Silvère Jarrosson au Musée Unterlinden

Silvère Jarrosson dans les ateliers de l’OnR, lors de la peinture des décors de Danser Schubert au XXIe siècle, 2021 © Anne-France Dardenne

Installation monumentale « en mouvement » du peintre Silvère Jarrosson
au Musée Unterlinden
En partenariat avec l’Opéra national du Rhin
04.03 – 27.03.2023
sous la direction artistique de Bruno Bouché du Ballet de l'Opéra national du Rhin

« L’oeuvre qui va suivre »

Pendant tout le mois de mars 2023, le Musée Unterlinden de Colmar accueillera l’installation monumentale « L’oeuvre qui va suivre » de l’artiste Silvère Jarrosson. Cet ensemble composé d’immenses oeuvres peintes dont ses toutes dernières créations spécifiquement conçues en écho aux collections du musée, propose une évocation abstraite de paysages lointains, parmi lesquels les visiteurs seront invités à déambuler.

Entièrement modulable, cette installation qui a été imaginée par ce « peintre du mouvement » prendra place dans le vaste espace de la « Piscine » du musée et se reconfigurera au fil de la série de spectacles aux multiples formats (performances, conférences, concerts, etc.) qui seront donnés sous la direction du Ballet l’Opéra national du Rhin (OnR), en interaction avec les oeuvres.

Le propos

Le propos du peintre Silvère Jarrosson , qui fut danseur à l’Opéra national de Paris, est ici de faire naître un univers abstrait immersif et évocateur, en repoussant les limites de ce qu’il est convenu d’appeler la danse, et en faisant appel à la force évocatrice des mouvements les plus inattendus.

Le danseur

D’abord danseur à l’École de danse de l‘Opéra national de Paris, Silvère Jarrosson se voit obligé de mettre fin à sa carrière de danseur en 2011 suite à une blessure. Tout en démarrant alors un cursus universitaire en biologie, il commence à peindre. Depuis, l’artiste conçoit son travail pictural telle une chorégraphie et retranscrit les liens entre les mouvements de la peinture, du corps et de la nature à travers ses toiles :

« Il existe un lien entre danse et biologie, entre mouvement dansé et mouvement physiologique […]. Je voudrais l’exprimer en peinture »,

confie-t-il.

L’ONR

« L’oeuvre qui va suivre » présentée au printemps 2023 à Colmar a été conçue dans le droit fil de ses créations pour la scénographie du spectacle
« Danser Schubert au XXIe siècle » monté en 2021 par l’OnR, en le complétant de nouvelles oeuvres grand format créées spécifiquement pour le Musée Unterlinden. Cette installation monumentale et immersive invitera les visiteurs à une déambulation, pour un voyage entre danse et peinture. Par sa capacité à se déplacer dans l’espace, elle accompagnera les danseurs de la compagnie du Ballet de l’OnR dans un ensemble de pièces et de performances.

« L’oeuvre qui va suivre, celle à venir, en perpétuelle transformation, fait référence aux formats multiples de ce projet (exposition mouvante, nombreuses performances, déambulation dans le musée) autant qu’à ma propre démarche picturale au cours de laquelle les oeuvres naissent, se suivent et s’engendrent les unes les autres. Cette démarche traduit un rapport ouvert à la création, dans ses formats, ses niveaux de lecture, son accessibilité, vivante et en perpétuelle réinvention. »
précise Silvère Jarrosson.

OEuvre 1, Présentée au cours de l’installation monumentale au Musée Unterlinden, Silvère Jarrosson

Le cursus

Silvère Jarrosson est né en 1993 à Paris. Diplômé de l’école de danse de l’Opéra de Paris en tant que danseur, il se consacre à la peinture abstraite depuis 2013.
Lauréat de la Fondation Claude Monet en 2018, il donne une exposition monumentale à l’Académie des Beaux-Arts de Riga ; l’occasion pour lui d’affirmer son style, radicalement abstrait mais empreint d’évocations naturelles ou chorégraphiques. Passé par la Villa Medicis en 2019, pour un projet ponctuel, puis par la Collection Lambert en 2020 et 2021, il multiplie les expositions en France ou à l’étranger. Son travail intègre de nombreuses collections dont celle du Mobilier national.
Le critique Jean-Louis Poitevin lui dédie une monographie (Silvère Jarrosson, génèse et gestes, Éditions Marcel, 2020). En 2021, après une exposition monumentale à la Chapelle de la Salpêtrière à Paris, il réalise pour l’Opéra national du Rhin la scénographie du programme
« Danser Schubert au XXIe siècle ».

Tout récemment, quelques unes de ces oeuvres ont été présentées à Paris lors de Private Choice 2022.

Ballet de l’Opéra national du Rhin

Partie prenante de cette installation monumentale – une programmation conçue par le CCN • Ballet de l’Opéra national du Rhin, sous la direction artistique de Bruno Bouché

 


« L’oeuvre qui va suivre » de Silvère Jarrosson sera en perpétuel mouvement et ne cessera de se renouveler.
Au gré d’une programmation diverse et plurielle, avec des intervenants d’exception, l’installation de Silvère Jarrosson en sera elle-même l’un des protagonistes, en entrant en interaction avec les danseurs, acteurs, chanteurs, musiciens, … et le public.

Clément Hervieu-Léger de la Comédie-Française, le violoniste Théotime Langlois de Swarte, les danseurs du Ballet, les chanteurs de l’Opéra Studio, ou encore les musiciens de l’Orchestre symphonique de Mulhouse prendront part à cet agenda multiforme, au croisement de nombreuses disciplines.
Cette expérience proposée à tous s’inscrit ainsi dans la volonté de dialogue entre les collections du Musée Unterlinden et la programmation du Ballet de l’Opéra national du Rhin.
Les peintures, les sculptures du musée, les pas de danse, les notes de musique se répondront au fil d’une déambulation parmi les arts et inviteront les visiteurs à se laisser emporter.

 

Retenez les dates du 17 et du 18 mars à Colmar au Musée Unterliden
avec la participation de Cynthia Fleury
3 chorégraphes, 6 danseurs, sur le thème de la blible
"La lutte de Jabob avec l'Ange"
musique JS Bach et Schubert
L’exposition
Découvrez (ou redécouvrez) les décors de Danser Schubert au XXIe siècle – œuvre monumentale (10×5 mètres) du peintre Silvère Jarrosson – lesquels trouvent une seconde vie exposés au sein de l’espace de la « Piscine » du Musée Unterlinden. D’autres œuvres spécialement conçues en écho à la collection permanente du Musée se joignent à cette installation.

Du 5 au 24 mars

 
« Happy Family »
Venez vivre au cœur du musée un moment de rencontre et de création en famille en compagnie du peintre Silvère Jarrosson et de Bruno Bouché ! Entre danse et peinture, mouvements et toile, explorez les dynamiques de votre corps et ceux de la peinture lors d’une expérience inédite au cœur de l’installation L’Œuvre qui va suivre à une échelle XXL ! Un moment ludique à vivre en famille.

Dim. 5 mars 14h (2h)
Pour les enfants dès 3 ans et leurs parents

Informations
 
Programme Danseurs-chorégraphes
Place à l’émergence ! Découvrez trois pièces imaginées par des chorégraphes issus du Ballet de l’OnR : Pierre-Émile Lemieux-Venne, Rubén Julliard et Noemi Coin.

Jeu. 9 mars 19h (1h)

Réservation
 
Lecture et danse
Célèbre la terre pour l’ange
Lecture de poésies de Rainer Maria Rilke par Clément Hervieu Léger, sociétaire de La Comédie-Française. Accompagné par des extraits chorégraphiques de Bless – ainsi soit-Il chorégraphié par Bruno Bouché. Musique par le pianiste Maxime Georges.

Ven. 10 mars 19h (1h)

Réservation
 
Atelier et conférence
Handiversité
Le danseur et coach en développement Hamid Allouache, référent Handicap/Diversité, propose un atelier de danse aveugle tout public (1h), suivi d’une conférence sur la vulnérabilité (1h).

Mar. 14 mars 10h (2h)

Informations
Concert
Poèmes à la nuit

Deux musiciennes de l’Orchestre symphonique de Mulhouse vous proposent un programme hommage à Rainer Maria Rilke, avec des œuvres de Beethoven, Hindemith, Poulenc et Connesson pour clarinette (Juncal Salada-Codina) et basson (Odile Meisterlin).

Jeu. 16 mars. 19h (1h)
Réservation
 
Performance
Autour de Bach

Création performative qui fera se rencontrer les gestes de la peinture, de la musique et de la danse avec Silvère Jarrosson, le violoniste Théotime Langlois de Swarte et le danseur Marin Delavaud sur une chorégraphie de Bruno Bouché.

Ven. 17 mars 20h (50 min)

Réservation
 
Performance
Du retable d’Issenheim aux Rainbows

Une création performative et déambulatoire de Bruno Bouché et Silvère Jarrosson au sein de la salle du Retable d’Issenheim et des salles du musée avec une dizaine de danseurs du Ballet de l’OnR.

Sam. 18 mars 11h et 14h30 (1h)

Informations et réservation
 
Discussion
Rilke et l’Ouvert

Avec Cynthia Fleury, philosophe et psychanalyste, Pantxika De Paepe, historienne de l’art, spécialiste du Moyen Âge, Silvère Jarrosson et Bruno Bouché.

Sam. 18 mars 16h (1h)

Réservation
 
Concert de clôture
Œuvres intimes et lyriques

Les jeunes chanteurs de l’Opéra studio de l’Opéra national du Rhin, Liying Yang (mezzo-soprano), Glen Cunningham (ténor), Oleg Volkov (baryton-basse) ainsi que les pianistes-chefs de chant Hugo Mathieu et Levi Gerke vous proposent une soirée riche et éclectique, mêlant des œuvres de Verdi, Brahms, Bernstein, Bizet, et plus encore …

Ven. 24 mars 19h (1h)

Réservation

Horaires d’ouverture
Musée Unterlinden

Mercredi au lundi : 9h – 18h
Mardi : fermé
Clôture des caisses 30 minutes avant la fermeture du Musée.
Jours fériés de fermeture : 1.1., 1.5., 1.11., 25.12

Accueil téléphonique du lundi au vendredi de 8h à 12h :
+33 (0)3 89 20 15 50

L’attente d’Anna Malagrida

C'est à la Galerie, de la Filature de Mulhouse Scène Nationale qu' Anna Malagrida, nous convie, jusqu'au 5 mars 2023, pour son exposition de photos intitulée : l'Attente.

Commissaire : Emmanuelle Walter, responsable arts visuels,
en entrée libre
Photographe et vidéaste

Anna Malagrida (Barcelone, 1970) vit à Paris depuis 2004. Elle pratique la photographie et la vidéo. Souvent pensées autour de l’opposition dialectique entre intérieur et extérieur, ses pièces invitent le spectateur à une expérience à la fois intuitive et physique, portée par le sens à l’oeuvre dans les photographies. La fenêtre, le voile ou la frontière sont quelques-uns
des motifs qu’elle emploie pour faire dialoguer les différents espaces et parler de la dualité, de l’instable et de l’ambigu, par opposition à l’univoque.

Formation et études

Sa trajectoire en tant que photographe débute en 1988, année de son inscription à l’Université Autonome de Barcelone, où elle obtiendra une licence en Sciences de l’Information. Décidée à travailler avec le médium photographique, elle poursuit sa formation à l’École Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles en 1993.

Réalité et poésie

À partir de 1998, elle développe un travail plus personnel. Ses images commencent à se structurer autour d’une poétique de l’opposition entre espaces intérieur et extérieur, lumière et obscurité, transparence et opacité, réalité et représentation ; elle s’attache à sonder le rapport entre la photographie et le monde contemporain et interroge l’espace de la ville
contemporaine en posant son regard sur ceux qui la vivent ainsi que sur les traces de ceux qui la traversent.

Prix et bourse

Anna Malagrida est lauréate du prix au Projet des Rencontres internationales de la Photographie d’Arles en 2005 et obtient la bourse de la Fondation Arte y Derecho en 2006. Elle est également lauréate de la Carte Blanche PMU en partenariat avec le Centre Pompidou en 2016 et de la commande 3.0 du Centre National Arts Plastiques et du Jeu de Paume en 2020.
Exposée en France et à l’international (Espagne, France, Afrique du Sud, Allemagne, Danemark…), son oeuvre a rejoint de nombreuses collections publiques et privées (Centre Pompidou, le Wolfsburg KunstMuseum, MAGASIN 3 – Stockholm Kunsthall, Fonds National des Arts Plastiques, MACBA de Barcelone, la Fondation MAPFRE…).

SÉRIES EXPOSÉES

LES PASSANTS

(extraits de la série) photographies, vidéo, mars 2020 – février 2021
Nouvelle cartographie photographique de Paris commencée en mars 2020 lors du premier mois du confinement suite à la crise de la COVID-19 et finalisée un an après, en février 2021, alors que la pandémie bouleverse encore la vie quotidienne en France. Réalisée dans différents quartiers du centre et de la périphérie de la ville, elle se compose de 10 séries de photographies et une vidéo.

Par un point de vue unique et immobile, l’autrice interroge la notion de surveillance ; par le montage des diaporamas elle questionne la notion de temps, le temps de la photographie et aussi celui des individus dans la ville et leur rapport à l’espace urbain. Les séquences d’images traduisent le flux et le mouvement des villes mondialisées.
Réalisées en pleine pandémie, ces photographies dévoilent un nouveau réel derrière les visages parfois masqués et interrogent notre capacité à voir ce qui ne peut être vu.

PARIS BARRICADÉ

photographies, installation, 2018-2019
Le mouvement des Gilets jaunes apparaît en France en octobre 2018. Il donnera lieu à de nombreuses manifestations organisées chaque samedi sur l’ensemble du territoire français et notamment à Paris autour du rond-point de l’Étoile et du boulevard des Champs-Élysées.

Les habitants et les commerçants du quartier décident alors d’installer des protections pour protéger les vitrines des magasins et les fenêtres des logements. Les dimanches, jours d’après les manifestations, Anna Malagrida et Mathieu Pernot réalisent des photographies de ce quartier et des dispositifs de protection mis en place par les habitants.

CRISTAL HOUSE

photographies, vidéo, textes, tickets de jeu usagés, 2016
Cristal House, qui signifie la maison de verre, évoque également le nom d’un cheval de course. Projet réalisé dans une salle de jeu au centre de Paris où se croisent deux quotidiens.


À l’extérieur, celui de la ville qui défile avec son rythme intense, à l’intérieur de la salle, celui des joueurs qui parient aux courses de chevaux, les mouvements répétitifs de leurs mains et les temps d’attente. Attirés par les grandes mégalopoles, la plupart de ces joueurs sont des migrants, souvent des sans-papiers, qui arrivent de partout dans le monde et rêvent d’une vie meilleure.
Les notions de rêve et d’espoir, intrinsèques à chaque joueur, se dédoublent dans
l’image de celui qui émigre.

Un étrange jeu de reflets met le spectateur
face à l’espoir de l’infortuné. Leurs paroles, reproduites dans des fragments de textes, dessinent les vies et les rêves qui convergent dans ce lieu de rencontre
et de jeu.

LE LAVEUR DE CARREAUX

boucle vidéo, 2010


Vidéo réalisée depuis l’intérieur d’une galerie d’art qui montre l’action du laveur de carreaux. Le geste de savonnage de la vitre rappelle un geste pictural et montre la formation et la transformation de l’image. À travers cette action médusante et la trace laissée par le savon, nous pouvons entrevoir la description concrète du quotidien, la vie de la rue. Par la transparence partielle de la vitrine, la caméra capte l’action du travailleur, dans un acte performatif qui interroge la paternité de l’oeuvre.

LES VITRINES

photographies, 2008-2009


Les images de la série Les Vitrines (Escaparates) se concentrent sur un dispositif de vision – la vitrine – et s’identifient à celui-ci pour annuler son usage et l’utiliser comme le véhicule d’une réflexion. Il s’agit de vitrines de commerces condamnées à Paris, recouvertes avec de la peinture de blanc d’Espagne qui empêche de voir clairement l’intérieur. Le regard rebondit
vers le reflet de la ville ainsi qu’à la frontière matérielle de la vitre recouverte d’inscriptions. La tension de la ville s’incarne alors sous forme d’une abstraction dans ces grandes images que nous pouvons aussi regarder avec distance.

Sa démarche

Il y a dans sa démarche la trace évidente d’une réflexion constante sur le statut de l’image dans l’actualité, les limites de la photographie et la dualité du regard. Cette problématique s’articule autour d’un des motifs récurrents de l’Histoire de l’Art, la fenêtre, protagoniste absolu de toute son oeuvre. Une fenêtre qui a un rôle stratégique : c’est la limite entre l’intérieur et l’extérieur, à travers laquelle l’artiste invite le spectateur à communiquer avec l’image photographique à proprement parler. À la fois cadrage et organe de connexion,
elle est parfois un simple verre transparent qui n’interfère pas avec notre perception, mais prend à d’autres occasions un caractère délibérément pictural, nous renvoyant à l’art informel européen ainsi qu’à l’expressionnisme abstrait américain.

Le hors-champ

Cependant, tout n’est pas visible dans le travail d’Anna Malagrida. Le cadre de la fenêtre implique toujours un hors-champ invitant le spectateur, dans sa contemplation, à déployer son imagination. Cet intérêt pour l’expérience du spectateur renvoie à la notion de voyeur et permet de réfléchir au regard, essence du visible.

Les Traces

Pour Anna Malagrida, la photographie est plus qu’un fidèle reflet de la réalité, ses modalités dépassent de loin la notion traditionnelle d’instantané. Au-delà de la représentation, elle construit des images où la trace du réel est palpable, créant des pièces aussi poétiques que contenues. Son oeuvre revêt une dimension très particulière, l’appareil photographique nous renvoyant, tout en nous dévoilant un extérieur, à notre espace intime, intérieur.

 

LA FILATURE, SCÈNE NATIONALE DE MULHOUSE
20 allée Nathan Katz 68100 Mulhouse ·
03 89 36 28 28 · www.lafilature.org
du ma. au sa. 13h-18h + di. 14h-18h
+ soirs de spectacle
(La Filature sera fermée au public du 12 au 26 fév.)
VERNISSAGE ve. 27 janv. 19h
en présence d’Anna Malagrida
CLUB SANDWICH je. 2 fév. 12h30
visite guidée de l’expo + pique-nique tiré du sac (sur inscription 03 89 36 28 28)
VISITES GUIDÉES sur rendez-vous
edwige.springer@lafilature.org ou 03 89 36 28 34

Sommaire du mois de décembre 2022

Barthélémy Toguo, le Pilier des Migrants, Louvre Paris

31 décembre 2022 : Chers lecteurs
28 décembre 2022 : Mort de Maya Ruiz-Picasso
25 décembre 2022 : Noël au musée
20 décembre 2022 : Taffele – une exposition Originale
18 décembre 2022 : Raymond Waydelich, sur-médaillé
16 décembre 2022 : Edvard Munch. Un poème de vie, d’amour et de mort
14 décembre 2022 : DIALOGUE MONET – MITCHELL
12 décembre 2022 : Tapisseries de la Dame à la licorne
10 décembre 2022 : Amazing TRANSFORMERS so cute
6 décembre 2022   : Born in Ukraine – La Galerie nationale d’art de Kyiv à l’honneur
4 décembre 2022   : Alice Neel, un regard engagé
2 décembre 2022   :   Curt Glaser collectionneur, « l’art en fuite »

Edvard Munch. Un poème de vie, d’amour et de mort

Vampire, 1895,
huile sur toile, 91 × 109 cm Oslo, Munchmuseet © Munchmuseet

Jusqu’au 22 janvier 2023 au Musée d’Orsay à Paris
Commissariat : Claire Bernardi, directrice du musée de l’Orangerie
Avec la collaboration d’Estelle Bégué, chargée d’études documentaires
au musée d’Orsay

En collaboration avec le musée Munch d’Oslo, le musée d’Orsay consacre une exposition au célèbre peintre norvégien Edvard Munch (1863-1944) dont l’œuvre dans son ampleur – soixante ans de création – et sa complexité demeure pourtant en partie méconnu.

De l’intime au symbole

« Nous voulons autre chose que la simple
photographie de la nature. Nous ne voulons pas non plus
peindre de jolis tableaux à accrocher aux murs du salon.
Nous voudrions un art qui nous prend et nous émeut,
un art qui naîtrait du coeur. »

(Journal, 1889)

Edvard Munch est initié dès l’enfance au dessin et à la peinture par sa tante Karen Bjølstad, qui l’élève depuis le décès prématuré de sa mère. À l’âge de
dix-sept ans, il entre au Collège royal de dessin de Kristiana (actuelle Oslo) mais ne suit pas de formation artistique à proprement parler, la Norvège n’étant pas pourvue d’une véritable académie.

En 1885, il séjourne à Paris une première fois grâce à l’aide financière du peintre Frits Thaulow. Il visite les musées français et découvre les oeuvres des artistes
naturalistes mais également celles des impressionnistes qui faisaient alors scandale en France. Il leur emprunte notamment leur facture rapide et leur traitement libre des couleurs.
Munch se détourne cependant très rapidement de la peinture de paysage pour peindre des portraits sensibles de ses proches, principalement ses soeurs Inger et Laura, ou ses amis de la bohème de Kristiania. Au tournant des années 1890, la dimension symbolique de ces scènes intimes devient déterminante, apportant à son oeuvre toute sa singularité.

Explorer l’âme humaine

« On ne doit plus peindre d’intérieurs, de gens qui lisent et de femmes qui tricotent. Ce doit être des personnes vivantes qui respirent et s’émeuvent,
souffrent et aiment. Je vais peindre une série de tableaux de ce genre – Les gens en comprendront la dimension sacrée et ils enlèveront leur chapeau
comme à l’église. » (Carnet de notes, 1889-1890)

Puberté occupe une place à part : elle débute un questionnement majeur sur le passage entre deux âges, sur cet état d’instabilité caractéristique des moments

                                                             L’enfant malade
déterminants de la vie. Dans Désespoir, le peintre livre avec une intensité rare l’une des clés de compréhension de son oeuvre : la projection du sentiment humain sur la nature environnante. Enfin, dans L’Enfant malade, écho
à la mort précoce de sa soeur aînée, il affirme la vocation universelle de ses oeuvres, qui dépassent par leur force l’évocation d’un événement personnel.

La Frise de la vie

« La frise de la vie a été pensée comme une série cohérente de tableaux,
qui doivent donner un aperçu de la vie. J’ai ressenti cette fresque comme un poème

de vie, d’amour, de mort… ». (La Frise de la vie, 1919)

                                   Edward Munch, la Frise de la vie croquis

Soucieux de se faire comprendre, le peintre invente une nouvelle
manière de présenter son art pour en souligner la cohérence. Il regroupe ainsi ses principaux motifs dans un vaste projet qu’il finit par intituler La Frise de
la vie. Initiée au cours des années 1890, cette série de tableaux fait l’objet de plusieurs grandes expositions. 
   Celle de Berlin en 1902 est un jalon important : pour la première fois, Munch pense l’accrochage de ses oeuvres comme un véritable discours, insistant sur le cycle perpétuel de la vie et de mort.
Ce projet est si crucial à ses yeux qu’il pourrait résumer l’essentiel de sa carrière. Il travaille tout au long de sa vie sur les toiles qui le composent et en explore les possibilités. Dans les années 1900 et 1910, il se tourne par ailleurs vers des projets liés au théâtre ou au décor architectural dans lesquels il intègre certains thèmes de La Frise de la vie.

Les vagues de l’amour

« J’ai symbolisé la communication entre les êtres séparés à l’aide de longs        cheveux ondoyants.
La longue chevelure est une sorte de fil téléphonique. »
(Projet de lettre à Jens Thiis, vers 1933-1940)

                                                                   Métabolisme

Parallèlement à ses peintures, Munch décline les motifs de La Frise de la vie dans de nombreux dessins et gravures. Il commence à les exposer comme
ses toiles, les intégrant pleinement à son discours, dès 1897 à Kristiania ou en 1902 à Berlin. Cette salle est organisée autour du lien, sentimental
ou spirituel, qui unit les êtres humains entre eux ; Munch le symbolise par la chevelure de la femme, qui relie, attache ou sépare. Ce motif matérialise
les relations entre les personnages et rend visibles leurs émotions. Dans ses évocations du sentiment amoureux, l’artiste projette une vision complexe et
toujours ambigüe de la femme. Les figures sensuelles sont toujours chez Munch une source de danger ou de souffrance potentielle. Alors qu’il fait de sa Madone
une icône, un sujet de dévotion, il l’associe pourtant souvent au macabre.

Reprises et mutations du motif

« Il y a toujours une évolution et jamais la même – je construis un tableau à partir d’un autre. »
(Projet de lettre à Axel Romdahl, 1933)
Munch, comme beaucoup d’artistes de son temps, pratique l’art de la reprise. Il décline autant les motifs que la composition générale de ses oeuvres : on peut
ainsi considérer de nombreuses toiles ou gravures comme des variations de productions antérieures.
Cette pratique ne se limite pas à une question formelle mais est pleinement intégrée à la nature cyclique de son oeuvre. Les éléments communs d’une composition à une autre créent une continuité entre ses oeuvres, quelle que
soit leur date de création ou la technique utilisée.

Par ailleurs, cet art de la variation lui permet d’approcher à chaque fois un peu plus l’émotion qu’il cherche à provoquer. Grâce aux multiples versions de ses oeuvres, il peut de plus garder près de lui un souvenir de sa production, inspiration pour de futures réalisations.
Afin de diffuser toujours plus largement son art, Munch s’initie à la gravure
au milieu des années 1890.Cette technique devient un véritable terrain d’exploration qu’il s’approprie rapidement pour produire des oeuvres
toujours plus expressives.

Le drame du huis-clos

Munch n’a de cesse de se confronter au théâtre de ses contemporains, à la fois comme source d’inspiration littéraire mais aussi en s’intéressant à la mise en scène moderne et son nouveau rapport à l’espace de la scène.
Ses premières expériences dans ce domaine datent de sa rencontre en 1894 avec Aurélien Lugné-Poe, directeur du nouveau Théâtre de l’OEuvre. Il réalise en 1896 et 1897, à l’occasion d’un séjour en France, les programmes illustrés de deux pièces du dramaturge norvégien Henrik Ibsen, Peer Gynt et John Gabriel
Borkman.

Dix ans plus tard, Munch s’investit dans la production d’une pièce, entamant sa première véritable collaboration avec un metteur en scène, l’Allemand
Max Reinhardt, fondateur des Kammerspiele (« théâtre de chambre »), une salle berlinoise où le sentiment d’intimité est renforcé par une atmosphère simple et dépouillée. Munch réalise ainsi, en 1906, le décor d’une autre pièce d’Ibsen, Les Revenants. Les deux artistes poursuivent leur collaboration avec la pièce Hedda Gabler. Ces expériences ont un impact immédiat dans l’oeuvre de Munch : son regard sur la construction de l’espace en est transformé, notamment dans la série de toiles qu’il réalise en 1907, La Chambre verte.

                                                             Les Revenants

Mise en scène et introspection

« La maladie, la folie et la mort étaient les anges noirs qui se sont penchés sur mon   berceau. »
(Carnet de notes, non daté)

                                                                 Solitude
Certains thèmes du théâtre d’Henrik Ibsen mais aussi du dramaturge suédois August Strindberg, comme la solitude ou l’impossibilité du couple, font directement écho à l’univers de Munch. Celui-ci va jusqu’à emprunter des scènes précises de leurs pièces pour certains de ses autoportraits. Il se représente ainsi à plusieurs reprises dans l’attitude de John Gabriel Borkman : ce personnage d’Ibsen reste cloîtré dans sa chambre pendant de longues années, emprisonné dans ses pensées obsédantes. Cette identification trouve d’autant plus de sens depuis que l’artiste vit dans un certain isolement suite à son installation à Ekely, au sud d’Oslo, à partir de 1916.

                                                            Autoportrait en enfer

La pratique de l’autoportrait chez Munch ne se limite pas à cette dimension théâtrale et s’étend sur l’ensemble de sa carrière. Au-delà de l’introspection, s’y exprime un certain rapport de l’artiste aux autres et au monde, oscillant entre implication dans le monde extérieur et retrait intérieur. Les portraits de Munch expriment également une conscience aiguë de la souffrance de
la vie, de la difficulté à créer, du caractère inéluctable de la mort.

Le grand décor

« C’est moi, avec la frise Reinhardt il y a trente ans, et l’aula et la frise Freia, qui ai initié l’art décoratif moderne. »
(Lettre de Munch à la communauté des travailleurs d’Oslo, 6 septembre 1938)

Dans les premières années du xxe siècle, Munch participe à plusieurs grands projets décoratifs et se confronte à la question de la peinture monumentale.
Les programmes qu’il élabore s’intègrent pleinement à ses réflexions en reprenant des thèmes et des motifs déjà présents dans son oeuvre. En 1904, il répond à une commande de son mécène, Max Linde, par une série de peintures pour décorer la chambre de ses enfants.
Il y reprend certains sujets constitutifs de La Frise de la vie et ajoute des évocations plus directes de la nature. Les oeuvres lui sont finalement rendues par le commanditaire qui les juge, à regret, inappropriées.


Entre 1909 et 1916, Munch réalise son grand oeuvre en matière
de décoration architecturale pour la salle d’honneur de l’université d’Oslo, en réponse à un concours national.

Details from Universitetets Aula

L’artiste joue dans ce projet très politique une grande part de sa renommée internationale. Il met de nombreuses années à convaincre le jury et réalise
de nombreux essais avant d’arriver au résultat final, toujours en place aujourd’hui.

Informations pratiques

Horaires, accès et tarifs

Lundi
Fermé
Mardi
9h30 – 18h00
Mercredi
9h30 – 18h00
Jeudi
9h30 – 21h45
Vendredi
9h30 – 18h00
Samedi
9h30 – 18h00
Dimanche
9h30 – 18h00

Musée d’Orsay
Esplanade Valéry Giscard d’Estaing 75007 Paris

Métro : ligne 12, station Solférino
RER : ligne C, station Musée d’Orsay
Bus : 63, 68, 69, 73, 83, 84, 87, 94

 

DIALOGUE MONET – MITCHELL

A la Fondation Vuitton jusqu’au 27 février 2023

Commissaire générale de l’exposition
Suzanne Pagé, Directrice artistique de la Fondation Louis Vuitton, Paris
Co-commissaires
Marianne Mathieu, directrice scientifique du Musée Marmottan Monet,
Angeline Scherf, conservatrice à la Fondation Louis Vuitton
assistée de Cordélia de Brosses, chargée de recherches
et Claudia Buizza, assistante de conservation
L’exposition « Monet - Mitchell » est organisée dans le cadre d’un partenariat scientifique avec le Musée Marmottan Monet.
L’exposition « Rétrospective Joan Mitchell » est co-organisée par le San Francisco Museum of Modern Art (SFMOMA) et le Baltimore Museum of Art (BMA) avec la Fondation Louis Vuitton.

C’est un grand privilège de participer à cette nouvelle vision de Claude Monet et de Joan Mitchell, artiste à laquelle la Fondation accorde une importance toute particulière au sein même de sa collection. La puissance et le lyrisme de leur peinture se font écho et soulignent ce qui les rapproche profondément : un lien intime à la nature, porteur d’une réelle force régénératrice.

Bernard Arnault
Président de la Fondation Louis Vuitton
(extrait)

L’exposition « Monet-Mitchell » s’inscrit dans la ligne d’une programmation résolue de la Fondation liant la modernité historique à un engagement contemporain, à travers filiations ou correspondances d’artistes ou de mouvements artistiques.
Aujourd’hui il s’agit d’une stratégie plus sophistiquée et avant tout sensible, de l’ordre de la consonance, dans la mise en regard d’oeuvres de deux grandes figures : Joan Mitchell, inscrite dans la modernité de l’expressionnisme abstrait américain, enfin reconnue comme l’une des grandes voix du XXe siècle et Claude Monet, icône française de l’impressionnisme au moment où, réhabilité à travers ses oeuvres tardives, il est redécouvert et salué comme pionnier de la modernité américaine des années 50.
Suzanne Pagé

Parcours de l’exposition

Deux générations différentes

De générations différentes – Joan Mitchell étant née un an avant la mort de Claude Monet -, leurs peintures furent d’abord rapprochées dans le cadre de l’émergence de l’expressionnisme abstrait américain dans les années 1950. Monet est alors redécouvert comme précurseur de la modernité américaine et son oeuvre tardive réhabilitée après l’accueil critique reçu en France par les Nymphéas de l’Orangerie en 1927. L’association des deux artistes est confortée par l’installation de Mitchell à Vétheuil en 1968, dans une demeure surplombant la maison où vécut Monet de 1878 à 1881.

Prenant appui notamment sur la déclaration de Joan Mitchell au critique américain Irving Sandler en 1957,

« J’aime le Monet de la fin, mais pas celui des débuts »,

Joan Mitchell
En regard
REFLETS ET TRANSPARENCES, « L’HEURE DES BLEUS »

Les reflets constituent une thématique essentielle chez Monet. En témoignent ici les peintures inspirées par le bassin qu’il crée dans son jardin : depuis Nymphéas avec reflets de hautes herbes (1897) jusqu’à Saule pleureur et bassin aux nymphéas (1916-1919) et Agapanthes (1916-1919), études pour les Grandes Décorations (1914-1926). À travers de nouveaux formats et d’innombrables variations où fusionnent les mondes aquatiques, célestes et végétaux, Monet confine ici à une forme d’abstraction. « L’azur aérien captif de l’azur liquide » (Paul Claudel).

                       Claude Monet, Le bassin aux nymphéas, 1917-1919

Élément récurrent dans la peinture de Mitchell, l’eau, par le jeu de ses mémoires croisées, est celle du lac Michigan de son enfance, comme de la Hudson et de la East River de sa maturité à New York et celle de la Seine à Vétheuil. En 1948, elle partage sa fascination avec Barney Rosseta:

Joan Mitchell, Quatuor II for Betsy Jolas, 1976

«Je découvre que l’on peut même trouver une raison de vivre dans les profondeurs, les reflets dans l’eau »

 On les retrouve ainsi dans Sans titre (1955) et Quatuor II for Betsy Jolas (1976), celui-ci inspiré par la musique de cette compositrice et par le paysage que Mitchell voit depuis sa terrasse de Vétheuil à l’« heure des bleus», entre la nuit et le jour.

SENSATION ET FEELING

À partir du jardin que Monet crée comme motif et du paysage élu par Mitchell à Vétheuil, les deux artistes cherchent à fixer une « sensation » ou un « feeling », soit le souvenir de l’émotion provoquée au contact de la nature et transformée par la mémoire. C’est dans leur quête incessante autour de la couleur que les correspondances entre les deux artistes sont les plus fortes.

                                                   Un jardin pour Audrey (1975)

Un jardin pour Audrey (1975) dans un format monumental, un vocabulaire clairement abstrait et une gamme chromatique où dominent les verts, jaunes et orange sur fond blanc, fait écho aux Hémérocalles (1914-1917) et aux Coins du bassin (1917-1919) de Monet.

                             Claude Monet Les Hémérocalles, 1914-1917

Beauvais (1986), réalisé à l’occasion de la visite de l’artiste à l’exposition des Matisse venus de Russie,

                                                Joan Mitchell, Beauvais1986
rejoint la liberté de touche des Iris Jaunes de Monet (1914-1917).

                                        Iris Jaunes de Monet (1914-1917)  
                                                           Joan Mitchell, Row Row (1982)
La gamme des bleus, verts et mauves de Row Row (1982) dialogue avec celle des Nymphéas avec rameaux de saule (1916-1919) et des Nymphéas (1916-1919)

                                       Claude Monet, Nymphéas (1916-1919)

dont la sérialité conduit progressivement à l’effacement du motif au service d’une planéité à la limite de l’abstraction.
Contrastant avec une composante de mauves et de violets, les jaunes dominent dans Two Pianos (1980),

                                      Joan Mitchell Two Pianos, 1980
dont la dynamique des touches renvoie à une composition musicale éponyme de Gisèle Barreau. Dans une gamme comparable de rouge et de jaune, La Maison de l’artiste vue du jardin aux roses (1922-1924) de Monet atteste de la liberté expressive de la couleur et du geste. Une même dissolution du sujet est notable dans une série de tableaux de chevalet : Le Pont japonais (1918-1924) et Le Jardin à Giverny (1922-1926).

Claude Monet les saules pleureurs

PRÉSENCE DE LA POÉSIE

La poésie accompagne en permanence Joan Mitchell. Fille de la poète Marion Strobel, elle est proche d’écrivains et de poètes américains : James Schuyler, Frank O’Hara, John Ashbery… et, en France, de Samuel Beckett et Jacques Dupin. Sans titre, peint vers 1970, faisait partie de la collection de ce dernier, dont quatre poèmes ont inspiré les compositions au pastel réalisées par Joan Mitchell aux alentours de 1975 et présentées dans cette salle.

                                     Joan Mitchell, Sans titre, peint vers 1970
Claude Monet côtoie les écrivains de son temps, comme Zola, Maupassant, Mallarmé et Valéry. Les poètes sont d’ailleurs parmi les premiers, et longtemps les seuls, à célébrer l’oeuvre tardive de Monet, à laquelle appartient Iris (1924-1925).

                                                                 Claude Monet, 1924/25
En fin de section, Mon Paysage (1967), à travers la synthèse et l’économie de son titre, résume à lui seul l’engagement fondamental de Mitchell :

« Je peins à partir de paysages mémorisés que j’emporte avec moi – et de sensations mémorisées… ».

« UNE ONDE SANS HORIZON ET SANS RIVAGE » (MONET)

L’espace laissé en réserve domine dans les Nymphéas de Monet (1917-1919) et River de Mitchell (1989), mis en dialogue : le blanc en apprêt ou en rajouts s’associe à une gamme de vert, bleu, jaune et mauve, éclairant les compositions dans l’ouverture et l’extension de l’espace.

                                                         Joan Mitchell, River, 1989
Monet retranscrit la fluidité de l’eau par des touches courtes proches d’une écriture calligraphique que l’on retrouve avec une autre intensité dans la gestualité expressive du diptyque de Mitchell.

                                                    Claude Monet Nymphéas, 1917-1919

Le parcours se clôt sur deux grands ensembles : d’une part,


 L’Agapanthe de Monet (1915-1926), triptyque monumental qui a joué un rôle décisif pour la reconnaissance de l’artiste aux États-Unis, exposé ici pour la première fois dans son intégralité à Paris ; d’autre part, dix tableaux issus du cycle de La Grande Vallée de Joan Mitchell (1983-1984). Tous deux correspondent à des environnements où la dissolution du sujet dans la couleur et l’affranchissement des limites spatiales créent un espace immersif pour le spectateur.

                                     Joan Mitchell, la Grande vallée
La gamme colorée privilégie les mauves, violets, bleus, verts et jaunes ; chez Monet l’application de frottis monochromes en atténue l’éclat, induisant une certaine contemplation. Chez Mitchell, les couleurs sont fortes et les touches énergiques, faisant de cette oeuvre, à l’origine endeuillée, un éclatant hymne à la vie.

Informations pratiques

Réservations
Sur le site : www.fondationlouisvuitton.fr
Horaires d’ouverture
(hors vacances scolaires)
Lundi, mercredi et jeudi de 11h à 20h
Vendredi de 11h à 21h
Nocturne le 1er vendredi du mois jusqu’à 23h
Samedi et dimanche de 10h à 20h
Fermeture le mardi
Horaires d’ouverture
(vacances scolaires)
Vacances de la Toussaint : Tous les jours de 10h à 20h
Vacances de Noël : Tous les jours de 10h à 20h
Vacances de Février : Tous les jours de 10h à 20h
Accès
Adresse : 8, avenue du Mahatma Gandhi,
Bois de Boulogne, 75116 Paris.
Métro : ligne 1, station Les Sablons,
sortie Fondation Louis Vuitton.
Navette de la Fondation : départ toutes les
20 minutes de la place Charles-de-Gaulle – Etoile, 44 avenue de Friedland 75008 Paris (Service réservé aux personnes munies d’un billet Fondation et d’un titre de transport – billet aller-retour de 2€ en vente sur www.fondationlouisvuitton.fr ou à bord)

Sommaire du mois de novembre 2022

30 novembre 2022 : ST-ART 2022, 26e édition
28 novembre 2022 : SurréAlice – une double exposition
25 novembre 2022 : L’art mystique de Laurent Grasso
20 novembre 2022 : Stephen Dock, photographe
15 novembre 2022 : Raymond Stoppele, le vénitien
11 novembre 2022 : La modernité déchirée
10 novembre 2022 : Oskar Kokoschka. Un fauve à Vienne
7 novembre 2022  :  Hyperréalisme. Ceci n’est pas un corps
5 novembre 2022 :   Jacques Thomann – le regard poétique
2 novembre 2022  :  L’art brut – Collection Würth

ST-ART 2022, 26e édition

Foire européenne d’art contemporain et de design

Parc des expositions, Strasbourg 

Du 25 au 27 novembre 2022

Un nouvel écrin pour ST-ART

Le 24 novembre 2022, ST-ART a  soufflé sa 26ème bougie. Après avoir fêté son quart de siècle, elle profite du plus beau des cadeaux : une implantation dans le
tout nouveau Parc des expositions de Strasbourg, au pied des rives de l’Aar. Une oeuvre en soi signée Kengo Kuma l’architecte japonais, gagnant du prestigieux
Global Award for Sustainable Architecture.

Les exposants ont unanimement apprécié ce nouvel écrin
« lumineux et aéré, aux espaces de circulation plus spacieux« .

BILAN
  • 55 exposants dont
  • 46 galeries
  • 14 galeries étrangères
  • 15 exposants du territoire alsacien
  • 25 exposants qui revenaient
  • 30 nouveaux exposants
  • Près de 250 artistes présentés
  • Plus de 600 oeuvres exposées
Des retours enthousiastes

Les exposants ont salué « une très bonne édition » et se sont montrés satisfaits de leur participation.

Une foire tremplin

ST-ART est synonyme de démarrage, de tremplin et c’est ce qui lui a valu sa réputation : c’est à Strasbourg que tout peut commencer, pour une galerie, un artiste ou une collection.

  • Le secteur First Call rassemblait cette année 30 nouvelles galeries, soit plus de la moitié des exposants. Une façon d’affirmer plus que jamais sa mission de foire précurseur.
    Une galerie nomade Yannick Kraemer, collectionneur presque compulsif,qui met en vente une partie de sa collection, dont une toile signée Combas affichée à 280 000 €.  La coiffure peut mener à la peinture, Yannick Kraemer a monté une chaîne de salons de coiffure à succès.

                                                     photo Robert Cahen

  • Le soutien et l’adhésion de la Ville de Strasbourg à ST-ART ont permis également d’appuyer cette position de foire tremplin en mettant en scène cette année des artistes récemment diplômés de la HEAR – Haute Ecole des Arts du Rhin de Strasbourg, et la Gedok Haus de Stuttgart, dont les structures célèbraient 70 ans de collaboration

                                Martina Geiger-Gerlach    photo elisabeth itti

  • L’édition 2022 initiait une collaboration inédite avec l’école CAMONDO et dévoilait son regard totalement innovant autour de l’Intelligence Artificielle.

Les événements de cette 26e édition

Une exploration des liens entre cinéma et photographie

ST-ART a souhaité, pour sa 26ème édition, croiser les pratiques artistiques et explorer les liens entre cinéma et photographie. Cette thématique a été portée par :

• l’association inédite avec « Strasbourg art photography » ou Mois de la photographie, qui avait lieu pour la 1ère fois au mois de novembre (et non au printemps) et dont la foire était la clôture.

                                                 Ryo Tomo – la séparation 2021 photo EI

• la présentation, au coeur de la foire, d’un projet d’exposition intitulée
« Cinéma et photographie, un lien si sensible » porté par Ryo Tomo, directeur du festival Strasbourg art photography.

                                                          Photo EI
Installation La Belle captive  – coup de coeur
Sur une proposition de Ryo Tomo, le couple d’artistes strasbourgeois Dool présente son installation

Conçue et réalisée par Dool (Diane Ottawa et Olivier Lelong), l’installation
« La belle captive » s’inspire de l’oeuvre de Magritte et du film d’Alain Robbe-Grillet. Il s’agit ici d’une installation à média mixtes, principalement composé de photographies numériques et de vidéo.

                                                            photo EI
La belle captive chez Magritte représente une mise en abîme dans laquelle il est possible de plonger, et nous donne à penser les liens qui existent entre différents niveaux de représentations dans la peinture, le roman, le cinéma et la photographie.

• une exposition vidéo avec l’invitation de Patricia Houg à l’artiste
Tim White-Sobieski.
Le projet, qui rend hommage à l’oeuvre En attendant Godot de Samuel Beckett, comprend une installation vidéo synchronisée à 4 canaux avec trame sonore
et musique de Henry Purcell et Giovanni Battista Pergolesi.
L’intrigue de la pièce implique deux personnages qui attendent quelqu’un qui ne vient jamais.

                                                                     photo EI
Waiting for Godot est une pièce absurde qui explore les thèmes de la philosophie existentialiste. Le vide et le caractère aléatoire de l’intrigue amènent le public à se demander si quelque chose va se produire et s’il y
a un sens quelconque dans la pièce – ou dans la vie.
Le film Waiting for the God transcende les frontières géographiques et ethniques et est de nature cosmopolite. Elle interpelle les coeurs et les esprits de tous parce qu’elle soulève les questions fondamentales de l’esprit humain :
Qui sommes-nous ? Où allons-nous ? D’où venons-nous ?

• la création d’un secteur dédié aux galeries présentant des photographes contemporains ou historiques.

Hommage à Jean Greset

Jean, l’art brut et l’art singulier
Jean Greset, un fidèle acteur de ST-ART nous a quitté au mois d’avril 2022.
Sur une initiative de la Direction du salon et de son comité de sélection, porté par Georges- Michel Kahn et Rémy Bucciali, un hommage lui est rendu par la foire. C’était une référence majeure sur le territoire français en la matière.

Une oeuvre monumentale pour la Nef

 Une oeuvre monumentale, de l’artiste Angela Glajcar, vous accueillait dans la Nef du Parc des Expositions. Artiste exposée par la galerie Stream Art Gallery

                     – Stream Art Galery – Angela Glajcar  – Photo: lfdd

Une performance

Une performance de Simon Berger a été présentée par la Galerie Mazel le soir du vernissage. Au cours de cette performance, l’artiste a réalisé une oeuvre de 150 x 150 cm sur du verre. Briser du verre est généralement considéré comme une mauvaise action, plus souvent
comme un acte de vandalisme. Mais que diriez-vous si cette destruction pouvait en
fait se révéler d’une beauté éclatante ?
Cet artiste suisse nous montre comment nous pouvons briser le verre et trouver de nouvelles façons de percevoir des matériaux du quotidien.
Après trois ans de recherche et de tentatives, Simon Berger a découvert le moyen de fissurer le verre sans le briser, transformant ainsi des vitres ordinaires de ce matériau fragile en de remarquables portraits.

Les galeries exposant à ST-ART sont sélectionnées par un comité de sélection,
composé pour cette édition de :

REMY BUCCIALI

Officier des Arts et des Lettres.
Né en 1952 à Rueil-Malmaison, il étudie la photographie et
les arts plastiques à Paris et entre en 1972 à l’atelier RIGAL
à Fontenay aux Roses. Nommé taille-doucier en 1975, il
travaille jusqu’en 1976 sous la direction du Maître Gaston
Gerbault.
En 1977 il ouvre son propre atelier à Paris avant d’ouvrir
en 1983 un atelier à Colmar. Depuis lors, de nombreux
artistes internationaux sont édités dans son atelier. Editeur de gravures contemporaines depuis 1989 sous le label «
Editions Rémy Bucciali », il collabore avec de nombreuses galeries françaises et étrangères : Paris, Barcelone, Berlin, Copenhague, Cologne, Rotterdam, Stockholm, Düsseldorf.
Il participe également à de nombreuses foires internationales, telles que Art Paris, Art Elysées, ST-ART, Düsseldorf, Francfort, ART Karlsruhe, London Print Art Fair et AAF Bruxelles.

GEORGES-MICHEL KAHN

Après 20 ans dans une entreprise de prêt porter, et déjà collectionneur de l’abstraction des années 50/60 française et européenne, Georges-Michel Kahn a ouvert en 1997 une galerie à Strasbourg sur la place du Musée d’Art Moderne
et Contemporain. Après 7 ans à Strasbourg, il a ensuite ouvert un show room à Paris et depuis 2006 s’est installé à l’île de Ré.
La galerie édite tous les ans des multiples d’artistes et participe à l’édition de livres d’artistes.

Les 2 galeristes ont présenté ST’Art 2022 en l’absence de Patricia Houg, à la presse. ( les 2 photos Robert Cahen)

La SAAMS

La Société des Amis des Arts et des Musées de Strasbourg a fait éditer un livre pour marquer les 190 ans de la société.
Le 28 e prix Théophile Schuler a été remis par la main de son président Bertrand Alain Gillig à Hélène Thiennot à la foire ce samedi.
L’artiste est diplômée de l’Ecole Supérieure d’Art de Lorraine de Metz. Photographe et dessinatrice elle montre « Souches » dessin à l’encre noire,
des troncs d’arbres coupés, sa manière de montrer l’impact de l’homme sur la nature. La dotation est de 3000 €

Galeries alsaciennes

Valérie Cardi revient cette année avec une diversité d’artistes, aux médium différents, dont sur la photo, Bernard Latuner et Yves Bingert

 

                                                             photo EI

Withoutart Galerie, Marc Sun met l’accent sur les oeuvres de deux artistes taiwanais, Pan Hsinhua et Wu Ichien.
L’un et l’autre, à travers leurs peintures, touchent à la question de la mémoire collective et à la transmission entre les générations.

En parallèle à cela, WITHoutARTgalerie propose une vue d’ensemble des artistes de la galerie :

photo EI
La calligraphie contemporaine à travers les oeuvres de André Kneib, artiste ayant participé au renouveau de l’art de la calligraphie en Chine.

AEdaen propose Francesca Gariti

Photo EI

Jean Pierre Ritsch-Fisch

Le galeriste a passé la main à Richard Solti qui présente toujours  de l’art brut

                                                          Stéphane Spach photo EI

                                                                      photo EI

Beaucoup de galeries présentent des artistes venant d’Asie.
Le discours des artistes nous rappelle la pandémie qui leur a permis de se concentrer à leur domicile pour créer des oeuvres, tout en dénonçant la société de consommation.
Rendez-vous à l’année prochaine. Si vous souhaitez en savoir plus, vous pouvez consulter l’excellent blog de la Fleur du dimanche

L’art mystique de Laurent Grasso

Au Collège des Bernardins Paris jusqu’au 18 février 2023
 Grégory Quenet,
historien de l’environnement commissaire

                                            Laurent Grasso photo journal des arts

L’artiste et vidéaste contemporain français Laurent Grasso habille le Collège des Bernardins à Paris avec ses créations inspirées des découvertes scientifiques, des sciences humaines mais aussi de rumeurs et des croyances populaires. Cette exposition est le fruit d’échanges et de réflexions avec l’équipe de recherche de la chaire Laudato si’. Pour une nouvelle exploration de la Terre du Collège des Bernardins.

Laudato si’

Aujourd’hui, le Collège des Bernardins mobilise un collectif de chercheurs – explorateurs de cette nouvelle terre – autour d’une nouvelle chaire de recherche – action – pédagogique. Leur mission est de contribuer à renouveler nos paradigmes, nos imaginaires, nos affects afin d’apprendre à
« aimer la terre et mieux l’habiter ».
Dès l’entrée la sérénité et la solennité du lieu engage à une introspection,
mais aussi attise la curiosité.

Studies into the Past

Laurent Grasso a imaginé une nouvelle série de peintures
« Studies into the Past ». À la forêt du Mont Sainte-Odile, son lieu d’inspiration, répond la forêt de colonnes de la voûte cistercienne du Collège des Bernardins, sur lesquelles viennent se fixer, par un système d’accroche en bronze, une série d’huiles sur bois. L’artiste s’est inspiré du 17e siècle hollandais présentant des intérieurs historiques. Plus précisément de l’accrochage des obiit, ces armoiries funéraires placées aux piliers des églises.

Architecture gothique

Des phénomènes étranges caractéristiques de son travail (nuages, rochers en lévitation, flammes) semblent avoir traversé l’écran pour envahir les vastes architectures voutées représentées sur les peintures.
« Studies into the Past » vient prolonger un travail de longue date sur le temps et le voyage dans le temps où des systèmes d’échos et de mise en abyme viennent approfondir ici un sentiment de flottement face à cette archéologie imaginaire du travail.

L’enfant au renard

 Une sculpture en bronze montre un enfant portant un renard. Avec la silhouette mince du personnage et ses traits simplifiés, elle rappelle les pâtres des crèches de Noël, venant offrir leur présent, muet mais terriblement évocateur.
« À la manière d’un messager ou d’un oracle, le jeune enfant semble avoir accès à quelque chose d’unique ou détenir la clé d’un savoir », explique Laurent Grasso.

Il invite le visiteur dans la sacristie où un film le met en scène comme l’animal qu’il tient dans ses bras.

Argos Panoptès

Sur les murs de la nef, des branches métalliques certaines sont garnies de néon.  Ces arbres ont des yeux en guise de fruits. Passionné par le thème de la vision, de la surveillance et du pouvoir de l’objet, Laurent Grasso s’est emparé de ce motif (une tige d’apparence végétale supportant des yeux) pour créer des sculptures évoquant le « regard omniscient », celui de la Sainte Lucie, qui porte l’objet de son martyre sur un plateau, celui de Sainte Odile (Ste patronne de l’Alsace) qui tient ses yeux sur un livre ouvert ou celui d’Argos Panoptes, le berger aux cent yeux.

 Anima, le film

Au départ, il y a cette singularité du Collège des Bernardins : un dialogue permanent entre la recherche et l’art qui chacun, s’exerce en liberté.

« C’est une première pour le Collège des Bernardins parce que c’est une création. Ce que je trouve particulièrement original c’est la façon dont nous avons mis en place une conversation qui n’a jamais été ni exactement une commande, ni exactement quelque chose qui se déroule où tout est appliqué » explique Gregory Quenet, titulaire de la chaire du Collège des Bernardins, en référence à sa collaboration avec Laurent Grasso. (extrait du film)

C’est au Mont Saint-Odile, en Alsace, que l’artiste a trouvé son inspiration mais Laurent Grasso a avancé sur le chemin de la création artistique, nourri des échanges des historiens et théologiens du Collège des Bernardins, ainsi que d’un spécialiste de la géobiologie. « Je me suis toujours méfié d’un art trop illustratif (…). J’ai une approche plus intuitive. Mon travail est assez sensoriel mais aussi très informé » explique Laurent Grasso. 

Informations pratiques

Collège des Bernardins
20 rue de Poissy, Paris

Horaires d’ouverture :

  • Du lundi au samedi de 10h à 18h
  • Le dimanche de 14h à 18h

Fermée à partir de 14h exceptionnellement le 18 novembre, et du samedi 10 décembre 12h au jeudi 15 décembre 14h

Livre d’art

Parution le 5 janvier 2023
Catalogue d’exposition
ANIMA LAURENT GRASSO
chez GALLIMARD Livres d’art

galerie Perrotin

Stephen Dock, photographe

À LA FILATURE, SCÈNE NATIONALE DE MULHOUSE

Stephen Dock est un photographe français autodidacte né en 1988 à Mulhouse. Il vit et travaille à Cambrai. Au fur et à mesure des projets, il affirme une écriture de plus en plus plastique et radicale qui se fonde sur sa rupture avec les milieux journalistiques de ses débuts. Sa démarche se concentre autour d’une recherche visuelle sur notre aptitude à construire et à évoluer dans un environnement urbain, culturel ou politique. Il est particulièrement attaché aux traces que laissent tous types de fractures, conflits réels ou larvés, de classes ou états de guerre sur nos contemporains.

Les Prix

Membre de l’agence VU’ de 2012 à 2015, Stephen Dock est finaliste du Prix Leica Oskar Barnack en 2018, nominé pour le Prix Découverte Louis Roederer des Rencontres d’Arles en 2020 et coup de coeur du Prix LE BAL de la jeune création avec l’ADAGP en 2021. Son travail a été exposé à la galerie Leica lors de Paris Photo 2018, au festival Visa pour l’image en 2017, aux Journées photographiques de Bienne et au Musée Nicéphore Niépce en 2022.

S’il se forme très tôt à la photographie et veut, dès l’âge de vingt ans, se saisir de l’événement, en particulier dans des zones de guerre, Stephen Dock remet rapidement en question sa pratique : son attrait pour les champs de bataille traduit au fond une souffrance intime, un conflit intérieur. À travers ses reportages sourd une réflexion sur sa propre condition : une incapacité
du photographe à vivre en paix. Il emprunte alors une nouvelle voie.
Dans ses séries, désormais, le noir et blanc et la couleur coexistent, les détails sont agrandis, le recadrage est possible. L’écriture est plus poétique, l’approche plus personnelle. Avec la photographie on peut parler du monde et parler de soi. Le dehors et le dedans ne sont jamais détachés.
Les mots de Gilles Peress à son égard
viennent affranchir son pas de côté.

« Toujours photographier de l’intérieur vers l’extérieur et non l’inverse »

Gilles Peress

SÉRIES EXPOSÉES

OUR DAY WILL COME

2012, la Nouvelle IRA se forme en Irlande du Nord. Stephen Dock décide de se rendre à Belfast à l’occasion du centenaire du pacte d’Ulster célébré par les unionistes. La tension est palpable, cependant il ne se passe rien. L’heure des combats armés est révolue. Les accords de paix du Vendredi Saint mettant fin à trente ans de guerre civile ont été signés en 1998. Mais les âmes ne sont pas apaisées et les anciens belligérants cohabitent dans une paix fragile.
Dans un camp comme dans l’autre la violence, culturelle, sociale et politique, habite et hante les individus. Elle marque les visages des rescapés et des nouvelles générations.


D’une emprise plus forte encore que la violence physique, elle modèle les comportements, s’inscrit comme un invariant se transmettant de génération en génération. Si la haine entre les communautés a façonné l’identité nord-irlandaise elle a aussi durablement marqué le territoire. La vie s’est créée autour des peace lines, les « murs de la paix », apparus après août 1969. Présents dans les villes, ils séparent les habitants d’un même quartier, parfois d’une même rue.
Les stigmates de la guerre sont partout. De larges fresques murales rendent hommages aux « héros », les messages peints avertissent le visiteur qu’il pénètre dans le fief des républicains ou des unionistes. Les murs parlent. Les tags marquent l’appartenance à des groupes dissidents, témoignent des soutiens aux emprisonnés, ou dénoncent le sentiment de colonisation ressenti : Brits out! (Les britanniques dehors !).
L’année est rythmée par les parades, marches et bonfires, ces bûchers faits de palettes de bois qui peuvent mesurer jusqu’à trente mètres de haut, et sur lesquels on brûle le drapeau irlandais ou l’Union Jack. Chaque événement est éminemment politique et marque la partition. La division est profonde et elle affecte les moindres détails de la vie quotidienne. Alors, comment photographier ce conflit larvé qui oppose depuis des centaines d’années deux communautés ? Comment rendre compte en image d’une société aussi divisée ?
Pour répondre à ces questions Stephen Dock s’est rendu sur place en Irlande du Nord, pendant six ans, à raison de onze voyages. Le photographe regarde et tente de comprendre cette incapacité à trouver la paix qu’il a lui-même éprouvé. Il constitue un corpus photographique de matières et de signes extraits de l’environnement quotidien : portraits, détail d’architecture, scènes de rue… Les traces, parfois infimes, laissées par le conflit sont prélevées par le photographe pour les rendre visibles.

commissariat : Emmanuelle Vieillard
coproduction : Musée Nicéphore Niépce ; La Filature, Scène nationale de Mulhouse
avec le soutien du CNAP – Centre National des Arts Plastiques

CONSTRICTION

Emmanuelle Walter – responsable arts visuels
Il y a un an, la maison d’arrêt de Mulhouse, construite au XIXe siècle à proximité du centre-ville, a officiellement fermé ses portes et ses 350 détenus, condamnés ou en attente de jugement, ont été transférés vers le nouveau centre pénitentiaire de Lutterbach. Les bâtiments qui ont été érigés durant les années 1865 à 1870, quelque temps avant la commune insurrectionnelle de Paris et le traité de Francfort qui allait fixer l’annexion de l’Alsace à l’empire germanique, avaient d’abord été utilisés comme maison centrale puis comme centre de détention avant de devenir une maison d’arrêt en 1998.
Quelques mois après sa fermeture et le transfèrement de ses détenus en novembre 2021, Stephen Dock a pu accéder à l’établissement vide et en délabrement qui avait comporté deux quartiers de détention des hommes, un quartier des femmes et un des mineurs, des corridors, cours de promenades, salles de classes et locaux administratifs, sanitaires et techniques. Pendant plusieurs jours, il y a réalisé un travail photographique, dont une dizaine d’images inédites sont présentées à La Filature.

Le livre 36

Stephen Dock a par ailleurs rassemblé dans un livre trente-six images d’une même cellule de prison – de ses quatre murs auxquels le regard se heurte et de son espace exigu d’enfermement qui témoigne de façon implacable des conditions de détention. Le livre 36 sortit en novembre 2022.
livre 36 coédité par Médiapop – Philippe Schweyer et La Filature, Scène nationale de Mulhouse
avec le soutien de la Collectivité européenne d’Alsace ; la Direction interrégionale des services pénitentiaires Strasbourg Grand-Est

Pratique

Exposition en entrée libre
du ma. 15 nov. 2022 au di. 8 janv. 2023 (dans le cadre de la Régionale 23)
du ma. au dim. de 14h à 18h + soirs de spectacles

CLUB SANDWICH je. 1er déc. 12h30
visite guidée de l’expo + pique-nique tiré du sac
(sur inscription 03 89 36 28 28)
LANCEMENT ET SIGNATURE DU LIVRE 36 DE STEPHEN DOCK
me. 23 nov. 20h
à la Librairie 47 Degrés Nord

VISITES GUIDÉES sur rendez-vous
edwige.springer@lafilature.org ou 03 89 36 28 34

La Filature de Mulhouse

Sommaire du mois d’octobre 2022

Ellie (3 ans) Halloween 2022 (Canada)

30 octobre 2022Fondation Beyeler, anniversaire 25 ans
28 octobre 2022 : Paris+ par Art Basel
26 octobre 2022 : Simone Adou : Âme animale à Saint-Louis
24 octobre 2022 : Talents Contemporains 10e Edition
18 octobre 2022 : Gérard Garouste – rétrospective
16 octobre 2022 : Fabienne Verdier– Le chant des étoiles
08 octobre 2022 : Doris Salcedo : Palimpsest
01 octobre 2022 : FÜSSLI,
ENTRE RÊVE ET FANTASTIQUE