Comme un souvenir…

C’est une exposition pensée par Anne Immelé,
en résonance visuelle avec l‘univers de Tarkovski
Invitée par Pierre Jean Sugier directeur de la
Fondation Fernet Branca,
où elle dialogue avec les photos de Dove Allouche
(Le temps scellé, Collection du FRAC Alsace),
et le sculpteur Pierre-Yves Freund,
Exposition visible jusqu’ au 05.05.19

Le temps et la mémoire sont deux aspects majeurs
du cinéma d’Andreï Tarkovski.
l’image est nécessairement poétique, elle a pour vocation
d’exprimer la vie à travers le passage du temps.
La dimension contemplative du rapport au paysage,
l’importance de l’eau sous toutes ses formes, l’imbrication
de différentes temporalités et l’errance sont autant
d’éléments que l’on retrouve dans la pratique photographique
d’Anne Immelé.

L’exposition s’articule en 3 parties, en référence à trois films
du cinéaste russe.
La 1ere partie est introduite par la projection d’un extrait
de Solaris de Tarkoski,
C’est le noir et blanc qui domine, une alternance de photos
de paysages, certaines nouvelles, certaines collées à même le mur.
Des images pleines de poésie, à la mélancolie douce.
Le lac gelé, symbolise le temps arrêté, retenu, les craquelures
renvoient à l’évolution du temps.
Pierre-Yves Freund, montre une installation, en rapport
avec l’eau miroitante de Solaris. Dans une cuve du thé noir,
une peau se crée en surface, elle s’évaporera au fil de l’exposition.
Le temps semble retenu dans la substance du liquide, comme
dans la photographie.

Pierre-Yves Freund, Presque

Une 2e partie de photos extraites de la série Wir
Anne Immelé mélange les photos noir & blanc
avec la couleur, la gamme chromatique est liée aux films
de Tarkovski et au travail de PY Freund, des sculptures
en plâtre teinté, contenues dans des bas en nylon, en un geste
répété, où il donne à chaque fois une forme différente,
avec l’empreinte de ses mains.
« Un instant imaginé à nos yeux »

Un rapport à l’éphémère , à l’instantanéité, mis en relation
avec les photos d’Anne Immelé.
Dans 2 petites salles toujours les photos d’Anne Immelé
bien agencées, pour garder une respiration, certaines produites
dans l’atelier.Le film de Tarkoski, le Miroir, autobiographique,
u
n flux d’images raconte son enfance, la guerre d’Espagne.
Anne Immelé y associe des images d’enfants, mais aussi
l’idée du rêve, des couleurs douces, on ne sait pas si on se trouve dans
la réalisation ou dans la fiction.
L’image de l’affiche, est entre la photo fixe et le mouvement,
une certaine idée du travelling, du flux. Une impression
que l’arbre bouge, on en sent le frémissement.


Une sélection de photos produites pour l’exposition
par rapport à la nature, pour rechercher des ambiances
créer du mystère, en rapport avec son cinéaste de prédilection.

Les photos de Dove Allouche sont en lien direct avec
Stalker de Tarkovski. Il est retourné sur les lieux du tournage
du film, pour en photographier les endroits.
La hauteur des images a été définie par l’artiste, afin
que l’on s’approche d’elles pour en voir les détails
et y retrouver les éléments forts du film.

Docteur en art, Anne Immelé exerce une activité de
commissariat d’exposition, qui prend appui sur les
recherches théoriques, engagées depuis son Master en
Arts Visuels à l’Université Laval de Québec, Canada (1997).

Elle a développé une réflexion sur la mise en espace de la
photographie et sur le médium de l’exposition en lui-même.
Ses recherches curatoriales font suite à une thèse de
Doctorat en Arts, soutenue en 2007 à l’Université
de Strasbourg,
parus sous le titre
« Constellations photographiques » chez
Médiapop éditions. Sa recherche sur les enjeux de la
photographie contemporaine se traduit aussi par des
publications d’articles dans la revue Art Press.
Anne Immelé, vit et travaille dans l’espace Rhénan,
elle enseigne à la HEAR, Haute école des arts du Rhin.
Fondation Fernet Branca
2, rue du Ballon
68 300 Saint-Louis – Alsace
+33 3 89 69 10 77
www.fondationfernet-branca.org
Horaires d’ouverture :
du mercredi au dimanche de 13 heures à 18 heures
 

VIA CRUCIS de Stéphane PENCREAC’H

Jusqu’au 10 mars 2019
L’Espace d’Art Contemporain André Malraux
accueille pour ouvrir cette nouvelle saison, l’exposition
Stéphane PENCREAC’H, qui a choisi de présenter un
ensemble de peintures, de sculptures et de dessins
qui non seulement font écho au
Retable d’Issenheim et à l’art médiéval
mais répondent également à une de ses premières œuvres
symbolisant un chemin de croix.

Golgote

L’œuvre de Stéphane PENCREAC’H est éminemment
empreinte d’Humanité, elle questionne notre temps,
elle revisite les mythes fondateurs en les mettant en
perspectives avec les grands maux du Monde,
avec rudesse, avec poésie, avec profondeur.
Trois Minutes

En outre, « VIA CRUCIS » est, la première
occasion de mettre en évidence la complémentarité
possible entre l’Art Contemporain et les grands
classiques de l’Art dit ancien.
Cette exposition réalisée en partenariat avec le
Musée Unterlinden accueille deux sculptures
en plâtre dans l’espace de la Piscine du Musée.
Le dernier stratège

Cette exposition sur deux sites invite donc à la
déambulation, tisse et renforce les liens entre
les acteurs culturels colmariens.
2 lieux d’exposition :
Espace d’Art Contemporain André Malraux
– 4 rue Rapp à Colmar et
Musée Unterlinden – Place Unterlinden
à Colmar
Pencréac’h confronte des travaux sur papier de petite
dimension, faits à l’encre et à la tache de café, et des toiles
de grand format, comme Epitaphios mesure six mètres de long.
Du fond de l’Antiquité, il fait ¬revenir l’Artémis d’Ephèse,
dite « polymastos » – à multiples seins –, androgyne et dont le
crâne est celui d’un alien en ivoire, pierre, argent et diamant.
Figure surplombante

Elle est opposée à Figure surplombante n° 2,
en cire d’abeille, bois et métal.
Il intègre à son œuvre les mythologies actuelles et leurs figures,
en ¬provenance du cinéma, les contes cruels pour enfants,
mais aussi des vanités, la passion du Christ.
Louve

Une oeuvre qui interpelle par sa brutalité, sa violence,
Son travail est imprégné d’érotisme et de sensualité,
très sensible aux cultures et aux contradictions de l’
époque. Elle se situe aux frontières d’un expressionnisme
revisité de façon très personnelle.
Déposition

Espace d’Art Contemporain André Malraux
– 4 rue Rapp à Colmar et
Musée Unterlinden – Place Unterlinden
à Colmar

Fernand Khnopff, le maître de l’énigme

Le Petit Palais  présente jusqu’au 17 mars 2019
une exposition inédite dédiée
à Fernand Khnopff grâce au soutien exceptionnel des
Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique.
Artiste rare, le maître du Symbolisme belge n’avait
pas bénéficié de rétrospective à Paris depuis près
de quarante ans. L’exposition du Petit Palais rassemble
des pièces emblématiques de l’esthétique singulière
de Fernand Khnopff, à la fois peintre, dessinateur,
graveur, sculpteur et metteur en scène de son oeuvre.
L’exposition évoque par sa scénographie le parcours
initiatique de sa fausse demeure qui lui servait
d’atelier et aborde les grands thèmes qui parcourent
son oeuvre, des paysages aux portraits d’enfants,
des rêveries inspirés des Primitifs flamands aux
souvenirs de Bruges-la-morte, des usages complexes
de la photographie jusqu’aux mythologies personnelles
placées sous le signe d’Hypnos.

Près de 150 oeuvres dont une large part provient
de collections privées, offrent un panorama inédit de
l’oeuvre de Fernand Khnopff.
À la fois point de départ et fil rouge de l’exposition,
la maison-atelier de Khnopff est un véritable
« temple du Moi » au sein duquel s’exprime pleinement
sa personnalité complexe. À travers une scénographie
qui reprend les couleurs de son intérieur – bleu, noir,
blanc et or, le parcours évoque les obsessions et les
figures chères à l’artiste : du portrait aux souvenirs
oniriques, du fantasme au nu.
Après une salle introductive recréant le vestibule
de son atelier et évoquant l’architecture de sa demeure,
le parcours débute avec la présentation de peintures

de paysages de Fosset, petit hameau des Ardennes belges
Fernand Khnopff passe plusieurs étés avec sa famille.
De ces paysages de petit format, saisi sur le vif, on perçoit tout
de suite chez l’artiste un goût pour l’introspection et la solitude.
Une autre facette de son oeuvre, beaucoup plus connue du grand
public, est son travail sur le portrait. Khnopff représente des
proches comme sa mère, des enfants qu’il dépeint avec le sérieux
d’adultes, parfois des hommes. Mais le plus souvent,
il s’agit de figures féminines, toute en intériorité et nimbées
de mystère. Sa soeur Marguerite avec qui il noue une secrète complicité
devient son modèle, sa muse.
C’est elle encore que l’on retrouve représentée sept
fois dans un grand pastel intitulé Memories qui en raison de
sa fragilité n’a pu voyager pour l’exposition.
Il est évoqué à travers des esquisses et des études de détail ainsi
que par un dispositif multimédia.

Marguerite est également le sujet de nombreux portraits
photographiques. Khnopff va en effet s’intéresser à ce medium
avec beaucoup d’intérêt. L’artiste utilise ce procédé moderne
au service de son art afin d’étudier la pose et la gestuelle de
son modèle favori qu’il déguise en princesse de légende
ou en divinité orientale. Il fait également photographier
un certain nombre de ses oeuvres par un professionnel
de renom, Albert Edouard Drains dit Alexandre, et
retravaille les tirages par des rehauts de crayon, d’aquarelle
ou de pastel.
Comme d’autres peintres symbolistes, l’artiste est fasciné
par les mythes antiques. Parmi les obsessions de Khnopff,
la figure d’Hypnos, le dieu du Sommeil apparaît de manière
récurrente.
La petite tête à l’aile teintée en bleu, couleur du rêve,
est représentée la première fois en 1891 dans le tableau
I Lock My Door Upon Myself. Hypnos est l’objet de
plusieurs tableaux tout comme la Méduse ou bien
encore OEdipe qui esquisse dans le tableau
Des caresses un étrange dialogue avec un sphinx à
corps de guépard.

On retrouve également une série de dessins et de tableaux
de nus sensuels exaltant la féminité. Ces femmes à la chevelure
rousse, vaporeuse, au regard insistant, représentées dans
un halo semblent tout droit sorties d’un songe.
Mais, contrairement aux héroïnes de Klimt peintes à la même époque,
elles ne paraissent aucunement en proie aux tourments de la chair.
Elles sont plutôt des représentations de l’«éternel féminin ».

En fin de parcours, le visiteur retrouve plusieurs tableaux
de Bruges, ville, elle aussi énigmatique, où Khnopff vécut
jusqu’à l’âge de six ans. La nostalgie de ces années d’enfance
mêlée à une admiration pour les primitifs flamands lui fait
associer certaines de ses vues de Bruges à un portrait de
femme ou à un objet symbolique renvoyant à la cité des Flandres

Ce parcours s’accompagne de dispositifs de médiation innovants
permettant au public de mieux comprendre l’oeuvre de
Khnopff ainsi que le Symbolisme européen. En effet, en
référence aux diffuseurs de parfum présents dans sa maison-atelier,
quatre stèles audio-olfactives ponctuent l’exposition et
permettent de sentir un parfum et d’entendre en simultané
une musique et un poème liés aux oeuvres exposées,
recréant ainsi cette atmosphère de résonances entre les arts
et les sens, chères aux symbolistes.

Les visiteurs sont également invités à s’installer dans le
« salon symboliste » qui propose des livres, des photographies,
une stèle audio-olfactive, des animations littéraires, théâtrales
et musicales évoquant les liens tissés entre les différents arts
à cette époque.
Podcast France culture
Connaissance des Arts
PETIT PALAIS
Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris
Avenue Winston-Churchill – 75008 Paris
Tel: 01 53 43 40 00
Accessible aux personnes handicapées.
Transports
Métro Champs-Élysées Clemenceau
Métro Franklin D. Roosevelt
RER Invalides
Bus : 28, 42, 72, 73, 83, 93

Sommaire du mois de Février 2019

Banksy en me
musée Frieder Burda de Baden Baden

01 février 2019 : 1518, LA FIÈVRE DE LA DANSE
03 février 2019 : Sigmund Freud, du Regard à l’Ecoute
05 février 2019 : Le jeune PICASSO – Périodes bleue et rose
10 février 2019 : Tomi Ungerer
14 février 2019 : Clément Cogitore
17 février 2019 : Roots Canal avec Cyprien Gaillard
20 février 2019 : Gina Folly au Kunsthaus Baselland
25 février 2019 : La Brique, The Brick, Cărămida
27 février 2019 : Banksy @ Museum Frieder Burda

La Brique, The Brick, Cărămida

Une exposition présentée dans le cadre de la
Saison France – Roumanie
Curateur : Ami Barak
Jusqu’au 28 avril 2019  à la Kunsthalle de Mulhouse


Pusha Petrov, Marsupium, 2010 | Courtesy de la
collection privée d’Ovidiu Șandor
Dans le cadre de la Saison France-Roumanie 2019,
La Kunsthalle propose La Brique, The Brick, Cărămida,
une exposition d’oeuvres contemporaines roumaines.
Cette exposition fait suite au souhait du collectionneur

et mécène de Timișoara, Ovidiu Șandor de partager ses
choix et sa passion pour l’art dans cette ville française
jumelée avec la sienne, Mulhouse.
L’occasion est offerte ainsi d’entrouvrir les portes d’un
monde intime, d’avoir un aperçu sur un pan du récit moderne
et contemporain roumain et de mieux comprendre l’histoire
complexe de ce pays. Cette exposition présente une scène
artistique engagée et créative depuis l’aube du 20ème siècle
à nos jours.
Le titre de l’exposition est emprunté à une oeuvre
emblématique d’Ana Lupaș, effigie iconique des
avant-gardes
de l’après-guerre et incontestablement
une découverte majeure des plus grands musées du
monde. Elle pose, ainsi, une brique à un édifice
qui se veut l’acte fondateur d’une entreprise culturelle
ambitieuse.

Sont à (re)découvrir à La Kunsthalle de Mulhouse, les figures
de proue d’un panthéon universel telles Constantin Brâncuși,
Andrei Cădere, Ana Lupaș ou encore Geta Brătescu…
mais aussi des personnalités marquantes du monde
contemporain comme Adrian Ghenie, Victor Man,
Ciprian Mureșan, Mircea Cantor, Ioana Nemeș ou
Andra Ursuța.

Mircea Cantor

La nouvelle génération, qui commence à se faire connaître
hors des frontières nationales, s’avère remarquable.
L’exposition est également l’occasion d’inviter deux artistes roumains,
Pusha Petrov et Alex Mirutziu, à produire et présenter de nouvelles
oeuvres. Leurs deux projets, conçus pour l’occasion, rejoindront
l’ensemble constitué de la collection et renforceront la présence
d’une jeune scène roumaine.
Pusha Petrov

La Kunsthalle est un établissement culturel de la Ville de Mulhouse.
La Kunsthalle bénéficie du soutien du Ministère de la Culture
et de la Communication-DRAC Grand Est et du Conseil
départemental du Haut- Rhin. Elle fait partie des réseaux d.c.a /
association française de développement des centres d’art,
Arts en résidence – Réseau national, Versant Est et Musées
Mulhouse Sud Alsace.
Alex Mirutziu

LES ARTISTES
Ion Bârlădeanu, Ioana Bătrânu, Marius Bercea, Horia Bernea,
Ștefan Bertalan, Ion Bitzan, Constantin Brâncuși, Brassaï,
Geta Brătescu, Victor Brauner, Michele Bressan, Andrei Cădere,
Mircea Cantor, Roman Cotoșman, Constantin Flondor,
Adrian Ghenie, Ion Grigorescu, Marcel Iancu, Pavel Ilie,
Mi Kafchin, Ana Lupaș, Victor Man, Dan Mihălțianu, Alex Mirutziu,
Florin Mitroi, Ciprian Mureșan, Gellu Naum, Paul Neagu, Ioana Nemeș,
Miklós Onucsan, Andrei Pandele, Dan Perjovschi, Pusha Petrov,
Lea Rasovszky, Diet Sayler, Șerban Savu, Decebal Scriba,
Arthur Segal, Sigma, Liviu Stoicoviciu, Mircea Suciu,
Doru Tulcan, Andra Ursuța
Andra Ursuța

Journal de l’exposition à télécharger
Evènements programmation
(Kunstapéro-visites guidéesweek end de l’art contemporain)
Vue de l’exposition la Brique

Conférence Marges et co-temporanéité.
Situations d’avant-garde de l’art en Roumanie par Bogdan Ghiu :
jeudi 21 mars à 18h30 à La Kunsthalle
La situation géopolitique des différentes zones de la Roumanie,
pays « frontalier » (une des plus complexes et intéressantes
étant la région de Timisoara), inclue les citoyens et les
artistes roumains dans plusieurs histoires à la fois,
en interdisant, dans la modernité locale, l’Histoire unique,
le principal paradoxe dont notamment l’art a joué dans ce
pays étant celui de la marge, qui pourrait mener à
une re-interprétation globale du contemporain comme
co-temporanéité (ou « collage ») d’identités, situation de
plus en plus caractéristique du monde mondialisé.

Tomi Ungerer

Adieu l’Artiste vidéo

AFP / PATRICK HERTZOG

La mort ne faisait pas peur à Tomi Ungerer.
« La mort est un incident comme les autres.
Je la vois comme un contrôleur des douanes :
on doit passer devant elle sans savoir ce qui nous attend
de l’autre côté. Qui sait, ce sera peut-être
un énorme arc-en-ciel !
C’est quand même formidable de ne pas savoir
où on va, non ? »,
confiait-il au Monde à la fin de 2016, à l’occasion d’une exposition
célébrant ses 85 ans, organisée au musée qui porte son nom,
à Strasbourg. AFP / PATRICK HERTZOG
L’illustrateur, peintre et caricaturiste français, auteur d’albums
célèbres pour enfants et d’ouvrages érotiques, était âgé de 87 ans.
Il est décédé samedi 9 février 2019 à Cork (Irlande).
France Culture vidéo

Sigmund Freud, du Regard à l'Ecoute

Jusqu’au 10 février 2019 au musée
d’art et d’histoire du judaïsme de Paris

Portrait de Sigmund Freud
12 février 1932
Photographie
Londres, Freud Museum

Cette exposition, proposée à l’occasion des vingt ans du mahJ,
est la première présentée en France sur Sigmund Freud
(1856-1939). Par un ensemble de 200 pièces – peintures, dessins,
gravures, ouvrages, objets et dispositifs scientifiques –, dont des
oeuvres majeures de Gustave Courbet (L’Origine du monde),
Oskar Kokoschka, Mark Rothko ou Egon Schiele, elle jette un
regard nouveau sur le cheminement intellectuel et scientifique
de l’inventeur de la psychanalyse.
Une leçon clinique à la Salpétrière d’André Brouillet (1857-1914

En France, l’enseignement de Freud est d’abord diffusé
par les cercles littéraires, surréalistes en particulier, dans le
sillage du symbolisme de la fin du XIXe siècle. Or cette
réduction à la littérature ignore la rationalité dont se
réclame la doctrine freudienne. Le parcours de l’exposition
insiste donc sur les années viennoises, puis parisiennes
de Freud, héritier de Darwin, qui débute sa carrière en
tant que neurologue, et dont l’intérêt pour la biologie ne
va cesser de croître –
Baquet à magnétiser

Une leçon clinique à la Salpétrière d’André Brouillet
(1857-1914) et le baquet à magnétiser de Franz Anton Mesmer
(1734-1815), présents dans l’exposition, sont prêtés tous deux
pour la première fois. Ses premières recherches s’enracinent
dans la tentative de tracer des schémas et des esquisses souvent
semblables à ceux que les neurosciences s’efforcent alors de
dessiner pour expliquer la croissance et le développement
des neurones et le fonctionnement du cerveau.

L’exposition fait redécouvrir l’invention de la psychanalyse.
Si cette démarche est née de l’observation éminemment
visuelle des symptômes, photographiés, dessinés, mis en
scène autour de Jean-Martin Charcot (1825-1893) à la Salpêtrière,
elle trouve sa spécificité et son efficacité à refuser l’image.
Elle s’épanouit dans la seule écoute, dans les associations de
mots, en l’absence de toute représentation visuelle.
Le lisible contre le visible, le mot contre l’image :
Freud se pose ici en héritier de Moïse, grand briseur d’images.

La spiritualité juive, à défaut d’une foi et d’une pratique, irrigue
ses travaux, de L’interprétation des rêves – ouvrage dont
l’herméneutique talmudique n’est pas absente –, jusqu’à
l’essai final, Moïse et le monothéisme. Si Freud lui-même,
né dans une famille juive originaire de Galicie gagnée par les
idées de la Haskalah (les Lumières juives), affirme son athéisme
et tient sa production scientifique à l’écart de son ascendance
juive, tout comme du milieu viennois où il a vécu, c’est
d’abord pour faire de la psychanalyse une science
universelle, détachée de tout particularisme religieux
ou culturel. Mais la démarche psychanalytique n’est
pas étrangère à la tradition interprétative propre
au judaïsme.
Portrait de Freud par Dali

L’exposition bénéficie de prêts exceptionnels du musée
Freud de Londres, du musée d’Orsay et du musée
national d’Art moderne, ainsi que de grands musées
autrichiens et allemands (Leopold Museum,
Österreichische Galerie Belvedere, Vienne ; Museum der
Bildenden Künste, Leipzig…).

Elle est accompagnée d’un riche programme (rencontres,
table rondes, conférences, projection, activités pour le
jeune public…).
Son catalogue est publié avec les éditions Gallimard.
Commissariat de l’exposition : Jean Clair, Académie française
Conseil scientifique : Laura Bossi, Laboratoire Sphère –
Université Paris Diderot et Philippe Comar, ENSBA
Coordination : Virginie Michel, assistée de Camille Filaferro, mahJ
Max Halberstadt (1882-1940)
Musée d’art et d’histoire du Judaïsme
Hôtel de Saint-Aignan71, rue du Temple 75003
Pariswww.mahj.org
métro : Rambuteau, Hôtel-de-Ville
RER : Châtelet – les Halles
bus : 29, 38, 47, 75
parking : Beaubourg, Hôtel-de-Ville

Sommaire de janvier 2019

Orlan à la Hear de Strasbourg le 30 janvier 2019

France culture Orland podcast
2 janvier 2019 : Pieter Bruegel l’Ancien
6 janvier 2019 : L’Epiphanie
13 janvier 2019 : COURS PUBLICS 2019 à la Fonderie
15 janvier 2019 : NEWSHA TAVAKOLIAN
26 janvier 2019 : Michel Pastoureau : le jaune

Michel Pastoureau : le jaune

Le jaune : tous les attributs de l’infamie !

Par propos recueillis par Dominique Simonnet et ,
publié le 02/08/2004 à 00:00 dans L’Express Styles

Le jaune a t’il un bel avenir devant lui ?

Faut-il débuter par la fin de l’article ?
Cela nous permet de nous plonger dans le livre des couleurs
de Michel Pastoureau (vidéo), érudit et historien des couleurs
et qui se défend d’être historien de l’histoire de l’art.

Vincent van Gogh, Le Moissonneur

Le jaune est assurément la couleur la moins aimée, celle que
l’on n’ose pas trop montrer et qui, parfois, fait honte.
Qu’a-t-elle donc fait de si terrible pour mériter une telle
réputation?

Elle n’a pas toujours eu une mauvaise image. Dans l’Antiquité,
on appréciait plutôt le jaune. Les Romaines, par exemple, ne
dédaignaient pas de porter des vêtements de cette couleur lors
des cérémonies et des mariages. Dans les cultures non européennes
– en Asie, en Amérique du Sud – le jaune a toujours été valorisé:
en Chine, il fut longtemps la couleur réservée à l’empereur,

Empereur Chu Yuam-Chang

et il occupe toujours une place importante dans la vie quotidienne
asiatique, associé au pouvoir, à la richesse, à la sagesse.
Mais, c’est vrai, en Occident, le jaune est la couleur que l’on
apprécie le moins: dans l’ordre des préférences, il est cité en
dernier rang (après le bleu, le vert, le rouge, le blanc et le noir).

Diane villa pompéenne

Sait-on d’où vient cette désaffection?
Il faut remonter pour cela au Moyen Age. La principale raison
de ce désamour est due à la concurrence déloyale de l’or: au fil
des temps, c’est en effet la couleur dorée qui a absorbé les symboles
positifs du jaune, tout ce qui évoque le soleil, la lumière, la chaleur,
et par extension la vie, l’énergie, la joie, la puissance.
L’or est vu comme la couleur qui luit, brille, éclaire, réchauffe.
Le jaune, lui, dépossédé de sa part positive, est devenu une
couleur éteinte, mate, triste, celle qui rappelle l’automne, le déclin,
la maladie? Mais, pis, il s’est vu transformé en symbole de la
trahison, de la tromperie, du mensonge? Contrairement aux
autres couleurs de base, qui ont toutes un double symbolisme,
le jaune est la seule à n’en avoir gardé que l’aspect négatif.

Georges de la Tour, détail du Tricheur à l’as de carreau

Comment ce caractère négatif s’est-il manifesté?
On le voit très bien dans l’imagerie médiévale, où les personnages
dévalorisés sont souvent affublés de vêtements jaunes.
Dans les romans, les chevaliers félons, comme Ganelon, sont
décrits habillés de jaune. Regardez les tableaux qui, en Angleterre,
en Allemagne, puis dans toute l’Europe occidentale, représentent
Judas.

enluminure

Au fil des temps, cette figure cumule les attributs infamants:
on le dépeint d’abord avec les cheveux roux, puis, à partir
du XIIe siècle, on le représente avec une robe jaune et, pour
parachever le tout, on le fait gaucher! Pourtant, aucun texte
évangélique ne nous décrit la couleur de ses cheveux ni celle
de sa robe.

Baiser de Judas, Giotto

Il s’agit là d’une pure construction de la culture médiévale.
Des textes de cette époque le disent d’ailleurs clairement:
le jaune est la couleur des traîtres! L’un d’eux relate comment
on a peint en jaune la maison d’un faux-monnayeur et comment
il a été condamné à revêtir des habits jaunes pour être conduit au
bûcher. Cette idée de l’infamie a traversé les siècles.
Au XIXe, les maris trompés étaient encore caricaturés en costume
jaune ou affublés d’une cravate jaune.
On comprend bien comment la symbolique du déclin a pu lui
être associée. Mais pourquoi le mensonge?
Eh bien, nous n’en savons rien! Dans l’histoire complexe des
couleurs que nous racontons ici, nous voyons bien que les codes
et les préjugés qui leur sont attachés ont une origine assez
logique: l’univers du sang et du feu pour le rouge, celui du destin
pour le vert, en raison de l’instabilité de la couleur elle-même…
Mais, pour le jaune, nous n’avons pas d’explication! Ni dans les
éléments qu’il évoque spontanément (le soleil), ni dans la fabrication
de la couleur elle-même. On obtient le jaune avec des végétaux telle
la gaude, une sorte de réséda qui est aussi stable en teinture qu’en
peinture, et les jaunes fabriqués à base de sulfures tel l’orpiment
ou de safran en peinture ont les mêmes qualités: la teinture jaune
tient bien, elle ne trahit pas son artisan, la matière ne trompe pas
comme le vert le fait, elle résiste bien?
Faudrait-il alors chercher du côté du soufre, qui évoque
évidemment le diable?

Il est possible que la mauvaise réputation du soufre,
qui provoque parfois des troubles mentaux et qui passe pour
diabolique, ait joué, mais cela est insuffisant? Le jaune est une
couleur qui glisse entre les doigts de l’historien. L’iconographie,
les textes qui édictent les règlements vestimentaires religieux et
somptuaires, les livres des teinturiers – en bref, tous les documents
dont nous disposons – sont curieusement peu bavards à son sujet.
Dans les manuels de recettes pour fabriquer les couleurs datant de
la fin du Moyen Age, le chapitre consacré au jaune est toujours
le moins épais et il se trouve relégué à la fin du livre.
Nous ne pouvons que constater que, vers le milieu de la période
médiévale, partout en Occident, le jaune devient la couleur des
menteurs, des trompeurs, des tricheurs, mais aussi la couleur
de l’ostracisme, que l’on plaque sur ceux que l’on veut condamner
ou exclure, comme les juifs.
Déjà, en cette fin de Moyen Age, on invente l’étoile jaune?
Oui. C’est Judas qui transmet sa couleur symbolique à l’ensemble
des communautés juives, d’abord dans les images, puis dans la
société réelle: à partir du XIIIe siècle, les conciles se prononcent
contre le mariage entre chrétiens et juifs et demandent à ce que
ces derniers portent un signe distinctif.

Au début, celui-ci est
une rouelle, ou bien une figure comme les tables de la Loi,
ou encore une étoile qui évoque l’Orient. Tous ces signes s’inscrivent
dans la gamme des jaunes et des rouges. Plus tard, en instituant
le port de l’étoile jaune pour les juifs, les nazis ne feront que puiser
dans l’éventail des symboles médiévaux, une marque d’autant
plus forte que cette couleur se distinguait particulièrement
sur les vêtements des années 1930, majoritairement gris, noirs,
bruns ou bleu foncé.
Quand le jaune devient le symbole, négatif, de la félonie ?
C’est précisément le moment où la société médiévale se crispe
et où le christianisme n’a plus d’ennemis à l’extérieur. Les croisades
ayant échoué, on se cherche plutôt des ennemis à l’intérieur,
et on acquiert une mentalité d’assiégé. En découle une extraordinaire
intolérance envers les non-chrétiens qui vivent en terre chrétienne,
comme les juifs, et envers les déviants, tels les hérétiques,
les cathares, les sorciers. On crée pour eux des codes et des
vêtements d’infamie. Cet esprit d’exclusion ne va pas s’apaiser
avec la Réforme chez les protestants: en terre huguenote,
on manifeste le même rejet des juifs et des hérétiques.
La Renaissance ne va rien changer au statut du jaune?
Non. On le voit bien dans la peinture. Alors que le jaune était
bien présent dans les fresques pariétales (avec les ocres) et les
oeuvres grecques et romaines, il régresse dans la palette des
peintres occidentaux des XVIe et XVIIe siècles, malgré l’apparition
de nouveaux pigments comme le jaune de Naples, qu’utilisent
les peintres hollandais du XVIIe (notons cependant que, sur
les peintures murales, certains jaunes ont pu pâlir et s’estomper
au fil du temps).

Pieter de Hooch, La Mère

Même constat avec les vitraux: ceux du début
du XIIe comportent du jaune, puis la dominante change et
devient bleu et rouge. Le jaune n’est presque plus utilisé que
pour indiquer les traîtres et les félons. Cette dépréciation va
perdurer jusqu’aux impressionnistes.
On songe évidemment aux champs de blé et aux tournesols
de Van Gogh
et aux tableaux des fauves, puis aux jaunes
excessifs
de l’art abstrait.

Dans les années 1860-1880, il se produit un changement de palette
chez les peintres, qui passent de la peinture en atelier à la peinture
en extérieur, et un autre changement quand on passe de l’art
figuratif au semi-figuratif, puis à la peinture abstraite: celle-ci utilise
moins la polychromie, elle use moins des nuances. C’est aussi
le moment où, l’art se donne une caution scientifique et affirme
qu’il y a trois couleurs primaires: le bleu, le rouge et notre jaune
qui, contrairement au vert, se voit donc brusquement valorisé.
Il est possible que le développement de l’électricité ait également
contribué à cette première réhabilitation.


Une fois encore, ce changement de statut du jaune se produit
à une période clef, la fin du XIXe siècle, qui est aussi celle
des bouleversements de la vie privée et des moeurs.
Oui. Les couleurs reflètent en fait les mutations sociales,
idéologiques et religieuses, mais elles restent aussi prisonnières
des mutations techniques et scientifiques. Cela entraîne des goûts
nouveaux et, forcément, des regards symboliques différents.


Et puis il y a le maillot jaune du Tour de France. Lui aussi,
il redonne un coup de jeune au jaune.


Au départ, il s’agissait d’une opération publicitaire lancée en
1919 par le journal L’Auto, l’ancêtre de L’Equipe, qui était imprimé
sur un papier jaunâtre. La couleur est restée celle du leader.
L’expression «maillot jaune» s’est étendue à d’autres domaines
sportifs et à d’autres langues: en Italie, on l’emploie pour désigner
un champion, alors que le premier du Tour d’Italie porte un maillot
rose! L’art et le sport ont donc contribué à réinsérer le jaune
dans une certaine modernité.
Mais pas dans la vie quotidienne, ni dans les goûts des
Occidentaux. Le jaune infamant est toujours là, dans
notre vocabulaire en tout cas: on dit qu’un briseur de
grève est un «jaune». On dit aussi «rire jaune».

L’expression française «jaune» pour désigner un traître remonte
au XVe siècle, et elle reprend la symbolique médiévale. Quant au
«rire jaune», il est lié au safran, réputé provoquer une sorte de folie
qui déclenche un rire incontrôlable.

Les mots ont une vie très
longue, qu’on ne peut éliminer. Qu’on le veuille ou non, le jaune
reste la couleur de la maladie: on a encore le «teint jaune», surtout
en France, où l’on connaît bien les maladies du foie. Pour un
spécialiste des sociétés anciennes, tout signe est motivé.
Au Moyen Age, on pensait qu’un mot désignant un être ou
une chose avait à voir avec la nature de cet être ou de cette chose.
L’arbitraire était impensable dans la culture médiévale.
Les mots sont-ils des constructions purement intellectuelles ou
correspondent-ils toujours à des réalités plus tangibles?
On en débat depuis Platon et Aristote!

Yellow Pigment

Notre jaune ne s’est donc pas complètement débarrassé de
ses oripeaux. On s’en méfie toujours un peu, non?
Il est peu abondant dans notre vie quotidienne: dans les
appartements, on s’autorise parfois quelques touches de jaune
pour égayer, mais avec modération. Nous l’admettons dans nos
cuisines et nos salles de bains, lieux où l’on se permet quelques
écarts chromatiques, mais on est revenu de la folie des années 1970,
où on le mettait à toutes les sauces, l’associant même à des marrons
et à du vert pomme. Les voitures jaunes, par exemple, restent rares.
A l’exception de celles de La Poste?
C’est récent. Depuis le XVIIe siècle, la Poste, qui dépendait de la
même administration que les Eaux et Forêts, était associée
au vert. Le changement a eu lieu quand j’étais adolescent,
avec les premières voitures Citroën à carrosserie jaune,
probablement par imitation des PTT suisses, qui avaient adopté
le jaune. On a tout simplement eu le souci de mieux distinguer
ce service et, comme le rouge était déjà pris par les pompiers?
On voit ainsi que le jaune fait parfois fonction de demi-rouge:
c’est le carton jaune du football. Autre constat: le doré n’est plus
vraiment son rival, beaucoup d’Européens du Nord lui ayant tourné
le dos.
Pour quelles raisons?
Peut-être est-ce un reliquat de la haine des moralistes protestants
envers les fastes et les bijoux. Depuis le XXe siècle, la couleur
or est devenue vulgaire. Les bijoutiers savent que la majorité
des clients préfèrent l’or blanc et l’argenté plutôt que le doré.
Et, dans les salles de bains, les robinets dorés, qui furent un temps
à la mode, ne le sont plus. Le vrai rival du jaune, aujourd’hui,
c’est l’orangé, qui symbolise la joie, la vitalité, la vitamine C.
L’énergie du soleil se voit mieux représentée par le jus d’orange
que par le jus de citron (le jaune a aussi un caractère acide).
Seuls les enfants le plébiscitent: dans leurs dessins, il y a souvent
un soleil bien jaune et des fenêtres éclairées en jaune.
Mais ils se détachent de ce symbolisme en grandissant.
A partir d’un certain âge, chacun prend en compte plus ou moins
inconsciemment le regard des autres, et adopte les codes et
mythologies en vigueur. Ainsi les goûts des adultes sont-ils non
plus spontanés, mais biaisés par le jeu social et imprégnés par
les traditions culturelles.
Va-t-on vers une vraie réhabilitation du jaune?
C’est le cas dans le sport: importé comme le vert par les clubs
de football d’Amérique du Sud, le jaune s’insinue dans les maillots
et les emblèmes. Si revalorisation du jaune il y a, elle passera d’abord
par les femmes, et par les vêtements de loisir (à l’égard desquels
on s’autorise davantage de liberté).

Tram de Mulhouse sous les arches de Buren photo Ramon Ciuret

Si j’étais styliste, je m’engouffrerais dans cette voie? Je pense que,
si des changements s’opèrent dans nos habitudes des couleurs,
qui se jouent sur la longue durée, ce sera dans les nuances de jaune.
Etant tombée très bas, et ayant commencé à se relever doucement,
cette couleur-là ne peut que se redresser.
Le jaune a un bel avenir devant lui.
Newsletter STYLES

Conférence donnée par la suite au Séchoir à Mulhouse
Elle n’a pas du être lue par les gilets jaunes ….

NEWSHA TAVAKOLIAN

I know why the rebel sings
Je sais ce que chante la rebelle

Jusqu’au 17 février 2019
Première exposition monographique en France de la
photographe iranienne NEWSHA TAVAKOLIAN
à La Filature, Scène nationale – Mulhouse
en guise d’ouverture du Festival Vagamonde

Podcast sur France Inter à écouter
Si la jeune photographe iranienne est déjà une pointure
internationale qui a collaboré entre autres journaux avec
Newsweek, le New York Times ou Der Spiegel c’est qu’elle
n’en est pas à son premier coup d’essai. C’est à 16 ans qu’elle
découvre la photographie qui s’avère un moyen de s’exprimer
plus fiable que d’essayer de trouver les mots. En 1999,
elle couvre le soulèvement étudiant en Iran,
en 2002 la guerre en Irak, ainsi que plusieurs conflits régionaux.
S’éloignant du photoreportage pur, elle explore aujourd’hui,
avec une écriture plus artistique, les conflits internationaux
de l’intérieur et la société iranienne, s’intéressant à la jeunesse
des classes moyennes en mal d’émancipation face
à un pouvoir islamique qui rechigne encore à lâcher du lest.
Newsha Tavakolian
a photographié des combattantes au
Kurdistan irakien, en Syrie et en Colombie,
des chanteuses iraniennes interdites d’exercer leur art
et la vie de populations soumises à la censure.
Ses oeuvres ont déjà rejoint lescollections de musées
prestigieux comme le Victoria & Albert Museum,
le Los Angeles County Museum of Art (LACMA),
le British Museum et le Boston Museum of Fine Art.
Newsha Tavakolian est associée à
Magnum Photos depuis 2017. www.newshatavakolian.com /
www.magnumphotos.com
LISTEN
Listen propose un regard sur les femmes chanteuses qui en Iran
n’ont pas le droit de se produire seules sur scène ou de sortir
des albums en raison de la règlementation islamique en vigueur
depuis la révolution de 1979. Les photos sont des portraits de
chanteuses professionnelles simulant une prestation en concert
devant un large public alors qu’en réalité, les prises de vue sont
réalisées dans un petit studio à Téhéran.
En regard des portraits, Newsha Tavakolian
a imaginé et produit une pochette de CD pour chacune des chanteuses,
donnant une interprétation personnelle de leur expérience de
vie et de la société dans laquelle elles évoluent.
Mais les pochettes de CD resteront vides.

LOOK
texte de Vali Mahlouji
Dans ce travail, Tavakolian centre son attention sur une
relation intime avec l’individu. Les scènes délibérément
théâtrales et composées évoquent l’atmosphère de
tableaux de Hopper.
Tavakolian transforme sa propre chambre en
studio et y met en scène des individus avec
leurs effets personnels. Ils font face à l’objectif,
statiques. En arrière-plan, une fenêtre donne
vue sur le quartier environnant et ses grands ensembles.
Les portraits photographiques sont assemblés en une
séquence qui souligne la nature impersonnelle et la répétitivité
monotone des scènes.
Dans le prolongement de cette série se trouve une reproduction
très grand format du paysage urbain vu à travers la fenêtre.
En tant que spectateurs, nous nous trouvons dans le même
espace que les sujets photographiés. Eux-mêmes sont
encore présents dans des séquences filmées, diffusées dans
des écrans apposés sur la très grande image de fenêtre donnant sur de
grands ensembles. L’installation joue sur les mécanismes du regard
et de la subjectivité. Il y a une interaction entre le spectateur et celui
qui est vu, chacun se trouvant être tour à tour voyeur et observé.
Dans les films comme dans les photographies, les sujets semblent être
condamnés à la paralysie et l’immobilité.
SO FT SHOUL DERS, HA RD BOO TS : THE WO MEN
FIGHTERS OF FARC

Le 26 novembre 2016, les FARC (Forces armées révolutionnaires
de Colombie) signent un accord de paix avec le gouvernement
colombien, mettant fin à cinquante ans de conflit. Pour la
première fois depuis sa formation, la guérilla marxiste peut sortir
de l’illégalité. Dans le cadre de cet accord et dans les six mois qui
le suivent, les rebelles s’engagent à mettre en oeuvre leur démobilisation.
Ce changement radical déstabilise beaucoup de membres des
FARC qui sont habitués depuis longtemps à leur existence de guérilla
et ne savent pas ce que leur apportera une vie de paix.
En janvier 2017, Newsha Tavakolian a voyagé dans les parties
les plus reculées de la jungle du département du Cauca, la région
où les FARC ont longtemps opéré. Alors qu’elle photographiait
les tout débuts de leur transition vers une vie civile, elle a pu
s’entretenir avec un grand nombre de femmes rebelles. Elle a
enregistré leurs témoignages sur les raisons de leur engagement
dans les FARC et leurs sentiments sur leur nouvelle vie.
les séries exposées Blank Pages of an Iranian Photo Album
conception et texte de Vali Mahlouji
Blank Pages of an Iranian Photo Album (2014-2015) est une série
de travaux basés sur les albums de famille d’amis téhéranais de Newsha
Tavakolian – dont six sont présentés ici. Ces albums contenaient
de nombreux témoignages d’enfances heureuses, en particulier
de moments idéalisés et festifs tels les anniversaires ou les fêtes de
famille. Mais dans chacun des albums, la collecte de mémoire
semblait avoir été interrompue, marquée par un épisode qui
avait mis un terme aux albums eux-mêmes, laissant la plupart
des pages vierges et intactes. Les pages blanches sont
la métaphore de rêves non vécus. Les silences dans ces récits
biographiques sont le point de départ du travail de Tavakolian.
De là, elle suit chacun des protagonistes au jour le jour et
documente les scènes de leur vie quotidienne.
Dans chaque série, la première image est une reproduction
d’une photographie trouvée dans l’album original. Les images
suivantes reflètent les réalités ordinaires et quotidiennes de la vie à
Téhéran.
Iran Walls (2009–2015)
La série présente des photographies couvrant
le spectre du travail de Newsha Tavakolian,
allant de ce qui fait sa signature – les portraits
mis en scène (issus de la série Portraits d’Iran
publiée en ligne par le New York Times) – à
des reportages sur des scènes de rue – de
protestation ou de liesse – ou encore sur
un exercice militaire qui en novembre 2015
commémorait l’anniversaire de la guerre
souvent oubliée de l’Iran contre l’Irak (1980-
1988), qui a coûté la vie à un million de
personnes.
Ocalan’s Angels
Sous le commandement d’Ocalan, chef
charismatique, un groupe de femmes soldats
kurdes s’engage dans le combat contre l’État
Islamique en Irak et dans la région historique
de la Grande Syrie. Une écharpe colorée est
tout ce qu’il reste de Cicek Derek, qui avait 17
ans quand elle est morte il y a quelques mois
dans la ville assiégée de Kobani en Syrie. Ses
compatriotes n’ont jamais pu retrouver son
corps. Cicek était l’une des centaines de jeunes
femmes soldats kurdes qui ont pris les armes
contre Daesh. Ces femmes font partie de l’Unité
de défense de la femme (YPJ), une émanation
du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), un
mouvement nationaliste kurde qui mène depuis
longtemps une guerre d’indépendance contre la
Turquie.
IRAQ
Trente images parmi les premiers travaux de
Newsha Tavakolian envoyée en Irak dès 2002
pour couvrir le conflit Irak-Iran en tant que
photographe-reporter.
A thousand word s for a picture I never took
L’installation (vidéo) témoigne de la rencontre de la
photographe avec une jeune fille yazidi victime
d’un enlèvement et de viols par des hommes
de Daesch. Mille mots pour une photographie
jamais prise est une création pour l’exposition à
La Filature. Le texte de Newsha Tavakolian a été
mis en voix par la metteuse en scène Charlotte Lagrange.
club sandwich
jeu. 17 janv. 12h30
visite guidée + pique-nique tiré du sac
sur inscription 03 89 36 28 28
apéro photo
mer. 6 fév. 19h15
réflexion autour d’une photo + apéritif
sur inscription 03 89 36 28 2