Le Petit Palaisprésente la première rétrospective française jamais consacrée à Jusepe de Ribera (1591-1652), jusqu'au 23 février 2025 Annick Lemoine, conservatrice générale, directrice du Petit Palais. Maïté Metz, conservatrice des peintures et arts graphiques anciens du Petit Palais
Le Petit Palais présente la première rétrospective française consacrée à Jusepe de Ribera (1591-1652), l’héritier terrible du Caravage, celui que ses contemporains considéraient comme « plus sombre et plus féroce » encore que le grand maître italien. D’origine espagnole, il fit toute sa carrière en Italie, à Rome puis à Naples. Naples étant sous domination espagnole. Pour Ribera, toute peinture – qu’il s’agisse d’un mendiant, d’un philosophe ou d’une Pietà – procède de la réalité, qu’il transpose dans son propre langage. La gestuelle est théâtrale, les coloris noirs ou flamboyants, le réalisme cru et le clair-obscur dramatique. Avec une même acuité, il traduit la dignité du quotidien aussi bien que des scènes de torture bouleversantes. Ce ténébrisme extrême lui valut au XIXe siècle une immense notoriété, de Baudelaire à Manet.
Avec plus d’une centaine de peintures, dessins et estampes venus du monde entier, l’exposition retrace pour la première fois l’ensemble de la carrière de Ribera : les intenses années romaines, redécouvertes depuis peu, et l’ambitieuse période napolitaine, à l’origine d’une ascension fulgurante. Il en ressort une évidence : Ribera s’impose comme l’un des interprètes les plus précoces et les plus audacieux de la révolution caravagesque, et au-delà comme l’un des principaux artistes de l’âge baroque.
La première partie de l’exposition aborde les débuts de Ribera à Rome. Le peintre, surnommé « lo Spagnoletto [le petit Espagnol]», arrive dans la cité papale vers 1605-1606, la même année que le départ du Caravage pour Naples. Les deux artistes se sont-ils rencontrés ? Personne ne peut l’affirmer mais l’influence du Caravage sur Ribera, ainsi que sur toute une génération de peintres présents à Rome à ce moment-là est décisive. Pendant ce séjour romain, Ribera élabore les fondements de sa peinture : l’usage du modèle vivant, un clair-obscur dramatique, une gestuelle théâtrale, un réalisme cru et la représentation de figures à mi-corps qui imposent au spectateur une frontalité saisissante. Ce nouveau vocabulaire, radical, se retrouve dans sa série des cinq sens, représentée dans l’exposition par l’Allégorie du goût (Wadsworth Atheneum, Hartford) et l’Allégorie de l’odorat (Collection Abello, Madrid), mais également dans les Apostolados, série d’apôtres devenue l’un des sujets de prédilection du peintre. L’exposition revient également sur l’histoire de la réattribution du tableau du Jugement de Salomon (Galerie Borghèse) par l’historien de l’art Gianni Papi en 2002. Cette enquête a bouleversé la compréhension de la production romaine de Ribera, en l’enrichissant d’une soixantaine d’oeuvres magistrales, dont Le Christ parmi les docteurs (musées de Langres) ou encore Le Reniement de Saint Pierre (Galerie Corsini). À la fin de son séjour romain, Ribera s’impose comme l’un des caravagesques les plus recherchés par l’élite du monde de l’art. En 1616, l’artiste quitte Rome pour s’installer à Naples, alors territoire espagnol. Sa carrière est fulgurante. Marié à la fille de l’un des peintres les plus importants de la ville, soutenu par le pouvoir en place, Ribera règne pendant près de quarante ans sur la scène artistique napolitaine et multiplie les commandes prestigieuses. Les séries qu’il conçoit pour la Collégiale d’Osuna près de Séville ou pour l’église de la Trinità delle Monache à Naples sont à l’origine de véritables chefs-d’oeuvre comme Le Saint Jérôme et l’Ange du Jugement dernier(Museo di Capodimonte). Artiste hors pair par sa capacité à retranscrire une réalité presque tactile des individus, des chairs ou des objets, Ribera restitue la splendeur des humbles avec une acuité bouleversante. Un Mendiant en haillons (Galerie Borghèse), une Vieille usurière (Musée du Prado) ou un enfant Pied-bot (Louvre) gagnent leurs lettres de noblesse. Son intérêt pour les personnes en marge de la société se mêle à son goût pour l’étrange et donne naissance à des images puissantes, comme Le Portrait de Magadalena Venturi, la célèbre Femme à la barbe (Musée du Prado). Au coeur du parcours napolitain, le visiteur peut également découvrir ses talents de dessinateur et de graveur – une singularité au sein de la galaxie caravagesque – avec un cabinet d’arts graphiques réunissant des prêts exceptionnels du Metropolitan Museum of Art, du British Museum ou de la Collection Colomer. Son oeuvre gravé, d’une grande virtuosité, est quant à lui présenté grâce au fonds Dutuit du Petit Palais. Son goût pour un réalisme radical se traduit également dans sa volonté de peindre le pathos de manière naturelle et sans artifice. Il insiste sur la vérité des corps et des chairs,même lorsqu’il représente le Christ mourant dans trois Pietà réunies ici pour la première fois : les deux Lamentation sur le corps du Christ de la National Gallery de Londres et du Musée Thyssen et
La Mise au tombeau du musée du Louvre.
Au côté de ses compositions religieuses, Ribera réinvente les mythes antiques, où s’illustre son attrait pour le grotesque et la provocation. Sa palette s’éclaircit à la fin de sa carrière et laisse apparaître des ciels bleu turquoise, des couleurs flamboyantes et des drapés irisés, dignes de Titien, comme dans l’Apollon et Marsyas (Museo di Capodimonte) et Vénus et Adonis (Palais Corsini).L’exposition se termine sur une dernière salle spectaculaire consacrée à des scènes de martyres et d’écorchés, qui firent aussi la réputation de Ribera. Véritable théâtre des passions, ses compositions extrêmes, aux noirs profonds, prennent à témoin le spectateur. L’héritier terrible du Caravage, « plus sombre et plus féroce » que le maître, démontre qu’il n’est pas un simple interprète mais l’un des plus grands artistes de l’âge baroque, aux inventions fulgurantes, audacieux et virtuose.
Auditorium Informations sur la programmation à l’accueil ou sur petitpalais.paris.fr Café-restaurant Le 1902 Ouvert de 10h à 17h15 (dernière commande) Fermeture de la terrasse à 17h40. Nocturnes : voir sur le site petitpalais.paris.fr Librairie-boutique Ouverte de 10h à 17h45. Les vendredis et samedis jusqu’à 20h
Jusepe de Ribera, Apollon et Marsyas, 1637. Huile sur toile, 182×232 cm. Museo e Real Bosco di Capodimonte, Naples. Su concessione del MiC – Museo e Real Bosco di Capodimonte /
INFORMAT IONS PRATIQUES PETIT PALAIS – MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE LA VILLE DE PARIS Avenue Winston-Churchill, 75008 Paris Tel : 01 53 43 40 00 petitpalais.paris.fr Du mardi au dimanche de 10h à 18h. Nocturnes les vendredis et samedis jusqu’à 20h. Tarifs Plein tarif : 15 € Tarif réduit : 13 € Réservation d’un créneau de visite conseillée sur petitpalais.paris.fr Accessible aux visiteurs en situation de handicap.
Au Petit Palais jusqu'au 16 février 2025
COMMISSARIAT GÉNÉRAL
Annick Lemoine, conservatrice générale, Directrice du Petit Palais
COMMISSARIAT SCIENTIFIQUE
Sandra Buratti-Hasan, conservatrice du patrimoine au musée des Beaux-arts de Bordeaux
Carl-Johan Olsson, conservateur des peintures XIXe au Nationalmuseum de Stockholm
Après deux expositions consacrées aux peintres suédois, Carl Larsson (2014) puis Anders Zorn (2017), le Petit Palais rend hommage à Bruno Liljefors et annonce le dernier acte de sa programmation autour de l’illustre trio suédois
« ABC» dont le nom est tiré de l’association des premières lettres de chacun de leur prénom. Moins connu que ses deux acolytes, Bruno Liljefors est pourtant une figure incontournable de la scène artistique scandinave de la fin du XIXe siècle.
En le présentant pour la première fois au public français, le Petit Palais souhaite révéler la virtuosité picturale et l’apport original de Liljefors dans la construction de l’imaginaire de la nature suédoise. Cette exposition inédite présente un ensemble d’une centaine d’oeuvres, peintures, dessins et photographies issus des collections des musées suédois tels que le Nationalmuseum de Stockholm, partenaire de l’exposition, de la Thiel Gallery, du musée de Göteborg, mais aussi de nombreuses collections privées.
Le parcours, à la fois chronologique et thématique, aborde les différents aspects de l’art de Liljefors, de ses inspirations et influences jusqu’à sa technique de travail très singulière.
Liljefors grandit à Uppsala, une ville au nord de Stockholm, entourée de vastes étendues sauvages. Le jeune homme s’entraîne à dessiner sur le vif dès son plus jeune âge et se révèle particulièrement doué notamment pour les caricatures et l’illustration. En 1879, il s’inscrit à l’Académie royale de peinture et rencontre Anders Zorn qui restera son ami toute sa vie. Après des voyages en Allemagne et en Italie, Liljefors se rend à Paris pour parfaire son apprentissage. Il s’établit quelques temps à Grez-sur-Loing au sud-est de Paris où réside une colonie d’artistes nordiques parmi lesquels se trouve Carl Larsson. Contrairement à ses amis peintres, Liljefors ne reste pas longtemps en France. Il retourne définitivement en Suède en 1884 où il se consacre exclusivement à la représentation de la nature suédoise et de ses animaux.
Observateur d’une grande finesse, Liljefors saisit sur le vif des familles de renards tapis dans les bois ou des lièvres filant dans la neige mais aussi des balbuzards pêcheurs aux sommets de pins maritimes, des eiders évoluant sur les eaux froides des archipels, des tétras paradant dans les forêts. Il travaille en immersion dans la nature et se sert de ses qualités d’acrobate et de gymnaste
1er octobre 2024 – 16 février 2025
pour grimper aux arbres. Le peintre utilise également les techniques de chasse comme le camouflage et la construction d’affûts pour observer les animaux sans être vu. Son processus créatif inclut l’usage de la photographie pour penser ses compositions qui présentent souvent une ligne d’horizon haute voire absente plaçant ainsi le spectateur au coeur de la nature. Cette immersion est amplifiée par sa virtuosité à retranscrire la lumière et l’atmosphère si caractéristiques des pays scandinaves.
Même s’il s’en défend, ses recherches esthétiques sont largement influencées par le japonisme et l’art extrême-oriental. Liljefors aime agencer certaines de ses peintures au sein de grands cadres dorés formant des compositions inspirées des harimaze, estampes japonaises présentant plusieurs images indépendantes les unes des autres. Ces ensembles décoratifs, créés de manière subjective par l’artiste et associant des scénettes sans lien évident entre elles, laissent au spectateur la possibilité de construire sa propre narration.
Son art doit également se comprendre à l’aune des découvertes darwiniennes qui infusent la culture européenne au XIXe siècle. Dans le monde de Liljefors, les animaux, les plantes, les insectes et les oiseaux participent d’un grand tout où chacun a un rôle à jouer. À l’heure où la sauvegarde de la biodiversité est devenue un enjeu majeur, Liljefors, au-delà de son rôle de chantre de la nature suédoise, nous invite à mieux donner à voir l’ensemble du monde vivant dont nous faisons partie.
Exposition conçue avec le Nationalmuseum de Stockholm.
INFORMATIONS PRATIQUES PETIT PALAIS – MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE LA VILLE DE PARIS
Avenue Winston-Churchill,
75008 Paris
Tel : 01 53 43 40 00
petitpalais.paris.fr
Du mardi au dimanche de 10h à 18h.
Nocturnes les vendredis et samedis jusqu’à 20h.
Tarifs
Plein tarif : 12 €
Du 12 octobre 204 au 16 mars 2025, la Fondation Cartier présente la première grande rétrospective en Europe de l'artiste colombienne Olga de Amaral, figure incontournable du Fiber Art Commissaire de l’exposition : Marie Perennès Coordination de l’exposition : Aby Gaye
« Je vis la couleur. Je sais que c’est un langage inconscient et je le comprends. La couleur est comme une amie, elle m’accompagne ». Olga de Amaral
À peine a-t-on franchi le seuil de la fondation Cartier que l’on est envoûté par ce qui ressemble à une pluie fine tombant inexorablement dans l’écrin de verre de Jean Nouvel, telles des gouttelettes en suspension dessinant dans l’espace des formes géométriques colorées. Quel est donc ce fabuleux phénomène, que le plus brillant des météorologues ne saurait expliquer ?
Le paysage et la couleur comme langages
Olga de Amaral développe, lors de son année à l’académie Cranbrook (1954-1955) aux ÉtatsUnis, un intérêt profond pour la couleur et mène des expérimentations radicales avec la matière, la composition et la géométrie. À son retour en Colombie en 1955, elle mêle cet apprentissage à ses connaissances des textiles anciens de son pays et déploie un style spontané et expansif inspiré de l’histoire et des paysages de sa terre natale : les hauts plateaux de la cordillère des Andes, les vallées et les vastes plaines tropicales inspirent ses œuvres par leurs formes et leurs tonalités. Deux grandes séries présentées dans l’exposition expriment tout particulièrement cet intérêt : les Estelas (Étoiles) et les Brumas (Brume).
Introduction
Dès les années 1960, Olga de Amaralrepousse les limites du médium textile en multipliant les expériences sur les matières (lin, coton, crin de cheval, gesso, feuilles d’or ou palladium) et les techniques : elle tisse, noue, tresse, entrelace les fils pour créer des pièces tridimensionnelles et monumentales. Inclassable, son œuvre emprunte tant aux principes modernistes, qu’elle découvre à l’académie de Cranbrook aux États-Unis, qu’aux traditions vernaculaires de son pays et à l’art précolombien.
la Fondation Cartier retrace l’ensemble de la carrière d’Olga de Amaral et célèbre celle qui marqua une véritable révolution dans l’art du textile.
L’exposition rassemble un grand nombre d’œuvres historiques jamais présentées hors de Colombie ainsi que des œuvres contemporaines aux formes et couleurs vibrantes. L’architecture de l’exposition est conçue par Lina Ghotmeh. Jouant sur les contrastes et les échelles, l’architecte lie les œuvres entre elles et propose également un dialogue avec notre mémoire, nos sens et le paysage qui nous entoure.
Biographie
« En construisant des surfaces, je crée des espaces de méditation, de contemplation et de réflexion. Chaque petit élément qui compose la surface est non seulement signifiant en soi, mais entre en résonance avec l’ensemble, tout comme l’ensemble entre profondément en résonance avec chacun des éléments qui le composent. »
Née en 1932 à Bogotá, Olga de Amaral est une figure emblématique de la scène artistique colombienne. Après un diplôme d’architecture au Colegio Mayor de Cundinamarca, elle poursuit ses études à l’académie de Cranbrook dans le Michigan, équivalent américain du Bauhaus allemand. Elle y découvre l’art textile dans l’atelier de tissage de Marianne Strengell, une artiste et designeuse finno-américaine qui fut l’une des premières à privilégier la structure et la grille du textile au motif.
Dans les années 1960 et 1970 Olga de Amaral participe aux côtés de Sheila Hicks et Magdalena Abakanowicz au développement du Fiber Art en utilisant de nouveaux matériaux et de nouvelles techniques empruntées tant aux principes modernistes qu’aux traditions populaires de son pays. Ses œuvres abstraites à grande échelle s’affranchissent du mur et refusent toute catégorisation : à la fois peintures, sculptures, installations et architectures elles enveloppent leur public dans l’univers sensoriel et intime de l’artiste.
Olga de Amaral est nommée “Visionary Artist” par le Museum of Art & Design de New York en 2005 et elle reçoit le Women’s Cacus for Art Lifetime Achievement Award en 2019. Ses oeuvres figurent dans de grandes collections publiques et privées à travers le monde dont la Tate Modern, le MoMA, le Musée d’Art Moderne de Paris ou l’Art Institute of Chicago. Le Museum of Fine Arts de Houston lui a consacré une grande exposition intitulée To Weave a Rock en 2021.
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Les artistes lauréats : Ulysse Bordarias • Bilal Hamdad • Manon Lanjouère • Aurélien Mauplot • Ugo Schiavi • Noemi Sjöberg Commissariat : Sarah Guilain à la Fondation François Schneider à Wattwiller jusqu'au 23 mars 2025
L’exposition Territoires Mouvants met en lumière les oeuvres des six lauréats de la 12e édition du concours Talents Contemporains : Manon Lanjouère, Bilal Hamdad, Ugo Schiavi, Noemi Sjöberg, Ulysse Bordarias et Aurélien Mauplot. À travers une diversité de médiums, les créations explorent la thématique de l’eau par le biais des enjeux liés à l’immigration, à l’identité géopolitique, ainsi qu’aux crises environnementales et sociales. Dans ces espaces incertains, la thématique des Territoires Mouvants, montre l’eau comme un révélateur des transformations environnementales et sociétales en perpétuel changement. Pour les artistes lauréats non seulement la dotation consiste en une véritable aide financière mais permet également un tremplin dans leur carrière avec une reconnaissance institutionnelle, différents leviers de communication mis à disposition et un partage avec le public. La dotation annuelle est de 140 000 euros. Les quatre lauréats reçoivent chacun 15 000 euros pour l’acquisition de leur oeuvre. Une enveloppe de 80 000 euros d’aide à la production est parfois consacrée à la réalisation de projet de sculpture ou d’installation. Après sélection d’une trentaine de finalistes par quatre Comités d’Experts, un grand jury international, composé de personnalités reconnues, choisit au maximum quatre lauréats.
Camera Oscura (obscura) Le Grand Jury International de la 12e édition était composé des personnalités suivantes : Jean-Noël Jeanneney – Président du Jury ; Rosa Maria Malet – Directrice de la Fondation Miró (1980– 2017) ; Constance de Monbrison – Responsable des collections Insulinde, musée du quai Branly –Jacques Chirac (Paris) ; Alfred Pacquement – Conservateur général honoraire du patrimoine (Paris) ; Ernest Pignon-Ernest – Artiste (Paris) ; Roland Wetzel – Directeur du Musée Tinguely (Bâle).
Ulysse Bordarias
Il pleuvait sur l’agoramontre une multitude d’orages, de pluies, de tornades qui s’abattent et se déplacent sur des territoires urbains ou ruraux. La pluie tombe d’un ensemble de nuages qui survolent les terres. Des nageuses et nageurs peuplent l’image à des distances régulières et se débattent dans cette environnement hostile. À terre il y a des villes, des territoires de montagnes, de littoraux, de champs ainsi que des lacs et des mers. Le dessin met en scène toutes les étapes du cycle terrestre de l’eau : depuis l’eau marine jusqu’aux nuages, puis des nuages à la pluie quand ils dispersent l’eau sur les territoires. L’artiste rassemble ces données qu’il fait cohabiter afin de créer un espace changeant, mouvant, proche du rêve et de la remémoration. Site de l’artiste
Bilal Hamdad
Sans titre est une oeuvre issue d’une série de peintures traitant du sujet sensible de l’immigration. Bilal Hamdad propose ici une réinterprétation de la toile Ophélie réalisée par John Everett Millais. L’eau y est omniprésente, tout autant que la personne représentée. L’homme endormi nous donne à voir le reflet d’une triste vérité, celle de notre société qui détourne le regard. Qu’est-il advenu à ce personnage ? Quels détails, laissés dans l’obscurité de la toile, nous aideraient à interpréter la scène picturale ? L’eau, peu à peu, grignote le gisant jusqu’à occuper le premier plan. Il baigne dans une eau stagnante, croupie. L’eau est omniprésente lors des traversées réalisées par des migrants. Elle semble dangereuse. Il ne s’agit plus ici de représenter une mer idyllique mais bien cet élément noir, sombre… Depuis son arrivée à Paris, Bilal Hamdad observe le tissu urbain et métissé, qu’il considère comme un terrain fertile à la réalisation de ses peintures. Sans titre est la première de la série L’Horizon. Les peintures suivantes sont en cours de réalisation. Site de l’artiste
Manon Lanjouère
Les Particules, le conte humain d’une eau qui meurt, 2022.
L’atmosphère abyssale de l’oeuvre Les Particules, Le conte humain d’une eau qui meurt se compose de neuf cyanotypes sur verre augmentés d’une seconde plaque recouverte d’émulsion vinylique fluorescente évoquant les protéines bioluminescentes de certains organismes marins. L’image se veut être le fantôme de ces espèces en voie de disparition. Les Particules propose de pénétrer la surface immobile des eaux, de lever le linceul des peuples invisibles et de plonger le spectateur dans des abîmes de réflexion. Les déchets plastiques, récupérés sur les plages, permettent à l’artiste de représenter ces espèces sous-marines en adoptant une posture scientifique et documentaire, frontalement, sur fond de cyanotype. Comme l’eau que l’on s’asperge le visage, l’oeuvre souhaite réveiller cette énergie de voir, transformant le regard en une action claire et facile, conduisant à une réelle prise de conscience. Site de l’artiste
Aurélien Mauplot
Les Possessionsréunit les cartes de l’ensemble des pays du monde ainsi que d’un certain nombre d’îles et d’archipels. Des lignes courbes, droites et parfois indécentes dessinent les frontières nationales et maritimes de la planète. De ces dessins éphémères aux formes rigides ressort l’idée que la carte n’est pas le territoire. Noirs et désorientés, les tracés deviennent des formes abstraites et aléatoires, des îles flottantes imprimées une par une sur les pages du Tour du Monde en 80 jours de Jules Verne. Le 24 janvier 1772, le commandant Crozet plante le drapeau français sur l’île principale d’un archipel qui porte aujourd’hui son nom, et s’exprime en ces termes : « Au nom de la France, je prends possession de cette île ; cette île s’appellera l’Île de la Possession ! ». Deux cents ans plus tard, un groupe de scientifiques en hivernage topographie l’archipel et nomme les sommets, les monts Jules Verne. Les Possessions se situent ici et là, dans le sillage d’une géographie instable. Site de l’artiste
Ugo Schiavi
Plutôt qu’une fontaine jaillissante Leviathansemble être une créature qui peine à respirer, une chimère déversant de l’eau sur son corps énigmatique. Se détachant de l’esthétique des fontaines monumentales et des découvertes archéologiques, cette installation aux multiples facettes se présente comme un être vivant.
Elle montre fièrement sa nature artificielle, faite d’objets abandonnés, de branchages, de reproductions de statues anciennes, de bouteilles en plastique, de câbles… tout en révélant sa genèse tourmentée : une accumulation de succès, de responsabilités, de tentatives et d’échecs. Comme de nombreux mythes cosmogoniques, les histoires d’Ugo Schiavi débutent avec l’eau. Toute forme de vie naissant au sein de cet élément, l’artiste modèle sa matière première à partir de là, en tissant des liens avec notre monde actuel, ses crises sociales et environnementales. Leviathan aborde des notions clés d’importance mondiale, tout en résonnant profondément avec le passé, le présent et l’avenir de la mer. Celle- ci témoigne de notre besoin désespéré d’imaginer un avenir différent, en incluant les monstruosités que nous avons créées. Site de l’artiste
Noemi Sjöberg
One euro to jump now (un euro pour sauter maintenant) est un appel à une prise de conscience des effets nocifs du tourisme sur notre environnement. À Porto, sur le Pont Dom-Luis, des jeunes sautent de différentes hauteurs dans le fleuve du Douro alors qu’ils sont encerclés par une multitude de touristes. Sous le pont passent toutes sortes de véhicules qui contaminent l’eau : bateaux touristiques, de croisière, à moteur… L’oeuvre, « objet vidéo », se présente dans une boîte en bois et velours rouge, comme un objet souvenir, dans laquelle défilent des images verticalement, sur le son manipulé d’une boîte à musique. Pour un euro, malgré le danger, les jeunes sont prêts à se donner en spectacle. Le fleuve Douro ressemble alors à un parc d’attractions. Un miroir à l’intérieur de la boîte reflète la vidéo. Celui-ci est brisé, car voyager de façon inconsciente, en polluant l’environnement avec des millions de vols et croisières, affecte la planète et notre espèce dans toutes ses dimensions sociales, économiques, écologiques et politiques. Le tourisme de masse n’a plus lieu d’être, le jouet est cassé. Site de l’artiste
Capucine Vandebrouck
Capucine Vandebrouck, lauréate de la 8e édition du concours Talents Contemporains pour son oeuvre Puddle 3, dévoile une exposition personnelle intitulée Un regard sur l’impermanence, où l’eau et la matière se rencontrent. Depuis plusieurs années, Capucine Vandebrouck travaille avec des matériaux naturels, intrinsèquement mouvants et fugaces. Cette inconstance nourrit son processus créatif, où l’impermanence des éléments devient le fil d’Ariane de ses créations. À travers sa démarche artistique, elle invite le spectateur à questionner la temporalité et à contempler des instants transitoires pour dévoiler la beauté souvent cachée de notre réalité quotidienne. La temporalité occupe ainsi une place importante dans son travail afin de capter ces instants éphémères. Dans cette exposition, Capucine Vandebrouck présente sa production artistique et inclut un ensemble de nouvelles oeuvres.
Sa série, Puddles, montre plusieurs flaques d’eau dessinées au sol par un système hydrophobe, certaines étant perturbées par la chute d’une goutte d’eau. D’autres oeuvres prennent forme grâce à la technique du photogramme, où l’eau, illuminée, fige des instants éphémères pour laisser leur empreinte sur du papier photosensible. Grâce à un ingénieux système, l’artiste capture les mouvements fluides de l’eau et les ondulations à sa surface, saisissent les états provisoires et les flux fugaces. Une loupe est également placée à distance optimale du mur pour réaliser un focus, qui projette l’image d’une salle transformée, digne d’une camera obscura. Cette lentille révèle le dialogue entre lumière, eau et perception, tout en éclairant la richesse des évidences invisibles que nos sens ont tendance à négliger.
Site de la galerie de l’artiste Il s’agit d’une exposition poétique et sensorielle où l’impermanence devient une source d’inspiration et d’émerveillement.
Informations pratiques
Fondation François Schneider 27 rue de la Première Armée 68700 WATTWILLER
Horaires Horaires d’hiver (Octobre – Mars) de 13h à 17h Horaires d’été (Avril – Septembre) de 11h à 18h info@fondationfrancoisschneider.org +33 (0)3.89.82.10.10
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Pour son exposition de réouverture après plus d’un an de travaux entrepris sous la conduite de l’Institut de France, propriétaire du musée, le Musée Jacquemart-André présente une quarantaine de chefs-d’oeuvre de la célèbre Galerie Borghèse à Rome. Jusqu'au 6/1/25 COMMISSARIAT : Dr. Francesca Cappelletti est Directrice de la Galerie Borghèse à Rome. Spécialiste du baroque italien Pierre Curie est Conservateur général du patrimoine. Spécialiste de peinture italienne et espagnole du XVIIe siècle PRODUCTION ET RÉALISATION Emmanuelle Lussiez, Directrice des expositions de Culturespaces Milly Passigli, Directrice déléguée de la programmation des expositions Léa Duval, Régisseuse des expositions du Musée Jacquemart-André Bernadette Roux, Chargée des expositions du musée Jacquemart-André Livia Lérès et Domitille Séchet pour l’iconographie au sein de Culturespaces SCÉNOGRAPHIE Hubert le Gall, sculpteur, designer et scénographe français.
L’EXPOSITION EN 6 OEUVRES PHARES
Caravage, Garçon à la corbeille de fruits, vers 1596, huile sur toile, 70 x 67 cm Ce portrait d’un jeune homme tenant un panier rempli de fruits et de feuillages automnaux a été peint par Caravage peu après son arrivée à Rome, où il était employé comme peintre de fleurs et de fruits dans l’atelier du Cavalier d’Arpin. Le jeune peintre lombard fait déjà montre ici de l’étendue de son talent de peintre réaliste, jusqu’à figurer les imperfections des feuilles sèches et ternies de la nature morte. L’oeuvre est l’une des premières acquisitions du cardinal Scipion Borghèse en 1607, elle fait partie de la célèbre expropriation du Cavalier d’Arpin, qui la conservait plusieurs années après que Caravage ait quitté son atelier. Accusé d’agression et de détention d’armes, l’artiste fut forcé de céder sa collection de peintures au pape Paul V, qui en fit don à son neveu, le commanditaire présumé de cette saisie.
huile sur toile appliquée sur bois, 67 x 56 cm Ce portrait d’une jeune fille habillée à la mode florentine du début du XVIe siècle paraît s’inspirer de La Joconde, peinte quelques années auparavant. Il s’agit très probablement d’un tableau commandé comme cadeau de mariage, ainsi que le suggèrent les références aux vertus conjugales, comme la licorne et la perle blanche, symboles de virginité. Lourdement repeint à la fin du XVIIe siècle pour être transformé en sainte Catherine d’Alexandrie, le tableau a bénéficié d’une restauration en 1935, permettant de retrouver le sujet original et confirmer l’attribution à Raphaël.
Raphaël, La Dame à la licorne, vers 1506
Scipion Borghèse fait l’acquisition de cette oeuvre directement auprès du peintre en 1617. La jeune femme représentée en demi-figure est une sibylle, reconnaissable à son turban. Les douze sibylles de la mythologie grecque sont des prêtresses d’Apollon ayant le don de divination. Si ce sujet était très courant au XVIIe siècle, l’insertion d’un instrument de musique et d’une partition est inhabituelle et semble faire référence au goût du cardinal pour la musique autant qu’à la proximité du Dominiquin, lui-même musicien amateur, avec le monde de la musique. D’autres détails – le laurier et la vigne – mêlent symboles sacrés et profanes. La popularité de cette toile au XVIIe siècle est attestée par de nombreuses copies et répliques. Peintre de l’école de Bologne, le Dominiquin était très apprécié par le cardinal qui n’hésita pas à le faire emprisonner pour le contraindre à travailler pour lui.
Dominiquin, Sibylle, 1617, huile sur toile, 123 x 89 cm
Bernin aurait réalisé plus de cent cinquante peintures entre les années 1620 et 1640, mais seule une douzaine nous est parvenue. L’Autoportrait à l’âge mûr est un remarquable témoignage de son activité de peintre, ainsi que de son intérêt pour la physionomie, que l’on retrouve dans ses portraits sculptés recherchés par les élites de toute l’Europe. L’artiste s’est concentré sur la représentation de son propre visage à l’expression sérieuse, au regard profond et de ses traits montrant des signes de vieillissement. L’arrière-plan – un mur uni – et ses vêtements sont rapidement esquissés de quelques coups de pinceau qui donnent à la peinture un aspect inachevé. L’oeuvre est entrée dans la collection de la Galerie Borghèse en 1911 grâce à la donation d’un mécène allemand, le baron Otto Messinger. Dans les années 1980, l’Autoportrait de Bernin acquiert une notoriété certaine grâce à son insertion sur les billets de cinquante mille lires italiennes.
Bernin, Autoportrait à l’âge mûr, vers 1638-1640 huile sur toile, 53 x 43 cm
Ce rare panneau signé et daté de l’artiste représente une « sainte conversation », la Vierge et l’Enfant entourés de saints, ici l’évêque martyr saint Ignace d’Antioche, au vêtement richement orné contrastant avec la nudité et l’apparence négligée de saint Onuphre, ermite légendaire du IVe siècle. La présence de ce dernier est liée aux idées réformistes circulant en Europe au début du XVIe siècle. Cette oeuvre est caractéristique du ton antihéroïque et humaniste de Lorenzo Lotto, par lequel son style se distingue de celui des autres peintres vénitiens de son époque. La palette de couleurs froides et brillantes, les contours durs s’inspirent de la peinture d’Albrecht Dürer, actif à Venise en 1506
Lorenzo Lotto, Vierge à l’Enfant avec les saints Ignace d’Antioche (?) et Onuphre 1508, huile sur panneau, 53 x 67 cm
Cette scène d’interprétation difficile date de la période de maturité de Titien, caractérisée par une palette de couleurs chaudes et veloutées produisant de vibrants effets lumineux. Ce riche usage de la couleur typique des maîtres vénitiens était fortement admiré à Rome à l’époque de Scipion Borghèse. Le cardinal-neveu fait l’acquisition de cette pièce maîtresse dans les premières années de la constitution de sa collection en 1608, probablement grâce à un don du cardinal Paolo Emilio Sfondrati. Le sujet est le plus souvent interprété comme Vénus bandant les yeux de son fils Cupidon, tandis que ses compagnes lui tendent son arc et son carquois, afin que l’Amour frappe aveuglément les hommes de ses flèches. D’autres spécialistes y voient aussi une représentation des Trois Grâces avec des amours, un thème s’inspirant de sources littéraires antiques.
Titien, Vénus bandant les yeux de l’Amour, vers 1565, huile sur toile, 116 x 184 cm
Durant le pontificat de Paul V, le paysage artistique romain est en pleine transformation en raison de la multiplication des nouvelles églises et chapelles bâties dans l’esprit de la Contre-Réforme catholique, exalté par la multiplication des congrégations religieuses et un renouveau spirituel et artistique. Les lieux de culte sont érigés et décorés dans un style grandiose et grandiloquent, de manière à impressionner les fidèles. Les chantiers, dont beaucoup sont financés par le gouvernement pontifical, attirent à Rome de nombreux architectes, peintres et sculpteurs en quête d’opportunités. Mais l’art sacré n’orne pas seulement les murs des églises. Les collectionneurs comme Scipion Borghèse font sortir les tableaux religieux des lieux consacrés pour les mêler à d’autres sujets dans leurs intérieurs sécularisés. Chez les particuliers, les peintures religieuses ne sont plus seulement appréciées dans le cadre de pratiques spirituelles, mais avant tout pour leur valeur d’art intrinsèque, leurs qualités esthétiques et stylistiques.
Informations pratiques
Adresse Musée Jacquemart-André, propriété de l’Institut de France 158, bd Haussmann – 75008 Paris Téléphone : 01 45 62 11 59 Accès Le musée se situe à 400m de la place Charles de Gaulle-Étoile. Métro : lignes 9 et 13 (Saint-Augustin, Miromesnil ou Saint-Philippe du Roule) RER : RER A (Charles de Gaulle-Étoile) Bus : 22, 43, 52, 54, 28, 80, 83, 84, 93. Parc de stationnement : Haussmann-Berri, au pied du musée, ouvert 24h/24.
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Philippe Bettinelli, conservateur au service Nouveaux médias du Musée national d’art moderne – Centre Pompidou, Anna Millers, conservatrice en charge de l’art contemporain au Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg
au Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg (MAMCS) Du 27 septembre 2024 au 1er juin 2025 Commissariat : Philippe Bettinelli, conservateur au service Nouveaux médias du Musée national d’art moderne - Centre Pompidou, Anna Millers, conservatrice en charge de l’art contemporain au Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg Conseil scientifique (musique) : Matthieu Saladin, artiste et maître de conférences HDR à l’université Paris 8
Le propos
Clin d’oeil au chef d’oeuvre de Georges Perec, La Vie, mode d’emploi, dont le récit principal adopte le mode de la description comme point de départ de la narration, cette exposition s’intéresse aux oeuvres dites « à protocole » qui parcourent la création contemporaine depuis les années 1960 à nos jours. Remettant en cause les notions d’auteur, d’originalité ou encore de pérennité, les oeuvres à protocole incarnent une pensée radicalement nouvelle de l’oeuvre d’art que cette exposition invite à découvrir et expérimenter.
Protocole ?
Une oeuvre à protocole se manifeste à partir d’un énoncé formulé par l’artiste, sorte de mode d’emploi qui décrit les conditions de son apparition. À partir d’instructions données (écrites, orales, dessinées), l’oeuvre peut être matérialisée le temps de son exposition. Ce modèle de création, dont l’origine est attribuée à Marcel Duchamp et László Moholy-Nagy, se développe à partir des années 1960. Il marque l’affirmation d’une nouvelle conception de l’oeuvre d’art qui d’autographe (de la main de) devient allographe, c’est-à-dire que l’oeuvre est activée par une autre personne que l’artiste.
Des oeuvres
Des oeuvres d’Alice Aycock, Robert Barry, George Brecht, Esther Ferrer, Dora García, Hans Haacke, Florence Jung, Kapwani Kiwanga, Louise Lawler, Vera Molnár, Yoko Ono, Claude Rutault, Lawrence Weiner et Ian Wilson, entre autres, se déploient dans l’espace de l’exposition aux côtés de documents et d’archives retraçant une histoire de la création protocolaire dans le domaine des arts plastiques mais aussi de la musique ou du design.
Imaginée dans une démarche écoresponsable, « mode d’emploi » est une exposition sans transport d’oeuvres et qui s’inscrit dans une scénographie recyclée. Conçue comme un projet collaboratif et vivant, elle sollicite la participation des publics et de nombreux partenaires et complices à l’instar du Musée national d’art moderne – Centre Pompidou, de la HEAR et du CEAAC.
Parcours
Le parcours débute dans la nef du musée, où se déploient cinq oeuvres iconiques de Robert Barry, Dora García, Hans Haacke, Yoko Ono et Lawrence Weiner. Après le titre, dans le vestibule, une installation murale de Claire Morel constituée de pages de dédicace imprimées, introduit le récit de l’exposition.
DÉLÉGUER
« L’oeuvre est ouverte. L’artiste n’impose plus sa vision du monde mais produit des systèmes qui permettent à chacun de se faire la sienne. » Ces mots de Claude Rutault abordent un aspect crucial de l’oeuvre à protocole: la délégation. En effet, si l’artiste demeure l’auteur·e de l’oeuvre, sa réalisation est déléguée, c’est-à-dire confiée à autrui.
Précurseurs
Si l’exposition s’intéresse aux oeuvres des années 1960 à nos jours, elle souligne en introduction, l’apport essentiel de Marcel Duchamp à l’avènement de la notion d’oeuvre à protocole. En 1919, alors qu’il séjourne en Argentine, Duchamp envoie en guise de cadeau de mariage à sa soeur Suzanne, une lettre contenant des instructions pour la réalisation d’une oeuvre intitulée Ready-made malheureux. Elle consiste à accrocher un livre de géométrie sur son balcon et à le soumettre ainsi aux aléas météorologiques. En confiant son exécution à sa soeur et son évolution au vent, Marcel Duchamp admet une part d’indétermination dans l’exécution de son oeuvre. Aux côtés de Duchamp, l’artiste hongrois László Moholy-Nagy apparaît également comme une figure tutélaire. En 1922, Moholy-Nagy fait produire des peintures par un fabricant d’enseignes en lui transmettant ses instructions par téléphone à l’aide d’un nuancier et de dessins tracés sur papier millimétré.
Écrire et exposer
« Au moment où vous la lisez, vous la construisez afin de la comprendre », affirme l’artiste américain Lawrence Weiner. De nombreuses oeuvres à protocole peuvent ainsi se présenter sous forme de texte : à partir d’une formulation verbale, une représentation visuelle se compose dans l’esprit du·de la lecteur·ice. Comme en témoigne cet espace documentaire, le recours aux mots se manifeste tout particulièrement chez les artistes rattaché·es à l’art conceptuel, mouvement apparu aux États-Unis au milieu des années 1960. Elle repose sur l’affirmation que l’oeuvre d’art est, avant tout, une idée. Dans cet espace est également abordé le travail de deux figures incontournables de l’histoire des oeuvres à protocole: les commissaires d’exposition Michel Claura et Seth Siegelaub.
Art Basel, leader mondial des foires d’art moderne et contemporain, inaugure la verrière restaurée du Grand Palais ! « sage comme une image, chère comme un diamant » Guy Boyer CDA
Sous la verrière du Grand Palais enfin retrouvé, Art Basel Paris apparaît dans toute sa splendeur.
194 galeries françaises et internationales de pointe ont présentédu 18 au 20 octobre 2024 une programmation exceptionnelle, offrant l’opportunité de vivre une expérience unique mêlant excellence artistique, héritage culturel et rigueur curatoriale.
Au programme, une vaste sélection d’œuvres d’artistes de haut vol, mais également la pointe de la jeune création contemporaine !
Dirigée par Clément Delépine, Art Basel Paris est structurée en trois secteurs d’exposition :
« Il n’y a pas de plus bel endroit au monde pour accueillir une foire d’art. » C’était le sentiment enivrant de participer à une symphonie collective. C’était réjouissant de percevoir non seulement les attentes enthousiastes, voire les fantasmes, mais aussi le soutien bienveillant qui nous a accompagnés. À la clôture de la foire, j’étais à la fois épuisé et très excité, immensément joyeux et déjà nostalgique. Avec le recul, je mesure la confiance, la solidarité et la folie nécessaires pour aboutir à un tel succès. Clément Delépine
Galeries, dans lequel les exposants présentent l’ensemble de leur programme ;
Emergence, dédié aux galeries et artistes émergents, avec le groupe Galeries Lafayette comme Partenaire Officiel ;
Premise, nouvellement introduit, dans lequel neuf galeries présentent des œuvres d’artistes singulières, à découvrir pour la plupart en exclusivité à la foire.
Les galeries du secteur principal présentent des œuvres rarement vues les 18 et 19 octobre dans le cadre de Oh La La!, une initiative faisant la part belle au raccrochages et formant un cheminement ludique à travers la foire.
Installées sur deux niveaux, les 194 galeries bénéficient de la lumière zénithale de la nef et des galeries hautes du Grand Palais. La concentration de marchands américains et allemands est impressionnante. De Matthew Marks à Nahmad Contemporary, tous ont apporté une marchandise d’excellent niveau mais avec un contenu sage, sans provocation ni outrance. Toutes les grandes enseignes internationales ayant créé une antenne à Paris (Michael Werner, Gagosian, Marian Goodman, Skarstedt, Pace, White Cube, Hauser und Wirth, David Zwirner…) sont présentes au cœur de la foire. Les prix sont à la hauteur du niveau.
Les premières galeries face à l’entrée proposent les valeurs sûres d’aujourd’hui. Au premier rang, Gerhard Richter, Tomas Saraceno et Marlene Dumas. On retrouve également les artistes mis en avant dans des expositions muséales, des surréalistes comme André Masson, Yves Tanguy et Salvador Dali (également au Centre Pompidou) à Tom Wesselmann (Fondation Louis Vuitton) et Hans Josephson (musée d’Art moderne de Paris).
Les ateliers d’art GrandPalaisRmn sont présents sur le stand K30 et dévoilent en avant-première L’Ami (d’après Titien), une estampe contemporaine du Louvre réalisée par l’artiste américaine Elizabeth Peyton et proposée à la vente.
L’édition 2024 d’Art Basel Paris est accompagnée d’un programme public ambitieux et gratuit, réalisé en collaboration avec la Ville de Paris et ses institutions culturelles. L’institut de France
La petite souris qui murmure dans un coin du musée, c’est lui. La présence d’une souris dans une exposition, la tête passée dans un trou au bas d’un mur, surprend. Encore plus lorsqu’elle s’adresse à nous avec une voix enfantine, celle de la fille de l’artiste. Cette petite souris animatronique bégayante tente en vain de s’exprimer, dans un monologue plutôt confus, puis abandonne et avoue ne pas savoir quoi dire. Comme souvent dans l’œuvre de Ryan Gander, Ever After: A Trilogy (I… I… I…) se caractérise par la malice et la surprise, une œuvre dont la légèreté la rend si accessible. Equipée d’une batterie, prisonnière de sa boucle programmatique, cette souris arrête le visiteur dans son élan, le déroute et crée une illusion. Forcée d’enchaîner cycle sur cycle, jusqu’à l’épuisement, elle nous fait réfléchir et sourire sur notre condition.
« Si je savais ce que signifie cette souris, ce ne serait pas une très bonne œuvre d’art » Ryan Gander
Ses petits couinements expriment le besoin de laisser une trace de notre passage sur terre. Ils érigent un monument au langage, la seule chose qui distingue les êtres humains des animaux.
« Sa difficulté à s’exprimer illustre notre besoin de raconter des histoires et d’être entendus, même quand nous n’avons rien à dire, un besoin d’attention excessif dans un monde devenu vorace de contenus. » Ryan Gander
Un autoportrait dans une poubelle
J’ai manqué, ne pas l’apercevoir, ce serait dommage de rater le petit personnage, alter ego de l’artiste en bonnet rouge et marinière, allongée sur le sol, la tête sur une pauvre poubelle, de la Galerie Kamel Mennour
On peut encore se contempler dans le miroir ancien, dans la même galerie, Galerie Kamel Mennour, en marbre sculpté.
Biographie
Ryan GANDER — né en 1976 à Chester (Royaume-Uni). Vit et travaille à Londres (Royaume-Uni).
Ryan Gander est un artiste contemporain britannique. Artiste conceptuel, Ryan Gander cultive des pratiques très diversifiées : sculpture, installation, dispositif interactif, performance, vidéo, design, écriture… Maniant le trait d’esprit et l’humour (witty, pour le dire en anglais), son travail joue sur les détournements. Bauhaus Revisited (2003), par exemple, reprend le jeu d’échec conçu en 1924 par Josef Hartwig. De géométrie abstraite, les pièces de Josef Hartwig sont déjà difficiles à discerner les unes des autres. Compliquant la donne, Ryan Gander utilise une essence de bois strié (marron clair, marron foncé) pour réaliser toutes les pièces de son Bauhaus Revisited. Le bois de zebrano rend ainsi les camps opposés encore plus difficilement discernables, quoique chaque pièce soit unique. Actuellement, le travail de Ryan Gander est notamment représenté par laLisson Gallery (Londres, New York, Milan) et gb agency (Paris), notamment.
Ryan Gander a étudié les Arts Interactifs à la Manchester Metropolitan University (1996-1999). En 2000 il passe une année à la Jan van Eyck Academie de Maastricht, en tant que chercheur en art. Puis il effectue une résidence à l’Académie Royale des Beaux-Arts d’Amsterdam (2001-2002). En 2003, il reçoit le Prix de Rome de Sculpture. Conceptuel, le travail de Ryan Gander l’est en ce qu’il joue sur les narrations, à la manière d’un Marcel Duchamp. En 2009, son installation Matthew Young falls from the 1985 into a white room (Maybe this is that way it issupposed to happen), jongle ainsi avec les références. Elle s’appuie sur une nouvelle de J.G. Ballard, évoquant l’exposition « Sculpture de l’âge spatial », censée avoir eu lieu à la Serpentine Gallery de Londres. Quelques bris de verre (en sucre), quelques morceaux de bois rompu… Toute la saveur de l’œuvre réside dans les références imbriquées.
Installations, narrations, sculptures, dispositifs interactifs… Biennale de Venise et Documenta
En 2011, Ryan Gander participe à la Biennale de Venise et, en 2012, à la Documenta de Cassel. Pour cette dernière, il présente la pièce I Need Some Meaning I Can Memorise (The Invisible Pull). À savoir un léger courant d’air parcourant une grande pièce laissée vide. En 2013, le Frac Île-de-France (Le Plateau) présente « Make every show like it’s your last ». Soit la première exposition personnelle de Ryan Gander dans une institution parisienne. Avec la pièce Magnus Opus (2013), par exemple, consistant en une paire d’yeux, incrustée dans le mur et animée à l’aide de capteurs. Renversant ainsi les rôles spéculaires, entre les regardeurs et les regardés. Londres, Bâle, Paris, New York, Bologne, Amsterdam, Vienne, Zurich, Miami, Los Angeles, Tokyo, Varsovie, Mexico… Le travail de Ryan Gander fait l’objet d’expositions personnelles dans le monde entier.
Ryan Gander : artiste conceptuel, traits d’humour et références imbriquées
Art Basel
L’horloge
« Les horloges nous disent que notre obsession pour la mesure du temps est en contradiction avec la nature humaine. Je la trouve… assez malsaine.
Avant, les êtres humains vivaient dans un état de stase, pas de croissance. » L’accélération du capitalisme est inévitable et toujours plus difficile à discerner. Avant, nous n’avions pas vraiment besoin de mesurer le temps ou la richesse. Compter n’était pas si important… Les civilisations florissantes vivaient selon le temps, Kairos – une conception du temps basée sur « le bon moment ou l’occasion opportune », sur l’immédiateté – et pas selon le temps, Chronos, dicté par les horloges. Imaginez un monde où l’on mangerait quand on a faim, et non à l’heure des repas. «
Gander est un utilisateur de fauteuil roulant souffrant d’un handicap physique de longue durée, une grave maladie des os fragiles qui l’a hospitalisé pendant de longues périodes lorsqu’il était enfant. En 2006, son installation à l’ancienne bibliothèque de Whitechapel, Is this Guilt in you too?, où il a rempli l’espace d’obstacles, de détritus, d’impasses et d’illusions destinés à dérouter les visiteurs et à symboliser les difficultés inéquitables rencontrées par les personnes handicapées, faisait partie des expositions Adjustments du Arts Council England dont le but était « d’aborder la pensée transitionnelle sur le handicap, l’égalité et l’inclusion ». Son travail pour l’ exposition de la Biennale de Venise de 2011 comprenait une sculpture de la taille d’une figurine qui le représente alors qu’il tombe d’un fauteuil roulant.
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L’événement s'est tenu en français, avec traduction anglaise simultanée. Performance de l’artiste Michelangelo Pistoletto Discussion animée par Carolyn Christov-Bakargiev Direction artistique et curatoriale : Paul Olivennes Commissaire associée : Laura Salas Redondo
Présentée en collaboration avec : Magma Journal Éditorial : Paul Olivennes, Boris Bergmann Scénographie : Matière Noire Avec le soutien de Galleria Continua
Figure centrale de la création contemporaine depuis les années 1960 et de la naissance du mouvement « Arte Povera», Michelangelo Pistoletto est célèbre pour ses tableaux miroirs. Dans l’Auditorium de la Bourse de Commerce, l’artiste propose une performance inédite autour de l’œuvre Metrocubo d’infinito (Mètre cube d’infini), présentée dans l’exposition en Galerie 3 et qui appartient aux Oggetti in meno (Objets en moins), œuvres exposées dans son atelier entre décembre 1965 et janvier 1966.
Après l’exécution de la performance, Pistoletto salue le public, qui l’ovationne.
La performance est suivie d’un échange entre Michelangelo Pistoletto et Carolyn Christov-Bakargiev, commissaire de l’exposition.
Michelangelo Pistoletto (né en 1933 à Bielle) se fait remarquer dès le début des années 1960 par la série des Quadri specchianti (tableaux miroirs). En appliquant des images obtenues par report photographique sur des plaques d’acier inox polies, l’artiste inclut le spectateur et l’environnement dans l’œuvre d’art. À la fin de la décennie, les installations de Michelangelo Pistoletto en matériaux pauvres l’imposent comme une figure majeure de l’Arte Povera. Dans les années 1990, ses actions au sein du tissu urbain et social avec la Fondation Cittadellarte et l’université des Idées de Biella accentuent la dimension politique de son œuvre. En 2003, il reçoit le Lion d’or pour l’ensemble de sa carrière à la Biennale de Venise.
Carolyn Christov-Bakargiev (née en 1957 aux Etats-Unis) est une historienne de l’art, commissaire d’exposition et directrice de musée. Spécialiste de l’Arte Povera, elle a publié une monographie de référence sur le courant (Londres, Phaidon Press, 1999) et des essais et études sur ses artistes. Carolyn Christov-Bakargiev a été commissaire pour la Capitale culturelle européenne d’Anvers (1993) et pour la Villa Médicis, Rome (1998-2000), conservatrice en chef au MoMA/P.S.1, New York (1999-2001), directrice artistique de la 13e édition de la dOCUMENTA à Kassel, directrice du Castello di Rivoli, Turin de 2016 à 2023. En 2019, elle a reçu le Prix Audrey Irmas pour l’excellence en conservation.
Magma est une plateforme artistique fondée par Paul Olivennes en 2022, réunissant chaque année dans une publication inédite des plasticiens, photographes, écrivains, réalisateurs, sculpteurs, architectes et designers du monde entier. Conçu comme un forum d’expression artistique destiné aux artistes, proposant des œuvres originales et des formats nouveaux chaque année, Magma intervient également auprès des institutions et des artistes dans la réalisation de collaborations, conférences, performances, expositions, et documentaires.
Biographie
Michelangelo Pistoletto (né en 1933 à Biella, au Piémont) est un artiste contemporain, peintre et sculpteur italien. Connu à partir des années 1960, il rejoint le mouvement Arte Povera (à partir de 1967). Michelangelo Pistoletto débute en 1947 en tant qu’apprenti dans l’atelier de son père, restaurateur de tableaux. Il collabore avec lui jusqu’en 1958 tout en fréquentant l’école de graphisme publicitaire dirigée par Armando Testa(it). À partir de ce moment-là naît son activité créative dans l’art de la peinture qui s’exprime aussi par les nombreux autoportraits sur des toiles préparées avec apprêt métallique et par la suite sur des surfaces en acier, lustré miroir.
En 1959 il participe à la Biennale di San Marino et l’année suivante il expose à la Galleria Galantayar de Turin.
Au début des années 1960, Pistoletto commence à réaliser des œuvres peintes figuratives et des autoportraits sur un fond monochrome métallique. Par la suite il combine peinture et photographie en utilisant des techniques de collage sur des arrière-plans réfléchissants. Finalement, il se convertit à l’impression photoréaliste de scènes sur des plaques d’acier polis pour rendre une haute finition en utilisant la sérigraphie, qui fond presque complètement l’observateur1.
La Galerie Ileana Sonnabend le met alors au contact du public international.
En 1965/1966, Pistoletto produit la série des œuvres Oggetti meno (« les objets en moins »), qui appartient à ses premières œuvres sculpturales.
En 1967, son travail remporte le premier prix de la Biennale de São Paulo et la même année il commence à mettre l’accent sur la performance, l’art vidéo, et le théâtre. Il fonde un groupe d’art action appelé « Groupe de Zoo » qui donne plusieurs spectacles entre 1968 et 1970 dans le studio, les bâtiments publics ou dans les rues de Turin ou d’autres grandes villes, l’objectif étant d’afficher l’unité de l’art et de la vie quotidienne2.
Il est exposé par la Simon Lee Gallery de Londres et le Luhring Augustine Gallery de New York. Il est également représenté par la Galerieofmarseille, Marseille, France. En 2005, il expose aux côtés d’Agnès Varda et d’Éric Sandillon.
En 2009, Salvatore Garau et Michelangelo Pistolettoont exposé ensemble à l’exposition Di tanto mare. Salvatore Garau – Michelangelo Pistoletto
Arte Povera
Michelangelo Pistoletto commence à peindre sur les miroirs en 1962, reliant la peinture avec les réalités sans cesse changeantes sources de son inspiration. À la fin des années 1960 il commence à réaliser des moulages à partir de chiffons en innovant dans l’« art statuaire classique » omniprésent en Italie. L’art d’utiliser les « matériaux pauvres » est l’un des aspects de la définition de l’Arte Povera (« Art pauvre »)…
En 1967 avec Muretto di stracci (« petit mur en chiffons »), Pistoletto réalise une tapisserie exotique, un opulent mélange de briques et de chutes de tissu. Pistoletto, qui a commencé sous l’influence américaine du « post-Pop art » et du photoréalisme est bientôt répertorié dans les catalogues par les galeristes et critiques comme un important représentant de la tendance nouvelle de l’Arte Povera italienne.
Sur toile de fond des émeutes estudiantines de 1968, Pistoletto retire sa participation à la Biennale de Venise. Dans les années suivantes, il compose avec les idées conceptuelles qu’il présente dans le livre L’uomo nero « L’homme noir » (1970).
En 1974, il se retire presque complètement de la scène artistique : il devient moniteur de ski et passe le plus clair de son temps dans les montagnes de San Sicario. (allusion lors de sa performance par
À la fin des années 1970, il produit des sculptures, têtes et torses à l’aide de polyuréthane et de marbre qui lui procurent des commandes d’artefacts antiques ; il projette aussi des objets pour les décors théâtraux aux États-Unis (Athens, Atlanta et San Francisco).
Au début des années 1980, il présente des œuvres de théâtre, comme Anno Uno (« An un ») (1981) au Teatro Quirino à Rome.
Depuis 1990, Pistoletto vit et travaille à Turin.
Cittadellarte – Fondazione Pistoletto
En 1994, Michelangelo Pistoletto a proclamé son programme Progetto Arte, dont l’objectif était l’unification économique créatrice et sociale de toutes les parties de l’existence humaine ; dans un sens plus précis, la combinaison systématique de toutes les réalisations et les connaissances de la civilisation des aspects de l’art (fashion, théâtre, design…).
En 1996, il fonde la ville d’art Cittadellarte – Fondazione Pistoletto dans une usine de textile désaffectée près de Biella, comme centre et « laboratoire » soutenant des recherches sur les ressources créatives et produisant des possibilités et des idées innovantes.
La Cittadellarte est divisée en différentes Uffici (bureaux) : travail, éducation, communication, art, nutrition, politique, spiritualité et économie. Bien qu’il soit conçu comme un système fermé, la transparence vers le monde extérieur est un aspect important de la Cittadellarte6.
Art Basel Paris 2024
Je le retrouve dans sa galerie face, dans et devant son miroir
A suivre
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