Simone Kappeler « Fleur »

Une photographe suisse expose à La Filature,
Scène nationale – Mulhouse

Simone Kappeler vit et travaille à Frauenfeld (Suisse)
où elle est née en 1952. Elle commence à prendre des
photographies dès l’âge de 11 ans. Après des études en
littérature allemande et en histoire de l’art, elle étudie la
photographie à la Haute École d’art de Zurich.
En 1981, elle entreprend un voyage de quatre mois à travers
les États-Unis au volant d’une vieille Gran Torino.
Ces photographies, redécouvertes seulement en 2010,
sont regroupées dans l’exposition Through America
présentée notamment à Paris et New York. En 2014,
elle se voit décerner le Prix artistique de la ville de Constance
(Konstanzer Kunstpreis).

Birnbaum Tor, 5.5.2013

Une multitude de techniques photographiques :
Hasselblad, Leica, Diana, Brownie, Polaroid, appareil
jetable, films périmés ou infrarouges…
Depuis 1970, Simone Kappeler explore tous types
de techniques photographiques, introduit des colorations,
un flou artistique ou encore des distorsions pour
multiplier la diversité et la complexité de la vision
et de la perception.
Der Garten nachts, 13.9.2016

Elle utilise un stock de films qui ne sont désormais
plus produits et apporte un soin extrême aux tirages.
Son oeuvre, expérimentale et poétique, révèle le monde
curieusement étranger qui nous entoure.

Simone Kappeler aborde le proche comme le lointain.
Elle photographie sa famille, métamorphose les couleurs
des paysages alpins grâce à un film sensible aux infrarouges
ou fixe la fragile beauté des fleurs sous l’appareil
de radioscopie de son voisin médecin.
Röntgenphotographien(Photographies aux rayons X)

Ses expositions
Outre de nombreuses participations à des expositions
collectives, ses travaux ont été présentés dans des expositions
individuelles, notamment à la Kunsthalle de Winterthour
ou au Museum zu Allerheiligen de Schaffhouse.
Son travail a fait l’objet d’une première monographie :
Seile. Fluss. Nacht. Fotografien 1964–2011, édité par
Hatje Cantz.
Pfauen (Paons)

Elle accompagne son travail par l’ écoute des textes de
littérature, fidèle à ses études.
Avec Fleur, Simone Kappeler présente à La Filature
une exposition photographique sur le thème de la nature,
réunissant une centaine d’oeuvres.

Evènements
vernissage mardi 14 mars 19h
club sandwich
jeudi 16 mars 12h30
Une visite guidée de l’exposition le temps
d’un pique-nique tiré du sac.
L’occasion de partager son casse-croûte autant
que son ressenti. Passionnant et hautement convivial !
entrée libre en galerie, réservation conseillée
T 03 89 36 28 28

week-end de l’art contemporain Grand Est

vendredi 17, samedi 18 et dimanche 19 mars
Les réseaux d’art contemporain Versant Est en Alsace,
LoRA en Lorraine et Bulles en Champagne-Ardenne,
proposent au public de découvrir ou redécouvrir les lieux
d’art et les nombreuses propositions artistiques
programmées durant ce week-end : vernissages, visites,
rencontres, ateliers, concerts, conférences, lectures…
plus d’infos, réservations sur www.versantest.org
dimanche 19 mars : parcours en bus depuis Strasbourg
avec notamment visite de l’exposition à La Filature
plus d’infos, réservations sur www.versantest.org

Sommaire de février 2017

Totem, vibrations chamaniques, installation vidéo de
Robert Cahen réalisée pour le lieu, sera exposée dans
le hall de la Fonderie à Mulhouse du 14 mars au 1er avril 2017.

Mulhouse Art Contemporain présente, dans le cadre du
week-end de l’art contemporain,
du 17 au 19 mars 2017
une œuvre de l’artiste vidéo Robert Cahen.
L’association poursuit en cela son objectif principal
qui consiste à faire partager à tous les publics
la découverte des expressions multiples
de l’art contemporain, dont la vidéo est devenue,
ces dernières décennies, un des modes majeurs.
Dans cette discipline, il apparaît pertinent
d’offrir à Robert Cahen, l’un des représentants
majeurs y compris au plan international, de cette
écriture créative, une visibilité dans
sa propre ville.
Le choix du lieu, la Fonderie, la collaboration
avec La Kunsthalle, l’intégration de cette proposition
au week-end de l’art contemporain, illustrent
cette volonté de diffusion et de promotion de l’art
contemporain dans l’espace public mulhousien.
Vernissage-rencontre : mardi 14 mars à 18h00

Sommaire de Février 2017 :
01 février 2017 : Stephen Cripps. Performing Machines
05 février 2017 : De la Tête aux Pieds, dans la collection Würth
13 février 2017 :  L’OEil du collectionneur
15 février 2017 :  Thibaut Cuisset – « Campagnes françaises »
18 février 2017 :  Sigmar Polke, Alchimie et Arabesques
22 février 2017 :  Ane Mette HOL
25 février 2017 :  Collection Beyeler / L’Originale

Thibaut Cuisset – « Campagnes françaises »

Il ne portera plus son regard harmonieux sur les
paysages de la planète. Thibaut Cuisset est mort à 59 ans,
alors que la fondation Fernet-Branca de Saint-Louis lui
a consacré une exposition monographique.
Elle lui a rendu hommage le 11 février dernier.

« Pour moi photographier c’est voyager », disait Thibaut Cuisset,
mort le 19 janvier 2016.
Son goût de l’exploration lui avait permis de dresser un état des lieux
de paysages dans le monde entier. Des paysages sereins, contemplatifs,
qui ressemblaient à cet homme discret, presque timide résidant à
Montreuil (93) dans la banlieue de Paris.

Thibaut Cuisset a fait découvrir ses photos durant l’été 1991,
et ce fut un choc. Des images de la montagne suisse, exposées
à Lausanne.
Le jeune homme, né le 19 mars 1958 à Maubeuge (Nord) avait 33 ans,
une voix aussi douce que sa palette de couleurs. Mais il bousculait
le genre.
Il disait qu’un paysage peut être beau sans être une jolie carte
postale inerte. Qu’il était vivant, habité même vide.
Qu’il bougeait.
Le public était déboussolé. « Les couleurs sont trop pâles »,
s’indignait un patron de Kodak. « C’est ce que j’ai vu »,
répondait-il.
S’il choisit la couleur, rejetée par ses pairs, car considérée
alors comme vulgaire, c’est que sa culture au départ est forgée
par le cinéma et la peinture de Corot ou de Cézanne. Cuisset suit
ses intuitions, et n’en démord pas.
Il arpente le monde, l’Australie, la Suisse, l’Italie, l’Espagne,
le Japon, la Russie, la Namybie, l’Islande, et bien sûr la France.
Quand il s’intéresse à un pays, il entre en campagne, occupe
le territoire de façon systématique, à l’affût d’endroits cachés
susceptible de révéler les lieux qu’il fouille du regard au volant
d’une voiture, ou à pied, consacrant à ses repérages jusqu’à
dix heures par jour.

Réalisées avec des appareils moyen format sur trépied, ses photos
sont prises à midi, à l’heure où le soleil se trouve au zénith ou par
temps couvert pour éviter les ombres qui dramatisent les scènes.
Son sens des lumières donnent à ses photos
des rendus pastels aussitôt reconnaissables que lui seul
parvient à trouver.
Il écarte systématiquement les rouges qui attirent trop
le regard. Les courbes, les contre-courbes, les diagonales,
les verticales, tout s’harmonise, dans ses prises de vue, grâce
à son oeil.

Pensionnaire de la villa Médicis à Rome en 1992, et lauréat du prix
de l’académie des Beaux Arts en 2009, Thibaut Cuisset s’inscrit
dans le mouvement de la new topography des années 1970.
Parti des Etats-Unis ce mouvement rompt avec le paysage romantique
et s’emploie à décrire la beauté des lieux considérés
comme banals. En 1983, la démarche fut reprise en France
par la mission de la DATAR avec de grands photographes
internationaux comme Raymond Depardon.

A travers une philosophie zen, il ne portait pas de jugement,
il documentait par ses travaux, les paysages que les hommes
ont modelés. Un poésie froide sans anecdotes, ni romantisme,
que ce soit dans l’harmonie d’un champ ou le chaos d’un corps
de maison égaré en zone industrielle

La campagne en France, voilà ce qui l’intéresse depuis toutes
ces années. Pas une campagne pittoresque ni une campagne
exotique, une campagne plus proche de nous, peut‐être
plus ordinaire et familière, mais encore bien vivante, où les
choses bougent parfois lentement comme dans le pays de
Bray en Normandie, et d’autres fois très rapidement avec le
développement des lotissements en milieu périurbain autour
des villages de l’Hérault par exemple. Les paysages plus
patrimoniaux ou monumentaux tels les hautes montagnes
des Alpes et des Pyrénées ou le littoral Corse ne sont
pas non plus en reste.

La Fondation a réalisé une commande spécifique
de photographies sur le territoire des Trois frontières.
Des salles ont été consacrées à la première présentation de ce travail.
Regarder des lieux laissés de côté qui n’ont rien de spectaculaire, mais qui font nos
campagnes. Regarder autrement des sites plus remarquables.
Un montage vidéo crée par Laurent Troendle permet de
circuler dans les
salles ici
Avoir un regard “d’ici et maintenant” sans patriotisme, sans nostalgie
non plus ou s’il y en a une, ce serait alors dans la chose elle‐même.
Ces lieux, dont on nous dit peu, mais qui font bien partie de cette grande
diversité du paysage que l’on observe en France.
Tous ces paysages qui sont le fruit d’un façonnement perpétuel,
il s’évertue donc à les citer, les authentifier, les représenter comme
un pur effet du temps en traitant le plus justement
possible de leurs équilibres et leurs bouleversements.
Il a publié une dizaine de livres, souvent des bijoux, portés par des
textes de complices bien choisis – Jean-Christophe Bailly,
Jean-Luc Nancy, Philippe Lacoue-Labarthe, Gilles A. Tiberghien,
Jean Echenoz

Commissariat de l’exposition : Pierre Jean Sugier,
directeur de la Fondation Fernet Branca
Thibaut Cuisset en 6 dates
19 mars 1958 Naissance à Maubeuge (Nord).
1991 Expose au Musée de l’Elysée, à Lausanne (Suisse).
1992 Est à la villa Médicis à Rome
1992 Est aux Rencontres photographiques d’Arles.
2010 A l’Académie des Beaux-Arts de Paris.
19 janvier 2017 Mort à Villejuif (Val-de-Marne).
Un catalogue est édité pour l’occasion sur la commande
de la Fondation Fernet‐Branca « Les Trois‐Frontières »
en vente à la Fondation

La Traversée des apparences – Bruno Boudjelal

A la Galerie de la Filature jusqu’au 26 février
dans le cadre du festival les Vagamondes (programme)

Algeria, Algiers, 15 june 2011 In the center of Algiers Algérie, Alger, 15 juin 2011 Dans le centre d'Alger Bruno Boudjelal / Agence VU
Algeria, Algiers, 15 june 2011
In the center of Algiers
Algérie, Alger, 15 juin 2011
Dans le centre d’Alger
Bruno Boudjelal / Agence VU

Français d’origine algérienne, Bruno Boudjelal pratique
la photographie comme un mode de vie qui interroge
sans cesse sa propre identité et nous confronte à la nôtre.
Lorsque son père décide de retourner en Algérie,
il l’accompagne et découvre à la fois un pays, une famille,
un monde traversé de violences, des paysages qui lui parlent
et des individus avec lesquels il dialogue sans savoir
vraiment comment se situer. De là s’ensuivent dix années
d’exploration très personnelle de l’Algérie, entre carnet de voyage
et témoignage, qui vont l’amener à passer du noir et blanc
qui lui semblait une évidence, à la couleur, à assumer de plus
en plus le fait que son point de vue n’est que subjectif,
marqué par son histoire personnelle, mais curieux de mettre
en perspective le quotidien et l’Histoire.
Bruno Boudjelal
Dans les paysages du départ le regard de Bruno Boudjelal
se pose de  « l’autre côté », sur les lieux de partance des
« harragas »,
il explore ces paysages que l’on laisse
derrière soi avant de franchir mers et terres, avant
de franchir clandestinement les frontières.
Si l’utilisation de la couleur blanche provient d’abord d’un
« accident » de l’inexpérience du débutant, de la surexposition,
celui-ci devient porteur de sens. Le panorama s’estompe
de la vue au fur et à mesure que l’on s’éloigne des côtes, avant
de devenir souvenirs qui s’inscrivent dans la mémoire.
De l’éblouissement à l’effacement, là où s’esquissent les
frontières impalpables.
Bruno Boudjelal
Les « harragas » (mot arabe) veut dire brûler. On désigne ainsi les
jeunes qui partent, qui brûlent la route pour essayer de rejoindre
l’Europe. Ils ont demandé à d’autres algériens qui vivent en Espagne
ou en Italie, de leur envoyer des cartes SIM. Elles leurs permettent
de se diriger avec leurs téléphones portables pour s’orienter
pendant la traversée Cela leur permet de photographier et de filmer
leur périple, d’en garder la trace et de les envoyer au pays.
Les petits films proviennent d’une association pour la jeunesse
en Algérie « RAJ »harragasFrantz Fanon
Il est l’auteur des damnés de la terre, psychiatre et intellectuel
martiniquais qui a vécu et travaillé en Algérie (Blida), ainsi qu’en
Martinique et au Ghana. B B souhaitait lui rendre hommage au moment des
célébrations du cinquantenaire de l’Algérie.
bruno-boudjelalCirculation
Pendant 10ans (1993-2003) il n’a pas pu circuler en Algérie,
réduit à la visite de la famille ou des amis. Ce qui ne lui a pas permis de
voir réellement son autre pays. Les autres algériens étaient
réduits au même sort, contrôles, faux barrages, ratissages de l’armée,
rapts, disparitions forcées.
Pourtant il a ressenti un lien très fort, avec ce pays, une proximité et
une intimité, alors qu’il ignorait tout de celui-ci.
Bruno Boudjelal
Pourquoi ses photos sont floues, mal cadrées, c’est d’une part que le matériel
photographique utilisé est sommaire, mais aussi, qu’il fallait ne pas se
faire remarquer en photographiant sous peine d’être arrêter.
Aussi nous livre t’il  par fragments, le puzzle de son identité
reconstituée au fil de ses périples, de sa double appartenance
franco-algérienne, dont son prénom français accolé à son patronyme
algérien est une illustration.
Bruno Boudjelal
Lorsqu’il décide que ce travail en Algérie est terminé, il le structure
sous forme d’exposition, de projection et de livre, puis décide
de se concentrer sur l’Afrique.
C’est ce qui donne la série Goudron Tanger-Le Cap
Les chemins que l’on aimerait emprunter librement et parcourir
à travers ce continent n’existent pas. Les routes sont inexistantes,
en mauvais état, les frontières fermées.
Bruno Boudjelal
Toutes ces raisons empêchent le désenclavement de l’Afrique,
et la libre circulation du peuple africain dans son propre espace.
Tendu entre deux continents, entre deux cultures,
Bruno Boudjelal revendique sa capacité à
comprendre et à transcrire une problématique
complexe entre le Nord et le Sud.

Sommaire de décembre 2016

Fondation Cartier

Cai Guo-Quiang, White Ton
Cai Guo-Quiang, White Ton

01 décembre 2016 : Frederic Versolato «47° Nord», la latitude de Mulhouse
03 décembre 2016 : Maurizio Cattelan – Not Afraid of Love
11 décembre 2016 : Oscar Wilde, l’impertinent absolu
20 décembre 2016 : Sites éternels, De Bâmiyân à Palmyre
22 décembre 2016 : Hodler Monet Munch – Peindre l’impossible
24 décembre 2016 : Noël 2016
 

Sommaire de novembre 2016

Laurent Impeduglia, ST'ART 2016 Galerie Jean-François Kaiser prix ST'ART 2016
Laurent Impeduglia, ST’ART 2016
Galerie Jean-François Kaiser
prix ST’ART 2016

01 novembre 2016 : « Die Kerze »
04 novembre 2016 : Talents contemporains 2014
06 novembre 2016 : Carl Andre : Sculpture as place, 1958-2010
10 novembre 2016 : Machines musicales / Musique machinale
12 novembre 2016 : « Still-Leben » dans le cadre de La Regionale 17
13 novembre 2016 : ST-ART 2016
15 novembre 2016 : Joëlle Tuerlinckx Nothing for Eternity
18 novembre 2016 : TGV contre X
22 novembre 2016 : « Kunihiko Moriguchi – Vers un ordre caché »
26 novembre 2016 : ST’ART 21 e 2016

Maya Rochat « META FILTRES »

à La Filature, Scène nationale – Mulhouse,
jusqu’ au dimanche 30 octobre 2016

Maya RochatMaya Rochat utilise la photographie comme outil d’investigation du réel et en fait un instrument poétique. Alliant inspiration instinctive et un important sens graphique, elle entremêle photographies, peintures, dessins et sculptures qu’elle détourne, déconstruit et recompose… pour former des ensembles visuels complexes.
À La Filature, elle invite le spectateur à inventer sa propre trame narrative.
En effet dès l’entrée la question se pose : sommes-nous dans
un magasin de décoration, une galerie d’art ?
C’est une expérience physique, sensorielle, quelques images sont
présentées de manière classique encadrées, tandis que d’autres
débordent du cadre de façon exubérante, vers l’infini.
Maya Rochat 3
Il faut s’approcher des images, en voir les détails, prendre du recul,
afin de récréer son propre univers, son histoire personnelle.
photographie, collage, peinture, installation…
Face au flux d’images qui défilent aujourd’hui dans une
sorte de bourdonnement ininterrompu, Maya Rochat
impose une rupture.
Son univers est composé de paillettes et d’autres divers objets
qui brillent, de magazines découpés, d’illustrations,
de personnages étranges…
Elle s’inspire de son environnement immédiat :
des portraits de son entourage, de paysages, des détails trouvés,
mais aussi de ses propres écrits. Tous ces
éléments forment un tissu visuel dense et intime qui compose
la base même de son travail. Avec énergie et instinct,
elle détourne, déchire, lacère, dissèque, peint, dessine,
avant de réassembler les motifs pour créer des compositions
chargées symboliquement et radicalement associatives.
Maya Rochat 2
En effet, Maya Rochat raisonne par idées qui prennent à chaque fois une forme différente : une photo, une vidéo, un collage. Et même à l’intérieur
du médium choisi, elle crée un nombre infini de déclinaisons.
S’interrogeant du consumérisme dans l’art, dû à la digitalisation
de tout ce qui nous entoure, l’artiste rajoute
un détail donnant naissance à une oeuvre nouvelle.
Réunies ensemble, ces pièces éparses donnent lieu à une
installation harmonieuse.
Maya Rochat 1
En réaction à l’immatérialité post-internet,
Maya se confronte directement aux surfaces et met ainsi en
exergue la structure et la corporalité des images en volume.
une expérience immersive
Nourrie à l’énergie de la musique métal et de l’atmosphère de ces concerts,
ses images sont suggestives, saturées, sapent les codes d’interprétation
usuels et troublent les modes de perception de ceux qui les
regardent. À l’opposé de la démarche documentaire,

Maya Rochat, Photo Samuel Antoine
Maya Rochat, Photo Samuel Antoine

Maya Rochat offre une expérience immersive qui interroge la capacité de la photographie à représenter le réel.
Il y a dans ses oeuvres bruyantes de la tension,
mais aussi une douceur que le visiteur ne trouve qu’après
avoir repoussé ses propres limites et traversé
le chaos, comme lors d’un processus cathartique.
Maya Rochat
création in situ en septembre 2016 à La Filature
Pour cette première exposition individuelle de cette envergure,
Maya Rochat était en résidence de création
du 12 au 16 septembre, avant le vernissage le 24.
L’installation qu’elle propose à La Filature est conçue in
situ, spécifiquement pour les 300m2 de la Galerie.
Elle y présente une exposition-installation associant les
images fixes (photographies, peintures) et animées (projections), collages…
Maya Rochat
Née en 1985 en Suisse et diplômée de 2 prestigieuses Écoles d’art
(HEAD de Genève et ECAL de Lausanne),
Maya Rochat travaille et vit entre Berlin et la Suisse.
Elle est membre de l’association suisse Visarte, de STATE
OF THE ART Berlin et du collectif zürichois U5.
Pendant sa formation en 2008-2009, elle effectue un séjour à l’École
supérieure d’arts appliqués de Hambourg, la Hochschule für
bildende Künste Hamburg (HFBK).
Elle obtient en 2009 un Bachelor en
communication visuelle, département de photographie à l’École
Cantonale d’Art de Lausanne (ECAL), récompensé par un prix
d’excellence. Depuis 2012, elle est diplômée d’un master avec
mention, à la Haute école d’art et de design (HEAD) de Genève. Sa
série Es stinkt der Mensch, solang er lebt a gagné plusieurs sélections,
dont le prix de l’ECAL pour l’excellence du travail.
Maya Rochat 5
Depuis 2010, Maya Rochat s’implique en parallèle de sa pratique
personnelle, dans divers projets collectifs avec l’ambition de proposer
des projets poétiques et critiques. Elle est cofondatrice de La
Minoterie, un espace d’art indépendant créé en 2010 aux anciens
Moulins Rodynam à Orbe. Elle a également été membre de NEAR,
dont membre du comité de 2011 à 2012.
www.mayarochat.com
Maya Rochat et Emmanuelle Walter
Commissaire : Emmanuelle Walter.

BPM – Biennale de la Photographie de Mulhouse

ON PHOTOBOOKS
Soirée dédiée aux livres photos
Samedi 3 septembre 17H
à Motoco bât.75
Pour son finissage, la BPM – Biennale de la Photographie de Mulhouse
propose une soirée dédiée aux livres photographiques avec
le lancement des livres d’Anna Meschiari
et de Vincent Delbrouck,
suivi d’une table
ronde et de la projection Before Instagram
de Philipp Anstett.

 

Vincent Delbrouck, CATALOGUE
Vincent Delbrouck, CATALOGUE

17h – 18h
BOOK LAUNCH / LANCEMENT DE ARE WE ALONE ?
d’Anna Meschiari
auto-édité, issue de sa recherche et exposition à Mulhouse
– avec les Bibliothèques-médiathèques de Mulhouse et le soutien
de Pro Helvetia dans le cadre de la BPM 2016
BOOK LAUNCH / LANCEMENT DE CATALOGUE
de Vincent Delbrouck
auto-édité, issue de la résidence et exposition à Mulhouse
– Mulhouse Art Contemporain et Association
l’agrandisseur dans le cadre de la BPM 2016
18h – 19h
TABLE RONDE SUR LES MODELES D’EDITIONS
Des milliers de livres photos sont auto-édités chaque année,
chaque photographe possède un ordinateur et il est facile de
produire un livre sur Internet, l’impression numérique
étant désormais accessible à tout le monde. Ce phénomène
a fait monté en puissance le créativité liée au livre photo,
médium à part entière. L’émergence des livres auto-édités a fait
apparaître de nombreuses expérimentations sur les combinaisons
d’images et les agencements, Vincent Delbrouck et
Anna Meschiari en témoigneront. En parallèle,
des maisons d’édition photographiques adoptent une ligne éditoriale
exigeante et pointue comme cela est le cas pour
Poursuite édition ou Médiapop Edition.

TABLE RONDE SUR LES MODELES D’EDITIONS
Vincent Delbrouck, CATALOGUE,
Anna Meschiari, ARE WE ALONE ?,
Pascal Amoyel, NOT ALL, Poursuite édition, Arles
Philip Anstett, BEFORE INSTAGRAM, Médiapop Edition, Mulhouse.
Philippe Schweyer, Médiapop Edition,
Modérateur : Dominique Bannwarth, pour Mulhouse Art Contemporain, partenaire de la BPM 2016

Suivi par la projection Before Instagram de Philipp Anstett
Photographies issues du livre paru chez Médiapop édition, des inédits et ++++
VISITES COMMENTEES DES EXPOSITIONS EN PRESENCE DES PHOTOGRAPHES
Samedi 3 septembre 11H
Bibliothèque Grand’Rue
Visite de l’exposition Are We alone ? par la photographe Anna Meschiari
Dimanche 4 septembre 15H
Musée des Beaux-arts de Mulhouse
Visite de l’exposition « L’autre et le même » avec les
photographes Vincent Delbrouck et Pascal Amoyel.
INFORMATIONS PRATIQUES
L’AUTRE ET LE MÊME
Musée des Beaux-Arts Mulhouse
4 juin – 4 septembre
DELPHINE BEDEL (NL), VINCENT DELBROUCK (BE), LIVIA MELZI (BR), PASCAL AMOYEL (FR), YAAKOV ISRAEL (IS),
EMILIE SAUBESTRE (FR), ARCHIVES DE PAUL-RAYMOND SCHWARTZ (FR), ARCHIVES HÉLÈNE DISERENS (CH)
Commissariat d’exposition : Anne Immelé
4 Place Guillaume Tell, 68100 Mulhouse Tel : 03 89 33 78 11
Ouvert tous les jours, sauf mardis et jours fériés de 13h à 18h30
ARE WE ALONE ?
Bibliothèque Grand-Rue Mulhouse
4 juin – 3 septembre
ANNA MESCHIARI (CH)
Commissariat d’exposition : Marie Du Pasquier
19 Grand Rue, 68100 Mulhouse Tel : 03 69 77 67 17
Ouvert du mardi au vendredi de 10h à 12h et de 14h à 18h
Les samedis de 10h à 12h et de 14h à 17h30
Motoco
13 rue de Pfastatt 68200 Mulhouse

Sommaire de juillet 2016

Paul Klee, Eclair Pétrifié 1927
Paul Klee, Eclair Pétrifié 1927

 

01  juillet 2016 : Roni Horn à la Fondation Beyeler

03 juillet 2016 : « Zita – Щара » au Schaulager

06 juillet 2016 : Biennale de la photographie de Mulhouse

13 juillet 2016 : Amadeo de Souza-Cardoso

 

Amadeo de Souza-Cardoso

Les derniers jours
jusqu’au’18 juillet 2016
Cette exposition est organisée par la Réunion des musées
nationaux – Grand Palais et la Fondation Calouste Gulbenkian.

Amadeo de Souza-Cardoso Le Saut du lapin 1911 huile sur toile 49,9 x 60,8 cm États-Unis, The Art Institute of Chicago Arthur Jerome Eddy Memorial Collection © The Art Institute of Chicago
Amadeo de Souza-Cardoso
Le Saut du lapin 1911
huile sur toile 49,9 x 60,8 cm
États-Unis, The Art Institute of Chicago
Arthur Jerome Eddy Memorial Collection
© The Art Institute of Chicago

Il n’y a probablement pas d’exemple aussi étonnant
, au XXe siècle, d’un artiste majeur tombé dans
l’oubli que celui
d’Amadeo de Souza-Cardoso. (vidéo)
Au point que l’historien d’art américain Robert Loescher
l’a qualifié en 2000 comme
« l’un
des secrets les mieux gardés du début de l’art moderne ».
Emporté à trente ans par l’épidémie de grippe espagnole,

après avoir quitté au début de la guerre cette avant-garde
parisienne dont il était l’une des figures les plus originales,

Amadeo est sorti des écrans radar et n’a conservé sa célébrité
que dans son propre pays. Il a pourtant eu le temps

de laisser une oeuvre étourdissante, à la fois en prise
avec toutes les révolutions esthétiques de son temps et ne

ressemblant à aucune autre.

Amadeo de Souza-Cardoso Titre inconnu (Clown, cheval, salamandre) vers 1911-1912 gouache sur papier 23,80 x 31,80 cm Lisbonne, CAM / Fundação Calouste Gulbenkian Photo Paulo Costa
Amadeo de Souza-Cardoso
Titre inconnu (Clown, cheval, salamandre)
vers 1911-1912
gouache sur papier 23,80 x 31,80 cm
Lisbonne, CAM / Fundação Calouste Gulbenkian
Photo Paulo Costa


Si l’on observe finement la chronologie de son compagnonnage
avec Amedeo Modigliani
ou Constantin Brancusi,
c’est bien souvent lui q
ui fait figure d’inventeur de formes.
Amadeo de Souza-Cardoso est déjà au Grand Palais en 1912, exposant au Salon d’Automne Avant la Corrida, une toile qui figurera
ensuite à la célèbre exposition de l’Armory Show aux Etats-Unis en 1913.
Elle y est vendue immédiatement
comme presque tous
les autres envois de l’artiste qui fait sensation.
C’est ainsi que plusieurs de ses chefs-d’oeuvre sont

conservés aujourd’hui aux Etats-Unis, en particulier à
l’Art Institute de Chicago.

Amadeo de Souza, Avant la Corrida, vers 1912. Huile sur toile. Lisbonne, Fondation Calouste Gulbenkian.
Amadeo de Souza, Avant la Corrida, vers 1912. Huile sur toile. Lisbonne, Fondation Calouste Gulbenkian.

La vie de Souza-Cardoso est courte et intense.
On distingue deux grandes périodes qui sont matérialisées
dans le
parcours de l’exposition :
la période de Paris (1906-1914) et le retour à Manhufe,
Portugal (1914-1918).

Amadeo de Souza-Cardoso La Cuisine de la maison de Manhufe 1913 huile sur bois 29,2 x 49,6 cm Lisbonne, CAM / Fundação Calouste Gulbenkian Photo Paulo Costa
Amadeo de Souza-Cardoso
La Cuisine de la maison de Manhufe
1913 huile sur bois 29,2 x 49,6 cm
Lisbonne, CAM / Fundação Calouste Gulbenkian
Photo Paulo Costa

Cependant, tout au long de sa vie artistique qui dure
un peu plus d’une décennie, Amadeo vit entre ces deux mondes :
il voyage, va et
vient, éternel insatisfait, désireux d’être ailleurs,
manifestant une perpétuelle instabilité géographique.

Fils d’une famille traditionnelle de la riche bourgeoisie
rurale, Amadeo part pour Paris dans une situation financière

confortable, loin de la condition de boursier
qui est celle de nombre de ses compatriotes
– qu’il ne fréquente d’ailleurs
sur place que
pendant une courte période.
Il fait ses adieux à sa mère en lui affirmant qu’il
lui faut accomplir son destin.

Vue de l’exposition (5) scénographie Atelier Jodar Architecture © Photo Didier Plowy pour la Rmn-Grand Palais
Vue de l’exposition (5)
scénographie Atelier Jodar Architecture
© Photo Didier Plowy pour la Rmn-Grand Palais

La ville qu’il découvre, centre euphorique de toutes
les ruptures, attire son attention sur les artistes
qui rompent avec les
canons classiques. Amadeo participe,
lui aussi, à ce mouvement de rupture ;
il fait ses premiers pas dans cet univers

cosmopolite en développant un dialogue créatif
avec ses compagnons de travail : Modigliani, Brancusi, Archipenko,

le couple Delaunay, Otto Freundlich, Boccioni, entre autres,
et prend contact avec des agents artistiques, des éditeurs

ou des commissaires d’exposition, comme Walter Pach,
Wilhelm Niemeyer, Ludwig Neitzel, Herwald Walden,
Adolphe
Basler, Harriet Bryant.

Amadeo de Souza-Cardoso Titre inconnu (Coty) vers 1917 technique mixte 94 x 76 cm Lisbonne, CAM / Fundação Calouste Gulbenkian Photo Paulo Costa
Amadeo de Souza-Cardoso
Titre inconnu (Coty)
vers 1917 technique mixte 94 x 76 cm
Lisbonne, CAM / Fundação Calouste Gulbenkian
Photo Paulo Costa

En 1908, lorsqu’il s’installe à la Cité Falguière (Montparnasse),
il se lie avec certains artistes qui,
comme lui,
se situent en marge des mouvements programmatiques,
notamment Modigliani et Brancusi.

Le petit village de Manhufe au Nord du Portugal, imprègne
l’univers visuel d’Amadeo et se retrouve au long des multiples

étapes de son travail. Il ne s’agit pas seulement de paysages
ou de représentations de la nature ; ce lieu renferme ce

qu’Amadeo considère comme sien, un paysage naturel
mais aussi mental. Il intègre dans tout son processus créateur

ce qui pourrait être perçu comme des thèmes traditionnels :
objets du quotidien, paroles de chansons populaires et

poupées folkloriques, instruments de musique régionaux,
montagnes, forêts, châteaux imaginaires et intérieurs familiers.
Ces éléments sont représentés selon des solutions stylistiques où se combinent cubisme, futurisme, orphisme et expressionnisme.

Amadeo de Souza-Cardoso Chanson populaire vers 1916 huile sur toile 50 x 50 cm collection particulière Photo José Manuel Costa Alves
Amadeo de Souza-Cardoso
Chanson populaire vers 1916
huile sur toile 50 x 50 cm
collection particulière
Photo José Manuel Costa Alves

Amadeo confronte des fragments du monde rural
et du monde moderne dans une même dynamique
et, sans hiérarchie, il opère une fusion entre sa région
d’origine et le vertige des machines, des mannequins
mécaniques, des fils télégraphiques et téléphoniques,
des ampoules électriques et des panneaux publicitaires,
des émissions de radio, des moulins à eau, des parfums,
du champagne…
Devenu urbain par choix, l’artiste garde le lien avec
le mouvement ondulatoire de ses montagnes, qu’il peint
à maintes reprises et qui servent de fond à des tableaux
de phases diverses. Et c’est d’ailleurs devant ces montagnes
qu’il trace son autoportrait, habillé en peintre,
à la manière du Greco.

Amadeo de Souza-Cardoso Montagnarde - poème en couleur vers 1914-1916 aquarelle sur papier 23,80 x 33,10 cm collection particulière Photo José Manuel Costa Alves
Amadeo de Souza-Cardoso
Montagnarde – poème en couleur
vers 1914-1916 aquarelle sur papier
23,80 x 33,10 cm
collection particulière
Photo José Manuel Costa Alves

La simple représentation, même augmentée par
les moyens du cubisme, ne lui suffira pas.
Il procède par représentation
et par « incorporation », ses oeuvres intégrant – notamment par collage –
de nombreux objets régionaux ou urbains.
Les lettres/mots, appliqués à l’aide de pochoirs en carton
ou en zinc (qu’il fait lui-même ou commande), sont autant de
nouveaux éléments de polysémie – références à la publicité industrielle
(Barrett, Wotan) et commerciale (Coty, Brut, 300, Eclypse)
mais sans rôle narratif ou illustratif dans la peinture.
Amadeo détourne les significations, ainsi que les
formes : ses disques chromatiques peuvent être des cibles
colorées ou des assiettes en faïence populaire sur lesquelles
tombent des insectes…

Curieusement, son histoire familiale rapporte que l’artiste
compose sa toute première peinture sur deux battants d’une armoire
de la salle à manger ; le très jeune Amadeo y reproduit, vers 1897,
les couvercles de boîtes à biscuits de la marque Huntley & Palmers.
Tous ces indices d’incorporation du monde nouveau dans son oeuvre
montre qu’Amadeo a une conscience aiguë de ce que signifie
« être moderne », qui se traduit non seulement dans ses
thèmes (exaltation de la mécanisation), mais aussi dans méthodes et
techniques ou encore dans sa volonté de se faire connaître
en promouvant personnellement son identité d’artiste.
Cette stratégie est mise en oeuvre très tôt avec
la publication d’une édition de ses XX Dessins et des 12 Reproductions,
et s’exprime encore dans l’emploi du tampon de sa signature.
Amadeo de Souza-Cardoso PAIR IMPAIR 1 2 1 vers 1915-1916 huile sur toile 100 x 70 cm collection particulière Photo Paulo Costa Amadeo
Amadeo de Souza-Cardoso
PAIR IMPAIR 1 2 1
vers 1915-1916
huile sur toile
100 x 70 cm
collection particulière
Photo Paulo Costa
Amadeo

Selon un parcours chrono-thématique, l’exposition réunit
environ 300 oeuvres : peintures, dessins, gravures,
photographies, ainsi qu’une sculpture et deux masques africains.
Parmi elles, quelques oeuvres d’artistes contemporains
d’Amadeo dont il fut proche comme Brancusi, Modigliani,
Robert et Sonia Delaunay.

Nuno Cera devant son oeuvre Tour d’Horizon scénographie Atelier Jodar Architecture © Photo Didier Plowy pour la Rmn-Grand Palais
Nuno Cera devant son oeuvre Tour d’Horizon
scénographie Atelier Jodar Architecture
© Photo Didier Plowy pour la Rmn-Grand Palais

Dans la rotonde un triptyque vidéo, commandé spécialement par la
Fondation Calouste Gulbenkian à l’artiste Nuno Cera, consacre les lieux chers à
Amadeo (Manhufe au Portugal, la Bretagne et Paris).
En dix ans, Amadeo de Souza-Cardoso a tracé une voie totalement
singulière dont la redécouverte en France, bien
tardive, ne devrait en être que plus saisissante.
Grand Palais
galeries nationales
entrée square Jean Perrin
(1887-1918)
commissaire : Helena de Freitas, historienne de l’art, Fondation Calouste Gulbenkian, Lisbonne
scénographie : Atelier Jodar Architecture