Le Collège des Bernardins accueille à partir du 9 janvier 2025 « Épiphanies », l’exposition du peintre Augustin Frison-Roche. Dix-neuf toiles de toutes tailles se dévoilent sous les yeux des visiteurs plongés dans un univers onirique. La plupart des œuvres ont été créées dans le cadre d’une résidence aux Bernardins. Le monumental oculus « Assomption » sera visible avant son départ pour la cathédrale de Cambrai.
Depuis deux ans, leCollège des Bernardinset Augustin Frison-Roche travaillent à cette exposition dont la majorité des œuvres a été créée pour l’occasion.
Dès l’entrée dans la nef, le visiteur traverse une forêt de colonnes, qui laisse découvrir un paysage aux connotations rimbaldiennes, de la fin de la nuit à la lumière naissante de l’aube (Série “La forêt était devenue une immense basilique« ). Le visiteur est ensuite accueilli par l’Étoile, dressée à l’entrée de l’ancienne sacristie. Comme cette promesse qui attendait les Rois Mages, le visiteur suit un itinéraire qui saura le guider jusqu’à eux, œuvre phare monumentale de l’exposition, après avoir découvert “Les sept jours de la Création” , “L’Esprit” et “Cana”.
Les Rois Mages « Augustin Frison-Roche voit au-delà. Il représente ce que nous aimerions contempler et qu’il nous rend sensible : un monde où la grâce ne fait qu’un avec le sauvage, où l’amour est à réinventer. » Christiane Rancé, romancière et essayiste, préface du catalogue de l’exposition Epiphanies (bientôt en vente)
Les Noces de Cana L’exposition répond à une programmation artistique qui s’ancre dans le calendrier liturgique. En février/mars 2024, François-Xavier de Boissoudy était venu exposer aux Bernardins sur le thème de la Croix pour la montée vers Pâques, Augustin Frison-Roche nous accompagne après Noël pour annoncer la Bonne Nouvelle. Titrée au pluriel, Épiphanies, Augustin Frison-Roche s’appuie sur la lettre aux artistes de Jean-Paul II :
« À tous ceux qui, avec un dévouement passionné, cherchent de nouvelles épiphanies de la beauté ».
Ce sont toutes ces épiphanies ou « apparitions » que l’artiste a voulu explorer dans cette exposition, celles qui sont visibles dans l’Histoire Sainte, dans la Création, dans la contemplation de la nature, et qui sont un manifeste pour la création artistique.
Faire un don Jours et heures d’ouverture Du lundi au samedi de 10h à 18h. Fermeture les dimanches et les jours fériés. Visite libre de la nef et de l’ancienne sacristie (sauf pendant les montages et les démontages).
Fermeture exceptionnelle del’exposition Épiphanies d’Augustin Frison-Roche mercredi 12 février 2025 jusqu’à 14h30. La nef, la libraire La Procure et la Table des Bernardins restent accessibles.
Ouvertures nocturnes exceptionnelles de l’exposition Épiphanies d’Augustin Frison-Roche les 12, 13, 14 et 17, 18, 19 février jusqu’à 22h.
Métro : Maubert-Mutualité ou Cardinal Lemoine (ligne 10), Jussieu (ligne 7) Bus : lignes 24 et 47, arrêt Maubert Mutualité – lignes 63, 86 et 87, arrêt St Germain – Cardinal Lemoine Parking Maubert – Collège des Bernardins, 37 boulevard Saint Germain, 75005 ParisParking Lagrange – Maubert, 15 rue Lagrange, 75005 Paris
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Œuvre-monument incarnant tous les aspects de la production et de la personnalité de Ravel, le Boléro se dévoile et se raconte. A la Philharmonie de Parisjusqu'au 15 juin 2025 Commissaire Pierre Korzilius Conseillère musicale Lucie Kayas
LeBoléro incarne presque toutes les caractéristiques de la production et de la personnalité de Ravel. Sous la forme d’une exposition dédiée à l’étude rayonnante de cette œuvre, la Philharmonie de Paris célèbre le 150e anniversaire de la naissance du compositeur et livre un portrait de l’artiste en forme de kaléidoscope. Le parcours propose une expérience audiovisuelle saisissante, en même temps qu’il réunit des objets patrimoniaux issus des collections françaises les plus prestigieuses, notamment de la maison-musée Ravel à Montfort-l’Amaury, où fut composé le Boléro.
Hymne à la danse
Monument de l’histoire de la musique, le Boléro est une composition paradoxale, tant pour Ravel que pour le public.
« Mon chef-d’œuvre ? Le Boléro, bien sûr ! Malheureusement, il est vide de musique », écrivait le musicien en 1928.
Cette remarque à la fois provocante et espiègle masque un coup de génie : avec une économie extrême de moyens, un ostinato rythmique, deux motifs mélodiques, un crescendo orchestral et une modulation inattendue, Ravel crée un chef-d’œuvre universel, fruit d’une réflexion musicale radicale. Commande de la danseuse et chorégraphe Ida Rubinstein, le Boléro est d’abord pensé pour la danse.
Son rythme hypnotique évoquant les castagnettes saisit l’auditeur dès les premières secondes pour ne plus le lâcher. Maquettes de décors et dessins de costumes font revivre différentes productions du Boléro tout en évoquant d’autres partitions chorégraphiques de Ravel : Pavane pour une infante défunte, Daphnis et Chloé, La Valse.
Musique en images
Le visiteur éprouve dès la première salle l’expérience physique de ce crescendo orchestral envoûtant, grâce à un dispositif cinématographique unique dédié à l’interprétation du Boléro par l’Orchestre de Paris et son directeur musical Klaus Mäkelä. Plus loin, les multiples réinterprétations musicales et chorégraphiques de l’œuvre – dont celles de Maurice Béjart, d’Aurél Milloss ou de Thierry Malandain – se déploient en une partition audiovisuelle qui montre que, depuis 1928, le Boléro n’a cessé de fasciner les interprètes.
L’Espagne revisitée
Le Boléro – d’abord intitulé Fandango – s’inscrit dans toute une lignée d’œuvres ravéliennes inspirées par l’Espagne, de la Habanera de sa jeunesse à sa toute dernière pièce, Don Quichotte à Dulcinée, en passant par l’opéra L’Heure espagnole. Né à Ciboure, près de Saint-Jean-de-Luz, Ravel hérite de sa mère le goût de la musique espagnole et s’empare d’un imaginaire fait de sensualité et de rêve qu’il partage avec ses contemporains musiciens. Plusieurs œuvres d’art, comme Lola de Valence de Manet, apportent un écho pictural à ce goût pour une Espagne haute en couleur.
Une mécanique de précision
À la manière d’un enfant, Ravel se passionne pour toutes sortes de mécanismes, comme ceux des jouets et casse-têtes qui peuplent sa maison du Belvédère à Montfort-l’Amaury. Dans une lettre de 1928, le compositeur parle du Boléro comme d’une « machine ». Fils d’un ingénieur-inventeur, soucieux du moindre détail d’écriture et d’orchestration, Ravel excelle dans la production d’œuvres ciselées au mécanisme à la fois implacable et subtil, comme le Boléro. Il partage cette fascination avec de nombreux artistes de son temps, comme František Kupka ou Fernand Léger.
Pour la première fois,le musée du Louvre consacre une exposition à Cimabue, l’un des artistes les plus importants du 13e siècle. Elle est le fruit de deux actualités « cimabuesques » de grande importance pour le musée : la restauration de la Maestà et l’acquisition d’un panneau inédit de Cimabue redécouvert en France en 2019 et classé Trésor national, La Dérision du Christ. Jusqu'au 12 mai 2025 AILE DENON, 1ER ÉTAGE, SALLE ROSA (717) Commissaire : Thomas Bohl, conservateur au département des Peintures, musée du Louvre
Aux origines de la peinture italienne
Les années 1280-1290 furent le témoin d’un moment fondamental, révolutionnaire même, dans l’histoire de la peinture occidentale : pour la première fois, un peintre cherche à représenter dans ses oeuvres le monde, les objets et les corps qui l’entourent tels qu’ils existent. Cet artiste visionnaire, dont nous ne savons presque rien et dont seule une quinzaine d’oeuvres nous sont parvenues, c’est Cimabue (Florence, vers 1240 – Pise ?, 1301/ 1302). La première exposition à lui être consacrée est le fruit de deux actualités de grande importance pour le musée du Louvre : la restauration de la Maestà,
Cenni di Pepo, dit Cimabue, La Vierge et l’Enfant en majesté entourés de six anges (Maestà), 1280-1290, tempera sur fond d’or sur bois (peuplier)
souvent qualifée « d’acte de naissance de la peinture occidentale » et l’acquisition en 2023 de La Dérision du Christ, un panneau inédit de Cimabue redécouvert en France chez des particuliers en 2019 et classé Trésor National.
Ces deux tableaux, dont la restauration s’est achevée en 2024, constituent le point de départ de cette exposition, qui, en réunissant une quarantaine d’oeuvres, ambitionne de mettre en lumière l’extraordinaire nouveauté de sa manière et l’incroyable invention par laquelle il renouvela la peinture. Elle écrit ainsi le récit passionnant d’un commencement. Cimabue a ouvert la voie du naturalisme dans la peinture occidentale.
Avec lui, les conventions de représentation héritées de l’art oriental, en particulier des icônes byzantines, si prisées jusqu’alors, cèdent la place à une peinture inventive, cherchant à suggérer un espace tridimensionnel, des corps en volumes et modelés par de subtils dégradés, des membres articulés, des gestes naturels et des émotions humaines. Il développe également une verve narrative que l’on pensait jusqu’à présent initiée par ses flamboyants successeurs, Giotto et Duccio. Le parcours se poursuit avec la section construite autour du diptyque de Cimabue, dont le Louvre réunit pour la première fois les trois seuls panneaux connus à ce jour. La verve narrative et la liberté déployées par Cimabue dans cette oeuvre aux coloris chatoyants, et en particulier dans La Dérision du Christ, en font un précédent important et insoupçonné jusqu’alors à la Maestà de Duccio, chef-d’oeuvre de la peinture siennoise du Trecento. Cimabue se relève dans ce petit panneau d’une inventivité prodigieuse, en ancrant la composition dans le quotidien de son temps, en osant habiller les personnages de vêtements de son époque. Il fait ainsi écho aux préoccupations des Franciscains, promoteurs d’une spiritualité plus intériorisée et immédiate.
Duccio di Buoninsegna, La Vierge et l’Enfant avec trois franciscains, dite Madone des Franciscains. Vers 1285-1288, tempera sur bois. H. 24 ; l. 17 cm. Sienne, Pinacoteca nazionale. Su concessione del Ministero della Cultura, Musei Nazionali di Siena
L’exposition se conclut par la présentation du grand Saint François d’Assise recevant les stigmates de Giotto, destiné au même emplacement que la Maestà du Louvre, le tramezzo (la cloison qui sépare la nef du choeur) de San Francesco de Pise, et peint quelques années après par le jeune et talentueux disciple de Cimabue.
A l’aube du XIVe siècle, Duccio et Giotto, tous deux profondément marqués par l’art du grand Cimabue qui s’éteint en 1302, incarnent désormais les voies du renouveau de la peinture.
INFORMATIONS PRATIQUES
Horaires d’ouverture de 9 h à 18 h, sauf le mardi, Jusqu’à 21h le mercredi et le vendredi. Réservation d’un créneau horaire recommandée en ligne sur louvre.fr y compris pour les bénéficiaires de la gratuité.
Jusqu'au 2 février 2025, au Musée du Luxembourg Exposition organisée par le GrandPalaisRmn et le Musée Guggenheim Bilbao Commissariat général : Cecilia Braschi, Docteure en histoire de l’art et commissaire d’exposition indépendante Scénographie : Véronique Dollfus Signalétique : Atelier JBL - Claire Boitel Lumière : Abraxas Concepts
Figure centrale du modernisme brésilien, Tarsila do Amaral (1886-1973) est l’une des artistes les plus connues et aimées au Brésil. Dès les années 1920, elle a été la créatrice d’une oeuvre originale et évocatrice, puisant dans l’imaginaire indigéniste et les instances modernisatrices d’un pays en pleine transformation.
Évoluant entre São Paulo et Paris, Tarsila do Amaral est une passeuse incontournable entre les avant-gardes de ces deux capitales culturelles. Après avoir forgé, à Paris, un univers iconographique « brésilien», mis à l’épreuve du cubisme et du primitivisme en vogue dans la capitale française, sa peinture est à l’origine du mouvement
« anthropophagique », né à São Paulo en 1928. Faisant référence à la pratique indigène du cannibalisme comme « dévoration de l’autre » dans le but d’en assimiler ses qualités, il décrit, métaphoriquement, le mode d’appropriation et de réélaboration constructive, de la part des Brésiliens, des cultures étrangères et colonisatrices.
Au croisement de plusieurs cultures, dont les identités se définissent les unes par rapport aux autres, etsans échapper au paradoxe de représenter un Brésil populaire et « authentique », pourtant interprété par son regard de femme blanche, aristocrate, érudite et cosmopolite, l’oeuvre de Tarsila do Amaral soulève aussi des questions sociales, identitaires et raciales et nous invite à repenser les clivages entre tradition et avant-garde, centres et périphéries, cultures savantes et populaires.
Si Tarsila do Amaral a été largement reconnue et exposée dans son pays d’origine, encore rares sont les expositions qui lui ont été consacrées à l’étranger. Cette première rétrospective en France (avec environ 150 oeuvres rassemblées) souhaite combler ce manque, à l’heure où le Brésil occupe une place de plus en plus importante dans les discours critiques et historiographiques de l’art « mondialisé » et où les artistes femmes commencent à retrouver leur place dans les récits de l’histoire de l’art. Parcourant sa riche production des années 1920, liée au modernisme brésilien, au mouvement « Pau Brasil » (1924-1925) et à celui de l’« Anthropophagie»
(1928-1929) – où des paysages aux couleurs vives et aux lignes claires alternent avec des visions oniriques, mystérieuses et fascinantes – cette rétrospective est aussi l’occasion de présenter des aspects moins connus, voire inédits, de la carrière de l’artiste. Si sa dimension politique et militante est perceptible dans les oeuvres des années 1930, connotées par un réalisme à forte vocation sociale, le gigantisme onirique des années 1940, la géométrie presque abstraite de certaines compositions tardives, ainsi que la façon dont l’artiste réactualise, jusqu’aux années 1960, sa production antérieure, ne font que confirmer la puissance d’une oeuvre ancrée dans la culture de son temps, toujours originale et prête à se renouveler.
Informations pratiques
L’application mobile gratuite du Musée du Luxembourg Le Musée du Luxembourg met à disposition une application mobile gratuite qui offre un parcours thématique intitulé Visages du Brésil autour de cinq oeuvres de l’exposition (en français et en anglais). L’application est téléchargeable sur le lien suivant
Musée du Luxembourg 19 rue Vaugirard 75006 Paris Téléphone 01 40 13 62 00 Ouverture tous les jours de 10h30 à 19h nocturne tous les lundis jusqu’à 22h Accès Métro St Sulpice ou Mabillon RER B Luxembourg Bus : 58 ; 84 ; 89 ; arrêt Musée du Luxembourg / Sénat
Emma Lavigne, conservatrice générale et directrice générale de la Collection PinaultCommissariat : Carolyn Christov-Bakargiev, spécialiste internationalement reconnue du mouvement italien. L’exposition « Arte Povera » à la Bourse de Commerce — Pinault Collection vise à retracer la naissance italienne, le développement et l’héritage international du mouvement. Jusqu'au 20 janvier 2025
La commissaire Carolyn Christov-Bakargiev réunit dans l’ensemble du musée plus de 250 oeuvres des treize principaux protagonistes de l’Arte Povera — Giovanni Anselmo, Alighiero Boetti, Pier Paolo Calzolari, Luciano Fabro, Jannis Kounellis, Mario Merz, Marisa Merz, Giulio Paolini, Pino Pascali, Giuseppe Penone, Michelangelo Pistoletto, Emilio Prini et Gilberto Zorio — auxquelles s’ajoutent de nouvelles commandes, confiées à la fois à des artistes de ce groupe historique et à des artistes internationaux issus des générations suivantes, dont la création résonne étroitement avec la pensée et la pratique de l’Arte Povera.
La Bourse de Commerce — Pinault Collection présente une exposition d’envergure dédiée à l’Arte Povera. Le commissariat est confié à Carolyn Christov-Bakargiev, Celle-ci s’appuie sur l’important fonds d’Arte Povera de la Collection Pinault, mis en résonnance avec ceux des Castello di Rivoli Museo d’Arte Contemporanea (Turin), Fondazione per l’Arte Moderna e Contemporanea CRT (Turin), Kunstmuseum Liechtenstein — Vaduz, Museo e Real Bosco di Capodimonte (Naples), Galleria d’Arte Moderna (Turin), Centre Pompidou (Paris), Tate (Londres). La commissaire ouvre un dialogue inédit avec des oeuvres anciennes et contemporaines, ancrant l’Arte Povera dans une perspective temporelle élarg
PLUS DE 250 OEUVRES EN DIALOGUE
Outre le noyau d’oeuvres des treize artistes associés à l’Arte Povera, l’exposition comprend des pièces et des documents qui retracent les étapes clés de ce que l’on peut considérer comme les prémices du courant. Ces épisodes trouvent leurs racines dans la culture du bassin méditerranéen — des présocratiques à la pensée lucrétienne — et informent du rapport particulier entre modernité et ruralité qui a caractérisé l’Italie jusqu’à la seconde moitié du 20e siècle, en suivant une trajectoire, d’ascendance franciscaine, qui traduit une volonté d’appauvrir l’oeuvre. Dans l’exposition, chacun des treize artistes est associé à une personnalité, un mouvement, une époque ou un matériau qu’il estime comme une profonde influence, à l’image de Giorgio De Chirico pour Paolini et une peinture d’icône de Sano di Pietro pour Marisa Merz.
SALON
Dans le Salon, l’artiste Pier Paolo Calzolari expose Senza titolo (Materassi) (1970), une série de six matelas couverts de tubes réfrigérants. L’artiste transforme les objets les plus simples et les plus quotidiens en éléments de composition d’un tableau vivant. Chacun pourvu de son propre motif fait de tubes, se couvrant progressivement de givre, les matelas deviennent comme des êtres vivants. La mise en évidence de l’énergie qui les parcourt, la blancheur spectrale, le bruit des moteurs autant que la froideur de l’ensemble font de cette installation une expérience totale, où la vue, l’ouïe et le toucher du spectateur sont sollicités.
ROTONDE
Les treize artistes y sont présents, se faisant écho les uns aux autres, recréant l’intense magma collégial et expérimental des premières années de l’Arte Povera. Le premier arbre sculpté deGiuseppe Penoney côtoie le premier igloo de Mario Merz,
tandis que la première sculpture réfrigérée de Pier Paolo Calzolari dialogue avec la première Direzione (1967) de Giovanni Anselmo, rendant sensible l’essentielle continuité entre l’humain, le végétal et le monde minéral. L’espace de la Rotonde figure aussi un espace extérieur abolissant l’idée même de musée avec la fontaine fumante d’Alighiero Boetti, Autoritratto (Mi Fuma Il Cervello) (1993-1994).
PASSAGE
Pour cette exposition, les 24 vitrines du Passage réactivent la pensée de Walter Benjamin et des passages parisiens comme une lecture du 19e siècle se transformant en autant de jalons temporels et contextuels, et rappelant le terreau d’où émerge l’Arte Povera. Y figurent les artistes de l’avant-garde italienne de l’après-guerre, tels que Lucio Fontana, dont les toiles trouées donnent aux artistes l’exemple d’un art qui s’affranchit de l’espace du tableau, ou Piero Manzoni, par la dimension libre et provocatrice de son usage des matériaux. D’autres vitrines exposent la dimension plus internationale des influences de l’Arte Povera, qu’il s’agisse de l’Internationale situationniste ou du groupe japonais Gutai.
Une constellation de protagonistes y apparaît, des artistes aux galeristes, des critiques aux figures de théâtre, tel que le metteur en scène polonais Jerzy Grotowski qui ont participé à l’élargissement de la définition de l’art, l’ouvrant aux nouveaux médias, à la performance, à l’expérimentation.
GALERIES / FOYER / STUDIO
Dédiant à chaque artiste fondateur de l’Arte Povera un espace spécifique, l’exposition offre un généreux aperçu de leur oeuvre, en mettant l’accent sur des pièces majeures de l’histoire du courant, issues de la Collection Pinault ou prêtées par des institutions de renommée internationale. En correspondance avec chacun d’eux, la commissaire a associé leur pratique à une influence sous-jacente — un matériau, un artiste, un mouvement ou une époque.
Galerie 2 : Jannis Kounellis / Marisa Merz / Mario Mer
Jannis Kounellis, Marisa Merz et Mario Merz ont fortement contribué à révolutionner le rapport au matériau. Tous les trois peintres de formation, ils se sont progressivement détachés du cadre de la peinture pour embrasser l’immensité des possibilités permise par le monde contemporain, sans jamais céder aux sirènes du progrès technologique : Mario Merz « troue » des objets communs par des néons pour célébrer la continuité entre naturel et artificiel tandis que Kounellis
se tourne vers le charbon, la laine et le feu pour revenir à une forme de réalité archaïque. Marisa Merz tisse de manière visionnaire aussi bien des souliers que des formes géométriques au moyen de fils de nylon et de cuivre.
Galerie 3 : Michelangelo Pistoletto
Retraçant les différentes dimensions de la pratique de Pistoletto, l’espace est ici habité par les « objets en moins » et les « tableaux miroirs » de l’artiste, pour lesquels il insère des figures, humaines, objectales ou architecturales, en papier peint et, plus tard, en sérigraphie, sur des surfaces réfléchissantes. Le miroir englobe le spectateur, permet de créer un tableau infini, où les visiteurs deviennent des éléments de composition. Animé par l’idée d’une forme d’utopie collective, Pistoletto conçoit sa pratique comme un engagement social total, à l’image de Pace (1962-2007) réalisé lors des manifestations contre la guerre en Irak.
Galerie 4 : Alighierio Boetti
Alighiero Boetti pensait l’art comme une activité participative, un jeu basé sur l’ordre et le désordre. Son attention s’est portée sur les matériaux les plus simples, « pauvres », au travers de manipulations élémentaires : accumulations, répétitions, mises en relation, actions à la portée de chacun. Souhaitant se défaire de l’imagerie de l’artiste vu comme un génie solitaire, Boetti orchestra sa propre disparition au sein d’un duo fictif,
« Alighiero e Boetti », se tournant également vers des formes de créations collectives, à l’image des Mappa et des techniques de tissage. Les multiples itérations de ses planisphères rendent également compte des évolutions géopolitiques.
Galerie 5 : Giuseppe Penone
Giuseppe Penone crée sa première oeuvre, « Alpi Marittime » (1968-1985), alors qu’il est encore étudiant. Ces six images de manipulation sur quelques arbres et un ruisseau de son bois familial contient la quasi-totalité de la pratique à venir de l’artiste : une attention portée aux processus de croissance et de fabrication du vivant, au sein desquels Penone va s’insérer, sans chercher pour autant à les dominer. Ses Alberi visent à réattribuer à des poutres la forme des arbres qu’elles furent en suivant les cernes du bois. Chez Penone, l’action artistique se situe au plus près du rythme du vivant.
Il me faudrait encore citer Galerie 6 : Pier Paolo Calzolari / Giovanni Anselmo,
C’est une vaste exposition qui demande quelques visites
Informations pratiques
Bourse de Commerce — Pinault Collection 2, rue de Viarmes 75 001 Paris (France) Tel +33 (0)1 55 04 60 60 www.boursedecommerce.fr Ouverture tous les jours (sauf le mardi), de 11h à 19h et en nocturne le vendredi, jusqu’à 21h
Conçue à la façon d’un labyrinthe, retraçant plus de quarante années d’une exceptionnelle effervescence créative, de 1924 à 1969, l’exposition « Surréalisme » célèbre l’anniversaire du mouvement né en 1924 avec la publication du Manifeste fondateur d’André Breton.
À la fois chronologique et thématique, le parcours est rythmé par 14 chapitres, qui regroupe près de 500 œuvres, évoquant les figures littéraires ayant inspiré le mouvement (Lautréamont, Lewis Carroll, Sade…) et les principes poétiques qui structurent son imaginaire (l’artiste-médium, le rêve, la pierre philosophale, la forêt…
En 1919, André Breton et Philippe Soupault rédigent à quatre mains Les Champs magnétiques, un ouvrage dans lequel il se livre à l’expérience d’une écriture automatique libérée du contrôle de la raison. Cette recherche d’une expression immédiate associe l’artiste surréaliste à la figure du médium.
Avant même de pénétrer dans la Bourse de Commerce, les visiteurs entrent en contact avec l’Arte Povera. Idee di pietra — 1532 kg di luce (en français, « Idées de pierre — 1532 kg de lumière ») (2010) de Giuseppe Penone, placé devant le bâtiment, affirme immédiatement l’un des axes majeurs de l’Arte Povera : la fusion entre nature et culture. Chez Penone, la ramification de l’arbre (vidéo) évoque les chemins de la pensée, et les pierres de rivières, fichées à plusieurs endroits, désignent les surgissements, les impasses, le poids des souvenirs : l’artiste assimile la pensée humaine à la croissance végétale et minérale.
Les débuts
Giuseppe Penone crée sa première oeuvre, « Alpi Marittime » (1968-1985), alors qu’il est encore étudiant. Ces six images de manipulation sur quelques arbres et un ruisseau de son bois familial contient la quasi-totalité de la pratique à venir de l’artiste : une attention portée aux processus de croissance et de fabrication du vivant, au sein desquels Penone va s’insérer, sans chercher pour autant à les dominer. Ses Alberi visent à réattribuer à des poutres la forme des arbres qu’elles furent en suivant les cernes du bois. Chez Penone, l’action artistique se situe au plus près du rythme du vivant.
Fils d’Albina Caterina Cerrina et de Pasquale Penone, qui cultivait les terres familiales et vendait des produits agricoles, Giuseppe Penone est né à Garessio dans la province de Cuneo en 1947. Dès le début de son parcours artistique, il s’intéresse au travail que cette région exige et à toute l’énergie investie dans leur culture au fil des décennies. Il étudie à l’Accademia Albertina di Belle Arti à Turin et expose pour la première fois en 1968 au Deposito d’Arte Presente. Sa première exposition personnelle a lieu en décembre 1969 à la galerie Sperone à Turin, où il présente notamment
Albero di 4 metri (il suo essere nel dodicesimo anno d’età in un’ora fantastica).
Le cycle Alpi Marittime (1968) a été sa première oeuvre : il s’agit d’une série d’actions et d’interventions sur les arbres de la forêt et sur les ruisseaux proches de sa ville natale, rendues célèbres grâce aux photographies publiées dans le livre Arte povera de Germano Celant en 1969, et toujours appréciées comme des oeuvres photographiques et textuelles. En 1970, il a créé Rovesciare i propri occhi :en portant des lentilles de contact réfléchissantes, il restituait au spectateur le champ visuel qui aurait été celui de l’artiste s’il n’avait pas porté de telles lentilles. Cette même année, il participe aux expositions « Conceptual Art Arte Povera Land Art » à la Galleria Civica d’Arte Moderna à Turin et « Information » au MoMA à New York. Dès lors, il sera inclus dans toutes les grandes expositions internationales consacrées à l’Arte Povera.
Son travail se distingue par le contact direct avec la nature, en particulier par des interventions sur les processus de croissance des arbres, mais aussi, à partir de 1969, avec les Alberi créés en sculptant des poutres et en suivant les cernes de croissance du bois pour ramener l’arbre à un âge antérieur. Souvent co-créatrice des oeuvres de Penone, la nature est envisagée comme une force expressive capable de redéfinir les langages artistiques.
Giuseppe Penone a créé une œuvre intitulée « Pommes de terre » en 1977, où il utilise des moules de son visage pour façonner des pommes de terre. Ces pommes de terre anthropomorphes sont ensuite reproduites en bronze pour préserver l’œuvre, symbolisant une connexion entre l’artiste et la nature. L’œuvre interroge le rôle du spectateur et invite à une contemplation active, tout en explorant le thème de la trace et de l’identité.
Le corps même de l’artiste, élément naturel à son tour, a commencé à faire partie de son processus créatif à partir de 1968 en tant qu’unité de mesure, frontière et enveloppe, ou producteur de signes et d’empreintes comme le montreEssere vento (To Be Wind) (2014), oeuvre majeure de la Collection Pinault.
Soffio
Giuseppe Penone participe à la documenta de Cassel en 1972, 1982, 1986 et 2012, à plusieurs éditions de la Biennale de Venise (1978, 1980, 1986, 1995 et 2007) et à la Biennale de Sydney en 2008. De nombreuses expositions lui ont été consacrées, notamment au Kunstmuseum à Lucerne (1977), au Stedelijk Museum à Amsterdam (1980), à l’ARC et au Musée Rodin à Paris (1984 et 1988), à Castello di Rivoli (1991), au Centre Pompidou (2004), à l’Académie de France à Rome (2008), à la Whitechapel Gallery à Londres (2012), au Château de Versailles (2013) et au Philadelphia Museum of Art (2022-2023). Penone a enseigné à l’école des Beaux-arts de Paris de 1997 à 2012. En 2019, dans le cadre du parcours invité d’honneur de la FIAC 2019, le Palais d’Iéna – Conseil économique, social et environnemental (CESE) inviteGiuseppe Penoneau coeur de la vaste salle hypostyle et de ses majestueuses colonnades de plus de sept mètres de hauteur. Ses oeuvres sont souvent conçues pour les espaces ouverts, à l’image de l’immense Idee di pietra – 1532 kg di luce (2010) sur le parvis de la Bourse de Commerce — Pinault Collection.
L’exposition à la Bourse de Commerce Pinaultse termine le 20 janvier 2025
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L’exposition présentée au musée d’Orsay à l’automne 2024 prend pour sujet la prédilection de Gustave Caillebotte (1848-1894) pour les figures masculines et les portraits d’hommes, et ambitionne d’interroger la modernité si radicale des chefs-d’œuvre de l’artiste au prisme du nouveau regard que l’histoire de l’art porte sur les masculinités du XIXe siècle.
Dans sa volonté de produire un art vrai et neuf, Caillebotte prend pour sujet son environnement immédiat (le Paris d’Haussmann, les villégiatures des environs de la capitale), les hommes de son entourage (ses frères, les ouvriers travaillant pour sa famille, ses amis régatiers, etc.) et en fin de compte sa propre existence. Répondant au programme « réaliste », il fait entrer dans la peinture des figures nouvelles comme l’ouvrier urbain, l’homme au balcon, le sportif ou encore l’homme nu dans l’intimité de sa toilette.
À l’époque du triomphe de la virilité et de la fraternité républicaine, mais aussi de première crise de la masculinité traditionnelle, la nouveauté et la puissance de ces images questionnent aussi bien l’ordre social que sexuel. Au-delà de sa propre identité, celle de jeune et riche célibataire parisien, Caillebotte porte au cœur de l’impressionnisme et de la modernité une profonde interrogation sur la condition masculine.
Ce projet est motivé par l’acquisition récente de deux peintures majeures de Caillebotte par le J. Paul Getty Museum (Jeune homme à sa fenêtre) et le musée d’Orsay (Partie de bateau), et s’appuie sur la présence du chef-d’œuvre de l’artiste, Rue de Paris, temps de pluie, prêté par l’Art Institute of Chicago. L’exposition, composée d’environ 70 œuvres, réunit les plus importants tableaux de figures de Caillebotte mais aussi de pastels, dessins, photographies et documents.
Cet évènement est organisé l’année du 130e anniversaire de la mort de l’artiste(1894), qui correspond également à la date du legs de son incroyable collection de peintures impressionnistes à l’État.
Pour célébrer cet évènement, l’ensemble des œuvres du legs est présenté temporairement dans une des salles du parcours permanent du musée, faisant revivre l’ouverture de la « salle Caillebotte » au musée du Luxembourg en 1897. (Pour des raisons de conservation, les pastels de Degas et les dessins de Millet qui font partie du legs Caillebotte ne sont pas présentés).
Cet évènement s’inscrit dans la continuité des nombreuses expositions qui, depuis la grande rétrospective de 1994-1995 (Paris, Chicago), ont permis de redécouvrir la figure Gustave Caillebotte (1848-1894) et de mettre en lumière certaines facettes de son œuvre : la période de Yerres, les liens entre sa peinture et la photographie, sa passion pour l’art des jardins, etc.
Cette exposition sera présentée au J. Paul Getty Museum, Los Angeles du 25 février au 25 mai 2025 et à l’Art Institute of Chicago du 29 juin au 5 octobre 2025.
Informations pratiques
Musée d’Orsay
Esplanade Valéry Giscard d’Estaing 75007 Paris
Accès transports
Métro : ligne 12, station Solférino
RER : ligne C, station Musée d’Orsay
Bus : 63, 68, 69, 73, 83, 84, 87, 94
Horaires
Mardi au dimanche 9h30 – 18h. Dernier accès au musée à 17h, dernier accès aux expositions à 17h15, fermeture des salles à partir de 17h30.
Nocturne le jeudi jusqu’à 21h45. Dernier accès au musée et aux expositions à 21h, fermeture des salles à partir de 21h15.
Fermé tous les lundis, les 1er mai et 25 décembre.
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