Sommaire du mois de septembre 2018

01 septembre 2018 : Balthus à la Fondation Beyeler
12 septembre 2018 : 150 ans du zoo de Mulhouse, Cinq regards – Robert Cahen
17 septembre 2018 : The Music of Color – Sam Gilliam, 1967–1973
19 septembre 2018 : Nagasawa Rosetsu – D’un pinceau impétueux
23 septembre 2018 : Mondes intérieurs au Kunstmuseum de Bâle
26 septembre 2018 : Alphonse Mucha
28 septembre 2018 : Eblouissante Venise au Grand Palais

The Music of Color – Sam Gilliam, 1967–1973

Jusqu’ 30 septembre 2018, au
Kunstmuseum Basel | Neubau

Commissaires : Jonathan Binstock, Josef Helfenstein

Avec The Music of Color, le Kunstmuseum Basel organise
la première exposition individuelle et institutionnelle en Europe
consacrée à l’artiste Sam Gilliam (né en 1933). L’équipe
curatoriale internationale propose d’apporter un éclairage sur
les années 1967–1973, soit la période de création la plus radicale
de l’artiste américain qui
fut le premier Afro-Américain à représenter
les États-Unis à la Biennale de Venise.

Sam Gilliam

Une sélection resserrée de 45 oeuvres provenant de collections
particulières et publiques du monde entier offre aux visiteurs un
aperçu de l’oeuvre singulière de ce peintre influent pourtant inconnu
en Europe et permet, dans le même temps, d’aborder l’histoire de la
peinture abstraite dans les années 1960 et 1970 sous un angle nouveau.
À travers ses oeuvres souvent monumentales et dotées de couleurs
vives, Sam Gilliam ouvre un débat artistique et théorique en
interrogeant la séparation communément admise entre peinture,
sculpture et architecture. Pour l’exposition bâloise, l’artiste a repensé
certains de ses travaux afin de répondre aux particularités
architecturales du Neubau.

Sam Gilliam

Lorsqu’il emménage à Washington D.C. en 1962, Gilliam se
rapproche de la color field painting, raison pour laquelle les
historiens de l’art l’associent souvent à la Washington Color School.
Cependant, Gilliam ne tarde pas à délaisser la voie tracée par
Mark Rothko, Louis Morris et Kenneth Noland pour affirmer son
indépendance. Deux ensembles d’oeuvres majeurs –
les Slices (ou beveled-edge paintings) et
les Drapes (ou Drape paintings) – permettent de saisir la
diversité de sa pratique artistique et le caractère novateur
de ses travaux réalisés entre 1967 et 1973.

Sam Gilliam, Lady Day

En 1967, Gilliam commence à réaliser les beveled-edge paintings.
Sa technique consiste à verser de la peinture acrylique largement
diluée sur la toile non apprêtée, puis à la plier et à la froisser tandis
que la peinture est encore fraîche. Il tend ensuite la toile sur un
châssis incliné qui confère à l’oeuvre des qualités spatiales semblables
à celles d’un objet. Malgré leurs dimensions considérables, les
oeuvres paraissent flotter à quelques centimètres du mur.
Les slices of color – motifs et lignes aléatoires résultant du
séchage – forment des textures contingentes. L’application gestuelle
de la couleur renvoie au processus pictural et à la matérialité de la
toile et de la peinture, non au peintre lui-même.
Ce faisant, Gilliam prend le contre-pied des représentants du
Minimal Art et du Pop Art qui se prononcent alors contre le geste
expressif de l’expressionnisme abstrait.

Gilliam réalise sa performance artistique la plus radicale
avec les Drapes qu’il débute en 1968
. Il continue à employer
de la peinture acrylique largement diluée et des toiles non apprêtées,
mais il renonce au châssis. Présentant des formes et des formats
les plus divers, les Drapes semblent onduler dans l’espace, glisser
sur les murs et s’apparenter aux angles d’une salle, à des rideaux,
des vêtements ou bien des voiles de bateaux. Gilliam parvient ainsi
à maîtriser le champ d’action de ses peintures, à jouer avec le
plafond, le sol et les murs de l’espace d’exposition et à proposer
aux visiteurs de nouvelles expériences esthétiques. Ainsi libérés,
les Drapes se renouvèlent sans cesse et enveloppent l’espace
d’exposition de manière performative. En jouant avec des éléments
figuratifs, certains Drapes présentent des caractéristiques florales
ou anthropomorphes.

The Music of Color aborde également la dimension politique
et historique de l’oeuvre de Gilliam. Même s’il est rare que l’artiste
s’exprime personnellement sur la politique, l’exposition présente
des travaux des séries Martin Luther King et Jail Jungle qui
font écho aux émeutes raciales de 1968. De plus, l’oeuvre intitulée
Composed (formerly) Dark as I am (1968–1974) aborde,
non sans ironie, la polarisation du débat autour du Black Art et
le rôle des artistes noirs dans la peinture abstraite dans les
États-Unis des années 1960 et 1970.

Pour la première fois, l’oeuvre Rondo (1971) est présentée dans
l’exposition. Grâce au soutien du Arnold Rüdlinger-Fonds
de la Freiwillige Akademische Gesellschaft pour la collection
du Kunstmuseum Basel, cette oeuvre a pu être acquise
en 2017. Des prêts d’exception provenant de collections
particulières et publiques du monde entier, dont celles du
Museum of Modern Art (New York), du Metropolitan Museum
of Art (New York) et du Smithsonian American Art Museum
(Washington DC), viennent compléter l’exposition.
Dans le cadre de l’exposition, la publication The Music of Color,
Sam Gilliam 1967–1973 paraît aux éditions
Buchhandlung Walther König avec des contributions de
Josef Helfenstein, Jonathan Binstock, Sam Gilliam,
Rashid Johnson et Lynette Yiadom Boakye.
une partie des photos crédit du Kunstmuseum

150 ans du zoo de Mulhouse, Cinq regards – Robert Cahen

« Voir, entendre, découvrir le zoo autrement”
et « Sons en liberté  »
deux installations pérennes de Robert Cahen,
Cinq gros tubes, en PVC posés sur des pieds en bois de châtaignier,
sorte de longues-vues géantes disposés dès l’entrée, du côté
du Vortex.  Mêmes longues vues que celles exposées à Colmar
Robert Cahen proposait par le même procédé :
« La peinture en mouvement – Les œuvres du musée Unterlinden »
C’est une première approche du parc qui s’offre à nous.

Thierry Maury, Robert Cahen, Brice Lefaux, vétérinaire, directeur du Parc zoologique & botanique de Mulhouse et Pierre Louis Cereja

Pour les 150 ans du zoo de Mulhouse, Pierre-Louis Cereja
ancien journaliste à « L’Alsace » Monsieur Cinéma,
Extérieur jour, et Thierry Maury, de Pixea Studio,
producteur,
complice de Robert Cahen, vidéaste à la réputation internationale
qui pose son regard poétique sur le parc.
C’est un rêve d’enfance, que les 2 anciens « gamins » réalisent, alors
qu’ils se promenaient auprès de la fosse aux ours en compagnie
de leurs parents. Ils se sont rencontrés adulte, mais ont constaté
qu’ils avaient la même fascination pour le zoo, ses animaux,
sa nature, ses sons. Ils ont décidé de mettre en forme leur rêve.
Ensemble ils ont soumis leur projet à Brice Lefaux,
(le directeur du parc),
qui a immédiatement bien accueilli leur idée et soutenu
le projet.
Cigognes noires

Projetés sur une toile depuis le fond du tube grâce à un
pico projecteur”,
cinq montages de 9 minutes chacun, diffusés en boucle,
dévoilent de courtes scènes, les museaux terreux des suricates,
la moue d’un chameau, le ballet aquatique de l’ours Vicks,
les cigognes sur leur nid avec vue imprenable sur Mulhouse,
des allées verdoyantes et secrètes, des sculptures enfouies.
photo Thierry Maury

« On essaie d’emporter le visiteur-spectateur dans des choses
qu’on avait envie de mettre en valeur »
,
commente Robert Cahen.
photo Eliane Goepfert

Filmé à la fois dans ce qu’il est, ce grand parc zoologique où la nature
entoure si bien les animaux, se révèle dans les aspects les plus cachés,
secrets, voire magiques.
Entre réalité et imaginaire, une création originale,
plus expérimentale,
que documentaire, dans laquelle le visiteur se
laisse entrainer dans une
promenade poétique et un dialogue
intime avec l’image

(Robert Cahen)
un petit aperçu juste pour vous faire envie, un autre,
un dernier pour la route, la réalité est nettement meilleure.
Un barrissement d’éléphant (alors que cet animal n’y a jamais mis
sa trompe), des coassements de grenouilles (alors que ces amphibiens
ne grenouillent pas beaucoup au zoo) ou le chant des gibbons
(bien présents, eux, mais pas vraiment dans ce coin-là) :
voilà qui peut plonger dans un certain trouble et éveiller la curiosité
et l’écoute.
Cinq sources sonores disposées et dissimulées dans le parc.
Diffusion aléatoire de son d’animaux, en cinq boucles de 20 mn
Panda roux

zoo-mulhouse.com
03 69 77 65 65
51 rue du jardin zoologique
68100 Mulhouse
 

Too early to Panic, Gerda Steiner & Jörg Lenzlinger

A voir jusqu’au 23 septembre 2018
Les artistes suisses Gerda Steiner & Jörg Lenzlinger
compose un labyrinthe en trois parties truffé de
cabinets de curiosités. Plus de vingt-cinq années de
pratique artistique se déploient et tournoient dans
l’espace du Musée Tinguely, qui se métamorphose en
laboratoire étrange d’une biodiversité aussi naturelle
qu’artificielle. Le public est invité à prendre part à toutes
ces transformations, et, par endroits, à en devenir un sujet actif.
C’est une exposition ludique, d’où vous ne pouvez sortir
qu’enchanté.

Depuis 1997, date à laquelle ils commencent leur collaboration,
Gerda Steiner & Jörg Lenzlinger créent ensemble des
installations in situ, souvent immersives, sous forme d’univers
luxuriants où se côtoient autant d’éléments naturels que d’objets
manufacturés. Transformation, prolifération et cristallisation
fonctionnent comme des composantes à part entière de l’œuvre,
qui se métamorphose au fur et à mesure des réactions chimiques
ou organiques qui se développent au cœur de leurs créations.
Le spectateur est régulièrement invité à traverser un univers
fantastique formé de paysages bariolés ou encore à participer
à des expériences qui éveillent les sens et l’esprit.

Leurs installations, aussi enchanteresses qu’inquiétantes,
tissent des liens entre des mondes antagonistes et proposent
d’observer l’étrange laboratoire du vivant, sa biodiversité,
désormais aussi naturelle qu’artificielle, et de s’interroger
sur les notions de fertilité et de croissance.
Pour cette première exposition revisitant vingt-cinq années
de pratique et englobant toute leur carrière, le duo d’artistes
a choisi de façonner l’espace d’exposition à la manière d’un
labyrinthe spatio-temporel. Dès l’entrée, les visiteurs sont
invités à choisir entre trois portes, celles du passé, du présent
ou du futur. Chaque porte ouvre sur un chapitre différent de
l’univers des artistes, qui, à son tour, s’ouvre sur une
multitude de voyages potentiels, répartis en différentes
stations. C’est ainsi que le public pourra traverser une forêt
de branches, s’arrêter dans un salon de massage, faire un tour
en balançoire, verser une larme pour des besoins
esthético-scientifiques, converser avec des professionnels
de la beauté, exercer ses facultés physiques sur des machines
de fitness ou encore mesurer son endurance psychique face
à la puissance tellurique d’un météorite.

Si le visiteur s’aventure dans le passé, il sera amené à voyager
au cœur des créations les plus anciennes du duo. Cet univers
très ordonné s’apparente à une exposition des plus classiques,
avec une présentation d’objets, de vidéos et d’œuvres bidimensionnelles
qui suit les règles établies de la présentation muséale.
Après avoir traversé une cabane de jardinier remplie d’outils
en tout genre, le spectateur accède aux différentes collections
que les artistes ont accumulées au fil des années et notamment
leurs collections de graines
(Schlafende Samen, 2002, Samensammlung aus Mali, 2003).
La graine, embryon de toutes choses, représente aussi bien la fertilité
– cette énergie première dont découle toute forme de vie –
que les racines, celles qui nous relient à notre propre passé c
omme à l’histoire de l’humanité.
Plus loin, la vidéo The Logic of Beauty (2010) entraîne dans un
flux d’images hypnotiques dont les couleurs et dessins dégagent
une séduction magnétique, comme si les artistes avaient capturé
ici l’essence de la beauté.

La beauté est encore au rendez-vous dans les salles suivantes,
celles qui s’ouvrent derrière la porte du présent.
Chaque espace se présente comme une mini-fiction en trois
dimensions, avec son décor, ses acteurs, ses accessoires et
son atmosphère. Au spectateur revient le rôle principal,
celui d’activer l’ensemble, de lui donner vie. Dans chaque salle,
une expérience interactive autour de la notion de beauté
est proposée, tout à la fois scientifique, humoristique et
philosophique. Ici, il faut laisser sa timidité au vestiaire
et se laisser guider par les différents intervenants –
un-e secrétaire, un-e laborantin-e, un-e collecteur de
larmes et un-e personal trainer. Il s’agira, successivement,
d’observer des sécrétions oculaires au microscope et
s’émerveiller devant leurs minuscules circonvolutions,
de se coucher sous une lourde pierre suspendue, de faire
des exercices de concentration ou encore de se reposer
dans le calme.
Plus loin, c’est le futur, avec ses incertitudes, son chaos, son inachèvement.
Les dernières salles sont présidées par une majestueuse forêt buissonneuse
et foisonnante. Un réseau aérien de ramifications fleuries entremêle le
végétal et le factice pour évoquer le fourmillement du vivant.
Labyrinthes aériens et multicolores, les formes qui dansent dans
l’espace agissent comme des déclencheurs de rêves et d’imaginaire.
Cette forêt suspendue s’ouvre sur une salle de fitness dont les machines
sont malicieusement revisitées par les deux artistes, afin que l’exercice
du corps puisse aussi réjouir l’esprit.

Avec Too early to panic, c’est une invitation au voyage que nous
lance Gerda Steiner & Jörg Lenzlinger. Un voyage qui nous enjoint
à regarder le monde avec un émerveillement renouvelé.
Steiner & Lenzlinger vivent et travaillent à Langenbruck, dans le
canton de Bâle-Campagne. Ils ont participé à Expo02 avec une gigantesque Heimatmaschine génératrice de plantes et de cristaux artificiels.

Lors de la Biennale de Venise en 2003, où ils ont représenté la Suisse,
ils créent une installation suspendue, cristalline et légère, flottant
dans l’espace de l’église San Stae. Leurs installations ont également été
montrées au Museum Kunst Palast de Düsseldorf, au Musée du XXIe
siècle à Kanazawa, dans la séculaire Stiftsbibliothek de Saint-Gall
ou encore à la Biennale de Séville, à la Biennale de Moscou,
et plus récemment au Kunsthaus Bregenz.
En 2012, ils reçoivent le Kulturpreis Basel.
 

« Au diapason du monde » Fondation Vuitton

se termine le 26 août
Au-delà d’un accrochage, « Au diapason du monde » se veut une
exposition sur la base d’une thématique précise. Celle-ci renvoie aux
questionnements actuels liés à la place de l’Homme dans l’univers
et à la nouvelle approche qui le lie à son environnement et au monde
du vivant, soulignant les interconnexions entre l’humain, l’animal,
le végétal voire le minéral.

Deux parcours complémentaires dans l’ensemble du bâtiment :
Le Parcours A, présenté au niveau 2 du bâtiment
(galeries 9, 10 et 11)
, offre une plongée dans l’univers de
l’artiste japonais Takashi Murakami (né en 1962).
S’appuyant sur l’histoire politique, culturelle et sociale du Japon,
Takashi Murakami cultive un monde à part, à la fois sombre et
fabuleux, qui combine l’esthétique Kawaii à des références aux
traumatismes de son pays, comme la bombe atomique ou plus
récemment le tsunami. À travers une multiplicité de formes et
de supports (peinture, sculpture, vidéo…), auquel fait écho cet
accrochage, l’œuvre prolifique de Takashi Murakami développe un
imaginaire débridé, saturé de couleurs et peuplé de créatures
fantastiques, mi-humaines mi-animales où se mêlent culture
populaire et savante, iconographie bouddhique et manga,
tradition et modernité, Occident et Orient, technique ancestrale
et technologie de pointe.
Cette présentation, conçue en collaboration étroite avec l’artiste,
s’articule autour de trois ensembles :

– La galerie 9 est dédiée à DOB, premier personnage inventé
par l’artiste en 1993 et considéré comme son alter ego.
Il apparaît aussi bien sous les traits d’une charmante souris
dans le style de Mickey Mouse que d’un monstre malicieux
ou féroce couvert d’yeux et aux dents acérées.

– La galerie 10 montre une fresque monumentale présentée
pour la première fois à Paris.
Intitulée The Octopus eats its own leg (2017), elle met e
n scène des personnages de la mythologie traditionnelle
chinoise entourés d’une faune et d’une flore généreuses
et merveilleuses. En s’appropriant l’iconographie traditionnelle
de la peinture japonaise du 18e siècle combinée au style
des grandes fresques historiques, l’artiste livre une version
contemporaine des Huit Immortels de la religion taoïste.

– La galerie 11 propose un espace Kawaii, (‘’mignon’’ en japonais)
esthétique japonaise que l’artiste s’approprie à travers une pluralité
de formes et de supports : sculpture, papiers peint, peinture de
fleurs ou encore film d’animation d’inspiration manga.
Le Parcours B, L’homme dans l’univers du vivant, réunit
28 artistes français et internationaux de générations différentes,
toutes techniques confondues. Il s’étend sur les trois autres
niveaux du bâtiment et à l’extérieur, dans le Grotto.
S’inspirant de l’injonction de Roland Barthes dans
La Chambre claire (1980)
« J’ai décidé de prendre pour guide la conscience de mon émoi »,
les œuvres s’articulent selon un principe d’affinités sensibles.
Le parcours s’organise autour de trois axes complémentaires
présentés chacun sur un niveau du bâtiment :
Irradiances (Niveau 1) ;
Là infiniment (Niveau 0) ;
L’Homme qui chavire (Niveau -1).
• Irradiances, au niveau 1, dans les galeries 5, 6 et 7 présente
des œuvres de : Matthew Barney, Mark Bradford,
Christian Boltanski,
Trisha Donnelly, Dan Flavin,
Jacqueline Humphries, Pierre Huyghe,

Yves Klein, James Lee Byars, François Morellet,
Sigmar Polke,
Gerhard Richter, Shimabuku et Anicka Yi.
L’intitulé « Irradiances » fait référence au rayonnement de
l’œuvre de Dan Flavin et réunit des œuvres aux supports variés :
peintures, sculptures, vidéos, installations. Chacune procède
d’un dialogue continu avec la nature et explore la matière et
ses métamorphoses dont l’ensemble compose un paysage cosmique.
Untitled de Dan Flavin, une de ses premières réalisations en tube
fluorescent, dégage une force originelle conférant à la sculpture
une vibration particulière.
Alors que les couleurs éclatantes sont rigoureusement structurées
dans Lilak (1982) de Gerhard Richter, les deux œuvres de sa série
Flow (2013) renvoient au flux de la peinture répandu par le geste
de l’artiste et régulé par la pose d’un panneau de verre sur la surface,
faisant miroir.
Selon une démarche secrètement alchimique, l’œuvre
Nachtkappe I (1986) de Sigmar Polke, est née du mélange inédit
de peinture, de jus d’indigo et de vernis à l’alcool.
Water Cast 6 (2015) de Matthew Barney témoigne de la rencontre
explosive du bronze en fusion et de l’eau, générant avec des
subtilités d’orfèvrerie, un ensemble de formes abstraites à
connotation organique
.
L’aquarium de Pierre Huyghe, Cambrian explosion (2014),
fait écho à l’explosion du même nom qui marqua l’apparition
des grandes espèces animales entre 542 et 530 millions d’années
et prend la forme d’un écosystème évoluant de manière autonome.
Le monochrome IKB81 (1957) d’Yves Klein traduit en direct
une « zone de sensibilité picturale » tandis que les éponges
RE46 (1960) et SE231 (1960) imprègnent la matière vivante
du même pigment bleu.
Reports of the rain (2014) de Mark Bradford fédère collage
et peinture dans une veine lyrique très musicale.
Faisant écho à la démarche de Polke, Jacqueline Humphries utilise
dans l’œuvre Untitled (2007) de la série « Silver Paintings »,
une laque industrielle argentée mélangée à de la peinture à l’huile.
La projection verticale de Trisha Donnelly, Untitled (2014), ouvre
une brèche mystérieuse sur un ciel de nuages en mouvement.
Dans les sculptures, Halo (1985) et Is (1989), James Lee Byars
associe deux matériaux minéraux (cuivre et marbre) à la préciosité
de l’or, en quête d’une forme parfaite.

Galerie 6, L’Avalanche (2006) de François Morellet mêle
l’ordre et le chaos.
La vidéo 3D d’Anicka Yi, The Flavor Genome (2016)
(coacquisition avec le Guggenheim Museum, New York),
développe un « documentaire fiction » mettant en scène la
recherche d’un arôme dans la forêt amazonienne.
Dans Untitled (2008) de Trisha Donnelly, une onde
magnétique jaillit du cœur d’une rose aux contours parfaits.
Dans l’Observatoire, The Snow Monkeys of Texas
Do snow monkeys remember snow mountains?
(2016), vidéo de Shimabuku, questionne la mémoire
et la capacité d’adaptation des espèces vivantes à leur
environnement.

En galerie 7, à l’écart, Animitas (2014) de Christian Boltanski
se compose d’un film tourné en temps réel en un seul plan fixe,
dans le désert d’Atacama au Chili et d’un parterre de fleurs.
L’installation originelle se compose de huit cents clochettes
japonaises dont le tintement évoque « la musique des astres
et la voix des âmes flottantes. » Pour l’occasion, il complète
cette présentation avec une enseigne lumineuse composée
d’ampoules qui forment le mot « Après ».
Là, infiniment…, au rez-de-chaussée, dans la galerie 4,
présente des œuvres de Cyprien Gaillard, Wilhelm Sasnal
et Adrián Villar Rojas.

À travers l’appropriation d’œuvres mythiques de l’histoire
de l’Art, ces trois artistes s’interrogent sur une certaine
domination de l’Homme dans l’histoire et sur sa possible
disparition.
Inspirée du David de Michel-Ange dont il ne reste, ici, que
les jambes, la sculpture en marbre monumentale d’
Adrián Villar Rojas, Untitled, From the series Theatre
of Disappearance (2017),
apparaît comme le seul vestige
d’un monde post-apocalyptique.
Avec Bathers in Asnières (2010), Wilhelm Sasnal
réinterprète l’œuvre de Seurat à partir de souvenirs liés au
contexte de la Pologne en 1939.
Combinant des images en différentes séquences au refrain
lancinant d’une musique d’Alton Ellis « I was born a loser »
/ « I was born a winner », Nightlife (2015)
de Cyprien Gaillard
propose au spectateur une expérience
immersive en 3D.
L’Homme qui chavire, au Rez-de-bassin, dans galeries 1, 2 et 3,
présente des œuvres de Giovanni Anselmo, Maurizio Cattelan,
Ian Cheng, Andrea Crespo, Alberto Giacometti, Dominique
Gonzalez-Foerster, Pierre Huyghe, Yves Klein,
Mark Leckey, Henri Matisse, Philippe Parreno,
Bunny Rogers et Kiki Smith.

Cette séquence s’organise autour du corps dans tous ses états,
de ses formes les plus tangibles au plus fantasmées et prend
pour point de départ l’Homme qui chavire (1950-1951)
d’Alberto Giacometti,
autour duquel est présenté un ensemble
de quatre autres œuvres de l’artiste : Trois hommes qui marchent I
(1948), Buste d’Homme assis (Lotar III) (1965),
Grande femme II (1960). Tandis que Femme de
Venise III (1956-1957)
est montrée pour la première fois.
A l’entrée de la galerie 1, dans M.2062 (Fitzcarraldo)
(2014), Dominique Gonzalez-Foerster
fait une
« apparition » sous la forme d’un hologramme du personnage
Fitzcarraldo, héros d’une fiction de Werner Herzog.
Entrare nell’Opera (1971), œuvre photographique de
Giovanni Anselmo, montre une silhouette absorbée
dans un paysage infini.
Dans Nu bleu aux bas verts (1954) d’Henri Matisse,
le corps, en papier découpé, est célébré dans l’envol
même de la danse.
La sculpture en bronze de Kiki Smith, l’Annonciation (2010),
impose une présence mystérieuse.

Dans l’anthropométrie ANT 104 (1960) d’Yves Klein,
l’empreinte des corps, « pinceaux vivants », est révélée par
le seul pigment bleu.
Ian Cheng dévoile dans le deuxième épisode de sa trilogie,
Emissary Forks at Perfection (2015), une créature
entièrement programmée par un logiciel, alternative à l’homme
disparu.
Présenté pour la première fois en France,
Untitled (Human Mask) (2014) de Pierre Huyghe montre
un singe vêtu comme une petite fille portant un masque
Nô qui déambule dans un restaurant déserté de Fukushima.

Dans La ballade de Trotski (1996), Maurizio Cattelan
identifie l’Homme à un cheval évoquant la fin possible
des utopies. Autoportraits de l’artiste en latex, Spermini (1997),
aborde la question du double et du clonage.
Andrea Crespo explore dans son diptyque Self portrait
with Phantom Twin (2017), son identité plurielle.
Dans Study for Joan Portrait et Study for Joan Portrait
(Silence of the Lambs) (2016)
inspirés du personnage
de Jeanne d’Arc de la série télévisée Clone High,
Bunny Rogers développe une galerie de portraits modélisés.
Philippe Parreno initie et clôt le parcours du rez-de-bassin
avec deux vidéos : la première The Writer (2007)
l’entrée en galerie 1- s’approprie l’un des premiers automates
créés au XVIIIe siècle tandis qu’Anywhen (2017)
en Galerie 3 – filme un poulpe réactif à son environnement
accompagné d’une bande son inspirée de
Finnegans Wake de James Joyce.
À l’extérieur du bâtiment, le gigantesque Felix the cat (2017)
de Mark Leckey
est installé dans le Grotto.
Commissaire général : Suzanne Pagé
Commissaires : Angéline Scherf, Ludovic Delalande et Claire Staebler
Conseiller artistique et scénographe : Marco Palmieri
Les artistes présentés sont :
Giovanni Anselmo (1934, Italie), Matthew Barney (1967, États-Unis), Christian Boltanski (1944, France), Mark Bradford (1961, États-Unis), James Lee Byars (1932-1997, États-Unis), Maurizio Cattelan (1960, Italie), Ian Cheng (1984, États-Unis), Andrea Crespo (1993, États-Unis), Trisha Donnelly (1974 , États-Unis), Dan Flavin (1933-1996, États-Unis), Cyprien Gaillard (1980, France), Alberto Giacometti (1901-1966, Suisse), Dominique Gonzalez-Foerster (1965, France), Jacqueline Humphries (1960, États-Unis), Pierre Huyghe (1962, France), Yves Klein (1928-1962, France), Mark Leckey (1964, Royaume-Uni), Henri Matisse (1869-1954, France), François Morellet (1926-2016, France), Takashi Murakami (1962, Japon), Philippe Parreno (1964, France), Sigmar Polke (1941-2010, Allemagne), Gerhard Richter (1932, Allemagne), Bunny Rogers (1990, États-Unis), Wilhelm Sasnal (1972, Pologne), Shimabuku (1969, Japon), Kiki Smith (1954, États-Unis), Adrián Villar Rojas (1980, Argentine), Anicka Yi (1971, Corée du Sud)

Subodh Gupta à la Monnaie de Paris

Jusqu’au 16 août 2018
Subodh Gupta
(né en 1964 et vivant à New Delhi) est un artiste
contemporain de renommée internationale.

En effet depuis plusieurs années il nous intrigue à Art Basel,
en 2017, il invite les visiteurs à partager un repas de son pays.
Peintre de formation, Gupta, qui réside et travaille à New Delhi,
s’est aussi intéressé à d’autres formes artistiques telles que
la performance, la vidéo, la photographie, la sculpture, ou
les installations. Subodh Gupta conçoit l’exposition comme un
lieu propice à la rencontre, un rendez-vous que l’on se donnerait,
entrainant discussions, échanges et débats, à l’image du mot
et concept hindi « Adda ».

Cette exposition, qui met en valeur la diversité du travail de
Subodh Gupta, présente des sculptures emblématiques composées
d’ustensiles de cuisine en inox comme Very Hungry God (2006),
son oeuvre la plus connue, ou d’objets moulés en métal, comme
Two Cows (2003), ainsi que de nouvelles productions telles que
Unknown Treasure (2017) ou la vidéo Seven Billion Light Years
(2016).
Outre la diversité des matériaux employés, l’oeuvre de l’artiste se
caractérise par une  constante exploration de la présence des rituels
et de la spiritualité au sein de notre quotidien.
De la même manière que la cuisine est au centre de tous
les foyers indiens, ce sont les éléments qui s’y trouvent qui sont
au coeur du travail de Gupta. C’est à partir de ce quotidien là
qu’il mène une réflexion, non seulement sur des pratiques
personnelles et communautaires, mais aussi sur la façon dont,
souvent, certains objets et expériences intimes, apparemment
insignifiants, amènent vers une autre dimension, celle du cosmos.

L’exposition, qui occupe l’escalier d’honneur et les salons historiques
du 11 Conti, le long des rives de la Seine, se poursuit dans les cours
intérieures de la Monnaie de Paris avec des sculptures monumentales
spécialement conçues à cette occasion. La diversité des oeuvres exposées
montre l’utilisation que fait l’artiste des différentes échelles et matériaux,
mais aussi sa pratique du « readymade ». Certaines oeuvres exposées
permettent de susciter une réflexion sur les usages du métal, à la fois
du point de vue de sa valeur symbolique, que du point de vue des
techniques et des savoir-faire nécessaires pour le mettre en oeuvre
et lui donner sens.
« Adda / Rendez-vous » amène au dialogue entre deux univers :
les oeuvres métalliques monumentales de Subodh Gupta et à l’ADN
de la Monnaie de Paris, qui depuis 1150 ans travaille le métal
précieux
.
Il s’agit d’une véritable rencontre entre l’artiste et les savoir-faire
de la Monnaie de Paris.
Une exposition placée sous le commissariat de Camille Morineau,
Directrice des Expositions et des Collections de la Monnaie de Paris
et Mathilde de Croix, Commissaire d’exposition à la Monnaie de Paris.

Le parcours de l’exposition est organisé en 6 parties :
Le langage du commun
Subodh Gupta expose comme oeuvre l’objet quotidien, aussi iconique
que banal. Unknown Treasure (2017), qui surplombe l’escalier
d’honneur, en donne le signal.
Des objets trouvés se déversent d’un pot en bronze, comme d’une corne
d’abondance. Ce pot est lui-même l’agrandissement d’un ustensile
de cuisine indien traditionnel, le handi.

 Dieu insatiable
Avec Very Hungry God (2006) –– évocation d’un dieu
devenu vanité universelle, vorace et insatiable, Gupta
s’empare de la dimension spirituelle de l’alimentation.
Des centaines d’ustensiles en inox étincelants, tels qu’on
en trouve dans la majorité des foyers indiens des classes
moyennes et populaires, sont agrégés pour former
un crâne. L’oeuvre rend compte de la troublante dualité
qui résulte directement des modes de production
capitaliste : d’un côté l’abondance qui fascine, de l’autre
la faim qui paralyse.


Cette sculpture a été exposée pour la première fois
lors de la Nuit Blanche de 2006 dans l’église Saint-Bernard,
un lieu symbolique pour les luttes qui s’y étaient déroulées
dix ans auparavant. Occupée par des étrangers, pour
la plupart en situation irrégulière, l’église était devenue
un lieu de résistance et de manifestation contre les
expulsions ordonnées par le pouvoir politique alors
en place.
There Is Always Cinema
Les objets peuvent aussi être libérés de leurs fonctions,
mis à l’arrêt, par leur transfiguration en bronze ou
en laiton. Ils sont porteurs d’une histoire, comme nous
le rappelle le titre de l’oeuvre There Is Always Cinema
(2008). La Galleria Continua à San Gimignano s’est
installée dans un cinéma abandonné, construit après
la Seconde Guerre mondiale. L’artiste y découvre
une salle remplie de matériel mis de côté, vestiges
de la fonction première du lieu (projecteurs, bobines,
pellicules, chariots, toilettes du projectionniste, etc.).

Subodh Gupta en réalise des copies en métal et les
expose accompagnées de l’objet original. Ces paires
d’objets sont « chargées émotionnellement », selon les
mots de l’artiste. Elles créent un espace commémoratif,
qui renvoie sans doute tout autant à l’ancien cinéma
italien, qu’aux salles de théâtre de son enfance en Inde
où se tenaient parfois des projections. Comme souvent
dans le travail de Gupta, plusieurs niveaux de narration
cohabitent et se déploient à partir d’objets désignés
comme lieux d’identité et de mémoire.

Les dieux sont dans la cuisine
La nourriture est au coeur de l’oeuvre de Subodh Gupta :
il assemble et juxtapose des ustensiles de cuisine, il filme
la préparation des aliments, organise des performances
autour de leur ingestion, peint des plats avec les restes
d’un repas. L’artiste commence à utiliser les récipients
en acier inoxydable en 1996 et poursuit depuis l’explo–
ration de ce matériau. En dépit de la diversité de la société
indienne, ces ustensiles se trouvent dans tous les foyers.
L’artiste est fasciné par l’aspect rutilant de cette vaisselle
peu onéreuse qui symbolise la prospérité, alors même
qu’une partie de la population peine à la remplir chaque
jour. Voyage et exil
Si Two Cows (2003-2008) évoque la distribution
régulière de lait, le déplacement n’est pas seulement
une activité quotidienne chez Gupta. Il symbolise surtout
pour l’artiste l’exode et la migration. Dans la vidéo
All Things Are Inside (2007), il filme les maigres effets
possédés par des migrants indiens, partis travailler au
Moyen-Orient, qui se préparent à retourner dans leurs
familles. Sur un autre écran, défilent des séquences de
films Bollywood populaires dans lesquelles apparaissent
toutes sortes de sacs. La mise en parallèle de ces deux
vidéos confère ainsi aux bagages une valeur métonymique,
symbolisant la vie entière de leurs propriétaires.
Jal Mein Kumbh, Kumbh Mein Jal Hai (2012) associe
la barque –– qui, dans l’inconscient collectif, figure
la migration mais aussi le passage vers l’au-delà.

Corps céleste
Pure (1999), oeuvre la plus ancienne de l’exposition,
placée dans une sorte d’antichambre, marque un
tournant dans l’oeuvre de Subodh Gupta. Le corps,
son corps, est présent dès ses débuts, comme l’atteste
cette performance où il s’enduit de bouse de vache,
symbole de purification en Inde.

Les oeuvres récentes de l’artiste font de la nourriture
une allégorie de l’univers et du cosmos, où l’infiniment
grand s’inspire de l’infiniment petit. Anahad (2016)
transforme un signal sonore inaudible en une intense
vibration faisant soudainement trembler des panneaux
métalliques ; le visiteur voit alors son reflet se déformer
au rythme du signal et les contours de sa silhouette
se dissoudre pour ne faire qu’un avec ce qui l’entoure.
L’artiste donne ainsi forme au concept indien anahad
naad : la vibration cosmique, un son qui n’a ni début
ni fin, qui transcende l’espace et le temps.
Dans In This Vessel Lies the Philosopher’s Stone (2017),
Subodh Gupta
fait revivre le mythe de la pierre philosophale supposée
changer tout matériau en or. Dans Seven Billion Light
Years (2015-2016), la pâte du pain se meut comme
un corps céleste, se déplaçant dans un ailleurs que l’on
peine à situer avant de comprendre qu’il s’agit d’une
scène triviale, celle de la cuisson du pain.

Sommaire du mois de juillet 2018

01 juillet 2018 : MANGUIN La volupté de la couleur
05 juillet 2018 : Chagall, Lissitzky, Malévitch. L’avant-garde russe à Vitebsk (1918-1922)
11 juillet 2018 : Ma vie est un roman
13 juillet 2018 : Jan Fabre – Ma nation : l’imagination
15 juillet 2018 : Noeuds Négatifs – Etienne Chambaud
16 juillet 2018 : L’Atlas des Nuages à la Fondation François Schneider
20 juillet 2018 : Kupka – Pionnier de l’abstraction
22 juillet 2018 : La Biennale Internationale de St Paul de Vence
29 juillet 2018 : La Sécession à Vienne

Les artistes robots

Jusqu’au 9 juillet au Grand Palais
Cette exposition invite tous les publics à expérimenter
des oeuvres créées par des artistes à l’aide de robots
de plus en plus intelligents. Une trentaine d’oeuvres
nous donne accès au monde virtuel immersif et interactif,
à l’expérience sensible du corps augmenté, de l’espace et
du temps bouleversés.

Dans une société de plus en plus machinisée, les artistes
s’intéressent d’autant plus aux robots que l’intelligence
artificielle est en train de bouleverser l’existence des humains
et jusqu’à la condition de l’oeuvre d’art : sa production, son
exposition, sa diffusion, sa conservation, sa réception.
À ce jeu dangereux, ils ont une longue expérience :
depuis les grottes préhistoriques, les artistes ont su jouer
de leur milieu technique. Leur travail est d’autant plus
surprenant qu’ils ont à leur service des logiciels de plus en
plus puissants, qui donnent à l’oeuvre une autonomie de
plus en plus grande, une capacité de générer des formes à
l’infini et une interactivité qui modifie le jeu en permanence.
Les oeuvres contemporaines présentées ici autour de
quelques icônes de visionnaires

(Tinguely, Schöffer, Molnar, Mohr ou Xenakis)
donnent une bonne idée des interrogations des artistes qui sont
aussi les nôtres :
qu’est-ce qu’un artiste ? Qu’est-ce qu’une oeuvre ?
Que peut bien faire un robot que ne peut pas faire artiste?
S’il est doté d’une intelligence artificielle, un robot a-t-il
de l’imagination? Qui décide : l’artiste, l’ingénieur, le robot,
la regardeuse, le regardeur, tous ensemble ? Peut-on parler
d’une oeuvre collective ?
L’exposition se déroule selon trois séquences :
1. La machine à créer
Les robots s’activent et leurs mouvements sont parfois si
drôles et si « physiques » qu’on leur prêterait volontiers
une dimension animale ou humaine, voire une « psychologie ».
Jean Tinguely, Nam June Paik, Nicolas Schöffer,
Leonel Moura,

Patrick Tresset, So Kanno et Takahiro Yamaguchi,
J. Lee Thompson, Arcangelo Sassolino.
Patrick Tresset, Human Study


2. L’oeuvre programmée
Le robot devient invisible, son programme informatique et
algorithmique intègre l’oeuvre et tout savoir-faire disparaît
au profit de la magie des formes générées à l’infini et qui
changent en fonction des mouvements du corps des
regardeuses et des regardeurs.

Manfred Mohr, Vera Molnar, Iannis Xenakis,
Demian Conrad, Raquel Kogan, Ryoji Ikeda,
Pascal Dombis,

Elias Crespin, Jacopo Baboni Schilingi, Edmond Couchot
et
Michel Bret, Miguel Chevalier, Joan Fontcuberta,
Michael Hansmeyer
et Peter Kogler.

3. Le robot s’émancipe

Le Deep Learning rend le robot de plus en plus intelligent
et actif au point qu’il peut non seulement rivaliser
avec l’humain mais l’augmenter, fusionner avec lui,
le narguer, le doubler ?

Christa Sommerer et Laurent Mignonneau,
Catherine Ikam

et Louis Fléri, Stelarc, Nicolas Darrot, Fabien Giraud et
Raphaël Siboni, Koji Fukada, Oscar Sharp, Daft Punk,
Pascal Haudressy, Memo Akten, ORLAN,
Takashi Murakami.

Des oeuvres immersives, des tableaux, des sculptures, des mobiles,
du cinéma, du design, et de la musique: toutes les créations
présentées dans cette exposition sont le fruit de collaborations
entre des artistes et des programmes robotiques inventés
et mis au service de l’art. Des programmes informatiques non
seulement intelligents, mais aussi génératifs de formes et
de figures inédites qui donnent à voir et à penser.
commissariat : Laurence Bertrand Dorléac, historienne de l’art,
Sciences Po
et Jérôme Neutres, directeur de la stratégie et du développement
à la Rmn-Grand Palais
conseil artistique : Miguel Chevalier, artiste
direction technique : Nicolas Gaudelet
scénographie et mise en lumière : Sylvie Jodar, Atelier
Jodar Architecture

graphisme : Éricand Marie

James Turrell. The Substance of Light

Si vous n’avez pas la possibilité d’entreprendre un long
voyage, d’aller dans les Andes en Argentine, à Colomé,
à 2 200 mètres d’altitude, où un collectionneur suisse
Donald Hess, lui a  consacré un écrin de solitude,
au coeur des vignes, baignées de soleil 350 jours par an,
(le musée est logé dans la bodega Colomé, loin des
capitales de l’art et autres centres artistiques, un
lieu désert et paradisiaque,
pour s’y rendre le périple est un vrai pèlerinage.)

Vous pouvez, plus près de chez nous, vous délecter et pénétrer dans
les oeuvres de James Turrell, au musée Frieder Burda de
Baden Baden

où une exposition lui est consacrée jusqu’au
28 octobre 2018.
L’artiste James Turrel,
travaille avec un seul et unique
média d’expression, la lumière. Son art vous enveloppe,
il n’est jamais figuratif, et ne représente rien de concret,
il met juste en avant la force immatérielle de la
lumière et l’effet qu’elle peut avoir. Une sensation de paix,
de claustrophobie, toutes sortes d’émotions, mais
aussi le silence s’installe.
James Turrel
a étudié les mathématiques, dans son art
pas d’objet, rien de figuratif, rien que de la lumière.
Ses installations ont pour but de nous faire vivre des expériences
sensorielles, la lumière remplit l’espace et le transforme,
ses installations se vivent, elles provoquent des émotions
qui vont bien au-delà de la simple observation.

James Turrell, Raethro Green, 1968

Une expérience magique attend celui qui s’immerge
dans les espaces lumineux de James Turrell :
la lumière colorée et changeante y rend l’espace infini.
Né en 1943 à Los Angeles, Turrell se passionna très tôt
pour le vol et il nomme le ciel son atelier, son matériau
et sa toile. Dans les années 1960, marqué par l’Art minimal
et le Land Art, il utilise diverses techniques qui donnent
une présence physique à la lumière immatérielle.
L’exposition « The Substance of Light » du
Musée Frieder Burda a été conçue en étroite collaboration
avec lui. Depuis plus de cinq décennies, Turrell réunit dans
son travail la pensée conceptuelle à la science, la technologie
et la spiritualité en une forme d’art unique.
L’oeuvre se créée dans la perception du spectateur,
laquelle se trouve aiguisée au point qu’il puisse,
comme le dit Turrell, « voir sa propre vision ».

C’est ce que l’on réalise dès le début de l’exposition en entrant
dans l’immense espace lumineux Apani ; une oeuvre qui fit
fureur dès 2011 à la Biennale de Venise. Turrell donne
le nom de Ganzfeld à ces installations qui font pénétrer le
visiteur dans un espace à la fréquence lumineuse composée
spécifiquement, et qui semble dénué de frontières.
Un phénomène paradoxal se déclenche alors : l’attention se
déplace de l’extérieur vers l’intérieur, et engendre une
observation méditative. « D’une certaine manière »,
explique l’artiste, la lumière réunit l’univers spirituel et le
monde physique éphémère ». La proximité de Turrell avec
la peinture se manifeste dans l’une de ses installations
intitulée Wedgework dans laquelle des projections donnent
naissance à des murs et barrières de lumière colorée.
Si elles suggèrent la profondeur, elles rappellent aussi les
toiles monochromes du Colorfield Painting.

Le projet le plus ambitieux de Turrell, Roden Crater,
est présenté ici également : lors d’un vol en avion, l’artiste
découvre dans les années 1970 un volcan éteint dans
le désert de l’Arizona et il le transformera désormais
en une sorte d’observatoire astronomique. Le système de
salles souterraines, puits de mine et galeries ressemble à
un temple uniquement consacré à la lumière.

Une sélection de maquettes et de photographies ainsi
qu’un film documentaire permettent de donner une idée
de la plus grande oeuvre d’art existante sur notre planète.
La mezzanine abrite des maquettes des installations de
Turrell : cette partie de l’exposition est consacrée aux
Skyspaces des pièces aux proportions spécifiques dont
les plafonds présentent des ouvertures par lesquelles
on peut regarder le ciel comme s’il s’agissait d’un tableau
vivant. À l’étage supérieur, c’est une série de travaux
sur la lumière de dimensions plus modestes que l’on peut
voir, comme les Shallow Spaces Constructions,
qui font apparaître des cadres lumineux devant un mur ou
dans un espace de lumière, ainsi que l’une  ses
Projection Pieces. Un projecteur fait flotter dans un coin
de la pièce un cube phosphorescent. Dans le cabinet, on peut
découvrir des travaux de la Hologram Serie, montrés au
public pour la première fois.
Au sous-sol enfin, une oeuvre nouvelle créée pour le
Musée Frieder Burda attend le visiteur :
Accretion Disk fait partie des Curved Wide Glass Series,
dont les objets voient leur couleur se transformer au fil
des heures. L’aspect cosmique de l’art de James Turrell
est ici perceptible : en astrophysique, un disque d’accrétion
est un disque composé de gaz ou de poussière interstellaire
évoluant autour d’une étoile nouvellement née.
Museum Frieder Burda
• Lichtentaler Allee 8b • 76530 Baden-Baden
Telefon +49 (0)7221 39898-0
• www.museum-frieder-burda.de

Fondation Fernet Branca – Collection David H.Brolliet

Collection David H.Brolliet
« COLLECTION DAVID H. BROLLIET, GENEVE »
40 ans de coups de cœurs et un docu. de 60min
Exposition du 27.05.18 au 30.09.18
La Fondation Fernet Branca  présente la collection du genevois
David Brolliet qui depuis une quarantaine d’années se
passionne pour l’art contemporain.

Connu pour son engagement politique, producteur de films,
chanteur et acteur, l’exubérant David Brolliet a plus d’une
corde à son arc. Mais pour cette exposition, le fil rouge
c’est le collectionneur, son éclectisme, ses coups de cœur,
son engagement. Le choix des œuvres rend compte du parcours
de David Brolliet depuis sa première œuvre choisie chez le
célèbre galeriste genevois Pierre Huber lorsqu’il avait 18 ans,
une sculpture de l’artiste lyonnais Daniel Aubanel.

Viennent ensuite d’autres artistes lyonnais et des Suisses parfois
très connus comme John Armleder, Sylvie Fleury, Roman Signer
ou Pipiloti Rist. Dans le milieu des années 90 David Brolliet
prend un pied-à-terre parisien, il va y rencontrer la nouvelle
scène artistique de l’époque Saâdane Afif, Kader Attia, Wang Du,
Richard Fauguet, Marlene Mocquet, Bruno Peinado,
Barthélémy Toguo, Erwin Wurm, Chen Zhen…

Son engagement se traduit principalement par son action au
sein de l’ADIAF (Association pour la Diffusion Internationale
de l’Art Français) qui organise notamment le Prix Marcel
Duchamp pour la jeune création. Il rejoint le Conseil
d’Administration de l’ADIAF pendant plusieurs années jusqu’à
son départ de Paris en 2009.
Il participe activement aux
expositions « De leur temps » qui présentent des œuvres des
collectionneurs de l’ADIAF. Il est également très actif auprès
du MAMCO de Genève auquel il a donné et prêté des œuvres
importantes. Son appartement parisien était rempli du sol au
plafond de ses coups de cœur. Il aime alors se décrire comme un
collectionneur engagé voir « professionnel » ; on le retrouve dans
les vernissages et les foires internationales, mais aussi dans les
ateliers auprès des artistes avec qui il entretient des rapports
privilégiés. Cette proximité avec les artistes est une des
caractéristiques de ce collectionneur qui n’achète pas d’œuvre
sans avoir préalablement rencontré l’artiste.
Depuis une dizaine d’années, David Brolliet s’intéresse à la scène
artistique africaine et se rend régulièrement en Afrique pour
développer des projets.

La collection David Brolliet est éclectique, elle est le fruit de ses
rencontres et de ses coups de cœur depuis 40 ans.
Dans les petites salles de l’exposition on retrouve l’atmosphère
de la présentation des œuvres dans l’appartement du collectionneur
avec un accrochage foisonnant et des œuvres qui se regroupent
par affinités, se répondent ou parfois s’affrontent.
Dans la très grande salle, c’est une autre approche qui est proposée ;
des œuvres imposantes se déploient dans un espace muséal
permettant une circulation plus libre et une vision d’ensemble
des différentes facettes de cette collection.
Commissaires de l’exposition :
Véronique Hillereau et Yann Rudler

La Fondation est ouverte du mercredi au dimanche
de 13h à 18h
 
Pendant l’édition 2018 d’Art Basel, la fondation est ouverte
du lundi 11 juin au dimanche 17 juin
de 09h à 19h en non-stop.