Exposition au forum de l’Hôtel de Ville de St Louis, jusqu’au 1 juillet 2012 Vernissage le 8 juin à 18 h 30, suivi d’une rencontre-discussion avec les artistes. Avant première depuis le 1 juin 2012
(é)mouvantes couleurs
Un « dialogue sans cesse renouvelé entre visible et invisible, narration et poésie. » (Sandra Lischi)
Marie Freudenreich photo DNA Kristin Jurack
Deux artistes, de générations différentes, réunis par une perception de l’espace et du mouvement semblable. L’un artiste affirmé, Robert Cahen (voir ici 2e partie) exposant régulièrement un peu partout dans le monde, l’autre Marie Freudenreich, timide, effacée, talentueuse, connaissant bien sa partie, mais ne se livrant pas d’emblée. Son travail est tout en finesse, en délicatesse, des dessins, à l’encre de Chine et à la tempera. (peinture à l’œuf) La tempera est un procédé de peinture, qui consiste à délayer des pigments en poudre dans de l’eau additionnée d’un agent liant tel le jaune d’œuf.
Cela permet des couleurs vives et translucides. Peinture utilisée à la fin du Moyen Age et au début de la Renaissance, Marie l’a remise au goût du jour, en l’adaptant à sa manière.
Elle ne peint pas sur bois, mais sur un papier très fin, qu’elle a rapporté lors d’un voyage en Chine, d’où résultent raffinement et élégance. Ses dessins, sont très géométriques, parfois des bâtons qui semblent danser au gré de leur fantaisie, projetant des ombres, un œil aveugle, tout en mouvement et en couleurs. Les mouvances de sa tempera envoient tout naturellement aux nuages et aux mouvements des vidéos de Robert Cahen.
Est-ce le vide de l’absence autour de cette table-installation, au milieu des fragiles dessins sur papier chinois suspendus en cercle, au centre du forum ? Attend-elle des convives ?
La grande toile spécialement conçue pour l’exposition ‘Fade to black’ (fondu de noir) n’est ni du Soulages, ni du Rothko, ni du Pollock, c’est du Marie Freudenreich
.
Après 3 ans d’études à l’école des Beaux Arts de Nancy, Marie a tenté l’expérience d’une école d’art américaine, pendant 5 ans, pour étudier la sculpture et la peinture à la tempera puis elle revient à Mulhouse, pour exercer son art.
La jeune femme fort timide ajoute « On peint pour dire ce qu’on ne sait pas dire ».
Ce jeu de couleurs en mouvement, se retrouve dans l’installation vidéo de Robert Cahen, Paysages / Passages, dans les moniteurs de télévision, qui montrent le moteur de la télé visible sous leurs caches en plexiglass. «Il y a trois sources d’images, extraites du film ”juste le temps”
(projeté au Jeu de Paume en 2010) de 1983, une fiction expérimentale dans laquelle deux personnages se rencontrent dans un train », explique Robert Cahen.
Il a travaillé en postproduction le défilement du paysage vu d’un train en jouant sur des effets vidéo comme la vitesse, les couleurs et l’évocation du passage, le passager est hors champ, c’est à dire nous.
« C’est une notion permanente de mon travail, parce qu’on peut y retrouver la valeur du temps et les transformations de l’existence ».
Art où l’artiste conjugue poésie avec virtuosité, Art vidéo dont il est pionnier.
Robert Cahen et Thierry Maury -photo DNA Kristin Jurack
Les œuvres de Robert Cahen de la période 1973-2007 ont été éditées sous forme de coffret, en DVD, que l’on peut acquérir auprès d’Ecart Productions, au FRAC, au jeu de Paume, à la galerie Stampa de Bâle (Art Basel) Centre Pompidou, et auprès de la Vitrine, 53 Avenue Kennedy à Mulhouse.
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La visite de la Fondation Paul Sacher, initiée par Stéphane Valdenaire, historien de l’art a permis de découvrir un lieu qui fait vivre sa mémoire et conserve des témoignages émouvants.
Aboutissement de l’engagement de Paul Sacher envers les compositeurs du 20e siècle, la Fondation est un lieu d’ordinaire réservé aux musicologues du monde entier.
Elle abrite des collections artistiques précieuses et les archives de noms qui ont marqué la musique du 20e siècle : manuscrits de Stravinski, Webern, Varèse, Bartók, Boulez …
Feldman, Grisey, Maderna, Kagel...
C’est Robert Piencikowski, musicologue, ancien chercheur de l’Ircam, qui développa avec verve, humour et générosité, l’œuvre de Paul Sacher. Il nous présenta quelques trésors, extraits pour l’occasion des coffres-forts de la Fondation, située place de la cathédrale, dont les baies vitrées permettent une vue unique sur le Rhin. Cette place pourrait être appelée place ou carrefour des grands hommes, avec la tombe d’Erasme dans la cathédrale, l’immeuble où enseigna Nietzsche et la présence émouvante de Holbein.
Sa présentation était ponctuée d’anecdotes croustillantes, qui ont affluées dans la vie de Paul Sacher.
Si son nom ne disait rien au grand public, les compositeurs et
interprètes de ce siècle le considéraient depuis longtemps comme un véritable prophète.
A 20 ans, il crée son premier orchestre de chambre d’amateurs à Bâle et, à 35 ans, le Collegium Musicum à Zurich. Depuis, il a dirigé plus de 200 oeuvres modernes, généralement des premières de compositeurs dont il a souvent été le mécène inespéré. Dans sa résidence de Schönenberg, sur les hauteurs de Bâle, Paul Sacher recevait des amis répondant aux patronymes de Dürrenmatt, Tinguely, Niki de Saint-Phalle, mais également de Bartok, Boulez et Penderecki. Sur les grands murs blancs, des toiles de Braque, Miro, Picasso, Klee et Chagall, avec lesquels Maja Hoffmann-Strehlin, qu’il avait épousée en 1934, s’était liée d’amitié lorsqu’elle travaillait dans l’atelier parisien de Bourdelle.
A l’intérieur des coffres-forts, s’accumulait la plupart des partitions autographes (une centaine) qu’il avait commandées à Bartok, Stravinski, Honegger, Britten, Henze, Dutilleux ou Boulez.
Son ambition: défendre les contemporains menacés par l’incompréhension du public Stravinski hué lors de la création du Sacre du printemps, Berg vomi par Vienne et donner le répertoire baroque et classique jusqu’au XVIIIe siècle, alors totalement méconnu. Pour parachever sa mission, il créait de nouveaux outils: la Schola Cantorum Basiliensis et la Basel Academy of Music, réunissant compositeurs, musicologues et étudiants. En 1941, à la tête du Collegium Musicum de Zurich, dernier orchestre de chambre de sa création, il défendait dans le monde entier des oeuvres qu’il avait commandées et créées. Sa collection constituée au départ par son intuition, fut consolidée par son mariage avec la veuve et héritière d’Emmanuel Hoffman, fils du fondateur des Laboratoires pharmaceutiques Hoffmann-Laroche, le plus gros chiffre d’affaires helvétique , la fortune de Paul Sacher allait être investie dans la constitution d’un répertoire extraordinaire.
C’est pour son Orchestre de chambre de Bâle que Bartok écrivit en 1936 la fameuse Musique pour cordes, percussions et célesta, puis le Divertimento pour orchestre à cordes. Des années plus tard, Boulez composera Dérive 2 & 1 à partir des lettres du nom du compositeur, et Dutilleux, Trois strophes sur le nom de Paul Sacher, pour violoncelle.
Son intuition peut être qualifiée de géniale: de Hindemith à Takemitsu, il pressent quels noms vont rester. Quant à son austère noblesse, elle est légendaire: il préférait le néoclacissisme de Stravinski (à qui il avait commandé Capriccio) au post-romantisme de Strauss. Mais, apprenant que ce dernier était à la fin de sa vie dans le besoin, il lui avait commandé Métamorphoses, sans même évoquer le refuge trouvé chez lui par un Rostropovitch déchu de sa nationalité soviétique. Son soutien à Boulez et à Berio lui valait les commentaires acerbes de son compatriote, le chef Ernest Ansermet. Il lui répondait qu’il était triste de le voir perdre sa curiosité et son enthousiasme avec l’âge.
Collectionneur, Paul Sacher avait arraché le lot Stravinski (partitions, lettres, passeports, piano) à la Morgan Library et à la New York Public Library, en 1983, pour 12 millions de dollars. Sa fondation, sise dans une cathédrale, avec étages et quelques sou-sols, voisine de celle de Bâle, gère aujourd’hui une soixantaine de fonds de Webern à Maderna accessibles aux chercheurs. Venu en 1986 léguer l’intégralité de ses manuscrits, Boulez avait écrit sur le livre d’or: «Visite à mon futur tombeau.»
NORBERT GHISOLAND Né en 1878 à La Bouverie, petite commune belge du Borinage, le photographe Norbert Ghisoland photographie ses habitants pendant près de quarante ans. Il réalise plus de 90 000 photographies sur plaques de verre dans son studio à Frameries où, en ce début de siècle, la ville vit au rythme de la mine. Seuls ou en groupes, des dizaines de milliers de gens passent devant son objectif : des bourgeois, des mineurs, des militaires, des religieux, des sportifs, des gens de tous âges, des chiens parfois. Norbert dirige les poses. Ils sont assis ou debout, les mains entrecroisées ou sur l’épaule, les visages graves. Ils ne sourient pas. Ils viennent du Pays Noir.
» Ghisoland n’est pas le reproducteur du visage de la bourgeoisie. Ses clients sont des mineurs, de ces hommes au visage buté, impénétrables, à la fois fiers et modestes. Non pas photos d’identité sociale, mais photos-rêves et souvenirs pour lesquels on pose dans son costume favori, dans un costume d’emprunt qu’on ne remettra plus jamais, après avoir ciré ses chaussures, épinglé sa décoration au revers de sa boutonnière, et emmené son instrument de musique […]. » Hervé Guibert pour Le Monde
commissariat : Mary van Eupen et Marc Ghuisoland Simultan au CEAAC de Strasbourg
«Les limites de ma langue sont les limites de mon monde»: c’est cette citation de Wittgenstein que Mladen Stilinovi a choisie pour titre d’un entretien-conférence donné en 2011 dans le cadre de l’Académie d’été à la forteresse Hohensalzburg. En 1992, déjà, il avait peint sur une banderole l’inscription «An Artist Who Cannot Speak English Is No Artist» (Un artiste qui ne parle pas anglais n’est pas un artiste) – une affirmation qui, vu les bouleversements politiques en ex-Yougoslavie, pouvait sembler quelque peu dérisoire, mais n’en était pas moins vraie lorsqu’on la considérait dans le contexte du marché de l’art international.
L’artiste a entre-temps réalisé plusieurs versions de ce travail, entre autres sous forme de tee-shirts distribués aux visiteurs de ses expositions. Le fait que cette oeuvre, née d’une situation historique donnée, n’ait rien perdu de son actualité s’explique par une plus grande sensibilisation à l’hégémonie croissante de l’anglais dans le contexte de la mondialisation.
C’est sous cette même hégémonie que doivent vivre les protagonistes de Shoum, une vidéo de Katarina Zdjelar, où l’on voit deux hommes d’âge moyen qui, sans la moindre connaissance de l’anglais, tentent de transcrire, puis de chanter les paroles de la chanson Shout de Tears for Fears. Musiciens occasionnels dans un bar de Belgrade, ils sont contraints d’inclure dans leur répertoire des chansons pop anglaises pour gagner leur vie. Sous le comique apparent de la situation perce la réalité sociale et économique des deux quadragénaires qui, à l’image de beaucoup d’hommes de leur génération, ont été contraints d’abandonner l’école prématurément en raison de la guerre dans l’ancienne Yougoslavie.
Dance Nº3 de Céline Trouillet montre une jeune femme sourde et muette en train d’inter-préter la chanson C’est la ouate en langage des signes. Avec son maquillage voyant et ses mouvements lascifs, elle reprend, en les persiflant, les clichés des clips de musique pop. Associé à l’expression chorégraphique, le langage des signes, grâce à sa polysémie, propose une forme ouverte de traduction simultanée des mots et des sons.
La grande salle d’exposition du CEAAC accueille un ensemble énigmatique de travaux de l’artiste galloise Bethan Huws. The Plant, un plant de menthe sur un socle, est un ready-made dont la véritable signification ne se dévoile qu’à celui qui comprend le gallois: le titre de l’œuvre signifie en effet «plante» en anglais et «enfants» en gallois. L’association de ce mot à la menthe, dont l’image évoque fraîcheur et jeunesse, articule un champ sémantique réservé à une minorité de spectateurs maîtrisant à la fois l’anglais et le gallois. Il en va de même pour une vitrine contenant le mot «LLWYNCELYN», formé au moyen d’un lettrage industriel blanc sur fond noir. Signifiant « bois de houx » en gallois, il demeure opaque à défaut d’être traduit en anglais, où il donne «Hollywood», terme riche en associations s’il en est. C’est à se demander ce qui, dans les oeuvres de l’artiste, est CERTAIN, pour reprendre le mot apparaissant en grandes lettres noires sur un rideau (curtain, en anglais), mais caché en partie par les plis du tissu. Pointant l’ambiguïté fondamentale du langage, les travaux de Bethan Huws traquent les significations et associations cachées derrière les mots et les choses.
La colonne filigrane réalisée par Albrecht Schäfer au moyen de dés dont les faces portent des lettres semble s’associer aux nombreux piliers de l’espace d’exposition. Les dés en bois de pin ont été choisis de manière à former les premières phrases d’un texte de Francis Ponge, Le Carnet du Bois de Pins1, puis mélangés et superposés dans le désordre. Ce faisant, l’artiste a transposé en sculpture la méthode formulée par l’écrivain, qui consiste à s’approcher de son sujet au moyen de variations sans cesse nouvelles : «Leur assemblée / De leur vivant / RECTIFIA ces arbres / à fournir du bois mort. Leur assemblée / à fournir du bois mort / De leur vivant / RECTIFIA ces arbres…»2 Gary Hill s’est intéressé à la transposition visuelle de textes dès les années soixante-dix. Dans sa vidéo Around & About, chaque syllabe d’un texte est associée à une image. Ecrit au lendemain d’une séparation, le récit lu en voix off s’adresse à un interlocuteur imaginaire, pendant que s’enchaînent les plans fixes de l’intérieur d’une pièce, soit en se succédant rapidement, soit en défilant dans le sens de la lecture d’un texte, remplissant l’écran ligne par ligne. L’association entre texte et images forme une sorte de monologue intérieur destiné à une autre personne, restant cependant sans réponse.
Le triptyque LastResort de Lidia Sigle est un relief en panneaux d’acrylique arborant une inscription gravée au laser en utilisant la police système du même nom. Ces fallback fonts, ou «polices de repli», désignent des ensembles de caractères permettant d’afficher «en dernier recours» (as a LastResort) des symboles qui ne sont disponibles dans aucune autre police. Généralement invisibles pour l’utilisateur, elles donnent ici lieu à un objet sculptural rappelant vaguement le relief d’une planche d’impression, dont le motif apparemment abstrait (car indéchiffrable pour nous) possède par ailleurs une qualité ornementale.
Depuis qu’il habite en Allemagne, l’artiste suédois Erik Bünger ne cesse de s’étonner de la synchronisation des films étrangers au cinéma et à la télévision. Dans The Allens, il s’approprie cette pratique, peu répandue en Scandinavie, et la tourne en dérision en affublant Woody Allen de ses voix de synchronisation internationales, qui se succèdent dans un charabia digne de Babel. Soulignant ses interventions par des gesticulations, le célèbre acteur américain semble parler mille langues en même temps, évoquant le moine Salvatore dans Le Nom de la rose d’Umberto Eco. Toutes les langues du monde se confondent ainsi dans les multiples voix d’une personne.
Le petit globe terrestre d’Albrecht Schäfer a été créé en comprimant en une boule une édition complète du quotidien français Le Monde, tandis que Die Zeit, 29.05.2007, une séquence de tableaux monochromes en différentes nuances de gris, emprunte son titre à l’hebdomadaire allemand du même nom. L’artiste a transformé les pages d’une édition entière en pâtes à papier de couleur, qu’il a ensuite appliquées sur des toiles de la taille d’une page du journal. L’accrochage reprend les rubriques du journal – politique, économie, culture…
L’installation vidéo sans titre (Simultan) de Christoph Keller s’intéresse à un personnage qui, d’habitude, travaille en coulisses : l’interprète ou traducteur simultané. L’artiste a réalisé un montage à partir d’un entretien mené avec Sebastien Weitemeier, interprète né à Berlin mais vivant en France. Dans cet entretien sont développées des réflexions sur le bilinguisme, sur le travail de traducteur simultané et sur les nuances sémantiques des deux langues maîtrisées à la perfection par l’interprète. La traduction simultanée française de ses propos est ensuite faite par Weitemeier lui-même. Les visiteurs de l’exposition peuvent choisir entre deux canaux audio correspondant respectivement aux versions allemande et française de l’entretien. Cette oeuvre, qui a été réalisée spécialement pour l’exposition, est une extension de l’installation Interpreters (2008). à l’instar de l’héroïne de Simultan,
le recueil de nouvelles d’Ingeborg Bachmann auquel l’exposition emprunte son titre, l’interprète exécute quotidiennement un périlleux exercice d’équilibriste entre différentes langues et cultures : «Quel drôle de mécanisme bizarre elle faisait, pas une seule pensée dans la tête, elle vivait, immergée dans les phrases d’autrui, et pareille à un somnambule, elle devait enchaîner aussitôt avec des phrases semblables mais qui rendaient un son différent, à partir de „machen“ elle pouvait faire to make, faire, fare, hacer et delat’, elle pouvait faire passer chaque mot six fois sur le même rouleau, elle devait seulement ne pas penser que machen signifiait vraiment machen, faire faire, fare fare, delat’ delat’, cela aurait pu mettre sa tête hors service, et il fallait bien qu’elle veille à ne pas se trouver un jour ensevelie sous ces masses de mots3.» Bettina Klein
Répondant à la carte blanche proposée par La Chambre, Marie Prunier a décidé de développer son travail autour de la temporalité dans un esprit
« work in Progress » tout au long de la semaine de montage.
« Cette exposition se conçoit comme un temps de travail en lui-même. Ici l’accrochage appartient au temps de la création et devient, en partie, la matière de ce qui est à voir.
Mon projet est de jouer avec la chronologie des événements, faire cohabiter dans un même temps les différentes étapes de conception d’une exposition.
Ainsi les quatre jours qui précèdent le vernissage seront consacrés à la création, la production et l’installation des œuvres dans l’espace de la galerie. « Nous ne pouvons sentir que par comparaison » a dit André Malraux.
Dans mon travail, je m’intéresse au hors-champ, à ce que l’on a pas coutume de montrer ou qui disparaît d’avoir été trop vu.
Si la photographie est toujours la copie d’une chose ; il y a toujours un avant, c’est cet espace particulier entre l’événement et sa reproduction qui m’intéresse.
Il s’agira ici de jouer avec les effets du dédoublement, les changements de rythme, d’échelle et de répétition pour faire dialoguer les images dans l’espace. »
Marie Prunier photos des photos et copie de la vidéo par l’auteur
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C’était une journée pleine de découvertes y compris sur le comportement des adultes en groupe.
En résumé l’art de la guerre en photos, avec tout de même une sculpture zen d’AndréAvril mise en résonance des photos, un plongeon dans les années 1920/1940 avec NORBERT GHISOLAND, qui se situe dans la lignée des Cartier Bresson. Jan Kopp Le tourniquet
Accompagné par Patricia Lemerson, performeuse
Fil Rouge « Une Journée et tellement plus avec Patricia Lemerson »
Patricia Lemerson est une femme pour qui tout va bien, elle cherche à rencontrer le plus de gens possible afin de se faire de nouveaux amis et de commencer avec eux une amitié durable. Elle est de bonne humeur, serviable, bien habillée. Elle ne veut plus être spectatrice du monde qui l’entoure et veut faire partie de chaque événement qu’elle croise.
Elle surprend par sa présence insolite, ses interrogations, mais aussi par ses faux élans vers l’autre, elle veut avoir la maîtrise de son jeu.
Federico Berardi, Laurence Bonvin, Thibault Brunet, Raphaël Dallaporta, Denis Darzacq, Leo Fabrizio, David Favrod, Andreas Gefeller, Oliver Godow, Éric Nehr, Marie Quéau, Philipp Schaerer, Shigeru Takato une proposition de Nathalie Herschdorfer « Il n’y a pas de faits, seulement des interprétations. » Friedrich Nietzsche
La photographie est une question de point de vue. Nombre d’artistes aujourd’hui revendiquent une démarche proche du documentaire et pourtant leurs œuvres tendent vers la fiction. Dans un monde où les références sont mouvantes, les photographes optent pour la mobilité : ils voyagent, se déplacent, traversent les lieux, les thèmes et les genres, passant imperceptiblement de l’analogique au numérique. Ils explorent les territoires et par là même la notion d’identité, qui paraît bien précaire et fragmentée en ce début du 21e siècle. Leurs travaux les conduisent à des représentations souvent étranges et ambigües. L’exposition réunit le travail de treize photographes travaillant en Allemagne, en Suisse et en France.
Depuis Mulhouse, en passant par le Lézard de Colmar, en visitant l’exposition d’André Avril, (billet) puis au vernissage du FRAC Alsace à Sélestat, pour « Affinités déchirures & attractions », en présence des artistes : Clément Cogitore, Marcel Dinahet, Bertrand Gondouin, Jan Kopp, Émeric Lhuisset et Roy Samaha. Le vernissage était suivi d’une visite commentée de l’exposition par Olivier Grasser, commissaire de l’exposition. Conçue notamment à partir d’œuvres de la collection du Frac Alsace, cette exposition se propose d’interroger les modes de représentation du réel, et en particulier le rapport à l’actualité, du documentaire à la fiction, en dialogue critique avec la représentation produite par les médias.
Strasbourg à suivre photos et vidéo de l’auteur
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plonge dans ses souvenirs d’enfance, avec le deuxième tome de sa biographie :
« C’est vous dont la mère est folle », qui se déroule à Mulhouse entre 1920 et 1940.
Derrière le récit, l’histoire, les anecdotes, ces deux ouvrages révèlent les
faces secrètes d’une personnalité hors du commun, mais également un talent d’écrivain, d’ores et déjà couronné par le prix de Littérature et de philosophie 2011 de l’Académie française.
Après ces deux premiers récits, Marguerite Mutterer travaille actuellement au tome 3,
qui retracera : l’histoire du Centre de Réadaptation de Mulhouse, dont elle fut la créatrice et la directrice pendant 40 ans.
Entre histoires et Histoire, voici des pages qui vont incontestablement enrichir
la bibliographie mulhousienne contemporaine. Bonne lecture ! André Heckendorn
Un autre regard sur le handicap Film de Robert CAHEN réalisé pour le Centre de Réadaptation de Mulhouse
Connue pour avoir fondé le Centre de réadaptation de Mulhouse, Marguerite Mutterer s’est passionnée pour l’écriture il y a quelques années et a publié Le récit de Margh, tranche de vie d’une adolescente de 19 ans entre 1938 et 1945. Réédité pour les fêtes chez Jérôme Do Bentzinger Editeur, le livre a été distingué par la médailled’argent du prix de littérature générale Louis Barthou 2011 de l’Académie française.
Le récit de Margh n’est pas un roman, encore moins une histoire d’amour sur fond de guerre ou un document historique. C’est une tranche de vie, celle de Marguerite Filbert, jeune Alsacienne de 19 ans, où s’entremêlent la guerre et ses peurs, la Résistance et ses combats, l’amour et ses tourments. La Résistance au féminin
Au fil des 147 pages de ce récit, l’auteur évoque l’humiliation de devenir allemande, la fuite vers le Territoire de Belfort, le premier hiver sous l’Occupation, le rationnement, le sentiment de solitude, l’horreur des postures nazies, la peur de la délation, la naissance de sa vocation dans le social, ses premiers émois amoureux et surtout, son désir d’agir. Contre la dictature du « Sois belle et tais-toi », Marguerite Mutterer raconte la guerre autrement. Pas forcément d’un point de vue féministe, mais féminin. La Résistance, pour elle, était une envie. Des passages de ligne et des exploits militaires qui ont duré trois mois.
À 90 ans, Marguerite Mutterer a encore beaucoup à partager. Son prochain récit, à paraître début 2012, sera consacré à son enfance ainsi qu’à son retour à Mulhouse en 1945.
Le récit de Margh, par Marguerite Mutterer, Ed. Jérôme Do Bentzinger. 19 €. En vente à la librairie Bisey et au Relais de la gare à Mulhouse. L’Alsace du 18/12/2011signé CB
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L’astiste marseillais, sculpteur avant tout, manie indifféremment divers médias, le dessin et l’écriture en tête, mais également la photo, la vidéo ou la performance.
Pour l’exposition de Colmar, il rassemble au rez de chaussée plusieurs
éléments sculpturaux sous la forme d’une installation in situ, qui n’est pas sans évoquer l’atelier de Brancusi.
Dominique Angel installation in situ Colmar 2011 espace Malraux
La colonne sans fin ou encore l’amoncellement de pièces de tissus cousues à la Louise Bourgeois Mon ambition artistique La recherche d’un hypothétique bonheur fonde la conscience artistique de nos sociétés. De la distraction à l’activité purement utilitaire, de la soumission au libre arbitre, du bon sauvage à la barbarie humanitaire, de l’art pour chacun au tout est art, de la figuration à l’abstraction, de Dieu pour tous à chacun pour soi, de l’homme à la femme, de l’individu à la société, de la vie à la mort, du temps passé au temps présent, je mets dans mon oeuvre autant de grandes causes que de petits plaisirs. Ils stabilisent mon ego et font pencher en ma faveur le fléau de la justice aveugle. Mon ambition artistique est de ne rien laisser au hasard. Mais je m’y prends souvent comme un manche : l’entreprise est aussi malaisée que de vouloir peindre un pet. Mon projet artistique Les divers aspects de mon activité artistique sont les fragments d’une oeuvre unique à laquelle je travaille dorénavant. Le titre, Pièces supplémentaires, déborde le projet qu’il annonce. J’utilise divers moyens d’expressions. La nature de l’art contemporain commande de faire ainsi. Je n’y peux rien. Mon projet se décompose en cinq parties : 1-Des sculptures de grandes dimensions, conçues comme une sorte de déménagement en catastrophe au cours duquel on s’exercerait à quelques arrangements esthétiques pour laisser croire que tout va bien. Une vidéo une photographie et une installation évoquant les limites de ce principe complètent généralement le dispositif. ( Je ne peux pas croire que mes oeuvres puissent retourner au chaos dès que j’ai le dos tourné !). 2- Une installation que je considère être une composition d’atelier, un témoignage, un camp retranché que je recompose chaque fois qu’il est nécessaire avec des apports de sculptures nouvelles et anciennes, des objets, des plantes et toutes sortes de déballages ainsi qu’avec des interventions sonores et vidéographiques. Mon atelier pour l’instant est à l’image du monde. C’est une fabrique d’accessoires gérée par l’esthétique rigoureuse du bazar. Je suis un artiste de mon temps : la nature morte devient l’unique sujet de l’art. 3- Un travail photographique. Il y a là des images de sculptures que je n’oserais jamais faire. Ce sont des sculptures qui n’existent pas. Quelle différence cela fait-il avec la grande majorité des oeuvres d’art dont chacun de nous n’aura, au bout du compte, jamais vu que la reproduction photographique ? 4- Une pièce de théâtre, une suite de textes sur l’art, de poèmes, de nouvelles et de romans, dont trois ont été déjà publiés à l’occasion de certaines de mes expositions : La beauté moderne, éd. vidéochroniques/Musée d’art contemporain de Nice, Petites farces de la vie quotidienne, éd. Actes Sud, La brosse à cheveux et le mexicain, éd. Musée de Belfort, Le 19, C.R.A.C. et le C.A.P. de Montbéliard accompagneront l’ensemble de mes recherches. 5- Ma production vidéo avec laquelle je me suis évertué jusqu’à présent à prouver que : a) Le vent de l’Histoire est composé surtout de courants d’air, b) qu’il poussera des poils aux statues le jour où les poules auront des dents, c) et qu’enfin la tâche de l’artiste contemporain consiste à devoir absolument réussir quelque chose dans un monde raté, a pour objectif maintenant d’affirmer le contraire de ce qu’elle a montré jusqu’à présent. Mon projet consiste donc à rassembler ces divers éléments en une oeuvre unique. On comprendra mieux mon entêtement à vouloir nommer chacun d’eux Pièce Supplémentaire, sans autre distinction que leur qualité respective. En ce qui concerne la théorie de cette entreprise, elle s’organise comme partie constituante de mon travail plastique, autour d’un ouvrage littéraire qui s’intitule Conditions relatives à la réalisation de quelques unes de mes oeuvres. J’y décris minutieusement avant qu’elles ne soient réalisées chacune des séries de pièces qui participent des diverses orientations de mon travail. Puis je montre, photos, anecdotes, et autres informations à l’appui qu’avec un même concept, un même système de représentation on peut élaborer des oeuvres diamétralement opposées. J’envisage d’utiliser l’ordinateur et la technique de ramification de l’hyper-texte pour trouver le développement nécessaire au rapport mot / titre / texte / image etc., puis de rassembler cette étape de mon travail sur un CD-ROM qui trouvera sa place dans une installation finale ou sera confronté la réalité des pièces avec la fiction que représentera cette synthèse. Dominique Angel
Une fresque (diaporama)à l’étage ornent les cimaises du centre d’art. Elle est composée de dessins mis bouts à bouts, accompagnés de photos et de textes témoignage d’une oeuvre en perpétuelle évolution et aux aux ambitions gigantesques. Elle a donné naissance à l’édition d’un catalogue « Paysage » où l’artiste écrivain, livre des textes et des pensées où il nous offre une vision du monde sur un ton absurde et burlesque, mais aussi le rapport de l’artiste avec son travail. Dans ses romans, souvent écrits à la première personne, il est à la fois auteur et acteur, comme dans ses vidéos, jouant lui-même l’acteur et combattant avec ses sculptures lors de performances aux allures de champs de bataille. Dominque Angel a enseigné à la Villa Arson de Nice. Photos et diaporamas de l’auteur
courtoisie de l’Espace Malraux et de Dominique Angel
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Filmatruc est un terme générique utilisé par Silvi Simon pour désigner ses différents dispositifs créés pour la projection cinématographique.
Dans ses recherches, chaque médium a son importance. La pellicule, bande cellulosique photosensible, est impressionnée par la lumière puis révélée et fixée par la chimie. Elle est perforée aussi régulièrement que se suivent les images pour être utilisée dans une mécanique – la caméra – qui va capter puis re-créer le mouvement. Le projecteur enfin, en est le mécanisme de restitution lumineuse et optique.
Silvi Simon s’est penchée sur chacune de ces étapes de retranscription du mouvement, les fait agir l’un envers l’autre, distillant l’image à la manière d’un alchimiste.
Mais au delà de ces ingrédients élémentaires de son travail, elle questionne le dispositif en lui-même.
Dans l’interstice entre la machine et l’écran où l’image est suspendue dans la lumière,
elle intercale ses dispositifs qui transforment cette matière lumineuse pour prendre toutes les dimensions de l’espace et du temps. L’écran n’est plus une simple surface, le spectateur entre dans l’image spatialisée.
Ces installations sont le fruit d’un travail artisanal sur l’image cinématographique devenue matière, où ombre, lumière et mouvement prennent autant d’importance que le sens véhiculé par la séquence filmée. Ses dispositifs sont volontairement «low tech», faits de composants bruts tels que moteur, hélice, axe, pignon, courroie, plastique, verre, miroir… et font naturellement le pont avec la naissance du cinéma et son appareillage mécanique. Extrait de filmatruc à Fribourg pedago@la-chambre.org
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Le voyage est un mode de vie typiquement contemporain. Mais il plonge aussi ses racines dans les profondeurs de l’histoire humaine. C’est au travers du voyage – déplacement, migration et vie nomade, exil même – que les êtres humains ont écrit leur histoire et créé leur identité – l’humanité.
La vie est un éternel voyage, entre le point de départ et la destination finale, entre le passé et l’avenir, entre la mémoire et la réalité, entre l’émotion et l’imagination… L’œuvre de Robert Cahen est l’expression vivante de ce processus – elle est en même temps résolument contemporaine : non seulement elle fait appel aux techniques les plus modernes (appareils électroniques pour produire sons et images), mais elle explore et expose aussi les aspects essentiels de notre vie d’aujourd’hui – c’est un movement permanent ou《passage》, pour reprendre l’expression de l’artiste, entre stabilité, enracinement, voisinage et changement, déplacement, globalisation… et le fait même d’être créé au travers des échanges.
Voyager/Rencontrer, l’exposition d’installation vidéo présente des créations de Robert Cahen depuis 1980, dont la plupart se sont inspirées de ses voyages dans différentes parties du monde. Le spectateur est entrainé dans un véritable monde flottant, voguant entre la réalité et la fiction, dans une expérience quasi physique du voyage.
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Symphonie (In)ouïe est un concert rêvé qui coud, en sons et en images, les fragments d’un discours musical et filmique dont les composants visuels sont entrelacés avec le fil sonore que suit l’ouïe. Dans un unique espace de transition permanente, celui d’un entrepôt où le son et ses vecteurs restent en suspens malgré des ébauches de communication, s’esquisse un parcours de souvenirs truffé d’incohérences. La dissociation entre l’image et le son projette le mouvement dans l’espace, et celui-ci se fait temps musical, comme si la vacuité des lieux redisait les balbutiements du discours et la difficulté d’abolir les distances. Mais la vie s’insinue, par bribes burlesques : la pluie force le souffle du tubiste, le froid contraint à réchauffer la flûte, le trajet boiteux d’un homme soutire des souffles à un accordéon. Et une voix distante, par un haut-parleur, renoue avec une continuité mélodique qui fait deviner, dans les marges, la symphonie latente.
Le dernier court métrage, Symphonie Inouïe, réalisé au Fresnoy, par Zahra Poonawala (dont le crieur public a été montré au CEAAC de Strasbourg et au forum de St Louis) est visible dans un festival en ligne , le Streaming Festival, jusqu’à la fin du weekend. Voici le lien vers le site pour écouter la symphonie Ainsi qu’un article sur le film et le festival
Premiere le 8/06/2011 au Fresnoy, Tourcoing
Exposé au CEAAC, Strasbourg 15/09/2011-16/10/2011
Visible en ligne au Streaming Festival , La Hague, 1-18/12/2011