Women House à la Monnaie de Paris

« Si la femme était bonne, Dieu en aurait pris une.
bien sûr que si, il a une femme, elle a même un prénom,
ne dit-on pas : Dieu et sa Grande Clémence  »
Quand une fille naît, même les murs pleurent. »


jusqu’au 28 janvier 2018
Women House est la rencontre de deux notions : un genre –
le féminin – et un espace – le domestique. L’architecture et
l’espace public ont été masculins, tandis que l’espace domestique
a été longtemps la prison, ou le refuge des femmes : cette évidence
historique n’est pourtant pas une fatalité et l’exposition,
Women House nous le montre.

Elle rassemble sur 1000 m2
et dans une partie des cours de la Monnaie de Paris,
39 artistes femmes du XXe et XXIe siècle qui se saisissent
de ce sujet complexe et mettent la femme au centre d’une histoire
dont elle était absente. Après l’étape parisienne, Women House
s’exposera au National Museum of Women in the
Arts à Washington D.C.
On ne peut pas dire que les hommes s’y pressent.
L’enjeu de trouver un espace de travail chez soi a été théorisé en
1929 par Virginia Woolf, qui encourageait les femmes à trouver une
chambre qu’elles puissent « fermer à clé sans être dérangé »
dans son essai  « Une chambre à soi ».


C’est la date de « départ » de Women House,
dont l’ambition se poursuit de manière thématique jusqu’à des œuvres
récentes, produites par une jeune génération d’artistes femmes,
en passant par les années 70, moment où les artistes femmes se
rebellent contre la privation d’espace réel – d’exposition, de travail –
et symbolique – de reconnaissance.
Les huit chapitres de l’exposition reflètent la complexité des points
de vue possibles sur le sujet :

ils ne sont pas seulement féministes (Desperate Housewives),
mais aussi poétiques (Une Chambre à soi), politiques (Mobile-Homes)
ou nostalgiques (Maisons de Poupées).

Les 39 artistes de Women House viennent de quatre continents,
de l’historique Claude Cahun jusqu’à une jeune génération :
l’artiste mexicaine Pia Camil, l’iranienne Nazgol Ansarinia,
la portugaise Joana Vasconcelos, l’allemande Isa Melsheimer
ou les françaises Laure Tixier et Elsa Sahal…
Certains noms sont connus (Louise Bourgeois, Niki de Saint Phalle,
Martha Rosler, Mona Hatoum, Cindy Sherman, Rachel Whiteread)
d’autres sont l’objet de redécouvertes récentes liées à une relecture
de l’histoire de l’art plus paritaire (Birgit Jürgenssen, Ana Vieira,
Laetitia Parente, Heidi Bucher).
Des œuvres monumentales sont exposées dans les cours de
la Monnaie de Paris,

Camille Morineau, commissaire, affirme pour sa part
que les artistes femmes n’ont “rien en commun”.
Pas d’essentialisation de leur  travail, donc, mais une volonté
politique, féministe, de  montrer leur travail, pour faire
exploser la bulle d’invisibilité  qui demeure un verrou puissant,
alors qu’il y a 120 ans,  l’école des Beaux-arts était tout
bonnement interdite aux femmes.

Camille Morineau explique qu’avec “Elles”,  au centre Pompidou,
elle avait cherché à écrire une histoire de l’art moderne à
travers un parcours entièrement féminin, pour prendre le
pari qu’elle pouvait raconter cette histoire depuis les collections
du Musée national d’art moderne, en sélectionnant des femmes.
Elle précise rétrospectivement qu’une seule et unique salle
pouvait être labellisée “art féministe”. Le reste déroulant
simplement une proposition de parcours à travers les courants
de l’histoire de l’art moderne.

podcast France culture
podcast la grande table
 
 

Auteur/autrice : elisabeth

Pêle-mêle : l'art sous toutes ses formes, les voyages, mon occupation favorite : la bulle.