Sommaire du mois de février 2023

Wayne Thiebaud Flood Waters LAC Fondation Beyeler actuellement

17 février 2023 : ALCHIMIA NOVA – Anne Marie Maes
14 février 2023 : Espèce d’animal ! Un bestiaire contemporain
14 février 2023 : Un bestiaire contemporain au Séchoir suite
10 février 2023 : La roue = c’est tout, Nouvelle présentation de la collection Tinguely
08 février 2023 : Vagamondes
02 février 2023 : Jean Tinguely : l’Éloge de la folie
01 février 2023 : Trésor national : le musée d’Orsay s’enrichit d’un exceptionnel tableau de Caillebotte

ALCHIMIA NOVA – Anne Marie Maes

Anne-Marie Maes devant les colonnes de Winogradsky

Du 17.02 au  30.04.2023 à la Kunsthalle de Mulhouse
Commissariat : Sandrine Wymann directrice de la Kunsthalle
L’exposition est réalisée avec le soutien de DMC.

« Nous sommes contaminés par nos rencontres : elles changent ce que nous sommes pendant que nous ouvrons la voie à d’autres. Comme la contamination modifie les projets de mondes en chantier, des mondes mutuels ainsi que des nouvelles directions peuvent émerger. »

Anna Lowenhaupt Tsing, « Le champignon de la fin du monde ».

L’artiste

Comment définir Anne Marie Maes ? C’est une artiste multidisciplinaire qui vit et travaille à Bruxelles. Elle se présente comme apicultrice, mais elle combine, les sciences avec l’art, c’est une poétesse magicienne. C’est également une oratrice, intarissable, multilingue, qui saute du français à l’anglais et au latin, du fait de ses connaissances étendues en sciences, en jardinage, ingénierie, fabriquante des métiers à tisser, d’un alambic pour parfum, et j’en oublie. C’est une artiste que l’on peut rattacher au genre art et science.

L’histoire qu’écrit Anne Marie Maes est celle d’un monde vivant en constante transformation. Elle use de ce principe dans l’élaboration de son propre travail et certaines de ses œuvres sont entièrement basées sur des phénomènes d’évolution. Elles fermentent, poussent, se reproduisent, se décomposent… Il n’est pas rare de croiser dans ses expositions des distillations dans des alambics, des cultures bactériennes ou microbiennes dans des aquariums. Les organismes vivants sont en quelque sorte ses partenaires privilégiés, elle engage avec eux des collaborations multiples et renouvelées. C’est bien sous le signe de la collaboration, qui passe toujours et d’abord par la rencontre, qu’Anne Marie Maes est venue à Mulhouse.

Son Travail

Elle développe depuis de nombreuses années un travail qui s’appuie sur la recherche scientifique, la biologie, l’étude des micro-organismes d’une part, les sciences numériques et la passion du jardinage d’autre part. Dans son jardin à Bruxelles, elle cultive les plantes qui lui servent de matière première pour ses expérimentations, elle installe aussi les ruches qui lui permettent d’étudier le comportement des abeilles. C’est en les observant qu’elle trouve sa propre représentation du monde, celle qu’elle livre dans chacun de ses projets et qui, au fil du temps, s’étoffe de précisions et de beautés.

 Le livre de la nature, Anne Marie Maes l’explore par l’étude et l’expérimentation, non pas pour vérifier des hypothèses, procédé qu’elle laisse à ses partenaires scientifiques, mais pour mieux la raconter à travers ses œuvres. Elle a la rigueur et la curiosité du scientifique mais aussi la liberté et le sens du beau de l’artiste. Son monde ne se réduit pas à un ensemble de phénomènes, elle l’aborde par le sensible, elle le touche, le ressent, éventuellement lui emprunte des systèmes qu’elle reproduit ou essaye dans son atelier. Ses procédés de narration sont multiples. Elle raconte par la couleur.

Naturelles, extraites ou combinées, ses couleurs sont fidèles à celles de la nature, elle s’autorise à les prélever, parfois les classer, souvent les magnifier quand elles deviennent œuvres. L’élément graphique est un autre de ses artifices visuels.    Il peut être le sien, répondre à des lois strictes, géométriques, se soumettre à des répétitions de formes, inspiré de récurrences qu’elle relève et fait siennes. Il est souvent une ligne, celle des trajectoires des abeilles dans la ruche ou des rhizomes partout présents dans la nature. Elle peut aussi le confier au hasard des organisations naturelles ou au développement des micro-organismes qui produisent leurs propres dessins.

Dans ses projets, Anne Marie Maes a aussi recours à des figures de style. La métaphore, par exemple la forme du tissage dont les entrelacs renvoient aux réseaux, lui permet de rendre compte de la complexité de ses observations. Ailleurs, l’accumulation lui sert à donner un effet de profusion par l’énumération de quantité de formes, de phénomènes, de processus ou de couleurs.

En septembre 2021, Sandrine Wymann a été contactée par Pierre Fechter, microbiologiste au CNRS à Strasbourg qui souhaitait entamer une collaboration avec un artiste pour provoquer un autre regard sur les bactéries, sujet d’étude de son laboratoire. En échangeant avec Christopher Crimes de la Fondation [N.A!] Project, l’invitation d’Anne Marie Maes, artiste soutenue par la fondation depuis plusieurs années, lui est apparue comme une évidence. Dès lors un réseau de savoirs, de curiosités et d’intérêts s’est créé et a porté le projet jusqu’à l’exposition. L’artiste a rencontré les biologistes, ils ont partagé des connaissances, des outils et se sont révélés des objectifs et des méthodes de travail.

Anne Marie Maes a découvert une région, ses plantes, ses terrains et a souhaité les placer au centre de son projet. Pierre Fechter et son équipe ont découvert ce qu’était la recherche par l’art, ses libertés et son lien avec les publics.

À ce binôme, s’est rattaché un groupe de cueilleurs, pré-leveurs qui ont eu pour mission de récolter les plantes, les organismes et les champignons qui ont servi de matière aux expériences et à la production des œuvres de l’artiste. Se sont aussi impliqués les ambassadeurs [N.A!] Project de l’entreprise Solinest, en participant à la fabrication de certaines œuvres, celles qui ont été préparées quelques mois avant l’exposition et qui rejoindront la collection de l’entreprise à Brunstatt à l’issue de leur présentation à La Kunsthalle.

Enfin, un dernier groupe partenaire a très activement pris part au projet : les étudiants en Master Critique- Essais, écritures de l’art contemporain de l’Universite de Strasbourg ont rédigé et coordonné la présentation de l’exposition et une interview d’Anne Marie Maes et de Pierre Fechter publiées dans le journal d’exposition. En quelques rencontres, ils se sont approprié le projet et l’ont magnifiquement restitué et prolongé à travers leurs questions et leurs présentations.

L’exposition à son tour laissera une place belle à la rencontre avec les publics que nous nous réjouissons d’accueillir et qui pourront venir et revenir voir les œuvres se transformer en l’espace de deux mois et demi. Des temps d’ateliers, présentations, débats rythmeront le projet qui ne fait sens, pour chacun de ceux qui l’ont voulu, que dans l’échange et la découverte de l’autre, ce que nous aimons designer comme des temps de fertilisations croisées.

Texte Sandrine Wymann

                 Bibliothèque de curiosités

SUR LA CROISSANCE ET LA FORME

Anne Marie Maes est fascinée par les processus par lesquels la nature crée des formes : comment les abeilles créent des rayons de miel dans la ruche, comment elles s’auto-organisent en essaims, comment les plantes poussent et forment des motifs géométriques, ou comment les bactéries et les levures créent collectivement des surfaces matérielles formant des biotextiles. Elle observe et analyse ces processus, les isole ou les fait apparaître dans des conditions artificielles, puis crée des œuvres d’art à partir de cette recherche artistique dans de nombreux médias différents : installations, vidéo, audio, photos et sculptures. Ces œuvres d’art vont souvent au-delà d’une pure expérience esthétique, même si le sens de la beauté est toujours présent. Elles intriguent car elles amènent le spectateur à s’interroger sur les processus de croissance naturelle qui leur ont donné naissance. Elles soulèvent des questions sur la durabilité de notre mode de vie et de nos processus de fabrication actuels.

Ses Expériences

Elle travaille avec une gamme de médias biologiques, numériques et traditionnels, y compris des organismes vivants. Sur le toit de son studio à Bruxelles, elle a créé un laboratoire en plein air et un jardin expérimental où elle étudie les organismes symbiotiques et les processus que la nature utilise pour créer des formes.

Les projets à long terme “Bee Agency” et “Laboratory for Form and Matter” – dans lesquels elle expérimente avec des bactéries et des textiles vivants – fournissent un cadre qui a inspiré un large éventail d’installations, de sculptures, de photographies, d’objets et de performances – tous à l’intersection de l’art et de l’écologie.

Anne Marie Maes a exposé ses œuvres dans des centres d’art et des festivals du monde entier. Elle a reçu une mention honorable à Ars Electronica pour son projet de recherche en cours intitulé “The Intelligent Guerrilla Beehive”.

A visiter son site
 annemariemaes.net

Informations pratiques

Heures d’ouverture
Du mercredi au vendredi de 12h à 18h Samedi et dimanche de 14h à 18h
Fermé les lundis et mardis + du 7 au 10 avril 2023 Entrée libre et gratuite

Coordonnées
kunsthalle@mulhouse.fr / www.kunsthallemulhouse.com

Les notices ont été réalisées par Rose Defer, Louise Delval-Kuenzi, Marine Le Nagard, Théo Petit-D’Heilly, Caroline Schikelé, Maïta Stébé étudiants en Master Critique-Essais, écritures de l’art contemporain de l’Université de Strasbourg.

                           Performance au Palais de Tokyo

COLLOQUE
« Associer l’artiste et le chercheur pour penser une société contemporaine »
Jeudi 30 mars → de 15h à 20h30
Entrée libre
Table ronde « Associer l’artiste et le chercheur pour penser une société contemporaine » ; Visite de l’exposition Alchimia Nova suivie d’une performance d’Anne Marie Maes ; Buffet & présentation de la Inland Academy.

Le colloque a pour objectif de mettre en lumière les apports qui résident dans les collaborations croisées entre artistes, chercheurs, et acteurs du milieu socio-économique, au travers du cas de la collaboration entre Anne Marie Maes et Pierre Fechter, soutenue par le Fonds [NA!] Project.

Avec la participation de :

  • Christophe Chaillou, enseignant à l’Université de Lille & Charge de mission Art & Sciences, Vice- Présidence Valorisation et Lien Science-Société.
  • Fernando Garcia-Dori, artiste, initiateur de la Inland
  • Guillaume Logé, chercheur associé à l’Universite Paris 1 Panthéon-Sorbonne et conseiller artistique, docteur en esthétique, histoire et théorie des arts et en sciences de l’environnement.
  • Anne Marie Maes, artiste multidisciplinaire qui vit et travaille à
  • Luc Steels, scientifique et artiste belge, pionnier de l’intelligence artificielle en Europe

Modérateur : Alexis Weigel

RENCONTRE
« Conférence gustative » – Temps public avec Pierre Fechter
Jeudi 13 avril → 18h30 Entrée libre

En mars 2023
En Mars 2023

Kunstapéro : des œuvres et des vins à découvrir
Jeudi 9 mars à 18h30
Visite commentée de Alchimia Nova suivie d’une dégustation de vins en écho à l’exposition.

Participation à la dégustation de 5€/personne, inscription obligatoire (places limitées) au 03 69 77 66 47 / kunsthalle@mulhouse.fr

En partenariat avec Mulhouse Art Contemporain et la Fédération Culturelle des Vins de France.

Kunstdéjeuner
Jeudi 16 mars à 12h15

Pendant la pause méridienne, visite commentée de l’exposition Alchimia Nova, suivie d’un déjeuner pour poursuivre les échanges en toute convivialité.

Participation au repas de 10€/personne, sur inscription au 03 69 77 66 47 / kunsthalle@mulhouse.fr
Déjeuner concocté par l’association EPICES.

Visites commentées de l’exposition
Les samedis 25 mars et 29 avril à 16h00

Découvrez l’exposition Alchimia Nova à l’occasion d’un échange avec une médiatrice du centre d’art.

L’équipe de médiation du centre d’art vous propose une visite commentée tous les derniers samedis du mois.
Entrée libre et gratuite.

Espèce d’animal ! Un bestiaire contemporain

1)- 17 février au  26 mars 2023, une exposition collective au Séchoir
VERNISSAGE LE VENDREDI 17 FÉVRIER À 18H30
20 artistes :
Margot Agnus - Myrtille Béal - Léonard Bullock - Vincent Campos - Chéni - Victoria David - Kim Détraux - Louise Dumont - Violetta Fink - Gilles Gaudel - Goulven Le Maître - Yoshikazu - Kiki DeGonzag et Florent Ruch - Katarina Kudelova - Barbara Leboeuf - Lobis - Carole Masson - et Jan Stevens - Christophe Meyer - Florent Meyer - Jessica Preis - Jean-Christophe Przybylski
2 Commissaires : Sandrine Stahl présidente du Séchoir et Mathieu Stahl

2)- Une nouveauté : un Runspace ? Cet espace s’appelle LE MOUVOIR, Anne Zimmermann  nous fait le plaisir d’inaugurer ce Runspace.
17 FÉV - 26 MARS – UN MUR, UN ARTISTE, UNE PIÈCE
VERNISSAGE LE VENDREDI 17 FÉVRIER À 18H30
3)- Bêtes de foire !
Spectacle de marionnettes Pan Puppet Project 
samedi 25 février 16h00

4)- Concert : GRAND MARCH
samedi 11 mars 18h00



Jessica Preiss
5)-les cailloux au fond des poches de virginia
exposition solo
Vincent Campos & Claudine Gambino-Cibray
Hommage au regretté andré maïo 1968–2022

« Animal, on est mal
On a le dos couvert d’écailles
On sent la paille
Dans la faille
Et quand on ouvre la porte
Une armée de cloportes
Vous repousse en criant
“Ici, pas de serpent !”
Animal, on est mal
Animal, on est mal
Animal, on est mal. »
Gérard Manset

Avant propos

« Espèce d’animal ! » L’expression renvoie le sujet à un état primitif d’idiot, d’âne bâté. Mais qui est l’idiot ? L’animal ou l’homme ?
Dans ses Métamorphoses, Apulée a utilisé sciemment ce préjugé en transformant Lucius en âne doué de raison pour mieux rendre compte de la vacuité du monde.
Plus proche de nous, des artistes comme Louise Bourgeois, Annette Messager,
Sophie Calle ou Pierre Huygues ont exploité la figure animale comme outil
de médiation ou « objet transitionnel ».
L’idée de cet appel est de réunir un bestiaire contemporain pour
transformer le Séchoir en un cabinet de curiosités hétérogène avec des
représentations d’animaux réels, imaginaires, monstrueux, chimériques,
des pièces où la figure animale prend une place centrale mais où les hommes
et femmes ne sont pas loin, par anthropomorphisme ou zoanthropie.
Chaque proposition interrogera notre humanité. Le tout nous forcera à
reconsidérer notre rapport au monde animal aujourd’hui.
Animal, on est mal ?

Conclusion

Tout ce préambule, pour vous inciter à venir au (à Le) Séchoir
soit pour le vernissage, soit dans la journée ou en nocturne.
Pour obtenir le livret de l’exposition il faut scanner le QR code affiché
dans l’exposition. (économie, écologie)
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Informations pratiques

Le Séchoir
25 rue Josué Hofer,
La Tuilerie, 68200 Mulhouse
Au dernier étage, accessible aux personnes à mobilité réduite
• ACCÈS EN BUS
La ligne C7 de Soléa vous déposera
devant Le Séchoir, arrêt LESAGE.
• ACCÈS EN VOITURE
Prendre la sortie 17 de l’A35.
Parking gratuit devant Le Séchoir.

@ suivre ici Continuer la lecture de « Espèce d’animal ! Un bestiaire contemporain »

Trésor national : le musée d’Orsay s’enrichit d’un exceptionnel tableau de Caillebotte

Classé « trésor national », le tableau « La Partie de bateau » de Gustave Caillebotte rejoint les collections du musée d’Orsay. ©Connaissance des Arts/Agathe Hakoun

Ce lundi, la ministre de la Culture Rima Abdul Malak a annoncé l’entrée de
« Partie de bateau » ou « Canotier au chapeau haut de forme » de Gustave Caillebotte dans les collections du musée d’Orsay. Classé trésor national, ce chef-d’œuvre de l’impressionnisme a été acquis grâce au mécénat de l’entreprise LVMH pour 43 millions d’euros.

Si certains trésors nationaux ne rejoignent finalement pas les collections françaises (à l’instar du Porte-étendard de Rembrandt), quelques happy few réussissent à faire le bonheur de nos musées. C’est le cas de Partie de bateau ou Canotier au chapeau haut de forme  (1877-1878) de Gustave Caillebotte (1848-1894), classé trésor national en 2020, qui vient compléter les collections impressionnistes du musée d’Orsay grâce au soutien de LVMH, a annoncé la ministre de la Culture Rima Abdul Malak lors d’une conférence de presse ce lundi 30 janvier. En mars 2022, le gouvernement avait publié un avis d’appel au mécénat d’entreprise de 43 millions d’euros pour l’acquisition du tableau par l’État. Accroché à la place du Moulin de la galette de Renoir, le chef-d’œuvre pourra être découvert par les visiteurs dès demain, mardi 31 janvier.

De gauche à droite : Christophe Leribault, Président de l’Établissement public des musées d’Orsay et de l’Orangerie – Valéry Giscard d’Estaing, Jean-Paul Claverie, conseiller de Bernard Arnault, président-directeur général de LVMH et Rima Abdul Malak, Ministre de la Culture, lors du dévoilement du tableau Partie de bateau de Gustave Caillebotte au musée d’Orsay le 30 janvier 2023. ©Connaissance des Arts/Agathe Hakoun

Une des œuvres les plus importantes de l’artiste

« Par son iconographie, son style, sa modernité et son historique, cette œuvre apparaît ainsi comme l’une des œuvres les plus importantes de l’artiste et un jalon inventif dans la peinture des années 1870 », déclarait le Journal officiel en mars dernier. Partie de bateau ou Canotier au chapeau haut de forme représente une scène de sport nautique : un canotier en train de ramer sur l’Yerres, sur les rives de laquelle se dresse la maison de vacances de l’artiste. Passionné par ce loisir moderne importé d’Angleterre, Caillebotte s’inscrit en 1876 au Cercle de la voile de Paris et immortalise ce sujet dans de nombreuses œuvres.

Un témoignage d’un thème emblématique de la peinture impressionniste

Chef-d’œuvre de l’art français de la seconde moitié du XIXe siècle, Partie de bateau ou Canotier au chapeau haut de forme est sans doute l’une des toiles les plus emblématiques de l’ensemble présenté par Caillebotte lors de la quatrième exposition du groupe impressionniste en 1879. Elle témoigne de la maîtrise du cadrage par le peintre qui utilise un effet de perspective audacieux
« pour donner l’impression au spectateur de faire partie du tableau »,
précise le « Journal officiel », et marque l’évolution du style de Caillebotte, qui tend au fil des années vers une peinture de plein air, plus colorée.

Si le musée d’Orsay conserve déjà un des chefs-d’œuvre emblématiques du peintre, collectionneur et mécène des artistes impressionnistes, Les Raboteurs de parquet (1875), l’institution ne possédait pas jusqu’à présent d’œuvre aussi importante de sa période dédiée aux sports nautiques. Resté dans les collections familiales de l’artiste jusqu’à nos jours, Partie de bateau ou Canotier au chapeau haut de forme a été présenté en 2011 dans l’exposition « Dans l’intimité des frères Caillebotte » au musée Jacquemart-André à Paris (et mis en parallèle avec une photographie d’un canotier prise par Martial caillebotte), ou encore en 2014 dans l’exposition « Caillebotte à Yerres au temps de l’impressionnisme » organisée à la Propriété Caillebotte à Yerres.

Une tournée nationale avant une grande rétrospective Caillebotte

« Devait-on rester indifférent à ce qu’un tel chef-d’œuvre quitte notre pays pour l’étranger ? », questionne Jean-Paul Claverie, conseiller de Bernard Arnault, président-directeur général de LVMH. Pour son sixième mécénat pour un trésor national, l’entreprise a collaboré cette fois-ci avec l’État et le musée d’Orsay pour « mener cette opération commando », telle que la qualifie Christophe Leribault, président de l’institution, et acquérir en 30 mois ce record des achats pour un trésor national français.
Pour la première fois en France, un trésor national fera une tournée dans les musées de l’Hexagone pour offrir à tous et à toutes la chance de pouvoir le contempler. L’itinérance de la Partie de bateau commencera en 2024 au musée des Beaux-Arts de Lyon, les étapes suivantes seront annoncées prochainement par le musée d’Orsay. À l’occasion de l’anniversaire de la première exposition de l’Impressionnisme (qui a eu lieu le 15 avril 1874), plusieurs événements dans une vingtaine de musées célébreront les peintres à l’origine du mouvement artistique. La Partie de bateau sera l’œuvre phare d’une grande rétrospective consacrée à Caillebotte qui se déroulera au musée d’Orsay en septembre 2024. L’exposition voyagera ensuite au Getty Museum de Los Angeles et au Art Institute de Chicago. Cette grande rétrospective réunira notamment le legs Caillebotte et marquera le 130e anniversaire de la mort de l’artiste. Toute une série de manifestation qui permettront de
« mieux faire prendre la mesure du génie de Caillebotte »,
souligne Rima Abdul Malak.

Vidéo

Lu dans Connaissance des Arts

Ou comment les riches participent à la culture nationale (EI)

Sommaire de janvier 2022

28 janvier 2023 : Wayne Thiebaud, l’artiste des tentations
24 janvier 2023 : Silvère Jarrosson Au Musée Unterlinden
16 janvier 2023 :
14 janvier 2023 : L’attente D’Anna Malagrida
8  janvier 2023  :
5 janvier  2023 :
1 janvier 2023  :

Silvère Jarrosson au Musée Unterlinden

Silvère Jarrosson dans les ateliers de l’OnR, lors de la peinture des décors de Danser Schubert au XXIe siècle, 2021 © Anne-France Dardenne

Installation monumentale « en mouvement » du peintre Silvère Jarrosson
au Musée Unterlinden
En partenariat avec l’Opéra national du Rhin
04.03 – 27.03.2023
sous la direction artistique de Bruno Bouché du Ballet de l'Opéra national du Rhin

« L’oeuvre qui va suivre »

Pendant tout le mois de mars 2023, le Musée Unterlinden de Colmar accueillera l’installation monumentale « L’oeuvre qui va suivre » de l’artiste Silvère Jarrosson. Cet ensemble composé d’immenses oeuvres peintes dont ses toutes dernières créations spécifiquement conçues en écho aux collections du musée, propose une évocation abstraite de paysages lointains, parmi lesquels les visiteurs seront invités à déambuler.

Entièrement modulable, cette installation qui a été imaginée par ce « peintre du mouvement » prendra place dans le vaste espace de la « Piscine » du musée et se reconfigurera au fil de la série de spectacles aux multiples formats (performances, conférences, concerts, etc.) qui seront donnés sous la direction du Ballet l’Opéra national du Rhin (OnR), en interaction avec les oeuvres.

Le propos

Le propos du peintre Silvère Jarrosson , qui fut danseur à l’Opéra national de Paris, est ici de faire naître un univers abstrait immersif et évocateur, en repoussant les limites de ce qu’il est convenu d’appeler la danse, et en faisant appel à la force évocatrice des mouvements les plus inattendus.

Le danseur

D’abord danseur à l’École de danse de l‘Opéra national de Paris, Silvère Jarrosson se voit obligé de mettre fin à sa carrière de danseur en 2011 suite à une blessure. Tout en démarrant alors un cursus universitaire en biologie, il commence à peindre. Depuis, l’artiste conçoit son travail pictural telle une chorégraphie et retranscrit les liens entre les mouvements de la peinture, du corps et de la nature à travers ses toiles :

« Il existe un lien entre danse et biologie, entre mouvement dansé et mouvement physiologique […]. Je voudrais l’exprimer en peinture »,

confie-t-il.

L’ONR

« L’oeuvre qui va suivre » présentée au printemps 2023 à Colmar a été conçue dans le droit fil de ses créations pour la scénographie du spectacle
« Danser Schubert au XXIe siècle » monté en 2021 par l’OnR, en le complétant de nouvelles oeuvres grand format créées spécifiquement pour le Musée Unterlinden. Cette installation monumentale et immersive invitera les visiteurs à une déambulation, pour un voyage entre danse et peinture. Par sa capacité à se déplacer dans l’espace, elle accompagnera les danseurs de la compagnie du Ballet de l’OnR dans un ensemble de pièces et de performances.

« L’oeuvre qui va suivre, celle à venir, en perpétuelle transformation, fait référence aux formats multiples de ce projet (exposition mouvante, nombreuses performances, déambulation dans le musée) autant qu’à ma propre démarche picturale au cours de laquelle les oeuvres naissent, se suivent et s’engendrent les unes les autres. Cette démarche traduit un rapport ouvert à la création, dans ses formats, ses niveaux de lecture, son accessibilité, vivante et en perpétuelle réinvention. »
précise Silvère Jarrosson.

OEuvre 1, Présentée au cours de l’installation monumentale au Musée Unterlinden, Silvère Jarrosson

Le cursus

Silvère Jarrosson est né en 1993 à Paris. Diplômé de l’école de danse de l’Opéra de Paris en tant que danseur, il se consacre à la peinture abstraite depuis 2013.
Lauréat de la Fondation Claude Monet en 2018, il donne une exposition monumentale à l’Académie des Beaux-Arts de Riga ; l’occasion pour lui d’affirmer son style, radicalement abstrait mais empreint d’évocations naturelles ou chorégraphiques. Passé par la Villa Medicis en 2019, pour un projet ponctuel, puis par la Collection Lambert en 2020 et 2021, il multiplie les expositions en France ou à l’étranger. Son travail intègre de nombreuses collections dont celle du Mobilier national.
Le critique Jean-Louis Poitevin lui dédie une monographie (Silvère Jarrosson, génèse et gestes, Éditions Marcel, 2020). En 2021, après une exposition monumentale à la Chapelle de la Salpêtrière à Paris, il réalise pour l’Opéra national du Rhin la scénographie du programme
« Danser Schubert au XXIe siècle ».

Tout récemment, quelques unes de ces oeuvres ont été présentées à Paris lors de Private Choice 2022.

Ballet de l’Opéra national du Rhin

Partie prenante de cette installation monumentale – une programmation conçue par le CCN • Ballet de l’Opéra national du Rhin, sous la direction artistique de Bruno Bouché

 


« L’oeuvre qui va suivre » de Silvère Jarrosson sera en perpétuel mouvement et ne cessera de se renouveler.
Au gré d’une programmation diverse et plurielle, avec des intervenants d’exception, l’installation de Silvère Jarrosson en sera elle-même l’un des protagonistes, en entrant en interaction avec les danseurs, acteurs, chanteurs, musiciens, … et le public.

Clément Hervieu-Léger de la Comédie-Française, le violoniste Théotime Langlois de Swarte, les danseurs du Ballet, les chanteurs de l’Opéra Studio, ou encore les musiciens de l’Orchestre symphonique de Mulhouse prendront part à cet agenda multiforme, au croisement de nombreuses disciplines.
Cette expérience proposée à tous s’inscrit ainsi dans la volonté de dialogue entre les collections du Musée Unterlinden et la programmation du Ballet de l’Opéra national du Rhin.
Les peintures, les sculptures du musée, les pas de danse, les notes de musique se répondront au fil d’une déambulation parmi les arts et inviteront les visiteurs à se laisser emporter.

 

Retenez les dates du 17 et du 18 mars à Colmar au Musée Unterliden
avec la participation de Cynthia Fleury
3 chorégraphes, 6 danseurs, sur le thème de la blible
"La lutte de Jabob avec l'Ange"
musique JS Bach et Schubert
L’exposition
Découvrez (ou redécouvrez) les décors de Danser Schubert au XXIe siècle – œuvre monumentale (10×5 mètres) du peintre Silvère Jarrosson – lesquels trouvent une seconde vie exposés au sein de l’espace de la « Piscine » du Musée Unterlinden. D’autres œuvres spécialement conçues en écho à la collection permanente du Musée se joignent à cette installation.

Du 5 au 24 mars

 
« Happy Family »
Venez vivre au cœur du musée un moment de rencontre et de création en famille en compagnie du peintre Silvère Jarrosson et de Bruno Bouché ! Entre danse et peinture, mouvements et toile, explorez les dynamiques de votre corps et ceux de la peinture lors d’une expérience inédite au cœur de l’installation L’Œuvre qui va suivre à une échelle XXL ! Un moment ludique à vivre en famille.

Dim. 5 mars 14h (2h)
Pour les enfants dès 3 ans et leurs parents

Informations
 
Programme Danseurs-chorégraphes
Place à l’émergence ! Découvrez trois pièces imaginées par des chorégraphes issus du Ballet de l’OnR : Pierre-Émile Lemieux-Venne, Rubén Julliard et Noemi Coin.

Jeu. 9 mars 19h (1h)

Réservation
 
Lecture et danse
Célèbre la terre pour l’ange
Lecture de poésies de Rainer Maria Rilke par Clément Hervieu Léger, sociétaire de La Comédie-Française. Accompagné par des extraits chorégraphiques de Bless – ainsi soit-Il chorégraphié par Bruno Bouché. Musique par le pianiste Maxime Georges.

Ven. 10 mars 19h (1h)

Réservation
 
Atelier et conférence
Handiversité
Le danseur et coach en développement Hamid Allouache, référent Handicap/Diversité, propose un atelier de danse aveugle tout public (1h), suivi d’une conférence sur la vulnérabilité (1h).

Mar. 14 mars 10h (2h)

Informations
Concert
Poèmes à la nuit

Deux musiciennes de l’Orchestre symphonique de Mulhouse vous proposent un programme hommage à Rainer Maria Rilke, avec des œuvres de Beethoven, Hindemith, Poulenc et Connesson pour clarinette (Juncal Salada-Codina) et basson (Odile Meisterlin).

Jeu. 16 mars. 19h (1h)
Réservation
 
Performance
Autour de Bach

Création performative qui fera se rencontrer les gestes de la peinture, de la musique et de la danse avec Silvère Jarrosson, le violoniste Théotime Langlois de Swarte et le danseur Marin Delavaud sur une chorégraphie de Bruno Bouché.

Ven. 17 mars 20h (50 min)

Réservation
 
Performance
Du retable d’Issenheim aux Rainbows

Une création performative et déambulatoire de Bruno Bouché et Silvère Jarrosson au sein de la salle du Retable d’Issenheim et des salles du musée avec une dizaine de danseurs du Ballet de l’OnR.

Sam. 18 mars 11h et 14h30 (1h)

Informations et réservation
 
Discussion
Rilke et l’Ouvert

Avec Cynthia Fleury, philosophe et psychanalyste, Pantxika De Paepe, historienne de l’art, spécialiste du Moyen Âge, Silvère Jarrosson et Bruno Bouché.

Sam. 18 mars 16h (1h)

Réservation
 
Concert de clôture
Œuvres intimes et lyriques

Les jeunes chanteurs de l’Opéra studio de l’Opéra national du Rhin, Liying Yang (mezzo-soprano), Glen Cunningham (ténor), Oleg Volkov (baryton-basse) ainsi que les pianistes-chefs de chant Hugo Mathieu et Levi Gerke vous proposent une soirée riche et éclectique, mêlant des œuvres de Verdi, Brahms, Bernstein, Bizet, et plus encore …

Ven. 24 mars 19h (1h)

Réservation

Horaires d’ouverture
Musée Unterlinden

Mercredi au lundi : 9h – 18h
Mardi : fermé
Clôture des caisses 30 minutes avant la fermeture du Musée.
Jours fériés de fermeture : 1.1., 1.5., 1.11., 25.12

Accueil téléphonique du lundi au vendredi de 8h à 12h :
+33 (0)3 89 20 15 50

Maria Helena Vieira da Silva, une rétrospective

Ce tableau de trois mètres par quatre est le plus grand peint par Vieira da Silva. Restée longtemps en chantier, la toile a été commencée en 1963 et achevée en 1972. L’année suivante, elle a été offerte par l’artiste au musée des Beaux-Arts de Dijon. Dès cette date, Urbi et Orbi, [signifie « À Rome et dans le monde »]  a compté parmi les chefs-d’oeuvre de la collection.

« Dijon peut s’enorgueillir de conserver un ensemble exceptionnel d’oeuvres de Maria Helena Vieira da Silva,
représentante majeure de la scène picturale au XX siècle » ]…. extrait

François Rebsamen
Maire de Dijon, Président de Dijon métropole, ancien ministre
Au musée des Beaux Arts de Dijon, jusqu'au 3 avril 2023

Le musée des Beaux-Arts de Dijon conserve un remarquable ensemble d’oeuvres de Maria Helena Vieira da Silva (18 peintures, 17 oeuvres sur papier et 1 boîte-aux-lettres peinte). Ce fonds, en grande partie constitué par les dons des collectionneurs parisiens Kathleen et Pierre Granville, qui ont jeté les bases de la collection d’art moderne et contemporain du musée des Beaux-Arts, a été abondé par des dons de l’artiste elle-même.]...extrait
Frédérique Goerig-Hergott
Conservatrice en chef du Patrimoine et Directrice des musées de Dijon
Cette exposition a été conçue en collaboration avec le musée Cantini de Marseille, où elle a été présentée du 9 juin au 6 novembre 2022, et avec le soutien de la galerie Jeanne Bucher Jaeger à Paris, prêteur exceptionnel de l’exposition.
L'exposition est placée sous le commissariat de Naïs Lefrançois, conservatrice responsable des collections XIX e siècle et Agnès Werly, responsable des collections XX e - XXI e siècles. vidéo de la conférence



Le musée des Beaux-Arts de Dijon présente à partir de la fin de l’année 2022, un grand temps fort d’exposition dédié à l’une des artistes phare de sa collection d’art moderne, Maria Helena Vieira da Silva (Lisbonne 1908- Paris 1992), l’une des figures les plus importantes de l’histoire de l’art abstrait. Avec cet hommage, à l’occasion des trente ans de la disparition de cette immense artiste du XX siècle, le musée des Beaux-Arts de Dijon souhaite mettre en exergue l’importance de Vieira da Silva dans la réinvention de l’art moderne et la contemporanéité des concepts qu’elle a soulevés et explorés. Elle permet aussi d’interroger les liens puissants qui unirent l’artiste aux collectionneurs et donateurs Kathleen et Pierre Granville, initiateurs de la collection d’art moderne du musée de Dijon.
Cette rétrospective consacrée à une personnalité majeure du XX siècle, retrace les étapes clés d’une carrière d’envergure internationale, marquée par un questionnement sans relâche sur la perspective, les transformations urbaines, la dynamique architecturale ou encore la musicalité de la touche picturale.
Elle se déploie en deux parties.

Vieira da Silva L’oeil du labyrinthe 1er volet

Le premier volet de l’exposition, L’oeil du labyrinthe, propose un parcours rétrospectif et chronologique de l’oeuvre de Vieira da Silva. Depuis les débuts figuratifs dans le Paris des années 1930 jusqu’aux toiles évanescentes des années 1980, cette rétrospective présente des oeuvres iconiques et cruciales dans le cheminement intellectuel de l’artiste. Dans les années de formation, elle construit son vocabulaire autour de quelques motifs récurrents : la grille, le damier, la spirale.

                                                  Composition 1936
Après le traumatisme de l’exil pendant la Seconde Guerre mondiale, elle revient à Paris et reprend ses recherches sur l’espace et la vision. À partir des acquis de ses premières années, elle déploie son vocabulaire poétique et conceptuel.

les joueurs de cartes 1947/48
La peinture singulière

Singulière, voire solitaire, sa peinture a souvent été résumée aux camaïeux de
couleurs et aux damiers kaléidoscopiques. Cette rétrospective est l’occasion de révéler une recherche ouverte aux débats esthétiques de son temps. Fortement
marquée par la peinture siennoise, le fonctionnement optique, l’architecture et la musique, Vieira da Silva a questionné sans relâche la perspective, les mécanismes du regard, les transformations urbaines ou encore la musicalité de la touche picturale.

                                                       Rouen 1983
L’exposition suit son fil créateur, fonctionnant par séries, répétitions et déclinaisons. Elle explore les étapes-clés de la révolution du regard et la réinvention spatiale menées par l’artiste. Elle rassemble une quarantaine de toiles provenant de collections particulières et nombre d’institutions prestigieuses en France, en Suisse.

Vieira da Silva L’oeil des collectionneurs – Le second volet

     Kathleen Granville 1936, la Sirène

L’oeil des collectionneurs, met l’accent sur l’intimité de l’artiste à travers sa
relation privilégiée avec Kathleen et Pierre Granville, ses mécènes et amis. Grâce à ce couple de donateurs, le musée des Beaux-Arts de Dijon conserve aujourd’hui près de quarante oeuvres de Vieira da Silva.
Ce volet de l’exposition permet de rassembler la totalité des oeuvres de Vieira
da Silva provenant de la collection Granville et de révéler, par le prisme de leur regard et de leur sensibilité, des motifs récurrents dans son oeuvre. On retrouve ses répétitions autour des villes, des carreaux, des damiers et le cheminement vers la non-figuration, mais aussi ses recherches plastiques dans le domaine plus malléable des arts graphiques.
La personnalité de Vieira se dessine aussi à travers des correspondances inédites et des photographies d’archives, qui témoignent de la profonde complicité qui existait entre le couple de collectionneurs et le couple Vieira
da Silva-Szenes.

                                                        ville au bord de l’eau

Biographie

Après avoir étudié à l’école des Beaux-Arts de Lisbonne, Maria Helena Vieira da Silva s’installe à Paris en 1928. S’orientant vers la sculpture, elle reçoit l’enseignement d’Antoine Bourdelle à l’Académie de la Grande Chaumière et celui de Charles Despiau à l’Académie scandinave. Décidant en 1929 de se consacrer à la peinture, elle fréquente l’Académie de Fernand Léger, suit l’enseignement de Roger Bissière à l’Académie Ranson et s’initie aux
techniques de la gravure à l’atelier 17, dirigé par Stanley Hayter, où elle rencontre les surréalistes.
En compagnie du peintre hongrois Arpad Szenes, qu’elle vient d’épouser, elle
séjourne, en 1931, à Marseille, où elle est fascinée par la vision du pont transbordeur.
De retour à Paris en 1932, elle fait la connaissance de Jeanne Bucher, chez qui
elle exposera régulièrement, et découvre l’oeuvre du peintre uruguayen
Torres-García.
Retirée au Portugal depuis le début de la guerre, elle part pour Rio de Janeiro avec son mari en juin 1940. Revenue en France en 1947, accueillie dans la nouvelle galerie de Pierre Loeb, elle développe une oeuvre aux limites de l’abstraction et de la figuration, caractérisée par l’exploration d’un espace
pictural et mental apparemment infini, dont les dénominations – villes, ponts, gares, échiquiers ou bibliothèques – sont prétextes à tracer de fragiles et irrationnelles perspectives où le regard se perd avec jubilation.


Dans les années 1950, Vieira acquiert une réputation internationale avec des
expositions en Suède, en Angleterre, en Suisse, aux Pays-Bas et aux États-Unis. A partir des années 1960, elle passe une partie de l’année à Yèvre-le-Chatel avec Arpad Szenes, une petite ville du Loiret où ils aménagent des ateliers. En 1966, elle reçoit commande pour les vitraux de l’église Saint-Jacques de Reims. En 1976, Arpad et Vieira font une importante donation de leurs dessins au Musée national d’art moderne. A la même date, à Dijon, on inaugure la donation Pierre et Kathleen Granville qui expose plusieurs dizaines d’oeuvres du couple. Arpad Szenes meurt en 1985. Vieira délaisse ses thématiques habituelles pour se tourner vers des compositions évanescentes, plus blanches. Souffrante dès 1989, elle se retire de son atelier et ne peint plus beaucoup. Elle décède le 6 mars 1992 et est enterrée auprès de sa mère et de son époux, au cimetière de Yèvre-le-Chatel.

Autour de l’exposition
Une programmation très importante est prévue dans diverses activités à retrouver sous l'agenda

Musée des Beaux-Arts
Palais des ducs et des Etats de Bourgogne
Tel (33) 03 80 74 52 09
musees@ville-dijon.fr
Navette gratuite Divia City, arrêt Beaux-Arts ou Théâtre
Bus Liane 6 arrêt Théâtre
Bus ligne 11 arrêt St Michel
Ouvert tous les jours sauf le mardi
du 1er octobre au 31 mai : de 9h30 à 18h
du 1er juin au 30 septembre : de 10h à 18h30
Fermé les mardis, ainsi que les 1er janvier, 1er mai et 8 mai, 14 juillet, 1er et 11 novembre, 25 décembre

Gratuit

 

L’attente d’Anna Malagrida

C'est à la Galerie, de la Filature de Mulhouse Scène Nationale qu' Anna Malagrida, nous convie, jusqu'au 5 mars 2023, pour son exposition de photos intitulée : l'Attente.

Commissaire : Emmanuelle Walter, responsable arts visuels,
en entrée libre
Photographe et vidéaste

Anna Malagrida (Barcelone, 1970) vit à Paris depuis 2004. Elle pratique la photographie et la vidéo. Souvent pensées autour de l’opposition dialectique entre intérieur et extérieur, ses pièces invitent le spectateur à une expérience à la fois intuitive et physique, portée par le sens à l’oeuvre dans les photographies. La fenêtre, le voile ou la frontière sont quelques-uns
des motifs qu’elle emploie pour faire dialoguer les différents espaces et parler de la dualité, de l’instable et de l’ambigu, par opposition à l’univoque.

Formation et études

Sa trajectoire en tant que photographe débute en 1988, année de son inscription à l’Université Autonome de Barcelone, où elle obtiendra une licence en Sciences de l’Information. Décidée à travailler avec le médium photographique, elle poursuit sa formation à l’École Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles en 1993.

Réalité et poésie

À partir de 1998, elle développe un travail plus personnel. Ses images commencent à se structurer autour d’une poétique de l’opposition entre espaces intérieur et extérieur, lumière et obscurité, transparence et opacité, réalité et représentation ; elle s’attache à sonder le rapport entre la photographie et le monde contemporain et interroge l’espace de la ville
contemporaine en posant son regard sur ceux qui la vivent ainsi que sur les traces de ceux qui la traversent.

Prix et bourse

Anna Malagrida est lauréate du prix au Projet des Rencontres internationales de la Photographie d’Arles en 2005 et obtient la bourse de la Fondation Arte y Derecho en 2006. Elle est également lauréate de la Carte Blanche PMU en partenariat avec le Centre Pompidou en 2016 et de la commande 3.0 du Centre National Arts Plastiques et du Jeu de Paume en 2020.
Exposée en France et à l’international (Espagne, France, Afrique du Sud, Allemagne, Danemark…), son oeuvre a rejoint de nombreuses collections publiques et privées (Centre Pompidou, le Wolfsburg KunstMuseum, MAGASIN 3 – Stockholm Kunsthall, Fonds National des Arts Plastiques, MACBA de Barcelone, la Fondation MAPFRE…).

SÉRIES EXPOSÉES

LES PASSANTS

(extraits de la série) photographies, vidéo, mars 2020 – février 2021
Nouvelle cartographie photographique de Paris commencée en mars 2020 lors du premier mois du confinement suite à la crise de la COVID-19 et finalisée un an après, en février 2021, alors que la pandémie bouleverse encore la vie quotidienne en France. Réalisée dans différents quartiers du centre et de la périphérie de la ville, elle se compose de 10 séries de photographies et une vidéo.

Par un point de vue unique et immobile, l’autrice interroge la notion de surveillance ; par le montage des diaporamas elle questionne la notion de temps, le temps de la photographie et aussi celui des individus dans la ville et leur rapport à l’espace urbain. Les séquences d’images traduisent le flux et le mouvement des villes mondialisées.
Réalisées en pleine pandémie, ces photographies dévoilent un nouveau réel derrière les visages parfois masqués et interrogent notre capacité à voir ce qui ne peut être vu.

PARIS BARRICADÉ

photographies, installation, 2018-2019
Le mouvement des Gilets jaunes apparaît en France en octobre 2018. Il donnera lieu à de nombreuses manifestations organisées chaque samedi sur l’ensemble du territoire français et notamment à Paris autour du rond-point de l’Étoile et du boulevard des Champs-Élysées.

Les habitants et les commerçants du quartier décident alors d’installer des protections pour protéger les vitrines des magasins et les fenêtres des logements. Les dimanches, jours d’après les manifestations, Anna Malagrida et Mathieu Pernot réalisent des photographies de ce quartier et des dispositifs de protection mis en place par les habitants.

CRISTAL HOUSE

photographies, vidéo, textes, tickets de jeu usagés, 2016
Cristal House, qui signifie la maison de verre, évoque également le nom d’un cheval de course. Projet réalisé dans une salle de jeu au centre de Paris où se croisent deux quotidiens.


À l’extérieur, celui de la ville qui défile avec son rythme intense, à l’intérieur de la salle, celui des joueurs qui parient aux courses de chevaux, les mouvements répétitifs de leurs mains et les temps d’attente. Attirés par les grandes mégalopoles, la plupart de ces joueurs sont des migrants, souvent des sans-papiers, qui arrivent de partout dans le monde et rêvent d’une vie meilleure.
Les notions de rêve et d’espoir, intrinsèques à chaque joueur, se dédoublent dans
l’image de celui qui émigre.

Un étrange jeu de reflets met le spectateur
face à l’espoir de l’infortuné. Leurs paroles, reproduites dans des fragments de textes, dessinent les vies et les rêves qui convergent dans ce lieu de rencontre
et de jeu.

LE LAVEUR DE CARREAUX

boucle vidéo, 2010


Vidéo réalisée depuis l’intérieur d’une galerie d’art qui montre l’action du laveur de carreaux. Le geste de savonnage de la vitre rappelle un geste pictural et montre la formation et la transformation de l’image. À travers cette action médusante et la trace laissée par le savon, nous pouvons entrevoir la description concrète du quotidien, la vie de la rue. Par la transparence partielle de la vitrine, la caméra capte l’action du travailleur, dans un acte performatif qui interroge la paternité de l’oeuvre.

LES VITRINES

photographies, 2008-2009


Les images de la série Les Vitrines (Escaparates) se concentrent sur un dispositif de vision – la vitrine – et s’identifient à celui-ci pour annuler son usage et l’utiliser comme le véhicule d’une réflexion. Il s’agit de vitrines de commerces condamnées à Paris, recouvertes avec de la peinture de blanc d’Espagne qui empêche de voir clairement l’intérieur. Le regard rebondit
vers le reflet de la ville ainsi qu’à la frontière matérielle de la vitre recouverte d’inscriptions. La tension de la ville s’incarne alors sous forme d’une abstraction dans ces grandes images que nous pouvons aussi regarder avec distance.

Sa démarche

Il y a dans sa démarche la trace évidente d’une réflexion constante sur le statut de l’image dans l’actualité, les limites de la photographie et la dualité du regard. Cette problématique s’articule autour d’un des motifs récurrents de l’Histoire de l’Art, la fenêtre, protagoniste absolu de toute son oeuvre. Une fenêtre qui a un rôle stratégique : c’est la limite entre l’intérieur et l’extérieur, à travers laquelle l’artiste invite le spectateur à communiquer avec l’image photographique à proprement parler. À la fois cadrage et organe de connexion,
elle est parfois un simple verre transparent qui n’interfère pas avec notre perception, mais prend à d’autres occasions un caractère délibérément pictural, nous renvoyant à l’art informel européen ainsi qu’à l’expressionnisme abstrait américain.

Le hors-champ

Cependant, tout n’est pas visible dans le travail d’Anna Malagrida. Le cadre de la fenêtre implique toujours un hors-champ invitant le spectateur, dans sa contemplation, à déployer son imagination. Cet intérêt pour l’expérience du spectateur renvoie à la notion de voyeur et permet de réfléchir au regard, essence du visible.

Les Traces

Pour Anna Malagrida, la photographie est plus qu’un fidèle reflet de la réalité, ses modalités dépassent de loin la notion traditionnelle d’instantané. Au-delà de la représentation, elle construit des images où la trace du réel est palpable, créant des pièces aussi poétiques que contenues. Son oeuvre revêt une dimension très particulière, l’appareil photographique nous renvoyant, tout en nous dévoilant un extérieur, à notre espace intime, intérieur.

 

LA FILATURE, SCÈNE NATIONALE DE MULHOUSE
20 allée Nathan Katz 68100 Mulhouse ·
03 89 36 28 28 · www.lafilature.org
du ma. au sa. 13h-18h + di. 14h-18h
+ soirs de spectacle
(La Filature sera fermée au public du 12 au 26 fév.)
VERNISSAGE ve. 27 janv. 19h
en présence d’Anna Malagrida
CLUB SANDWICH je. 2 fév. 12h30
visite guidée de l’expo + pique-nique tiré du sac (sur inscription 03 89 36 28 28)
VISITES GUIDÉES sur rendez-vous
edwige.springer@lafilature.org ou 03 89 36 28 34

Walter Sickert Peindre et transgresser

Commissariat :
Delphine Lévy, directrice générale de Paris Musées (2013-2020)
Clara Roca, conservatrice en charge des collections d’arts graphiques des XIXe et XXe siècles, et de la photographie
L’exposition est organisée par la Tate Britain et le Petit Palais, Paris Musées.
Jusqu'au 29 janvier 2023

Le Petit Palais présente, pour la première fois en France, une grande rétrospective dédiée au peintre anglais Walter Sickert (1860-1942) conçue en
partenariat avec la Tate Britain.
Cet artiste résolument moderne, aux sujets énigmatiques et souvent déstabilisants, est peu présent dans les collections françaises. Pourtant,
Sickert tisse des liens artistiques et amicaux avec de nombreux artistes français et importe en Angleterre une manière de peindre très influencée par ses
séjours parisiens. Cette exposition est l’occasion de (re)découvrir cet artiste si singulier qui eut un impact décisif sur la peinture figurative anglaise,
notamment sur Lucian Freud.

Le parcours

                              Walter Richard Sickert, The Iron Bedstead,
                             c. 1906, huile sur toile, Collection particulière –
                             Courtesy Hazlitt Holland-Hibbert.
                            © Hazlitt Holland-Hibbert

Le parcours de l’exposition suit un fil chronologique tout en proposant des focus thématiques sur les grands sujets traversés par son oeuvre.
La première section, à travers une sélection d’autoportraits peints tout au long de sa vie, permet d’appréhender sa personnalité à la fois énigmatique, complexe et séduisante. Très provocateur, dans le contexte d’un art académique anglais relativement corseté, Walter Sickert peint des sujets alors jugés trop audacieux comme des scènes de music-hall ou, plus tard, des nus dés-érotisés, présentés de manière prosaïque dans des intérieurs pauvres de Camden Town. Ses choix de couleurs aussi virtuoses qu’étranges, hérités de son apprentissage auprès de Whistler, ainsi que ses cadrages déroutants frappent ses contemporains.

Séjour en France

À partir de 1890, il voyage de plus en plus régulièrement à Paris et à Dieppe jusqu’à s’installer de 1898 à 1905 dans la station balnéaire dont il peint de nombreuses vues. Il est alors très influencé par la scène artistique française et devient un proche d’Edgar Degas, Jacques-Émile Blanche, Pierre Bonnard, Claude Monet ou encore Camille Pissarro. De retour à Londres en 1905, il diffuse sa fine connaissance de la peinture française en Angleterre par ses critiques, son influence sur certaines expositions ou par son enseignement. Il débute à ce moment-là, sa série des
« modern conversation pieces »
 qui détourne les scènes de genre classique et traditionnel de la peinture anglaise en des tableaux ambigüs, menaçants voire sordides dont le plus célèbre exemple est celui de la série des « meurtres de Camden Town ».

                                   Camden Town
Transposition

À la fin de sa carrière, durant l’entre-deux-guerres, Sickert innove en détournant et transposant en peinture des images de presse, processus largement repris à partir des années 1950 par des artistes comme Andy Warhol. S’il ne franchit pas le pas de l’abstraction, il provoque sans cesse le milieu
de l’art et le public par ses inventions iconographiques et picturales. La postérité de son oeuvre est palpable dans le travail de nombreux artistes des générations suivantes.

La scénographie

La scénographie, signée par Cécile Degos, est rythmée par différentes ambiances colorées et aérée, créant des perspectives d’une salle à l’autre. Le parcours est ponctuellement animé par des sections aux ambiances
plus immersives, comme celle consacrée au music-hall.
Les dispositifs de médiation s’appuient d’une part sur un jeu audio, conçu à partir d’archives, qui fait parler Sickert et les personnalités qui l’ont côtoyé, et d’autre part sur une table numérique qui permet de faire l’expérience de la
lanterne de projection, un des procédés de transposition dont Sickert revendique l’emploi.

Informations pratiques

Petit Palais de Paris
Avenue Winston-Churchill
75008 Paris

Tel : 01 53 43 40 00

Plein tarif : 15 euros
Tarif réduit : 13 euros
Gratuit : – 18 ans

Horaires

Du mardi au dimanche de 10h à 18h
Les vendredis et samedis jusqu’à 19h

Ugo Rondinone

Dernier Jour 8 janvier 2023
L’exposition a été rendue possible grâce à Galerie Eva Presenhuber, Zurich ; Esther Schipper, Berlin ; Sadie Coles HQ, London ; Gladstone, New York ; kamel mennour, Paris et Kukje Gallery, Seoul.
Commissariat :
Juliette Singer, conservatrice en chef, responsable des projets art contemporain au Petit Palais
Erik Verhagen, professeur en histoire de l’art contemporain, Université polytechnique Hautsde-France

L’intervention d’Ugo Rondinone au sein du Petit Palais réside en deux ensembles de travaux, prolongés par une installation vidéo inédite. S’articulant autour de corps humains en prise avec les éléments et la nature, ceux-ci s’inscrivent dans la continuité des multiples familles d’œuvres produites par
l’artiste depuis la fin des années 1980. La terre, le ciel, l’air, l’eau et le feu associés à des êtres au repos ou en mouvement sont ici convoqués, dans toute leur dimension spirituelle.

photo Ignant

the water is a poem
unwritten by the air
no. the earth is a poem
unwritten by the fire

Ugo Rondinone
Le premier ensemble

Le premier ensemble de travaux qui accueillent les visiteurs, humansky, souligne d’emblée cette confusion entre l’être et les éléments. Sept corps moulés, agrémentés d’un « camouflage » évoquant un ciel bleu constellé de nuages, sont suspendus. Ils confrontent le visiteur à l’eau et à l’air.
photo elisabeth itti

Le deuxième ensemble

                                                 photo elisabeth itti

Le deuxième ensemble, d’où historiquement, est née cette trilogie, est constitué des nudes. À base de cire transparente mélangée avec de la terre, prélevée sur sept continents, ces sculptures présentent aussi un aspect « camouflé », produit

                                                                  photo Igant
par l’assemblage de ces matières non homogènes. Elles mettent en scène des corps de danseurs et danseuses assis et au repos. Réalisés à échelle humaine, ces nus semblent d’abord réalistes, avant que le visiteur, en s’approchant, ne
découvre leur aspect clairement artificiel, particulièrement visible au niveau de la jonction de leurs membres avec leur corps.
Ces sculptures sont ainsi « paradoxales » et conformes en cela à l ’e s t h é t i q u e d ’ U g o R o n d i n o n e : i l j o u e s u r
« l ’o p p o s i t i o n » entre ce qui est attendu d’un danseur ou d’une danseuse, et la pose qu’il leur fait prendre.
Ces corps immobiles, repliés sur eux-mêmes, évacuent
tout geste c h o r é g r a p h i é e t t o u t e r é f é r e n c e à l ’e s p a c e s c é n i q u e : ils semblent se fondre avec la nature, l’esprit concentré, perdus dans un état méditatif.

D’un ensemble à l’autre, les visiteurs assistent à un processus de mutation des corps :
d’une suspension éthérée avec humansky, à une quasi léthargie avec les nudes, l e s c o r p s « renaissent » dans le film burn to shine, dont la présentation au Petit Palais constitue une première mondiale. Le film est projeté sur six écrans, à l’intérieur d’un écrin cylindrique en bois calciné qui forme un cercle, figure géométrique récurrente chez l’artiste. Le corps est ici en mouvement : 12 percussionnistes, 18 danseurs et danseuses sont réunis dans le désert,
autour d’un feu. S’adonnant à une transe ancestrale héritée du Maghreb, conjuguée aux gestes d’une danse contemporaine pensée avec le concours du chorégraphe franco-marocain Fouad Boussouf, ils s’unissent à la nature, du coucher du soleil jusqu’à l’aube, au moment où le soleil se lève de nouveau.

La méthode

Les lattes en bois du cylindre obstruent toute vue extérieure : elles indiquent un passage.
Depuis ses débuts, Ugo Rondinone considère en effet nécessaire de créer un environnement clos, « isolé », pour pouvoir engager un dialogue avec la nature, au sein d’un espace fermé.
Pour lui, il est important d’imaginer des dispositifs visant à atténuer la présence du paysage urbain environnant. Les filtres – when the sun goes down and the moon comes up – posés sur les fenêtres, dans la galerie des sculptures et le pavillon nord, participent de cette volonté et nous rappellent surtout que toute exposition de l’artiste est, en soi, une œuvre à part entière.

                                          photo Ignant
Selon Ugo Rondinone, ce qui relierait les deux premiers groupes à burn to shine est un désir de transformation : « L’inspiration initiale est venue d’un poème de John Giorno intitulé “Tu dois brûler pour briller », un proverbe bouddhiste sur la coexistence de la vie et de la mort, semblable à la mythologie grecque bien plus ancienne du phénix, l’oiseau immortel qui se régénère de manière cyclique ou renaît d’une autre manière. Associé au soleil, un phénix reçoit une nouvelle vie en renaissant des cendres de son prédécesseur ».
Enfin, l’artiste a tenu compte des œuvres du Petit Palais auxquelles les siennes sont confrontées.
Il s’est appuyé sur les sculptures anthropomorphiques de la collection du musée pour mieux « asseoir » les nus et a entouré le cylindre de burn to shine de quatre peintures d’Eugène Carrière.

                                           photo elisabeth itti

Biographie

Ugo Rondinone est considéré comme l’un des artistes les plus importants de sa génération. Il compose des méditations fulgurantes sur la nature et la condition humaine tout en développant un vocabulaire formel organique où fusionne une multitude de traditions sculpturales et picturales. L’ampleur et la générosité de sa vision sur la nature humaine ont donné naissance à un riche répertoire d’objets bidimensionnels et tridimensionnels, d’installations, de vidéos
et de performances. Ses formes hybrides, qui empruntent aussi bien à des sources culturelles anciennes que modernes, rayonnent de pathos et d’humour, touchant directement au cœur des problématiques les plus pressantes de notre époque, à la croisée de l’exploit moderniste et de l’expression archaïque. Ces dernières années, les observations existentielles de Rondinone
sur l’humanité, la technologie et le passage du temps se sont traduites par des installations sculpturales publiques de grandes dimensions. Celles-ci comprennent des moulages en aluminium d’oliviers vieux de 2000 ans, des masques d’argile modelés à la main, des figures en pierre brute et des rochers empilés ornés de couleurs artificielles.


Parallèlement à son travail, Rondinone entretient un intérêt constant pour l’art de ses prédécesseurs et de ses contemporain·es, comme en témoignent les expositions de groupe qu’il a organisées à Vienne, Paris et New York, ainsi que l’émouvant hommage collectif rendu à son partenaire de vie, le regretté poète et artiste de performance John Giorno, au Palais de Tokyo à Paris en 2016 intitulé I JOHN GIORNO puis présenté à nouveau dans treize institutions
à but non lucratif en 2017 à New York.
Ugo Rondinone est né en 1964 à Brunnen, en Suisse. Il a étudié à l’Universität für Angewandte Kunst de Vienne avant de s’installer à New York en 1997, où il vit toujours aujourd’hui. Son travail a été présenté dans le cadre d’expositions personnelles au Centre Pompidou, Paris (2003) ; Whitechapel Gallery, Londres (2006) ; Art Institute of Chicago (2013) ; Rockbund Art Museum,
Shanghai (2014) ; Palais de Tokyo, Paris (2015) ; Secession, Vienne (2015) ; Museum Boijmans Van Beuningen, Rotterdam (2016) ; MACRO, Rome (2016) ; Carré D’Art, Nîmes (2016) ; Berkley Art Museum, Berkeley, Contemporary Art Center Cincinnati, Cincinnati (2017), Bass Museum of Art, Miami (2017) ; Belvedere, Vienne (2021), Musée Tamayo, Mexico (2022) et Musée Schirn,
Francfort (2022). En 2007, il a représenté la Suisse à la 52e Biennale di Venezia.
L’artiste vit et travaille à New York.

CARTE BLANCHE À UGO RONDINONE
when the sun goes down and the moon comes up
le MAH de Genève invite Ugo Rondinone (1964-) à s’emparer de sa collection et de son bâtiment principal pour créer une expérience esthétique unique.
26 janvier 2023 - 18 juin 2023