Sommaire du mois d'avril 2017

Kirchner : Erna mit Japanschirm
Zurich

Erna Schilling
01 avril 2017 :

Jardins au Grand Palais

Si vous possédez une bibliothèque et un jardin,
vous avez tout ce qu’il vous faut.
Cicéron

fresque de la Maison du Bracelet d’or de Pompéi

Jardins se veut un modeste écho à la phrase, souvent
reprise mais essentielle, de Foucault :
« Le jardin, c’est la plus petite parcelle du monde et puis
c’est la totalité du monde. »

150 ans après la publication de l’ouvrage fondateur
d’Arthur Mangin, Les Jardins : histoire et description et
quarante ans après l’exposition déterminante de la Caisse
nationale des monuments historiques et des sites en 1977,
Jardins, 1760-1820. Pays d’illusion, terre d’expérience,
l’engouement que suscite le patrimoine vert en France ne se
dément pas, avec aujourd’hui 22 000 parcs et jardins
présentant un intérêt historique, botanique ou paysager,
dont près de 2000 sont inscrits ou classés au titre des
monuments historiques. Jardins, dont le titre entend
refléter sobrement toute la diversité du sujet, considère à
la fois l’histoire de l’art des jardins et l’histoire des expositions
sur ce thème, qui n’a que rarement retenu l’attention
des institutions culturelles.
Giuseppe Penone
Verde del bosco con camicia [Vert du bois avec
chemise]
1984
Frottage de feuilles et couleur végétale

Si sa présence au musée semble fondée sur une
contradiction –le jardin, monument vivant, par nature
changeant, éphémère et in situ, n’est-il pas l’objet par
excellence d’une exposition impossible ? –
les liens entre le musée et le jardin sont en vérité étroits.
Lieux de savoir et de plaisir, qui naissent,
grandissent et meurent, ils sont aussi un espace
que peut arpenter, à son rythme, le visiteur.
Koîchi Kurita Soil Library/Loire [Bibliothèque de terres/Loire]
2017
400 terres provenant de la région de la Loire (de
sa source à la mer) et papier japonaisLe sujet est étudié dans sa définition essentielle : comme enclos,
entité délimitée au sein d’un territoire, espace
mis en scène et donc miroir du monde. Présenté dans les
Galeries nationales du Grand Palais, ce rassemblement
pluridisciplinaire de peintures, sculptures, photographies,
dessins, films, etc., n’est ni une histoire complète de l’art des
jardins, ni un état des lieux qui prétendrait à l’exhaustivité.
Albrecht Dürer

Des notions connexes, comme celle de nature, sont tenues
à l’écart d’un propos fermement centré sur son sujet mais
qui entend néanmoins montrer, comme dans un grand collage,
le jardin comme oeuvre d’art totale, qui éveille tous les sens,
et poser la question essentielle de la représentation.
Vue de l’exposition Jardins

Le parcours thématique, où s’entremêlent l’histoire de l’art
et celle des sciences, est construit comme une promenade
où le jardin « réel » – ni littéraire, ni symbolique, ni philosophique
– est entendu à la fois comme ensemble botanique
et construction artistique.
Gustave Klimt

Cette exposition « jardiniste », un mot d’Horace Walpole
repris par Jean-Claude-Nicolas Forestier, entend défendre
le jardin comme forme d’art et ses créateurs comme artistes.
Jardins se concentre sur les expérimentations menées
en Europe – et plus particulièrement en France – de la Renaissance
à nos jours. Si le jardin médiéval est souvent le point de
départ des grands panoramas de la discipline, l’histoire de l’art
comme celle de la botanique invitent à privilégier un autre
commencement.
Leopold Blaschka et Rudolf Blaschka, verre

A la Renaissance, les savants et les artistes
animés par une nouvelle démarche critique relisent
les sources antiques – illustrées par la présence inaugurale,
au sein de l’exposition, d’une fresque de la Maison du Bracelet
d’or de Pompéi – à la lumière d’une observation minutieuse de
la plante. Ces réinterprétations, accompagnées de véritables
révolutions artistiques incarnées par les extraordinaires
dessins d’Albrecht Dürer, conduisent aussi à la création
à Padoue (1545) du premier jardin botanique. Si les plantes y
sont toujours cultivées pour leur rôle utilitaire, leur
rassemblement a désormais aussi une vocation démonstrative
et sert de support à l’enseignement scientifique.
Cézanne, le Jardinier Vallin

L’hortus conclusus médiéval se brise et s’ouvre au monde,
avec des jardins qui s’enrichissent des découvertes des
grands explorateurs ; il s’ouvre aussi au paysage, entre
dans le champ des arts et devient un véritable projet pictural
pour des artistes qui disposent, notamment grâce à la
perspective, d’outils de représentations inédits et révolutionnaires.
De la petite touffe d’herbe d’Albrecht Dürer au
« jardin planétaire » de Gilles Clément, les jeux d’échelles
constituent un fil rouge de ce parcours. La visite commence avec
la terre, prélude à un vaste ensemble qui met à l’honneur les
éléments premiers et le vocabulaire des jardins.
Si l’exposition commence avec la bibliothèque de
Koîchi Kurita, elle se termine poétiquement avec les
deux vallons de pollen de fleurs de châtaignier
de Wolfgang Laib.
Wolfgang Laib sans titre 2015

Jusqu’au 24 juillet 2017
Grand Palais
accès square Jean Perrin
commissariat : Laurent Le Bon, conservateur général du
patrimoine, président du Musée national Picasso, Paris
commissaires associés : Marc Jeanson, responsable de l’Herbier
national du Museum national d’histoire naturelle ;
Coline Zellal, conservatrice du patrimoine, Musée national Picasso, Paris
scénographie : Laurence Fontaine

Tous les jardins sont sur France Culture !
à (ré)écouter sans modération
23/03/2017 – 17:59 —

Les 18 et 19 mars derniers, la nature était l’invitée d’honneur des ondes
de France Culture.
Voici une petite sélection d’émissions diffusées
pendant ces deux journées exceptionnelles sur
France Culture autour du thème du jardin.
A (ré)écouter ou podcaster sans modération ! 

 

Sommaire de février 2017

Totem, vibrations chamaniques, installation vidéo de
Robert Cahen réalisée pour le lieu, sera exposée dans
le hall de la Fonderie à Mulhouse du 14 mars au 1er avril 2017.

Mulhouse Art Contemporain présente, dans le cadre du
week-end de l’art contemporain,
du 17 au 19 mars 2017
une œuvre de l’artiste vidéo Robert Cahen.
L’association poursuit en cela son objectif principal
qui consiste à faire partager à tous les publics
la découverte des expressions multiples
de l’art contemporain, dont la vidéo est devenue,
ces dernières décennies, un des modes majeurs.
Dans cette discipline, il apparaît pertinent
d’offrir à Robert Cahen, l’un des représentants
majeurs y compris au plan international, de cette
écriture créative, une visibilité dans
sa propre ville.
Le choix du lieu, la Fonderie, la collaboration
avec La Kunsthalle, l’intégration de cette proposition
au week-end de l’art contemporain, illustrent
cette volonté de diffusion et de promotion de l’art
contemporain dans l’espace public mulhousien.
Vernissage-rencontre : mardi 14 mars à 18h00

Sommaire de Février 2017 :
01 février 2017 : Stephen Cripps. Performing Machines
05 février 2017 : De la Tête aux Pieds, dans la collection Würth
13 février 2017 :  L’OEil du collectionneur
15 février 2017 :  Thibaut Cuisset – « Campagnes françaises »
18 février 2017 :  Sigmar Polke, Alchimie et Arabesques
22 février 2017 :  Ane Mette HOL
25 février 2017 :  Collection Beyeler / L’Originale

Anders Zorn

Jusqu’au 17 décembre 2017
Le Petit Palais présente une grande rétrospective consacrée à
Anders Zorn (1860-1920), grande figure de la peinture
suédoise. Pourtant reconnu et admiré à Paris au tournant des
XIXe et XXe siècles, Zorn n’a pas été célébré dans la capitale
depuis 1906 ! Près de 150 oeuvres permettent de retracer le
parcours de ce grand artiste, ami et rival de Sargent, Sorolla,
Boldini et Besnard, à la fois aquarelliste virtuose, peintre
talentueux et graveur de génie. Cette exposition devrait
marquer le retour en grâce d’un maître resté très populaire
en Scandinavie et célébré avec succès à San Francisco et New
York en 2013 et 2014.
Anders Zorn connut une vie digne des meilleurs romans, celle d’un
garçon né dans une famille pauvre, abandonné par son père, qui à
force de travail, a connu la gloire et la fortune. Après une formation à
l’Académie royale des arts de Stockholm, il quitte à vingt ans sa Suède
natale pour sillonner l’Europe : l’Espagne d’abord, puis Londres et
Paris. Suivront la Turquie, l’Italie, la Grèce, l’Afrique du Nord et des
séjours triomphaux aux États-Unis. Ce cosmopolite suscite très tôt
l’admiration pour ses grandes aquarelles. Sa virtuosité s’exprime
pleinement dans son art de représenter l’eau.
Ce motif deviendra récurrent dans son oeuvre :
archipel de Stockholm, côte nord-africaine,
lagune vénitienne, port de Hambourg, vagues de l’Atlantique…
Zorn saisit comme personne le mouvement perpétuel des flots.
Lors de ses nombreux séjours à Paris, Zorn alterne
l’aquarelle avec la peinture à l’huile et se spécialise dans
l’art du portrait. Son style qui mêle élégance et sophistication
est très apprécié de ses commanditaires. Son sens inné du cadrage
et sa maîtrise de la lumière font de chaque oeuvre un
grand moment de peinture et d’élégance.
Aux États-Unis, les banquiers, magnats de l’industrie, présidents
et autres hommes politiques s’arrachent ses portraits.
Il devient en quelques années l’un des peintres mondains les
plus respectés et les plus demandés. Zorn connaît alors
un succès phénoménal. Artiste complet, il est également
un graveur de génie très inspiré de Rembrandt dont il
collectionne les estampes.
À la fin du XIXe siècle, Zorn s’installe avec son épouse
à Mora en Suède, dont l’atelier-maison se visite toujours
aujourd’hui. Sa peinture magnifie la nature et les traditions
populaires suédoises. Le Bal de la Saint-Jean, véritable
déclaration d’amour à sa région, la Dalécarlie,
et à ses longues nuits d’été est devenu un classique de
l’histoire de l’art en Suède.
Le parcours et la scénographie rappellent cette vie
multiple à travers des ambiances très différentes.
Des agrandissements de photographies de Zorn, pour
la plupart inédites, ponctuent également la visite.
L’exposition bénéficie des plus belles pièces du musée
Zorn à Mora et du Nationalmuseum de Stockholm,
tous deux partenaires du projet.
D’importants prêts d’autres institutions scandinaves et
françaises complètent la présentation, notamment
la Bibliothèque nationale de France.
COMMISSARIAT :
Johan Cederlund : directeur du Zornmuseet, Mora
Carl-Johan Olsson : conservateur au Nationalmuseum de Stockholm
Christophe Leribault : directeur du Petit Palais
Dominique Morel : conservateur général au Petit Palais


ART / DESIGN / INNOVATION
Les débuts : entre Suède, Espagne et Londres
Zorn est issu d’un milieu modeste.
Il passe son enfance à Mora, en Dalécarlie, au centre de
la Suède dans une région très rurale. Son habileté
à dessiner et sculpter le fait toutefois remarquer et à l’âge
de 15 ans, il est envoyé à l’Académie des Beaux-Arts de Stockholm.
En désaccord avec son directeur, il en démissionne en 1881
et part se former à l’étranger. Il se rend en Espagne en passant
par Londres et Paris.
« Ici, il fait chaud et il y a du soleil, des jolies filles et des
mendiants pittoresques. Un vrai paradis pour les peintres »,
écrit-il.
À l’automne 1882, il s’installe à
Londres, dans le quartier à la mode de Mayfair. Il acquiert
très vite une réputation d’excellent portraitiste et reçoit de
nombreuses commandes.
Il retourne en Suède en 1885 pour épouser Emma Lamm,
jeune femme issue de la haute bourgeoisie de Stockholm
avec laquelle il s’était fiancé secrètement en 1881.
Sa situation économique est désormais
suffisamment assurée pour lui permettre de fonder
un foyer, la position sociale de sa belle-famille lui apportant
de plus une nouvelle clientèle.
Les grandes aquarelles qui lancent sa réputation :
effets d’eau, d’Istanbul à Saint Ives
Très tôt, Zorn est reconnu comme un aquarelliste de talent.
En 1880, il expose à l’Académie de Stockholm son aquarelle
En deuil qui suscite l’admiration générale.
Au contact du peintre suédois Egron Lundgren
(1815-1875), il apprend à utiliser toutes les ressources de
la peinture à l’eau, du glacis le plus léger jusqu’aux
applications les plus couvrantes qui ne laissent pas transparaître
le blanc du papier. Les aquarelles de Zorn, souvent d’un format
monumental, rendent compte des itinéraires
d’un peintre voyageur qui, d’Ouest en Est et du Nord au Sud,
égrène les villes étapes : Constantinople, Alger, Saint Ives en
Cornouailles, Hambourg, sans oublier la lagune vénitienne,
ni l’archipel de Stockholm.
Dans ces vues de ports, dans ces marines, Zorn excelle à rendre le
mouvement de l’eau,
« à mettre – selon son expression – les vagues et les clapotis en
perspective
».
Souvent les personnages sont réduits au rôle
de faire-valoir et ne sont là que pour souligner la grandeur
et la beauté de l’élément liquide.

PARCOURS DE L’EXPOSITION
La décennie parisienne
En 1888, Zorn s’installe à Paris pour exécuter le portrait du banquier
Ernest May et celui de ses enfants. Par son intermédiaire, il fait la
connaissance de personnalités du monde politique et artistique :
Antonin Proust, Armand Dayot, la danseuse Rosita Mauri,
l’acteur Coquelin cadet, ses futurs clients et amis. La même année,
l’État lui achète pour le musée du Luxembourg
Un pêcheur à Saint-Ives
qu’il vient d’exposer au Salon. D’abord établi rue Daubigny,
Zorn emménage durablement boulevard de Clichy.
Il envoie sept oeuvres à l’Exposition universelle de 1889.
Peu après, il est nommé chevalier de la  Légion d’honneur.
En 1890, Zorn participe en tant que sociétaire étranger au
nouveau Salon de la Société nationale des Beaux-Arts.
En même temps, il expose dans des
galeries privées, chez Georges Petit et chez Durand-Ruel.
Il triomphe au Salon de 1891 en envoyant pas moins de
douze oeuvres. En 1892, il y présente
son tableau Omnibus qui le fait passer pour un «révolutionnaire»
et, en 1893, il doit retirer de l’exposition sa Vénus de la Villette,
jugée choquante. En 1895, Zorn participe aux côtés de plusieurs
de ses amis, Rodin, Whistler, Besnard, Thaulow au premier
salon de l’Art Nouveau à la galerie Bing.
En moins de dix ans, Zorn est devenu une figure très
en vue de la vie artistique parisienne avec laquelle il va
toujours rester en contact.
Les portraits de société
Aux côtés de Sargent, de Carolus Duran et de Boldini,
Zorn est l’un des portraitistes les plus recherchés de la fin
du XIXe siècle. Sa technique spontanée et instinctive
doit beaucoup à sa pratique de l’aquarelle. Il
utilise des couleurs abondamment diluées et les
applique d’un pinceau rapide et léger sans avoir dessiné
le motif au préalable.
Il préfère peindre ses portraits chez
ses commanditaires plutôt que dans son atelier
de façon à mieux saisir la personnalité et la psychologie de chacun
de ses modèles. Le décor et les accessoires jouent d’ailleurs un rôle
important pour définir et caractériser le sujet représenté.
Un grand nombre de portraits de Zorn ont été exécutés en
Amérique, au cours des sept voyages qu’il y effectua.
Banquiers, magnats de l’industrie, hommes politiques –
dont trois présidents des États-Unis – tous
étaient disposés à dépenser des sommes colossales
pour se faire tirer le portrait par Zorn. Tout en fréquentant la
haute société internationale, Anders Zorn demeure marqué
par la modestie de ses origines.
«Zorn reste toujours un paysan aux bras musclés pour étreindre
la réalité nue», remarque un critique.
Un graveur à succès
En 1882, Zorn fait la connaissance à Londres d’un compatriote
Axel Herman Haig qui l’initie à l’art de la gravure. Arrivé
à Paris en 1888, il expose régulièrement à la Société des
peintres-graveurs français, qui joue un rôle déterminant dans
le renouveau de l’eau-forte originale. L’exposition
organisée en 1906 à la galerie Durand-Ruel consacre définitivement
Zorn comme un maître de l’estampe. Il est alors le graveur le plus
cher et ses planches atteignent des prix records en vente
publique de
Paris à New York. Au total, l’oeuvre gravé
de Zorn comporte 288 numéros,
essentiellement
des portraits et des nus.
Zorn grave vite et fort, sabrant la
planche de tailles posées en diagonales.

Le portrait de Marcellin Berthelot aurait été réalisé en moins
de vingt minutes et le dessin préparatoire au portrait de Renan
en moins d’une heure. Parmi les influences qui transparaissent
dans son oeuvre, celle de Rembrandt – dont il collectionna les
gravures – se révèle évidente.
Il rejoint le maître hollandais dans son goût pour l’esquisse et
pour l’improvisation, affectionne les contrastes d’ombre et de lumière
et prend plaisir à se représenter lui-même. Enfin, comme Manet,
un autre exposant de la Société des peintres-graveurs, il n’hésite
pas à reprendre en gravures ses compositions peintes, parfois
en les modifiant et en les adaptant.
Zorn à la Bibliothèque nationale de France
Célèbre ébéniste et antiquaire, Alfred Beurdeley (1847-1919)
fut un des premiers amateurs et admirateurs de Zorn.
Il lui confia d’ailleurs le soin d’exécuter son portrait peint.
En 1906, il présida le comité de l’exposition
Zorn organisée à la galerie Durand-Ruel.
À l’issue de l’exposition, il donna à la Bibliothèque nationale
99 estampes de l’artiste
.
Le même jour, Zorn, lui-même, fit don de 40 estampes.
Ces dons furent complétés en 1943 par les 68 pièces de
la collection
Curtis. Américain d’origine mais établi en France
depuis 1904, Atherton Curtis (1863-1943) légua par testament à la
Bibliothèque 
nationale sa collection. Il possédait un bel
ensemble de gravures de Zorn parmi lesquelles les portraits
de Renan
, d’Anatole France, du roi Gustave V de Suède et une série
de baigneuses.
Au total, sur les 288 estampes de Zorn répertoriées par
Karl Asplund
dans son catalogue publié en 1920,
212 figurent dans le fonds de la Bibliothèque

nationale de France, ce qui en fait une des collections de
référence, ses gravures ayant été chacune tirées à peu
d’exemplaires et soigneusement signées par l’artiste.

La Suède traditionnelle
En 1896, Zorn et sa femme quittent Paris pour retourner s’installer à
Mora. Situé dans la province de Dalécarlie, au bord du lac Siljan, Mora
est alors un village même s’il a servi de théâtre à plusieurs événements
historiques fédérateurs pour l’histoire de la Suède : c’est à l’abri de ses
monts que se réfugie au XVIe siècle le roi Gustave Vasa, avant
d’entreprendre la reconquête de son pays.
Zorn apprécie de pouvoir mener à Mora une vie simple et authentique
au contact de la nature, ainsi qu’à Gopsmor, à une vingtaine de
kilomètres, dans une autre maison de bois plus isolée que sa belle
demeure de Mora qui deviendra plus tard un
musée. Il va d’ailleurs réunir progressivement un ensemble
de bâtisses anciennes qui forment au bord du lac un musée de
plein air dédié à la vie paysanne. Il trouve dans la réalité
quotidienne les sujets  de nombreux tableaux

: la vachère dans la forêt, le violoneux ou les femmes
de Mora vaquant à leurs occupations. La peinture dont il était
peut-être le plus fier, Danse de la Saint-Jean (1897), n’est pas
seulement une déclaration d’amour à la Dalécarlie et à ses
longues nuits d’été, elle est également devenue un classique
de l’histoire de l’art suédois.
Nus et baigneuses
À la fin des années 1880, Zorn commence à peindre sur le motif des nus
en plein air. Sans travestissement ni prétexte mythologique quelconque,
il représente des femmes au naturel se baignant dans le vaste archipel
de Stockholm. Il peut étudier à loisir l’effet de la lumière sur le corps
humain. Les nus de Zorn ont parfois été comparés à ceux de Renoir
qui expose en 1887, à la galerie Georges Petit, ses Grandes baigneuses,
lesquelles ont peut-être donné l’idée à Zorn de peindre l’année suivante
ses premiers nus.
« Les modèles de Zorn sont des gaillardes, mais
femmes aussi, femmes par la qualité de la chair, comme les femmes de
Renoir, mais d’une structure plus élancée et d’un plus
élégant athlétisme», écrit Henri Focillon en 1922.
À la fin de sa vie, Zorn multiplie les dessins et estampes de nu
dans une quête érotique effrénée. L’accent est beaucoup moins
porté sur le lieu et sur l’atmosphère que sur la peau
des corps nus. L’asservissement au réel qu’implique
l’abondant usage qu’il fait des clichés photographiques peut
expliquer ce changement de perspective.
C’est un beau complément à lexposition l’art du pastel du
Petit Palais

Sommaire de janvier 2017

Fontaine Tinguely03 janvier 2017 : Fantin-Latour, À fleur de peau
07 janvier 2017 : Cy Twombly
13 janvier 2017 :  Cours Publics 2017
16 janvier 2017 :  La Traversée des apparences – Bruno Boudjelal
18 janvier 2017 : «Magritte. La trahison des images»
19 janvier 2017 :  Hervé Di Rosa et les arts modestes
22 janvier 2017 :  Rembrandt intime
24 janvier 2017 :  « ICONOMANIA » au MAIF SOCIAL CLUB
26 janvier 2017 :  Claude Monet, Lumière, Ombres et réflexion
 

« ICONOMANIA » au MAIF SOCIAL CLUB

MAIF SOCIAL CLUB est un nouvel espace inédit de 1000 m2
installé au sein d’un ancien bâtiment industriel du XIXème
(ancien séchoir à éponges) dans le quartier historique du Marais.
Véritable laboratoire d’innovation sociétale, MAIF SOCIAL CLUB
est un lieu de rencontres et d’échanges en faveur d’une société
collaborative.
Ouvert à tous, le lieu offrira une programmation culturelle éclectique
et gratuite tout au long de l’année : expositions trimestrielles,
conférences, ateliers…
MAIF SOCIAL CLUB ICONOMANIA
MAIF Social Club : un lieu pensé par la MAIF
Site Internet : www.maifsocialclub.fr
Accès libre : 37, rue de Turenne 75003 Paris – M° Saint-Paul
Contact : maifsocialclub-paris@maif.fr – Tél. : 01 44 92 50 90
Miguel Chevalier
Jusqu’ au 31 mars 2017, MAIF SOCIAL CLUB,
accueille sa première exposition : IconoMania.
Cette exposition interroge la place et le traitement
de l’image dans nos sociétés contemporaines.
Près d’une quinzaine d’artistes internationaux sont
réunis pour l’occasion.
Iconomania
L’exposition IconoMania questionne l’image d’aujourd’hui,
ses formes et ses symboliques, à travers le champ
expérimental des nouvelles technologies.
Dans cette relation « art et science »,
l’exposition s’intéresse aux problématiques
de transformation (innovation et information),
de transmission (communication et médias),
et de représentation (sociale individuelle et collective).
Ces problématiques constituent les trois volets de ce
parcours.
La commissaire Florence Guionneau-Joie a réuni
une quinzaine d’artistes internationaux qui interrogent
la question de l’image :
Cécile Babiole
Sous chaque nom vous avez accès à la pratique de chacun
Cécile Babiole,
vue à la Filature et à la Kunsthalle  de Mulhouse
Aram Bartholl, Samuel Bianchini,
Emilie Brout & Maxime Marion, Miguel Chevalier,
l’obsédé du pixel à l’espace Malraux de Colmar
Philippe Cognée,
dont vous avez pu voir l’exposition
à la Fondation Fernet Branca
IOCOSE, Martin Le Chevallier,

Iconomania
Laurent Mignonneau & Christa Sommerer,
Cyprien Quairiat, Jean-Claude Ruggirello,
Charles Sandison, Scenocosme, Julia Varga,
Jeremy Wood, Du Zhenjun.
Près de seize oeuvres sont exposées sous la verrière
de cet ancien bâtiment
industriel du XIXème au coeur du Marais.
Philippe Cognée
Ainsi les villes réinventées de Philippe Cognée,
les oeuvres tactiles de Scenocosme
ou encore les jeux
vidéos interactifs de Martin Le Chevallier
permettent
de sensibiliser les visiteurs sur la façon dont
les nouvelles technologies façonnent l’environnement
et notre rapport au monde.
Iconomania
Afin d’élargir la réflexion, de nombreux ateliers et
conférences accompagnent cette exposition :
« Comment les images augmentées profitent elles à
la société ? », « Image likée : nouveau moyen d’exister ? »…

Hervé Di Rosa et les arts modestes

La maison rouge consacre son exposition à Plus jamais seul,
Hervé Di Rosa
et les arts modestes jusqu’au 22 janvier 2017
courez-y sachant qu’Antoine de Galbert, amateur d’art engagé
sur la scène artistique française, annonce sa fermeture pour 2018
Hervé di Rosa
Le jour de ma visite un groupe de jeunes enfants suivait
leur maîtresse,
leur enthousiasme faisait plaisir à voir et
à entendre
.
La maîtresse a eu du mal à les contenir, tant le travail
d’Hervé di Rosa
est populaire dans le bon sens du terme.
Hervé di RosaFigure incontournable de la scène artistique
et acteur majeur de la Figuration libre, Hervé Di Rosa
(né à Sète en 1959) s’est engagé à partir
des années 1980 dans la reconnaissance de l’art
modeste qu’il définit lui-même comme « proche de l’art
populaire, de l’art primitif, de l’art brut mais

ne s’y réduit pas. Il est autant composé d’objets
manufacturés que d’objets uniques, pour la plupart
sans grande valeur marchande mais à forte
plus-value émotionnelle. Les amateurs se retrouvent
au-delà du regard critique, de la notion du bon
ou du mauvais goût, de la rigueur esthétique,
dans un sentiment de bonheur éphémère
et spontané, aux parfums de souvenirs d’enfance
et de plaisirs simples et non théorisés ».
Hervé di Rosa
En 2000, il fonde à Sète le MIAM (Musée International
des Arts Modestes) qu’il préside depuis et
dans lequel il dévoile exposition après exposition
les multiples facettes de cet art modeste.
La maison rouge, qui couvre
les développements du travail d’Hervé Di Rosa
depuis le début des années 1980, met en évidence
la place centrale de cet art qui l’accompagne
dans sa démarche.

Hervé di Rosa
Si la peinture de Matisse, Picabia ou Dubuffet
a pu l’intéresser et l’inspirer, les références
à la bande-dessinée, aux fanzines et aux dessins
animés, ont elles aussi imprégné son travail.
Ce recours à une imagerie colorée et illustrative,
et la reprise des codes de la bande dessinée,
le feront connaître du grand public, avec
ses compagnons d’alors, Robert Combas, François
Boisrond et Rémi Blanchard, comme les tenants
de la Figuration libre. Grand amateur de BD,
Hervé di Rosa
Hervé Di Rosa possède une bibliothèque de plusieurs
milliers de titres. Ces ouvrages et les figurines
qui en sont dérivées et qu’il collectionne, tapissent
littéralement les murs de son atelier parisien.
Hervé di Rosa
Chez Hervé Di Rosa la pratique artistique est aussi
indissociable du voyage et, des oeuvres, objets d’art
et savoir-faire qu’il rencontre ou collecte lors
de ses périples. Il s’en nourrit, élabore de nouvelles
techniques et produit de nouvelles formes : peinture
à la tempera et à la feuille d’or à Sofia en Bulgarie,
bas-reliefs en bois et bronze à la cire perdue
à Foumban au Cameroun, peintures sur bois
à Kumasi au Ghana, arbres de vie au Mexique, laque
au Vietnam…Hervé di Rosa
L’exposition présente une sélection

de ces réalisations et les associe pour certaines aux
productions dont elles sont issues.
Hervé di Rosa
Au-delà de son caractère rétrospectif, le parcours
de l’exposition s’attache ainsi à faire découvrir les
multiples collections entreprises par Hervé Di Rosa
et témoigne de leur rôle capital dans son travail.

Hervé di Rosa tous amoureux
Hervé di Rosa tous amoureux

À parcourir le monde en tant d’étapes, Hervé Di Rosa
a rencontré des artistes et des artisans pour
leur savoir-faire et en a tiré des « oeuvres-carrefours »
qui se posent au coeur des échanges et des
dialogues entre cultures.
« Pendant trente ans, j’ai voulu être capable de cela : appartenir
à une sorte de communauté d’artisans, d’ouvriers. »

Hervé di Rosa
visites guidées
▶ tous les samedis et dimanches à 16 h
La maison rouge
Fondation Antoine De Galbert
10 bd de la Bastille – 75012 Paris
tél. +33 (0) 1 40 01 08 81
fax +33 (0) 1 40 01 08 83
info@lamaisonrouge.org
lamaisonrouge.org
transports
Métro : Quai de la Rapée (ligne 5)
ou Bastille (lignes 1, 5, 8)
RER : Gare de Lyon
Bus : 20, 29, 91

Fantin-Latour, À fleur de peau

Au Musée du Luxembourg jusqu’au 12 février 2017
Cette exposition met en lumière les oeuvres les plus
emblématiques d’un artiste surtout connu pour ses
natures mortes et ses portraits de groupe, et révèle
également la part importante occupée dans son œuvre
par les peintures dites
« d’imagination ».
Fantin Latour autoportrait
Très attaché dès sa jeunesse à la restitution fidèle de la réalité,
Fantin-Latour explora également, avec délectation,
une veine plus poétique qui le rapproche des symbolistes.
L’exposition, qui embrasse toutes les facettes de cette
riche carrière, propose un parcours dense rassemblant
plus de cent vingt oeuvres, tableaux, lithographies,
dessins et autres études préparatoires.
vue-de-lexpo-fantin-latour-les-brodeuses
Suivant un plan chronologique, l’exposition s’ouvre sur les œuvres
de jeunesse de l’artiste, en particulier les troublants autoportraits
qu’il réalise dans les années 1850-1860. Confiné dans l’atelier,
Fantin-Latour trouve alors ses sources d’inspiration au coeur de
son intimité : modèles captifs, ses deux soeurs sont mises en scène
en liseuses ou en brodeuses, tandis que les natures mortes savamment
composées des années 1860 révèlent, déjà, les qualités d’observation
exceptionnelles du jeune artiste.
Fantin Latour un atelier aux Batignolles
Un atelier aux Batignolles 1870 huile sur toile ;
204 x 273,5 cm Paris, musée d’Orsay,
Fantin Latour Coin de Table
Coin de table
de gauche à droite : Paul Verlaine, Arthur Rimbaud, Elzéar Bonnier,
Léon Valade, Emile Blémont, Jean Aicart, Ernest d’Hervilly, Camille
Pelletan 1872 huile sur toile ; 161 x 223 cmParis, musée d’Orsay
Les coups d’éclat de la décennie 1864-1872, période charnière
dans le travail de Fantin-Latour, sont mis en lumière dans
la seconde partie de l’exposition. Mu par de grandes ambitions,
le jeune artiste travaille alors intensément, innovant avec panache
dans le domaine du portrait de groupe.
Fantin Latour, Hommage à Delacroix
Avec l’Hommage à Delacroix, le premier de ses grands portraits
de groupe, il inscrit son nom dans l’histoire d’une certaine
modernité, aux côtés de Delacroix ou de Manet.
Avec Le Toast (1864-1865), Un atelier aux Batignolles (1870) et
Coin de table (1872), il multiplie les oeuvres à valeur de manifestes.
fantin-latour-nature-morte
La troisième partie de l’exposition présente les séries de
natures mortes et de portraits que l’artiste réalise entre
1873 et 1890. À l’exception des portraits de commande, qui se
raréfient peu à peu dans son oeuvre, il qualifie lui-même
la plupart de ces toiles d’ « études d’après nature ».
fantin-latour-capucines-doubles
Les somptueux portraits de fleurs qu’il brosse alors par dizaines
témoignent d’un talent rare dans la composition des
bouquets autant que d’une exceptionnelle virtuosité dans
le rendu des matières.  Ses portraits, qu’ils soient posés ou
plus intimistes, illustrent eux aussi un sens aigu de l’observation.
fantin-latour-la-nuit

L’artiste se lasse pourtant peu à peu des portraits et des
natures mortes, ainsi que le révèle la quatrième partie de l’exposition.
« Je me fais plaisir » : par cette phrase écrite dans une lettre
à son ami et marchand Edwards en 1869, Fantin-Latour évoque
les oeuvres dites  « d’imagination » qui occupent une part croissante
dans son oeuvre au fil des années.
Nourries de sa passion pour la musique, inspirées par des sujets
mythologiques ou odes à la beauté du corps féminin sous couvert
de chastes allégories, ces oeuvres révèlent un visage moins connu de l’artiste.

Henri Fantin-Latour
Entre l’austérité des portraits familiaux, la richesse des natures
mortes et la féerie des tableaux d’imagination se dessine
ainsi un personnage tout en nuances, dont la personnalité
complexe se trouve éclairée par l’abondante correspondance
qu’il entretint avec plusieurs de ses amis et artistes de l’époque.

Henri Fanti-Latour, détail hommage à Berlioz
Henri Fanti-Latour, détail hommage à Berlioz

L’exposition innove d’ailleurs en consacrant une salle au processus
créatif de Fantin-Latour qui, centrée sur L’Anniversaire
peint en 1876, présente en parallèle peintures, dessins et
lithographies retravaillées à de nombreuses reprises.
Cette rétrospective est enfin l’occasion de dévoiler au public
un corpus de photographies inédit, saisissant répertoire
de formes pour l’artiste.
Henri Fantin-Larour, Finale de la Walkyrie
Henri Fantin-Larour, Finale de la Walkyrie

Au-delà de la mise en lumière du genre traditionnellement
mineur de la nature morte, érigé par Fantin-Latour
en véritable portrait de fleurs, l’exposition souhaite brosser
l’image d’un artiste en prise avec les débats de son temps,
entre passion du réel et besoin d’évasion, qui a su s’imposer,
malgré sa discrétion, comme une figure marquante de son siècle.
podcast France culture, la Dispute

Bill Viola sculpteur du temps

Bill Viola en février 2014, lorsque je me suis approchée du couple pour leur remettre un cadeau E.I.

La conférence de presse suivie par la visite de l’exposition

du  05 Mars 2014 au  21 Juillet 2014 au Grand Palais Paris
« Je suis né en même temps que la vidéo »,
dit souvent Bill Viola (site officiel), qui vit le jour en 1951.
Bill Viola est spiritualité, humanité, un artiste charismatique.
C’est à un voyage initiatique, une expérience sensorielle et intime que nous convie Bill Viola. (vidéo)

Biographie de Bill Viola
 lien

E12100 Video installation Martyrs (Earth, Air, Fire, Water) by American artist Bill Viola at St Paul’s Cathedral in London, UK

 

Vous pouvez visionner ci-dessous :
La vidéo de la conférence de presse
La vidéo du vernissage
Avec vingt œuvres magistrales, soit plus de trente écrans et des heures d’images, Bill Viola au Grand Palais constitue l’une des plus larges rétrospectives consacrées à l’artiste. Plongée dans l’obscurité presque totale, la scénographie y est millimétrée au service d’une puissance visuelle rarement atteinte.
Tout est parti de l’enfance pour Bill Viola. Un jour il est tombé dans un lac, à l’âge de 6 ans, il a coulé au fond. C’est son oncle, qui en plongeant, l’a sauvé en le ramenant à la surface. Bill le repoussait, sans se rendre compte. Il a vu le monde le plus beau, qu’il n’avait jamais pu contempler, avec des plantes qui ondulaient, une lumière bleue, la lumière sous-marine qui est absolument extraordinaire, lorsqu’on est sous l’eau il n’y a pas de gravité, on flotte, il aurait voulu rester dans cet élément, s’il n’avait pas été repêché. Il n’a pas eu vraiment peur, s’est senti très bien dans l’élément aquatique, à partir de ce moment il n’a plus jamais eu peur de la mort.
Une des premières œuvres qu’il a faite a été Reflecting Pool, le bassin miroir.
C’était l’expression d’une quasi noyade,

The Dreamers (2013), est la plus récente œuvre,
« je suis toujours en relation avec l’eau, avec les fluides, comme l’électricité,
une force active qui vibre en nous et qui vit et qui relie les gens, qui est essentiel »
Bill Viola
C’est une installation composée de sept grands écrans plasma, qui présentent dans une même salle, sept personnes immergées dans le fond d’un cours d’eau. Elles ont les yeux fermés et paraissent sereines. L’eau ondule sur leurs corps et anime subtilement leurs mouvements. Le son de l’eau qui coule envahit l’espace, tandis que la pièce se remplit progressivement de rêves.
The Dreamers

Les quatre décennies de l’œuvre de Viola sont représentées dans l’exposition du Grand Palais , de The Reflecting Pool(1977-79) à The Dreamers (2013): films vidéos (Chott El Djerid (A Portrait in Light and Heat), 1979), installations monumentales (The Sleep of Reason, 1988), portraits sur plasma (The Quintet of the Astonished, 2000),
pièces sonores ( Presence, 1995), sculptures vidéos (Heaven and Earth, 1992), œuvres intimistes (Nine Attempts to Achieve Immortality, 1996) ou superproductions (Going Forth By Day, 2002). Tous les genres de l’œuvre de Bill Viola sont là, et toutes ses grandes séries emblématiques, des Buried Secrets du pavillon américain de Venise en 1995 (The Veiling) aux Angels for the Millennium (Ascension, 2000), des Passions (Catherine’s Room, 2001) à The Tristan Project (Fire Woman et Tristan’s Ascension, 2005), des Transfigurations (Three Women, 2008) aux Mirages (The Encounter, 2012)
Le déluge
Walking the Edge (2012),
Pensée en dialogue avec l’artiste comme un voyage introspectif, cette exposition propose un itinéraire en trois temps, autour des questions métaphysiques majeures :
Qui suis-je ? Où suis-je ? Où vais-je?
Dans ses œuvres, Bill Viola interroge la vie, la mort, la transcendance, la renaissance, le temps et l’espace, utilisant souvent la métaphore d’un corps plongé dans l’eau pour représenter la fluidité de la vie. Ses images cherchent à fournir une autre perception de ces questions fondamentales qui caractérisent l’existence humaine. Une dimension qui confère à son travail une puissance d’universalité particulière, au-delà de tout courant ou de toute mode, et qui explique que cet œuvre vidéo fascine depuis quarante ans aux quatre coins du monde.

« La transformation est une chose importante, une force qui agit en permanence un processus lent, qui permet la construction d’un nouvel être humain, qui se produit au moyen de ce que nous voyons de ce que nous lisons, et apprend aussi des erreurs que nous commettons, une chose merveilleuse chez l’humain, est le changement et l’évolution, la liberté de changer d’avis est une des choses les plus importantes pour l’humain. » BV
Bill Viola a énormément voyagé durant sa carrière : au sein des Etats-Unis, Italie, Japon, France, Indonésie, Australie, Allemagne, Tunisie… Chaque destination étant une source d’innovation pour l’artiste. Dans son voyage à Java et à Bali notamment, où il a pu enregistrer de la musique traditionnelle et des spectacles. Au Canada, afin d’enregistrer des paysages de la Prairie en hiver, ou dans le désert du Sahara pour filmer des mirages, à l’aide de téléobjectifs adaptés à la vidéo. Son voyage spirituel en Inde, dans le Ladakh, fût aussi pour lui une occasion de filmer et d’observer l’art et les rituels religieux. Il a été l’élève puis l’assistant du pionnier de l’art vidéo, le sud coréen, Nam June Paik.

L’usage de la technologie vidéo par Bill Viola convoque un univers d’images digitales s’inscrivant dans l’histoire de l’art. On trouve dans l’exposition des références aux grands maîtres tels que Goya (The Sleep of Reason, 1988) et Jérôme Bosch (The Quintet of the Astonished, 2000). Le spectaculaire polyptyque Going Forth By Day (2002) forme un vaste ensemble mural de tableaux digitaux dans le même esprit que les fresques de Giotto dans la basilique Saint-François d’Assise – sommet inégalé de l’installation artistique selon Viola et référence ultime de l’artiste1932/2006)
Le public va prendre ce qu’il souhaite dans ses œuvres, il ne veut rien imposer, il fait partie de l’œuvre en y pénétrant, en la regardant, en s’y attardant, en y revenant. Trop d’informations de publicité est pollution. Il a aimé le calme et le silence comme dans son passé familial.

Peter Sellars et Bill Viola ont travaillé ensemble lors de la création du Tristan et Isolde de Wagner à l’Opéra Bastille en 2005, spectacle repris cette année dans le même lieu. L’artiste a conçu pour le célèbre metteur en scène américain un tableau vidéo projeté en toile de fond comme décor.  Peter Sellars parle de leur collaboration et du regard qu’il porte sur l’œuvre de Bill Viola.

Commissariat : Jérôme Neutres , conseiller du Président de la Réunion des musées nationaux–Grand Palais et Kira Perov, Executive Director du Studio Bill Viola scénographie : Bobby Jablonski, directrice technique du Studio Bill Viola et Gaëlle Seltzer, architecte à Paris.
catalogue de l’exposition, Studio Bill Viola
en français, 24,5 x 29 cm, 180
pages, 160 ill., relié, 35 €
augmenté par l’application Ipad Iphone etc …
Certaines photos proviennent du site du Grand Palais et d’Internet
autres photos de l’auteur