Sommaire de septembre 2013

 
Festival Musica : Robert Cahen – vidéos et installations

04 septembre 2013 : Le mystère du roi bleu de Max Ernst
07 septembre 2013 :  les aventures de la vérité
10 septembre 2013 :  Photographes en Alsace 2013
19 septembre 2013 :  Figures du pouvoir – Olivier Roller
26 septembre 2013 :  Roux et rousses – photographies de Geneviève BOUTRY

Ateliers ouverts et Atelier Nomade

Ateliers ouverts
Chez Bernard Latuner  la vue  sur les toits de Mulhouse est fantastique, sur l’aiguille du Temple St Etienne, on entend l’heure sonner.
Bernard prend des photos dans la presse de lieux en démolition ou très abîmés, il imagine peindre dessus une image de nature, ce bloc sortit de terre, et son retour à la nature. (retour de la nature à la nature) Il s’inquiète de du fait que l’homme veut transformer la nature en musée, en la domestiquant.

Bernard Latuner

Bernard Latuner a convié Mathieu Husson aux pensées parallèles, il présente la maquette d’une palette en bois précieux d’acajou, provenant d’une forêt d’Amazonie péruvienne, clouée avec des clous dorés à la feuille d’or. Cette œuvre a été réalisée en résidence en Belgique.
C’est une œuvre militante pour s’élever contre la déforestation de l’Amazonie par les sociétés d’exploitation minière. Il aimerait revendre la palette aux enchères, afin de pouvoir reverser les fonds aux associations luttant contre la déforestation.
Mathieu Husson

Parallèlement il y a un dessin d’un arbre qui repousse et des projets d’architectures utopiques pour des tours aux US voire même en Alsace.
 
Atelier Nomade
Cet atelier fonctionne comme une ruche où 7 photographes exposent et s’affairent.
Pendant l’année ils se réunissent à St Louis sous la houlette de Philippe Litlzer, pour échanger et confronter leurs idées, innovations et points de vue. On sent une belle cohésion entre eux.
Néophyte de l’histoire des appareils photos et de la photo en général, adepte du numérique, j’ai pris un grand plaisir, à les écouter exposer leur passion, leur manière de photographier, j’ai tenté de percer leurs secrets de prise de vue, les dispositions magiques qui restituent des images fantastiques.
François Carbonnier

Ici on passe de l’appareil photo datant des Grecs de François Carbonnier, qui fonctionne sans pile, sans bouton,  un petit trou laisse passer la lumière, puis il nous montre une chambre et un appareil qui fait des photos en noir et blanc avec une luminosité particulière, grâce à un film à sensibilité particulière, à Bernard Bay avec ses compositions originales en noir et blanc de carrefours,  de voitures accidentées.
 
Bernard Bay


Renaud Spitz, (voir son album en ligne) absent  ce dimanche montre  des images très pures de bords de mer et de voyages au loin, dont on demeure curieux.
Renaud Spitz

Puis il y a Jean Jacques Delattre dont les photos ressemblent à des peintures,
Jean Jacques Delattre

Sylvain  Scubbi virtuose des prises de vue de la vitesse, des courses de vachettes comme si on y était.

Marie Paule Bilger avec sa vidéo visible aussi à la galerie Hors Champs.
Je crois que j’ai « raté » le 7e L.Georges.  Une belle brochette d’artistes virtuoses de la photo, que je vous invite à suivre dans leurs expositions, collectives ou personnelles.
 

Steve McQueen

 
Steve Mc Queen

Le Schaulager au Munchenstein près de Bâle,  présente l’exposition la plus complète jamais vue, d’œuvres de l’artiste britannique vidéaste plasticien Steve McQueen. Bien que connu des cinéphiles, il ne s’agit pas de l’interprête décédé, de la Grande Evasion, mais d’un artiste vidéaste connu, auquel a été attribué une camera d’or  au  festival de Cannes pour son film Hunger, récit de la grève de la faim du prisonnier politique anglais Bobby Sands (1981)  De cette histoire est née une vocation, passé par de prestigieuses écoles d’art, il n’a cessé de « filmer le mouvement dans la fixité », Puis  Shame (2011), plongée new-yorkaise glauque dans l’univers d’un sex-addict, d’où plus d’une vingtaine de films, vidéo et des installations, complété par des photographies et d’autres œuvres de cet artiste radical  présentés, dans ce lieu spécialement aménagé pour le cinéma, une sorte de cité du cinéma . Deux nouvelles oeuvres de Steve McQueen sont montrée pour l’occasion.
Steve McQueen – photos

En l’espace de vingt ans, vidéaste et réalisateur Steve McQueen (né en 1969 à Londres) a créé une œuvre exceptionnellement diversifiée. Son art est en transformation incessante, caractérisée par une utilisation très délibérée des moyens cinématographiques et des stipulations précises concernant les installations et les espaces de repérage. Très à l’aise dans une variété de domaines, il crée des œuvres qui explorent la frontière entre documentaire et narration, tout en abordant des thèmes tels que la politique, la religion, la violence, le corps et les questions ethniques, humaines, fictionnelles et abordables par tous d’après lui.
SteveMcQueen Five Easy Pieces

En 1999, McQueen a reçu le prestigieux prix Turner de la Tate Gallery, Londres, parmi d’autres oeuvres – Deadpan – installation vidéo (un hommage artistique à Buster Keaton). En 2002, il a participé à la Documenta 11 avec les chefs-d’œuvre de l’Ouest profond et Leap Carib . En 2009, il a représenté son pays natal, la Grande-Bretagne à la Biennale de Venise Giardini (2009).
Son travail artistique conçu pour la présentation  en galerie, McQueen a aussi fconçu des longs métrages pour la libération du cinéma, pour lequel il a remporté plusieurs prix.  Caméra d’Or au Festival de Cannes en 2008  et 2011,  il a été projeté dans plusieurs festivals dont ceux de Venise et de Toronto. Sa production la plus récente, « douze ans a Slave », sera publié en 2013.
Steve Mc Queen Bear

La Fondation Emanuel Hoffmann possède dix importantes œuvres cinématographiques de Steeve McQueen, probablement l’un des plus importants ensemble dans une collection publique.
A l’apogée de sa carrière artistique, l’artiste de 43 ans est encore plus exigeant et s’impose des défits, dans des projets toujours plus complexes qui rendent les contraintes encore plus élevées en matière de précision. Tout ce qu’il fait est presque palpable physiquement et immédiatement, de ses premières vidéos, films plus expérimentaux aux morceaux plus tardifs, souvent documentaires. À ce jour, la plupart de ses œuvres ont été présentées isolément ou en relativement petites présentations.  C’est ainsi que la rétrospective de ses œuvres au Schaulager,  révéle ce qui est devenu une impressionnante cohésion de son  travail.
Steve McQueen Charlotte

En référence au Chien Andalou de Bunuel, l’oeil de Charlotte Rampling, un peu de rouge dans le noir.
Les juxtapositions judicieuses et les combinaisons donnent des aperçus surprenants : l’artiste rapporte les images de film, les uns aux autres comme dans une galerie de peinture, en dépit de leur différence dans le lieu. Une atmosphère presque mystique est générée par des vues soigneusement conçues par le biais d’espaces intérieurs et extérieurs, « Mirrorings » et les variations de l’intensité de l’éclairage et de l’obscurité. Les téléspectateurs découvre le caractère sculptural des pièces de McQueen, ils sont attirés dans ses installations, ils prennent conscience de la présence tangible et de l’impact physique de l’œuvre de cet artiste.
Steve McQueen Queen and Country

Une place particulière dans l’œuvre de McQueen et de l’exposition est « Queen and Country », prêté par le Musée Impérial de la Guerre, à Londres. Nommé en tant qu’artiste de guerre officiel, au Royaume-Uni, McQueen a créé cette œuvre en 2007-2009 à la mémoire des hommes et femmes britanniques tués en Irak. Dans l’ Impossibilité de filmer en Irak, en raison de mesures de sécurité, l’artiste a décidé de produire des  timbres-poste portant les portraits des victimes de la guerre. Jusqu’à ce que la Royal Mail accepte d’émettre des timbres, les planches de timbres sont affichées dans les tiroirs d’un meuble en chêne – un témoignage émouvant sur les conséquences de la guerre.L’exposition du Schaulager est sans précédent en ce qu’elle se compose presque exclusivement d’oeuvres d’images en mouvement.
Le spectacle constitue un défi pour les téléspectateurs à la fois en termes de temps et de diversité, le billet d’entrée est valable pour trois visites. – 6 heures de vidéos, plongées dans le noir- une expérience émotionnelle, intellectuelle, sensorielle, auditive.
Un programme complet d’éducation et une série de conférences, projections de films et un colloque accompagnera l’exposition.
Elles sont détaillées dans le livret de l’exposition (gratuit) et sur www.schaulager.org.
Conçue et développée en étroite collaboration avec l’artiste, l’exposition a été organisée et mise en œuvre par l’équipe du Schaulager, sous la direction de Heidi Naef et Isabel Friedli.
la publication d’un catalogue  richement illustrée, Steve McQueen. Œuvres, éditées par la Fondation Laurenz, Schaulager de Bâle, est disponible en anglais et en allemand et contient une étude détaillée des travaux ainsi que des essais de spécialistes éminents, une entrevue exhaustive avec l’artiste et une exposition complète l’histoire et la bibliographie.
L’exposition a été co-organisé par Schaulager, Laurenz Foundation, Bâle et l’Art Institute of Chicago.
jusqu’au 1 septembre 2013
ouvert mardi, mercredi, jeudi 14/22 h
samedi-dimanche 12/18 h
18 FS réduit 12 FS

photos de l’auteur 1 2 5
autres photos presse Schaulager

"lac et autres contes" Pierre et Jean Villemin

vidéo Pierre et Jean Villemin

C’est par la magie d’Internet que j’ai fait la connaissance des frères Villemin.
Leur DVD, « lac et autres contes » est une symphonie impressionniste, avec des tons délicats, des ombres portées, des dégradés, des flous à la RKN, la nature comme je l’aime, qu’ils savent si bien regarder.  : « forêt noire », « lac », et « oiseau de nuit »  vous emportent loin des gadgets actuels, vers des rêves d’ailleurs, de beauté, de mystère, des paysages atmosphériques. Vous croyez être dans la Petite Camargue du Sud de l’Alsace (sans les promeneurs), lorsque vous vous enfoncez dans les sous-bois, que l’eau coule et que le paysage devient étrange.
Paysages sans présence humaine, d’où on s’attend à voir apparaître des elfes, forêt, arbres, eau, beaucoup d’eau (où sont les sirènes et autres fées ?) le passage des saisons, quoique intemporel.
Au visionnage, au début je m’interrogeais sur la voix off, sa musicalité lancinante allait-elle  m’endormir, bercée par le ton grave et monocorde ? J’ai en mémoire les excellentes vidéos ou K7 d’Alain Jaubert, dont la voix berçait mes insomnies  … Et bien non, cela concorde et vous entraîne, comme ces magiciens qui arrivent à vous hypnotiser.
Le réveil est lent, le souvenir est tenace.
« Pierre et Jean Villemin sont des conteurs, conteurs d’un autre temps, de ces temps où se perpétuait la tradition orale, où les légendes se colportaient dans de longues soirées passées à écouter les voix »….. extrait d’un texte de Léa Bismuth
Pierre et Jean Villemin travaillent en équipe depuis 2002.

le DVD
Jean Villemin est artiste plasticien :
 Il a bénéficié de commandes publiques du Ministère de la Culture, Fondation de France.
Il est  Lauréat de plusieurs concours de sculpture
Ses œuvres sont visibles au Frac Alsace et  dans des collections particulières
Il est l’auteur de plusieurs ouvrages.

Pierre Villemin enseigne la vidéo à l’Ecole Supérieure d’Art de Lorraine – Metz
Depuis 1999, Il réalise une dizaine de films courts diffusés et primés dans plusieurs festivals internationaux.
Avec Mémoire carbone, commande du Musée de la Mine du Carreau de Wendel, il développe une écriture visuelle poétique et expérimentale sur la dernière mine lorraine de charbon.
Il est programmateur et responsable du réseau de diffusion et production, sonore et visuel en Lorraine, Les Yeux de l’Ouïe.
Si vous avez la chance de voir leur travail dans une exposition, un festival, chez un particulier, au FRAC, n’hésitez pas, c’est un bon moment de rêveries et de dépaysement assurés, comme un goût de retour vers l’enfance et les contes racontés ou lus.

Robert Cahen – La peinture en mouvement – Les œuvres du musée Unterlinden

La peinture en mouvement
Les œuvres du musée Unterlinden sous le regard de
Robert Cahen  – Installations vidéo
Du 4 avril – 31 décembre 2013

Robert Cahen devant le panneau de la Résurrection du Retable d’Issenheim – Matthias Grünewald (1475-1528)

Le Musée Unterlinden, qui célèbre cette année le 160ème anniversaire de son ouverture, annonce l’exposition « La peinture en mouvement, les œuvres du musée Unterlinden sous le regard de Robert Cahen, » du 4 avril au 31 décembre 2013.
Pionnier de l’art de la vidéo et de l’utilisation de l’électronique dans le traitement des images, l’artiste restitue, dans cette création, des images des œuvres majeures des collections du musée et particulièrement celles d’art moderne, qui ne sont pas visibles en raison des travaux d’extension. Ainsi, Robert Cahen et son associé Thierry Maury
(Pixea Studio) ont capté des images en effectuant des mouvements lents de façon à créer une respiration cinématographique apportant vie au sujet du tableau et donnant ainsi l’illusion que la peinture s’anime. L’idée est d’appréhender les œuvres, sous un certain regard, en privilégiant des points de vues originaux, qui se concentrent sur les visages des personnages présents, notamment dans les œuvres de Picasso, Renoir, Victor Brauner, Chaissac et bien sûr Grünewald.
La présentation de cette création s’articule sur deux niveaux.
Dans le cloître du musée, l’installation vidéo est composée de six cylindres dans lesquels le visiteur est invité à regarder les images et à s’en approcher.
Dans la galerie, à l’étage, lieu propice au passage des visiteurs, les créations vidéo sont visibles sur des cadres numériques, disposées dans six vitrines parmi les objets exposés.
« Les images poétiques et envoûtantes de Robert Cahen traduisent parfaitement l’esprit du musée. Elles laissent envisager la mise en lumière de nos collections telles qu’elles seront présentées dans l’extension du Musée réalisée par Herzog et de Meuron«  indique Frédérique Goerig-Hergott, conservatrice chargée des collections d’art moderne et contemporain.
Compositeur de formation, Robert Cahen  (1945) est diplômé du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris (classe de Pierre Schaeffer). En 1971, il devient membre actif du Groupe de Recherches Musicales (GRM). Chercheur à l’ORTF, Robert Cahen est un pionnier dans l’utilisation des instruments électroniques.
En 1992, il est lauréat de la Villa Médicis hors les murs.
Parallèlement à son travail de composition, il expérimente l’image et la vidéo et oriente progressivement ses recherches vers ces nouveaux media en les traitant de la même façon que les sons. L’identité du travail de Robert Cahen, artiste vidéo depuis 1973, se distingue dans le traitement des ralentis, des oscillations et des mises en mouvement. L’artiste organise et transforme les images, multiplie les points de vue en y associant des sons afin de créer un univers poétique,  jusqu’à l’expérimentation physique de l’œuvre dans sa mise en espace. Considéré comme l’une des figures les plus significatives dans le domaine de la création vidéo, son travail est reconnaissable à sa manière de traiter les ralentis et à sa façon d’explorer le son en relation avec l’image pour construire son univers poétique.
Dès sa première vidéo en 1973, – L’Invitation au Voyage -, il manipule l’image et la rend malléable. Il réalise en 1983 –  Juste le Temps – fiction vidéo de 13’, considérée comme une œuvre charnière pour la vidéo des années 80.
Les œuvres de Robert Cahen sont présentes dans de nombreuses collections publiques en France (Mnam, Paris et Mamcs, Strasbourg) et à l’étranger (MoMA, New York; Harris Museum, Preston; ZKM, Karlsruhe).
Heure Exquise distribue son travail vidéo,  un coffret dvd les oeuvres de 1973-2007  a été édité par Ecart Production, RKN fait partie de la Galerie Lucien Schweitzer, (Luxembourg)
Commissaire de l’exposition : Frédérique Goerig-Hergott, conservatrice au musée Unterlinden
Cette exposition bénéfice du soutien du Cercle des Mécènes Unterlinden et du mécénat en nature de deux entreprises : Frans Bonhomme (tubes en PVC) et Telefunken (cadres numériques).
Autour de l’exposition
Ouverts à tous
Objet du mois de septembre : Promenade autour du cloître des Unterlinden,
« installer un regard », les œuvres du musée sous le regard de Robert Cahen avec l’artiste et de Frédérique Goerig-Hergott
Entrée libre dans la limite des places disponibles
Visites guidées les dimanches 5 mai, 2 juin, 23 juin et 22 septembre à 10h30
Tarif normal : 10 € / 5€ pour les membres de la Société Schongauer et les détenteurs de la Carte Culture
Réservé aux membres de la société Schongauer Jeudi 23 mai à 18h : Visite guidée par Robert Cahen et Frédérique Goerig-Hergott
Informations pratiques
Musée Unterlinden1 rue d’Unterlinden – 68000 Colmar
Tél. : 03 89 20 15 51
info@musee-unterlinden.com
www.musee-unterlinden.comHoraires
De mai à octobre, tous les jours de 9h à 18h.
De novembre à avril, tous les jours de 9h à 12h et de 14h à 17h.
Fermé le mardi et le 1er novembre.
Et 1 mai et 25 décembre
Tarifs d’entrée
Tarif normal : 8 € Tarif groupe (15 personnes), seniors et Carte Cézam : 6 €
Tarif réduit (12/18 ans, et étudiants – de 30 ans) : 5 €
Tarif famille (à partir de 2 enfants) :
Tarif normal pour le(s) adulte(s), 3€ par enfant (12/18 ans)
Gratuité pour les enfants – de 12 ans, les membres de la société Schongauer, les porteurs du Pass Musées, les scolaires de l’Académie de Strasbourg du Land Bade-Wurtemberg ainsi que les enseignants accompagnateurs.

Robert Cahen en Patagonie

Le voyage est un mode de vie typiquement contemporain. Mais il plonge aussi ses racines dans les profondeurs de l’histoire humaine. C’est au travers du voyage – déplacement, migration et vie nomade, exil même – que les êtres humains ont écrit leur histoire et créé leur identité – l’humanité. La vie est un éternel voyage, entre le point de départ et la destination finale, entre le passé et l’avenir, entre la mémoire et la réalité, entre l’émotion et l’imagination… Certains voyagent sur leur ordinateurs, d’autres dans leur imagination.

 Robert Cahen de par son œuvre est l’expression vivante de ce processus, résolument contemporaine par l’appel aux techniques les plus modernes (appareils électroniques pour produire sons et images), elle explore et expose aussi les aspects essentiels de notre vie d’aujourd’hui. C’est un mouvement permanent ou « passage », pour reprendre l’expression de l’artiste, entre stabilité, enracinement, voisinage et changement, déplacement, globalisation… et le fait même d’être créé au travers des échanges.
Robert Cahen, le monde entier connaît sa haute silhouette vêtue de noir, (ou de bleu) boucles devenues blanches, yeux bleus au regard soutenu, à la démarche virevoltante, voire flottante. RKN est à l’image de certains oiseaux migrateurs qui voguent d’un continent, l’autre, à la rencontre de la beauté et de la poésie du monde, qui sont au cœur de son travail . Mais qu’est-ce qui fait courir RKN ? Il n’est jamais à court d’idées, un projet à Macao juxtapose un autre aux Philippines. Proustien et baudelairien, dans sa recherche du temps, qu’il ne perd jamais, en tentant de l’arrêter, par des effets qui lui sont si personnels, reconnaissables, flous, poétiques.

 
La vidéo est dans une certaine mesure comparable à une lanterne magique, objet proustien grâce auquel l’enfant qui est en l’homme peut projeter des images sur les murs de sa chambre, se raconter des histoires pour échapper au temps ; mais l’artiste, lui, connaît le secret du monde, et les vidéos de Robert Cahen le révèlent comme les derniers mots de : À la recherche du temps perdu.
Stephan Audeguy
Voyager/Rencontrer, titre d’une exposition en Asie, caractérise l’artiste. Les vidéos et installations sont inspirées de ses voyages dans différentes parties du monde. Le spectateur est entraîné dans un véritable monde flottant, voguant entre la réalité et la fiction, dans une expérience quasi physique du voyage.
Cette fois ce voyageur infatigable s’aventure en Patagonie, avant de nous réserver de multiples surprises en Europe et notamment en France pour 2013 et plus.
Robert Cahen participe au Festival International de documentation Expérimentale de Patagonie  « PAFID » avec les oeuvres suivantes :

 

clic sur les images

Philippe Parreno à la Fondation Beyeler

L’artiste français Philippe Parreno s’est fait connaître dans les années 1990, suscitant
l’enthousiasme de la critique par une oeuvre qui recourt à une grande diversité de supports, parmi lesquels le film, la sculpture, la performance et le texte. Considérant l’exposition comme un moyen d’expression à part entière, Parreno a cherché à redéfinir l’expérience qu’elle constitue en explorant ses possibilités d’« objet » cohérent, au lieu d’en faire un assemblage d’oeuvres disparates.

Philippe Parreno - photo Claudio Cassano

 
Pour sa présentation à la Fondation Beyeler, Parreno propose deux nouveaux films qui
s’intègrent dans une mise en scène guidant le visiteur à travers tout l’espace de l’exposition à l’aide d’une chorégraphie de sons et d’images.
Le premier film, Continuously Habitable Zones aka C.H.Z. (2011), est lié à un territoire et
présente des vues d’un jardin noir créé au Portugal en collaboration avec un paysagiste, Bas Smets. Un paysage a produit un film, et un film a produit un paysage. Le paysage est
pérenne; il est ce que l’image rejette.

Le deuxième film, Marilyn (2012), est le portrait d’un fantôme. Il la fait apparaître au cours d’une séance fantasmagorique dans une suite de l’hôtel Waldorf Astoria de New York où elle a vécu dans les années 1950. Le film reproduit sa présence au moyen de trois algorithmes: la caméra devient ses yeux, un ordinateur reconstruit la prosodie de sa voix, un robot recrée son écriture. La morte est réincarnée dans une image.

 
À l’entrée du musée, chaque visiteur reçoit un DVD sur lequel il retrouvera les deux films.
Les deux films du DVD contiennent une bande-son musicale composée par le musicien Arto Lindsay. Ces versions sont différentes de celles des films de l’exposition, tout comme un souvenir peut s’éloigner de la réalité.
 
Philippe Parreno

Une salle de la collection permanente de la Fondation Beyeler est consacrée à deux
nouvelles séries de dessins liés aux films. Une série d’une trentaine de dessins à l’encre
montre dix perspectives du paysage de C.H.Z. Une autre série comprend des textes écrits
par le robot de Marilyn sur du papier à lettres de l’hôtel Waldorf Astoria.
Textes écrits par le robot de Marilyn sur du papier à lettres de Waldorf Astoria

 
Dans le jardin d’hiver, à l’entrée de la salle de projection des films, sont accrochées deux
Marquees, telles des excroissances lumineuses de l’architecture de Renzo Piano.
 
Enfin, deux installations sonores donnent au spectateur l’impression que le musée prend vie.
La première installation fait sortir les bandes-son des films de la salle de projection pour les transporter dans le jardin d’hiver. Pour la deuxième installation, des nénuphars soniques flottent aux côtés de vrais nénuphars dans le bassin qui jouxte l’entrée du musée, laissant le son de la « bête végétale » de C.H.Z. s’échapper dans le jardin.
 
Philippe Parreno est né en 1964 à Oran en Algérie. Il vit et travaille à Paris. Il a présenté
récemment des expositions individuelles à la Serpentine Gallery de Londres (2010), au CCS, Bard College de New York (2010), au Centre Georges Pompidou de Paris (2009), à l’Irish Museum of Modern Art de Dublin (2009) et à la Kunsthalle Zürich de Zurich (2009).
 
Philippe Parreno Sam Keller Michiko Kono

Cette exposition a pour commissaires le directeur de la Fondation Beyeler Sam Keller et Michiko Kono, Associate Curator.
Pour accompagner le film C.H.Z., un nouvel ouvrage publié chez Damiani, Bologne, contient des reproductions des dessins, des arrêts sur image tirés des films, des photographies aériennes et des contributions de Philippe Parreno et de Nancy Spector, Deputy Director et Chief Curator du Guggenheim Museum, New York.
CHF 48, ISBN 978-88-6208-253-2
jusqu’au 30 septembre 2012
Fondation Beyeler, Beyeler Museum AG, Baselstrasse 77, CH-4125 Riehen
Heures d’ouverture: tous les jours de 10 h à 18 h, le mercredi jusqu’à 20h.
photos 1 2 3 courtoisie Fondation Beyeler
4 5 6 photos des photos
 

Robert Cahen & Marie Freudenreich

Exposition au forum de l’Hôtel de Ville de St Louis, jusqu’au 1 juillet 2012
Vernissage le 8 juin à 18 h 30, suivi d’une rencontre-discussion avec les artistes.
Avant première depuis le 1 juin 2012

(é)mouvantes couleurs

Un « dialogue sans cesse renouvelé entre visible et invisible, narration et poésie. »
(Sandra Lischi)

Robert Cahen & Marie Freudenreich

Marie Freudenreich photo DNA Kristin Jurack

Deux artistes, de générations différentes, réunis par une perception de l’espace  et du mouvement semblable. L’un artiste affirmé, Robert Cahen (voir ici 2e partie) exposant régulièrement un peu partout dans le monde, l’autre Marie Freudenreich, timide, effacée, talentueuse, connaissant bien sa partie, mais ne se livrant pas d’emblée. Son travail est tout en finesse, en délicatesse, des dessins, à l’encre de Chine et à la tempera. (peinture à l’œuf) La tempera est un procédé de peinture, qui consiste à délayer des pigments en poudre dans de l’eau additionnée d’un agent liant tel le jaune d’œuf.

Cela permet des couleurs vives et translucides. Peinture utilisée à la fin du Moyen Age et au début de la Renaissance, Marie l’a remise au goût du jour, en l’adaptant à sa manière.

Elle ne peint pas sur bois, mais sur un papier très fin, qu’elle a rapporté lors d’un voyage en Chine, d’où résultent raffinement et élégance. Ses dessins, sont très géométriques, parfois des bâtons qui semblent danser au gré de leur fantaisie, projetant des ombres, un œil aveugle, tout en mouvement et en couleurs. Les mouvances de sa tempera envoient tout naturellement aux nuages et aux mouvements des vidéos de Robert Cahen.

Est-ce le vide de l’absence autour de cette table-installation,  au milieu des fragiles dessins sur papier chinois suspendus en cercle, au centre du forum ? Attend-elle des convives ?

La grande toile spécialement conçue pour l’exposition ‘Fade to black’ (fondu de noir) n’est ni du Soulages, ni du Rothko, ni du Pollock, c’est du Marie Freudenreich
.

Après 3 ans d’études à l’école des Beaux  Arts de Nancy, Marie a tenté l’expérience d’une école d’art américaine, pendant 5 ans, pour étudier la sculpture et la peinture à la tempera puis elle revient à Mulhouse, pour exercer son art.

La jeune femme fort timide ajoute
« On peint pour dire ce qu’on ne sait pas dire ».

Ce jeu de couleurs en mouvement, se retrouve dans l’installation vidéo de Robert CahenPaysages / Passages, dans les moniteurs de télévision, qui montrent le moteur de la télé  visible sous leurs  caches en plexiglass.
« Il y a trois sources d’images, extraites du film ”juste le temps”
(projeté au Jeu de Paume en 2010)
  de 1983, une fiction expérimentale dans laquelle deux personnages se rencontrent dans un train
», explique Robert Cahen.
Il a travaillé en postproduction le défilement du paysage vu d’un train en jouant sur des effets vidéo comme la vitesse, les couleurs et l’évocation du passage, le passager est hors champ, c’est à dire nous.

« C’est une notion permanente de mon travail, parce qu’on peut y retrouver la valeur du temps et les transformations de l’existence ».

Art  où l’artiste conjugue poésie avec virtuosité,  Art vidéo dont il est  pionnier.

Cette œuvre est prêtée par le fond régional d’art contemporain (Frac) d’ Alsace à Sélestat, elle était exposée au ZKM de Karlsruhe.

Robert Cahen & Marie Freudenreich

Robert Cahen et Thierry Maury -photo DNA Kristin Jurack

Les œuvres de Robert Cahen de la période 1973-2007 ont été éditées sous forme de coffret, en DVD, que l’on peut acquérir auprès d’Ecart Productions, au FRAC, au jeu de Paume, à la galerie Stampa de Bâle (Art Basel) Centre Pompidou, et auprès de la Vitrine,  53 Avenue Kennedy à Mulhouse.

 

La Fondation Paul Sacher de Bâle

La visite de la Fondation Paul Sacher,  initiée  par  Stéphane Valdenaire, historien de l’art a  permis de découvrir un lieu qui fait vivre sa mémoire et conserve des témoignages émouvants.

¨Paul Sacher

Aboutissement de l’engagement de Paul Sacher envers les compositeurs du 20e siècle, la Fondation est un lieu d’ordinaire réservé aux musicologues du monde entier.
Elle abrite des collections artistiques précieuses et les archives de noms qui ont marqué la musique du 20e siècle : manuscrits de Stravinski, Webern, Varèse, Bartók, Boulez …
Feldman, Grisey, Maderna, Kagel...
Robert Piencikowski

C’est Robert Piencikowski, musicologue, ancien chercheur de l’Ircam, qui développa avec verve, humour et générosité, l’œuvre de Paul Sacher. Il nous présenta quelques trésors, extraits pour l’occasion des coffres-forts de la Fondation, située place de la cathédrale, dont les baies vitrées permettent une vue unique sur le Rhin. Cette place pourrait être appelée place ou carrefour des grands hommes, avec la tombe d’Erasme dans la cathédrale, l’immeuble où enseigna Nietzsche et la présence émouvante de Holbein.
Sa présentation était ponctuée d’anecdotes croustillantes, qui ont affluées dans la vie de Paul Sacher.
Si son nom ne disait rien au grand public, les compositeurs et
interprètes de ce siècle le considéraient depuis longtemps comme un véritable prophète.
A 20 ans, il crée son premier orchestre de chambre  d’amateurs  à Bâle et, à 35 ans, le Collegium Musicum à Zurich. Depuis, il a dirigé plus de 200 oeuvres modernes, généralement des premières de compositeurs dont il a souvent été le mécène inespéré.  Dans sa résidence de Schönenberg, sur les hauteurs de Bâle, Paul Sacher recevait des amis répondant aux patronymes de Dürrenmatt, Tinguely, Niki de Saint-Phalle, mais également de Bartok, Boulez et Penderecki. Sur les grands murs blancs, des toiles de Braque, Miro, Picasso, Klee et Chagall, avec lesquels Maja Hoffmann-Strehlin, qu’il avait épousée en 1934, s’était liée d’amitié lorsqu’elle travaillait dans l’atelier parisien de Bourdelle.

A l’intérieur des coffres-forts, s’accumulait la plupart des partitions autographes (une centaine) qu’il avait commandées à Bartok, Stravinski, Honegger, Britten, Henze, Dutilleux ou Boulez.
Igor Stravinsky

Son ambition: défendre les contemporains menacés par l’incompréhension du public  Stravinski hué lors de la création du Sacre du printemps, Berg vomi par Vienne  et donner le répertoire baroque et classique jusqu’au XVIIIe siècle, alors totalement méconnu. Pour parachever sa mission, il créait de nouveaux outils: la Schola Cantorum Basiliensis et la Basel Academy of Music, réunissant compositeurs, musicologues et étudiants. En 1941, à la tête du Collegium Musicum de Zurich, dernier orchestre de chambre de sa création, il défendait dans le monde entier des oeuvres qu’il avait commandées et créées. Sa collection constituée au départ par son intuition, fut consolidée par son mariage avec la veuve et héritière d’Emmanuel Hoffman,  fils du fondateur des Laboratoires pharmaceutiques Hoffmann-Laroche, le plus gros chiffre d’affaires helvétique , la fortune de Paul Sacher allait être investie dans la constitution d’un répertoire extraordinaire.
C’est pour son Orchestre de chambre de Bâle que Bartok écrivit en 1936 la fameuse Musique pour cordes, percussions et célesta, puis le Divertimento pour orchestre à cordes. Des années plus tard, Boulez composera Dérive 2 & 1 à partir des lettres du nom du compositeur, et Dutilleux, Trois strophes sur le nom de Paul Sacher, pour violoncelle.


Son intuition peut être qualifiée de géniale: de Hindemith à Takemitsu, il pressent quels noms vont rester. Quant à son austère noblesse, elle est légendaire: il préférait le néoclacissisme de Stravinski (à qui il avait commandé Capriccio) au post-romantisme de Strauss. Mais, apprenant que ce dernier était à la fin de sa vie dans le besoin, il lui avait commandé Métamorphoses, sans même évoquer le refuge trouvé chez lui par un Rostropovitch déchu de sa nationalité soviétique. Son soutien à Boulez et à Berio lui valait les commentaires acerbes de son compatriote, le chef Ernest Ansermet. Il lui répondait qu’il était triste de le voir perdre sa curiosité et son enthousiasme avec l’âge.
Collectionneur, Paul Sacher avait arraché le lot Stravinski (partitions, lettres, passeports, piano) à la Morgan Library et à la New York Public Library, en 1983, pour 12 millions de dollars. Sa fondation, sise dans une cathédrale, avec étages et quelques sou-sols, voisine de celle de Bâle, gère aujourd’hui une soixantaine de fonds  de Webern à Maderna  accessibles aux chercheurs. Venu en 1986 léguer l’intégralité de ses manuscrits, Boulez avait écrit sur le livre d’or: «Visite à mon futur tombeau.»
Fac similé

 
Pour ses 90 ans, le fondateur de l’Ensemble intercontemporain avait dirigé un concert hommage à la Cité de la musique. Né le 28 février 1906 à Bâle, il s’y est éteint.
extraits de divers articles de presse
Eclat de Pierre Boulez Festival de Lucerne
la Maitre du temps Robert Cahen Pierre Boulez dirige Mémoriales

Week End de l'Art contemporain en Alsace 2012 – suite

 

Suite de la visite à Stimultania à Strasbourg,

Norbert Ghisoland

NORBERT GHISOLAND Né en 1878 à La Bouverie, petite commune belge du Borinage, le photographe Norbert Ghisoland photographie ses habitants pendant près de quarante ans. Il réalise plus de 90 000 photographies sur plaques de verre dans son studio à Frameries où, en ce début de siècle, la ville vit au rythme de la mine. Seuls ou en groupes, des dizaines de milliers de gens passent devant son objectif : des bourgeois, des mineurs, des militaires, des religieux, des sportifs, des gens de tous âges, des chiens parfois. Norbert dirige les poses. Ils sont assis ou debout, les mains entrecroisées ou sur l’épaule, les visages graves. Ils ne sourient pas. Ils viennent du Pays Noir.
 » Ghisoland n’est pas le reproducteur du visage de la bourgeoisie. Ses clients sont des mineurs, de ces hommes au visage buté, impénétrables, à la fois fiers et modestes. Non pas photos d’identité sociale, mais photos-rêves et souvenirs pour lesquels on pose dans son costume favori, dans un costume d’emprunt qu’on ne remettra plus jamais, après avoir ciré ses chaussures, épinglé sa décoration au revers de sa boutonnière, et emmené son instrument de musique […]. » Hervé Guibert pour Le Monde
commissariat : Mary van Eupen et Marc Ghuisoland
Simultan au CEAAC de Strasbourg
 
«Les limites de ma langue sont les limites de mon monde»: c’est cette citation de Wittgenstein que Mladen Stilinovi  a choisie pour titre d’un entretien-conférence donné en 2011 dans le cadre de l’Académie d’été à la forteresse Hohensalzburg. En 1992, déjà, il avait peint sur une banderole l’inscription «An Artist Who Cannot Speak English Is No Artist» (Un artiste qui ne parle pas anglais n’est pas un artiste) – une affirmation qui, vu les bouleversements politiques en ex-Yougoslavie, pouvait sembler quelque peu dérisoire, mais n’en était pas moins vraie lorsqu’on la considérait dans le contexte du marché de l’art international.
Maden Stilinovitch

L’artiste a entre-temps réalisé plusieurs versions de ce travail, entre autres sous forme de tee-shirts distribués aux visiteurs de ses expositions. Le fait que cette oeuvre, née d’une situation historique donnée, n’ait rien perdu de son actualité s’explique par une plus grande sensibilisation à l’hégémonie croissante de l’anglais dans le contexte de la mondialisation.
C’est sous cette même hégémonie que doivent vivre les protagonistes de Shoum, une vidéo de Katarina Zdjelar, où l’on voit deux hommes d’âge moyen qui, sans la moindre connaissance de l’anglais, tentent de transcrire, puis de chanter les paroles de la chanson Shout de Tears for Fears. Musiciens occasionnels dans un bar de Belgrade, ils sont contraints d’inclure dans leur répertoire des chansons pop anglaises pour gagner leur vie. Sous le comique apparent de la situation perce la réalité sociale et économique des deux quadragénaires qui, à l’image de beaucoup d’hommes de leur génération, ont été contraints d’abandonner l’école prématurément en raison de la guerre dans l’ancienne Yougoslavie.
 
Dance Nº3 de Céline Trouillet montre une jeune femme sourde et muette en train d’inter-préter la chanson C’est la ouate en langage des signes. Avec son maquillage voyant et ses mouvements lascifs, elle reprend, en les persiflant, les clichés des clips de musique pop. Associé à l’expression chorégraphique, le langage des signes, grâce à sa polysémie, propose une forme ouverte de traduction simultanée des mots et des sons.

 
La grande salle d’exposition du CEAAC accueille un ensemble énigmatique de travaux de l’artiste galloise Bethan Huws. The Plant, un plant de menthe sur un socle, est un ready-made dont la véritable signification ne se dévoile qu’à celui qui comprend le gallois: le titre de l’œuvre signifie en effet «plante» en anglais et «enfants» en gallois. L’association de ce mot à la menthe, dont l’image évoque fraîcheur et jeunesse, articule un champ sémantique réservé à une minorité de spectateurs maîtrisant à la fois l’anglais et le gallois. Il en va de même pour une vitrine contenant le mot «LLWYNCELYN», formé au moyen d’un lettrage industriel blanc sur fond noir. Signifiant « bois de houx » en gallois, il demeure opaque à défaut d’être traduit en anglais, où il donne «Hollywood», terme riche en associations s’il en est. C’est à se demander ce qui, dans les oeuvres de l’artiste, est CERTAIN, pour reprendre le mot apparaissant en grandes lettres noires sur un rideau (curtain, en anglais), mais caché en partie par les plis du tissu. Pointant l’ambiguïté fondamentale du langage, les travaux de Bethan Huws traquent les significations et associations cachées derrière les mots et les choses.
Bethan Uws

La colonne filigrane réalisée par Albrecht Schäfer au moyen de dés dont les faces portent des lettres semble s’associer aux nombreux piliers de l’espace d’exposition. Les dés en bois de pin ont été choisis de manière à former les premières phrases d’un texte de Francis Ponge, Le Carnet du Bois de Pins1, puis mélangés et superposés dans le désordre. Ce faisant, l’artiste a transposé en sculpture la méthode formulée par l’écrivain, qui consiste à s’approcher de son sujet au moyen de variations sans cesse nouvelles : «Leur assemblée / De leur vivant / RECTIFIA ces arbres / à fournir du bois mort. Leur assemblée / à fournir du bois mort / De leur vivant / RECTIFIA ces arbres…»2
Gary Hill s’est intéressé à la transposition visuelle de textes dès les années soixante-dix. Dans sa vidéo Around & About, chaque syllabe d’un texte est associée à une image. Ecrit au lendemain d’une séparation, le récit lu en voix off s’adresse à un interlocuteur imaginaire, pendant que s’enchaînent les plans fixes de l’intérieur d’une pièce, soit en se succédant rapidement, soit en défilant dans le sens de la lecture d’un texte, remplissant l’écran ligne par ligne. L’association entre texte et images forme une sorte de monologue intérieur destiné à une autre personne, restant cependant sans réponse.
Le triptyque LastResort de Lidia Sigle est un relief en panneaux d’acrylique arborant une inscription gravée au laser en utilisant la police système du même nom. Ces fallback fonts, ou «polices de repli», désignent des ensembles de caractères permettant d’afficher «en dernier recours» (as a LastResort) des symboles qui ne sont disponibles dans aucune autre police. Généralement invisibles pour l’utilisateur, elles donnent ici lieu à un objet sculptural rappelant vaguement le relief d’une planche d’impression, dont le motif apparemment abstrait (car indéchiffrable pour nous) possède par ailleurs une qualité ornementale.
Lidia Sigle

Depuis qu’il habite en Allemagne, l’artiste suédois Erik Bünger ne cesse de s’étonner de la synchronisation des films étrangers au cinéma et à la télévision. Dans The Allens, il s’approprie cette pratique, peu répandue en Scandinavie, et la tourne en dérision en affublant Woody Allen de ses voix de synchronisation internationales, qui se succèdent dans un charabia digne de Babel. Soulignant ses interventions par des gesticulations, le célèbre acteur américain semble parler mille langues en même temps, évoquant le moine Salvatore dans Le Nom de la rose d’Umberto Eco. Toutes les langues du monde se confondent ainsi dans les multiples voix d’une personne.
Le petit globe terrestre d’Albrecht Schäfer a été créé en comprimant en une boule une édition complète du quotidien français Le Monde, tandis que Die Zeit, 29.05.2007, une séquence de tableaux monochromes en différentes nuances de gris, emprunte son titre à l’hebdomadaire allemand du même nom. L’artiste a transformé les pages d’une édition entière en pâtes à papier de couleur, qu’il a ensuite appliquées sur des toiles de la taille d’une page du journal. L’accrochage reprend les rubriques du journal – politique, économie, culture…
Albrecht Shäfer

L’installation vidéo sans titre (Simultan) de Christoph Keller s’intéresse à un personnage qui, d’habitude, travaille en coulisses : l’interprète ou traducteur simultané. L’artiste a réalisé un montage à partir d’un entretien mené avec Sebastien Weitemeier, interprète né à Berlin mais vivant en France. Dans cet entretien sont développées des réflexions sur le bilinguisme, sur le travail de traducteur simultané et sur les nuances sémantiques des deux langues maîtrisées à la perfection par l’interprète. La traduction simultanée française de ses propos est ensuite faite par Weitemeier lui-même. Les visiteurs de l’exposition peuvent choisir entre deux canaux audio correspondant respectivement aux versions allemande et française de l’entretien. Cette oeuvre, qui a été réalisée spécialement pour l’exposition, est une extension de l’installation Interpreters (2008). à l’instar de l’héroïne de Simultan,
le recueil de nouvelles d’Ingeborg Bachmann auquel l’exposition emprunte son titre, l’interprète exécute quotidiennement un périlleux exercice d’équilibriste entre différentes langues et cultures : «Quel drôle de mécanisme bizarre elle faisait, pas une seule pensée dans la tête, elle vivait, immergée dans les phrases d’autrui, et pareille à un somnambule, elle devait enchaîner aussitôt avec des phrases semblables mais qui rendaient un son différent, à partir de „machen“ elle pouvait faire to make, faire, fare, hacer et delat’, elle pouvait faire passer chaque mot six fois sur le même rouleau, elle devait seulement ne pas penser que machen signifiait vraiment machen, faire faire, fare fare, delat’ delat’, cela aurait pu mettre sa tête hors service, et il fallait bien qu’elle veille à ne pas se trouver un jour ensevelie sous ces masses de mots3.»
Bettina Klein
 
Répondant à la carte blanche proposée par La Chambre, Marie Prunier a décidé de développer son travail autour de la temporalité dans un esprit
« work in Progress » tout au long de la semaine de montage.
« Cette exposition se conçoit comme un temps de travail en lui-même. Ici l’accrochage appartient au temps de la création et devient, en partie, la matière de ce qui est à voir.
Mon projet est de jouer avec la chronologie des événements, faire cohabiter dans un même temps les différentes étapes de conception d’une exposition.
Ainsi les quatre jours qui précèdent le vernissage seront consacrés à la création, la production et l’installation des œuvres dans l’espace de la galerie.
« Nous ne pouvons sentir que par comparaison » a dit André Malraux.
Dans mon travail, je m’intéresse au hors-champ, à ce que l’on a pas coutume de montrer ou qui disparaît d’avoir été trop vu.
Marie Prunier

Si la photographie est toujours la copie d’une chose ; il y a toujours un avant, c’est cet espace particulier entre l’événement et sa reproduction qui m’intéresse.
Il s’agira ici de jouer avec les effets du dédoublement, les changements de rythme, d’échelle et de répétition pour faire dialoguer les images dans l’espace. »
Marie Prunier
photos des photos et copie de la vidéo par l’auteur