Jusqu’au 23 SEPTEMBRE 2019 au MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE DIJON Entrée gratuite pour tous Commissaires de l’exposition FRANCK GAUTHEROT, directeur du Consortium Museum de Dijon DAVID LIOT, directeur des musées de Dijon
Composée d’une trentaine d’oeuvres, cette exposition se déploie dans l’ensemble du musée et met en lumière un peintre contemporain majeur. Tel un journal intime l’exposition explore les vicissitudes de l’artiste face à la brutalité du monde. Elle rend hommage à sa mère et à ses amis récemment disparus. L’Homme qui pleure met en lumière la vision très personnelle d’un homme meurtri par la violence de la vie et qui continue à se battre.
Entre drames intimes et planétaires Dans la première salle, l’oeuvre September 11th 2001 (2011) campe les Twin Towers comme deux personnages en péril. Artiste à genoux (2012) accueille le visiteur. Yan Pei-Ming se recueille, tête baissée, demande le pardon du monde qui s’écroule, le pardon de ses proches.
Dans la seconde salle, les chiens hurlent de toute la puissance de leur mâchoire devant Fukushima, 11 mars 2011 (2011). Face à l’explosion de la centrale, résumée par Yan Pei-Ming au moment d’après, il ne reste que le panache énorme d’une fumée de tous les dangers radioactifs. Dans la troisième salle, les oiseaux noirs tournoient ou se posent autour de portraits de femmes voilées sous les yeux ouverts mais morts de l’Oncle aveugle (2019). Ils interrogent l’enfermement, sociétal ou physique, la liberté d’action et de mouvement.
La dernière salle annonce l’effroi devant le tragique. Le Selfportrait at Four Ages (2006) fabrique un temps en quatre saisons : la jeunesse, l’âge adulte, le gisant mort et la vanité (le crâne) tandis que ses fleurs noires portent les messages des vivants aux morts.
À travers Fabian Stech, portrait d’un ami (11/2015) et Xavier Douroux, portrait d’un ami (2019), Yan Pei-Ming rend hommage à ses amis décédés qui ont tant compté dans sa vie. Fabian Stech (1964-2015), fauché au Bataclan, le 13 novembre 2015 et Xavier Douroux (1956-2017), un des fondateurs et directeurs du Consortium, vaincu par la maladie, à l’aube de la soixantaine. Dans un entretien en 2005, Yan Pei-Ming, apaisé, confirme à Fabian Stech que le thème de la mort traversera toujours son oeuvre et ajoute : Plus j’avance, plus je me sens libre, plus j’ai envie d’exprimer un sentiment général d’humanité » Cette année, au coeur d’un musée rénové des Lumières, le peintre exprime sa liberté, son humanisme et sa générosité. Témoin engagé d’un monde qui vacille, l’Homme qui pleure garde intacte son énergie plastique et sa « folie créatrice ». Lueurs d’espoirs, ses morts le sont assurément.
« L’aquarelle à l’eau des larmes », une salle spécifique Dans l’espace d’exposition temporaire, les Pleurants, suite d’aquarelles d’après les 82 pleurants des cénotaphes des ducs de Bourgogne s’adjoignent une peinture et une autre série d’aquarelles : Ma mère (2018), cinq feuilles d’aquarelles qui réitèrent dans l’encre lavée l’image de sa défunte mère. Dans la même salle une série d’autoportraits et les funérailles du Pape.vidéo
Un peintre contemporain au musée des Beaux-Arts Dans la salle des Tombeaux le triptyque Ma mère – Souffrance • Espoir • Effroi (2018), portraits de la mère de l’artiste au tournant fatal de sa vie, se dévoile avec à ses pieds les cénotaphes des ducs entourés des Pleurants.
Loin des mouvements artistiques des années 80, autour de l’art conceptuel et de l’installation, Yan Pei-Ming défend la peinture avec énergie et, au fil de sa carrière, va revisiter la peinture européenne du XVIIe siècle à nos jours. Il n’hésite pas à l’interpréter par un jeu infini de détournements, une écriture plastique spontanée et un sens de la polysémie
Sans oublier,Game of Power, avec le portrait des dictateurs actuels.
Au sein du parcours permanent La Vocation de saint Matthieu ; Le Martyre de saint Matthieu, d’après Caravage (2015) et L’Exécution, après Goya (2012) confirment ce dialogue entre art contemporain et peinture d’histoire.
Palais des États et des ducs de Bourgogne Place de la Sainte-Chapelle – DIJON dmp@ville-dijon.fr Tél. : (+33) 3 80 74 52 09 / musees.dijon.fr Entrée gratuite pour tous Les horaires d’ouverture de l’exposition sont ceux du musée des Beaux-Arts Ouvert tous les jours sauf le mardi, du 17 mai au 31 mai : de 9h30 à 18h du 1er juin au 23 septembre : de 10h à 18h30 Navette Divia City gratuite depuis l’arrêt Foch Gare SNCF (Boulevard de Sévigné en dessous de la Gare) qui vous dépose à l’arrêt théâtre, juste à côté du musée
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Jusqu’au 30 septembre 2019, le Centre Pompidou-Metz présente une exposition monographique consacrée à Lee Ufan (vidéo)
Ma première rencontre avec les oeuvres de Lee Ufan date de 2004, présentées à la Fondation Fernet Branca, grâce à Jean-Michel Wilmotte, architecte de renommée internationale et grand connaisseur de la culture coréenne, qui a réussi la rénovation et transformation des anciennes usines, en centre d’art contemporain. Dans l’intimité du lieu, elles dégageaient une sérénité contagieuse. A Versailles, c’est « l’Eloge du peu » qui tient toutes ses promesses »
Le parcours a été conçu par l’artiste et le commissaire de l’exposition comme un cheminement d’expérience en expérience, à la manière d’une initiation à un nouveau langage, en dehors des codes et des références traditionnelles de l’art contemporain. À chaque « station » du chemin, une sélection d’œuvres révèle un concept, une façon d’envisager l’art. Certaines salles sont aussi la déclinaison de ce concept à partir d’un matériau en particulier.
Jean-Marie Gallais, commissaire de l’exposition, explique : « Ce n’est pas une rétrospective au sens classique du terme, il s’agit plutôt d’une traversée de l’œuvre dans sa quête de redéfinition de l’art. Nous n’avons pas cherché à montrer « tout » Lee Ufan, ni à suivre un parcours chronologique, mais plutôt à montrer comment l’artiste a élaboré des concepts et des principes. On retrouve dans l’exposition la plupart des typologies d’œuvres et de matériaux déployés par Lee Ufan, mais aussi des moments de transition, des pièces charnières qui dévoilent comment une réflexion mène à une autre. Le lien entre une idée, une pensée et une forme ou une expérience, est particulièrement rendu sensible. Ce choix d’œuvres a été fait en concertation et en dialogue constant avec l’artiste, qui a veillé à un équilibre entre peintures, sculptures et installations, œuvres anciennes et récentes. »
La notion de doute, fondamentale pour Lee Ufan, lui permet d’interroger le principe même de la peinture et de la sculpture, et de dépasser la question de l’ego de l’artiste. Les œuvres présentées au Centre Pompidou-Metz révèlent aussi cet aspect du travail, répondant à la volonté d’atteindre le « non-peint », le « non-sculpté », comme le dit Lee Ufan, afin de créer une relation la plus pure possible entre l’intérieur et l’extérieur de l’œuvre, entre l’énergie et l’immobilité, suggérant différentes façons d’ « habiter le temps. »
Lee Ufan naît en 1936 au sud de la Corée, dans une famille imprégnée d’une morale stricte aux idéaux confucéens. « Lorsque j’essaie de vivre en tant que Coréen, ma vie créatrice s’appauvrit et, si je tente de vivre en tant qu’artiste, je m’éloigne des Coréens » (Lee Ufan, Tension précaire) Face à ce dilemme, il cherchera à trouver un équilibre en prenant à rebours la pratique artistique, afin d’atteindre un langage universel non auto-référencé, un « au-delà » de l’art, une pratique de l’humilité où l’artiste disparaît derrière son œuvre.
Le départ de Lee Ufan pour le Japon, après sa première année à l’université, est une étape importante dans la construction de son identité. Il rejoint son oncle et va y apprendre le japonais et suivre des cours de philosophie contemporaine à partir de 1957. Lee Ufan cherche alors refuge dans la pratique artistique, mêlée à une lecture phénoménologique de l’existence inspirée de ses lectures de philosophes occidentaux, notamment de l’analyse de la perception par Maurice Merleau-Ponty, mais aussi les écrits d’Heidegger ou Foucault.
Traditionnellement, la perception est définie comme l’activité de l’esprit par laquelle un sujet prend conscience d’objets et de propriétés présents dans son environnement, sur le fondement d’informations délivrées par les sens.
La phénoménologie est en effet fondatrice dans la naissance du mouvement Mono-ha au Japon en 1968, dont Lee Ufan est l’un des principaux théoriciens et représentants. Cette « Ecole des choses » sonde les relations qui naissent de la rencontre entre des éléments naturels et industriels, sur lesquels les artistes n’interviennent presque pas, dans des installations éphémères au vocabulaire ascétique. Mono-ha établit des connexions entre l’art et la philosophie, dans un esprit anticonsumériste. On trouve dans le travail de Lee Ufan, jusqu’aux œuvres les plus récentes, ce parti pris d’économiser le geste pour critiquer l’hyper productivité et la saturation des images de la société et du monde de l’art contemporains.
Lee Ufan développe ensuite sa pensée au fil des expositions, faisant évoluer ses gestes d’une série à l’autre, glissant toujours aussi allègrement entre la peinture, la sculpture ou l’installation. L’exposition du Centre Pompidou-Metz dresse un portrait par les œuvres de cet artiste qui s’efforce à travers ses créations, de considérer l’art comme un moyen d’appréhender notre rapport au monde. L’œuvre de Lee Ufan est une invitation à ralentir, à quitter le monde du déferlement des images et de la représentation, pour se recentrer sur la perception. Un chemin de méditation qui peut autant partir d’un détail insignifiant comme de l’infini : « Ce n’est pas l’univers qui est infini, c’est l’infini qui est l’univers. » rappelle l’artiste.
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Jusqu’au 26 août 2019, la Fondation Vuitton présente un ensemble d’œuvres de Gilbert & George, « There Were Two Young Men, April 1971 », (vidéo) une « sculpture-au-fusain-sur-papier » en six volets faisant partie de la Collection de la Fondation. Exposée uniquement en 1971 à la galerie Sperone de Turin, cette œuvre s’inscrit dans une série de 13 corpus d’oeuvres tous différents, créés entre 1970 et 1974 puis dispersés. Cette exposition est une occasion unique de réunir ces œuvres rares de Gilbert & George.
Par sa dimension même, « There Were Two Young Men » implique une relation immersive pour le spectateur. Cette « sculpture » représente deux protagonistes -les artistes- dans un environnement champêtre dont l’hédonisme est teinté de mélancolie. Ils semblent deviser tranquillement, adossés à un arbre, dans l’esprit des représentations néoromantiques de la peinture de paysage britannique. L’intrusion graphique, dans chaque élément de la « sculpture », du titre en majuscules qui assied l’image et d’un texte poétique en majuscules et en minuscules, écrit à la main ajoute une complexité supplémentaire, renvoyant à l’univers de la poésie populaire et des comptines.
Nés en 1943 et en 1942, dans les Dolomites (Italie) et dans le Devon (Angleterre), ils vivent et travaillent à Londres (Royaume-Uni). Dès leur sortie de la Saint Martin’s School of Art où ils se rencontrent en 1967, Gilbert & George se font connaître en s’autoproclamant deux « sculptures vivantes » formant un seul artiste. Ainsi vêtus de costumes ordinaires, le visage impassible et recouvert de poudre multicolore métallisée, ils interprètent dans The Singing Sculptureune chanson des années 1930, Underneath the Arches, renvoyant au monde des déclassés. Les artistes choisissent d’emblée de se démarquer du contexte artistique de l’époque, formaliste et conceptuel, en choisissant le langage figuratif. De la mise en scène du quotidien (marcher, chanter, lire, boire), ils tirent une matière visuelle qu’ils exploitent dès le début des années 1970 dans des assemblages de photographies, d’abord en noir et blanc puis en couleurs. Dès l’origine leurs oeuvres témoignent de la permanence de leur position privilégiant la figuration alors décriée, avec un objectif déclaré d’un Art pour Tous. Permanent également chez Gilbert & George, le choix d’un art qui communique directement et dans un esprit de dialogue avec le spectateur et où l’émotion individuelle, ressentie au plus vrai, atteint à l’universel.
Réalisée après leurs études à la St Martins School of Art de Londres, There Were Two Young Men implique une relation immersive pour le spectateur. Elle est présentée aux côtés d’autres œuvres de Gilbert & George d’inspiration proche comme « Limericks » (1971), également dans la Collection de la Fondation, une sculpture postale en huit parties. S’y ajoutent selon le souhait des artistes «Nature Photo Piece » (1971), composition de photographies en noir et blanc ainsi que deux vidéos sculptures contemporaines.
Commissariat général : Suzanne Pagé Commissaire : Claire Staebler
Architecte en charge de la scénographie : Marco Pal
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Jusqu’au15 mars 2020 au Musée Würth France Erstein
« L’art est la réalité du rêve. » José de Guimarães
Par cette canicule, la visite au musée Würth, climatisé, s’impose, plongé dans l’art brut, dans des couleurs resplendissantes, vous pouvez voyager et vivre un dépaysement total avec José de Guimarães, gratuitement
Né en 1939 sous le nom de José Maria Fernandes Marques, il a passé sa jeunesse dans la petite ville de Guimarães, doté d’un musée d’archéologie et d’un musée d’art sacré, dont il a pris le nom à vingt-deux ans pour enraciner son identité dans un terroir.
La démarche artistique de José de Guimarães, dont la vie et l’œuvre sont rythmés de trois manifestes et de séries enchaînées au fil de son exploration des continents, est indissociable de celle de l’anthropologue. « Nous avons souhaité montrer ce double visage, explique Marie-France Bertrand, directrice du Musée Würth, c’est pourquoi nous présentons à la fois une sélection de ses œuvres – qui appartiennent en grande partie à la collection Würth – et des pièces d’art africain (Angola mais aussi Nigéria, Mali, Bénin…) tirées de son immense collection personnelle – que nous lui avons empruntées. »
Si une belle partie de l’exposition est consacrée aux années d’inspiration africaine de l’artiste, le Musée Würth s’attache à retracer l’ensemble de son parcours, et à montrer les œuvres les plus significatives de ses différentes périodes créatrices – chronologiquement dans les premières salles, de façon à mettre en lumière les étapes fondatrices de son style, puis de façon thématique, sans se limiter aux zones géographiques explorées par José de Guimarães. Cette rétrospective témoigne ainsi de son évolution graphique à travers le temps, de la fragmentation de la forme et de l’élabo ration de l’Alphabet africain jusqu’aux combinaisons les plus émancipées. Elle illustre son profond attachement à la couleur en même temps qu’une fidélité à un aspect naïf et figuratif. Elle atteste aussi la diversité des matériaux et supports utilisés, typique de l’art brut : peinture sur toile ou sur bois, acrylique ou gouache, mais aussi collages de papier (papier qu’il fabrique lui-même), de pigments ou de sable, assemblage d’objets, néons, bronze…
Une œuvre de 7 mètres de long accueille les visiteurs : Bagdag, réalisée en 2003 en référence au scandale d’Abou Ghraib, l’une des cinq pièces d’une série, mais la seule conservée dans la Collection Würth. « José de Guimarães se positionne vraiment avec cette œuvre en réaction à un événement politique, explique Claire Hirner, commissaire de l’exposition, ce qui est assez rare chez lui. Cette œuvre pourrait évoquer Guernica, avec cette immédiateté qu’avait eue aussi Picasso par rapport à l’actualité. »
AU REZ-DE CHAUSSÉE : L’AFRIQUE Le fameux Alphabet africain (1971-1974), témoignant de l’aboutissement de ces années de recherche et de la naissance d’un langage singulier, clôt cette première partie. « C’est l’une des œuvres phare de l’exposition, confie Claire Hirner. Elle est présentée pour la première fois dans son intégralité. Ce sont cent trente-deux petits panneaux de bois peint que l’on présente sans ordre prédéfini. La seule contrainte est que l’ensemble forme un bloc rectangulaire ou carré. Il s’agit d’un alphabet libre. Nous avons vraiment là la notion du morphème si chère à José de Guimarães. »
Suit une grande section intitulée « Totems et fétiches » (1989-2003), rassemblant des œuvres de grand format nées à la suite de la période angolaise et reflets d’une certaine spiritualité. Le serpent y occupe une place particulière – dans tout l’œuvre de l’artiste, d’ailleurs –, aux côtés de rituels, de danses cérémonielles. « On trouve aussi la Femme automobile et Automobile verte et rouge, précise Claire Hirner, que l’artiste considère comme des fétiches de la société de consommation. Et nous avons aussi adjoint deux reliquaires, qui gardent une trace imagée d’un rituel ou d’une cérémonie. » En regard de ces œuvres exposées au rez-de-chaussée sont proposées vingt-six pièces sélectionnées dans l’immense collection personnelle de José de Guimarães : à travers masques, sculptures et objets rituels, différentes ethnies du Congo, de l’Angola, du Mali, du Nigéria et du Gabon sont représentées.
À L’ÉTAGE : UNE FORMIDABLE ODE À LA VIE
Changement de continent à l’étage avec la série des œuvres inspirées par Mexico, élargie aux rituels et aux symboles d’Amérique – cette section présente également laFavela (Brésil) et la Cérémonie du serpent (2014, inspirée des travaux et voyages de l’historien d’art et anthropologue Aby Warburg dans les villages des indiens Hopis). « Nous avons ici, explique la commissaire, des références au dieu de la pluie aztèque, aux traditions mexicaines avec des papiers découpés utilisés pour des rites funéraires mais aussi des baptêmes ou des mariages, la symbolique du crâne. C’est une formidable ode à la vie, même si l’on évoque la mort. »
La dernière salle, notamment avec ses œuvres liées à Hong Kong et aux traditions d’Asie, s’attache à cette notion de « nomadisme transculturel» que José de Guimarães porte en lui, dont il a fait son propre langage créant une synthèse de formes, en absorbant les cultures, en apprivoisant les rites. « Nous terminerons, dans le couloir, avec la série inspirée de la Madone de Darmstadt (2012-2013), conclut Claire Hirner. Cette série, qui reprend des détails du portrait de Holbein le Jeune, nous ramène au lien fort qui unit José de Guimarãesà la Collection Würth. » L’original (1526-1528) est l’un des tableaux les plus chers acquis en Allemagne depuis la seconde guerre mondiale, acheté par Reinhold Würth en 2011 et exposé depuis dans l’église des chevaliers de l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem de Schwäbisch Hall. José de Guimarães s’explique lui-même sur ces œuvres peintes suite à cette acquisition : « J’ai été si impressionné par la Madone que j’ai voulu exprimer cette fascination. J’ai fait une sorte de “démontage” du chef- d’œuvre de Holbein en six œuvres séparées. Ce sont tous des morceaux du tableau originel, traduits dans mon propre univers. »
HORAIRES • Du mardi au samedi de 10h à 17h • Le dimanche de 10h à 18h • Fermé tous les lundis, ainsi que les 25 et 26 décembre, 1er janvier, 1er mai, 14 juillet et 15 août. TARIFS D’ENTRÉE AU MUSÉE • L’ENTRÉE AU MUSÉE EST LIBRE
INFORMATIONS ET RÉSERVATIONS 03 88 64 74 84 / mwfe.info@wurth.fr ADRESSE Musée Würth France Erstein Zi ouest – rue Georges Besse 67150 Erstein PETITE RESTAURATION AU CAFÉ DES ARTS Programme culturelle à consulter sur le site du musée
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Jean-Léon Gérôme (1824-1904) Etude d’après un modèle féminin pour « A vendre, esclaves au Caire » Vers 1872
Au Musée d’Orsay jusqu’au 21 juillet 2019
L’exposition présente un peu plus de 300 oeuvres dont 73 peintures, 81 photos, 17 sculptures, 60 oeuvres arts graphiques, 70 documents (livres, revues, affiches, documents, lettres…) et 1 photographie d’artiste projetée sur cimaise, avec incrustations de feuilles d’or.
De la Révolution française à l’abolition de l’esclavage en 1848, de la révolte des esclaves de Saint-Domingue en 1791 à l’apparition de la négritude dans les années 1930, ce presque siècle et demi est le témoin privilégié des tensions, luttes et débats qu’occasionne la naissance de la modernité démocratique, et dont le monde des images s’est chargé, et nourri. Lentement il voit s’affirmer, en dépit de toutes sortes de réticences et d’obstacles, une iconographie, et même une identité noires.
Portée par trois moments forts – le temps de l’abolition de l’esclavage (1794-1848), le temps de la Nouvelle peinture (Manet, Bazille, Degas, Cézanne) et le temps des premières avant-gardes du XXe siècle – cette exposition propose un nouveau regard sur un sujet trop longtemps négligé : la contribution importante de personnes et de personnalités noires à l’histoire des arts. Répartie en 12 sections.
Le choix d’un titre au singulier, malgré la diversité des représentations, cherche à souligner les différentes significations du terme « modèle« , qui peut aussi bien se comprendre comme « modèle d’artiste » que comme figure exemplaire. Femmes et hommes dits de couleur, ils sont nombreux à avoir croisé la trajectoire des artistes et à avoir tissé des relations avec eux. Qui sont-ils, ces grands oubliés du récit de la modernité ? Autant de personnes auxquelles les commissaires ont tenté de redonner un nom, une histoire, et une visibilité.
Du stéréotype à l’individu, de la méconnaissance à la reconnaissance, cette exposition essaie de retracer ce long processus, et tente de mettre en lumière l’un des plus grands non-vus et non-dits de l’histoire de l’art, révélant à nouveau cette discipline comme miroir des idées et des sensibilités, et affirmant ainsi les liens de continuité profonds qui unissent le XIXe siècle au XXe siècle, jusqu’à notre époque.
Nouveaux regards
Plus de cinquante ans séparent la première abolition de l’esclavage dans les colonies françaises de la seconde, proclamée en avril 1848 par la Deuxième République naissante.
Le 4 février 1794, un premier décret d’abolition, doublement révolutionnaire, accorde aux affranchis sans distinction de couleur la pleine citoyenneté française. Pour la France de l’an II, il s’agit d’acter la révolte victorieuse des esclaves de l’île de Saint-Domingue en 1791, menés par Toussaint Louverture, et de rallier à la République l’île menacée par les flottes étrangères.
Dès 1802 cependant, Napoléon Ier rétablit l’esclavage. Mais les troupes qu’il envoie à Saint-Domingue se heurtent à une résistance tenace : le 1er janvier 1804, l’île indépendante devient la République d’Haïti, « première nation noire » dira Aimé Césaire.
Le point de rupture historique que constitue la Révolution française permet ainsi l’émergence de portraits d’individus noirs émancipés, parmi lesquels les célèbres Jean-Baptiste Belley par Anne-Louis Girodet et Madeleine par Marie-Guillemine Benoist. Si ces oeuvres occupent l’espace artistique créé par la révolution politique et sociale contemporaine, elles témoignent néanmoins des ambiguïtés propres à leur temps : ainsi le livret du Salon de 1800 qui accompagne le Portrait de Madeleine ne dévoile-t-il ni l’état domestique, ni le prénom du modèle, ni clairement les intentions de l’artiste, qui font encore débat aujourd’hui.
Géricault et la présence noire
Théodore Géricault (1791-1824) est adolescent lorsque Napoléon Ier, qui souhaite reconstruire un puissant empire français aux Amériques, fait rétablir l’esclavage dans les Caraïbes. La législation particulièrement restrictive qui accompagne ce rétablissement (interdiction des mariages interraciaux, interdiction d’accès à la métropole pour les Noirs des colonies…) explique le regain du mouvement abolitionniste, auquel participe Géricault. Ce dernier met sa fougue romantique au service de cette cause, multipliant les représentations énergiques ou doloristes des Noirs.
Sa correspondance ne dit rien des femmes et hommes de couleur qu’il fit poser, mais nous savons qu’il eut recours au célèbre modèle Joseph, originaire d’Haïti, aussi représenté par Théodore Chassériau. Pour son oeuvre iconique, Le Radeau de la Méduse, Joseph incarne le marin torse nu, agitant au sommet du tonneau le foulard du dernier espoir collectif.
Le tableau, qui relate la funeste expédition coloniale de la frégate La Méduse à l’été 1816, au large des côtes de l’actuelle Mauritanie, a connu plusieurs étapes. Si la première esquisse frappe par l’absence de tout Noir, la composition finale en compte trois, soit deux de plus que ce que l’Histoire nous rapporte. En multipliant les figures noires dans son tableau, Géricault résume ainsi son combat fraternitaire, et dote la cause abolitionniste d’un symbole décisif.
L’art contre l’esclavage
Le 29 mars 1815, Napoléon Ier abolit la traite négrière, décision qui sera confirmée par Louis XVIII, quelques années plus tard. Malgré la pression accrue des abolitionnistes, le système esclavagiste, lui, perdure ; les gouvernements successifs de la Restauration et de la monarchie de Juillet se contentant de le réformer.
Du côté des peintres, le ton se durcit. La Traite des noirs de François-Auguste Biard fait sensation au Salon de 1835. D’autres osent dénoncer ce qu’endurent les victimes d’un système inhumain. C’est le cas de Marcel Verdier, élève d’Ingres, qui, en 1843, se voit refuser au Salon son Châtiment des quatre piquets.
Il faut attendre le 27 avril 1848 pour que la Deuxième République naissante abolisse l’esclavage dans les colonies françaises. Biard est chargé de célébrer cette mesure symbolique : Noirs et Blancs sont rassemblés dans un tableau où la liesse des affranchis, les chaînes brisées et le drapeau tricolore célèbrent avec emphase l’unité fraternelle du nouvel ordre républicain. L’immense toile de Biard fait ainsi écho aux thèses antiesclavagistes de Victor Schoelcher. C’est aussi à partir du Salon de 1848 que le sculpteur Charles Cordier inventorie la famille humaine dans son unité et sa singulière diversité.
Métissages littéraires Le métissage, thème central du Romantisme français, s’incarne dans deux figures clés de l’époque : Alexandre Dumas et Jeanne Duval. L’auteur du Comte de Monte-Cristo, petit-fils de Marie-Césette Dumas, esclave affranchie de Saint-Domingue, est l’objet de très nombreuses caricatures plus ou moins bienveillantes sur ses origines. Le romancier lui-même aborde franchement le thème de l’esclavage dans Le Capitaine Pamphile (1839).
Probablement née en Haïti vers 1827, l’actrice Jeanne Duval devient, à 15 ans, la maîtresse et la muse de Baudelaire. Figure idéale de la dualité des êtres et des amours, elle traverse l’oeuvre dessinée du poète, et s’est glissée très tôt parmi les poèmes exotiques des Fleurs du mal, les préférés probablement de Manet, et certainement de Matisse.
Le photographe Nadar rapprochera, après 1850, les mondes de Dumas et Baudelaire. S’il n’a pas photographié Jeanne Duval, il l’a décrite, de même que Théodore de Banville qui évoque, dans ses Souvenirs, « une fille de couleur, d’une très haute taille, qui portait bien sa brune tête ingénue et superbe, couronnée d’une chevelure violemment crespelée, et dont la démarche de reine, pleine d’une grâce farouche, avait quelque chose a` la fois de divin et de bestial ».
Dans l’atelier C’est au sein de la petite population noire installée en France au XIXe siècle que les artistes ont vraisemblablement recruté des modèles qui pouvaient poser occasionnellement pour eux. Les études d’atelier constituent des témoignages incomparables de la présence des Noirs à Paris, dont l’activité est alors essentiellement concentrée dans les secteurs de la domesticité et de l’artisanat. Faute de recensement, les chercheurs ne disposent que de quelques sources permettant d’associer un prénom ou un surnom à un visage. Rares sont les moyens permettant de rendre leur identité aux différents modèles qui posaient pour les artistes. De précieuses archives provenant de l’Ecole des beaux-arts révèlent pour certains d’entre eux leur âge, leur adresse, et parfois leur pays d’origine. Les études peintes montrant ces femmes et ces hommes dans des ateliers d’artistes, à la manière de portraits intimistes et individualisés, contrastent avec les tableaux de Salon dans lesquels perdure l’ambivalence des stéréotypes associés aux personnages noirs. Si ces représentations sont autant de traces des relations qui pouvaient exister entre des artistes et des modèles, elles témoignent également de recherches plastiques qui contribuent à l’élaboration d’un nouvel univers esthétique.
Autour d’Olympia A l’exception de quelques caricatures violentes, la figure de la servante noire est passée relativement inaperçue dans le scandale provoqué par la présentation d’Olympia de Manet au Salon de 1865, les critiques se concentrant essentiellement sur le sujet du tableau, jugé vulgaire, et sur l’absence d’idéalisation du nu féminin.
Cette « invisibilité » de la femme noire révèle la part conventionnelle de la représentation (attitude déférente, bouquet de fleurs à la main) qui s’inscrit également dans une longue tradition orientaliste, laquelle joue sur les contrastes et la tension érotique provoquée par les rapprochements des corps noirs et des corps blancs. Cependant, Manet effectue un déplacement radical en choisissant de représenter non pas une scène de toilette fantasmée dans un ailleurs exotique mais une scène de prostitution dans le Paris contemporain. La présence d’une domestique noire – qui renvoie à un imaginaire aristocratique et colonial – peut être lue comme un indicateur du statut social élevé de la courtisane et vient renforcer le pouvoir subversif du tableau.
Admirateur de Manet, Bazille opère un singulier mélange entre le Paris moderne et un Orient lointain dans La Toilette qui est refusée au Salon de 1870. Dans sa Moderne Olympia qu’il présente à la première exposition impressionniste, Cézanne montre quant à lui l’envers du décor du tableau de Manet en introduisant la présence du client et en donnant un rôle actif et théâtral à la servante.
En scène
La présence de personnalités noires dans les milieux du spectacle et du cirque est notable dès le début du XIXe siècle. Parmi eux, on compte un certain nombre d’artistes originaires des Etats-Unis ou de la Caraïbe. C’est ainsi que Joseph, natif de Saint-Domingue a été repéré par Géricault au sein d’une troupe d’acrobates à Paris, ou que la musicienne havanaise Maria Martinez, le comédien shakespearien Ira Aldridge et le pianiste virtuose Blind Tom, tous deux américains, ont cherché en France et ailleurs en Europe la possibilité de faire carrière.
Cet attrait exercé par la scène parisienne pour les Noirs nés de l’autre côté de l’Atlantique est vif à la fin du XIXe siècle, notamment dans le domaine du cirque. Des affiches et des articles de presse témoignent de la célébrité des Américains Delmonico, intrépide dompteur de fauves, et Miss La La, acrobate aérienne dont la puissance extraordinaire des exercices de force inspire à Degas un tableau au cadrage non moins stupéfiant. C’est un registre autre que celui de la performance physique sensationnelle qu’explore le clown Rafael, originaire de La Havane. Sous le surnom de Chocolat, il joue le rôle de l’auguste aux côtés de Footit, clown blanc et tyrannique. Le duo inspire plusieurs oeuvres à Toulouse-Lautrec, mais aussi des publicités, des jouets, des marionnettes… Il est filmé par les frères Lumière en vue de l’Exposition Universelle de 1900.
La « Force noire »
La Première Guerre mondiale mobilise de nombreux soldats noirs. Dès l’automne 1914, les tirailleurs sénégalais, corps d’armée issu des troupes coloniales, prennent part au conflit. Après une période d’adaptation, ils participent à la plupart des grandes offensives, dont la bataille de Verdun et celle du Chemin des Dames.
A l’inverse de l’Allemagne qui les figure en combattants cannibales employés de façon déloyale par l’ennemi, la France s’éloigne de l’iconographie coloniale du Sauvage et s’efforce d’en diffuser une image de soldat loyal et courageux, qui donne lieu au célèbre personnage rieur des publicités Banania, dénoncé dans les années 1930 par les militants de la Négritude.
A partir de l’entrée en guerre des Etats-Unis en 1917, des contingents de soldats noirs-américains rejoignent les tranchées apportant avec eux une musique nouvelle, le jazz. En 1918, le fameux orchestre du régiment des « Harlem Hellfighters » dirigé par James Reese Europe électrise les foules. Cette présence nouvelle d’une communauté noire transforme le Paris des années 1920, perçu comme un refuge cosmopolite pour ceux qui fuient la ségrégation raciale. Le monde du spectacle est revivifié par des artistes venant des Etats-Unis ou des Antilles – la danseuse Joséphine Baker étant la plus célèbre. Plusieurs lieux, films ou revues célèbrent les performances des artistes noirs.
Voix et contre-voix de l’Empire colonial
Alors que la conquête coloniale est célébrée à travers les expositions universelles et les décors de villages indigènes reconstitués, le rapport au « modèle noir » se transforme pourtant sensiblement au tournant du siècle. Un imaginaire de l’ailleurs se constitue à partir notamment du premier voyage de Gauguin en Martinique (1887) et des forêts tropicales oniriques du Douanier Rousseau. Ces visions idylliques d’un paradis perdu, associées à la découverte par Derain, Picasso et Matisse de la statuaire africaine, dès les années 1906/07, donnent lieu à une stylisation nouvelle qui remet en cause le simple rapport mimétique au modèle.
Picasso remplace le visage d’une des cinq figures de ses Demoiselles d’Avignon par un masque Baoulé quand Matisse peint un Nu bleu radical. Cette altérité plastique acquiert, avec la génération suivante, une dimension politique. Le mouvement dada et surréaliste érige en modèle anti-occidental et anti-bourgeois un fantasme de l’Afrique, celui que livre la pièce loufoque et poétique de Raymond Roussel, Impressions d’Afrique ou qui se joue à travers des performances comme le combat entre Arthur Cravan et le champion de boxe noir américain, Jack Johnson.
La Négritude à Paris Le Paris des années 1920 connaît une véritable vogue pour le jazz et les artistes noirs, dont les corps érotisés figurent dans nombre d’oeuvres Art Déco. Des égéries fugaces de la bohème parisienne – Aïcha Goblet ou Adrienne Fidelin – sont portraiturées. En 1919, la première Conférence panafricaine y est organisée par l’un des acteurs majeurs de la Harlem Renaissance, W.E.B. du Bois, posant les premiers jalons d’une revendication d’autodétermination des Noirs. A partir des années 30, en pleine hégémonie coloniale et montée des périls fascistes, l’affirmation à Paris de la négritude est portée par la création en 1931 de la Revue du Monde noir et par les poètes Léon Gontran Damas, Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor qui fondent en 1935 la revue L’Etudiant noir. Michel Leiris et la revue Document de Bataille revendiquent, quant à eux, une approche ethnographique et sociologique des objets africains ; les surréalistes s’associent au Parti communiste pour organiser une contre-exposition face à la gigantesque Exposition coloniale de 1931. Lors de sa traversée de l’Atlantique qui le mènera à New York, fuyant le régime de Vichy en 1941, André Breton, accompagné des peintres Wifredo Lam et André Masson, découvre, fasciné, à Fort-de-France, le poème de Césaire, Cahier d’un retour au pays natal ; il écrit avec Masson un double hommage syncrétique, à la Martinique et au Douanier Rousseau : Martinique, la charmeuse de serpents (1948).
Matisse à Harlem Matisse entreprend en 1930 un long voyage à destination de Tahiti, en passant par les États-Unis. Il découvre pour la première fois New York, il est fasciné par les gratte-ciels, la lumière et les « musicals » de Harlem. Il découvre le quartier noir en pleine « Renaissance » alors que des intellectuels tels que Du Bois ou Alain Locke, des musiciens comme Louis Amstrong ou Billie Holiday, des photographes comme James Van Der Zee, défendent une culture noire moderne et urbaine. Nourri de jazz grâce aux disques que son fils, Pierre, galeriste newyorkais, lui rapporte, Matisse fréquente les clubs de Harlem, notamment le célèbre Connie’s Inn. Il rentre en France habité par la rythmique du jazz mêlée aux sensations colorées et végétales de Tahiti. Cette expérience forme le creuset de ses dernières oeuvres. Il travaille alors, à partir de plusieurs modèles métisses : Elvire Van Hyfte, belgo-congolaise, qui personnifie l’Asie dans un très beau tableau de 1946, Carmen Lahens, haïtienne, qui pose pour les dessins des Fleurs du mal de Baudelaire, évocation lointaine de la maîtresse du poète, Jeanne Duval ; ou encore Katherine Dunham, la fondatrice des Ballets caraïbes à la fin des années 1940 et qui inspire au peintre un de ses derniers grands papiers découpés, Danseuse créole (1951). Autant de figures concises et graphiques – le dessin de Matisse s’apparentant à la ligne mélodique improvisée du jazz.
« J’aime Olympia en noire » Olympia de Manet par sa complexité et sa puissance formelle est un jalon de l’art moderne, inspirant et déconstruit à l’envi – depuis les relectures de Cézanne ou la copie de Gauguin dès 1891, en passant par les Odalisques de Matisse, jusqu’aux multiples réinterprétations de la Harlem Renaissance, du pop art et d’aujourd’hui. La coprésence de la figure blanche et de la figure noire est au centre des relectures du tableau. Les jeux formels de la dualité chromatique, du contraste entre la position couchée et la position debout interrogent les identités raciales, sociales et sexuelles des deux femmes, les rapports entre Occident et Afrique, et forgent de véritables dispositifs plastiques pour les artistes futurs.
Musée d’Orsay 1, rue de la Légion d’Honneur, 75007 Paris Téléphone : 01 40 49 48 14 www.musee-orsay.fr Transports Bus : 24, 63, 68, 69, 73,83, 84, 94 Métro : ligne 12, station Solférino RER : ligne C, station Musée d’Orsay Jours et heures d’ouverture Mardi, mercredi, vendredi, samedi et dimanche de 9h30 à 18h Jeudi de 9h30 à 21h45 Lundi : jour de fermeture
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Cinq portraits (Stockholm, Thielska Galleriet), une toile monumentale qu’il considère comme son oeuvre maîtresse
Jusqu’au 22 juillet 2019au Musée Jacquemart-André et Culturespacesorganisent une exposition consacrée au grand maître de la peinture danoise, Vilhelm Hammershøi (1864-1916). Pour la première fois depuis 20 ans, des œuvres mystérieuses et poétiques du peintre sont réunies à Paris.
“Rendre une visite à l’artiste chez lui, c’est comme pénétrer à l’intérieur de l’un de ses tableaux”, rapporte un article de 1911 à propos de Vilhelm Hammershøi (1864 – 1916). Le peintre a en effet choisi comme sujet de la plupart de ses oeuvres son environnement quotidien et les membres de son cercle intime. De tempérament taciturne, il représente dans ses toiles un monde à son image, baigné d’un étrange silence. Hammershøi joue avec ses intérieurs pour les dépouiller et refuse toute interaction avec son modèle que le spectateur surprend dans une infinie rêverie solitaire. C’est à la découverte de cet univers mystérieux que vous invite l’exposition, en illustrant ces liens de l’artiste avec sa famille et ses amis, artistes eux aussi, elle éclaire l’oeuvre de Hammershøi d’un jour nouveau. Hammershøi fascine par ses peintures représentant, dans des gammes de gris et de blanc, des intérieurs vides et subtils où figure parfois la silhouette d’une femme de dos.
Les tableaux exposés, évoquent l’ensemble de l’oeuvre de Hammershøi et son atmosphère profonde et mystérieuse. Hammershøi a passé sa vie entière dans un cercle restreint qu’il n’a eu de cesse de représenter : ses modèles sont sa mère, sa soeur, son frère, son beau-frère et quelques amis proches. Ses oeuvres représentent également Ida, son épouse, que l’on retrouve dans nombre des intérieurs qui l’ont rendu célèbre.
En 1890, Hammershøi fait le portrait de sa fiancée Ida, soeur de son ami Peter Ilsted La jeune femme semble absente, comme si l’artiste refusait d’attribuer toute psychologie à son modèle. L’apparente simplicité de ce portrait, qui se découpe sur un fond neutre, dénote une radicalité qui tranche avec le goût de l’époque pour les compositions détaillées.
SECTION 1. HAMMERSHØI ET LES SIENS
En 1895, Hammershøi représente son épouse Ida entourée de ses deux belles-soeurs, à gauche Ingeborg Ilsted, femme de Peter Ilsted, et à droite Anna Hammershøi. Ces Trois jeunes femmes (Ribe Kunstmuseum) ne sont réunies les unes aux autres que par la position de leurs genoux, comme si elles formaient un motif décoratif sans autre forme d’interaction. Bien que représentées dans le même espace, elles semblent isolées, chacune absorbée dans ses pensées, vivant sa propre existence dans un monde de silence.
SECTION 2. PREMIERS INTÉRIEURS, UNE EMPREINTE PERSONNELLE
La précoce vocation artistique de Vilhelm Hammershøi a été encouragée par sa mère, Frederikke, qui, jusqu’à sa mort en 1914, a conservé toutes les coupures de presse le concernant.
Elle tient une place importante dans la vie de son fils qui, très jeune, réalise deux portraits d’elle. Peint en 1886, le premier (collection particulière) reprend la composition du célèbre portrait de la mère de James McNeill Whistler conservé au musée d’Orsay, preuve tangible de l’admiration que Hammershøi portera toute sa vie à l’artiste américain. Trois ans plus tard, il représente sa mère de trois-quarts sur un canapé, en train de tricoter (Stockholm, Nationalmuseum).
SECTION 3. ENTRE RÊVE ET RÉALITÉ, LE PAYSAGE
Lors de la première moitié du XIXe siècle, les peintres de l’âge d’or danois ont particulièrement excellé dans l’art du paysage. Hammershøi s’inscrit dans cette tradition, tout en lui donnant un sens et une atmosphère bien différents. Le paysage qu’il peint à seize ans où s’étire en diagonale une file d’arbres dans la campagne (Ambassador John L. Loeb Jr. Danish Art Collection), est dans la lignée de ses illustres prédécesseurs, mais les tableaux suivants ne présenteront pas la même connexion avec la nature. L’artiste y introduit une nette distanciation, les transformant en paysages intérieurs.
SECTION 4. PAYSAGES CITADINS, LE TEMPS SUSPENDU
Dans ses tableaux représentant des architectures, Hammershøi procède avec la même radicalité. Il dissout les détails dans une sorte de brume, comme le montre la comparaison inédite de deux vues de l’église Saint-Pierre de Copenhague, l’un des plus anciens monuments du centre de la ville. Hammershøi n’y représente ni les maisons adjacentes de ce quartier très peuplé, ni la moindre figure humaine dans la rue. Seule l’église occupe la scène, avec son clocher et un arbre aux branches dénudées.
SECTION 5. UN NOUVEAU REGARD SUR LE NU
Le thème du nu, marginal dans la production de Hammershøi, constitue sans doute la facette la moins connue de son œuvre. Comme les autres thèmes abordés par l’artiste, il s’inscrit dans la tradition des peintres de l’âge d’or danois. Comme il en a l’habitude, Hammershøi détourne les modèles anciens pour projeter sur la toile une vision toute personnelle du sujet, dans une palette restreinte dominée par des tons de gris.
SECTION 6. L’ART DE L’ÉPURE
Les appartements que Hammershøi va successivement occuper avec son épouse Ida, et plus particulièrement celui situé au 30, Strandgade où ils vivent de 1898 à 1909, sont pour l’artiste une source inépuisable d’inspiration.
C’est en effet dans ses pièces qu’il a peint l’extraordinaire série d’intérieurs qui a fait sa célébrité. Les demeures des familles danoises aisées sont alors richement meublées et décorées, comme on peut le voir sur les photographies d’époque. Le goût de Vilhelm et Ida Hammershøi est plus sobre : leur mobilier est disposé avec parcimonie et ils choisissent avec attention les tableaux, objets et livres qui viennent agrémenter leur logement. L’appartement de Hammershøi est pour lui plus qu’un cadre de vie, c’est un véritable atelier.
Les pièces qu’il habite deviennent tout à la fois le cadre et le sujet de nombreuses compositions où les lignes jouent un rôle fondamental, comme la lumière.
SECTION 7. SILHOUETTES DU QUOTIDIEN, ATMOSPHÈRES ÉTRANGES
Parmi les jeunes artistes de l’avant-garde danoise, c’est Carl Holsøe qui, le premier, expose publiquement un intérieur, faisant connaître ce genre dans lequel son ami Vilhelm Hammershøi va rapidement s’imposer. Alors que les œuvres de Holsøe distillent une certaine idée du bonheur domestique (ARoS Aarhus Kunstmuseum), il émane des intérieurs de Hammershøi, pourtant habités par des silhouettes familières, une certaine étrangeté.
Y figure presque exclusivement la femme de l’artiste, que l’on aperçoit le plus souvent de dos, comme dans l’Intérieur avec une femme debout.
SECTION 8. POÉSIE DU VIDE ET DE LA LUMIÈRE
Hammershøi peint La Porte blanche, son premier intérieur vide en 1888 dans l’appartement de son ami Karl Madsen.
Le contraste avec la pièce plongée dans l’obscurité est plus tranché que dans les compositions plus tardives où les jeux de lumière gagneront en subtilité et en minutie.
Hammershøi réalise ses tableaux lentement, par petites touches, ce qui lui permet de transcrire sur sa toile les infimes variations de la lumière. Qu’il s’intéresse à son éclat sur des surfaces mates, comme une nappe ou une porte (Intérieur, Strandgade 30, Paris, musée d’Orsay), ou à ses reflets à travers une fenêtre, il s’attache à en décrire toutes les vibrations.
COMMISSARIAT Jean-Loup Champion est historien de l’art et commissaire d’expositions SCÉNOGRAPHIE Hubert le Gall, designer français
Le Musée Jacquemart-André est ouvert tous les jours y compris les jours fériés de 10h à 18h. Nocturnes les lundis jusqu’à 20h30 en période d’exposition. Dernière admission 30 minutes avant la fermeture du musée.
Le Musée se situe à quelques pas des Champs-Elysées et des grands magasins. En métro : Lignes 9 et 13, stations Saint-Augustin, Miromesnil ou Saint-Philippe du Roule En RER : Ligne A, station Charles de Gaulle-Étoile En bus : Lignes 22, 43, 52, 54, 28, 80, 83, 84, 93
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La Fondation Fernet-Branca invite cet été l’artiste Gregory Forstner, tout juste rentré en France après avoir vécu et travaillé dix années à Brooklyn, New York. Exposition jusqu’au 29 septembre 2019.
Une exposition « qui a du chien », dit un de mes amis artiste. Sommes-nous dans l’univers de George Orwell ? par moment on peut le penser. En tous cas c’est l’émerveillement devant les dessins au fusain et l’explosion des couleurs expressionnistes de l’univers de Gregory Forstner. C’est l’histoire de l’art revisité. Jérome Bosch, Otto Dix, James Ensor se mêlent dans une sarabande cauchemardesque, où l’ironie le dispute à la cruauté. Les tableaux de Gregory Forstner puisent dans la culture populaire ainsi que dans sa mythologie personnelle. Ses grandes toiles nous toisent et nous transforment en voyeur (regardeur).
Ses compositions frappent d’emblée par leur impact visuel. Son univers, où le rire n’est jamais très loin de l’effroi, où se croisent références aux grands maîtres du passé et emprunts à des illustrations en tous genres, dépeint une humanité grotesque, inquiète et cruelle. Pour ce faire, l’artiste use des subterfuges du masque, du déguisement, de la transposition, et les scènes les plus effrayantes prennent souvent des allures de fêtes, de massacres, des apparences de kermesses ou de carnavals. Peintes à larges coups de brosse, avec une fougue qui confine quelquefois à une sorte de rage destructrice, ces images n’en demeurent pas moins de « beaux morceaux de peinture ». Et c’est en définitive la maîtrise picturale qui impressionne le plus ici, tant par ses fulgurances chromatiques, que par une implacable puissance de la touche.
Tous ces personnages composent une sorte d’encyclopédie, un catalogue de figures ambivalentes dont Gregory Forstner en a fait son bestiaire personnel. Le zoomorphisme est très présent, qui attribue aux hommes des faciès de chiens ou de porcs. Parmi une cinquantaine d’oeuvres réunies, peintures, estampes et dessins, la Fondation Fernet-Branca présente des pièces inédites issues de collections privées et publiques, jamais montrées ensemble auparavant et permettant de souligner les préoccupations conceptuelles et esthétiques de l’oeuvre de Gregory Forstner. Le travail de Gregory Forstner se fait tout d’abord remarquer par ses figures de bouffons inspirées de gravures flamandes du XVIIe siècle et les contes d’enfants que l’artiste met en lumière sous un jour nouveau. Dans ses premiers tableaux, il reconsidère les personnages secondaires de peintures iconiques en mettant l’accent sur leurs singularités. Le style est pictural, rétinal. Les personnages affichent ambivalence et ambiguïté. Le bouffon, devenu figure de l’artiste, est le seul à oser dire la vérité aux rois. Entre 2000 et 2006, parallèlement aux bouffons, Gregory Forstner emprunte des figures emblématiques de la peinture qu’il recadre et à qui il donne de nouveaux rôles, tels que par exemple Le Gentleman d’après Otto Dix, ou bien Le Cosaque d’après Ilia Répine.
À partir de 2006, Gregory Forstner compose des mises en scène autour de tables de billard ou de poker, dont les protagonistes sont des figures animalières, personnages comiques de chiens et de bêtes inspirés des illustrateurs américains Arthur Sarnoff et Cassius Marcellus Coolidge, illustrant une grande variété de postures et de situations humaines et faisant référence aux caricatures journalistiques. Certaines de ses figures sont habillées en uniformes de soldats de la Wehrmacht et de SS, référence à son histoire familiale. Gregory Forstner (né en 1975) se définit ainsi : « je suis Autrichien, Français, Espagnol et né au Cameroun de grands-parents nazis d’un côté, et de l’autre, d’un grand-père qui a participé à la Résistance. » On ne sort pas indemne d’une telle ascendance (qui, par sa mère, remonte à Xavier de Maistre).
À partir de 2008, Gregory Forstner commence à s’inspirer de son environnement à Bed-Stuy, Brooklyn, New York : son oeuvre se nourrit d’images populaires « pulp » comme d’illustrations du XIXe siècle sur l’épopée américaine et la mythologie qui l’accompagne. Il s’intéresse aux Minstrels shows et donc à la figure Noire représentée par les Blancs, et fait cohabiter ces nouvelles figures aux caricatures animalières et au principe conceptuel du monde à l’envers. Certains titres de tableaux font directement référence à la fable La Ferme des animaux de George Orwell.
On ne sera pas étonné de lire que ce beau gosse aux talents multiples, a été repéré à l’âge de onze ans par Luc Besson pour jouer le rôle d’Enzo Molinari (aka Enzo Maiorca), dans Le Grand Bleu. … En Autriche, à Vienne sur les traces de ses origines paternelles, il travaille comme modèle vivant pour plusieurs écoles d’art, où il se fait remarquer par Christian Ludwig Attersee qui l’invite à travailler dans son atelier à l’Académie des Arts Appliqués (Hochschule für Angewandte Kunst). L’année suivante, il fait sa rentrée à la Villa Arson, l’école supérieure d’art de à Nice, où il rencontre Noël Dolla . En 2014, Gregory Forstner est invité à présenter son travail au Collège de France lors du colloque La Fabrique de la Peinture
« L’art est compensatoire. La peinture ne cherche pas à dire quelque chose. Il s’agit d’un moment. Il faut se pincer pour y croire ! Sans déconner, la peinture c’est rien d’autre que de se pincer pour y croire. Il y a l’Histoire et la petite histoire, mais en vérité, il s’agit toujours d’une sensation qui se dérobe pour se renouveler ailleurs et autrement. On se cache derrière les images des autres pour apparaître plus grand. Le reste c’est de la conversation » Gregory Forstner
Fondation Fernet-Branca 2, rue du Ballon 68300 Saint-Louis Horaires d’ouverture : du mercredi au dimanche de 13h à 18h
depuis l’incendie de la Pentecôte, Internet fonctionne très mal, et j’ai beaucoup de difficultés pour écrire, modifier et publier
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Un Paon et un Hippopotame se lancent dans un Débat Existentiel, une exposition monographique de Basim Magdy. Jusqu’au 25 août 2019, à La Kunsthalle de Mulhouse commissaire : Sandrine Wymann
Le sujet du bac philo 2019 À quoi bon expliquer une œuvre d’art ?
A point nommé … En un premier temps, je vais tenter de comprendre moi-même, à travers le texte de Sandrine Wymann
Un Paon et un Hippopotame se lancent dans un Débat Existentiel rassemble un ensemble de pièces inédites, des peintures, des photographies et des films. Les oeuvres colorées de Basim Magdy impriment nos rétines durablement et nous forcent à considérer le monde tel qu’il nous entoure. L’artiste aborde des questions philosophiques majeures avec humour et dérision.
Attiré par les sciences, l’inexplicable, l’impressionnant, Basim Magdy reconnait par ailleurs un attrait pour la beauté des mots, la musicalité d’un son ou l’harmonie d’une gamme colorée. Artiste d’origine égyptienne, il a gardé de ses ancêtres le goût des grands projets. Que ce soit en peinture, en photographie ou en images filmées, Basim Magdy compose à partir de prélèvements du monde qu’il observe. Il extrait des images, il les façonne, les détourne comme un scientifique tente des expériences à partir du réel pour obtenir une réalité secondaire. Il obtient alors une nouvelle matière avec laquelle il questionne l’existentiel ou raconte une histoire plus personnelle.
D’entrée l’on est frappé, par la peinture, chose plus qu’inhabituelle à la Kunsthalle, avec ses murs impersonnels. La peinture est majeure dans l’oeuvre de Basim Magdy. Qu’elle couvre les murs ou soit oeuvre en soi, elle est une matière suffisamment malléable pour se prêter aux expériences physiques qu’il mène. Elle est d’abord couleur. La gamme colorée de Basim Magdy est vaste et riche de fondus ou de juxtapositions. Il confronte largement les tons, les rapproche pour les révéler et les mettre en dialogue avec ses motifs narratifs.
La peinture est aussi repère. Basim Magdy introduit dans ses images, qu’elles soient fixes ou animées, un principe de calques qui sont autant d’étapes de sa recherche ou du développement de sa pensée. En construisant ses peintures par des jeux de lignes et de repères, il invite les spectateurs non pas à suivre le même processus mais à s’emparer des interstices et y introduire leurs propres superpositions. La peinture enfin est figuration. Les oeuvres peintes de Basim Magdy ont une valeur narrative. Elles s’inscrivent dans un univers proche de la science-fiction, l’homme y est souvent représenté dans une posture de choix face à son futur. Il est en prise avec des espaces étranges, des installations démesurées ou des situations incontrôlables qui relèvent à la fois de l’imaginaire et du défi
L’exposition de Basim Magdy à La Kunsthalle Mulhouse prend place entre deux films : 13 Règles Essentielles pour Comprendre le Monde et New Acid. Entre les deux, l’artiste installe son monde qui ne ressemble à aucun autre, dans lequel il brouille volontiers les références et développe ses propres interrogations. Tour à tour collectionneur, raconteur d’histoires et de fictions, chercheur, manipulateur, chimiste, philosophe, Basim Magdy accumule quantité de matières visuelles, d’objets et d’appareils en tous genres. Il n’est pas un artiste reclus, plutôt un voyageur, un observateur infatigable, un curieux de tout ce qui le relie à la vie. Il faut imaginer dans son atelier des classeurs remplis d’images, des étagères lourdes de pierres, de caméras et de divers instruments. Ce ne sont pas des sujets en soi mais autant de ressources et de matières pour formuler chacun de ses projets.
La photographie est le medium qui relie directement la pensée de Basim Magdy à la réalité du monde qu’il arpente. Sur le mode de la collecte, il accumule des images qui sont autant de matériaux dans lesquels il puise au fur et à mesure de ses projets. Les photographies grand format appartiennent à une série avec laquelle il a expérimenté des procédés chimiques. Chaque image a subi une décoloration qui l’a tout à la fois sublimée et altérée. C’est en réagissant à des produits usuels, aussi ordinaires que du vinaigre, du coca ou d’autres sodas que les images se sont transformées et se sont révélées sous l’emprise de dominantes colorées. Chaque ensemble de la série Someone tried to lock up Time est pensé comme une référence à une part de l’Histoire méconnue, presque anecdotique que les livres n’ont pas nécessairement choisi de retenir. Sous forme de constellations, mettant en présence un ensemble de photographies, Basim Magdy écrit par l’image, parfois combinée aux mots, des poèmes qui rendent hommage à des non-événements, à des épisodes qu’il fixe pour leur beauté ou leur absence.
À la photographie, le film apporte l’animation que Basim Madgy utilise afin d’ouvrir davantage le champ de complexité des situations. Il entremêle les récits, croise les images, superpose les techniques et obtient des films qui se regardent comme des poèmes visuels. Filmé en Super 8 puis transféré sur support numérique, 13 Essential Rules for Understanding the World, se regarde comme un avant-propos à l’exposition. En cinq minutes, l’artiste pose les fondements d’un travail qui se déploie entre opinions fortes et absurdités. Les images défilent lentement, une voix énonce en 13 points presque avec autorité, les règles à respecter si l’on veut s’accommoder du monde tel qu’il est. Sur une musique lente, peut-être inquiétante, ses recommandations se succèdent et fixent un ton entre humour et désillusion.
Pingpinpoolpong À travers cette pièce, Basim Magdy réinvente le pingpong et lui rajoute des niveaux de complexité. Aux règles traditionnelles, chaque joueur peut introduire des obstacles qui viendront entraver le jeu de l’adversaire. S’engage alors une partie dans laquelle il faut accepter le hasard et l’échec, deux notions habituellement peu appréciées des joueurs.
L’artiste invite les visiteurs à poster sur Instagram des photos, des vidéos, leurs règles ou nouvelles idées pour le jeu avec le hashtag #dearbasim.
KUNSTDÉJEUNER Vendredi 21 juin → 12:15-13:45 Visite suivie d’un déjeuner tiré du sac. Gratuit, sur inscription VISITE GUIDÉE Dimanche 23 juin → 16:00 Entrée libre
KUNSTAPÉRO Jeudi 4 juillet → 18:30 – 20:30 Des oeuvres et des vins à découvrir. En partenariat avec Mulhouse Art Contemporain et la Fédération Culturelle des Vins de France Sur réservation, 5 € / personne
RENDEZ -VOUS TENNIS DE TABLE – PERDU C’EST GAGNÉ !
Dimanche 30 juin de 16:00 – 18:00 Venez pratiquer le tennis de table artistique ! L’oeuvre interactive Pingpinpoolpong est une drôle de table de jeu qui invite à célébrer l’échec et à embrasser le hasard. Ce rendez-vous sera une opportunité offerte aux joueurs d’activer une pièce qui ne manque ni d’humour, ni de philosophie. Le public est bienvenu pour encourager les joueurs ! En rebondissant sur les valeurs de l’olympisme – excellence, amitié et respect – ce rendez-vous réunira sur le terrain jeu et valeurs humaines. En partenariat avec l’association Mulhouse Tennis de Table Gratuit, sur inscriptionpour les joueurs (tout public initié à partir de 6 ans), entrée libre pour les spectateurs.
Pour la visite, munissez-vous de la brochure explicative, car à La Kunsthalle, nom à consonance germanique, les cartels et certains textes sont « in english », si vous n’avez pas fait anglais en 1e ou 2 langue, ou téléchargé un traducteur sur votre smartphone, vous êtes largué.
Horaires d’ouverture Entrée libre Du mercredi au jeudi → 12:00 – 18:00 Samedi et dimanche → 14:00 – 18:00 La Kunsthalle Mulhouse Centre d’art contemporain La Fonderie 16 rue de la Fonderie 68093 Mulhouse Cedex Tél : + 33 (0)3 69 77 66 47 kunsthalle@mulhouse.fr www.kunsthallemulhouse.com