Herbreteau Véronique, guide

Nom :  Herbreteau ,
Prénom : Véronique
Profession : guide
Spécialité :  Première guide médaillée du tourisme en Alsace 2019
Signe particulier : professionnelle et Conférencière des Villes et Pays d’Art et d’Histoire et du Parlement Européen
Signe particulier 2 : auteur

Biographie

Je lui laisse la parole :

Première guide médaillée du tourisme en Alsace 2019 

Née à Strasbourg et y résidant, je suis une vraie locale avec une histoire et des coutumes familiales alsaciennes à partager.

En charge de nombreuses années de la gestion des guides en Alsace pour le croisiériste haut de gamme Uniworld, je suis la guide de référence de nombreux hôtels ***** en Alsace.

Je suis guide professionnelle et Conférencière des Villes et Pays d’Art et d’Histoire en Alsace depuis plus de vingt  ans. 

Titulaire d’une Maîtrise en Histoire de l’Art et en Muséologie, je connais très bien ma région.

J’ai vécu et enseigné le français aux États-Unis dans une université américaine Hood Collège, Frédérick, Maryland.

Concernant Strasbourg, je vous propose des circuits privés et sur mesure classiques ou insolites : Cathédrale, vieille ville ; tous les musées : Alsacien, Historique, Oeuvre Notre-Dame… ; mais également des circuits secrets et insolites (plusieurs circuits possibles), le patrimoine religieux (avec visite de la Cathédrale, des Temples ou du mikvé), la Neustadt, de même que des thématiques plus spécifiques comme le Strasbourg maçonnique, le Strasbourg médiéval, Renaissance, moderne ou contemporain ; des dégustations de produits locaux artisanaux : vins, foie gras, spécialités locales,… Strasbourg et la bière : divers circuits brassicoles, Strasbourg et les traditions de Noël…

J’ai l’agrément pour faire visiter le Parlement Européen. 

Je guide sur toute l’Alsace, à Colmar, au musée Unterlinden
et au musée Bartholdi, sur la route des vins avec arrêt dans des caves et chez des viticulteurs sélectionnés, Riquewihr, le camp du Struthof, le château du Haut-Koenigsbourg,
la ligne Maginot, les contes légendes et traditions, …

Visites classiques ou insolites, thématiques,  à la carte ou sur mesure.

La radio

Mes chroniques radio sur le patrimoine alsacien  France Bleu
« les balades avec Véro » tous les jours en matinale et rediffusions

www.francebleu.fr

https://www.francebleu.fr/emissions/l-alsace-avec-vero/alsace

https://www.francebleu.fr/emissions/les-balades-de-vero via France Bleu

Les balades de Véro en réécoute sur France Bleu – Émission sur France Bleu

Son livre

Mail Vherbreteau@orange.fr
Mon numéro 0680500578

LACAN, L’EXPOSITION

Quand l’art rencontre la psychanalyse

Magritte

Au Centre Pompidou Metz jusqu'au 27 mai 2024
Galerie 2
Commissariat : Marie-Laure Bernadac et Bernard Marcadé, historiens
de l‘art, associés à Gérard Wajcman et Paz Corona, psychanalystes

LE PODCAST DU CENTRE POMPIDOU-METZ

Présentation

La pensée de Jacques Lacan est avec celles de Roland Barthes, Michel Foucault, Jacques Derrida et Gilles Deleuze, essentielle pour comprendre notre contemporanéité.
Or, si des hommages et des expositions ont déjà considéré la plupart de ces figures intellectuelles, la pensée de Lacan reste à ce jour, sur le plan muséal,
inexplorée, alors que ce dernier a entretenu une relation très forte avec les oeuvres d’art.
Lacan n’a-t-il pas déclaré dans un texte consacré à l’oeuvre de Marguerite Duras que « en sa matière, l’artiste toujours […]
précède [le psychanalyste] et qu’il n’a donc pas à faire le psychologue là où
l’artiste lui fraie la voie » (« Hommage fait à Marguerite Duras du Ravissement
de Lol V Stein » (1965), Autres écrits, Paris, Seuil, 2001).

Plus de 40 ans après la mort du psychanalyste, il apparaît en effet essentiel
d’envisager une exposition liée aux relations privilégiées de Lacan avec l’art, en mettant en résonance à la fois les oeuvres qu’il a lui-même indexées, les artistes qui lui ont rendu hommage, ainsi que les oeuvres modernes
et contemporaines qui peuvent faire écho aux grandes articulations conceptuelles de sa pensée.

Lacan ouvre un champ novateur qui s’inscrit au coeur de notre modernité et de notre actualité. On se débat aujourd’hui avec des problèmes de sexe, d’amour, d’identité, de genre, de pouvoir, de croyances ou d’incrédulité, autant de questions sur lesquelles le psychanalyste a apporté des repères précieux.

Le parcours est à voir et à expérimenter comme une traversée des notions spécifiquement lacaniennes.

Liste des artistes

Saâdane Afif, Jean-Michel Alberola, Francis Alÿs, Ghada Amer, Carl Andre, Art & Language, Hans Bellmer, Marianne Berenhaut, Julien Bismuth, Pierre Bismuth, Olivier Blanckart, Louise Bourgeois, Constantin Brancusi, Brassaï, Marcel Broodthaers, Claude Cahun, Sophie Calle, Mircea Cantor, Caravage, Jean-Baptiste Carhaix, Maurizio Cattelan, Jean-François Chabaud, Nina Childress, Gustave Courbet, Salvador Dalí, Gaëtan Gatian de Clérambault, Deborah De Robertis, Brice Dellsperger, Hélène Delprat, Wim Delvoye, Edi Dubien, Marcel Duchamp, Jean Dupuy, Éric Duyckaerts, Latifa Echakhch, Tracey Emin, Sammy Engramer, Leandro Erlich, Cerith Wyn Evans, Lucio Fontana, Dora García, Alberto Giacometti, Robert Gober, Pascal Goblot, Jean-
Luc Godard, Nan Goldin, Felix Gonzáles-Torres, Douglas Gordon, Raymond Hains, Camille Henrot, Gary Hill, Pierre Huyghe, Benoît Jacquot, Michel Journiac, Anish Kapoor, Mike Kelley, Anselm Kiefer, Sharon Kivland,
Joseph Kosuth, Arnaud Labelle-Rojoux, Suzanne Lafont, Suzy Lake, Laura Lamiel, Bertrand Lavier, Claude- Nicolas Ledoux, Jean-Jacques Lequeu, Olivier Leroi, Pascal Lièvre, Jacques Lizène, Lea Lublin, Ghérasim Luca,
Sarah Lucas, Urs Lüthi, René Magritte, Benoît Maire, Victor Man, Man Ray, Piero Manzoni, Maria Martins, André Masson, Nelly Maurel, Paul McCarthy, Clémentine Melois, Ana Mendieta, Mathieu Mercier, Annette
Messager, Miss.Tic, Pierre Molinier, François Morellet, Jean-Luc Moulène, Bruce Nauman, ORLAN, Jean- Michel Othoniel, Juan Perez Agirregoikoa, Francis Picabia, Pablo Picasso, Domenico Piola, Michelangelo
Pistoletto, Michel Powell, Jean-Charles de Quillacq, Carol Rama, Pablo Reinoso, Madeleine Roger-Lacan, François Rouan, Éléonore Saintaignan, Niki de Saint-Phalle, Carolee Schneemann, Martin Scorsese, Alain Séchas, Cindy Sherman, Mira Shor, Walter Swennen, Alina Szapocznikow, Agnès Thurnauer, Betty Tompkins, Rosemarie Trockel, Clovis Trouille, Tatiana Trouvé, Gavin Turk, Ida Tursic & Wilfried Mille, Valie Export, Diego Vélasquez, Jean-Luc Verna, Dominique-Vivant Denon, Andy Warhol, Martha Wilson, Peter Whitehead, Gil
Joseph Wolman, Wou-Ki Zao, Francisco de Zurbarán.

GRANDS AXES DE L’EXPOSITION

LE STADE DU MIROIR

Inaugurale et fondamentale, la théorie du stade du miroir, élaborée par Jacques Lacan en 1936, met au jour le rôle remarquable de l’image pour l’Homme et livre le secret de l’étrange amour qu’il voue à sa propre image. Cette expérience,
primordiale pour le développement psychique de l’enfant, engendre la prise de conscience de sa globalité, par son reflet.
Le stade du miroir révèle le drame intime que chacun doit traverser afin de s’identifier à lui-même, d’accéder à l’unité de son corps et de pouvoir dire
« Je ». Cette théorie est donc révélatrice de la question de l’identité, qui se constitue dans une aliénation, à l’image du Narcisse peint par Caravage
ou de la fameuse scène de Taxi Driver de Martin Scorsese.
Opaque ou effacé chez Marcel Broodthaers et chez Bertrand Lavier, scindé en deux chez Felix Gonzalez-Torres, métaphore du tableau chez Michelangelo Pistoletto, le miroir est au coeur de l’expérience analytique, comme l’incarne l’installation de Leandro Erlich.

LALANGUE

Jacques Lacan tient en 1955-1956 son séminaire intitulé Les Psychoses, au cours duquel il explique que « l’inconscient est structuré comme un langage », explication poursuivie lors de La Troisième. En 1971, il précise son point de vue en inventant le néologisme « lalangue », formulé à la faveur d’un lapsus, pour désigner une fonction du langage en prise avec ce qu’il qualifie de Réel. Autour d’une grande installation de Marcel Broodthaers reliant le « coup de dés » poétique de Stéphane Mallarmé à la pensée analytique de Lacan, les artistes fêtent les jeux de mots et d’esprit, déjà chers à Michel Leiris (François Morellet, Bruce Nauman, Jean Dupuy), la littéralité (René Magritte, Olivier Leroi), les lapsus, les jaculations sonores (Ghérasim Luca), le babil, voire la langue
des oiseaux avec la palissade de skis « rossignolesques » de Raymond Hains, artiste lacanien par excellence, comme en témoignent ses annotations des nombreux livres du psychanalyste.

LE NOM-DU-PÈRE

Cette notion est élaborée dans les années 1950 par Jacques Lacan comme signifiant de la fonction symbolique paternelle, pensée comme un semblant, une fiction. Le Nom-du-Père fait initialement référence à la tradition chrétienne, désignant un Père tout puissant, l’instance de la Loi et de l’interdit. Lacan va rompre avec cet ordre patriarcal, se faisant ainsi l’écho des
mutations sociales contemporaines, en différenciant le père réel et le père imaginaire. Ce terme peut aussi être compris comme le « Non du Père », père contre lequel se révolteront des artistes comme Louise Bourgeois, Niki de Saint Phalle, Camille Henrot, qui ont hérité du patronyme, et fonderont leur oeuvre
sur le meurtre ou sur la destruction du Père. Nina Childress, quant à elle, évoque la relation de la fille au Père, avec Film Freud. Avant elles, Hans Bellmer ou Claude Cahun avaient déjà mis à mal la figure paternelle. Enfin, Lacan opérera à la fin de sa vie un glissement sémantique du « Nom-du-Père » à la formule
« Les non-dupes errent », que reprend ironiquement Sophie Calle en voilant
« La mère veille ».

Maurizio Cattelan, Sans titre, 2007
Résine, vêtements, cheveux humains, tissu d’emballage,
bois, vis et ancre en bois, 235 × 137 × 47 cm
Milan, collection particulière
Courtesy de Maurizio Cattelan’s Archives

OBJET a

Invention cardinale de Jacques Lacan, l’objet a, qui dès la fin des années 1950 qualifie « l’objet cause du désir » en tant que manque, reste et chute, trouve de spectaculaires échos dans les arts moderne et contemporain. La liste que Marcel Duchamp dresse, en 1912, pour son « transformateur des petites énergies gaspillées » apparaît comme une préfiguration de cette notion.
Aux quatre objets emblématiques – le Sein, la Merde, la Voix et le Regard – s’ajoutent, par capillarité, la Chute, le Rien, le Corps morcelé, mais aussi le Phallus en tant qu’il est, pour Lacan, le signifiant du Manque. Dressés, anamorphosés, voilés et détumescents, les avatars phalliques de l’objet a sont légion dans les arts antique et renaissant (de la villa des Mystères aux
Ambassadeurs de Hans Holbein), mais aussi, singulièrement, dans l’art de notre temps. Au sein de cette galaxie, l’objet Regard occupe une place centrale, jusqu’à nous faire glisser vers le Trou, par lequel le regardeur peut scruter le corps de la femme d’Étant donnés, l’oeuvre ultime de Marcel Duchamp revisitée par Mathieu Mercier.

REGARD

Depuis l’Antiquité, la science et la philosophie n’ont cessé de
se poser la question : qu’est-ce que voir ? Lacan a parcouru
toutes les théories de la vision, des conditions de la vision
posées par Aristote aux théories ondulatoires et corpusculaires
de la lumière du XXe siècle, en passant par la perspective
géométrale de la Renaissance, l’optique de Johannes Kepler
et d’Isaac Newton ou La Dioptrique de René Descartes. C’est
finalement une parole du Christ dans l’Évangile de Matthieu
qui mène à tout éclairer : « Ils ont des yeux pour ne pas
voir. » Lacan s’interroge alors : « pour ne pas voir quoi ? »
si justement les choses les regardent. Renversement radical
et décisif, ce qui détermine foncièrement les sujets voyants
dans le visible, dit Lacan, c’est le regard, qui est au-dehors.
De Marcel Duchamp et René Magritte à Anish Kapoor,
d’Alberto Giacometti, Hans Bellmer à Lea Lublin et Mathieu
Mercier, les peintres, dessinateurs et sculpteurs brandissent
le regard comme objet non pas seulement dans l’art, mais
de l’art lui-même. Nous voyons les oeuvres, mais nous aussi
sommes regardés par les oeuvres.

Michael Powel 1960 Peeping Tom

L’ORIGINE DU MONDE

L’Origine du monde de Gustave Courbet a été acquise par Jacques Lacan et sa femme Sylvia en 1955. La même année, le psychanalyste commande à André Masson, beau-frère de Sylvia, ami du couple et de Georges Bataille, un cache sous la forme d’un mince panneau de bois peint coulissant, qui vient masquer ou qui révèle l’oeuvre de Courbet.

Devenue mythique, L’Origine du monde a fait l’objet de nombreuses interprétations de la part d’artistes femmes, qui ont soit pris le parti d’afficher plus ouvertement le sexe féminin, soit d’y ajouter, dans une démarche plus conceptuelle, des patronymes célèbres féminisés ou bien un visage.

LES MÉNINES

Au mois de mai 1966, lors de son séminaire XIII, consacré
à L’Objet de la psychanalyse, Jacques Lacan s’est employé
méticuleusement à analyser l’allégorie cardinale de la peinture
que constituent Les Ménines de Diego Vélasquez. Ce tableau
déjoue tous les codes de la perspective, mais, en tant que mise
en abîme du processus de la représentation, il se présente aussi
comme un écran qui cache autant qu’il donne à voir. Lacan
perçoit un « objet secret », dans la « brillante vêture » de l’infante doña Margarita Teresa, « personnage central, modèle préféré de Vélasquez, qui l’a peinte sept ou huit fois ». Sertie dans la robe de l’Infante, la fente est à la fois évidente et cachée, visible et invisible. Il n’est pas meilleure définition de l’objet a, l’oeuvre Les Ménines faisant appel aux registres du fantasme et de la pulsion scopique freudienne. La fente, cet « objet central », se référant à la théorie freudienne de la division du sujet (Spaltung), trouve,
selon Lacan, un écho visuel dans les lacérations des « Concetti spaziali » de Lucio Fontana.

LA FEMME

La formule lacanienne « La femme n’ex-siste pas » signifie qu’aucune définition universelle de la femme n’est possible.
Les femmes existent, incontestablement, mais sans qu’aucune catégorie ou article défini puisse les qualifier. Selon Lacan, elles sont plurielles, par essence, et leur existence ne peut être liée à aucun signifiant : « on la dit-femme, on la diffame » (Encore, Le Séminaire, Livre XX). Avec ce postulat, Lacan propose de déconstruire, par le langage, la vision normative qui prend racine dans
les structures patriarcales, en y opposant la multiplicité de la construction du féminin. Dans Ma collection de proverbes (1974) oeuvre contemporaine du séminaire Encore, que Lacan dédie à la jouissance féminine, Annette Messager se fait couturière en écrivant point par point les préjugés à l’encontre des femmes. Les corps féminins que Tracey Emin dessine et peint inlassablement
ne sont jamais fixés, pour leur part, dans une forme, du fait que « pas-tout » le féminin ne peut se dire, se montrer ou se peindre.

Jouissances

Pour Jacques Lacan, dire tout de la jouissance est impossible,
car elle est d’un autre ordre que le signifiant ; la parole
ne suffit pas à exprimer ce qui affecte le corps, elle rate
toujours son objet et, donc, elle se répète. La psychanalyse
lacanienne définit la jouissance comme étant au-delà du
plaisir et du désir. Selon Lacan, il existerait en effet deux types
de jouissance : l’une, phallique (attachée à l’acte sexuel, à
l’interdit, oedipienne) ; l’autre féminine (au-delà du phallus,
éprouvée dans le corps, dans le réel et dans l’imaginaire).
Les deux sexes y ont accès. Blow Job d’Andy Warhol tout
comme Arched Figure de Louise Bourgeois mettent ainsi en
évidence le fait que chez l’homme la jouissance peut très bien
se passer de la parole et que jouissance et amour ne sont
pas nécessairement liés. Dans son séminaire Encore, Lacan
commente la Transverbération de sainte Thérèse de Bernin, et
s’intéresse aux extases mystiques qui fascinent et parcourent
aussi la scène artistique contemporaine

Informations Pratiques

LE CENTRE POMPIDOU-METZ
1, parvis des Droits-de-l’Homme – 57000 Metz
+33 (0)3 87 15 39 39
contact@centrepompidou-metz.fr
centrepompidou-metz.fr
Centre Pompidou-Metz
@PompidouMetz
Pompidoumetz


HORAIRES D’OUVERTURE
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Strasbourg 1560-1600. Le renouveau des arts

Les Chars des sept jours : détail

Musée de l’OEuvre Notre-Dame/ Arts du Moyen Âge
Du 2 février 2024 au 19 mai 2024
Commissariat : Cécile Dupeux, conservatrice en chef du Musée de l’OEuvre Notre-Dame
Présentation

À la fin du XVIe siècle, Strasbourg est un foyer artistique éminent, dont l’activité doit beaucoup à sa position géographique privilégiée au coeur de l’Europe. Cette période de réveil des arts après la baisse d’activité qui fait suite à la Réforme est mal connue, car une grande partie de la production a disparu ou s’est trouvée dispersée. L’exposition explore cette ultime saison de la Renaissance, marquée par la diffusion à travers tous les arts de la nouvelle grammaire ornementale inspirée des canons antiques et son adoption par les artistes de toutes spécialités.Il s’agit aussi d’une remise en contexte plus générale, qui permet d’évoquer aussi bien la production littéraire que le dynamisme du domaine éducatif et scientifique ou la production éditoriale.
L’apport le plus marquant est celui de deux personnalités artistiques de premier plan, à la fois dessinateurs, graveurs et peintres de décors muraux, qui introduisent à Strasbourg les jeux ornementaux du maniérisme :

– Tobias Stimmer (1539-1584), graveur prolifique venu de Schaffhouse, est aussi l’auteur des décors de la célèbre horloge astronomique monumentale de la cathédrale. Ses projets en grisaille sur toile pour les sculptures de l’horloge (vers 1571), récemment restaurés, sont présentés pour la première fois au public.
– Dans une veine plus fantastique, les planches des trois volumes de l’Architectura de Wendel Dietterlin (1551-1599), également connu pour la production de nombreuses peintures murales, étonnent par leur verve exubérante et leur surcharge décorative et garderont de l’influence jusqu’à l’époque baroque.

Tobias Stimmer, Les Chars des sept jours : détail avec Jupiter (jeudi),
projet pour les sculptures de l’horloge, détrempe sur toile, vers 1571.
Musées de la Ville de Strasbourg. Photo : M. Bertola / Musées de la Ville de Strasbourg

Cette exposition est accueillie au sein même du musée, dont une partie des bâtiments date de la même époque. Elle permet également de mettre en valeur de nombreux éléments sculptés et architecturaux intégrés au parcours permanent, selon un dialogue imaginé déjà par le créateur du musée Hans Haug.
L’exposition met en lumière les exceptionnelles toiles peintes en grisaille par Tobias Stimmer, projets pour les sculptures de l’horloge astronomique, restaurées grâce au mécénat du Fonds de dotation du Docteur et de Madame Léon Crivain, ainsi que la salle des administrateurs de l’OEuvre Notre-Dame, dont les magnifiques boiseries viennent d’être restaurées grâce au mécénat de la Société des Amis des Arts et des Musées de Strasbourg (SAAMS) et du Crédit Mutuel.

Points forts de l’exposition

Un foyer de rayonnement intellectuel et culturel

À la fin du XVIe siècle, Strasbourg continue à s’affirmer comme l’un des grands centres européens de l’imprimerie et à jouer un rôle important dans la diffusion des idées. La maison d’édition de Bernard Jobin et celle de la famille Rihel publient chacune près de trois cent titres. Leur collaboration avec Tobias Stimmer produit des chefs-d’oeuvre.

                                            Grisaille

L’illustration des livres imprimés renoue également avec la vitalité qui fit la gloire de Strasbourg à la fin du Moyen Age.
L’exposition évoque l’importance du livre à Strasbourg à la fin du XVIe siècle à travers une trentaine d’ouvrages parmi les plus importants produits de la période. Sont présentés en particulier plusieurs ouvrages et pamphlets de Fischart, auteur en 1575 de l’adaptation allemande de Rabelais qu’il égale en verve et en anticléricalisme, l’Architectura de Wendel Dietterlin, l’Architectura de Specklin, le Volumen primum mathematicum de Dasypodius, l’Histoire du règne de Charles Quint de Sleidan …

             Salle d’interprétation des dessins d’architecture de la cathédrale
             Crédit photo : Musées de la Ville de Strasbourg / M. Bertola

Réputées pour leur modération, les autorités protestantes poursuivent leur tradition d’accueil des immigrés et dissidents des guerres de religion. Ce mouvement s’intensifie dans la seconde moitié du siècle, en particulier après les massacres de la Saint-Barthélemy le 24 août 1572, où de nombreux protestants français et flamands viennent se réfugier à Strasbourg. L’ornemaniste et graveur réformé français Étienne Delaune réalisa ainsi quatre séjours à Strasbourg entre 1573 et 1580. Le graveur Theodor de Bry (Dietrich Breÿ), de Liège, et ses deux fils trouvèrent refuge à Strasbourg pour les mêmes raisons confessionnelles. Les réalisations de ces artistes de passage, dont l’exposition donne un aperçu, permirent une régénération du milieu artistique.

Tobias Stimmer et Wendel Dietterlin

Les deux artistes les plus importants exerçant à Strasbourg à partir de 1570, Tobias Stimmer (Schaffhouse 1539 – Strasbourg 1584) et Wendel Dietterlin (Pfullendorf 1551 – Strasbourg 1599), ne sont pas originaires de la ville et sont nourris d’influences très diverses provenant d’Italie, de l’École de Fontainebleau ou des Pays-Bas. Tous deux sont peintres aussi bien que dessinateurs et produisent des modèles pour des graveurs. Ils ont été à l’origine d’un renouvellement des pratiques artistiques dans la ville.
Le peintre suisse Tobias Stimmer est appelé à Strasbourg pour réaliser le décor du buffet de l’horloge astronomique de la cathédrale. Il est alors un artiste réputé, en particulier pour les spectaculaires décors de façade réalisés à Schaffhouse et à Bâle ainsi que pour ses gravures. Formé en Suisse et marqué par l’art italien, ce célèbre peintre, dessinateur et graveur est également connu comme décorateur et dessinateur de vitraux. Il s’agit de l’un des principaux représentants du maniérisme ornemental dans les pays germaniques.
La commande qui lui est passée pour l’horloge astronomique concerne la direction artistique de l’ensemble, c’est-à-dire le décor peint de l’imposant buffet et de certains indicateurs astronomiques (globe, cadrans…), mais aussi la production de projets peints pour la réalisation des sculptures. L’exposition est l’occasion de redécouvrir après restauration les dix spectaculaires projets peints en grisaille sur toile pour ces sculptures. De nombreuses gravures et dessins de sa main sont également rassemblés afin de proposer un panorama de la production de l’artiste à Strasbourg.
Wendel Dietterlin est surtout connu à son époque pour la production de peintures murales et de panneaux (il se désigne lui-même comme « Maler von Strassburg »). Mais la postérité a essentiellement retenu de lui les nombreuses gravures (209 planches) et les variations fantastiques de son traité d’architecture Architectura, publié à Stuttgart et Strasbourg en 1593-94, qui sera réédité à de nombreuses reprises jusqu’au XIXe siècle. Ce traité apporte une contribution 

                   Tobias Stimmer, Les quatre Âges de la vie : l’Enfance, projet pour les            sculptures de l’horloge, détrempe sur toile, vers 1571, 72 x 42 cm.
Musées de la Ville de Strasbourg. Photo : M. Bertola

significative à l’ornementation maniériste. Il trouvera un écho dans le domaine des arts décoratifs, en particulier dans l’ébénisterie ou la menuiserie

                                                              Architectura

Restauration de la salle des administrateurs et des grisailles de Stimmer

La salle des Administrateurs, au 1er étage de l’aile Renaissance, est l’une des deux salles historiques conservées de la maison de l’OEuvre Notre-Dame. Ses boiseries marquetées, attribuées à Veit Eck, vers 1582, uniques en Alsace et remarquables par leur style Renaissance très pur et leur qualité d’exécution, ont enfin retrouvé leur lisibilité.
Couvrant l’ensemble des murs et du plafond, elles se distinguent par l’emploi savant de différentes essences de bois, jusqu’ici occultées par un fort encrassement. La restauration menée par Antoine Stroesser, restaurateur de mobilier, assisté de Thomas Flicker, d’avril à juillet 2023, a permis de redécouvrir toutes les nuances des quelques 11 essences identifiées. Le nettoyage s’est voulu respectueux des traces d’outils et des vestiges de vernis du 16e siècle.
Les nombreux soulèvements et fentes du placage ont été recollés, et quelques éléments décoratifs, perdus, restitués à l’identique. Enfin, une réintégration des parties restaurées et une mise en cire ont permis d’harmoniser l’ensemble. L’intervention a également permis de réévaluer l’authenticité de la salle.
La restauration des boiseries de la salle des administrateurs a été rendue possible grâce au mécénat de la Société des Amis des Arts et des Musées de Strasbourg (SAAMS) et du Crédit Mutuel.

La restauration des exceptionnelles grisailles de Tobias Stimmer

L’ensemble de dix esquisses sur toile commandé à Tobias Stimmer pour les sculptures de l’horloge astronomique de la cathédrale revêt une importance particulière en raison de la rareté de ce type de projets, généralement non conservés, et de la disparition d’une grande partie de la production peinte de l’artiste.
Cet ensemble conservé jusqu’alors dans les réserves des musées de Strasbourg vient d’être restauré et se trouve rassemblé dans l’exposition. Il s’agit des projets pour une partie des figurines automates de l’horloge sur le thème des Planètes et des Âges de la vie. À l’étage supérieur de l’horloge, les Âges de la vie défilent devant la Mort en sonnant les quarts-d ‘heure, et le Christ sonne les heures au registre supérieur; à l’étage inférieur les chars des sept dieux des planètes correspondant aux jours de la semaine se succèdent. Les esquisses concernent également quelques figures indépendantes : deux angelots et deux amours placés de part et d’autre du cadran des minutes, et Apollon et Diane à gauche et à droite du cadran du calendrier civil.
Les dix peintures de tailles variables sont réalisées selon la technique de la grisaille, en camaïeu utilisant plusieurs niveaux de gris, depuis le blanc jusqu’au noir. La technique est celle de la détrempe à la colle sur toile. Le geste de l’artiste est rapide mais très précis, afin de guider au mieux le sculpteur. Plusieurs des figures sculptées exécutées d’après ces projets ont également été restaurées et sont présentées dans l’exposition.
La campagne de restauration a été réalisée par le groupement Art Partenaire, sous la direction de Janin Bechstedt, avec Dorine Dié, Eve Froidevaux et Amalia Ramanankirahina.
La restauration de l’ensemble des Chars des planètes a été rendue possible grâce au Fonds de dotation du Docteur et de Madame Léon Crivain.

            Salle de la loge

Informations pratiques

Musée de l’OEuvre Notre-Dame
3, place du Château, Strasbourg
Tél. : +33 (0)3 68 98 50 00
Horaires : en semaine – sauf le mardi – de 10h à 13h et de 14h à 18h, les samedis et dimanches de 10h à 18h
Tél. : +33 (0)3 68 98 50 00

Accès et services

  • Bus 14 et 24 – arrêt Ancienne Douane
  • Tram A ou D – arrêt Langstross – Grand’Rue

Retrouvez la Programmation culturelle et éducative ici

Sommaire du mois de janvier 2024

Centre Pompidou Metz

29 janvier 2024 : Jeff Wall
28 janvier 2024 : La Quinzaine de la Danse
17 janvier 2024 :  Guernica / Ukraine de Jean Pierre Raynaud à Schiltigheim
15 janvier 2024 :  VAN GOGH à Auvers-sur-Oise
7  janvier 2024   : Picasso. Dessiner à l’infini
5  janvier 2024  :  Les trois Rois Mages

Guernica / Ukraine de Jean Pierre Raynaud à Schiltigheim

Sans titre – Ukraine dénonce par l’art les horreurs de la guerre

Lors de la Biennale de Venise en avril 2022, le Président ukrainien Volodymyr Zelensky, a exhorté les artistes du monde entier à soutenir l’Ukraine. Les Éditions Jannink ont répondu à cet appel en demandant à l’artiste-plasticien Jean Pierre Raynaud de faire don à l’Ukraine d’une oeuvre inédite.
À l’instar de Guernica (1937) de Picasso, Raynaud a repris les dimensions exactes (3,49 m x 7,76 m) de cette oeuvre emblématique. Comme la toile du peintre espagnol, les deux toiles monumentales étaient exposées à la foire d’art contemporain ST-ART à Strasbourg 2023, pour entamer une tournée d’expositions mondiale.

Après la Sorbonne à Paris et ST-ART à Strasbourg, je suis très heureux que la Ville de Schiltigheim, avec sa Maire Danielle Dambach et son adjointe à la Culture, aux Participations Citoyennes et à la Politique de la Ville, Nathalie Jampoc-Bertrand, marquent leur soutien dans ce réseau international 1937 Guernica / Ukraine 2022 que nous mettons en place avec Baudouin Jannink, initiateur de ce projet.
Robert Becker 

Nathalie Jampoc-Bertrand nous dit : 

« Parce qu’il n’est jamais vain de s’engager contre la violence, pour la paix et qu’il est essentiel de rappeler que l’art est un révélateur de l’Histoire, la Ville de Schiltigheim renouvelle ainsi son soutien à l’Ukraine et son engagement aux côtés des victimes de la guerre.« 

Cette œuvre monumentale réalisée par l’artiste Jean Pierre Raynaud en réponse à l’appel du Président Zelensky pour soutenir son pays suite à l’invasion de son pays, en écho au Guernica de Picasso, symbole pour la paix, sera exposée avec la reproduction en taille réelle de Guernica dans la salle de l’Aquarium de la Mairie de Schiltigheim.

Information importante

Mardi 23 janvier 2024 à 18h30: Inauguration officielle avec Danielle Dambach, Nathalie Jampoc-Bertrand, Adjointe et Baudouin Jannink, éditeur d’art qui a proposé à Jean Pierre Raynaud de relever ce défi.

Suivi d’une Performance de Geneviève Charras avec Baudouin Jannink Aphorismes dansés #2 face aux œuvres dans l’Aquarium.

Et d’un récital piano-voix de Hanna Koval et Olga Fekete

Entrée libre sur invitation.

Si vous souhaitez une invitation* pour le vernissage, merci de le demander par mail.
à
Robert Becker

robert.becker@laposte.net
robert.bckr@gmail.com

* Pour lui écrire n’utilisez pas « répondre à » mais écrivez à un de ses mails ci-dessus. 

Pour en savoir plus sur le projet Guernica / Ukraine, voir le billet, en cliquant sur le lien ci-dessous, sur le Blog de Robert Becker, La Fleur du Dimanche :
« 26 avril 1937 – 24 février 2022 – Guernica Ukraine – Jean Pierre Raynaud – Y a-t-il un sens ?« 

Picasso. Dessiner à l’infini

Pablo Picasso
Portrait de Françoise, Paris, 20 mai 1946
Musée national Picasso-Paris. Dation Pablo Picasso, 1979 – MP1351
© Succession Picasso 2023
Photo © RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) / Mathieu Rabeau

À l’occasion de la célébration des cinquante ans de la mort de Pablo Picasso, l’exposition « Picasso. Dessiner à l’infini », organisée par le Centre Pompidou en collaboration avec le Musée national Picasso - Paris, met en lumière la part la plus foisonnante de sa création à travers la présentation de près de mille œuvres (carnets, dessins et gravures).
(18 octobre 2023 – 15 janvier 2024)  Galerie 1, niveau 6
qui explore toutes les possibilités du dessin.

Commissariat
Anne Lemonnier, attachée de conservation, Musée national d’art moderne
Johan Popelard, conservateur du patrimoine, en charge des arts graphiques, Musée national Picasso-Paris
Réalisation : Clara Gouraud
Montage et mixage : Antoine Dahan
Habillage musical : Sixième son

Conférence : à écouter

Prologue

L’exposition met en lumière la part la plus foisonnante de sa création en réunissant près de mille oeuvres : carnets, dessins et gravures dont la plupart sont issues de la collection du Musée Picasso-Paris.
Depuis les études de jeunesse jusqu’aux oeuvres ultimes, le dessin est le lieu, pour Picasso, d’une invention toujours renouvelée autour des puissances du trait, allant de la ligne serpentine au dessin hachuré et aux compositions proliférantes, des nuances délicates du pastel aux noirs profonds de
l’encre.
Cette traversée de l’oeuvre graphique, sorte de journal intime tenu compulsivement, dont les carnets sont les exemples les plus précieux, offre une immersion au coeur du travail du dessinateur. L’exposition met en avant l’extraordinaire collection du Musée national Picasso-Paris, issue des ateliers de l’artiste et conservée par lui jusqu’à sa mort. Le parcours proposé, non linéaire, bousculant la stricte chronologie, permet de créer des échos entre
différentes périodes et met en regard des chefs-d’oeuvre reconnus et des dessins présentés pour la première fois.
Plus grande rétrospective de l’oeuvre dessiné et gravé jamais organisée,
« Picasso. Dessiner à l’infini » plonge le visiteur dans le tourbillon de la création picassienne.

Parcours de l’exposition

Visages

Au cours de son oeuvre, Pablo Picasso n’a cessé d’inventer et d’expérimenter, prenant souvent le contrepied de ce qu’il avait fait dans la période précédente. Dans ses ateliers étaient rassemblées des oeuvres de toutes les périodes et de tous les styles, accrochées ou simplement posées contre le mur, créant des dialogues inattendus, des jeux d’échos ou de dissonances. S’il est impossible d’avoir une vue globale de l’oeuvre prolifique de l’artiste, les douze dessins rassemblés ici autour du motif du visage permettent d’en saisir l’extraordinaire variété technique et stylistique, témoignant d’un questionnement
toujours renouvelé sur les moyens de la représentation :

« Qu’est-ce qu’un visage, au fond ? » se demandait Picasso en 1946, « sa photo ? son maquillage ? […] Ce qui est devant ? Dedans ? Derrière ? Et le reste ? Chacun, ne le voit-il pas à sa façon ? »

Ligne pure et prolifération
En bleu

À partir de 1902, la couleur bleue devient dominante dans les oeuvres de Picasso, définissant une période de quelques années dans la production de l’artiste. Guillaume Apollinaire sera le premier à évoquer rétrospectivement ces « peintures bleues » dans un article de 1905. Les figures de marginaux et les scènes nocturnes dans les cafés, presque monochromes, acquièrent une dimension tragique. Le critique Christian Zervos note le « charme étrange » de ces figures qui reviennent « souvent hanter » le spectateur.
Dans les écrits de Picasso, le bleu revient aussi avec insistance, notamment dans Les Quatre Petites Filles, une pièce de théâtre qu’il compose en 1947-1948, où il rend un hommage vibrant à cette couleur : « le bleu, le bleu, l’azur, le bleu, le bleu du blanc,le bleu du rose, le bleu lilas, le bleu du jaune, le bleu du rouge, le bleu citron, le bleu orange… ».

Saltimbanques

En 1905, les peintures, dessins et gravures de Picasso se peuplent de saltimbanques.
Le cirque Medrano dresse alors son chapiteau à quelques pas de son atelier du Bateau‑Lavoir, au pied de la butte Montmartre. Mais plutôt que les feux de la piste, c’est l’envers du décor – la pauvreté, la marginalité, l’errance – que Picasso dépeint ; en cela, il s’inscrit dans une lignée poétique, celle de Charles Baudelaire et de Paul Verlaine. Les échanges avec Guillaume Apollinaire, rencontré cette même année 1905, sont fondateurs. Dans « Crépuscule »,
le poète évoque une arlequine « frôlée par les ombres des morts », un charlatan
« crépusculaire », un arlequin « blême » et un aveugle qui « berce un bel enfant » – à l’intersection entre deux mondes, les saltimbanques sont des passeurs vers l’au-delà.

Nus rouges

Entre la fin de l’année 1906 et l’été 1907, Picasso multiplie les esquisses, notamment dans seize carnets de formats divers, à travers lesquels se cristallise progressivement la composition des Demoiselles d’Avignon. Le poète André Salmon décrit « l’inquiétude » de l’artiste dans les mois qui précèdent l’élaboration du tableau : « Il retourna ses toiles et jeta ses pinceaux. Durant de longs jours, et tant de nuits, il dessina, concrétisant l’abstrait et réduisant à l’essentiel le concret ». De grands nus féminins, dessinés à la
gouache ou à l’aquarelle rouges, sont parmi les premières oeuvres qui annoncent cette intense phase de travail. Comme absorbées dans un rêve intérieur, les yeux souvent clos, ces apparitions féminines deviennent des images entêtantes, répétées d’un dessin à l’autre.

Liste des sections

derniers jours

Joyeux Noël

Lorenzo Lotto (1480-1556), L’adoration des bergers (1534, huile sur toile, 147 x 166 cm), Pinacoteca Tosio Martinengo, Brescia (Italie). Domaine public.

Le récit de la naissance de Jésus dans l’évangile de Luc.
Collège des Bernardins origine
Le texte biblique

Il advint aussi, en ces jours-là, que sortit un édit de César Auguste ordonnant de recenser tout le monde habité. Ce fut le premier recensement, Quirinius étant gouverneur de Syrie. 

Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville. Joseph aussi monta de Galilée, de la ville de Nazareth vers la Judée, vers la ville de David qui s’appelle Bethléem, parce qu’il était de la maison et de la lignée de David, pour se faire recenser avec Marie promise pour être sa femme, laquelle était enceinte.

Or il advint, comme ils étaient là, que furent accomplis les jours où elle devait enfanter. Et elle mit au monde son fils, celui qui fut son premier-né, et elle l’emmaillota et le coucha dans la mangeoire parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans la salle. 

Il y avait dans la région même des bergers qui vivaient aux champs et qui passaient les veilles de la nuit à veiller leur troupeau. Et voici, l’ange du Seigneur se tint près d’eux et la gloire du Seigneur resplendit autour d’eux et ils furent saisis d’une grande crainte.

Mais l’ange leur dit :
— Soyez sans crainte car voici, je vous annonce la bonne nouvelle d’une grande joie, qui sera celle de tout le peuple : Aujourd’hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur, dans la cité de David. Et voici pour vous le signe : vous trouverez un nouveau-né emmailloté placé dans une mangeoire. 

Et soudain il y eut avec l’ange une multitude de l’armée céleste louant Dieu et disant :
— Gloire à Dieu dans les hauteurs et sur la terre paix aux hommes, volonté bonne.  

Et il advint, quand les anges les eurent quittés pour le ciel que les hommes, les bergers se disaient entre eux :
— Passons donc jusqu’à Bethléem et voyons cette parole qui est arrivée que le Seigneur nous a fait connaître.

Et ils vinrent en hâte et ils trouvèrent Marie et Joseph et le nouveau-né placé dans la mangeoire.

Après avoir vu, ils firent connaître la parole qui leur avait été dite au sujet de cet enfant. Et tous ceux qui les entendirent s’étonnèrent de ce que leur disaient les bergers. Quant à Marie, elle conservait avec soin toutes ces paroles, conférant en son cœur. Et les bergers s’en retournèrent, glorifiant et louant Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu comme il leur avait été annoncé.

Évangile selon saint Luc, chapitre 2, versets 1 à 20. Traduit du grec de la tradition byzantine par les équipes du programme de recherche La Bible en ses Traditions.

La Fuite en Egypte Caravage

L’éclairage

La Nativité : naissance d’un tout petit enfant nommé Jésus

À la veille de Noël, ce passage de l’évangile de Luc tombe à pic : il met en lumière la succession des scènes qui rythment l’événement de la Nativité. 

À vrai dire, on assiste même à tout un défilé de personnages et d’allers-retours. 

  • Joseph et Marie (alors enceinte) quittent Nazareth pour rejoindre Bethléem afin de participer à un recensement.
  • La fin de ce voyage correspond avec le terme de la grossesse de Marie : elle accouche donc à Bethléem.
  • Premier élément qui caractérise cette naissance : il n’y a pas de place pour Joseph et Marie dans la salle commune, et Jésus nouveau-né est d’emblée placé dans une mangeoire.
  • Les premiers témoins de cette naissance sont les bergers des environs. Un ange leur annonce la bonne nouvelle.
  • L’ange messager de bonne nouvelle est ensuite rejoint par un cortège d’anges qui forme une immense chorale chantant la louange de Dieu.
  • Les bergers se rendent à Bethléem en hâte pour constater de leurs propres yeux cette naissance.
  • Tandis que Marie garde ses événements et les médite, les bergers font connaître cette bonne nouvelle et chantent la louange de Dieu.

Fra Angelico Florence

« Entre le bœuf et l’âne gris », vraiment ?

La tradition chrétienne a largement popularisé de nombreux chants de Noël, parmi lesquels le célèbre « Entre le bœuf et l’âne gris » . Mais d’où viennent ce bœuf et cet âne ? Avez-vous relevé la mention de ces deux animaux dans le texte de l’évangile ?

Certesla mention de la « mangeoire » dans laquelle Jésus est déposé situe la scène dans un décor où le bœuf et l’âne auraient toute leur place (puisqu’une mangeoire est par définition un grand récipient où est déposée la nourriture destinée aux animaux). 

Mais autant le dire d’emblée : vous ne trouverez pas la moindre trace du bœuf et de l’âne dans les évangiles. Il s’agit purement et simplement d’une tradition, qui ne s’explique pas directement par le texte de l’évangile.

Mais pourquoi le bœuf et l’âne sont-ils parmi les personnages principaux des crèches de Noël ? La tradition populaire dit que l’haleine du bœuf et de l’âne servent à réchauffer le petit Jésus. C’est une belle invention qui découle en fait d’une exégèse antique. Car la référence au bœuf et à l’âne provient… du Livre d’Isaïe, dans l’Ancien Testament !

« Le bœuf connaît son possesseur ; et l’âne, la crèche de son maître : 
Israël ne connaît pas, mon peuple ne réfléchit pas. » (Is 1,3)

Le prophète Isaïe reproche au peuple d’Israël de ne pas connaître ou reconnaître son Dieu — au contraire du bœuf et de l’âne qui, eux, connaissent leur maître.

Pour les Pères de l’Église, le bœuf et l’âne représentent symboliquement le peuple humble qui reconnaît son sauveur et son Dieu dans ce petit enfant posé dans une mangeoire.

Petit détour par le Livre du prophète Habacuc

Mais on peut aussi avancer une seconde explication. Dans la traduction grecque de la Bible (la Septante), un court verset du prophète Habacuc dit* : 

  • « Tu te manifesteras au milieu de deux animaux » (Ha 3,2 LXX)

Dès les premiers siècles de notre ère, les chrétiens ont donc interprété cette prophétie comme l’annonce de la naissance de Jésus.

Finalement, c’est à partir de références issues d’Isaïe ou d’Habacuc que la tradition chrétienne a symboliquement associé le bœuf et l’âne au récit de la naissance de Jésus, même si les évangiles n’en disent rien. 

*Vous ne trouverez pas cette phrase telle quelle dans les traductions de l’hébreu, car ce verset dans la version hébraïque dit : « Au milieu des années, fais-la connaître » (Ha 3,2)

Un voyage à dos d’âne ?

Le duo de l’âne et du bœuf n’est donc pas mentionné dans le texte des évangiles. Mais l’âne seul tient, lui, une place toute particulière dans les représentations des deux récits autour de Noël où on retrouve la Sainte Famille… et un âne :

  • Marie et Joseph viennent à Bethléem pour se faire recenser (Lc 2, 1-7). Or, ils viennent de loin (de Nazareth, 150 km plus au nord). Les peintres et les artistes ont souvent représenté ce voyage avec Marie à dos d’âne — même si rien ne le dit explicitement dans le texte.  
  • Dans l’évangile de Matthieu, le récit de la fuite en Égypte (Mt 2, 13-23) est souvent représenté comme un voyage à dos d’âne — même si, une fois de plus, le texte de l’évangile n’en dit rien !

En fait, dans l’Ancien Testament l’âne est l’animal royal par excellence. Ainsi, lors de son entrée à Jérusalem (fêtée par les Chrétiens lors du « dimanche des Rameaux »), Jésus arrive à dos d’âne, et ce détail fait écho à un passage prophétique du Livre de Zacharie qui annonce la venue du Messie sur une monture royale, alias à dos d’âne.

Bref, on se plaît chaque semaine à décrypter les habiles indices glissés dans les tableaux des peintres inspirés par les Écritures. Il faut savoir lire les images qui peuplent nos imaginaires non pas pour les « débunker », mais pour savoir d’où viennent certaines traditions et comment elles pointent vers une vérité plus profonde ! Ainsi, on pourra mieux apprécier les chefs-d’oeuvre, à l’image de ce tableau d’Aleksender Lauréus qui fait discrètement figurer trois personnages au second plan au fond à droit. L’âne au premier plan pointe vers le voyage qui commence ici mais qui mènera Jésus jusqu’à sa passion.

Aleksander Lauréus (1783-1823), Âne sellé (1820, huile sur toile, 25 x 33 cm), Pori Art Museum (Finlande). Domaine public.

Les moutons de la crèche

Pour finir ce numéro sur la présence des animaux autour de cet enfant qui naît à Bethléem, comment ne pas mentionner les moutons ou brebis ? Pour le coup, l’évangile de Luc parle des bergers qui viennent reconnaître et saluer cet enfant. On sait que les bergers surveillent leurs troupeaux (Lc 2,8), il y avait donc des brebis.

Encore une fois, il s’agit d’un détail symbolique. Dans le Proche-Orient ancien et l’Ancien Testament, le métier de berger a une connotation royale. L’un des textes les plus célèbres à cet égard est sans doute le psaume 23. Il s’agit d’un poème qui présente Dieu sous la figure d’un berger :

« Le Seigneur me fait paître, je ne manquerai de rien.
Il me fait reposer dans de verts pâturages.
Il me mène près des eaux rafraîchissantes, il restaure mon âme. » (Ps 23, 1-3)

La tradition des « moutons de la crèche » trouve d’ailleurs une magnifique interprétation :

  • À la suite de leurs maîtres les bergers de Bethléem, les brebis et moutons viennent rendre visite à ce nouveau-né.
  • Or Jésus lui-même se présentera en disant : « je suis le bon berger » (Jn 10, 11) et sa mort sur la croix reprend le modèle du sacrifice de l’agneau célébré par les Juifs lors de la fête de Pessah.
  • Ainsi, les brebis (comme le bœuf et l’âne dans le Livre d’Isaïe) peuvent symboliser l’ensemble de la création qui vient reconnaître cet enfant comme son sauveur.

Finalement, ce ne sont pas seulement Marie, Joseph et les bergers qui entourent l’enfant dans la mangeoire de Bethléem, mais aussi les anges et les animaux. Autrement dit, toute la création se trouve réunie à la crèche pour célébrer la naissance du Christ !

Juan Bautista Maíno (1581-1649), L’adoration des bergers (vers 1614, huile sur toile, 314 cm x 174 cm), Musée du Prado, Madrid (Espagne). Domaine public.

Le mot de la fin

L’image du bœuf et de l’âne prenant place avec Marie et Joseph autour du
« petit Jésus » est devenue une tradition. Et le poète Jules Supervielle (1884-1960) fait partie de ceux qui ont donné à cette tradition toute sa puissance poétique.

« Sur la route de Bethléem, l’âne conduit par Joseph portait la Vierge : elle pesait peu, n’étant occupée que de l’avenir en elle. Le bœuf suivait, tout seul. Arrivés en ville, les voyageurs pénétrèrent dans une étable abandonnée et Joseph se mit aussitôt au travail.

“Ces hommes, songeait le bœuf, sont tout de même étonnants. Voyez ce qu’ils parviennent à faire de leurs mains et de leurs bras. Cela vaut certes mieux que nos sabots et nos paturons. Et notre maître n’a pas son pareil pour arranger les choses, redresser le tordu et tordre le droit, faire ce qu’il faut sans regret ni mélancolie.

Joseph sort et ne tarde pas à revenir, portant sur le dos de la paille, mais quelle paille, si vivace et ensoleillée qu’elle est un commencement de miracle.

Que prépare-t-on là ? se dit l’âne. On dirait qu’ils font un petit lit d’enfant« 

On aura peut-être besoin de vous cette nuit”, dit la Vierge au bœuf et à l’âne. […]

Une voix légère mais qui vient de traverser tout le ciel les réveille bientôt. Le bœuf se lève, constate qu’il y a dans la crèche un enfant nu qui dort et, de son souffle, le réchauffe avec méthode, sans rien oublier. D’un souriant regard, la Vierge le remercie. Des êtres ailés entrent et sortent feignant de ne pas voir les murs qu’ils traversent avec tant d’aisance. »

Jules Supervielle (1884-1960), Le bœuf et l’âne de la crèche, nouvelle parue dans le recueil de contes L’enfant de la haute mer, Paris, Gallimard, 1931

Trésors en noir et blanc, Dürer, Rembrandt, Goya, Toulouse-Lautrec …

Albrecht Dürer, Adam et Eve, 1504. Gravure sur bois. Petit Palais, musée des Beaux-arts de la Ville de Paris.
Crédit : Paris Musées / Petit Palai
s

Au Petit Palais jusqu'au 14 janvier 2024
Commissariat :
Annick Lemoine,
directrice du petit Palais et commissaire générale
Anne-Charlotte Cathelineau,
conservatrice en chef du patrimoine, chargée des collections d’arts graphiques avant 1800 et des sculptures.
Clara Roca,
conservatrice du patrimoine, chargée des collections
d’arts graphiques après 1800 et de photographies.
Joëlle Raineau-Lehuédé,
collaboratrice scientifique au département des arts graphiques.
Prologue

Le Petit Palais met à l’honneur son riche cabinet d’arts graphiques à travers une sélection de près de 200 feuilles des grands maîtres de l’estampe comme Dürer, Rembrandt, Callot, Goya, Toulouse- Lautrec, entre autres… L’estampe tient une place prépondérante dans la collection du Petit Palais. Elle est le reflet du goût de ses illustres donateurs, les frères Auguste et Eugène Dutuit et du conservateur Henry Lapauze, à l’origine d’un musée de l’Estampe moderne créé en 1908 au sein même du Petit Palais. En suivant le fil de l’histoire des collections, l’exposition permet à travers ses plus beaux trésors de découvrir un panorama inédit de l’estampe du XVe au XXe siècle.

L’exposition

La première partie de l’exposition présente une sélection des plus belles feuilles de la collection Dutuit qui en comprend 12 000, toutes signées des plus grands peintres graveurs de leur temps. Ces oeuvres rassemblées sous l’impulsion d’Eugène Dutuit se caractérisent par leur qualité, leur rareté et leur pedigree, en témoigne La Pièce aux cent Florins de Rembrandt, exceptionnelle de par sa taille (près de 50 centimètres de large) et de par son histoire puisqu’elle
appartint à Dominique-Vivant Denon, premier directeur du Louvre.

Parmi les 45 artistes présentés, quatre d’entre eux, aux univers extrêmement puissants, ont donc été choisis pour illustrer ce « goût Dutuit » : Dürer, Rembrandt, Callot et Goya.
Le Petit Palais possède 264 estampes originales d’Albrecht Dürer (1471-1528). La sélection présentée permet de retracer l’ensemble de sa carrière, à la fois sa production religieuse comme Adam et Ève et L’Apocalypse mais également des sujets profanes comme Melencolia et La Grande Fortune ou plus singuliers comme Le Rhinocéros.


En parallèle, deux gravures exceptionnelles sont présentées, l’une d’Antonio Pollaiolo,

la plus grande gravure du Quattrocento, qui nourrit plusieurs
oeuvres de Dürer et l’autre de Marcantonio Raimondi dont la figure principale reprend directement le motif de La Sorcière de l’artiste allemand.


Le parcours s’arrête ensuite sur Jacques Callot (1592-1635), célèbre maître nancéen de l’eau-forte dont le musée détient plus de 700 estampes. Les oeuvres exposées montrent à quel point cet artiste brilla par son imagination débridée et son caractère fantasque mais également par sa capacité à créer dans ses minuscules estampes un véritable microcosme fourmillant d’une multitude de détails et de personnages.


L’exposition se poursuit avec Rembrandt (1606-1669), sans doute l’artiste qui fascina le plus Eugène Dutuit. Ce dernier collecta un fonds exceptionnel de 375 estampes du maître pendant plus de cinquante ans. La collection comprend des pièces majeures et rares qui permettent d’embrasser toute la carrière du peintre-graveur hollandais et de retracer son évolution stylistique, iconographique et technique.

Enfin, le parcours présente un ensemble exceptionnel d’estampes de Goya (1746-1828)

dont des épreuves d’état de la Tauromachie et un remarquable album des Caprices.

La création contemporaine

Grâce aux frères Dutuit, la place de l’estampe au sein des collections du Petit Palais est assurée, mais elle doit encore s’ouvrir à la création contemporaine. Henry Lapauze en sera la cheville ouvrière. En 1908, son travail est consacré par l’inauguration du musée de l’Estampe moderne au sein du Petit Palais. Pour
le constituer, Lapauze sollicite de nombreux dons de marchands et collectionneurs comme Henri Béraldi qui offre au musée 100 portraits d’hommes d’État, de savants ou d’artistes dont plusieurs sont présentés dans l’exposition. Il obtient également des dons d’artistes et de familles d’artistes. Les noms égrainés indiquent bien le succès de cette collecte : Buhot, Bracquemond, Chéret, Steinlen, Toulouse-Lautrec… Tous ont marqué l’histoire de l’estampe et dessinent le visage de la gravure contemporaine, essentiellement parisienne, des premières années du XXe siècle.
Les oeuvres rassemblées offrent un panorama d’un Paris 1900 aussi spectaculaire, effervescent que socialement inégalitaire.


Henri Lapauze accueille également les estampes commandées et éditées par la Ville de Paris dont l’exposition présente un très bel exemple, Le Triomphe de l’Art d’après Bonnat, accompagné de son dessin préparatoire et de sa matrice gravée. En contrepoint de ce parcours en noir et blanc, l’estampe en couleurs vient clore l’exposition, bien représentée notamment par un bel ensemble de portraits et de paysages acquis grâce au soutien du marchand
d’art et éditeur Georges Petit. Enfin, une sélection des dernières acquisitions, dont des estampes d’Auguste Renoir, Anders Zorn et Odilon Redon, montre le dynamisme de la politique d’acquisition du musée.

Plusieurs dispositifs de médiation permettent de se familiariser avec les différentes techniques de l’estampe : la gravure sur bois, l’eau-forte et l’eau-forte en couleurs, le burin et la lithographie. En fin d’exposition, après avoir visionné une démonstration filmée de réalisation d’une eau-forte, le visiteur expérimente lui-même ce processus créatif grâce à une table numérique ludique afin de créer une oeuvre qu’il peut recevoir par e-mail et partager sur les réseaux sociaux.

Informations pratiques

Horaires d’ouverture
Du mardi au dimanche de 10h à 18h
Nocturnes : vendredis et samedis jusqu’à 20h
Fermé les 1er et 11 novembre, 25 décembre, 1er janvier.
Accès
En métro
Lignes 1 et 13 : Champs-Élysées Clemenceau
Ligne 9 : Franklin D. Roosevelt
En RER
Ligne C : Invalides
En bus
Lignes 28, 42, 72, 73, 80, 83, 93

À toi de faire, ma mignonne. – Une exposition de Sophie Calle au Musée Picasso

Jusqu'au 7 JANVIER 2024 au musée Picasso
commissaire : Cécile Godefroy est historienne de l’art, docteure de l’université
Paris IV - Sorbonne, membre de l’Association Internationale des
Critiques d’art, elle est Responsable du Centre d’Etudes Picasso
qui ouvrira en décembre 2023 au Musée national Picasso-Paris.

Si vous pensez voir des Picasso, passez votre chemin. Si vous êtes des inconditionnels de Sophie Calle, cette exposition est pour vous. Invitée pour une Carte blanche au musée Picasso-Paris dans le cadre des évènements autour des 50 ans de la mort du géant de l’art moderne, Sophie Calle investit les quatre niveaux du bâtiment déployant son travail autour de deux grands thèmes : la question du regard et celle de la disparition et de la mort.

Prologue

Sophie Calle célèbre à sa manière les 50 ans de la mort de Pablo Picasso, en investissant la totalité des quatre étages de l’hôtel Salé avec une proposition d’exposition inédite.
Organisée en quatre temps correspondant aux quatre étages du musée, l’exposition À toi de faire, ma mignonne prend le contre-pied des multiples évènements de la « Célébration Picasso 1973-2023 » qui mettent à l’honneur l’artiste espagnol.
L’exposition de Sophie Calle porte un regard curieux et décalé sur un choix d’oeuvres emblématiques de Picasso dont l’artiste convoque les images ou la mémoire au travers d’un récit personnel qui se déroule au rez-de-chaussée du musée. Avec cette exposition, qui au fil des étages se déploie indépendamment de Picasso et prend un caractère volontiers rétrospectif, Sophie Calle explore certaines des thématiques qui lui sont centrales telles que la privation du regard ou la disparition en ayant recours à l’archive et à l’écriture comme sources et matières premières de sa création. Relevant le défi de l’invitation, l’artiste interroge avec esprit et profondeur la réception critique de son oeuvre et son souci de transmission aux générations futures.

PARCOURS D’EXPOSITION

PICALSO

Niveau 0

Le rez-de-chaussée de l’hôtel Salé marque l’entrée en scène de Sophie Calle
au musée Picasso. À l’exception de trois autoportraits de Picasso qui entourent
l’artiste faisant sa mignonne, ici incarnée par la présentation du polar qui
donna titre à l’exposition, l’étage joue sur une présence en creux du peintre
espagnol. À l’appui d’un récit personnel, Sophie Calle initie le dialogue en usant
d’anecdotes et souvenirs – certains remontant à l’enfance -, de contrepoints
visuels et de détournements. Avec les « Picasso confinés », ce sont les tableaux
accrochés, protégés de la lumière et photographiés pendant le confinement
qui sont donnés à voir.


L’absence rode également sur les « Picasso fantômes »,
soit cinq tableaux majeurs de Picasso que de grands voilages, brodés au
format des oeuvres, couvrent de descriptions récoltées auprès du personnel
du musée à un moment où les oeuvres étaient prêtées à l’extérieur.

Une composition monumentale enfin, au format de la célèbre peinture Guernica, fait oeuvre collective en réunissant près de deux cents photographies, objets et miniatures de la collection personnelle de Sophie Calle, provenant pour la plupart d’échanges avec les artistes, de Christian Boltanski à Tatiana Trouvé en passant par Miquel Barceló, Damien Hirst et Cindy Sherman.

Salle 0.1

2019. Premier rendez-vous et proposition d’investir le musée Picasso en 2023,
à l’occasion du cinquantième anniversaire de la mort de l’artiste. Sans LUI, si je
préfère. Les mots de ma mère se frayent un chemin, le syndrome d’imposture
dans leur sillage. Lors d’un vernissage au musée d’Art moderne, à New York,
découvrant mes oeuvres entre celles de Hopper et de Magritte, elle s’était
exclamée : « Tu les as bien eus ! » Cette fois, je l’imagine chuchoter :
« Pourquoi toi ? »

Récapitulons.
Il y a ma toute première oeuvre, du moins celle à laquelle mon père conféra
ce statut en l’encadrant, et dont il recopia la légende crayonnée au dos, qui
s’effaçait. J’avais peut-être six ans, et ce dessin fit dire à ma grand-mère qu’il y
avait un Picasso dans la famille.


Il y a Tête, un Picasso volé à Chicago, dont j’avais fait le portrait-robot à partir
des souvenirs de ceux qui l’avaient côtoyé.
Il y a Prolongation, titre d’une de ses expositions en Avignon, que je me suis
promis d’emprunter un jour.
C’est maigre.

Salle 0.2

Les Picasso Confinés.

Deuxième rendez-vous au musée Picasso, durant le confinement. Pas
de visiteurs. Les Picasso sont protégés, emballés, dissimulés. Dessous.
Une présence fantomatique, moins intimidante, que j’ai immédiatement
photographiée. Avant même de le savoir, je venais d’accepter.

Salle 0.5

Les Picasso fantômes

Lors de mes premières visites, La Mort de Casagemas, Grande baigneuse au
livre, Paul dessinant, Homme à la pipe et La Nageuse manquaient pour cause de
prêt. J’ai demandé aux conservateurs, aux gardiens et à d’autres permanents
du musée de me les décrire. À leur retour, je les ai voilés avec les souvenirs
qu’ils laissent lorsqu’ils s’absentent.

                                        Sophie Calle, Paul jouant

LES YEUX CLOS

Niveau 1

Le premier étage s’amorce sur une anecdote relatée par Cocteau de Picasso
observant en Avignon un peintre à moitié aveugle peignant le château des
Papes à partir des seuls mots de sa femme. En réponse à la crainte bien connue
de Picasso de perdre un jour la vue, Sophie Calle réunit un ensemble d’objets,
de photographies et de vidéos consacrés au thème du regard – regard clos,
inédit (« Voir la mer »), privé (« La dernière image », « Les Aveugles »), etc.

Picasso dit souvent que la peinture est un métier d’aveugle. Il peint, non
ce qu’il voit, mais ce qu’il en éprouve, ce qu’il se raconte de ce qu’il a vu.
Jean Cocteau

LES AVEUGLES

Salle 1.3
J’ai rencontré des gens qui sont nés aveugles. Qui n’ont jamais vu.
Je leur ai demandé quelle est pour eux l’image de la beauté.


VOIR LA MER

Salle 1.4
À Istanbul, une ville entourée par la mer, j’ai rencontré des gens qui ne l’avaient jamais vue.

Dans son journal intime, ma mère avait écrit :
« Sophie est tellement morbide
qu’elle viendra me voir plus souvent sous ma tombe que rue Boulard. »
Moi, pour éloigner la mort, j’ai photographié des cimetières, filmé ma mère mourante, tenté d’organiser la répétition générale de mes funérailles, possédé un caveau à Montparnasse avant d’en déménager pour raisons familiales, disséminé chez moi des enveloppes qui contiennent autant de testaments rédigés dans l’urgence avant chaque voyage. Pour ensuite passer à autre chose.

                                      le Cénotaphe de Sophie Calle

MA MÈRE, MON PÈRE, ET MOI

Niveau 2

Au deuxième étage du musée, Sophie Calle procède à l’inventaire de ses biens
dans une mise en scène spectaculaire. Introduit par un ensemble d’oeuvres
dédiées au thème de la disparition, celle des parents de l’artiste, jusqu’à sa
propre mort simulée, le visiteur traverse plusieurs salles où plus de 500 objets
de Sophie Calle – dessins, tableaux, photographies, objets d’art et de curiosité,
ouvrages rares, vaisselle et mobilier – sont exposés à la manière de l’Hôtel
Drouot.
Dans les archives personnelles de Picasso conservées au musée, Sophie Calle
a trouvé la lettre d’une association d’aide aux artistes aveugles, sollicitant de
Picasso un dessin original, dans le but d’édifier, avec les bénéfices de la vente,
la Maison des yeux clos. N’ayant pas trouvé la réponse, Sophie Calle a fait appel
à la générosité de la Fondation Almine et Bernard Ruiz-Picasso afin d’organiser
durant l’exposition une vente en ligne organisée par Drouot Estimations d’une
céramique de Picasso et de reverser les bénéfices de la vente à une association
de mal-voyants.

Salle 2.4
Pourquoi faudrait-il jeter en l’air ce qui me fit la grâce d’arriver jusqu’à moi ?
Pablo Picasso
Ma mère est morte, mon père est mort, je n’ai pas d’enfants. Quand je ne serai
plus là, que vont devenir les choses de ma vie ? Sans héritiers définis, une vente
judiciaire peut m’arriver ; vendue à l’encan. Si je veux exorciser cette crainte
qu’à ma mort leur histoire commune, ainsi que celle qui me relie à eux, ne
s’efface, c’est par la générale de ma succession que je dois commencer.

J’ai donc proposé aux commissaires-priseurs de l’Hôtel Drouot de mettre en
scène mon cauchemar, d’expertiser les biens de ma maison de Malakoff et de
dresser l’inventaire descriptif mais non estimatif de mon patrimoine mobilier.

Niveau 3

Le troisième et dernier étage propose un bilan des projets de Sophie Calle.
Un inventaire des 61 projets achevés se présente sous la forme de polars dont
les titres font écho aux séries de l’artiste. Un ensemble de projets restés en
suspens fait suite, donnant vie aux incidents de parcours, aux esquisses et
tentatives, aux oeuvres en sursis et en péril. En fin de parcours, Sophie Calle
investit physiquement une salle de l’étage en installant son bureau qu’elle
tiendra ouvert à ses heures pendant toute la durée de l’exposition.
Salle 3.1

INVENTAIRE DES PROJETS ACHEVÉS

J’ai voulu faire le bilan, partir de RIEN ou presque, dresser la liste de tous les
projets réalisés depuis mes débuts. J’en ai comptabilisé soixante et un. Comme
j’avais été tentée un jour d’emprunter un titre à la série noire, j’ai parcouru leur
inventaire et j’ai eu l’impression que leurs titres m’attendaient

INFOS PRATIQUES

Musée Picasso
ACCÈS
5 rue de Thorigny,
75003 Paris
Métro
Ligne 1 Saint-Paul
Ligne 8 Saint-Sébastien-Froissart
Ligne 8 Chemin Vert
Bus
20 – 29 – 65 – 75 – 69 – 96

HORAIRES D’OUVERTURE
10 h 30-18 h
9 h 30-18 h en période de vacances scolaires
et le week-end
Tous les jours sauf le lundi, le 1er janvier,
le 1er mai et le 25 décembre.
RENSEIGNEMENTS
+33 (0)1 85 56 00 36
contact@museepicassoparis.fr

Antony Gormley, Critical Mass

Antony Gormley, Critical Mass
© agence photographique du musée Rodin – Jérome Manoukian

Au musée Rodin jusqu'au 03 MARS 2024
COMMISSARIAT :
SOPHIE BIASS-FABIANI, CONSERVATRICE DU PATRIMOINE AU MUSÉE RODIN
AVEC LE SOUTIEN DE la GALERIE THADDAEUS ROPAC

Une ligne court à travers le jardin, entre l’imposante Porte de l’Enfer (1880-1917) de Rodin et les ordonnancements harmonieux des frontons et des pilastres classiques et des fenêtres rectangulaires ou cintrées de l’hôtel de Biron. Cette ligne relie douze formes corporelles de Critical Mass II (1995) d’Antony Gormley. D’abord accroupies, recroquevillées au sol puis fières sentinelles, les figures de fonte s’élèvent progressivement jusqu’à la station debout. Les transformations que connaît leur posture retracent l’ascension évolutive de l’homme et cartographient les progrès de la sensibilité humaine, depuis la vulnérabilité et l’insécurité jusqu’à ce qu’on pourrait interpréter comme de la confiance, de la fierté ou de la curiosité, le regard tendu vers le haut.

Au musée Rodin, les figures s’éloignent de l’hôtel en direction de la Porte de l’Enfer : la ligne de la croissance et du progrès de l’humanité s’achève, et le corps humain rencontre l’œuvre de Rodin, expression terrible de notre chute finale, avant de sombrer sous le sol.

Le poids de chacune des douze formes corporelles équivaut à dix fois celui de l’artiste ; chacune d’entre elles affirme immédiatement la capacité de la sculpture à créer des lieux et à susciter des perturbations.

En complément de Critical Mass, on trouve également six Insiders dans la galerie des marbres et quatre sculptures qui dialoguent au coeur de l’hôtel Biron avec les chefs d’oeuvres de Rodin. Ce vis-à-vis entre les oeuvres de Rodin et de
Gormley interroge le rapport de la sculpture au corps.

« Tout a dû être dit sur les relations de l’œuvre de Gormley avec le cubisme et avec l’histoire de l’art en général. Il donne l’impression de suivre le conseil de Cézanne :

« Traitez la nature par le cylindre, la sphère, le cône » où il n’est pas question de cube, alors que le mouvement qui lui a succédé dans la quête d’un nouveau territoire en peinture s’appelle « cubisme ».

Au lieu de persévérer à comparer des artefacts appartenant à la même catégorie, que l’Occident désigne comme art, il semble fructueux de l’approcher sur un registre plus direct et plus sensoriel. Les regardeurs qui n’ont pas été lobotomisés par les diktats de l’histoire de l’art orientent leur jugement vers une projection empathique, surtout lorsqu’il s’agit du corps. »

Résonances des corps (extraits)
Jean-Hubert Martin

Cette exposition offre également un aperçu des méthodes de travail de Gormley
ainsi que de son approche du travail avec ses collaborateurs, comparable à celle
de l’atelier de Rodin avec son mode de production collective. Une série d’études
de Gormley sont présentées près des maquettes de Rodin, tandis qu’un moule
en plâtre trouve sa place aux côtés de l’Étude de robe de chambre de Balzac, mettant en évidence l’utilisation de moules par les deux artistes comme une source constante de renouvellement. Plus de deux cents carnets sont aussi exposés, révélant 40 ans d’idées, d’observations et de dessins.

Lartiste dit à propos de cette exposition :
« La raison pour laquelle Rodin reste
une source essentielle d’inspiration et de renouveau pour la sculpture, c’est la manière dont il l’a libérée en associant des techniques et des matériaux à la fois anciens et modernes de façon extraordinairement prémonitoire. Par ses innovations, le père de la sculpture moderne est allé au bout de la liberté d’expérimenter, il a utilisé les nouvelles techniques de reproduction rendues possible à son époque par le développement industriel. Je considère Critical Mass II comme l’exemple le plus abouti de ma tentative de rendre la vie et sa place au corps dans l’art de la sculpture. »

Lorsque les visiteurs entrent dans l’hôtel, les œuvres de Gormley constellent leur vision périphérique, telles des intrus que l’on entraperçoit dans les encoignures à mesure que le regard glisse de salle en salle, perturbant et interrogeant les œuvres de Rodin dont elles partagent l’espace.

Au rez-de-chaussée, la salle 3 illustre d’emblée ce débat silencieux. La figure courbée de Burst (2022) de Gormley ignore L’Âge d’airain (1875-1877) de Rodin. Genoux pliés, le corps de métal s’accroupit, le torse serré contre ses cuisses, la tête rentrée – le corps se ferme à son environnement, se replie sur lui-même. Avec ses membres toniques et musclés, étendus dans un geste d’éveil, L’Âge d’airain transpire au contraire les notions conventionnelles de beauté et de force masculines

Informations pratiques

MUSÉE RODIN
77, RUE DE VARENNE
75007 PARIS
T. +33 (0)1 44 18 61 10
M° VARENNE
FERMÉ LE LUNDI
OUVERT DE 10H À 18H30
MUSEE-RODIN.FR