Rubens, Portraits princiers

Jusqu’au 14 janvier 2018 au
Musée du Luxembourg
Cette exposition rassemble environ soixante-cinq peintures
parmi lesquelles des prêts exceptionnels tels Marie de Médicis
(Musée du Prado
) et Louis XIII (Melbourne), seul portrait de
souverain conservé peint devant le modèle.

Cette exposition a deux héros : une reine et un peintre.
La première, Marie de Médicis (1573-1642), veuve
d’Henri IV et mère de Louis XIII, est un personnage
majeur de l’histoire politique et diplomatique du premier
tiers du XVIIe siècle.
Le second, Pierre Paul Rubens (1577-1640),
est le peintre le plus célèbre de son temps.
Leur influence se déploie alors sur toute l’Europe.

Marie de Médicis, par ses origines familiales et les
alliances de ses enfants, est liée à toutes
les dynasties régnantes.
Rubens, au cours de ses voyages, plus que n’importe
quel peintre de l’époque baroque, opère dans tous
les foyers artistiques renommés, mêlant parfois création
et diplomatie. Une part méconnue, mais pourtant
essentielle, de l’oeuvre gigantesque et protéiforme
de l’artiste est ici révélée : ses portraits de rois
et reines, princes et princesses.

Lui sert d’écrin le Musée du Luxembourg, dans l’enceinte
du palais que Marie de Médicis a fait édifier à partir
de 1615 et pour lequel elle commanda à Rubens un
ensemble de toiles monumentales illustrant sa vie.
Cette exposition est aussi un album de famille de
Marie de Médicis. Des portraits peints par les rivaux
de Rubens, des mêmes modèles, à des dates
similaires, dévoilent l’originalité du maître dans ce
domaine aussi codifié que prestigieux.

Pierre Paul Rubens (1577-1640) fut un génie protéiforme.
Son oeuvre immense aborde quasiment
tous les sujets de la peinture. Ses portraits princiers
restent peu connus, ils sont pourtant essentiels
dans sa carrière. Peindre le portrait d’un souverain
est la commande la plus prestigieuse que peut
recevoir un peintre à l’époque, cet exercice doit
notamment permettre de flatter la sensibilité du
modèle.
S’il est connu que Rubens a reçu des commandes
de la part des rois, reines, princesses et
princes de son temps, jamais encore une exposition
ne leur a été consacrée.
L’exposition est présentée au Musée du Luxembourg,
dans le palais pour lequel Rubens réalisa un
de ses principaux chefs d’oeuvre : la galerie Médicis,
ensemble de tableaux monumentaux sur la vie
de Marie de Médicis, installés dans l’aile Richelieu
du musée du Louvre. La vie de la souveraine et
la carrière de Rubens s’entrecroisent.
Dans un parcours à travers les cours d’Europe,
tel un album de famille, l’exposition montre les
effigies de Marie de Médicis et des souverains
de son temps dont Rubens dressa le portrait et
qui, des Habsbourg à la cour de Mantoue,
ont tous un lien de parenté avec elle avant même
qu’elle ne devienne la mère et la belle-mère des rois
de France, d’Espagne et d’Angleterre.
Rubens naît dans une famille aisée originaire
d’Anvers et reçoit une éducation humaniste.
Il exerce un temps le rôle de page, ce qui lui permet
d’acquérir les comportements et l’aisance qui lui sont
utiles pour côtoyer par la suite les grands personnages
de son temps.

Paul Rubens, 
Brughel de Velours pour le paysage, l’Infante Isabelle

Il gagne l’Italie pour parfaire
sa formation de peintre, s’inspirant notamment
de Titien, auteur de portraits fameux de Charles
Quint et de Philippe II, et devient rapidement un
des peintres de la cour des Gonzague à Mantoue.
En 1609 il revient à Anvers pour devenir le peintre
de la cour des Flandres. A ce titre, il exécute
les portraits officiels des princes Habsbourg.
Il prolonge son séjour parisien destiné à honorer la
commande de Marie de Médicis pour le Palais du
Luxembourg en 1621, pour peindre Louis XIII, fils
de Marie de Médicis, et son épouse Anne d’Autriche,
soeur de Philippe IV, roi d’Espagne.
Celui-ci l’appelle ensuite à Madrid pour exécuter des portraits
de lui et de sa famille.
commissariat : Dominique Jacquot, conservateur en chef du musée
des Beaux-Arts de Strasbourg
sur France culture : l’Art et la Matière podcast sur Rubens
Avec Emmanuel Coquery, Directeur scientifique de la Rmn-Grand Palais, découvrez cette facette méconnue du travail de Rubens.

Conférence inaugurale

Sommaire du mois de septembre 2017

Véronique Arnold, à la galerie Stampa de Bâle

« Notre héritage n’est précédé d’aucun testament »
à la galerie Stampa à Bâle, en écho à l’œuvre d’Hannah Arendt.
Une tentative sensible de faire mémoire, de réveiller
« l’intelligence du cœur ».
Le titre est une phrase de René Char prononcée en 1946
et citée dans la préface de « La Crise de la culture ».
jusqu’au 21 octobre
06 septembre 2017 : Manish Nai
07 septembre 2017 : La Terre la plus contraire
25 septembre 2017 : Chagall Les années charnières 1911-191
27 septembre 2017 : Stephen Gill – Un photographe anglais
29 septembre 2017 : Steve Roden à la Kunsthalle
 

Stephen Gill – Un photographe anglais

En ouverture de saison 17-18
La Filature, Scène nationale
présente à la Galerie en entrée libre Stephen Gill

C’est un photographe expérimental, conceptuel et
documentaire, dont la pratique inclut souvent des
références à son lieu de résidence.
L’exposition à La Filature présente une large sélection
de ses photographies opérée parmi les séries
Billboards, Hackney Flowers, Buried, Talking to Ants,
Pigeons, Best Before End, Coexistence,
Coming up for Air,
B Sides et Energy Fields.

Jusqu’au  dimanche 12 novembre 2017

Photographe anglais, très tôt repéré par son
compatriote Martin Parr (présenté à la Filature en 2015)
pour ce regard attentif porté aux pans souvent négligés
de notre société,  Stephen Gill (1971) a fait oeuvre de sa
ville, Londres.
Au travers de séries photographiques menées souvent
parallèlement, il portraiture non la mégapole, mais un
tissu urbain et ses habitants.

Le voici photographiant Londres et ses oiseaux, le revers
de ses panneaux publicitaires, les passants perdus dans
ses rues, les usagers de ses trains.
Puis, rapidement, il restreint son champ d’action à
son seul quartier, Hackney,
centre d’un vaste marché alimentant les populations
défavorisées, et dont le destin a été scellé avec les
Jeux Olympiques en 2012 et ses grands chantiers.

Pendant près de quinze années, il arpente ses rues et
terrains vagues.
C’est sur ce territoire mi-ville mi-friche que
Stephen Gill réalise plusieurs séries photographiques
qui feront date.
Qu’il s’agisse d’Hackney Flowers, dans laquelle il appose
sur ses images les fleurs récoltées lors de ses
promenades ou encore Talking to Ants, où il immisce
dans la lentille même de l’appareil des objets trouvés à
proximité, il poursuit sa quête d’imprégnation du lieu
dans l’image. Naissent, au travers de cette pratique
photographique, des objets sédimentés, entre album de
souvenir et herbier. Le voici devenu « ant », fourmi,
attentif à ce que le paysage formule au travers du moindre
de ses détails.
Viennent ensuite les séries plus récentes telle Pigeons,
par laquelle, appareil fixé au bout d’un bras téléscopique,
il investigue le dessous des ponts et autres recoins peu
reluisants de nos villes pour portraiturer les pigeons dans
leur environnement et révéler cet infra-monde qu’ils
habitent. Ou encore Best Before End, qui semble boucler
un cycle pour cet explorateur urbain, exposant là toute
l’intensité de la vie au coeur de la mégapole par
l’introduction dans le processus de développement
de ses tirages de ces boissons énergétiques désormais
si répandues.
Ses expositions
Les oeuvres de Stephen Gill sont présentes dans de
nombreuses collections privées et publiques et ont
également été exposées dans des galeries internationales
telles que The National Portrait Gallery, The Victoria
and Albert Museum, agnès b.,
Victoria Miro Gallery (Londres) ;
Sprengel Museum (Hanovre) ; Tate (Londres) ;
Galerie Zur Stockeregg (Zurich) ; Archive of Modern Conflict
(Londres) ; Gun Gallery (Stockholm) ; The
Photographers’ Gallery (Londres) ;
Leighton House Museum (Londres) ; Haus Der Kunst (Munich),
ainsi que des expositions personnelles dans des festivals
et des musées dont les Rencontres d’Arles, le festival de
photographie Contact à Toronto, PHotoESPAÑA
et enfin à FOAM (Amsterdam).

La Filature, Scène nationale – Mulhouse
20 allée Nathan Katz – Mulhouse – T 03 89 36 28 28
Apéro photos
mercredi 18 octobre 19 h 15
réflexion autour d’une photographie
photographie + apéritif
gratuit : inscription 03 89 36 28 28
Il est toujours difficile de photographier des photos
 

La Terre la plus contraire

La Fondation Fernet Branca présente jusqu’au
8 octobre, des artistes femmes distinguées par le
prix Marcel Duchamp, organisée par l’ADIAF
à l’invitation Pierre-Jean Sugier,
directeur de la Fondation.
Après les photos de Marie Bovo,   le trio de Métamorphoses
avec Véronique Arnold, Gabrielle Chiari, et
Frédérique Lucien, Claire Morgan ,
la fondation fait la part belle aux artistes femme.
Cela rappelle l’évènement du centre Pompidou
Elles.

Farah Atassi, Landscape Women

Avec le concours de la commissaire Alicia Knock,
l’exposition présente le travail de :
Farah Atassi, Yto Barrada, Maja Bajevic,
Valérie Belin, Carole Benzaken, Rebecca Bournigault,
Valérie Favre, Joana Hadjithomas, Valérie Jouve,
Charlotte Moth, Zenib Sedira, Anne-Marie Schneider,
Ulla von Brandebourg.
La Terre la plus contraire, est un titre emprunté à la poétesse
argentine Alejandra Pizarnik (1936/1972)
expatriée à Paris.

Un point de départ ferme et sur; un lieu depuis lequel
partir […] A P l’enfer musical

Le parcours à géographie variable, partant de l’expérience
physique et surtout politique du territoire, se déroule dans les
espaces du centre, offrant une plongée dans l’art de notre temps.
L’exposition a été articulée autour de la notion de territoire,
qu’il soit géographique, politique ou intime. Il est souvent
question d’exploitation économique dans la première partie.
Géographique et politique
Les gardiennes de mémoires
Depuis les photographies de Zineb Sedira sur les routes du sucre

Zineb Sedira, Sugar Silos

Ismyrne,  fragments d’un essai poétique, entre histoire et
mémoire, est un film de Joana Hadjithomas.
Les
vidéos sobres de Maya Bajevic refusent l’habillage
esthétique. L’artiste montre les mécanismes de domination
économique sur les échanges nord/sud dans le
commerce du textile à travers cinq toiles représentant des motifs
traditionnels, et des documents d’époques (photo, bons de
commande, articles de journaux…)

Maja Bajevic, Import/Export

Les photographies de Valérie Jouve appartiennent
au domaine de l’antropologie, ainsi qu’aux domaines de la sociologie,
de la représentation du monde.

Valérie Jouve, les Paysages


Les aquarelles de Rebecca Bournigault, sont influencées
par l’actualité.

Rebecca Bournigault, les Emeutiers, Russie, Hong Kong, Chili

Les photographies  d’Yto Barrada sont un brin déshumanisées,
avec ses femmes travaillant dans  des usines
au conditionnement de crevettes, dans la zone franche de Tanger.
Yto Barrada

Thème qui m’intéresse le plus :
l’espace (ou la notion de l’espace et du corps)
Alejandra Pizarnik, journaux 1959-1971
L’intime, le corps
Puis vient le  territoire plus intime , celui du corps
parfois élargi au paysage, l’univers du théâtre,
symbolisé par les rideaux devenus jupes
d’Ulla von Brandenburg
Ulla von Brandenburg,
Blue Curtain, Yellow Curtain, Pink Curtain

Carole Benzaken, déroule son journal pictural de 40 ans
de peinture, le passage des saisons, de l’été paradis perdu, à l’hiver.
Carole Benzaken

Valérie Favre  , dont vous avez pu voir l’exposition monographique
au MAMCS, rend  hommage à ses maîtres
à travers des autoportraits réalisés à la manière de
De Chirico et Hugo Ball.
Valérie Favre

Farah Atassi  s’exerce à la peinture à la manière d’un Mondrian
ou d’un Malevitch, avec des formes géométriques en toile de fond,
d’où émergent d’autres formes géométriques. (1ere photo)
Valérie Belin montre des vanités avec ses photographies
en noir et blanc, très contrastées, de robes précieuses, entourées
de papier de soie, conservées dans des boites.
Valérie Belin

Charlotte Moth, projette des diaspositives

Charlotte Moth

Anne-Marie Schneider dessine comme un enfant.
Ses gouaches lui permettent de donner forme à ses rêves
et cauchemars
Anne-Marie Schneider, les Migrants

Le prix Marcel Duchamp est une distinction créée en 2000,
à l’initiative de collectionneurs français et de l’ADIAF,
Association pour la diffusion internationale de l’art français.
Le prix est remis tous les ans pendant la FIAC, Foire
internationale d’art contemporain. Plus de 70 artistes, lauréats
et nommés
, ont été distingués par le Prix Marcel Duchamp
depuis son lancement.
Fondation Fernet Branca
2, rue du Ballon St Louis
Horaire
du mercredi au dimanche
de 13 h à 18 h

Manish Nai

Manish Nai, la Matière comme medium
Jusqu’au 8 octobre à la Fondation Fernet Branca

Issu d’une famille de négociants textiles,
Manish Nai a commencé dès le début des années
deux-mille, à exploiter les possibilités offertes
par la jute, fibre végétale largement utilisée en Inde,
principalement dans l’habillement et dans le secteur
de la construction.

Manish Nai, toile de jute indigo, papier, huile sur toile

Détournée de sa destination originaire, la jute alors
compressée par l’artiste et agglomérée à du carton
de récupération, devient la matière première d’ensembles
sculpturaux monolithiques aux arrêtes saillantes
et parfaitement rectilignes. Accolées à une structure en bois,
les sculptures compressées de Manish Nai s’inscrivent
à la frontière des plans bidimensionnels et tridimensionnels.
Manish Nai, installation de 65 photographies impression numérique, sur papier Hahnemuhle

La série des Billboards part d’une exploration sociologique
de l’espace public de Bombay. Suite à la période de récession
entamée par l’économie mondiale en 2008, une multitude
de panneaux d’affichages étaient laissés partiellement vacants,
sans publicités.
Photographiés sur les bords des routes puis combinés et arrangés
digitalement par l’artiste, ces compositions mettent en œuvre
le concept de sérendipité, ou  heureux hasard :
« Jusqu’à ce que le papier soit arraché, je n’ai aucune idée de
ce qui apparaitra sur le mur. »
De ce procédé de création émergent des formes et motifs
abstraits, géométriques et entrecoupés par des bribes
de mots et de phrases désorganisés dont la signification
initiale devient supplantée par les seules propriétés esthétiques
de l’ensemble. On peut penser aux affichistes tels Raymond Hains.
Manish Nai, vêtements usagers compressés

Plus singulières, les sculptures compressées faites de journaux
ainsi que l’assemblage de bâtonnets bariolés en tissus
de récupération procèdent de la réutilisation et de la
pérennisation d’objets à la durée de vie généralement éphémère.
Il y a du Boltanski, dans cette récupération.
Intimement liées au mode de vie indien, le pays comptant
près de cent quotidiens différents, dans dix-neuf langues,
les sculptures de journaux sont compressées puis moulées
autour d’une légère armature de bois.

La fraîcheur et la spontanéité de la démarche de Nai
dans le choix de ses matériaux provient de la grande
distance qui le sépare de ces repères historiques.
Il instaure néanmoins une sorte de dialogue avec quelques
figures emblématiques du modernisme occidental d’après-guerre
lorsque son intérêt pour la matérialité du jute le pousse
à réaliser des formes simples, unitaires, telles que le cube
et la colonne, très répandues dans l’art minimaliste.
Or, même si ses oeuvres semblent extraites de leur contexte,
le regard de Nai est loin d’être indifférent aux innombrables
sollicitations qu’offre le spectacle de la vie quotidienne
d’une mégalopole comme Bombay, son lieu de résidence.
De manière significative, ce sont les façades de l’espace
urbain, les murs boursouflés, dévorés par le temps et
rongés par l’érosion, qui constituent sa toile de fond et
attirent le plus son attention.
« Lorsque je parcours la ville, je recherche des moments
de vacuité et de planéité. Pour moi, les panneaux d’affichage
vides et les murs de béton sont comme des oeuvres d’art. …
J’ai souvent observé des ouvriers du bâtiment façonnant
des murs en jetant du ciment dans des dalles, on aurait dit
qu’ils réalisaient une peinture gestuelle ».
Manish Nai, Grillage métallique

Souvent recouverts d’une couche de peinture blanche ou
sommairement dissimulés avec du papier ou du plastique,
dans l’attente des messages et images publicitaires qui sont
leur raison d’être, les panneaux d’affichage vides qui ont séduit
l’oeil aiguisé de Nai offrent une gamme surprenante de
figures et d’accidents picturaux inattendus – monochrome,
grille, collage, glacis, lettres ou chiffres en filigrane.
Les photographies de ces « abstractions trouvées »
fascinent autant que son travail autour de matériaux
plus vernaculaires, auquel elles fournissent un contrepoint
ingénieux.
Manish Nai, Tondo toile de jute indigo

Né en 1980 à Gujarat, en Inde, Manish Nai est diplômé
en arts plastiques de la L.S. Raheja School of Art de Bombay.
Manish Nai vit et travaille à Bombay.
Fondation Fernet Branca St Louis
2 rue du Ballon
Horaire
du mercredi au dimanche
13 h à 18 h

Sommaire du mois d'août 2017

© photo Haupt & Binder

06 août 2017 : Jérôme Zonder. The Dancing Room
10 août 2017 :  A World Not Ours
14 août 2017 :  Art/ Afrique, le nouvel atelier à la Fondation Vuitton
15 août 2017 :  L’Assomption
23 août 2017 : dOCUMENTA 14 Kassel

Art/ Afrique, le nouvel atelier à la Fondation Vuitton

Jusqu’au 28/8/2017
« Art/ Afrique
, le nouvel atelier »
réunit deux expositions, pensées comme des focus,
adossées à un choix d’œuvres de la Collection de
la Fondation :
I) « Les Initiés », un choix d’œuvres (1989-2009)
de la collection  d’art contemporain africain de
Jean Pigozzi

II) « Être là », Afrique du Sud, une scène contemporaine

 III) Afrique : une sélection d’œuvres dans
la collection
de la Fondation Louis Vuitton

I) L’exposition Les Initiés réunit une sélection d’œuvres
de quinze artistes emblématiques de la collection
d’art contemporain africain de Jean Pigozzi, présentée
pour la première fois à Paris. En 1989, l’homme d’affaires
Jean Pigozzi fait appel à André Magnin comme conseiller
pour constituer sa collection. Défricheur, ce dernier arpente
le continent africain à la rencontre d’artistes travaillant
et vivant en Afrique subsaharienne
, dans les pays
francophones, anglophones et lusophones. A une époque
qui ne connaît ni téléphone portable, ni internet, ni réseaux
sociaux, rencontrer des artistes et rendre compte de
l’évidente liberté et originalité de leurs démarches,
ont été des paramètres décisifs.
La détermination et l’engagement qui ont présidé à cette
collection ont ainsi permis la constitution d’un
fonds unique, aux partis pris affirmés renvoyant
dans sa diversité à l’un des visages de la création
contemporaine en Afrique de 1989 à 2009.
Les artistes de l’exposition, tous héritiers de savoirs
spirituels, scientifiques et techniques, développent
des mondes
qui s’expriment à travers une variété
d’expressions et de supports.

Éclectique et libre, la collection ne privilégie aucun médium
et vise à représenter chaque artiste avec des ensembles
conséquents
. Elle a ainsi révélé une scène jusqu’alors
inconnue, permettant un élargissement de son audience
et de son impact international, ce qui lui confère
aujourd’hui un rôle prescripteur évident.

L’exposition réunit des œuvres de :
Frédéric Bruly Bouabré, Seni Awa Camara,
Calixte Dakpogan, John Goba, Romuald Hazoumè,
Seydou Keïta, (vu au Grand Palais) Bodys Isek Kingelez, Abu Bakarr Mansaray,
Moké, Rigobert Nimi, J.D. ‘Okhai Ojeikere, Chéri Samba,
Malick Sidibé et Barthélémy Toguo
.
À cette occasion, Pascale Marthine Tayou réalise
une intervention spécifique.

L’exposition, conçue par la direction artistique de la
Fondation Louis Vuitton, a été réalisée en étroite
collaboration avec Jean Pigozzi.


II) En complément de l’exposition Les Initiés,
La Fondation présente : Être là, une exposition collective
consacrée à l’Afrique du Sud, une des scènes les plus
dynamiques du continent africain aujourd’hui.
Révélée au monde dans les années 1990, la force de
cette scène tient aussi à l’émergence d’un nouvel écosystème,
incluant des institutions et des galeries particulièrement
impliquées, ainsi qu’au rôle très engagé des universités.
L’exposition se concentre sur un espace-temps précis,
celui d’aujourd’hui, tel qu’il se constitue à travers des
thématiques et un engagement inscrit dans une continuité
historique. Elle ne prétend en rien être un panorama
et réunit 16 artistes :

– D’un côté, des figures de référence de l’art sud-africain,
comme :
Jane Alexander, David Goldblatt, William Kentridge,
David Koloane
et Sue Williamson
qui bénéficient désormais d’une vraie reconnaissance
internationale et ont un réel impact sur la scène actuelle.
Ainsi qu’une génération née dans les années 1970,
représentée par des personnalités incontournables
telles que Nicholas Hlobo, Zanele Muholi et
Moshekwa Langa.

– D’autre part, un choix d’artistes nés dans les années
1980
dont les œuvres sont symptomatiques
de nouveaux enjeux plus de vingt ans après la fin
de l’apartheid
 : Jody Brand, Kudzanai Chiurai,
Lawrence Lemaoana, Thenjiwe Niki Nkosi,
Athi-Patra Ruga, Bogosi Sekhukhuni,
Buhlebezwe Siwani et Kemang Wa Lehulere.

Cette sélection s’étaye sur le positionnement des artistes
dans la prise en charge d’une situation – économique
et sociale – sur laquelle ils ont la conscience et la conviction
de pouvoir intervenir et jouer un rôle – ETRE LA.
Par le biais de différents médiums (installations,
photographies, peintures, œuvres textiles, vidéos…),
ces artistes revisitent l’histoire et affirment une
subjectivité propre. Participant d’un activisme social,
la génération la plus récente tire bénéfice d’une ouverture
internationale pour affirmer et revendiquer une
identité sud-africaine qu’elle contribue à redéfinir.

Prolongeant l’exposition, l’espace
« À propos d’une génération » présente le travail des
photographes
Graeme Williams, Kristin-Lee Moolman et
Musa Nxumalo
et dévoile les portraits contrastés
d’une certaine jeunesse sud-africaine, notamment
celle des « born-free ».
Un catalogue est publié (en deux versions, française et
anglaise) avec les contributions
d’Achille Mbembe, Okwui Enwezor,
Bonaventure Soh Bejeng Ndikung
ainsi que de
Rory Bester, Hlonipha Mokoena et Sean O’Toole.

Commissaires : Suzanne Pagé et Angéline Scherf
avec Ludovic Delalande et Claire Staebler.

III) C’est sur ce nouvel accrochage, déployé sur la totalité
du dernier niveau de la Fondation, que s’adossent
les deux expositions présentées simultanément.
Témoignant de la dimension internationale de la Collection,
ce parcours est consacré à des œuvres d’artistes africains
et à des regards tournés vers ce Continent.

En parallèle, a lieu un programme d’événements
pluridisciplinaires
autour de la musique, de la poésie,
de la littérature et du cinéma.
À l’occasion de cet événement,
la Fondation Louis Vuitton
s’associe à La Grande Halle de La Villette
avec la création d’un billet commun proposé
aux visiteurs de leurs expositions
Art/Afrique, le nouvel atelier et Afriques Capitales.
Commissaire général : Suzanne Pagé
Conseiller : André Magnin
Commissaires : Angéline Scherf et Ludovic Delalande
Scénographie:  Marco Palmieri

A World Not Ours

Jusqu’au 27/8/2017 à la Kunsthalle de Mulhouse

A World Not Ours est une exposition collective
consacrée à la crise actuelle des réfugiés et
les déplacements forcés de population causés par
la guerre en Syrie et dans d’autres zones de conflit.
L’exposition, dont le premier volet a été inauguré
l’été dernier à l’Espace Pythagorion de la
Schwarz Foundation, sur l’île de Samos en Grèce,
cherche à contrebalancer la vision réductrice ou
partielle d’une crise trop souvent limitée à des images
d’embarcations de fortune et de traversées périlleuses
depuis la Turquie ou la Libye.
L’idée est de se pencher sur l’avant et l’après de ces
moments dramatiques.

Alors que la première partie de l’exposition était
consacrée à l’expérience de la fuite, au voyage périlleux
et à l’économie clandestine qui entretient la précarité
des réfugiés, le volet mulhousien se penche davantage
sur l’accueil réservé aux réfugiés, sur les procédures
légales et les réalités quotidiennes auxquelles ils sont
confrontés, « la terre promise » atteinte.
Cette seconde partie s’attache également à observer
la façon dont les européens vivent la crise migratoire,
à explorer les problèmes de représentation de la
souffrance et à poser la question de la « propriété »
des images de réfugiés et du droit de les représenter.

A World Not Ours regroupe artistes, photographes,
cinéastes et militants qui pour beaucoup sont originaires
du Moyen-Orient ou du Sud-Est de l’Europe, de régions
directement confrontées au danger, à la guerre et à l’exode.
Ils ont une expérience personnelle, voire intime, du
traumatisme et de la souffrance collective.

Utilisant des médiums aussi divers que l’installation,
la photographie, la vidéo et l’art action, ils nous plongent
au cœur de la condition des réfugiés et révèlent
la complexité de l’origine du problème en le situant
dans un contexte plus large.
Les artistes participants :

Azra Akšamija (1976, Bosnie-Herzegovine)
Taysir Batniji (1966, Palestine)
Tanja Boukal (1976, Autriche)
Ninar Esber (1971, Liban)
Aslan Gaisumov (1991, Tchétchénie)
Mahdi Fleifel (1979, Emirats Arabes Unis)
Stine Marie Jacobsen (1977, Danemark)
Sven ’t Jolle (1966, Belgique)
Sallie Latch (1933, Etats-Unis)
Eleonore de Montesquiou (1970, Estonie/France)
Giorgos Moutafis (1977, Grèce)
Marina Naprushkina (1981, Biélorussie)
Juice Rap News (créé en 2009, Australie)
Somar Sallam (1988, Syrie/Algérie)
Mounira Al Solh (1978, Liban)
Diller Scofidio & Renfro, Mark Hansen, Laura Kurgan,
et Ben Rubin en collaboration avec Robert
Gerard Pietrusko et Stewart Smith, d’après une idée
de Paul Virilio (international)
Commissaire d’exposition :
Katerina Gregos, assistée de Sarita Patnaik.

≪ Et si c’était moi ? Comment réagirais-je ? ≫
Espérons que l’exposition  soulèvera la question.
Les migrations vont rester l’une des questions
brûlantes de notre époque, de plus en plus de
gens seront contraints de fuir pour des raisons environnementales, économiques ou politiques,
et nous devons repenser en termes de générosité
et d’hospitalité réciproque la notion de
cohabitation sur une planète
de plus en plus interconnectée.
C’est l’un des grands défis de
notre temps, et la solution ne peut être
une politique de division et d’exclusion.

Festival Météo
Alan Curran en workshop à La Kunsthalle
Stage de 3 jours de musique improvisée
Lundi 22 — Jeudi 24 août
Concert de clôture
Jeudi 24 août R 17:30
Cette année, La Kunsthalle est partenaire du festival
Météo et accueille un workshop d’Alvin Curran, dans
son espace d’exposition. Ouvert à 20 participants,
Alvin Curran invite les musiciens à improviser avec
la composition ou composer avec l’improvisation.
Il étudie avec eux l’influence des déplacements et
des positions ≪ assis, couche ≫ sur le type du jeu et
propose d’y inclure tous types d’objets métalliques résonnants.
Le stage donnera lieu a une représentation
publique jeudi 24 aout a 17:30.
L’atelier est réservé de préférence
aux instruments acoustiques sans amplification.
Informations, inscriptions, programme complet
du festival sur www.festival-meteo.fr

 

Alexandre Rodtchenko

Jusqu’au 2.10.2017 Alexandre Rodtchenko
au musée Unterlinden de Colmar
D’entrée la scénographie, vous plonge dans le
mouvement constructiviste, de l’avant garde russe.
L’écriture cyrillique se charge du dépaysement, l’espace
est aménagé de manière à entrer dans les règles énoncées par
le maître. Le jeu des lignes, diagonales, cercles, obliques,
les codes des couleurs, jaune, rouge et bleu, délimitent
les sections de présentation, que l’on peut saisir
d’un coup d’oeil en contemplant l’ensemble de l’exposition,
du travail et des découvertes innovantes de Rodtchenko.
A
vec plus d’une centaine d’oeuvres issues de la collection
du Musée d’État des Beaux-Arts Pouchkine de Moscou,
e
lles regroupent les années charnières  entre 1917 et 1936.

Alexander Lavrentiev, commissaire de l’exposition
et petit-fils de l’artiste, Frédérique Goerig-Hergott,
conservatrice en chef au Musée Unterlinden
et commissaire se sont inspiré de la présentation de
Rodtchenko
à l’exposition universelle de 1925 au Grand Palais à Paris,
pour accrocher les travaux sur les cimaises du musée Unterlinden.

C’est ainsi que l’on peut retrouver certaines oeuvres dans l’exposition,
les affiches, la quasi totalité des travaux, mais aussi les photos
telles que Rodtchenko les a présentés.

Rodtchenko, affiche, » Il n’y a pas de meilleure tétine » slogan de Maïakovski

L’exposition inclut l’ensemble de ses travaux de recherche, la
peinture abstraite, les dessins et aquarelles, ses constructions
spatiales et projets d’architecture, ses travaux de design et de
publicité, les couvertures de livres et de magazines et bien sur
ses photographies.

Les modèles auxquels Rodtchenko se réfère dans ses premiers
manifestes sur la peinture abstraite sont Christophe Colomb,
Thomas Edison, Charlie Chaplin, tous trois découvreurs-inventeurs
de territoires tant géographique, artistique que scientifique.
La démarche artistique de Rodtchenko trouve sa synthèse dans ses
recherches théorisées dans ses manifestes et présentées en 1921 à
Moscou dans l’exposition collective 5 x 5 = 25 (avec Popova, Tatline,
Stepanova et Vesnine). Il breveta la ligne comme base de ses travaux
constructivistes, les éléments plats comme matériel pour ses
sculptures et ses architectures, la matière comme élément
constitutif de la forme et l’idée de révocation de la couleur
(au profit du noir et blanc).

Il utilise largement son principe constructiviste dans le design,
les objets (céramique, costumes…), le mobilier et la publicité,
introduisant le photomontage et la typographie dans le graphisme.
Dans la photographie, il se distingue par des cadrages aux
points de vue audacieux (jeux d’angles), la représentation en série
de bâtiments, d’objets et d’évènements, montrant l’importance
du schéma géométrique dans la composition photographique.
Représentant de l’Avant-garde russe, Rodtchenko joua
un rôle important dans la construction du Pavillon soviétique
(conception du Club Ouvrier) de l’exposition internationale
des Arts décoratifs et industriels modernes à Paris en 1925.

Fait moins connu, il apporta également dans la capitale
française l’ensemble de son travail (peintures, dessins, affiches,
livres, plans et projets) dans la perspective d’une exposition
dans une galerie.

Une partie de ces oeuvres existe toujours et a été donnée
par ses héritiers en 1991 au Musée d’État des Beaux-Arts
Pouchkine de Moscou. Depuis, le musée organise de nombreuses
expositions à travers le monde pour promouvoir l’oeuvre
de Rodtchenko.
L’exposition colmarienne est la première de cette ampleur
proposée par le musée Pouchkine et consacrée à cet artiste en France.
Commissaire de l’exposition :
Alexander Lavrentiev
Commissaires au musée Pouchkine :
Natalia Avtonomova, Alla Lukanova, Alexei Savinov
Commissaire au Musée Unterlinden :
Frédérique Goerig-Hergott assistée de Marion Sortino
Soirées Triptyk
Jeudi 24 août à 18h30
Soirée exceptionnelle
avec Gérard Leser qui vous dévoilera les histoires
fantastiques du Musée, suivie d’un dîner gastronomique
préparé par le chef Aurélien Paget au Café
Restaurant Schongauer.
Jeudi 21 septembre à 18h30Soirée Rodtchenko
avec Frédérique Goerig-Hergott, conservatrice en chef
Le Café Restaurant Schongauer du Musée Unterlinden
vous propose une soirée unique durant laquelle vous pourrez
assister à une visite guidée de l’exposition Rodtchenko
Collection Musée Pouchkine. La visite est ensuite suivie
d’un dîner gastronomique préparé par le chef Aurélien Paget.
Tarif | 50€
Places limitées, réservation indispensable
| + 33 (0)3 68 09 23 80 ou cafe@musee-unterlinden.com
Visite guidée proposée par la Société Schongauer |
Rodtchenko
Horaire : 14h
Date : 22 juillet 2017
Horaire : 14h
Date : 29 juillet 2017

21 rue La Boétie au musée Maillol

Jusqu’au 23 juillet au musée Maillol
« J’ouvre prochainement de nouvelles galeries
d’Art moderne, 21, rue La Boétie, où je compte faire
des expositions périodiques des Maîtres du XIX
e et des
peintres de notre époque. J’estime toutefois que le défaut
des expositions actuelles est de montrer isolément l’oeuvre
d’un artiste. Aussi ai-je l’intention d’organiser chez moi des
expositions d’ensemble d’Art décoratif.
Bien des personnes, qui ne sont pas assez sûres de leur goût
ou du goût des Artistes, pris séparément, verraient leur tâche
facilitée en jouissant d’un coup d’oeil d’ensemble de l’étroite
réunion de tous les Arts dans l’atmosphère d’une habitation privée. »
Paul Rosenberg (1878-1959)

Nicalas de Staël

L’exposition 21 rue La Boétie retrace le parcours singulier
de Paul Rosenberg (1881-1959), qui fut l’un des
plus grands marchands d’art de la première moitié
du XXe siècle. Elle rassemble une soixantaine de chefsd’oeuvre
de l’art moderne (Pablo Picasso, Fernand Léger, Georges Braque,
Henri Matisse, Marie Laurencin…), pour certains inédits
en France et provenant de collections publiques majeures
telles le Centre Pompidou, le Musée d’Orsay, le Musée Picasso
à Paris, ou encore le Deutsches Historisches Museum de Berlin,
ou d’importantes collections particulières comme celle de
David Nahmad. De nombreuses oeuvres sont directement liées
au marchand, pour avoir transité par ses galeries, à Paris ou
à New York, alors que d’autres renvoient au contexte historique
et artistique de l’époque.

Conçue par Tempora et réalisée par Culturespaces,
cette exposition bénéficie du soutien actif de la petitefille
de Paul Rosenberg, Anne Sinclair, auteur du livre éponyme
21 rue La Boétie (paru aux Editions Grasset & Fasquelle, 2012).
Marchand d’art passionné, homme d’affaires avisé
et amateur éclairé, Paul Rosenberg fut l’ami et l’agent
des plus grands artistes de son temps, qui allaient devenir des
maîtres incontestés de l’art moderne. Sa galerie mythique a
servi de pivot à la peinture moderne en France, et plus largement
en Europe et aux Etats-Unis.

La carrière de Paul Rosenberg permet d’appréhender sous un
prisme nouveau le double tournant, dans l’histoire de l’art, que
représentent l’émergence de l’art moderne, puis, dans la tourmente
de la Seconde Guerre mondiale, le déplacement du centre mondial
de l’histoire de l’art de Paris vers New York, en pleine crise de
la Seconde Guerre mondiale. Mêlant histoire de l’art, histoire
sociale et politique, l’exposition met en lumière un moment
crucial du XXe siècle, dont Paul Rosenberg a été un témoin
emblématique, à la fois acteur et victime.

Elle fait résonner les liens que Paul Rosenberg entretenait avec
Aristide Maillol, que le marchand défendait dans sa galerie.
Le commissariat de l’exposition est assuré par Elie Barnavi,
Benoît Remiche, Isabelle Benoit, Vincent Delvaux
et
François Henrard, de l’équipe Tempora. Elaine Rosenberg,
belle-fille de Paul Rosenberg, à New York, a permis la
mise à disposition de ses archives, et Anne Sinclair est la
marraine de l’exposition.
SCÉNOGRAPHIE : HUBERT LE GALL


Paul Rosenberg vend ce qu’il aime moins pour acheter et
défendre ce qu’il aime vraiment – une méthode qui se lit
dans l’espace de sa galerie, disposée sur deux étages où le visiteur
et acheteur potentiel est invité à aller du plus familier au plus osé.
Et, loin de tuer l’ancien pour faire place nette au nouveau, il inscrit
celui-ci dans les pas de celui-là. La trajectoire de Picasso est à cet
égard révélatrice : Picasso et le cubisme, Picasso et Ingres, Picasso
et Renoir…
Georges Braque

À travers le choix d’une vingtaine d’oeuvres de premier plan
(Picasso, Léger, Braque, Masson, Sisley, Cézanne), le
visiteur est amené à mieux comprendre dans cet espace les choix
esthétiques et commerciaux opérés par Paul Rosenberg au sein
de sa galerie et par là même, à appréhender un moment clé de
l’histoire de l’art.
L’exposition traite de l’irruption brutale de la politique dans l’art.
Si Paris est encore préservée, la menace pèse sur l’Allemagne
nazifiée des années 1930. La notion d’« art dégénéré »
(Entartete Kunst) est illustrée notamment dans la double
exposition de juillet 1937 à Munich, où l’on voit, à des fins de
propagande, « l’art allemand » opposé à un art dit « dégénéré ».
Conséquence de la politique menée par les nazis contre l’art moderne
dit « dégénéré » : la vente de Lucerne de 1939, et cette question
lancinante – faut-il acheter aux nazis ?

La position intransigeante de Paul Rosenberg se confronte à
celle, bien plus accommodante, de nombre de ses confrères,
ou encore de certaines institutions muséales (Liège, Bâle…).
Entre le goût du profit des uns, avides d’acheter des chefs-d’oeuvre
à vil prix, et le projet véritable de sauver les oeuvres, les motivations
des acquéreurs sont variées. Cependant, nombres d’acheteurs
potentiels s’entendent pour ne pas surenchérir.
Georges Braque

Partant de la France occupée, de Paris à New York en passant
par Bordeaux, avant d’embarquer pour l’Amérique,
Paul Rosenberg pense avoir mis en sécurité une partie
de ses tableaux en lieu sûr dans un coffre-fort à Libourne mais
celui-ci sera pillé par les soldats allemands.
En parallèle au parcours singulier de Paul Rosenberg est
évoquée la spoliation des oeuvres d’art par les nazis, leur
regroupement dans la salle des « Martyrs » au Jeu de Paume
puis le travail de pistage et de sauvetage des oeuvres d’art par
Rose Valland, alors attachée de conservation de cette institution.
À la même époque, cruelle ironie de l’histoire, la galerie de la
rue La Boétie est réquisitionnée par les Allemands et devient
l’Institut d’Etudes des Questions juives. A l’issue du conflit,
Paul Rosenberg reprend possession de sa galerie parisienne.
Ne pouvant se résoudre à rouvrir son commerce, il met le lieu
en vente mais prend soin, au préalable, de faire desceller les
mosaïques de marbre commandées à Georges Braque en 1929,
témoignage de leur lien d’amitié.
Pablo Picasso Madame Rosenberg et sa fille

L’histoire rocambolesque de la découverte par le lieutenant
Alexandre Rosenberg
, fils et futur successeur de Paul,
de plusieurs dizaines d’oeuvres de la collection de son père
dans un train allemand saisi par son unité au nord de Paris.
Un extrait du film de fiction de John Frankenheimer,
Le Train, illustre à sa manière cet épisode.
Il est présenté le périple en France et en Suisse que
Paul Rosenberg, accouru dès 1946 des Etats-Unis pour
récupérer ses oeuvres volées.
L’accent est plus particulièrement mis sur les vicissitudes
d’une toile depuis sa sortie des mains de l’artiste
jusqu’à sa situation actuelle.

Robe bleue dans un fauteuil ocre de Henri Matisse
sert d’exemple du trajet parfois sinueux que peut emprunter
une oeuvre. La toile fut achetée par Paul Rosenberg
au peintre en 1937, volée par les nazis quatre ans plus tard
dans le coffre-fort de Libourne et destinée à la collection
particulière de Göring, achetée dans l’après-guerre par
l’armateur norvégien Niels Onstad au marchand parisien
Henri Bénézit et installée enfin au Centre d’Art Henie-Onstad
(HOK) dans la banlieue d’Oslo avant d’être finalement restituée
à la famille Rosenberg en 2012.
De par leur destinée, ces tableaux portent en eux l’histoire du siècle.