Ana González Sola, A LAS CINCO DE LA TARDE…

A la Fondation Fernet Branca jusqu’au 10 janvier 2021

« elle parle encore avec l’acharnement de la palette »
Léonardo Crémonini

Une belle découverte, des couleurs exacerbées, une ambiance féerique, la Corée du sud, c’est Ana González Sola
Vidéo

Le choc

A las cinco de la tarde, -le choix du titre, tiré d’un poème de Federico García Lorca, Le Coup de Corne et la Mort, – nous fait pressentir, toute la sueur, la chaleur, la lumière et l’odeur du moment de la mort de la corrida.
Dès que vous pénétrez dans la salle qui lui est dédiée, vous êtes pris par la force
de ses toiles accrochées aux cimaises de la Fondation. Elles sont inondées de couleurs, nimbées de reflets chatoyants, tout à fait particuliers, sur leur support en bois.


On entre de plein pied dans les marchés coréens, grouillant de personnages
à l’activité débordante. A peine s’étonne-t’on de ne pas sentir l’odeur du poisson. Il se dégage une telle sensualité des tons, une luminosité poétique.
Il faut s’en approcher, on éprouve l’impression d’être dans la peinture même, dans ces marchés asiatiques.


La transparence étonnante des couleurs, malgré l’effet de nuit voulu, dans des lieux fermés, sans ciel, donne à voir une peinture saisissante, avec parfois une dimension géométrique.

Trois grandes séries sont présentées ensemble :
série la Corée et le Japon, les Marchés, les robes et Vitrines.

               tryptique du port de Beyrouth

Ces séries sont accompagnées de trois tableaux de paysages du port de Beyrouth, avant l’explosion.
Ces oeuvres sont des constructions architecturales de l’espace dans lequel
la vie prend forme par la couleur et la lumière.

L’histoire de l’art revisitée

Elle convoque l’histoire de la peinture avec ses séries aux abattoirs, les écorchés de boeufs à la Rembrandt.

Ainsi les enfilades de la boucherie reviennent dans celles de la penderie pour nous parler du corps vivant qui était là, comme si sa palpitation pouvait diminuer la nostalgie de sa présence / absence.
De cette vitalité qui traverse encore l’utopie espagnole et humaniste, de son flamenco et de ses corridas…  De même que les boutiques avec les étals de peignes, de sacs, de coiffes, de perruques ou de broches, tout est couleurs, lumière et désirs. Tout évoque son origine espagnole.

La série Foot

La série Foot de 30 monotypes, des figures de personnages gravés à la Goya, sont d’une extrême violence.

Née en 1977, à Madrid, Ana González Sola vit et travaille à Paris
Diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris en 2001
Résidence Casa de Velázquez à Madrid de 2003 à 2005.

Informations pratiques

Fondation Fernet-Branca
2, rue du Ballon 68300 Saint-Louis
fondationfernet-branca.org Instagram @fernetbranca Facebook @fernetbranca68
Horaires d’ouverture :
du mercredi au dimanche de 13h à 18h
Accès : Aéroport Bâle/Mulhouse (à 5 minutes)
SNCF -Autoroute A35
La Ville de Bâle est à 5 minutes de Saint-Louis.
Arrêt de bus « Carrefour Central / Croisée des Lys » (à 3 minutes du musée) – direction Bâle station « Schifflände »


Des visites guidées étaient prévues en parallèle avec l’exposition :
Un monde infini: Artistes chamanes, autour d’une collection de l’Himalaya
qui ont du être annulées pour cause de confinement

 

Elina Brotherus, la lumière venue du nord

Exposition de courte durée à la Galerie de la Filature qui se termine le
29 novembre 2020
Elina était plusieurs fois annoncée,
hélas les circonstances actuelles ont empêché sa venue.

« Quand je me photographie, c’est moi mais en même temps ce n’est pas moi… C’est la condition humaine que j’essaie de décrire » Elina Brotherus


this is the first day of the rest of your life

(c’est le premier jour du reste de ta vie)

Elina Brotherus, et Cindy Sherman, ont en commun le sujet de leurs photographies, une seule et même personne : elle.
Pour Elina Brotherus, ce n’est pas une métamorphose, il faut regarder les détails pour passer au second degré. Elle se montre de face ou de dos, telle qu’elle est, nue, debout ou assise, sans pose recherchée, ni artifice qui l’embellisse. Son pied est presque toujours posé sur le déclencheur de l’appareil photo. Elle opère toujours seule, d’une part pour n’avoir personne sur le dos ! d’autre part parce qu’elle utilise une matériel léger, qu’elle peut transporter à elle toute seule. Avec la photographie, et plus récemment la vidéo, Elina Brotherus explore le paysage émotionnel, les sentiments de l’individu et tente de déterminer comment celui-ci devient une partie de l’ensemble formé par les autres. Avec un langage délibérément structuré, elle travaille sur sa propre personne à partir des événements de sa vie.

Comme l’art est aujourd’hui le seul domaine dans lequel on accepte que des adultes s’amusent, elle ne s’en prive pas. C’est en tout cas ainsi que l’artiste finnoise qui pratique depuis un quart de siècle l’autoportrait mis en scène, généralement seule, mais parfois accompagnée de son chien ou, plus récemment de complices, présente sa démarche.
Elle construit tout avec une belle prise de distance qui n’empêche nullement une vision poétique, entre autres dans les paysages de sa Scandinavie natale ou de sa Bourgogne d’adoption.
Le paysage, aux différentes saisons, devient un décor à la respiration ample, un paysage en écho à la peinture romantique
– et à la peinture en général dont Elina a une belle connaissance – pour un corps libre, tour à tour dénudé ou vêtu de couleurs qui dialoguent avec celles de la nature.
Une peinture qu’elle réinterprète en jouant, en référence aux grands moments d’histoire et en écho du contemporain, en allant de l’atelier et de ses modèles réinventés à la mise en situation de son corps, à la limite de l’équilibre,
dans des lieux inattendus comme le chantier des grands magasins de La Samaritaine, exposés ici pour la première fois.

La  couleur

Savante coloriste, elle a cette capacité rare, en milieu de carrière et avec toujours ce mélange de sérieux et de fantaisie, de distance et de sourire,
de se pencher sur ce qu’elle a fait et de recomposer un passé récent qu’elle transforme pour la série 12 ans après.
L’image animée, série de fables qui ne sont jamais édifiantes, est une occasion de plus de jouer. De se jouer de l’espace, de le construire et de le faire exister en devenant illusionniste et magicienne.

Travaux pratiques, bricolages, rêves et divertissements articulent
une oeuvre dont la cohérence profonde n’enlève jamais
l’indispensable légèreté.
C’est rare, voire unique aujourd’hui.
extrait du Texte Christian Caujolle (commissaire de l’exposition), août 2020

Photos choisies

« Cette image d’autoportrait est aussi un clin d’œil à la difficulté que j’ai eu à mon arrivée en France, je n’avais pas les mots pour communiquer en français… »

C’est grâce à des amies photographes, après un parcours en sciences, – une maitrise en chimie -, études suivies en parallèle, qu’elle apprend l’autoportrait. Pour elle cela a été une libération. C’était la mode dans les années 90 dans les écoles d’art. Quand elle regarde les photos de cette période, elle dit avoir crée une autofiction.
Dans Le reflet dans la suite des séries françaises, elle est dans le coin de la photo,
le visage découpé, on en voit que le menton. Une salle de bain devant un lavabo où sont collés une multitude de post-it, un post-it sur le reflet de son visage cache son reflet. Post-it où il est marqué : reflet.
Tout les objets sont nommés sur les post-it. C’est la première fois qu’elle sortait de son pays pour aller en résidence au musée Nicéphore Niépce. Comme elle ne parlait pas le français c’était
le meilleur moyen d’apprendre la langue en nommant les objets.

Biographie

Elina Brotherus est née en 1972 à Helsinki et partage sa vie et son travail entre la Finlande et la France. Avec la photographie et plus récemment la vidéo,
Elina Brotherus explore le paysage émotionnel, les sentiments de
l’individu et tente de déterminer comment celui-ci devient une partie de l’ensemble formé par les autres. Avec un langage délibérément structuré, elle travaille sur sa propre personne à partir des événements de sa vie.
Bien que ses autoportraits dominent son oeuvre, elle n’interprète jamais de rôles et ne crée pas de mises en scène ; ses paysages révèlent tout autant la nature de ses sentiments.

Dans sa série The New Painting, Elina Brotherus questionne aussi bien les
codes esthétiques de la peinture que la notion de Beauté et va au-devant de questions sur la réalité et sa représentation.
parcours détaillé sur www.gbagency.fr

Roni Horn You are the Weather

Jusqu’au 17 janvier 2021, à la Fondation Beyeler

Focus

En 2016, Roni Horn  une exposition de son travail à la Fondation Beyeler, réunissait des séries et des ensembles de pièces exceptionnelles, riches d’une grande diversité visuelle et matérielle, couvrant les 20 dernières années.
Installations photographiques, travaux sur papier et sculptures en verre se partagent l’espace de six salles d’exposition dont l’ensemble peut être
appréhendé comme une unique installation.

En 1975, tout juste âgée de vingt ans, la jeune newyorkaise Roni Horn se rend pour la première fois en Islande. Depuis, elle y retourne à plusieurs reprises à cette terre de glace qui aura une influence considérable sur son travail. La singularité de cette île volcanique, ses paysages abrupts, les caprices de
son climat changeant, l’éloignement du lieu sont pour l’artiste une source d’inspiration majeure, comme en témoignent plusieurs de ses oeuvres centrales ainsi qu’une série de livres. Pour Roni Horn, l’Islande est :
« Assez grande pour s’y perdre. Assez petite pour m’y retrouver. »

Les photographies

Les 100 photographies qui constituent You are the Weather ont été prises en juillet et août 1994.

« Pendant six semaines, j’ai voyagé avec Margrét à travers toute l’Islande. En suivant les sources d’eau chaude courantes sur l’île, nous nous sommes rendues d’une piscine naturelle à une autre. Nous avons travaillé quotidiennement, la plupart du temps en extérieur, et indépendamment du climat changeant et souvent imprévisible qui règne sur l’île. »

Les photos montrent le visage d’une femme en plein soleil ou par
temps nuageux ; son expression, parfois agacée, parfois impatiente, est causée par le soleil aveuglant, le vent cinglant, etc. Bien qu’il s’agisse de portraits d’une seule et même jeune femme, on n’apprend rien sur elle.

Dans You are the Weather (vue sur la salle), l’identité est, par définition, fluctuante et changeante : elle se manifeste par une série de moments pluriels et variables.

Biographie

Née en 1955 à New York, Roni Horn a grandi dans le comté de Rockland, dans l’État de New York. Elle est diplômée de la Rhode Island School of Design et de l’université Yale. Depuis de nombreuses années, les travaux de Roni Horn font l’objet d’expositions individuelles aussi bien aux États-Unis qu’en Europe.

L’exposition focus a été conçue par Theodora Vischer, Senior Curator de la Fondation Beyeler, avec Marlene Bürgi, conservatrice assistante

Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler:
tous les jours 10h00–18h00, le mercredi jusqu’à 20h00.

Sommaire du mois d’octobre 2020

Balthus, Passage du commerce St André, 1952/1954 à la fondation Beyeler

30 octobre 2020 : MOOC Culturels
24 octobre 2020 : Fragments éphémères
17 octobre 2020  : L’OEil de Huysmans. Manet, Degas, Moreau
10 octobre 2020  : Cindy Sherman à la Fondation Louis Vuitton
04 octobre 2020 : Man Ray et la mode

Fragments éphémères

Hao Jingfang & Wang Lingjie, Over the rainbow, 2016.

C’est la 8ème édition du concours Talents Contemporains de la Fondation François Schneider, qui est  présentée jusqu’au  3 janvier 2021,
sous la direction de Marie Terrieux.

Rachael Louise Bailey • Guillaume Barth • Olivier Crouzel • Hao Jingfang & Wang Lingjie . Eva Nielsen • Capucine Vandebrouck • Wiktoria Wojciechowska

sont les artistes sélectionnés par Le Grand Jury International de la 8ème édition  composé de :

Jean-Noël Jeanneney – Président du Jury ; Felizitas Diering – Directrice du FRAC Alsace ; Alfred Pacquement – Conservateur général honoraire du patrimoine ; Ernest Pignon-Ernest, dessinateur, photographe ;
Fabrizio Plessi – Artiste représentant l’Italie à la 42ème Biennale de Venise
en 1986 ; Roland Wetzel – Directeur du Musée Tinguely (Bâle, Suisse), 

La création contemporaine sur le thème de l’eau

Au programme, un arc en ciel composé de milliers de micro billes de verre chez le duo d’artistes Hao Jingfang & Wang Lingjie, (Over the Raibow ) , une flaque d’eau dessinée au sol comme une installation vivante qui par essence est en mutation éternelle chez Capucine Vandebrouck (série Puddle ), les cyclistes de la photographe Wiktoria Wojciechowska pris sous un orage chinois et
couverts de minuscules gouttelettes évanescentes sur leurs larges capes de pluie (Short Flashes, 2013). La découverte se poursuit avec Elina, une planète éphémère conçue en brique de sel sur le salar de Uyuni en terre Bolivienne par Guillaume Barth, narrant la fragilité du monde et la puissance de la nature.
Eva Nielsen quant à elle propose une peinture où jeux d’optique, illusion et mirage sont au rendez-vous pour ses trouées sur l’océan. Il est aussi question d’océan et de fêlure chez Olivier Crouzel qui a patiemment filmé l’immeuble du Signal à Soulac sur mer, bâtiment à l’abandon, à la nouvelle vie délabrée… 18 rideaux vidéos composent une gigantesque installation-projection.
Enfin Rachael-Louise Bailey expose Global, une grosse sphère flottante, composée de 3,5 km de chambres à air, récoltées parmi les matières polluantes trouvées en mer. De ces objets éparpillés et fragmentés, elle les regroupe pour leur donner une nouvelle fonction.
Originaires de Chine, de Grand-Bretagne, de Pologne, du Danemark ou de France, chacune et chacun des artistes explorent la fugacité des éléments et
du monde.

Rachael Louise Bailey,
Rachael Louise Bailey, Global, 2018.
Plastique, 3m de diamètre.
© FFS – Rachael Louise Bailey

Dans le parc, dès l’accueil, une sculpture, Global, qui s’apparente à une balle flottante de deux mètres de diamètre composée de matières polluantes ramassées dans la mer. Rachael Louise Bailey collectionne ainsi ces objets issus de la pollution marine depuis 2016. Elle collecte en particulier les chambres à air de voitures qui ont été recyclées et reconditionnées avant d’être utilisées dans la culture industrielle de l’huître. Ce plastique est régurgité par la mer.

Guillaume Barth, Le deuxième Monde, Elina, 2015

Si ci-dessus on est dans l’écologie, avec Guillaume Barth, on entre de plein pied
en poésie. C’est l’alsacien de l’étape.

Guillaume Barth, Elina, 2015. Photographie de la
sculpture en sel et eau, 300cm de diamètre, Salar de
Uyuni, Bolivie, projet-Elina, 2013-2015.
© Guillaume Barth

 Elina, est un doux nom qui résonne à nos oreilles… Serait-ce celui d’une princesse, une divinité, une incantation ?
Elina est une planète imaginaire conçue à partir de briques de sel selon des techniques artisanales des indiens Ayamaras, peuple de Bolivie, au nord du grand désert de sel. Guillaume Barth y a passé 3 mois pour réaliser
son projet, se déployant en une sculpture éphémère (Elina ), un film (Le deuxième monde, Elina ) et un livre. L’artiste avait exposé à la Chapelle
St Quirin de Sélestat un projet original en 2011

Olivier Crouzel, 18 rideaux, 2015

18 rideaux est une installation vidéo racontant les vies et les vues d’un immeuble à l’abandon devant l’océan.
L’eau monte, le trait de côte avance : le Signal, immeuble construit en 1967 sur le littoral atlantique, à Soulacsur-mer, est menacé par l’érosion. Le 8 décembre 2014, un arrêté préfectoral oblige les résidents à quitter définitivement leurs appartements. À l’abandon, l’immeuble est vandalisé. L’installation vidéo 18 rideaux a été tournée dans le Signal de 2015 à 2019.
Les 18 vidéos fixent ce que les habitants voyaient à travers leur fenêtre, depuis leur appartement, des vues imprenables sur l’océan. Comme une horloge fatiguée, les rideaux s’ouvrent et se ferment, inlassablement. On
entend grincer les mécanismes des fenêtres et le vent à travers les vitres cassées.

Hao Jingfang & Wang Lingjie, Over the rainbow, 2016

Over the Rainbow est une installation composée de sable de verre et de sable blanc sur lequel apparait un arcen-ciel. Le duo d’artiste Hao Jingfang & Wang Lingjie s’inspire de la philosophie chinoise 水不洗水,尘不染尘. Qui
dit que : « L’eau ne se purifie pas par l’eau, La poussière ne se contamine pas par la poussière ».

L’arc en ciel, provoqué par la réflexion des rayons de lumière sur une surface irisée de l’oeuvre apparaît comme un instant fugace à saisir. Visible seulement depuis certains points, il se déplace avec la marche du spectateur, puis disparaît. Le dépouillement du dispositif souligne la nature délicate de cette apparition. L’expérience sensorielle et méditative permet d’apprécier différents phénomènes liés à l’écoulement du temps, aux variations lumineuses ou aux limites de notre perception.

Eva Nielsen, Zode IV : la mer, horizon des possibles, 2018

Zode IV : la mer, horizon des possibles est une peinture hybride constituée de strates successives, alternant sérigraphie, huile brossée et dilutions réalisées à l’encre.

Eva Nielsen, Zode IV : la mer, horizon des possibles, 2018.
Huile, acrylique et sérigraphie sur toile, 200 x 180 cm.
© FFS – Eva Nielsen

Un fragment de réel se superpose ici à un paysage marin dans une volonté de collage. La grille sérigraphiée de la toile fragmente la perception sur l’étendue marine, réduite à une ligne, à la fois proche et inaccessible. Une échappée visuelle se crée pour le regardeur et encadre dans le même mouvement la perception de l’espace.
La mer se présente ici à la fois comme une projection et la suggestion d’un ailleurs. C’est bien sur l’horizon de la peinture, celui qui obsède les peintres depuis des siècles.
Eva Nielsen utilise à la fois ses photographies, des morceaux d’image trouvés, des parties uniquement dessinées. Cette peinture répond à une obsession qui anime l’artiste depuis quelque temps : les stigmates des architectures dans le paysage, ce qu’il reste, ce qui est en conflit avec le paysage ou qui lui donne un sens.

Capucine Vandebrouck, Puddles, 2017

Puddles est une installation éphémère et vivante dessinant une flaque d’eau. Capucine Vandebrouck en suivant un protocole précis la contient grâce à une frontière hydrophobique préalablement esquissée au sol.
Elle façonne ici l’éphémère et renverse le réel.
En revisitant les frontières de ce qu’on connaît déjà et en cernant ce qui habituellement ne peut être contenu, Puddles nous conduit dans un entre deux, entre la compréhension et la lecture de la réalité. Cette installation
vivante en perpétuelle mutation met à l’épreuve le « ici et maintenant » propre à l’impermanence du matériau.


Cette étendue d’eau devient alors un miroir où se reflète l’environnement qui l’entoure et où les jeux de lumière sont omniprésents. Capucine Vandebrouck
a participé à la Kunsthalle à l’exposition Où sommes-nous.

Wiktoria Wojciechowska, Short Flashes, 2013-2014

Short Flashes est une série de 12 photographies. En septembre 2013, Wiktoria Wojciechowska est au coeur d’un typhon saisonnier sur la ville de Hangzhou, au sud-est de la Chine. L’eau submerge la ville et ses habitants.
Ils se hâtent sous la pluie. L’artiste a ainsi pour première impression, une ville pluvieuse et colorée, remplie de cyclistes vêtus d’imperméables. L’artiste a mémorisé les expressions de leurs visages, les émotions, la fatigue,
les silhouettes colorées et brillantes mues par le vent, les réactions du corps au mauvais temps.


Seul un flash pouvait figer le moment. De courts éclairs capturent les gens qui se battent contre la pluie. Les visages sont nets et détaillés et l’effet presque pictural des imperméables colorés créent un portrait paradoxal de
ces habitants : une tentative d’isoler les individus, de saisir une myriade d’expressions sur les visages trempés, sans ne jamais savoir qui ils sont vraiment.

Wiktoria Wojciechowska, Short Flashes,
2013-2014.
12 impressions jet d’encre sur papier
d’archive, 80×768 cm.
© FFS – Wiktoria Wojciechowska

Transporteurs, cuisiniers, étudiants, ouvriers ou constructeurs. Sous
la pluie, ils sont tous égaux et la protection de plastique coloré ne peut dévoiler aucun statut social. Wiktoria Wojciechowska a présenté à la Filature de Mulhouse « Sparks (Étincelles) », un focus sur la Pologne, une exposition qui donne à voir en 72 portraits de quelque 60 personnes différentes,  inspirée de
la tradition des portraits militaires.

Informations pratiques

Fondation François Schneider
27 rue de la Première Armée 68700 Wattwiller – FRANCE
TEL : +33 (0)3 89 82 10 10 info@fondationfrancoisschneider.org

Visites guidées (dates ici)
Tous les mercredis à 14h et tous les premiers dimanches du mois à 11h et 14h.
Visite comprise dans le billet d’entrée.
Réservation obligatoire au 03.89.82.10.10. ou à info@fondationfrancoisschneider.org
Port du masque obligatoire.

N’oubliez pas de cliquer sur le nom des artistes pour découvrir leurs sites
et ainsi leur travail

Cindy Sherman à la Fondation Louis Vuitton

Cindy Sherman untitled# 590, 2016/2018
impression par sublimation thermique sur métal

Prolongée jusqu’au 31 janvier 2021

Commissariat général
Suzanne Pagé, Directrice artistique
Commissaires
Une rétrospective (de 1975 à 2020)
Marie-Laure Bernadac
et Olivier Michelon, Conservateur avec Ludovic Delalande, Commissaire d’exposition associé

Crossing Views :
La Collection, regards sur un nouveau choix d’oeuvres
Angeline Scherf
, Conservatrice, Nathalie Ogé, Chargée de recherche pour la Collection, Ludovic Delalande assistés de Claudia Buizza

Architecte scénographe
Marco Palmieri

Autant vous le dire d'emblée, c'est une exposition que j'ai adorée, pour la profusion et diversité des photos présentées, pour la scénographie, pendant 
la déambulation, on a l'impression de faire partie de l'exposition, la sécurité, par l'organisation du circuit (Covid).

«Cindy Sherman à la Fondation Louis Vuitton » réunit, d’une part, une
rétrospective composée de quelque 170 oeuvres de l’artiste et, d’autre part, l’exposition Crossing Views, un choix de quelque cinquante oeuvres de la Collection, d’une vingtaine d’artistes français et internationaux, arrêté avec Cindy Sherman.

Podcast sur France culture à écouter
Vidéo sur Youtube

La rétrospective

Proprement dite de l’artiste regroupe ici quelque cent soixante-dix photos articulées en dix-huit séries. Partout, Cindy Sherman y figure, seule. Pourtant il ne s’agit jamais vraiment d’elle-même, le paradoxe étant que, unique objet de son œuvre, elle n’en est jamais le sujet et refuse à ses images le statut d’autoportrait (on peut néanmoins y déceler quelques infimes signes biographiques). Dès lors, certains ont pu s’interroger sur l’existence même de l’artiste. Sans nul doute, Cindy Sherman existe bien, et avec une rare vigilance continûment en alerte.  Si elle fabrique chacune de ses images, elle en assure aussi tous les rôles : maquilleuse, costumière, accessoiriste, metteuse en scène, photographe et même technicienne photo, tout en endossant d’abord le rôle de modèle derrière celui, prioritaire, de l’actrice (entretien Les Inrocks, octobre 2012).

Dans son parcours s’imposent des questionnements obsessionnellement récurrents aujourd’hui : ceux de l’identité, du flottement identitaire et de la
« fluidité des genres », dans une générale dissolution, jusqu’à leurs plus récents développements (men) et aux tapisseries inédites réalisées à partir de ses propres images manipulées sur Instagram. Dans cette nouvelle étape, elle ose, à ses propres dépens, s’opposer à la tyrannie généralisée d’une image idéale

Galeries 1 et 2

Le parcours de l’exposition est globalement chronologique à l’exception de la première section qui met en exergue l’influence continue que le cinéma exerce sur l’imaginaire de l’artiste. Sont ainsi mises en vis-à-vis, les séries Untitled Film Stills (1977-1980), rear screen projections (1980) et flappers (2015-2018).

S’ensuit une section autour de ses premières œuvres de jeunesse encore réalisées en noir et blanc, à travers lesquelles Cindy Sherman va poser les bases de son vocabulaire artistique (maquillage, déguisement, pose, etc.).
Ses photos n’ont pas de titre, elles sont toutes « untitled# » suivi d’un numéro et d’une date de création.

Alors que dans centerfolds (1981), elle réinterprète les doubles pages des magazines de charme, elle expérimente la couleur dans color studies (1982) et pink robes (1982). Depuis le début des années 1980, Cindy Sherman a entrepris un dialogue régulier avec la mode, tout en exerçant un regard très personnel qui en refuse les codes habituels : fashion (1983-1984/1993-1994).

L’artiste explore également l’univers du fantastique à travers différents ensembles (fairy tales, 1985) n’hésitant pas à repousser les limites du gore et du trash (Disasters, 1986-1989) jusqu’au morbide (sex and surrealist pictures, 1992-1996). Entre 1989 et 1990, elle réinterprète les grands maîtres de la peinture ancienne occidentale, de la Renaissance au 19ème siècle dans une série de portraits masculins et féminins (history portraits, 1989-1990).

Au tournant des années 2000, et après un ensemble de portraits masqués (masks, 1994-1996), l’artiste s’intéresse à la figure du clown dont elle explore la dimension carnavalesque à travers des personnages exubérants, grotesques et angoissants (clowns, 2003-2004).

Cette série marque une première étape dans le passage au numérique, l’artiste utilisant pour la première fois le logiciel de retouche Photoshop pour construire ses fonds et démultiplier les personnages dans l’image.

La galerie 2 se termine avec murals (2010), papier peint aux paysages grisés sur lesquels apparaissent des figures féminines et masculines aux dimensions monumentales avec lesquels viennent dialoguer collages (2015), assemblages de plusieurs photographies d’époques différentes.

FLAPPERS

Cindy Sherman qualifie de flappers les personnages qu’elle incarne dans cette série. Le terme, équivalent anglais de « garçonnes », situe ces héroïnes libérées dans l’entre-deux-guerres. Nous les imaginons en jeunes premières de l’âge d’or de Hollywood. Une parenthèse enchantée, car dix ans plus tard elles ont maille à partir avec le krach de 1929 et l’avènement du cinéma parlant ; clap de fin et mise au placard de plusieurs d’entre elles. Ces désormais grandes dames posent devant des décors qui sentent la réussite et la décadence (Untitled #571, Untitled #575 et Untitled #582), elles accessoirisent leur indépendance par du lamé et une cigarette (Untitled #580), mais sont parfois forcées de rejouer les mêmes comédies familiales en dépit de leur âge avéré (Untitled #577, Untitled #584). Mélancoliques, elles sont déjà parfois leur propre fantôme (Untitled #566). Toujours esquivée par l’œuvre de Cindy Sherman, la question biographique surgit au détour de cette série. Quarante ans après les Untitled Film Stills, l’artiste/actrice se livre dans des portraits promotionnels où ni le maquillage ni les retouches numériques n’effacent les marques du temps.

MEN 2019-2020

Tournant  dans l’œuvre de Cindy Sherman, men se caractérise par un changement de genre,  un passage du féminin au masculin qui ouvre de nouvelles possibilités de métamorphose.

C’est la première fois qu’elle y consacre une série complète. Pour explorer ce nouveau sujet, elle a saisi l’opportunité offerte par la créatrice de mode Stella McCartney de puiser dans ses collections, et notamment dans sa nouvelle ligne de vêtements pour homme. Elle a ainsi composé un ensemble de silhouettes à la masculinité androgyne qui apparaissent dans des paysages variés, retravaillés numériquement. Lorsqu’ils ne sont pas solitaires, ses personnages sont accompagnés d’un double, cette fois potentiellement féminin.

À travers les poses, les attitudes et les expressions, l’artiste cherche à révéler la vulnérabilité de ces hommes comme elle le fait pour ses personnages féminins. Dans cette galerie de portraits, elle réinvente les codes de représentation d’une masculinité nouvelle et volontiers ambiguë qui brouille les frontières habituelles entre les genres.

TAPISSERIES 2019-2020

Cette série marque une rupture dans la fabrication et dans l’impression des images de Cindy Sherman qui explore un nouveau support, la tapisserie. Dans la trame d’un tissage mêlant coton, laine et acrylique avec parfois de la soie, apparaissent des images préalablement conçues sur Instagram. Si, à l’instar de ses photographies imprimées sur papier, ses tapisseries sont accrochées au mur, mais suspendues à une tringle, un changement radical de régime s’opère pour ces images transposées de l’écran au textile, les faisant basculer du virtuel au matériel.  L’artiste se photographie au naturel à l’aide de son téléphone portable, à la manière d’un selfie, avant d’entamer sa métamorphose (cheveux, yeux, visage, lèvres, etc.) numériquement. Alors que les applications beauté Facetune, Perfect 365 et YouCam Makeup sont censées sublimer un visage en supprimant les imperfections, Cindy Sherman en détourne le dessein pour créer des personnages fantaisistes, caricaturaux ou grotesques.

LA SCÉNOGRAPHIE DE L’EXPOSITION PAR MARCO PALMIERI

L’exposition « Cindy Sherman à la Fondation » est construite comme un ensemble unique autour des œuvres de Cindy Sherman.

Une suite d’espaces semi-circulaires enveloppe les visiteurs dans chaque série de l’artiste, comme si ces derniers se retrouvaient face à un miroir aux multiples facettes. (tout à fait visible dans la vidéo ci-dessus)

Tout au long du parcours de l’exposition, les miroirs amplifient les connexions entre les séries. Ces miroirs ajoutent un autre niveau de complexité en intégrant le visiteur dans l’expérience,  en leur montrant leur propre reflet, celui des autres, et celui des œuvres. Ces miroirs suscitent également une légère gêne, ce qui créé un sentiment de confusion. La gêne je l’ai ressentie surtout dans la section sex and surrealist pictures.

La palette de couleurs a été choisie en référence aux couleurs que Cindy Sherman emploie pour le maquillage : le rose foncé d’un rouge à lèvre, le gris profond d’un eyeliner, le turquoise et le jaune vif d’un fard à paupières.

Crossing Views :

La Collection, regards sur un nouveau choix d’œuvres

60 œuvres de la Collection de la Fondation 23 artistes

Adel Abdessemed (1971, Algérie/France)
Marina Abramović (1946, Serbie)
Ziad Antar (1978, Liban)
Dara Birnbaum (1946, États-Unis) Christian Boltanski (1944, France) Louise Bourgeois (1911-2010, États-Unis) Clément Cogitore (1983, France) Rineke Dijkstra (1959, Pays-Bas) Samuel Fosso (1962, Cameroun)
Gilbert & George (1942, Royaume-Uni) Damien Hirst (1965, Royaume-Uni) Pierre Huyghe (1962, France)

                           Adel Abdessemed
Annette Messager (1943, France) Zanele Muholi (1972, Afrique du Sud) Albert Oehlen (1954, Allemagne) Rob Pruitt (1964, États-Unis) Torbjørn Rødland (1970, Norvège) Wilhelm Sasnal (1977, Pologne) Cindy Sherman (1954, États-Unis)
Wolfgang Tillmans (1968, Allemagne) Rosemarie Trockel (1952, Allemagne) Andy Warhol (1928-1987, États-Unis) Ming Wong (1971, Singapour)

Informations pratiques

Réservations

Sur le site : www.fondationlouisvuitton.fr

Horaires d’ouverture (hors vacances scolaires)
Lundi, mercredi et jeudi de 11h à 20h Vendredi de 11h à 21h
Nocturne jusqu’à 23h tous les 1
er vendredis du mois Samedi et dimanche
de 10h à 20h

Fermeture le mardi, le 25 décembre et le 1er janvier

 

Man Ray et la mode

Jusqu’au 17 janvier 2021 au Musée du Luxembourg
19, rue Vaugirard, 75006 Paris

« Pour plonger dans la flamboyance des années 1920 et 1930 en France, il n’y a guère de lecture plus évocatrice que celle de l’Autoportrait de Man Ray […] »

« Est-ce parce que l’objet le fascine que Man Ray est de ces photographes de mode par inadvertance qui n’oublient pas la mode elle-même ? »

Olivier Gabet, Directeur du musée des Arts décoratifs, Paris

commissaire général : Xavier Rey, directeur des musées de Marseille
commissaires scientifiques
Alain Sayag, conservateur honoraire au Musée national d’Art moderne 
Catherine Örmen, conservateur, historienne de la mode
scénographie : Agence NC, Nathalie Crinière assistée de Lucile Louveau
graphisme : Anamorphée/Pauline Sarrus
conception lumière : Studio 10-30

A regarder sur Arte « l’amour à l’oeuvre – Man Ray et Lee Miller »

Les portraits ( bande annonce -vidéo )

L’oeuvre de cette grande figure de la modernité est ici présentée sous un angle méconnu. Protagoniste de la vie artistique parisienne de l’entre-deux guerres et du surréalisme en particulier, Man Ray avait fait l’objet d’une importante rétrospective au Grand Palais en 1998, et d’une exposition à la Pinacothèque de Paris en 2008. Mais son oeuvre n’avait jamais été explorée sous l’angle de la mode.

Man Ray est sans conteste le père de la photographie de mode. Il arrive à Paris en 1921 sur les conseils de Marcel Duchamp, qui l’introduit dans le milieu de l’avant-   garde et dans le Tout-Paris des années folles. Pour des raisons alimentaires, Man Ray va d’abord s’adonner avec succès au portrait mondain et glisser peu à peu des mondanités vers la mode.
Son premier contact dans le monde de la mode sera Paul Poiret, mais bien vite la plupart des grands couturiers vont faire appel à lui : Madeleine Vionnet, Coco Chanel, Augusta Bernard, Louise Boulanger, et surtout, Elsa Schiaparelli.                                 
                                                                                               Peggy Guggenheim   

La photographie de mode

Née avec le XXe siècle, la photographie de mode est balbutiante : au début des années 1920, elle est utilitaire, documentaire et inféodée aux codes de l’illustration de mode. Rapidement, les magazines, principaux vecteurs de diffusion des modes, vont lui consacrer de plus en plus de place. Ainsi Man Ray
commence-t-il à publier ses portraits dans les chroniques mondaines de Vogue, Vanity Fair, et Vu, mais c’est Harper’s Bazaar, au cours des années 1930, qui fera de lui un photographe de mode célèbre.
Ses compositions étranges, ses recadrages, jeux d’ombres et de lumière, ses solarisations, colorisations et autres expérimentations techniques vont contribuer à la création d’images oniriques et frappantes, qui
s’inscriront dans des mises en page particulièrement novatrices.
C’est ainsi que l’artiste offre à la mode une vision nouvelle du désir et du rêve
et à la photographie de mode ses lettres de noblesse.


La publicité

Figure de l’avant-garde, Man Ray est ainsi impliqué dans la culture de masse qui émerge au travers de la mode et de la publicité. L’exposition met en lumière cet enrichissement permanent entre « l’art pour l’art » et les productions assujetties à une commande. Ainsi de la photographie iconique, Les Larmes,
qui est d’abord, il convient de le rappeler, une publicité pour une commande pour une marque de rimmel, le « Cosmécil » d’Arlette Bernard, publiée dans le
magazine Fiat en 1934, accompagnée du slogan « pleurez au cinéma / pleurez au théâtre / riez aux larmes, sans crainte pour
vos yeux » Cette composition est devenue une des images les plus célèbres de Man Ray. Ces Larmes, exemple type du changement qu’il peut opérer.  Elle juxtapose une image en gros plan de l’oeil du modèle et de larmes de verre. Le recadrage gomme la platitude du contact photographique et lui confère un graphisme qui donne tout son mystère à l’image.

Les modèles de haute couture

Dans l’exposition, une large sélection de photographies – tirages originaux, mais également tirages contemporains de grand format – dialogue avec quelques modèles de haute couture et des documents cinématographiques évocateurs de la mode des années 1920 et 1930, une mode qui fait désormais la
part belle à la coiffure et au maquillage.

Ces courts extraits audiovisuels donnent un autre éclairage sur la mode en montrant que la manière de filmer s’émancipe aussi. Quant aux revues de mode, elles occupent une large place, afin de souligner le rôle majeur qu’elles ont tenu dans la diffusion toujours plus large d’une esthétique nouvelle. Man Ray a tout fait pour dissimuler ce qu’il considérait comme une activité mineure, son « métier » de
photographe professionnel, préférant privilégier une posture d’artiste peintre inventif et libre. Lorsqu’il pratiquait la photographie de mode il tirait parcimonieusement, se limitant aux contacts puis seulement aux images retenues pour la publication. A cette époque, les revues étaient propriétaires, non seulement des tirages, mais aussi des négatifs. La dispersion et la rareté de ces images aujourd’hui réunies dans
l’exposition leur confère un caractère exceptionnel.

Le recours à des tirages modernes pour en montrer certaines permet d’apprécier les différences entre des épreuves qui ont cependant toutes été réalisées à partir des négatifs originaux, car la photographie est un
objet, et pas seulement une image.

L’apogée de la photographie

Lee Miller, le visage peint

Kiki de Montparnasse

Noire et blanche
Epreuve gélatino argentique, Tirage d’exposition
réalisé d’après le négatif sur plaque de verre
20,4 x 28,2 cm
Paris, Centre Pompidou, Musée national d’Art
moderne/Centre de création industrielle,
achat par commande
Madame Toulgouat portant une robe d’Elsa Schiaparelli
EN GUISE DE CONCLUSION

L’exceptionnelle vitalité du milieu mondain et le contexte des années 1920 favorable à l’abolition des frontières entre les arts, ont joué en faveur d’une promotion de la mode. Les couturiers, désormais personnalités mondaines à part entière, ont eux-mêmes encouragé les artistes et stimulé leur créativité.
En peu de temps, la mode – et plus particulièrement la haute couture –, a vu son aura s’élargir. Quant à son corollaire, la photographie de mode, elle devient, dès les années 1930, une discipline artistique autonome.
Man Ray quitte Paris en 1939. A son retour en en mai 1951 la ville n’est n’est plus celle qu’il avait découverte, à peine débarqué d’Amérique, au début des années 1920. La chaleur communicative des passions partagées avec Tristan Tzara ou Marcel Duchamp, la découverte amusée d’un mode de vie relativement confortable, sont bien loin. Il se retrouve confiné dans l’humidité obscure d’un ancien garage, à l’ombre des tours sévères de l’église Saint-Sulpice. Sa réussite de photographe de mode recherché, de coqueluche des riches expatriés américains, appartient désormais au passé et il se consacre à sa vocation de peintre qui ne l’a jamais vraiment quitté.
Face à l’histoire il prend une posture, qu’il tiendra jusqu’à la fin, celle d’un « touche-à-tout » de génie, dilettante de talent qui ne prétend faire que ce qui l’amuse et récuse toute contrainte économique et sociale.
Pourtant, la photographie de mode, cette partie longtemps occultée de son travail de photographe professionnel, demeure le témoignage d’une incontestable réussite.
Le parcours de l’exposition se déroule à travers les sections suivantes:
Du portrait des années 1920 à la photographie de mode, La montée de la mode et de la publicité et L’apogée d’un photographe de mode, les années Bazaar.

Musée du Luxembourg
19, rue Vaugirard, 75006 Paris

ouverture
tous les jours de 10h30 à 19h / nocturne jusqu’à 22h le lundi
fermetures exceptionnelles à 18h les 24 et 31 décembre

Sommaire du mois de septembre 2020

Robes du soir, présentées dans l’exposition Man Ray et la mode au musée du Luxembourg
Jeanne Lanvin et Jean Charles Worth (1925)

20 septembre 2020 : Le Monument, Le Labeur Et L’hippocampe
15 septembre 2020 :  Delphine Gutron
12 septembre 2020 :  Taro Izumi. ex
08 septembre 2020 : Pour tout le sel de la terre
06 septembre 2020 : Susanna Fritscher, Frémissements
04 septembre 2020 : Richard Chapoy -ARTCHIMIE-

Taro Izumi. ex

C’est jusqu’au 15 novembre 2020 au musée Tinguely de Bâle
Commissaire d’exposition : Séverine Fromaigeat.

La grande exposition d’automne du Musée Tinguely offre une immersion dans le monde malicieux et ludique de l’artiste japonais Taro Izumi (*1976, Nara). Izumi observe nos modes de vie, examine nos relations sociales et celles que nous entretenons avec le monde naturel  et animal.  Il en   conçoit  des  oeuvres multiformes  et inclassables qui, à partir d’une trame simple et d’une certaine économie de moyens, embarquent pour des voyages aux portes de l’absurde.
Dans l’exposition« ex», l’artiste déploie son univers créatif unique, un écosystème organique qui n’appartient, en tant que tel, a aucune catégorie artistique établie.
Sculpture, installation, performance et vidéo s’y mêlent étroitement.
De la même manière, les matériaux s’ajoutent les uns aux autres – bois, textile, plantes, animaux empailles, objets familiers ou éléments recyclés de toutes sortes -, dans des constructions en apparence chaotiques et pourtant précisément conçues et assemblées. Rencontrer cet univers luxuriant et en constante expansion, c’est la promesse de télescopages, de rebonds, de chevauchements. C’est entrer dans un kaléidoscope visuel et mental.

Au Musée Tinguely,  Taro Izumi présente sa première exposition personnelle d’envergure en Suisse, avec des oeuvres spécifiquement conçues pour les espaces du musée et qui proposent une réflexion sur les bouleversements culturels et sociétaux apparus avec le Covid-19.

L’exposition s’accompagne d’une publication qui, pour la première fois,
fournit une description complète de l’oeuvre d’Izum.

 

 

Video as medium as mirror as image as movement as object as video

La technique la plus adaptée à la retranscription instantanée des actions que l’artiste invente est la vidéo. Il l’emploie à la manière d’un stylo qui capte et traduit tout ce qu’il observe. Medium pivot de sa pratique, elle est de toutes ses installations, de toutes ses expositions et joue un rôle sémantique essentiel. Pour « ex », au Musée Tinguely, les écrans, omniprésents, envahissent l’espace: ils rythment les salles, ils se placent au sol et au plafond, s’accrochent aux murs et s’inclinent dans les airs. La vidéo, sur ses supports, déroute : elle accapare, elle captive, et, en cherchant continûment à l’intercepter, sature l’attention des spectateurs et spectatrices. En faisant l’expérience immersive des 0euvres vidéos de Taro Izumi, on ne peut s’empêcher de penser a l’espace urbain tokyoïte débordant de sons et d’images que certaines installations semblent rejouer.

Taro Izumi au Musée Tinguely – Une tentative de saisir l’insaisissable

Tickled in a dream maybe ? (2017) est la plus grand installation multimédia présentée au Musée Tinguely. Cette série, entremêlant sculptures et vidéos, se déploie à partir de photographies de sportifs – principalement des footballeurs – captés en plein élan acrobatique. A partir de ces images décrivant des actions spectaculaires – comme des reprises de volée, des tacles glissés, l’audacieuse pirouette d’un tir légendaire ou le saut dans les airs d’un célèbre basketteur -, Izumi compose des structures de soutien permettant à des performeurs de simuler ces mouvements impossibles à reproduire pour quiconque n’y est pas entrainé. Entre le meuble et la prothèse, le socle et la sculpture, ces structures architecturées aux airs bricolées prennent des formes très variées, qui ne sont pas sans évoquer – tant formellement que conceptuellement – les 0euvres interactives de Jean Tinguely (1925-1991) ainsi que son esprit bricoleur et espiègle. L’artiste tente ici de saisir l’insaisissable : le mouvement, le temps et la gravité.


Exhibition as Gesamtkunstwerk

Les expositions de Taro Izumi ont pris au fil du temps une dimension immersive importante. C’est a travers le medium expositionnel que l’artiste habite les espaces, qu’il élabore une narration. Ces dernières années, il a principalement imaginé ses 0euvres en réponse aux lieux où il est invité à montrer son travail.
Cela l’a conduit à envisager « l’exposition » comme une 0euvre en soi.
Par le biais de la technologie digitale et de l’usage récurrent de la vidéo, du streaming et de la superposition d’images, l’artiste constitue un réseau complexe d’interactions entre ses 0euvres.

Des robots aspirateurs et un théâtre sans spectateurs

Taro Izumi imagine chaque pièce de sa grande exposition au Musée Tinguely comme un organe vivant à l’intérieur de l’organisme qu’est l’exposition. Chaque 0euvre a un rôle à jouer afin que l’exposition respire, vibre, se meuve, chante et s’illumine. Des robots aspirateurs sont suspendus en l’air comme démis de leur fonction première; des lumières clignotent continuellement sur les écrans, des sons arrivent de toutes parts;

(Théâtre Covid-19)
et en contrepoint, un immense théâtre (400) dont 30 000 dans le monde entier, 
silencieux, sans spectateurs ni spectacle attend les visiteurs et est un hommage.
ce sont 10 mn enregistrées, sans rien faire, ni parler, dans un théâtre imaginaire, une mise en scène d’une pièce, une plaque en laiton, avec le numéro de la place, avec un Iphone en life streaming on peut voir ce qui se passe dans le musée sans y être. Izumi nous parle ici de l’absence, du vide et de présence virtuelle, de lieux qui sont devenus inaccessibles. Il propose son regard sur les nouveaux types de comportements qui ont récemment émerge avec l’avènement du Covid-19.

Avec une forme de légèreté et un sens de l’ironie, Taro Izumi parvient à amalgamer ces univers supposément antagonistes. Il navigue entre ces mondes, de l’organique au technologique, et du technologique à l’organique, en passant par tout ce qui existe entre les deux. Son esthétique, rebelle à toute étiquette, renvoie cependant à l’art total prôné par Fluxus

Boules de billard en plexiglass
C’est une boule enfermée dans une cage en plexi, comme lorsque nous étions enfermé, privé d’air, de mouvement, isolé, pendant le confinement, métaphore de notre vie de ces derniers mois.



Missing Cats
Taro Izumi, se pose la question de savoir, où se trouvent ces chats perdus du monde entier. Sur un site Web, qu’on peut consulter, il se demande si on peut voir ou pas, ou simplement imaginer ce qu’ils font et deviennent.



Publication

L’exposition est accompagnée par le premier catalogue qui examine avec profondeur le travail de l’artiste. Cette publication éditée par Hatje Cantz, placée sous la direction de la commissaire d’exposition, a été réalisée en étroite collaboration avec l’artiste, qui a lui­ même élabore le corpus iconographique de l’ouvrage. Le catalogue retrace et examine en profondeur son parcours, avec essais critiques, interviews et un riche cahier iconographique. Traduisant une idée de circularité et de constant mouvement, cet ouvrage peut être lu verticalement et regardé horizontalement, se transformant en un objet ludique,à observer, toucher et interpréter de multiples manières.

Avec une préface de Roland Wetzel, un essai détaille autour de la trajectoire artistique de Taro Izumi par Séverine Fromaigeat, un texte sur la nature ontologique de ses 0euvres par Keren Goldberg, un dialogue entre l’architecte Jun Aoki et le conservateur de musée Kenjiro Hosaka, une brève description biographique par l’historien de l’art Jean de Loisy, des interludes épistolaires par le curateur Gabriel Ritter et l’éclairage du zoologiste Robert Zingg sur le monde animal en captivité. Le catalogue donne un aperçu complet de l’évolution de l’0euvre de Taro Izumi et dévoile son intérêt  pour des thèmes qui affleurent dans sa pratique, comme l’architecture, le monde animal et les questions conceptuelles relative à la conception artistique.

  

Informations pratiques Musee Tinguely :

Titre de l’exposition: Taro Izumi. ex

 

Adresse: Musée Tinguely I Paul Sacher-Anlage 1 I 4002 Bâle

Heures d’ouverture: du  mardi au dimanche, de 11h a 18h

Site  Internet:  www.tinguely.ch  I www.taroizumi.com/en/

Medias sociaux : @museumtinguely I #museumtinguely I #tinguely I #taroizumi

Journee speciale « Taro Izumi» à l‘occasion des Kunst Tage
 Dimanche, 20 septembre 2020
11-18h Videos screenings
15-16h Curator’s tour

16-17h Artist talk:
entretien avec l’artiste Taro Izumi et la commissaire de l’exposition.

Pour tout le sel de la terre

photo Sylvain Scubbi

Dépaysement et anthropocène du Bassin potassique

Au séchoir, « Pour tout le sel de la terre », jusqu’au 20 septembre 2020

Dans le cadre de la Biennale de la Photographie de Mulhouse,
commissaire général: Anne Immelé,
l’exposition collective conçue par Mickaël Roy, propose une lecture post-industrielle, environnementale et sociale du Bassin potassique alsacien à travers une sélection de photographies de
Bernard Birsinger, Stéphane Spach, Dominique Bannwarth,
Jacky Naegelen & Sylvain Scubbi.

                                      Sandrine Stahl, Mickaël Roy, Anne Immelé

Origine du projet

Mickaël Roy, commissaire d’exposition raconte :
C’est un projet qui vient de ses années d’adolescence durant lesquelles il fréquenta le collège Joliot-Curie de Wittenheim.
« Le collège est construit sur un ancien puits minier, mais jamais personne ne nous a parlé de l’histoire minière, aucune trace, aucune plaque ne rappelle cette mémoire. Partant de cette forme d’amnésie collective, je me suis dit qu’il serait intéressant de faire émerger une mémoire visuelle et sociale de ce territoire. »

Bernard Birsinger


Cinq photographes

Trois corpus d’images y sont rassemblés, dont certaines n’ont jamais été montrées en Alsace, et témoignent de la transformation des paysages d’un territoire alsacien emblématique.

                                          Stéphane Spach
Mickaël Roy y a rassemblé les travaux de cinq photographes publiés dans les années 1980 et 1990. Ils étaient tout jeunes alors ! Stéphane Spach, aujourd’hui installé à La Claquette dans le Bas-Rhin, a derrière lui une belle carrière de photographe ; autodidacte, il a longtemps été inspiré par la nature et s’adonnait aussi à la photographie culinaire. Il a publié en 1999   Terres fertiles , dont sont tirés les clichés exposés.

                                   Dominique Bannwarth, Sylvain Scubbi

Jacky Naegelen et Dominique Bannwarth travaillaient quant à eux à l’agence locale de L’Alsace à Wittelsheim lorsqu’ils publièrent Kali avec Sylvain Scubbi. Le premier a mené depuis une brillante carrière de photographe de presse pour Reuters, il est aujourd’hui retraité. Le second exerce toujours, au sein du journal L’Alsace , mais il a privilégié l’écriture. Le dernier a assidûment pratiqué la photo en parallèle d’une carrière dans l’industrie.

                                      Bernard Birsinger

Quant à Bernard Birsinger, il fut partie prenante de la Mission photographique de la Datar (Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale) dans les années 1980 et en dévoile quelques clichés. Photographe professionnel, il a mené une carrière prolifique en expositions et en ouvrages.

                                        Sylvain Scubbi

Histoire sociale et dimension mémorielle

Tout en noir et blanc, avec quelques photos actuelles qui concèdent à la couleur dans cette exposition où le documentaire se mélange au patrimoine. Histoire sociale, humaine, patrimoniale, environnementale, tout est abordé ici, par la force des photographies.
« Un territoire conserve la mémoire des lieux. Le Bassin potassique a été habité et transformé par le prisme du temps et des transitions humaines et environnementales. Les photographes ont saisi des images dignes d’être représentées, que ce soit dans une dimension documentaire, frontale ou sublime et onirique », complète Mickaël Roy.
Le commissaire de l’exposition insiste aussi sur sa dimension mémorielle et souhaite qu’elle soit une amorce à quelque chose de plus large, conviant le public à partager des témoignages ou des photos.

avec l’aimable autorisation pour le texte de Claudine Studer Carrot

 

Mickaël Roy, commissaire

 

Après des études d’histoire de l’art, on a pu le rencontrer au Musée des beaux-arts de Mulhouse en tant que médiateur culturel. Puis il développe une pratique indépendante de recherche en arts, de critique d’art, de commissariat d’expositions et de projets artistiques ainsi que d’enseignement, de conférences et de médiation dans le champ des arts visuels et plastiques.
Il a œuvré notamment auprès de la Biennale d’art contemporain de Lyon, de la galerie du Granit à Belfort, mais aussi plus récemment comme chargé de mission à la mairie de Wittenheim. Mickaël Roy est actuellement chargé du développement culturel auprès de l’association Emmaüs Centre-Alsace, avec notamment la préfiguration d’un lieu d’action artistique, culturelle et solidaire, la villa Kientz.
Le thème du Bassin potassique s’est imposé à lui lorsqu’Anne Immelé, directrice artistique de la Biennale de la photographie de Mulhouse, lui a confié le commissariat d’une exposition pour l’édition 2020.

Plusieurs expositions se déploient dans Mulhouse :

Ce noir tout autour qui parait nous cerner,
Nolwenn Brod, Isabelle Giovacchini, Jean-Baptiste Grangier,
Alain Willaume, Giovanna Silva,
Geert Goiris ainsi que des photographies issues de la collection de
Madeleine Millot-Durrenberger
(commissariat d’Anne Immelé au Musée des Beaux-arts),
Avant la nuit de Christophe Bourguedieu
à La Filature,
Comme des tourbillons de poussière, exposition collective conçue par
Pascal Amoyel
à la Galerie de la bibliothèque, se déploie à partir des séries photographiques d’Olivier Kervern, Louis Perreault, Antoine Seiter et Jean Marquès.

Le Séchoir
25, rue Josué Hofer
68200 Mulhouse