privilégié.
Chez Stephen Wilks, la notion de déplacement, omniprésente dans ses oeuvres et dans ses expositions, n’apparaît pas comme une nécessité, comme un état physique qui seul permettrait la création. Ce sont davantage les oeuvres qui sont en mouvement que l’artiste lui-même. Il n’est pas de ceux qui ont développé une réflexion dans la situation du marcheur ou du voyageur. Chez Wilks, le mouvement est constitutif des rapports sociaux et du jeu social qui nous entourent. Aussi, l’intégrer à sa démarche, voire l’amplifier, lui permet de créer des pièces qui s’immiscent ludiquement et subtilement à l’intimité d’un public avec lequel il souhaite installer un jeu de complicité. Sur le mode de la rencontre repose toute sa pratique, elle pose la confiance et la connivence entre l’artiste et le spectateur comme le seul terrain d’étude.
Cette exposition, comme souvent chez Stephen Wilks, se déploie à la manière d’un cortège.
Tandis que ses parades (Animal farm à Louvain en 2008) ou ses ânes (Trojandonkeys) sont des pièces qui ont le déplacement pour fondement, Foules, Fools suggère une avancée, un sens qui mène le spectateur du manège au rez-de-chaussée à la chenille du fond de l’espace. Une progression s’installe lentement, un voyage s’effectue un peu comme une procession sur un chemin de vie.
Chaque pièce de l’exposition se présente à la manière d’un tableau qui interroge notre place à « l’échelle humaine », et peut-être notre passage sur terre. La déambulation ainsi comprise n’est pas sans rappeler le principe des chemins de croix dans la tradition chrétienne : échelonnés de stations, ils évoquent les différentes étapes de la vie du Christ. Les tableaux de Stephen Wilks sont allégoriques, ils renvoient à un jeu de relations complexes que l’artiste ramène à une vanité certaine, accentuée par la présence nouvelle des squelettes dans son bestiaire.
stephen-wilks-danse-macabre.1272926854.jpgDeux fléaux contribuèrent probablement à la popularité des danses macabres : la peste noire (milieu du xive s.) et la guerre de Cent Ans (1337-1453). Il ne faut pas oublier l’élément de satire sociale que comporte un thème qui souligne vigoureusement l’égalité de tous devant la mort et qui contribua vraisemblablement à son succès.
Le premier exemple de danse macabre figurée est le cycle de peintures (1424) qui se trouvait dans les galeries du cimetière des Innocents à Paris ; toutes les danses macabres en dérivent. La hiérarchie de l’Église et de l’État y formait une danse majestueuse, où les vivants alternaient avec des squelettes ou des cadavres. Cet ensemble fut détruit en 1609, mais une reproduction ou une interprétation libre en est donnée dans les gravures sur bois du graveur parisien Guyot ou Guy Marchant (1485) et les légendes en vers ont été conservées.
De nombreuses danses macabres décoraient les cloîtres et les nefs des églises en France (Sainte-Chapelle de Dijon, 1436 ; La Chaise-Dieu, avant 1460) ; en Allemagne (Marienkirche de Lübeck, peinte en 1463 et restaurée ultérieurement ; Marienkirche de Berlin ; d’Allemagne, le thème se propage en Estonie et en Finlande), en Suisse alémanique (couvent des dominicains de Bâle, env. 1440    ; Berne, 1517, œuvre détruite connue par des copies du xviie s.) et en Angleterre (dans l’ancienne cathédrale de Saint-Paul). En Italie, le thème est rarement représenté et les exemples sont tardifs (San Lazzaro Fuori, Côme, xve s.). Vers 1485 apparaissent des cycles de gravures sur bois représentant des danses macabres qui inspireront certaines fresques du xvie siècle.
La Danse macabre de Bâle, aquarelle de Johann Rudolf Feyerabend (1779-1814), réalisée en 1806 d’après une fresque (de 1440 environ) du couvent des dominicains de Bâle. Historisches Museum, Bâle.
En 1523-1526, l’artiste allemand Hans Holbein le Jeune exécuta une série de dessins qui fut gravée par Hans Lützelburger et publiée à Lyon en 1538. Dans Les Simulacres de la mort, il ne s’agit pas à proprement parler de danse macabre, mais d’imagines mortis où la mort, qui n’entraîne plus l’homme dans sa danse macabre, surprend ses victimes au cours de leurs occupations.
Tous les pays d’Europe fournissent des versions littéraires de la danse macabre, qui comptent un chef-d’œuvre, La Danza general de la muerte, poème espagnol inspiré par les légendes du cimetière des Innocents.
À la Renaissance, le thème est peu à peu abandonné, les peintres (Dürer, Urs Graf, Niklaus Manuel Deutsch) préfèrent les sujets plus limités tels que la Jeunesse et la Mort, la Femme et la Mort, l’Amour et la Mort.
Thème de prédilection des peintres et des graveurs, la danse macabre a peu inspiré les sculpteurs : on citera pour la France la danse macabre en bois de l’aître Saint-Maclou à Rouen et celle du cimetière Saint-Saturnin à Blois ; pour l’Allemagne la danse macabre du Georgenthor, sculptée au xvie siècle.

stephen-wilks-pere-et-fils.1272926990.jpgCe n’est pas auprès des ces ânes  que l’on attrape des coups de pied.
DONKEY ROUNDABOUT  construite à l’identique d’un véritable manège, Cette pièce est une sorte de bilan d’étape dans l’oeuvre de Stephen Wilks.
Elle clôt un ensemble de projets et annonce de nouvelles formes. Six personnages esquissés portent six ânes qui font référence à ceux que l’artiste a envoyés de par le monde depuis quelques années. Tous se retrouvent sur une plateforme au lent mouvement rotatif. Les figures tournent, passent et repassent, et cette révolution renvoie à un principe de quotidien et d’éternel recommencement. Le mécanismeapparent de la pièce, ses roues crénelées, son apparence de grosse horloge, le sourd bruit qui s’en échappe sont autant d’éléments qui renforcent et concrétisent cette idée du temps qui passe. Les personnages fabriqués de bois sont en quelques sortes la modélisation des squelettes qui font leur apparition peu de temps après dans l’oeuvre de l’artiste. Debout sur le carrousel, ils font référence à l’iconographie de la danse macabre : les personnages y sont souvent représentés en cercle dans une attitude dansante. Une fois de plus chez Wilks, c’est l’homme qui porte l’animal. Il renverse les points de vue, surprend et remet en cause les fonctionnements et usages de ses semblables.

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BARCELONA  – Photographie imprimée sur papier. Extrait du voyage de l’âne bleu. Cette image vient contrebalancer le côté fantastique et fictionnel de la première partie de l’exposition. Elle apparaît dans l’exposition à la manière d’un horizon (bleu) et amène une part de réel et d’optimisme. Installée comme une toile de fond, elle donne à l’exposition une ambiance théâtrale renforcée par la foule de fous située en avant de scène.

 

stephen-wilks-caterpillar.1272927121.jpgCATERPILLAR  Animal en tissu, recouvert d’extraits de textes. Symbole de la métamorphose et du devenir, la chenille intervient dans le travail de Stephen Wilks comme le support à une réflexion sur la capacité d’évolution d’un être humain. Si la vieillesse est un thème qui revient de plus en plus fréquemment dans son oeuvre, ce n’est pas seulement à
travers son caractère inévitable et fascinant mais aussi dans ce qu’elle implique en termes de changement. Grandir, c’est vieillir. Vieillir est une mutation lente et permanente de notre nature physique, morale ou intellectuelle. Vieillir est notre quotidien, perceptiblement ou non. La sculpture est gigantesque, lourde et imposante, la chenille dégage une image positive, poétique, évanescente, elle tente d’échapper à la fatalité de l’être. La chenille est le support matériel à des textes que Stephen Wilks est allé puiser du côté des auteurs qui se sont intéressés à la question de la métamorphose. Lewis Caroll côtoie Goethe, Lou Reed et Franz Kafka. De cette allégorie, Stephen  Wilks a également tiré une nouvelle série de dessins qui interviennent comme le miroir de ces écrits. La chenille reprend dans ce cas le rôle qu’il donne d’évidence à ses animaux, elle s’infiltre dans les détails de la vie et en révèle la fragilité.

 

photos de l’auteur – courtoisie Kunsthalle et Stephen Wilks

1 mai

L’oisiveté est, dit-on, la mère de tous les vices, mais l’excès de travail est le père de toutes les soumissions.
[ Albert Jacquard ]
Extrait de Petite philosophie à l’usage des non-philosophes

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Sommaire d'avril 2010

01 avril 2010 : Poisson d’avril ? – La petite sirène de Copenhague a quitté son rocher
02 avril 2O10 : Cris et hurlements à Tranches de Quai
08 avril 2010 : Lucian Freud pétrisseur de chair
09 avril 2010 : Henri Rousseau à la Fondation Beyeler
11 avril 2010 : Anne Immelé à l’espace Malraux de Colmar
13 avril 2010 : Voyages extraordinaires au CRAC d’Altkirch
14 avril 2010 : En balade au rythme d’une ballade
19 avril 2010 : Du Greco à Dali – Collection Perez Simon
26 avril 2010 : Turner et ses peintres 

Turner et ses peintres

Jusqu’au 24 mai 2010 aux Galeries Nationales du Grands Palais.truner-le-deluge.1272320255.jpg
Qu’écrire de lui qui n’a pas encore été écrit ou dit : ma première approche à la Tate de Londres, il y a déjà quelques années, où je demeurais béate devant sa poésie, au point de ne pas sentir, qu’un malandrin se servait discrètement dans la poche de mon manteau pour y piquer le premier APN que je venais d’acquérir ? La suite n’a pas été glorieuse non plus, toujours émue, je me suis échouée dans le caniveau, que je n’avais pas aperçu à travers mes yeux embués par toute l’émotion provoquée par la vision des toiles du grand maître.
Ses oeuvres occupent une aile entière de la Tate Britain
Depuis j’en ai vu et revu des Turner, notamment, la série d’aquarelles exposées à la Fondation Beyeler à l’occasion de l’exposition Venise. Une série délicate, qui se dégustait dans une salle plongée dans la semi-pénombre.
JMW , initiales provenant de son  oncle maternel, que Joseph Mallord William Turner  adopta  au moment où il rentre à la royale Academy, comme académicien à 27 ans. C’est un être silencieux qui se refusait à aller dans le monde. Fils d’un barbier de Londres, il suivit le parcours classique des artistes de son temps, en étudiant, à partir de 1789, à la Royal Academy. Il avait été employé comme dessinateur par divers architectes et travailla également comme coloriste chez des graveurs réputés.
Ses paysages absolus, qu’il a aimé, imité, copié librement, Turner ‘ menteur magnifique’, d’après un ami artiste, George Jones, porté sur le cadre d’un des tableaux, qui fait allusion à la libre relation du paysagiste avec les apparences. Ce n’est pas le cliché précurseur de l’impressionnisme, c’est une simple anticipation de ce mouvement. C’est l’ apogée d’une école anglaise de peinture émergente sur la scène européenne, le contexte  artistique de Londres, à la charnière du 19 e s, la riche culture classique du peintre inspirée de Virgile, Ovide, ses liens avec la poésie préromantique anglaise et en contrepoint ses relations avec d’autres artistes, ses contemporains, ses prédécesseurs, plutôt qu’un avant coureur de l’impressionnisme, c’est un héritier des lumières.
turner4-la-tempete.1272320381.jpgCela correspond à la fondation à Londres d’une Academy royale de peinture et des arts en  1768, alors balbutiante au 18 e s. Au 19 e s, l’école anglaise devient la plus dynamique, la plus remarquable de tout le continent européen.
Les seules connaissances des artistes, peu formés au grand art, plutôt que de rivaliser avec leurs collègues européens, provenaient des collections privées de riches collectionneurs. Plutôt que de venir à la peinture d’histoire comme toute l’Europe, ils privilégient la peinture de paysages.
Turner a produit de la peinture historique, plus de 20 000 images, il a conservé classé tous ses carnets de croquis, et aquarelles, légués à la nation britannique. Beaucoup de tableaux ne sont jamais sortis de son atelier, grâce à la gravure, il a pu s’assurer un confort matériel suffisant, pour ne pas avoir à vendre. A partir de 1820, il développe une vraie recherche picturale libre, jusqu’à l’abstraction, des oeuvres même inachevées, sur  la lumière,  les possibilité picturales sur la couleur, les combinaisons de la lumière, les  esquisses, les méditations, en représentation de la nature. Turner a insisté par ses multiples testaments, pour que toutes ses oeuvres soient léguées à la nation. En regard d’une oeuvre de Claude Lorrain. Abstraction ?  expérimentation la plus poussée, en matière de représentation de paysage où Turner essaie de faire ressentir au spectateur une émotion proche de celle que l’on ressent devant les grands phénomènes de la nature, devant les grandes scènes de la nature, des tableaux qui essaient de s’approcher du sensoriel plutôt que de l’abstraction. turner.1272320320.jpg
Cela passe surtout par une découverte du paysage anglais, des campagnes et des côtes, mais aussi d’autres pays, passages périlleux, tempêtes, traversées des Alpes, des mers, des pays, dans une Europe en pleine évolution, en tourmente.
Il y a aussi le blocus napoléonien qui empêche les anglais de sortir de leur pays, qui incite les anglais, à aller en Ecosse, en Cornouailles, au sud de l’Angleterre, plutôt que de faire le tour aristocratique d’Europe en vogue. Et ainsi ils se rendent compte de la beauté de leurs paysages.
Les peintures de conversation, n’étaient pas vraiment son talent; comme ses confrères, un autoportrait 1799, les figures humaines ne sont que des l’éléments constitutifs de ses paysages. Les scènes rurales rattachent sa démarche de la vérité,  dans l’observation de la nature. On retrouve le scrupule d’observation aussi chez Constable, un conception de l’art au service de la vérité comme les scientifiques. Un série d’écrits qui s’intéressent du point de vue du récepteur, le texte  de Burke sur le sublime,  Hogarth l’analyse de la beauté , le discours de Reynolds, une démarche empirique de l’ observation des phénomènes, de les transcrire afin de permettre à ceux qui voient moins bien de comprendre la nature.
Un posture face au motif, une technique, saisir la vérité, mais aussi les améliorations techniques, grâce à l’aquarelle, un moment fugace, le fond blanc, rend les couleurs plus lumineuses, importées dans l’huile, Turner voulait se rapprocher le plus possible de la lumière naturelle.
Ne rien faire au-delà de la nature (Constable)turner-riviere.1272320450.jpg
Plaine, eau, arbre, vallée, nuage, colline, les choses, les éléments ne sont pas nets, ni délimités, le monde n’est pas, mais devient, se forme, se déforme ou se transforme devant nos yeux,  Turner se nourrit pourtant d’un lieu réel, le confluent de 2 rivières  aux confins du pays de Galles et de l’Angleterre, cette toile fait partie d’une série que Turner reprend de son Liber studio room. Les architectures ont disparu, il ne reste que l’essence du paysage, un arbre seul élément végétal, un lac d’un bleuâtre éthéré (Edmond de Goncourt), l’écrivain Wyssmans parle de brouilli de rose et de terre de sienne brûlée.
Peinture floue : le flou était son fort, le mouvement de la nature grâce au vent à la vague, à la neige, pour percevoir le mouvement, il faut saisir le flou plus proche du vrai que le net.
Les impressionnistes ont tous fait le voyage à Londres.
Lire Edmond Burke :  le passage du St Gothard, le milieu de pont du diable, roman gothique, il s’agit de faire peur, de l’émotionnel facile, de l’exacerbation de la vérité, des effets les plus extrêmes de la nature, pour être vrai, il n’est pas à la recherche d’effet, il est à la limite à l’extrême, pour balayer la gamme des émotions que l’on peut ressentir, par l’abandon du point de fuite, perdu dans un tourbillon. Annibal et son armée traversant la montagne, façon la plus innovante, il a révolutionné la peinture d’histoire.turner-didon-carthage1817.1272320512.jpg Romantique, l’épopée napoléonienne, vécut en direct Waterloo, il dénonce et met en garde toute la période de l’histoire à son déclin. La prédominance de la couleur jaune, anti-académique, couleur de l’or du soleil, transcende les règles académiques, pour se rapprocher du vrai, la lumière du soleil si on le regarde en face.
Il a une vénération absolue pour Claude Lorrain, Poussin, Rembrandt est la figure majeure qui l’accompagnera toute sa vie.
Considéré comme un peintre révolutionnaire, d’avant garde, il se veut être
un héritier qui peint dans la tradition  académique de la peinture de la Renaissance ou du 17e s
L’un des drames de sa vie est de n’avoir pas été un peintre de  la figure.
Mais il n’acquit en fait sa véritable stature qu’après sa mort, d’abord par le legs qu’il fit à la nation britannique de son considérable fonds d’atelier, incomparable source d’étude, ensuite par l’évolution ultérieure de la peinture européenne,