Sommaire du mois d’avril 2023

30 avril 2023 : Jean Michel Basquiat Soundtracks
22 avril 2023 : Roger Ballen. Call of the Void
13 avril 2023 : Vermeer l’unique
12 avril 2023 : Le Martyre de sainte Catherine de Simon Vouet
09 avril 2023 : Petit mot de Pâques

Jean Michel Basquiat Soundtracks

Jean-Michel Basquiat, Toxic, 1984, Fondation Louis Vuitton, Paris.
218,5 x 172,5 cm, acrylique, bâton à l’huile et collage de photocopies
sur toile.

Jusqu'au 30 JUILLET 2023 à la Philharmonie de Paris
La Philharmonie de Paris, East side, et la Fondation Louis Vuitton, West side, se réjouissent de développer une collaboration inédite construite sur la complémentarité de leur programmation dédiée à l’oeuvre de Jean-Michel Basquiat. Tandis que, West side, sera présenté le travail à quatre mains de Basquiat et Andy Warhol, l’oeuvre du peintre sera exposée et dévoilée,
East Side, dans sa dimension proprement musicale. Now’s the Time…
Commissaires de l’exposition
Vincent Bessières, commissaire invité par le Musée de la musique – Philharmonie de Paris
Dieter Buchhart, commissaire invité
Mary-Dailey Desmarais, conservatrice en chef du MBAM
Nicolas Becker, designer sonore
Une exposition co-organisée par le Musée des beaux Arts de
Montréal et la Philharmonie de Paris.
Basquiat amateur éclectique

Les improvisations visionnaires de Charlie Parker ou le feu enlevé des airs de la Callas, les chants des bluesmen ou ceux des griots, les symphonies
de Beethoven, le Boléro de Ravel et tant d’autres musiques encore forment la toile de fond sonore de la pratique picturale de Jean-Michel Basquiat. Ceux qui
d’ailleurs sont venus dans son atelier se souviennent que le peintre travaillait toujours en écoutant de la musique. Basquiat a en effet vécu, peint, dansé,
inventé et transgressé à une époque où New York connaissait l’une des périodes les plus créatives de son histoire musicale, avec la naissance de nouveaux sons urbains comme la no wave, la new wave et le hip-hop. L’artiste a fait même une brève carrière de musicien au sein du groupe très expérimental Gray, fondé en 1979 avec Michael Holman. Comment lire ou comprendre la prégnance de cet art dans son imaginaire ? Qu’est-ce que la musique dans l’oeil du peintre Basquiat ? Et peut-on « entendre »
ses oeuvres ? …………….extrait
Olivier Mantei
Directeur général de la Philharmonie de Paris
Marie-Pauline Martin
Directrice du Musée de la musique

BASQUIAT ET LA MUSIQUE

Basquiat Soundtracks est la première exposition consacrée au rôle de la musique dans l’art de Jean-Michel Basquiat (1960-1988), artiste parmi
les plus fascinants du XXe siècle. Né à Brooklyn, de père haïtien et de mère portoricaine, Basquiat a baigné dans l’effervescence musicale de New
York à la charnière des années 1980, marquée par l’émergence de nouvelles formes urbaines telles que la no wave et le hip-hop. Puissante et audacieuse, son expressivité s’est développée en prise avec ce paysage sonore, donnant naissance à une oeuvre qui doit aussi bien à l’art de la rue qu’à la tradition occidentale, questionnant les conventions esthétiques et révélant
une sensibilité tout à la fois critique et poétique.


Grand amateur de musique, Basquiat possédait, dit-on, une collection de plus de 3 000 disques allant du classique au rock en passant par le zydeco, la soul,
le reggae, le hip-hop, l’opéra, le blues et le jazz.
Dans son atelier, plusieurs sources sonores pouvaient coexister simultanément. Cependant, la musique est loin d’avoir seulement formé une trame sonore à sa
vie et à sa pratique. Commençant par une évocation, riche d’archives, des scènes musicales fréquentées par l’artiste à New York dans les années 1970 et 1980, l’exposition met en lumière ses expériences en tant que musicien et producteur de disque. Explorant en détail son imaginaire sonore, elle examine les nombreuses références qui parsèment son travail, révélant combien la musique a informé ses représentations et influencé ses processus de composition. La façon dont Basquiat l’a inscrite dans ses oeuvres témoigne,
en outre, de son intérêt profond pour l’héritage de la diaspora africaine et de sa conscience aiguë des enjeux politiques liés aux questions raciales aux
États-Unis. La musique apparaît ainsi comme une célébration de la créativité artistique noire tout en pointant les complexités et les cruautés de l’histoire.
Elle offre une clé d’interprétation à une oeuvre qui, dans son auto-invention, est parvenue à intégrer le beat d’une époque, le blues d’un peuple, le geste du
sampling et les symphonies épiques d’une modernité mouvementée.

IMMERSION SONORE DANS UNE OEUVRE FOISONNANTE

Par la réunion d’une centaine d’oeuvres, cette exposition s’offre comme une expérience immersive dans les lieux et les sons qui ont façonné le parcours de
Basquiat et alimenté son inspiration. Audacieuse, la scénographie montre sous un jour nouveau une invention picturale où la photocopie prend valeur de
sample, et où le mix agit comme principe structurant.
Complétée d’archives rares et de documents audiovisuels inédits, Basquiat Soundtracks remet en perspective une oeuvre qui, tout en restant étroitement liée à la club culture – depuis l’underground jusqu’aux boîtes de nuit les plus flamboyantes des eighties –, a désormais révélé sa dimension universelle.
Nourri par un travail de recherche approfondi portant sur les sources et les références musicales de Basquiat, le dispositif audiovisuel de l’exposition a été conceptualisé et articulé par Nicolas Becker, ingénieur du son et sound designer pour l’art contemporain (Philippe Parreno) et le cinéma (Sound of Metal de
Darius Marder ; Alejandro González Iñárritu…).
En collaboration avec la Philharmonie de Paris et Vincent Bessières, Nicolas Becker a imaginé une véritable partition musicale évolutive et organique. Celle-ci puise sa matière parmi des centaines de titres et d’enregistrements,
et s’appuie sur un logiciel pionnier, Bronze. Capable, par le biais de l’intelligence artificielle, de concevoir des associations de sons aussi pertinentes qu’imprédictibles et de faire varier des combinatoires
de morceaux préexistants selon des critères déterminés en amont, Bronze élabore des scénarios musicaux proprement inouïs et recompose à l’infini
la bande-son de l’exposition.
L’expérience vécue par chaque visiteur est ainsi unique, l’immergeant dans un brassage de références sonores et musicales en perpétuel mouvement, à l’image de la manière dont Basquiat lui-même appréhendait la musique.

BASQUIAT ET LES MUSIQUES DE SON TEMPS

Le talent de Jean-Michel Basquiat émerge à New York à la toute fin des années 1970, au sein d’une communauté artistique parmi laquelle la pluridisciplinarité est de mise. Poète, styliste, auteur d’assemblages d’objets trouvés, Basquiat est ainsi musicien avant d’être pleinement peintre : le groupe Gray, dont il est le cofondateur et leader officieux, partage la scène avec des formations phares de la no wave telles que DNA ou The Lounge Lizards, dont les partis pris esthétiques ne sont pas sans écho avec l’oeuvre plastique de Basquiat.

LA SCÈNE DOWNTOWN

En 1979 et 1980, Basquiat fréquente ainsi assidûment – outre le Mudd Club où il dit avoir « passé toutes [ses] nuits pendant deux ans » – le CBGB, épicentre de la scène punk rock ; le Club 57, espace de performance alternatif animé notamment par Ann Magnuson et Keith Haring ; le TR3 (alias Tier 3), où les groupes no wave alternent avec des formations de free jazz et des projections de cinéma expérimental ; le Squat Theatre, lieu d’avant-garde théâtrale et musicale ; A’s, le loft ouvert par l’artiste Arleen Schloss, où ont lieu
le mercredi des soirées pluridisciplinaires au cours desquelles Basquiat rêve, avec le chanteur Alan Vega, de la possibilité d’une
« symphonie métropolitaine » orchestrée à partir de bruits de la ville.

BASQUIAT ET LA DÉFERLANTE HIP-HOP

À partir de 1980, la vague du hip-hop commence à déferler sur le sud de Manhattan, sous l’effet de plusieurs acteurs et actrices de la scène downtown
comme Edit deAk – qui présente à The Kitchen le groupe Funky Four Plus One – ou Fab 5 Freddy – qui organise avec le graffeur Futura 2000 au Mudd
Club Beyond Words, l’une des premières expositions consacrées au mouvement, à laquelle Basquiat participe sous le nom de
« SAMO© ».
Le succès de « Rapture » de Blondie, chanson dans laquelle Debbie Harry s’essaie au rap, est une manifestation majeure de cette convergence culturelle entre les mouvements no wave et hip-hop : aux côtés de Fab 5 Freddy et de Lee Quiñones, Basquiat participe au décor du clip et y tient le rôle du DJ Grandmaster Flash, absent lors du tournage. Au cours de sa vie de noctambule, l’artiste fréquente les soirées organisées au Negril et au Roxy, au cours desquelles officient Afrika Bambaataa et les DJ de la Zulu Nation venus du Bronx mais aussi Nicholas Taylor, son ancien partenaire de Gray converti aux platines, qu’il a lui même baptisé du nom de « DJ High Priest ».

BEAT BOP JEAN-MICHEL BASQUIAT, 1983

OEuvre double – musicale et visuelle –, Beat Bop tient une place singulière dans la production de Basquiat, car elle constitue son unique tentative aboutie de
publier une création sonore. Crédité à la boîte à rythmes et au mixage, Basquiat se présente comme producteur et réalisateur du titre, qui met en scène
les talents de rappeurs de Rammellzee et K-Rob.
Entièrement en noir et blanc, ponctuée de plusieurs de ses motifs signatures, la pochette affiche le nom d’une maison de disques fictive,
« Tartown Record Co. »,
qui rappelle, par le truchement des mots art et tar (« goudron » en anglais), la dépendance commune des musiciens et des peintres aux dérivés du pétrole.

MARIPOL POLAROÏDS (SÉLECTION) 1978-1988

MARIPOL FOR SPECIAL EFFECTS
Venue à New York avec le photographe Edo Bertoglioen 1976, l’artiste française Maripol s’y impose comme l’une des personnalités phares de la scène downtown. Elle rencontre Basquiat en 1979 au Mudd Club, dont elle est une habituée. En tant que styliste, elle contribue à façonner le look de Madonna, notamment à l’époque de l’album Like a Virgin (1984). Munie de son appareil photo, Maripol a immortalisé les visages des protagonistes des nuits new-yorkaises sous la forme de polaroïds, dont une sélection est exposée ici. Ayant
oeuvré en 1980 à la production de New York Beat, réalisé par Bertoglio et dans lequel Basquiat tient le rôle principal, elle a concouru avec le scénariste Glenn
O’Brien au sauvetage du film resté inachevé, finalement présenté au public en 2000 sous le titre Downtown 81.

IMAGES SONORES ET BRUITS VISUELS

Celles et ceux qui ont visité son atelier se souviennent que pour créer, Basquiat s’immergeait dans un
environnement fait de musique de toute sorte, du classique au reggae, mais aussi de sons produits par
la télévision ou la radio. Ses oeuvres sont chargées d’éléments qui donnent à voir le bruit : onomatopées, engins qui traversent ses toiles, citations de dessins animés, représentations anatomiques qui présentent le corps et ses organes comme émetteurs de sons…
Basquiat matérialise les phénomènes sonores selon un vocabulaire graphique qui emprunte parfois aux codes de la bande dessinée ou des films de série B, tout en évoquant la musique par les techniques de composition
employées. Le représentations d’antennes, pylônes
et autres schémas techniques témoignent également du vif intérêt de Basquiat pour les technologies de la diffusion et de l’enregistrement. Dans cette oeuvre
visuellement bruyante, les mots occupent aussi une
place capitale : marqué par l’influence des écrivains de la Beat Generation, comme William S. Burroughs qu’il fréquente et considère comme son « auteur
vivant préféré », Basquiat fait un usage abondant de l’onomatopée et intègre à ses oeuvres une forme de poésie verbale qui témoigne de son intérêt pour
le langage. Comme Burroughs, il parvient à réduire l’écart entre le visuel et le textuel en recourant à des logiques d’association imprédictibles, fruit d’une
pensée affranchie des conventions.

JAZZ

De toutes les musiques auxquelles Basquiat se réfère dans sa pratique artistique, le jazz est sans conteste la plus apparente dans son oeuvre. Considéré comme une contribution africaine-américaine majeure au
domaine des arts, le jazz se présente à lui comme un continuum de réussite et d’excellence noires. Célébrant le génie créatif des musiciens avec l’ambition de dire une partie de leur histoire en remontant jusqu’au berceau du genre, à La Nouvelle-Orléans, Basquiat élabore des oeuvres transhistoriques. Loin d’être de
simples hagiographies, elles inscrivent le jazz dans une histoire diasporique plus vaste et soulignent les inégalités et le racisme subis par les musiciens
inféodés aux règles de l’industrie phonographique.

PARTENARIAT
DU 5 AVRIL AU 28 AOÛT 2023, LA FONDATION LOUIS VUITTON
PRÉSENTE L’EXPOSITION « BASQUIAT X WARHOL, À QUATRE MAINS »

WEEK-END « WEST SIDE / EAST SIDE » : DEUX EXPOSITIONS, UN BILLET
Autour de l’oeuvre de Jean-Michel Basquiat, la Philharmonie de Paris et la Fondation Louis Vuitton développent une collaboration inédite construite
sur la complémentarité de leur programmation
. Ainsi du vendredi 30 juin au dimanche 2 juillet, les deux institutions proposent un événement commun,
« West Side / East Side ».

Pendant ces trois jours, un billet acheté pour l’une des deux expositions donnera accès gratuitement à l’autre exposition. Cet événement conjoint donnera lieu aussi à des animations musicales (concerts, DJ sets…), à
découvrir West Side, à la Fondation Louis Vuitton, et East Side, à la Philharmonie de Paris.
(Programmation en cours, cet événement fera l’objet d’une communication spécifique)

Vidéo

INFORMATIONS PRATIQUES

EXPOSITION

Cité de la musique – Philharmonie de Paris
221, avenue Jean-Jaurès
75019 Paris

BASQUIAT SOUNDTRACKS
DU 6 AVRIL AU 30 JUILLET 2023
Du mardi au jeudi de 12H à 18H
Le vendredi de 12H à 20H
Samedi et dimanche de 10H à 20H
Pendant les vacances scolaires (zone C) :
Du mardi au dimanche de 10H à 20H
TARIFS
Plein tarif : 14€
Tarifs réduits : 11€ (26 à 28 ans)
8€ (16 à 25 ans, minimas sociaux)
Gratuit pour les moins de 16 ans
VISITE GUIDÉE
Les samedis de 11H à 12H30 (du mardi au samedi
pendant les vacances scolaires de la zone C)
Du samedi 15 avril au jeudi 13 juillet
Tarif : 16€
ACCESSIBILITÉ
L’exposition propose une découverte sonore, visuelle mais aussi tactile des oeuvres de Jean-Michel Basquiat. Un parcours composé de 5 supports
tactiles et de commentaires audio accompagne les personnes en situation de handicap visuel.
Un audioguide adapté ainsi qu’un livret en braille et gros caractères sont disponibles en prêt à l’accueil de l’exposition.
Un livret facile à lire et à comprendre (FALC), disponible en ligne et à l’accueil, accompagne les visiteurs en situation de handicap mental dans la visite de l’exposition
Transport
Métro 5 arrêt Porte de Pantin

Sommaire du mois de mars 2023

La Raie. 1728. Chardin, Jean Baptiste Siméon

04 mars 2023 : Qui est donc Jacob, également appelé « Israël » ?
05 mars 2023 : François Bruetschy
06 mars 2023 : FERNANDE OLIVIER et PABLO PICASSO dans l’intimité du Bateau-Lavoir
07 mars 2023 : PICASSO. Artiste et modèle – Derniers tableaux
11 mars  2023 : Trésors de Venise à Paris
13 mars 2023 : La Bourse de Commerce François Pinault
21 mars 2023 : TRANS(E)GALACTIQUE – Festival Vagamondes
25 mars 2023 : Fabrice Hyber La Vallée

Fabrice Hyber La Vallée

Jusqu'au au 

La Fondation Cartier présente La Vallée, une grande monographie consacrée à la peinture de Fabrice Hyber. Dans ses toiles peintes « du bout des doigts », l’artiste français donne à voir le déploiement d’une pensée libre et vivante. Réunissant une soixantaine de toiles dont près de quinze œuvres produites spécifiquement pour l’exposition, Fabrice Hyber crée au sein de la Fondation Cartier pour l’art contemporain une école ouverte à toutes les hypothèses. Le visiteur est invité à traverser différentes salles de classe selon un parcours qui suit les méandres de la pensée de l’artiste.

Artiste, semeur, entrepreneur, poète, Fabrice Hyber est l’auteur d’œuvres prolifiques précisément répertoriées. Faisant fi des catégories, il incorpore dans le champ de l’art tous les domaines de la vie, des mathématiques aux neurosciences, en passant par le commerce, l’histoire, l’astrophysique, mais aussi l’amour, le corps et les mutations du vivant.

Artistes et contributeurs de l’exposition :

  • Fabrice Hyber
 
« J’ai toujours considéré que mes peintures étaient comme des tableaux de classe, ceux sur lesquels nous avons appris à décortiquer nos savoirs par l’intermédiaire d’enseignants ou de chercheurs. On y propose d’autres mondes, des projets possibles ou impossibles. Dans cette exposition, j’ai choisi d’installer des œuvres à la place de tableaux d’une possible école ».

Fabrice Hyber

DE LA VALLÉE À L’ŒUVRE


Les multiples dimensions de l’art de Fabrice Hyber
trouvent leur origine dans la forêt qu’il fait pousser depuis les années 1990 au cœur du bocage vendéen, autour de l’ancienne ferme de ses parents, éleveurs de moutons.
Les quelque 300 000 graines d’arbres, de plusieurs centaines d’essences différentes, semées selon une technique patiemment mise au point, ont
transformé progressivement les terres agricoles en une forêt de plusieurs dizaines d’hectares.
Le paysage est devenu œuvre.

« Avec la Vallée, je voulais d’abord reconstituer un paysage arboré
autour de la ferme de mes parents pour créer une barrière naturelle avec l’agriculture industrielle environnante et ceux qui la développaient.
Chaque fois que quelque chose se met en place, je porte mon regard ailleurs pour trouver des choix alternatifs. C’est systématique. »
Lieu d’apprentissage, d’expérimentation, de refuge, la Vallée est devenue la matrice et la source d’inspiration de l’ensemble de l’œuvre de l’artiste, qui compare volontiers sa pratique avec la croissance organique du vivant :
« Au fond je fais la même chose avec les œuvres, je sème les arbres comme je sème les signes et les images. Elles sont là, je sème des graines de pensée qui sont visibles, elles font leur chemin et elles poussent. Je n’en suis plus maître. »

UNE EXPOSITION-ÉCOLE

Si Fabrice Hyber a imaginé son exposition comme une école, c’est précisément pour partager cette autre façon d’apprendre, née notamment dans la Vallée. L’exposition, par sa scénographie qui rappelle les salles de classe autant que les cours de récréation, encourage le visiteur à s’instruire, se déplacer, ouvrir des portes, regarder par-dessus des fenêtres, enjamber des formes, jouer, mais
aussi s’asseoir sur un banc ou face à un bureau pour observer les œuvres qui servent de tableaux noirs à cet apprentissage. Fabrice Hyber y met en scène diverses manières d’apprendre à partir d’un tableau.

Dans de courtes vidéos
qui accompagnent les œuvres, l’artiste parcourt à nouveau le cheminement mental qui a présidé à leur création. Il invite le visiteur à s’appuyer sur les
brèches ouvertes par les toiles pour formuler ses propres hypothèses, faire ses propres associations :
« Ce qui est important dans une école selon moi, plus qu’apprendre des choses, c’est apprendre à les regarder, à observer comment elles évoluent. »
Des cours ouverts à tous les visiteurs sont proposés par des médiateurs spécialistes de sujets aussi divers que les mesures du monde, les formes
des fruits, l’hybridation des corps, la météo, le sport, le jeu, la digestion ou encore la transformation.

PEINDRE UNE PENSÉE EN MOUVEMENT

Parmi la grande variété des pratiques artistiques de Fabrice Hyber, aucune n’évoque davantage l’action de semer que la peinture. Point de départ
de chacun de ses projets, portant en germe toute œuvre à venir, elle occupe une place primordiale dans le travail de l’artiste. Sur des toiles de grand format alignées dans son atelier, Hyber formule des hypothèses, associe des idées, invente des formes, joue avec les mots :
«
Depuis le début de mon travail, j’utilise beaucoup d’eau et très peu de matière. Cela donne des effets incroyables, des toiles très légères. Mes peintures à l’huile
sont uniquement des aquarelles. Il y a très peu d’intervention finalement, je fais la même chose dans mes peintures que dans la nature. »


Passant d’un tableau à l’autre, il note ici une phrase, dessine là une image, colle ailleurs un objet, par petites touches, au gré de son imaginaire et de ses
spéculations. Chaque étape compte. Ce processus de création
«
par accumulation » enrichit l’œuvre de toutes les potentialités ouvertes par la pensée en mouvement. La toile devient ainsi un espace d’apprentissage et d’enseignement :
«
J’apprends en faisant et je veux transmettre ».

Podcast à écouter

Informations pratiques

EXPOSITION
La Fondation Cartier est ouverte tous les jours
de 11 h à 20 h, sauf le lundi.
Nocturne le mardi jusqu’à 22 h.
ACCÈS
261, boulevard Raspail 75014 Paris
Métro Raspail ou Denfert-Rochereau
(lignes 4 et 6)
RER Denfert-Rochereau (ligne B)
Bus 38, 68, 88, 91

La Bourse de Commerce François Pinault

Charles Ray, cheval et cavalier

«À la faveur de l’ouverture d’un nouveau lieu de présentation de ma collection à la Bourse de Commerce, au cœur de Paris, une nouvelle étape est franchie dans la mise en œuvre de mon projet culturel : partager ma passion pour l’art de mon temps avec le plus grand nombre. » François Pinault

Au cœur de Paris, à l’épicentre de son quartier culturel le plus dense, la Bourse de Commerce vous invite à faire halte. À travers un regard porté sur l’art de notre temps, celui du passionné, du collectionneur engagé, ce nouveau musée vous propose une visite singulière.

La Bourse de Commerce ne prétend pas offrir de la création contemporaine la plus juste image… Elle propose d’y poser le regard, d’en faire une expérience personnelle.

À la Bourse de Commerce, vous avez le droit de vous enthousiasmer comme de récrier, de venir en connaisseur comme en curieux, de rester réservé ou de franchement adhérer, de vous enchanter comme de vous interroger.

♥ Gratuite et sans téléchargement, l’app en ligne visite.boursedecommerce.fr vous accompagne avec des pistes sonores pour tout savoir de l’histoire et de l’architecture de la Bourse de Commerce. Elle propose aussi une découverte des œuvres des expositions grâce à des textes d’introduction et des audiodescriptions, conçus pour tous, sur le principe d’une accessibilité universelle.
♥À votre rythme, vous pouvez parcourir les expositions, seul ou en vous laissant guider par les différentes propositions de médiation, passer d’une projection à une conférence, d’une performance à un concert.

Vous pouvez aussi, tout simplement, vous abandonner à la beauté des lieux, à l’élévation de la Rotonde, à la radicalité et à la sérénité de son architecture contemporaine de béton et de verre, à la contemplation des grands décors du 19e siècle, au passionnant dialogue que ce monument unique, aujourd’hui restauré et revivifié, instaure entre patrimoine et art contemporain.

                                Rayan Gander little mouse/ Animatronic Mouse 

Un lieu pour faire vivre et partager la collection

La Bourse de Commerce — Pinault Collection propose un point de vue sur la collection d’œuvres contemporaines qu’il rassemble depuis plus de cinquante ans, à travers un programme d’expositions et d’événements.
Un monument, des expositions, des performances, des conférences, des projections… : il y a toujours quelque chose à découvrir à la Bourse de Commerce.

                                          Maurizio Cattelan

Informations pratiques

Un monument, des expositions, des performances, des conférences, des projections… : il y a toujours quelque chose à découvrir à la Bourse de Commerce.
2 rue de Viarmes, 75001 Paris

Ouverture

Du lundi au dimanche de 11h à 19h
Fermeture le mardi et le 1er mai.
Nocturne le vendredi jusqu’à 21h. Sauf du 26 avril au 22 mai.
Le premier samedi du mois, nocturne gratuite de 17h à 21h.

Le restaurant

Visitez le site

Avec vue imprenable depuis le 3ème étage de la Bourse de Commerce, la Halle aux grains — Restaurant-Café de Michel et Sébastien Bras est une table à l’identité forte où vous pourrez déguster la cuisine de Michel et Sébastien Bras, inspirée par l’histoire du lieu. Le restaurant sera fermé le 31 décembre au soir.

(pas vraiment pour les petites bourses)
Votre addition est toujours accompagnée d’un petit sachet de grains

Un vestiaire (casiers à code) est à disposition en libre-service au Salon Médicis, au rez-de-chaussée.

Pour des raisons de sécurité, les bagages et valises supérieurs à 40 x 30 x 18 cm (légèrement plus petits que des bagages cabine) ne sont pas acceptés dans la Bourse de Commerce.

Quelques vues d’expositions
Bourse la nuit photo empruntée à Didineta

Trésors de Venise à Paris

Les chefs-d’œuvre Renaissance de la Ca’ d’Oro exposés à l’Hôtel de la Marine

L’Hôtel de la Marine, qu’est-ce que c’est ?

Un lieu d’émerveillement et de découvertes pour tous

Alors que commencent d’importants travaux de rénovation, la Ca’ d’Oro de Venise prête 70 chefs-d’œuvre de la Renaissance à la Collection Al Thani, qui les expose à l’Hôtel de la Marine, place de la Concorde à Paris, du 30 novembre au 26 mars. Une occasion unique de voir le Saint Sébastien de Mantegna hors de son écrin.


L’Hôtel de la Marine
est un lieu culturel ouvert tous les jours de la semaine, toute l’année de 10 h 30 à 19 h et jusqu’à 21 h 30 le vendredi.
S’il doit encore son nom au ministère de la Marine dont il a été le siège pendant plus de 200 ans, l’Hôtel de la Marine n’est cependant pas un musée maritime et est bien plus que l’ancien siège d’un ministère. D’abord affecté au Garde-Meuble de la Couronne, c’est un lieu de création, où l’artisanat d’art a été mis au service du prestige du royaume, mais aussi un lieu de vie où les anciens appartements de son intendant participent de la démonstration de ces savoir-faire d’excellence.

Au terme d’une importante campagne de restauration menée par le Centre des monuments nationaux, ces espaces patrimoniaux sont désormais ouverts à tous.

· Appartements des intendants pour plonger dans la vie
quotidienne des intendants du XVIIIe siècle et admirer le cadre
de vie somptueux de leurs appartements, accompagné du récit
du Confident, casque de médiation connecté
· Collection Al Thani pour s’émerveiller devant des chefs d’oeuvre
du monde entier, de l’Antiquité à nos jours

Ces deux parcours de visite donnent accès aux salons d’apparat et à la loggia. La découverte des salons réaménagés au XIXe siècle par le ministère de la Marine est rythmée par des dispositifs multimédias qui expliquent le monument, son histoire, l’aménagement de la place de la Concorde, mais aussi sur les grands
voyages d’exploration maritime. Le visiteur peut ensuite profiter de la vue de la place depuis la loggia.

L’Hôtel est aussi un lieu de vie, dont on peut traverser la cour et où on peut s’attabler pour un café ou un repas au café Lapérouse ou au restaurant Mimosa, flâner à la librairie-boutique à la recherche d’un livre ou d’un cadeau, admirer le travail des ateliers de Mathieu lustrerie .

Plusieurs circuits de visite sont proposés, permettant à chacun
d’y trouver un parcours selon ses intérêts et le temps dont il dispose :
Les espaces à découvrir
Un lieu pour toutes les curiosités
Un lieu accessible pour tous

À DÉCOUVRIR
L’Hôtel de la Marine est un lieu de vie et de culture à ne pas manquer lors d’un séjour dans la capitale. C’est en effet le seul endroit à Paris où il est possible de découvrir un cadre de vie à l’image des grands palais royaux, comme les châteaux de Versailles ou de Fontainebleau. Siège du Garde-Meuble de la Couronne, les artistes qui l’ont construit et aménagé étaient ceux qui travaillaient sur les chantiers des bâtiments du roi. C’est là que les objets royaux étaient conservés et entretenus, et pour meubler ses appartements, l’Intendant n’hésitait pas à puiser dans les réserves des objets ayant auparavant servi au roi et à faire appel aux plus grands maîtres artisans de la Couronne.

Le lieu

Situé place de la Concorde, sur l’axe qui relie l’Arc de triomphe au Louvre, l’Hôtel de la Marine est une halte culturelle idéale après une balade sur les Champs-Elysées ou au jardin des Tuileries par exemple.
Il est facilement accessible en transports en commun, notamment
grâce à la station Concorde (métro lignes 1, 8 et 12).
Grâce à sa majestueuse loggia ouverte sur la plus grande
place de Paris, il offre une vue unique, embrassant le Grand Palais, la Tour Eiffel, l’Assemblée nationale, l’obélisque qui vient de faire peau neuve, le jardin des Tuileries et son Jeu de Paume.

Les amoureux de la Sérénissime connaissent la sublime façade gothique de ce palais situé sur le Grand Canal, qui donne même son nom à un arrêt de vaporetto. Mais ses collections, constituées de plusieurs fonds, restent assez confidentielles. Pour attirer un plus large public a donc été lancé un ambitieux chantier d’extension du musée et de remise en valeur des œuvres. Ces travaux sont l’occasion rêvée de faire voyager les collections, et notamment leur fleuron, le Saint Sébastien de Mantegna, qui quitte pour la première fois depuis plus d’un siècle la petite salle, dite la « chapelle », que lui avait imaginée sur mesure le sauveteur de la Ca d’Oro, le baron Franchetti.

retrouvez ma vidéo ici sous ce lien

Quelques chiffres

2 700 m²de surface,
6 200 m² d’espaces ouverts au public, 2 000 m² d’espaces de visite, 
330 m² de verrière créée pour couvrir la cour de l’Intendant
27 pièces à visiter,
2 parcours de visite,
3 visites sonores différentes
9 langues
5 dispositifs de médiation numériques fixes,
500 menuiseries restaurées,
550 objets d’art, 900 références

Informations pratiques

Hôtel de la Marine
2 Place de la Concorde
75008 Paris
Accès métro 1 8 12

L’ENCRE EN MOUVEMENT

UNE HISTOIRE DE LA PEINTURE CHINOISE AU XXe SIÈCLE
COMMISSAIRES :
Eric Lefebvre, directeur du musée Cernuschi
Mael Bellec, conservateur en chef au musée Cernuschi
MUSÉE CERNUSCHI
MUSÉE DES ARTS DE L’ASIE DE LA VILLE DE PARIS
exposition terminée le 19 FÉVRIER 2023

LE MUSÉE CERNUSCHI
MUSÉE DES ARTS DE L’ASIE DE LA VILLE DE PARIS

Depuis son ouverture au public en 1898, le musée Cernuschi, musée
des arts de l’Asie de la Ville de Paris, a réuni près de 15 000 objets
chinois, coréens, japonais et vietnamiens. Véritable invitation au
voyage dans l’écrin de l’hôtel particulier imaginé au XIXe siècle par
Henri Cernuschi, le nouveau parcours de visite, inauguré en 2020,
présente un panorama repensé et enrichi de 5000 ans d’art de l’Asie.

Zao Wou-ki (1920-2013)
Sans titre (composition abstraite), 1989 Encre sur papier
104 x 107,2 cm M.C. 2016-31
Donation de Mme Françoise Marquet-Zao, 2016
© Paris Musées / Musée Cernuschi © Zao Wou-ki / Adagp, Paris 2022

UNE HISTOIRE DE LA PEINTURE CHINOISE AU XXe SIÈCLE

De la fin de l’Empire à la Révolution de 1949, la Chine du XXe siècle est le théâtre de profondes mutations. La peinture chinoise est en phase avec ces changements. Définie depuis des siècles par l’usage de l’encre, elle se réinvente au contact de la peinture à l’huile, de la photographie, mais aussi grâce à la redécouverte de son propre passé.
Le voyage des artistes joue un rôle moteur dans ce renouvellement. Si les destinations évoluent d’une génération à l’autre, les échanges s’étendent de l’Europe à l’Amérique, sans oublier l’Asie.
La peinture à l’encre est profondément marquée par ce dialogue interculturel. Tout au long du siècle, elle est au centre des débats théoriques, qu’il s’agisse de la définition d’une peinture nationale, de la question de l’engagement politique, du réalisme ou de l’abstraction.
La collection de peinture chinoise du musée Cernuschi, constituée à partir des années 1950, comprend plusieurs centaines d’oeuvres. Elle est une des rares collections en Europe à conserver aussi bien les peintures des maîtres actifs en Chine, comme Qi Baishi, Fu Baoshi, Wu Guanzhong ou Li Jin que les oeuvres des plus grandes figures de cette diaspora artistique comme Chang Dai-chien
(Zhang Daqian), Zao Wou-ki (Zhao Wuji), Walasse Ting (Ding Xiongquan) ou Ma Desheng.
Afin de mieux appréhender ce siècle de mouvement et de création, l’exposition est ponctuée d’archives filmées permettant de comprendre les enjeux proprement gestuels de la peinture à l’encre, depuis les démonstrations virtuoses des maîtres, jusqu’aux performances qui remettent en cause de manière radicale les rapports même de l’encre et du pinceau. Ces films très rares qui mettent  en scène les plus grands créateurs du XXe siècle, donnent véritablement à voir l’encre en mouvement.
L’EXPOSITION RÉUNIT LES OEUVRES DE 34 ARTISTES

Une collection d’avant-garde

L’exposition L’Encre en mouvement vient couronner soixante-dix ans d’acquisitions. Pour la première fois les peintures de la première moitié du XXe siècle, paysages sublimes et figures excentriques qui sont autant de défis lancés à la tradition, sont exposées aux côtés des créations des dernières décennies, esquisses révolutionnaires, encres abstraites ou expérimentales qui ont rejoint récemment les collections du musée, à la faveur de donations majeures telles celles de de Françoise Marquet-Zao et AXA.

UN PARCOURS D’EXPOSITION ILLUSTRÉ EN 7 THÉMATIQUES:

1: Écritures anciennes et peinture moderne au début du XXe siècle
Principaux artistes: Kang Youwei, Wu Changshuo, Ding Yanyong, Wang Zhen, Qi Baishi
2: Moderniser la peinture, entre Chine et Japon
Principaux artistes: Chen Zhifo, Chang Dai-chien (Zhang Daqian), Fu Baoshi,
Huang Binhong, Pu Ru


3: Un exil intérieur : à la découverte des peuples
de l’Ouest
Principaux artistes: Pang Xunqin, Wu Zuoren, Xu Beihong,
Chang Dai-chien (Zhang Daqian)
4: Peindre le nu à l’encre : vers un art universel ?

Principaux artistes: Pan Yuliang, Hua Tianyou, Chang Yu, Lin
Fengmian
5: Peinture rouge, dessins et encres révolutionnaires

Principaux artistes: Wang Shenglie, Tang Xiaohe, Cai Liang
6: Entre deux mondes : dialogue avec l’abstraction

Principaux artistes: Zao Wou-ki, Chu Teh-chun,
Wu Guanzhong, Hsiao Chin, Chuang Che, Walasse Ting


7: Couper le fil du cerf-volant ?
L’encre des années 1980 et 1990
Principaux artistes: Ma Desheng, Li Huasheng, Li Jin,
Yang Jiechang

Informations pratiques

MUSÉE CERNUSCHI
Musée des arts de l’Asie de la Ville de Paris
7, avenue Vélasquez 75008 Paris
Tél. : 01 53 96 21 50 www.cernuschi.paris.fr

Horaires
Du mardi au dimanche de 10h à 18h, sauf certains jours fériés
(Fermeture des caisses à 17h30).

Accès
Métro: ligne 2 station Villiers ou
Monceau / ligne 3 station Villiers
Bus: 30, 84, 93

FERNANDE OLIVIER et PABLO PICASSO dans l’intimité du Bateau-Lavoir

Fernande Olivier par Picasso, Paris été 1906 pointe sèche sur cuivre,
sur papier vergé d’Arches, tiré par Delâtre, Dation Picasso

Au MUSÉE DE MONTMARTRE JARDINS RENOIR . Paris 18
l'exposition du 14.10.22 — se termine  19.02.23
Commissariat :
Nathalie Bondil, directrice du musée et des expositions de l’Institut du monde arabe Saskia Ooms, responsable de la conservation du musée de Montmartre Assistées de Clémence Pinquier

« Les livres concernant les artistes, peintres et littérateurs, dont je vais parler, sont muets sur leur intimité, pour la raison essentielle qu’ils n’ont raconté que ce qu’il plaisait aux intéressés de dévoiler publiquement.

J’ai vécu avec eux, plus près d’eux que n’importe qui, puisque « chez Picasso » c’était aussi chez eux (…) J’ai vécu de leur existence, je les ai vus vivre, penser, souffrir, espérer et surtout travailler ; vivant, pensant, souffrant, espérant avec eux. Je peux donc, sans craindre de voir mal interpréter mes souvenirs, montrer leur vie secrète et laborieuse. »

Fernande Olivier, Picasso et ses amis, 1933

La muse

Artiste, muse et compagne de Picasso : Fernande Olivier sort enfin de l’ombre au musée de Montmartre.

En choisissant la figure méconnue de Fernande Olivier (1881-1966), le musée de Montmartre cible juste car aucune exposition n’avait été montée sur ce modèle pour les artistes et peintre elle-même. À partir de 1905, elle devient la compagne du jeune Pablo Picasso et s’installe dans son atelier du Bateau-Lavoir. En accompagnant les tableaux de Fernande Olivier des œuvres de ses contemporains, de Juan Gris au Douanier Rousseau et Kees Van Dongen, c’est tout l’univers de la Butte qui revit.

Parcours

À la fois chronologique et thématique, le parcours retrace la vie de Fernande Olivier, née Amélie Lang, modèle professionnel, écrivain et témoin important du Bateau-Lavoir. Ses deux livres forment le fil rouge de l’exposition.
Puisés dans son journal, ses Souvenirs intimes, écrits pour Picasso publiés de manière posthume en 1988 raconte sa jeunesse difficile, enfant non reconnue, épouse violentée lors d’un premier mariage dont elle s‘échappe, puis sa quête d’émancipation comme modèle professionnel, enfin sa rencontre avec Pablo.

Le second ouvrage publié de son vivant en 1933, Picasso et ses amis, compile ses observations originales, parfois tranchantes, sur les personnalités du Bateau-Lavoir, artistes et mécènes, dont elle partage la vie quotidienne. La publication est louée par Paul Léautaud « Il n’y a pas d’autre mot : merveilleusement écrit.», tandis que Picasso dira à l’instar d’André Salmon et de Max Jacob, qu’il est « le tableau le plus authentique de cette époque » dira Picasso.

Le parcours, qui rassemble près de 80 œuvres (peintures, sculptures, dessins, lithographies, manuscrits, éditions et correspondances originales) est enrichi d’un riche ensemble de documents photographiques et vidéographiques Une installation contemporaine d’Agnès Thurnauer, rappelle combien les violences conjugales, que Fernande a vécues dans son premier mariage, restent d’actualité.

Picasso et ses amis



Invisible, Fernande s’efface volontairement dans Picasso et ses amis. Elle ne se révèle que dans le premier chapitre, « Sur moi-même », ajouté à la demande de Léautaud : « Quelques écrivains, dans leurs livres sur Picasso, m’ont présentée sous le nom de la ‘Belle Fernande’, ce qui m’a donné la mesure de leur appréciation. Je n’avais donc représenté pour eux qu’une valeur toute physique. Au fait, qu’auraient-ils pu savoir de moi ? »

             


Publication posthume des Souvenirs intimes

L’intérêt de la publication posthume des Souvenirs intimes – Écrits pour Picasso, édités bien après les décès de Fernande et de Pablo, est qu’elle parle en son nom, sujet plus qu’objet. Elle n’est plus seulement le témoin des avant-gardes mais l’actrice de sa propre vie. Elle n’est plus chosifiée comme muse ou modèle de… par tous les exégètes. Pourtant, elle s’adresse à un homme :
« J’entreprends de te raconter ma vie. Peut-être pour que tu me comprennes mieux. Tu as toujours douté de moi, de mon amour, de ce sentiment profond qui faisait que tout de moi se rapportait à toi, à toi seul. Ces années vécues près de toi, ce fut la seule époque heureuse de ma vie. »
Ce texte est dédié À Picasso qui n’intervient qu’en fin d’ouvrage, Fernande racontant plutôt ses émois et déboires de fillette à jeune fille.
Le déclassement d’une adoptée, la violence sexuelle familiale et conjugale, le pénible travail de modèle, la difficulté de gagner sa vie sont au cœur de ce récit peu ordinaire, et pourtant banal en ces temps difficiles pour les femmes.

Avant qu’il ne devienne Picasso

C’est ce qui le rend si singulier et si attachant aujourd’hui en période post Me Too. C’est aussi l’époque de Pablo et Fernande, avant qu’il ne devienne Picasso, le génie de l’art ou « le génie du mal » décrit plus tard. Ces années vécues ensemble, sous la plume de Fernande, évoquent plutôt le bonheur que la douleur : il est juste de le rappeler. Dans un cahier vert, son écriture manuscrite mentionne le titre Picasso et moi :

« Pourquoi j’écris ce livre, pourquoi je pense à toi ? Ah ! je ne sais ! Pour me parler du passé, des seules années heureuses de ma vie (…) Je sais que certains vont trouver étrange, indiscret, scandaleux d’étaler ma vie intime surtout après la publication de Picasso et ses amis où j’avais volontairement négligé de paraître (…) et puisqu’il est nécessaire de manger pour vivre, il est également nécessaire d’user de tous les moyens qui pourrait permettre un allègement matériel. C’est peut-être cynique mais c’est cependant pourquoi je me suis décidée à publier mes souvenirs intimes » écrit-elle : « Vivre de ses souvenirs dans la misère, c’est l’acheminement vers le suicide ».

 

           Portrait de Fernande Olivier par Kiss Vandongen

Son filleul se souvient : « Vers 1955 ou 1957, Mme Braque mit au courant Picasso de la misère dans laquelle vivait Fernande. C’est à la même époque que Marraine (…) décida de faire publier ce livre afin de survivre (…) Picasso lui vint en aide en lui adressant une somme (autour d’un million d’anciens francs). Et le manuscrit réintégra la petite malle d’osier d’où je l’ai moi-même extrait, trente ans plus tard. »

Pratique

Musée de Montmartre Jardins Renoir
12 rue Cortot – Paris 18ème –
Tél. : 01 49 25 89 39
infos@museedemontmartre.fr
www.museedemontmartre.fr
bus 80 et 40

Qui est donc Jacob, également appelé « Israël » ?

Jürgen Ovens (1623-1678), Jacob combattant l’Ange (XVIIème siècle, huile sur toile, 106 x 139 cm), Nationalmuseum, Stockholm (Suède). Domaine public.

Qui est Jacob dans les Écritures ? Pourquoi se fait-il appeler le père d’Israël ? Qui lui confie cette mission ?

 
 

« Salomon, mais vous êtes Juif ? »

Un week-end, un peu déprimés par la grisaille hivernale parisienne, on a re-regardé Les Aventures de Rabbi Jacob, mythique film sorti en 1973 réalisé par Gérard Oury avec l’immense Louis de Funès en acteur-star.

4 minutes 14 secondes avec Louis de Funès, Emmanuel Lévinas, Jack Sparrow et Jacky Ickx.
 

Après avoir tenté vainement de reproduire la chorégraphie de notre scène préférée, on s’est demandé d’où venait les noms de Jacob et d’Israël dans la Bible (on a tous nos obsessions). Et on a trouvé la réponse ! (PRIXM)

Le texte biblique durant lequel Jacob se fait appeler Israël

Aujourd’hui on vous parle d’un épisode où Jacob tente d’échapper à son frère ennemi et fait une rencontre nocturne mystérieuse. Qui est donc cet homme avec qui il lutte toute la nuit ? Attention le texte n’est pas évident évident…

Et il [Jacob] se leva dans la même nuit et prit ses deux femmes et les servantes du même nombre, avec ses onze enfants et il traversa le gué [Endroit d’une rivière que l’on peut traverser à pied] de Iaboc.

Ayant fait traversé tous ceux qui lui étaient attachés, il resta seul et voici, un homme luttait avec lui jusqu’au matin. Comme il voyait qu’il ne pouvait pas l’emporter sur lui, il toucha le muscle de sa cuisse et aussitôt il s’affaiblit.

Et il lui dit :
— Laisse-moi aller, car déjà l’aurore se lève.

Il répondit :
— Je ne te laisserai pas sans que tu m’aies béni.

Il dit :
— Quel est ton nom ?

Il répondit :
— Jacob.

Et il lui dit :
On n’appellera plus ton nom Jacob, mais Israël car tu as lutté avec Dieu et si contre Dieu tu as été fort, combien plus, contre des hommes tu l’emporteras.

Et Jacob lui demanda :
— Dis-moi par quel nom tu t’appelles.

Il répondit :
— Pourquoi demandes-tu mon nom ?

Et il le bénit en ce même lieu. Et Jacob appela le nom de ce lieu Phanuhel, en disant :
— J’ai vu Dieu face à face, et mon âme a été sauvée.

Et le soleil se leva sur lui aussitôt après qu’il eut traversé Phanuhel et lui-même il boitait du pied.

Chapitre 32, versets 23-32 du Livre de la Genèse, dans l'Ancien Testament. Traduit par les équipes du programme de recherches La Bible en ses traditions.
Jacob luttant avec l’Ange (détail), fresque d’Eugène Delacroix (1798-1863). Église Saint-Sulpice (Paris). La lutte de Jacob avec l’Ange est un épisode du livre de la Genèse.

Qui est Jacob dans la Bible ?

Jacob, personnage biblique exceptionnel

Jacob est l’un des plus grands personnages de la Bible, un patriarche. Sur le Wall of Fame de l’Écriture, il est au coude-à-coude avec David, Moïse ou Abraham son grand-père !​​​​​​ Son nom revient souvent dans la formule qui évoque Dieu comme « le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ». Ce qui est logique puisqu’il est le fils d’Isaac et le petit-fils d’Abraham.

Jacob est aussi un personnage biblique charnière, puisqu’il se situe entre deux moments de l’histoire :

J'ai recherché ce texte, car mes souvenirs de catéchisme s'étaient mélangés
De ce fait je confondais un peu tous les personnages de la Bible.
Cela permet de mieux comprendre "l'Oeuvre qui va suivre" de Silvère Jarrosson
et le thème proposé par Bruno Bouché, directeur artistique du CNN opéra du Rhin, qui y a trouvé son inspiration, pour créer le ballet "danser avec Schubert", en regardant dans une des chapelles latérales, de l'église St Sulpice à Paris, la peinture d'Eugène Delacroix, d'après le texte de la genèse : Jacob et la lutte avec l'Ange.

Sommaire du mois de février 2023

Wayne Thiebaud Flood Waters LAC Fondation Beyeler actuellement

17 février 2023 : ALCHIMIA NOVA – Anne Marie Maes
14 février 2023 : Espèce d’animal ! Un bestiaire contemporain
14 février 2023 : Un bestiaire contemporain au Séchoir suite
10 février 2023 : La roue = c’est tout, Nouvelle présentation de la collection Tinguely
08 février 2023 : Vagamondes
02 février 2023 : Jean Tinguely : l’Éloge de la folie
01 février 2023 : Trésor national : le musée d’Orsay s’enrichit d’un exceptionnel tableau de Caillebotte