Art Karlsruhe 2016

L’édition 2016 du salon art KARLSRUHE vient d’ouvrir ses portes
Ce sont 218 galeries qui occupent les 35 000 m2 environs,
dont 31 galeries supplémentaires , de nouveaux visages dans les
4 halls d’exposition.
Du 18 au 21 Février c’est l’art en 3 D, à la « Messe », un dialogue entre
peintures, photos et sculptures.
C’est la 13e édition, regroupant 13 pays et tout ceci à l’initiative
depuis 2003, du commissaire Ewald Karl Schrade

Ewald Karl Schrade
Ewald Karl Schrade

C’est un « paysage artistique » clairement structuré, à l’architecture expressive, qui voit le jour, ceci afin de favoriser la confrontation intensive avec les œuvres d’art et leur plus forte perception, tout en invitant à l’achat plaisir en toute détente.
Beaucoup One-Artist-Shows, généreux espaces d’art sculptural et de nombreuses oasis de repos  procurent un meilleur aperçu pour flâner agréablement dans les halls. Visiteurs et collectionneurs savourent le plaisir de partir à la découverte. Les organisateurs
Compte sur à peu près 50 000 visiteurs
Les créations plastiques déjà établies sont délibérément mises en balance avec des expériences artistiques récentes. C’est ce qui fait la séduction particulière du salon.
vue d'art Karlsruhe
La structure thématique des halls apporte aussi une plus grande clarté.
Dans le hall 1, vous trouverez essentiellement les éditions originales et la photographie,
les halls 2 ( Classique moderne (après 1945) + Art contemporain)
et 3 étant entièrement consacrés à la peinture et aux sculptures ( L’art moderne classique (avant 1945) » + Art contemporain )
.
Pour mieux l’apprécier, la «Contemporary art 21» est regroupées dans un hall qui leur est réservé:
le hall 4 (dm Arena).

Parmi les moments les plus attendus de l’édition 2016, l’exposition exceptionnelle de la fondation messmer (kunsthalle messmer, RIEGEL AM KAISERSTUHL), présente les oeuvres d’André Evard, un des peintres les plus importants de l’art moderne suisse (« André Evard – Pionnier de l’art concret et constructif », dm-arena).
Kirchner
Tout comme l’exposition exceptionnelle du Musée Kirchner de Davos, qui montre des peintures et des gravures du peintre et graphiste Ernst Ludwig Kirchner mais met l’accent également sur les créations photographiques de l’artiste peu connues aujourd’hui et jamais exposées par le passé (« Le peintre en photographe », hall 1).
J’ai retenu celle-là, un dessin et la photo ci-dessus, où Kirchner pratique le nudisme entre amis.
Le baiser de Kirschner
 
la Galerie van der Koelen, Jens J. Meyer et son installation/sculpture
Jens. J. Meyer
Jens. J. Meyer

Radial Art Contemporain, Frédéric Croiser, avec Ewerdt Hilgemann et sa sculpture momumentale
fait partie de la section One-Artit-Show
Radial Hilgemann
Autre strasbourgeois et ses artistes baroques
Ritsch-Fisch galerie
Ritsch-Fish
L’Estampe de Strasbourg, ses aquatintes et peintures, gravures, dessins
galerie l'estampe
Les Editions Remy Bucciali de Colmar
ici une oeuvre de Michel Cornu présentée par Rémy Bucciali
Bucciali - Cornuun coup de coeur pour Yann Faisant et Opus Magnum, horticulteur, alchimiste, artiste
séduit avec sa pomme  bronze et or, appuyée sur la théorie du nombre d’or, garnie d’une  feuille de Gingko Biloba aux propriétés de résistance (Fukushima)
présentée par la galerie Laurence Guerrieri,
Yann FaisantA la galerie Valentien, de Stuttgart quelques belles signatures où tout un mur
extérieur est consacrée à Anne-Sophie Tschiegg
Tschiegg Anne-Sophie
anOTHER art gallery ltd.
un anglais Paul Critchley a peint des trompe l’oeil
vous pouvez vous promener à travers sa maison tout en achetant ses peintures
Paul Critchley
Il faut bénéficier d’une santé solide pour arpenter tous les 4 Halls de  12 500 m² chacun, sans colonnes, de plain-pied, avec éclairage naturel, climatisés, avec des coins pause
pour des drinck et des  en-cas.

Lucien Clergue, photographe, académicien

Jusqu’au  15 février 2016 au Grand Palais galeries nationales
entrée galerie sud-est

Francis Selier A l’homme du sable et du langage de la lumière Angoulême, 11 avril 2014 tirage moderne argentique ; 170 x 150 cm © Francis Selier
Francis Selier
A l’homme du sable et du langage de la lumière
Angoulême, 11 avril 2014
tirage moderne argentique ; 170 x 150 cm
© Francis Selier

Lucien Clergue (1934-2014) n’a pas encore vingt ans lorsque Pablo Picasso décide de le parrainer après qu’il lui ait présenté ses premières photos à la sortie d’une corrida, à Arles (1953). Il accepte de dessiner pour lui la couverture de plusieurs ouvrages à venir et lui présente Jean Cocteau qui l’aide généreusement à structurer le discours de son oeuvre.
Lucien Clergue
C’est grâce à la découverte d’albums de travail à la mort du photographe, restés jusque-là inconnus, que l’on peut saisir la fulgurance et la poésie mortifère qui habitaient alors Lucien Clergue et qui a séduit ces deux grands artistes. Sept albums, notamment de collections textiles pour couturière, récupérés, dont les échantillons de tissus ont été remplacés par des contacts présentent les thèmes les plus radicaux des
premiers travaux de Lucien Clergue : charognes, ruines, enfants déguisés en saltimbanques, gitans, et très vite, la tauromachie et les premiers nus.
Tout est dit de l’âme de ce jeune adulte, encore enfant pendant les
bombardements de la seconde guerre mondiale, qui soigne sa mère, petite commerçante arlésienne, avant qu’elle ne disparaisse alors qu’il est encore jeune.
Célèbre pour ses photographies de nus féminins qui rencontrent la révolution sexuelle des années 60/70, le coeur de l’oeuvre de Clergue est d’une autre poésie.
Cette exposition le raconte à travers un parcours original
qui propose une lecture de l’oeuvre, réduite, réorganisée et dans une nouvelle hiérarchie.
Lucien ClerguePar exemple : ses magnifiques photographies des gitans d’Arles et des Saintes Maries, prennent une ampleur que l’artiste ne leur avait pas donné de son vivant ne voulant pas être pris pour un reporter à une époque où la photographie
était très clivée. Il était d’ailleurs celui qui avait découvert Manitas de Plata qu’il accompagne dans le monde entier.
Cette mise en place rapide d’une oeuvre trouve son aboutissement dans une thèse qu’il soutient uniquement à l’aide de photographies devant Roland Barthes qui lui reconnait la maitrise d’un langage émergent. C’est l’apogée de la recherche de Lucien Clergue. Il consacre ensuite une grande partie de son énergie à promouvoir
le travail des autres à travers la création des Rencontres Internationales de la Photographie qui deviennent vite le rendez-vous mondial de cet art en plein essor, en parallèle de la gestion de sa propre carrière.
Les premiers albums
Très tôt exposé au Musée d’Art Moderne de New York (1961), la consécration de Lucien Clergue est d’être le premier photographe à entrer à l’Académie des beaux-arts (2006). Son succès vient aussi de sa qualité de conteur. Sa voix, enregistrée à l’occasion d’une exposition fêtant ses 80 ans aux Rencontres d’Arles, accompagne les visiteurs ainsi que quelques enregistrements pour la télévision qui montrent, très tôt, sa
conviction de ce que la photographie va advenir.
Le parcours conçu par les deux commissaires permet de s’immerger, dans les meilleures photographies de cette période féconde, regroupées par thèmes, dans une mise en scène qui rend la visite très dynamique et redonne sa juste place à ce photographe mondialement célèbre.
Le couturier et décorateur de théâtre arlésien Christian Lacroix et le directeur artistique, ancien directeur des Rencontres de la photographie d’Arles, François Hébel, ont été invités par le Grand Palais à réaliser le commissariat et la scénographie de cette exposition pour leur amitié avec Lucien Clergue et leur passion partagée pour Arles, cadre indissociable de l’oeuvre du photographe.
Lucien Clergue
 Ruines, cimetières, saltimbanques, charognes
La mère de Lucien Clergue, qui l’élève seule, rêve d’en faire un artiste. Elle tombe bientôt malade et le jeune Lucien la soigne au quotidien jusqu’à sa mort.
Cette jeunesse difficile aide à comprendre les images sombres des premiers travaux de Lucien Clergue.
Il soumet régulièrement ses recherches à ses amis Jean-Marie Magnan et Jean-Maurice Rouquette. Ce sont ces photos qui séduiront Pablo Picasso à qui Lucien Clergue les présente à l’issue d’une corrida. Ainsi encouragé, il poursuit rapidement avec la série des pierrots et des arlequins, enfants qu’il déguise et fait poser plusieurs après-midis durant dans les vestiges de la ville bombardée, les dirigeant selon des mises en
scène mélancoliques, au coeur desquelles Lucien Clergue dira s’être représenté à travers le petit violoniste.
Lucien Clergue
Picasso, Cocteau, Saint-John Perse
Intuitive au début, la photographie de Lucien Clergue a été encouragée, alors qu’il a à peine vingt ans, par les avis et le soutien déterminants des maîtres qu’il se choisit : en 1953, à la sortie d’une corrida, il présente son travail à Pablo Picasso, qui le considère avec bienveillance et lui conseille de rencontrer Jean Cocteau.
De ces rencontres naît une relation suivie avec les deux hommes, qu’il rencontre très régulièrement à Arles, Paris, Mougins ou Cannes, et auxquels il présente le guitariste gitan Manitas de Plata.
Picasso dessine les couvertures de ses premiers livres ; Jean Cocteau le conseille pour le choix de ses titres et rédige des textes pour accompagner ses photos.
Cocteau invite Lucien Clergue à participer au tournage du Testament d’Orphée dans les carrières des Bauxde-Provence.
Jean-Maurice Rouquette fait remarquer à Lucien Clergue la proximité du poème Amers (1957) de Saint-John Perse avec ses photographies. Un concours de circonstances fait peu après se rencontrer le photographe et le poète diplomate, avec qui il se lie à son tour et pour lequel il illustre une réédition du fameux poème.
Lucien Clergue
Les Gitans
Une importante communauté gitane est implantée à Arles, dont beaucoup de ses membres sont sédentarisés.
Ils sont rejoints chaque année au mois de mai par des nomades de toute l’Europe qui se rendent au pèlerinage de leur patronne, sainte Sara, aux Saintes-Maries-de-la-Mer.
Cette communauté a longtemps vécu en cercle fermé, maintenant ses traditions, un certain nombre de rituels et possédant un sens de la fête qui n’a pas manqué de séduire Lucien Clergue.
Il constitue un très beau témoignage photographique sur leur quotidien, leurs fêtes, leurs commerces forains, qui contraste avec le travail de recherche plus poétique dont il a fait le coeur de son oeuvre.
Sa fréquentation de la communauté gitane lui permet de rencontrer Manitas de Plata et son ami musicien José Reyes, qu’il aidera à faire connaître mondialement, ainsi que, plus tard, les Gipsy Kings, fils de José Reyes. Avant de devenir célèbres à leur tour, ces derniers joueront régulièrement pour fêter les invités de Lucien Clergue aux Rencontres internationales de la photographie.
Lucien Clergue
Toros
Naître à Arles, c’est, à cette époque en particulier, naître dans l’afición, la tauromachie, les « toros ». Toute sa vie, Lucien Clergue photographiera les corridas depuis le callejón à Arles, Nîmes, Béziers, Séville, Madrid…
L’un de ses tout premiers travaux le distingue : l’agonie du taureau photographiée au ras du sol sous la barrière de protection. Il montre ainsi que l’animal, après le combat, reste le roi de l’arène et a droit d’être célébré au même titre que le torero.
Il réalise sur ce thème son premier film, Le Drame du taureau (1965, prix Louis Lumière 1966), qui est sélectionné pour le Festival de Cannes 1968, hélas interrompu par les événements avant la proclamation du palmarès.
Lucien Clergue
Les premiers nus
Photographiés en plan rapproché sur les plages de Camargue, les corps de femmes aux formes généreuses surgissent des vagues avec une joie et une vitalité infinies, une fraîcheur inédite dans la photographie de nu féminin.
En supprimant les visages du cadre, Lucien Clergue donne à ces corps une dimension universelle. Mais c’est aussi pour pouvoir exposer ses photos, car il lui faut choisir entre les visages ou les corps.
La quête de reconnaissance de ce nouvel art qu’est la photographie, à peine un siècle après son invention, passe alors pour beaucoup par le rapprochement avec le dessin, et le nu féminin reste souvent académique.
Les nus de Lucien Clergue créent une rupture nette avec la manière alors en vigueur.
Ces nus ont un succès immédiat qui doit autant à la publication des ouvrages, où ils accompagnent des poèmes de Paul Éluard ou de Saint-John Perse, qu’à la libération sexuelle du milieu du XXe siècle.
La série Née de la vague acquiert une notoriété qui dépasse les seuls amateurs de photographie et devient aussi célèbre que populaire.
Lucien Clergue
Contrastes
À l’occasion de l’exposition au Grand Palais, il a semblé intéressant de montrer une sélection importante d’images réalisées par Lucien Clergue dans les années 1960 et au début des années 1970.
L’heure est alors au cinétique, au psychédélisme dans l’art. Lucien Clergue poursuit donc son exploration des terres provençales et camarguaises, mais en optant pour des lumières plus radicales. Forts contrejours, reflets, tirages contrastés : il y a là une énergie nouvelle, une intensité très puissante dans ces images graphiques et abstraites qui semblent très loin du jeune Clergue mélancolique.
Lucien Clergue choisit de réaliser pour cette série de grands tirages (50 × 60 cm pour la plupart) dont de nombreux originaux nous sont parvenus. Cent quatre-vingt-dix-huit d’entre eux sont présentés ici.
Cette série, qui représente une étape importante du travail de Lucien Clergue, a été peu montrée récemment et mérite d’être proposée aux regards d’aujourd’hui.
Lucien Clergue
Langage des sables
À la suite de ses échanges avec les photographes américains et de la découverte aux États-Unis des workshops (stages éducatifs) qu’il importe à Arles, Lucien Clergue ressent le besoin de faire valider son intuition créative par une caution universitaire.
Ayant été dans l’obligation de travailler très jeune pour subvenir aux besoins de sa famille et payer les dettes de sa mère, il a quitté l’école trop tôt pour obtenir un quelconque diplôme.
Il revient sur les plages de Camargue où il a effectué ses premières recherches, puis présente une thèse de doctorat en photographie, Langage des sables, qu’il soutient notamment devant Roland Barthes en 1979.
Élaboré à partir de formes et de dessins abstraits et éphémères laissés sur le sable, ce travail au caractère exclusivement graphique séduit les universitaires par sa structure, au point d’être validé en l’absence de tout texte théorique.

Les Muses de Didier Paquignon à la Fondation Fernet Branca

Jusqu’au 27 mars 2016
A la Fondation Fernet Branca, c’est à l’instar de la synagogue, mais
dans un mode inversé. Ce sont les femmes qui sont au rez-de-chaussée
et les hommes à l’étage. Ce contre point des propositions artistiques fonctionne très bien en regard  de celles des trois artistes du rez de chaussée.

Didier Paquignon
Lorsque l’on pénètre au premier étage c’est un spectacle surprenant,
réjouissant, Didier Paquignon a accroché aux cimaises, à touche touche, 138 corps d’hommes à moitié dévêtus, topless, pas plus bas que la ceinture.
Ce sont des monotypes, un concept particulier de Didier Paquignon, un travail artisanal
dans son atelier, qu’il a entamé depuis 5 ans, les Muses.
D’abord il photographie ses modèles consentants, tous cadrés de la même
manière, de face, de profil, voire de dos, sur 1 m, 20 de hauteur, en gommant tous les attributs sociaux, puis il peint sur plexiglass, les imprime à la presse sur de grandes feuilles, avec des rectangles de la taille des plexiglass, en essayant d’être au plus près de la photo, puisque c’est de la peinture, en noir et blanc, avec ses ombres portées.
Un sorte d’homme de Vitruve de Léonard de Vinci, revu par l’art contemporain
Au cours de sa carrière, Didier Paquignon n’a cessé de revisiter des thèmes classiques : des natures mortes, des vues d’intérieur, des paysages urbains… Ancien élève des Beaux-Arts de Paris et ancien prof des Beaux-arts de Reims,  il s’intéresse  et s’interroge sur les nus masculins.
Didier Paquignon
Pour cette série initiée depuis 2010 et intitulée Muses, Didier Paquignon a pioché dans le cercle des artistes et des médias pour réaliser une centaine de portraits d’hommes : des journalistes, graphistes, photographes, écrivains, peintres, scénographes, danseurs.
Michel Houellebecq, François Morel, Denis Lavant, Sylvain Tesson,
(avant son accident) ou encore Robert Ménard, Jean-Claude Dreyfus , Olivier Roller , mais aussi des anonymes, ont accepté son invitation et ont posé torse nu, sans fard. Didier Paquignon ne fait que retirer la chemise à ses muses, il leur laisse libre court dans leurs mouvements.
Didier Paquignon
Ces monotypes sont alignés les uns à côté des autres sur un grand mur, nous interrogeant sur la nudité masculine, inversant pour une fois les rôles entre hommes et femmes :
« Puisque le corps masculin en tant que monument, est à bout de souffle, dans nos sociétés occidentales, pourquoi pas en reparler et le réinterroger pour poser la question : c’est quoi ? »
Didier Paquignon
Des gros, des maigres, des grands, des petits, des poilus, des imberbes, des tatoués, des musclés, des ridés, des vieux,  pas trop de jeunes, des chevelus, des chauves, les bras ballants, croisés, derrière le dos ont pris la pose face au peintre. A l’évidence, ce n’est plus l’Apollon de l’Antiquité ! Sa préférence va aux yeux, qui le fascinent.
Denis Lavant hoche la tête, de face de dos, de 3/4 déclame du Céline (non l’exposition n’est pas sonore) ont croit l’entendre. François Morel tel un enfant, qui cache une bêtise, rejoue un de ses rôle dans les Deschiens. Olivier Roller, pudique, comme on ne l’imagine pas, avec un regard de voyou, Jean Claude Dreyfus dans toute la splendeur de
son abdomen, se pince les tétons avec son aplomb de comédien.
Didier Paquinon
Ce n’est pas une histoire de plaisir, ni de désir, mais une interrogation sur le corps de l’homme, dans les époques que nous traversons, avec ses modification physiques,
son interrogation sur la virilité, sur son vécu, sur son devenir. Didier Paquignon s’interroge sur lui-même, qu’est-ce qu’un homme de son âge ? Traversé par le doute, troublé par la disparition du patriarcat de son enfance italienne, son projet est
d’interroger les femmes, des écrivains, des sociologues, de leur demander d’écrire des textes.
Didier Paquignon
Cette masse d’hommes, posant en toute humilité, joue un jeu difficile que peu de femmes
accepteraient mais ne sont-elles pas conditionnées par « l’obligation » de séduction qu’on leur demande de jouer, et qu’on les relègue très vite au passé, dès l’apparition des premières rides ?
Didier Paquignon, traite avec bienveillance et douceur, presque avec tendresse, dans cette pièce monumentale, sous une lumière crue, dans un effet de masse, les hommes qui ont du mal à trouver leur place. Cela nous fait dire aussi à nous les femmes, les hommes se sentent le mieux, entre copains, entre eux.
Commissaire de l’exposition : Pierre Jean Sugier, directeur de la Fondation Fernet Branca
La Fondation Fernet Branca est ouverte pour la nuit des musées de Bâle, avec un buffet et une possibilité d’appendre le tango, en présence de l’artiste le 22 janvier 2016.
voir les détails ci-dessous.
Un catalogue est édité par l’Imprimerie de St Louis, avec les photos de Laurent Troendle.
préfacé par un texte succulent d’Eric Chevillard, écrivain, journaliste au Monde, intitulé :
Du bon usage des Muses

Yusuf Sevinçli "Dérive"

Yusuf Sevinçli expose du jeudi 14 janvier au dimanche 28 février 2016
en entrée libre à La Filature, Scène nationale – Mulhouse

Le festival les Vagamondes a démarré avec le vernissage de l’exposition
« Dérive » de Yusuf Sevinçli, dans la galerie.
Feuilletez ici le programme du Festival les Vagamondes du 13 janvier au 23 janvier 2016

Sans titre, série POST II (015), 2013
Sans titre, série POST II (015), 2013

Le noir et blanc contrasté du jeune photographe turc Yusuf Sevinçli
oscille entre geste artistique et approche documentaire.
Gert Petrus Fieret et Miroslac Tichy, sont des références pour lui parmi
« Ils sont trop nombreux, tout au long de l’histoire de la photographie, pour les énumérer tous. August Sander, pour l’approche particulière de ses sujets, Eugène Atget pour son incroyable atmosphère. Robert Frank est très important pour moi, et continue de m’inspirer. Il y a aussi nombre de photographes japonais des années 70,
comme Moriyama et Kitajima. William Klein et Nan Goldin figurent parmi mes photographes favoris, et Anders Petersen aussi, qui a une grande influence sur mes
débuts. D’un point de vue plus contemporain, je trouve les travaux

de Rinko Kawauchi et Antoine D’Agata extrêmement intéressants.
Yusuf Sevinçli
Né en 1980 à Zonguldak en Turquie, Yusuf Sevinçli vit et travaille à Istanbul.
Il est représenté par la Galerie Les filles du calvaire à Paris et Elipsis Gallery à Istanbul.
Yusuf Sevincli, Good Dog
Diplômé de la section Communication de l’Université Marmara d’Istanbul en 2003, Yusuf Sevinçli intègre l’année suivante une Masterclass consacrée à la photographie documentaire en Suède, avant de suivre la Reflexions Masterclass de Venise. Il construit alors son travail personnel à travers plusieurs séries, dont Good Dog, qui ont fait l’objet de nombreuses expositions individuelles et collectives en Turquie et à travers le monde (Mois de la Photo de Moscou, PhotoBiennale de Thessalonique, Festival de photographie Fotografia Europa Reggio Emilia en Italie, Fotografie Noorderlicht aux Pays-Bas, FotoFreo en Australie…). Yusuf Sevinçli présente également ses oeuvres en France, notamment au festival Circulation(s) à Paris en 2012, au Festival Voies Off à Arles en 2013 et au festival Portrait(s) de Vichy en 2015.
 
Yusuf Sevincli, selfportrait
Yusuf Sevincli, selfportrait

 
Depuis 2008, son travail fait souvent l’objet de publications dans des ouvrages collectifs consacrés à la photographie (Image Makers, Image Takers: The Essential Guide to Photography chez Thames&Hudson) ainsi que dans différents magazines internationaux.
« J’ai démarré vers l’âge de 20 ans, pendant mes années universitaires. J’étais étudiant en journalisme et mon premier contact avec la photographie s’est fait lors des cours d’histoire du photojournalisme. Plus que par sa pratique, j’ai donc tout d’abord été attiré par l’histoire de la photographie et par ses figures iconiques, par le sens de ses messages et par l’effort de compréhension de la puissance de l’image. Je reste aujourd’hui persuadé qu’au-delà du style de chacun, un photographe ou un artiste usant de la photographie se doit de connaître l’histoire de cette dernière, afin de pouvoir appréhender à leur juste valeur les capacités du médium. »
Yusuf Sevinçli

Il nous livre les vestiges d’une culture encore vivace dans un pays en pleine mutation, comme par exemple l’image d’une des dernières maisons stambouliotes, bâtie en bois, livrée au feu, ou celle d’oiseaux s’envolant du fond d’une ruelle pentue et ruisselante. Ou bien encore, il capte cette vision hallucinatoire d’un réparateur qui ne descendra probablement plus de son lampadaire tant il semble y être accroché pour toujours. La nostalgie est au coin de l’énième impasse du quartier Beyoglù où Sevinçli se promène à longueur de jour et de nuit, mais la vivacité photographique de ses captations rappelle leur contemporanéité.
Yusuf Sevincli1
À l’occasion, il nous parle d’amour, s’arrête sur le charme d’un corps en livrant au regard un morceau de peau d’où affleure une sensuelle fragrance. Quelques visages enfantins frappent par leur innocence illuminée, rappelant l’imagerie des frères Lumière ou de Chaplin. Des bambins masqués jouent dans les ruelles et les terrains vagues, tandis que des petites filles surgissent dans des images, telles des merveilles, anges éternels, emblèmes du désir d’enfance. Leurs minois, au regard malin, fixent avec candeur le spectateur, comme ceux de ces jeunes filles que l’on dirait siamoises tant leurs
frimousses se serrent l’une contre l’autre.
Yusuf Sevincli
Yusuf Sevinçli sait aussi saisir les errants et autres noctambules qui colorent Istanbul de mixité et de fantaisie, à la croisée des cultures. Il tire de leurs corps des volumes et des aplats contrastés, tel ce dos d’homme où s’étale un liquide blanchâtre qui rappelle un
« dripping » abstrait. Il capte souvent un détail, un fragment, comme les jolies jambes au collant percé d’une punkette, des chardons plantés dans un vase, l’ampoule pendant d’un plafond écaillé (…) pour lui accorder un autre destin visuel. Les formes surgissent de l’ombre, traversant des rais de lumière et les rayures subies par le négatif, pour créer des prismes et des illuminations. Les images sont généralement structurées par l’éclairage mais peuvent contenir une géométrie de par leur sujet : pans d’immeubles abstraits, ossature de barnum laissé à l’abandon sur une plage lunaire, architectures au futurisme vieillot issues des vestiges d’un palais de la découverte décati.

Yusuf Sevinçli, 5
Il n’y a pas nécessairement de message dans l’oeuvre de Yusuf Sevinçli, ou alors, il est allusif, comme s’il désirait s’abstraire des remous politiques, pour se soucier de ce qu’il reste de l’humanité, à la manière d’un Sergio Larrain dont les images éclairent le futur douloureux du Chili de leur pureté éblouissante4. Ce photographe est en effet un fabricant de rêves en image. Dans les derniers travaux, son errance visuelle s’est élargie à l’Europe où il voyage. De Naples à Paris en passant par Marseille5, il poursuit sa quête d’un monde silencieux où seul le bruissement fugace de la vie le maintient en éveil.

SÉRIES EXPOSÉES À LA FILATURE
« MARSEILLE » : 15 tirages en noir et blanc et en argentique
aux formats 50 x 75 cm et 30 x 45 cm
Suite à une résidence en 2013 au Percolateur, plateforme pour la création photographique en Méditerranée, Yusuf Sevinçli a livré sa vision de Marseille dessinant le portrait d’une ville multiculturelle.
Les photos réalisées ont été publiées sous forme de livre en 2014 aux Éditions Le Bec en L’Air.

Yusuf Sevincli, série Marseille 2013
« GOOD DOG » : 17 tirages en noir et blanc et en argentique
aux formats 80 x 120 cm, 50 x 75 cm et 30 x 45 cm
Yusuf Sevinçli développe un concept picaresque, une approche photographique faite d’instabilité et d’errance. Il se contente de photographier son environnement, ses angoisses et ses questionnements au quotidien, et voit en la photographie le moyen de rester connecté aux choses et aux êtres, une réponse – sa réponse – à l’environnement qui l’entoure et aux mouvements qui l’habitent, une réflexion à la fois profonde et naïve. Sa série Good Dog a donné lieu à un ouvrage publié en 2012 aux Éditions Filigranes.
Yusuf Sevinçli2
« L’aspect émotionnel des photographies de Good Dog est physiquement instable.
Yusuf Sevinçli ne s’attarde pas. Il marche, il explore, il observe et il repart. Il prélève presque compulsivement des morceaux de réalité qui sont toujours différents, mais qui peuvent finalement trouver des similitudes et devenir une série d’images. C’est un concept picaresque de la photographie, presque sans-abri, errant, qui rejette la stabilité et la sérénité d’un foyer, même visuel, et qui rendent vivant. Les sujets deviennent des pièces qui s’assemblent et révèlent la matière qu’est la représentation de la réalité à travers l’oeil de l’artiste. L’émotion s’éloigne des sentiers battus et réinvestit la rue, nous montrant sa vraie nature. »

Christine Ollier, 2012
Yusuf Sevinçli
« VICHY, 2015 » : 11 tirages en noir et blanc et en argentique
aux formats 80 x 120 cm, 50 x 75 cm et 30 x 45 cm
En résidence à Vichy pendant un mois, Yusuf Sevinçli a arpenté la ville et posé un regard plein d’humanité sur ses habitants, leur rapport à la ville, à l’autre, au monde. Son travail a fait l’objet d’un focus lors du festival Portrait(s) 2015, ainsi que de la publication de Walking aux Éditions Filigranes.
« À quoi tient l’âme d’une ville ? À la rectitude des trottoirs étroits, lissés par le temps ? Aux taches de rousseur d’enfants saisis par les frimas ? Aux noctambules qui errent sous la fusion des lampadaires ? Une ville livre ses secrets à ceux qui l’arpentent sans fin, poussent la porte des bars, déjeunent sur le coin d’un comptoir et dînent au coin d’un autre, croisent les gavroches le matin sur le chemin de l’école et les retraités l’après-midi, qui siestent sur les bancs. En acceptant de conduire au printemps dernier une résidence à Vichy, Yusuf Sevinçli a endossé la figure du photographe marcheur, du flâneur indocile qui guette les offrandes du jour et les blêmissements du couchant : ici un croupier à la pâleur lunaire, là un chien mouillé convoquant les derniers fantômes de la nuit. Bien malin qui serait capable de reconnaître dans les images funambulesques de ce jeune
Yusuf Sevinçli, 6photographe turc les coquetteries de Vichy la française, Vichy la bourgeoise, arc-boutée sur ses façades art nouveau, ses villas néoclassiques et les splendeurs de l’Allier. La ville thermale, qui vit naître l’écrivain voyageur Albert Londres, devient une terre de rencontres et d’aventures, une projection mentale, un poème visuel né des chimères d’un artiste stambouliote qui pratique les déplacements dans tous les sens du terme, physiques et psychiques. Vichy, grâce à lui, s’éveille d’un drôle de rêve où passent des guirlandes de lumières et des gamins aux poings serrés. […]Sous la griffe du regard nomade de Yusuf Sevinçli, Vichy est dessaisie de son histoire et de sa géographie, elle flotte dans un espace-temps qui est celui du rêve éveillé, elle chaloupe et chavire, traversée de fulgurances, filochée de brouillard, sertie de noirs charbon et de blancs incandescents qui la rendent à la fois plus ardente, plus nerveuse et plus insaisissable. »
Natacha Wolinski, Walking, Éditions Filigranes / festival Portrait(s) 2015
« POST I » : 17 tirages en noir et blanc et en argentique
aux formats 80 x 120 cm, 50 x 75 cm et 30 x 45 cm
« POST II » : 8 tirages en noir et blanc et en argentique
aux formats 80 x 120 cm, 50 x 75 cm et 30 x 45 cm
« PARIS » : 4 tirages en noir et blanc et en argentique

 2 Michel Poivert, La Photographie contemporaine, Paris, Flammarion, 2002.
3 Christian Caujolle accorda une place importante à leurs images dans les colonnes de Libération dont il fut le directeur photo pendant des années, il collabora par la suite avec nombre d’entre eux dans la cadre de l’agence et de la galerie VU’.
4 Cf. expositions Sergio Larrain, commissariat Agnès Sire, église Sainte-Anne, RIP d’Arles et Fondation Henri Cartier-Bresson Paris, 2013.
5 Yusuf Sevinçli a été invité en résidence par l’association Le percolateur, exposition à l’Atelier de Visu, Marseille, octobre 2013.

Cours Publics 2016

Cours Publics est un cycle de conférences proposé conjointement par le Service Universitaire de l’Action Culturelle de l’Université de Haute-Alsace, la Haute école des arts du Rhin et La Kunsthalle.
C’est la 6e année que les cours reprennent, au vue de leur succès.

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Autour d’une thématique, trois intervenants présentent un courant artistique, un pan de l’histoire de l’art permettant de recontextualiser la création contemporaine.
Les cours, assurés par des personnalités universitaires ou du monde de l’art,
sont ouverts à tous, sur inscription.

Thème 2016 : ART ET ESPACE(S) PUBLIC(S)
Si l’on considère l’espace public comme l’ensemble des espaces de passage et de rassemblement à l’usage de tous, il semble alors évident que son devenir est une affaire partagée.
Comment les artistes s’y inscrivent-ils ? La pluralité des réponses est à l’image de la richesse du sujet. Certains créent dans la ville, d’autres avec la ville. Il y en a qui composent avec l’architecture et d’autres qui privilégient les expériences sensibles et sociales. Quelques-uns se rangent du côté de la ville minérale quand d’autres lui préfèrent
ses terrains vagues et indéfinis.
Entre gestes affirmés et micro-actions, entre objet monumental et interpellation participative, les enjeux de l’art dans l’espace public ne cessent d’évoluer et de se réinventer.
Ce cycle a pour objet de donner la parole à différents acteurs de ce jeu urbain qui dépasse largement la sphère artistique et s’inscrit en profondeur dans la métamorphose de notre société.
Cycle thématique de 3 séances
de 1h30 de 18:30 à 20:00
La Fonderie / Amphithéâtre
Jeudi 25 février – Conférence d’Yvan Detraz
Jeudi 3 mars – Conférence d’Alain Bernardini
Jeudi 10 mars – Conférence de Jérôme Poggi
 

Bruit du Frigo, LE RING-Bordeaux - 2013
Bruit du Frigo, LE RING-Bordeaux – 2013

Jeudi 25 février 2016 – Yvan Detraz
Peut-on imaginer un urbanisme laboratoire, complémentaire à l’urbanisme planifié et
« fait pour durer » ?
Un urbanisme de préfiguration qui défriche et teste des possibles, un urbanisme qui mise sur l’imagination et la capacité d’action des habitants, un urbanisme permissif, reposant sur des interventions légères et éphémères et offrant une place réelle à l’appropriation, un urbanisme qui révèle et augmente le potentiel poétique et d’usage
des lieux… Un urbanisme qui contribue à lutter contre l’appauvrissement de l’espace public et le repli sur soi, en réinventant des espaces communs désirables…
Yvan Detraz est architecte, directeur et cofondateur du Bruit du frigo, collectif pluridisciplinaire de création et d’intervention urbaine, créé en 1997. Il y développe notamment un travail exploratoire sur la réappropriation des
périphéries urbaines, à travers les projets Refuges périurbains et Randonnées périurbaines. Bruit du frigo initie des démarches artistiques, contextuelles et participatives mêlant installations temporaires ou pérennes, microarchitectures
et actions collectives.
Alain Bernardini, les Appuyées, Toulouse
Alain Bernardini, les Appuyées, Toulouse

Jeudi 3 mars 2016 – Alain Bernardini
En s’appuyant sur une sélection de ses images et installations photographiques, Alain Bernardini questionnera la notion de « pouvoir » de l’image, qu’il rattache à la connaissance de l’iconographie, au contexte de l’élaboration, à la
forme de présentation, et au lieu de l’exposition. Dans sa recherche artistique, non seulement le contexte social du territoire et /ou de l’individu, mais aussi les espaces publics sont des éléments déterminants qui influencent ce qu’il
qualifie de puissance active de l’image et de sa réception.
Tout passant est amené un jour à être spectateur, mais
aussi usager, voire acteur, de l’espace public et les enjeux de cette puissance varient ainsi selon les rôles tenus tour à tour.
Alain Bernardini est artiste, professeur associé et directeur du Master Département Photographie et Art contemporain à l’Université Paris 8. Il participe à de nombreuses expositions et répond depuis 2014 à une commande publique du Cnap et du BBB de Toulouse sur le thème de la photographie dans l’espace public avec le projet Recadrée. Porte-Image. Borderouge Nord.
Mathieu Lehanneur
Mathieu Lehanneur

Jeudi 10 mars 2016 – Jérôme Poggi
Les Nouveaux commanditaires est un dispositif initié et soutenu par la Fondation de France. Cette action permet à tout groupe de personnes qui en exprime le désir et en justifie le besoin dans un but d’intérêt général de passer commande d’une oeuvre d’art à un artiste. Un réseau de huit médiateurs agréés par la Fondation de France, et
réunis au sein de la Société des Nouveaux commanditaires, met en oeuvre cette action à travers la France. Le modèle des Nouveaux commanditaires a été repris dans plusieurs pays européens, dont la Belgique, l’Italie, l’Allemagne, l’Angleterre, la Suède…
Jérôme Poggi est médiateur pour l’action des Nouveaux Commanditaires qu’il met en oeuvre en Ile-de-France à travers la structure « not-for-profit » SOCIETIES (anciennement Objet de production) qu’il a fondée en 2004. Historien
et critique d’art, spécialisé dans l’histoire du commerce de l’art, il est l’auteur de nombreux articles, ouvrages et films documentaires. Jérôme Poggi a fondé sa galerie en 2009 après avoir exercé pendant plusieurs années dans le milieu institutionnel de l’art.
Modalités d’inscription
Inscription uniquement par courrier auprès du
Service Universitaire de l’Action Culturelle de l’Université de Haute-
Alsace – Maison de l’Etudiant – Campus Illberg – 1, rue Werner 68100 Mulhouse
Tarif plein : 20 euros / tarif réduit 10 euros pour l’ensemble des conférences. Gratuit pour les étudiants de la HEAR
et de l’UHA.
Bulletin téléchargeable sur : www.kunsthallemulhouse.com
Pour tout renseignement concernant l’inscription
s’adresser au Service Universitaire de l’Action Culturelle de l’Université de Haute-Alsace : 03 89 33 64 76 / isabelle.lefevre@uha.fr
 

Sommaire décembre 2015

31 décembre 2015 :

08 décembre 2015 : Andreas Gursky au Museum Frieder Burda
10 décembre 2015 : Régionale 16 en 2015
11 décembre 2015 : LES VAGAMONDES
14 décembre 2015 : Valérie Favre, « La première nuit du monde »
21 décembre 2015 : À la recherche de 0,10 – La dernière exposition futuriste de tableaux
23 décembre 2015 : Elisabeth Louise Vigée Le Brun
25 décembre 2015 : Joyeux Noël 2015

Valérie Favre, "La première nuit du monde"

Valérie Favre au MAMCS, musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg
propose, « la première nuit du monde » jusqu’au 27 MARS 2016
Son attirance pour le théâtre et le cinéma,  explique la mise en scène de l’exposition.

Valérie Favre, Balls and Tunnels, 2015
Valérie Favre, Balls and Tunnels, 2015


En levée de rideau
, elle propose d’ouvrir l’exposition sur une oeuvre abstraite, le dernier Balls and Tunnels réalisé en 2015.
Il s’agit du nouvel opus de la série éponyme débutée il y a vingt ans pour
laquelle Valérie Favre ne réalise qu’un tableau par an et ce, jusqu’à la fin de sa vie, comme elle
l’a déjà énoncé. OEuvres rares, les Balls and Tunnels série de cosmogonies colorées sont tous réalisées selon le même
protocole, celui d’une peinture voulue
« avec le moins de décisions possibles » ; l’artiste travaille
la toile libre en laissant le hasard induire des rencontres de couleurs, sous forme de taches et de dégoulinures.
Le résultat doit à la fois au hasard et aux reprises minutieuses de l’artiste qui travaille ensuite glacis et empâtements pour réaliser une oeuvre « qui n’a plus de sens ».
Placé au tout début de l’exposition, véritable « morceau de peinture », il permet d’évacuer l’image restrictive parfois associée à l’artiste connue pour sa peinture figurative.

 
Valérie Favre, Lady Bird 2010
Valérie Favre, Lady Bird 2010

 
Les Théâtres
Vastes polyptiques s’étirant sur près de 400 cm, les Grands Théâtres ici réunis sont pour une majeure partie des travaux très récents. Décrits par l’artiste comme des grandes
« scèneries »,
les cinq formats monumentaux auxquels vient s’adjoindre un inattendu petit format, accueillent le visiteur dans une salle écarlate qui rappelle le théâtre ou le cirque. Traitant de la « folie du monde » sur le mode de la parade, ces grandes compositions entrecroisent nombre de références visuelles et allégoriques (références à l’Histoire de l’Art, au cinéma, à la mythologie,…). La figure de la Mort y est fréquente, elle côtoie un catalogue de personnages, d’animaux et de créatures hybrides réunis pour jouer la comédie ou le drame sous les feux de la rampe. Les oeuvres – toutes baptisées d’un titre qui évoque les circonstances de leur éclosion – sont porteuses de signes qui renvoient d’un tableau à l’autre.
Valérie Favre
Accrochées volontairement assez bas, ces Théâtres invitent le regardeur à entrer dans le spectacle qui se joue sous ses yeux et à rejoindre le cortège de Madame Rêve, à se pavaner aux côtés de Laby Bird, à gagner la foule qui se presse autour de La Voyante/Die Hellseherin, à se faufiler parmi les acteurs du Cristal Palace
ou encore à « perdre oeil », comme on perd pied, dans le paysage infini de Play-Back.
Odilon Redon, James Ensor, ou encore Brueghel se cotoyant.
Valérie Favre, Thomas l'Obscur
Thomas l’Obscur
Au sortir de la salle rouge, le visiteur soulève un rideau de velours qui ouvre sur une salle aux murs blancs. Là, il se trouve nimbé d’un ensemble dense de dessins accrochés selon un rythme très particulier, entrecoupé par endroits de tableaux : les dessins, comme une portée musicale, sont disposés sur plusieurs lignes et créent un vaste environnement où les tableaux surgissent comme des taches de couleurs. L’oeuvre présentée ici relève d’une démarche nouvelle de l’artiste : Valérie Favre a, en effet, opéré un copiage minutieux et intégral du roman de Maurice Blanchot, Thomas l’Obscur. Ce travail réalisé sur un grand carnet démantelé contient le texte in extenso ainsi que plusieurs dessins à l’encre et à l’aquarelle qui entrent littéralement dans les mots de Blanchot. Roman en forme de voyage intérieur, Thomas l’Obscur inspire aussi à l’artiste
plusieurs peintures où le thème de la noyade est récurrent. Férue de littérature, Valérie Favre qui se présente elle-même comme une « fausse écrivaine », s’est passionnée pour les textes de l’auteur de L’Écriture du Désastre. Elle livre ici une oeuvre d’art totale qui rencontre et prolonge le texte de Blanchot dans un déploiement, certes, monumental, mais néanmoins intime pour qui sait s’approcher tout près de ces pages manuscrites où affleure la sensibilité de leur copiste.
Valerie Favre, Thomas l'obscur détail
Les Fragments
Puis c’est un nouveau choc, on pénètre dans une salle obscurcie.
Série débutée en 2010 et close en 2012, Les Fragments, sortes de maelströms sombres qui ne sont pas sans rappeler les dessins de Victor Hugo, voient ici leur épilogue. Valérie Favre conçoit ces tableaux abstraits de dimensions différentes comme
« des morceaux d’univers ». Galaxies, constellations, trous noirs ou voie lactée, Les Fragments renvoient à ce qui nous dépasse, à ce qui se place au-delà : l’infini est malaisé, sinon impossible, à concevoir, plus encore à peindre.
Valérie Favre
L’artiste s’attaque à cette impossibilité et retient du grand tout quelques fragments. De ses tableaux, elle a fait réaliser de minuscules photographies qu’elle a fait imprimer en grande
quantité. Ces minuscules Fragments ont été soigneusement assemblés les uns avec les autres, cousus ensemble pour former un tapis aux motifs ornementaux, façon de transformer les questionnements qui nous taraudent en un élément domestique – ou magique – un tapis.
Valerie FavreLes Ghosts
Les Ghosts de Valérie Favre, série entreprise depuis 2012 et toujours en cours, revêtent plusieurs formes. Ceux qu’elle a choisi de réunir ici s’inspirent du tableau de Goya, Le Vol des Sorcières (1797/1798). Dans le tableau du Prado, trois créatures portant des chapeaux pointus portent à bout de bras le corps d’un homme nu et s’envolent dans un ciel noir, tandis qu’au sol un personnage erre à l’aveugle et qu’un autre se désole. Valérie Favre retient cette ascension du corps pour une série de tableaux de petits formats où elle opère diverses variations. Le gisant change d’apparence, de genre, d’état, les « sorcières » se font danseuses, secouristes bienveillantes ou facétieuses. Toutes ensemble, ces petites peintures forment une nuée qui décline tous les tons possibles pour jouer la même scène, telle une multitude de prises enchaînées par un acteur qui seraient vues simultanément.
Valérie Favre, les Gohsts
Les Petits Théâtres de la vie
Pratique autonome et rare de l’artiste, le dessin constitue ici un ensemble
« à portée de main » ; l’artiste a, en effet, souhaité les présenter différemment des autres oeuvres de l’exposition.
Posés sur des lutrins, les dessins invitent à une contemplation rapprochée, nécessaire tant leurs multiples détails sollicitent l’attention. Combinant écritures, collages, photocopies, dessins dans les marges, les oeuvres graphiques de Valérie Favre se présentent comme une cartographie moult fois retravaillée.
Valérie FavreOn y lit le nom de Kleist, on relève des marques d’antidépresseurs, on rencontre des animaux et des formes géométriques, agencés sur ce qui ressemble à une scène ou une piste de cirque. Une fois encore, Valérie organise à la façon d’un metteur en scène de théâtre de petites scènes peuplées de personnages et de situations improbables, coeur d’un récit qui emprunte, ça et là, des éléments de la réalité et de sa vie personnelle, tout en restant une création résolument fictive.
Un travail original, qui nécessite l’attention du regardeur, où l’ingéniosité côtoie
la diversité, l’éclat et la profondeur des couleurs, un regard aigu et ironique sur le monde.

LES VAGAMONDES

A vos agendas
LES VAGAMONDES
: festival d’arts & de sciences humaines
4e édition dédiée aux cultures du Sud
Fellag / Blitz Theatre Group / Rocío Molina / Dhafer Youssef / Emma Dante
Héla Fattoumi & Éric Lamoureux / Lina Majdalanie & Rabih Mroué
Amir Reza Koohestani / Zad Moultaka / Cie Massala / Yusuf Sevinçli
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Un focus sur la création méditerranéenne du 13 au 23 janvier où se succéderont des propositions de théâtre, danse, musique, humour, mais aussi des événements en entrée libre : rencontres avec les artistes, conférences, expositions… Pour cette 4e édition, La Filature s’associe à de nombreux partenaires et propose des rendez-vous
« sciences humaines » dans tout Mulhouse !
Une mer qui relie autant qu’elle sépare. Car la coexistence ne va
jamais de soi. Il faut la vouloir, il faut la construire, l’interroger, en
permanence. C’est bien là que réside la raison d’être de ce festival
qui, à travers les arts et les sciences humaines, nous ouvre vers la
connaissance et la reconnaissance de l’Autre dans sa diversité. Par
les arts, mais aussi la géographie, l’histoire, la géopolitique ou
encore la gastronomie et le vin, nous aborderons beaucoup des
questions de société qui animent notre actualité. Nous entendrons
parler de logique des frontières, de migration des peuples et de
mondialisation. Nous verrons également que nombreux sont les
spectacles qui questionnent – parfois avec beaucoup d’audace – la
place de la femme dans le périmètre méditerranéen.
Les vagamondes
Pour cette 4e édition, l’équipe de La Filature s’est entourée d’une multitude d’acteurs locaux à l’initiative de l’association « Les Cafés Géographiques ».
Nous oeuvrerons ainsi à ce que ce festival soit une véritable
rencontre de l’Autre. Une fête mêlant allègrement arts visuels, théâtre, cinéma, conférences, débats, danse et performances avec comme ligne de mire cette mer qui nous est donnée en partage.
mercredi 13 janv. 19h en entrée libre
INAUGURATION DU FESTIVAL + VERNISSAGE DE L’EXPOSITION DE YUSUF SEVINÇLI
mais aussi de l’installation végétale de Sophie Larger & Stéphanie Buttier dans le hall de La Filature
RESTAURATION
Du mercredi 13 au mercredi 20 janvier, l’association Épices proposera une restauration les soirs de spectacles.
Vendredi 22 et samedi 23 janvier, l’association Franco-Amazigh concoctera des spécialités berbères :
restauration, salon de thé et pâtisseries à savourer en musique ; et samedi 23, le couscous traditionnel du Nouvel An berbère.
Programme complet à consulter

Andreas Gursky au Museum Frieder Burda

Exposition à Baden-Baden Jusqu’au 24 janvier 2016
« Si tant est que l’on puisse représenter la réalité,
on ne peut le faire 
qu’en la construisant. »
(Andreas Gursky)
Andreas Gursky
Il est considéré comme l’un des plus importants artistes contemporains : le photographe dusseldorfois, Andreas Gursky (né à Leipzig en 1955), élève de Bernd et Hilla Becher (décédée en 2015) . Objectif et précis, il capture l’épicentre de la vie moderne et de la réalité globale. Chacune de ses compositions d’ensemble est un chef d’oeuvre technique et pictural, inscrit depuis longtemps désormais dans la mémoire picturale collective du monde artistique. Gursky a utilisé un nouveau pinceau qu’est la photographie.
Le traitement numérique des images et la monumentalité constituent parallèlement, à l’emploi résolu de la photographie en couleurs, ses formes d’expression caractéristiques. En même temps, les oeuvres de Gursky (vidéo, à partir de 3. mn) sont toujours les témoins devenus images de ses voyages entrepris depuis des décennies dans le monde entier. Derrière ces images se cache ainsi également une carte géographique imaginaire qui retrace les itinéraires de l’artiste. Bien rares sont les artistes de notre temps ayant pratiqué avec une telle constance le voyage en tant qu’activité, et le fait que Gursky ait toujours eu en tête une description précise du monde, de sa construction et de sa constitution, apparaît de plus en plus clairement au fil du temps.
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Ses travaux sont toujours une réflexion sur la vision extérieure et intérieure du monde. La beauté évidente et la perfection de ses images sont trompeuses, car c’est bien derrière ces qualités, pour ainsi dire derrière le premier regard, que se dissimule la richesse de l’espace mental de ce qui est montré. Les oeuvres de Gursky séduisent par ce qu’elles montrent, mais simultanément elles portent en elles une injonction tenace à réfléchir sur leur raison d’être.
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Des sites antiques aux univers fantastiques fictivement mis en scène en passant par les lieux situés au coeur de l’actualité politique et sociétale : les images d’Andreas Gursky s’avèrent toujours être une observation subtile de l’état de notre univers globalisé. Le Caire, la pyramide de Khéops, les boutiques Prada et Toys“R“Us, les ateliers de fabrication et les décharges, les spectacles de masse en Corée du Nord à Pyongyang, une multitude de pom pom girls,  chacune étant livrée à sa solitude, ou à l‘occasion des rassemblements des Églises, un spectacle de Madona, la mise en relief subversive de structures du pouvoir et d’ordres globalisés du monde, les bourses opérant au niveau international, les musées lieux de prétendu recueillement et les héros de BD pour représenter les mondes à venir : tout cela fait partie du répertoire de ses compositions.
Ses clichés sont minutieusement composés, retravaillés et scénarisés à l’extrême, à l’aide de logiciels, le spectateur est d’abord frappé par un tout, à la fois gigantesque et graphique,
Les lacets de la mythique montée de l’Alpe d’Huez du Tour de France, semblent d’une grande cohérence, mais cette « image est faite de soixante images juxtaposées et imbriquées » Ailleurs on se demande si Gursky a utilisé un drone pour photographier l’Artique, presque peinture, au blanc, traces, failles. L’image expurgée de toute flore,
minimaliste, géométrique, rectiligne du « Rhein ( Rhein II adjugé 4,3 millions de dollars en 2011), l’image qui désoriente,  le Lager? mémoire mise en abime impersonnelle des réserves d’un musée.
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Au Vietnam à Nha Trang il photographie les conditions de production archaïques, machinales,  comme une chorégraphie de groupe. L’exploitation des sols allemands qui produisent en masse l’asperge. Avec l’image « 99 cents » ces étagères de marchandises sont  depuis longtemps devenue une icône de biens de consommation, de surproduction à outrance.
Gursky
Ruckblick 2015,  n’est pas une photo historique, mais une œuvre d’art numérique. Andreas Gursky a installé les  quatre chanceliers allemands en face d’une peinture de Barnett Newman.  L’actuelle chancelière allemande Angela Merkel est la deuxième à droite. Les autres, à partir de la gauche, sont Gerhard Schröder, Helmut Schmidt et Helmut Kohl.
Puissants et solitaires …
L’artiste semble aussi  parfois s’éloigner des clichés documentaires et spectaculaires qui ont fait sa célébrité : une surface d’eau de Bangkok évoque les Nymphéas de Monet ou une plongée en hyper gros plan au cœur d’une toile de Van Gogh. Dans l’exposition se trouvent même « trois images qui n’ont pas été retravaillées, de véritables instantanés », comme une image argentique d’un stade de football, dont le gazon possède une couleur surnaturelle.
Gursky
L’exposition du Musée Frieder Burda, qui a vu le jour en étroite collaboration avec l’artiste, permet en une sorte de rétrospective de poser un regard neuf sur le fascinant univers pictural de Gursky. Le strict sentiment « d’implication », suscité par ces images qui alimentent nos représentations et imaginations du monde, peut alors être mis en question et exploré.
Gursky
Placée sous le commissariat de Udo Kittelmann pour le Musée Frieder Burda, l’exposition couvre la période allant des travaux emblématiques plus anciens d’Andreas Gursky jusqu‘à ses toutes dernières inventions d’images. Le visiteur voit se dérouler sous ses yeux un riche panorama d’images qui d’une part analyse avec précision notre réalité, et exprime d’autre part le plaisir extrême de voir et de découvrir des images.
Une publication paraissant aux éditions Steidl thématise la sélection d’oeuvres retenue pour l’exposition de Baden-Baden et son approche artistique et curatoriale en faisant dialoguer de manière exemplaire texte et image. Le moment de la construction et de la reconstruction de la réalité inhérent aux travaux de Gursky trouve dans le catalogue un équivalent sous forme de dialogue par le biais de textes issus de la presse quotidienne nationale et internationale sélectionnés par le commissaire de l’exposition.
Museum Frieder Burda
Lichtentaler Allee 8 bD
-76530 Baden-Baden
Tel. +49 (0) 7221/3 98 98-33
Fax +49 (0) 7221/3 98 98-30
www.museum-frieder-burda.de
photos courtoisie du musée Frieder Burda

Sommaire du mois de novembre 2015

-Christine Roda, le Louvre
Anne-Christine Roda, le Louvre

l’image parle d’elle-même, les additecds des nouvelles technologies
devant la Joconde (vue à ST-ART)

02 novembre 2015 : Jour des morts
05 novembre 2015 : La Biennale de la Photographie de Mulhouse
06 novembre 2015 : Dreieckland, Franck Christen
07 novembre 2015 : Carte Blanche à François Bruetschy
13 novembre 2015  : Joseph Bey, d’un Rivage à l’Autre
29 novembre 2015 : ST-ART 2015, 20e édition