RÉUNIS : SÉPARÉS Pierre Coulibeuf et Jérôme Game

Pierre Coulibeuf, le cinéaste et plasticien, et Jérôme Game, le poète et plasticien, sont « Réunis : séparés » dans une exposition commune à la Filature, à Mulhouse, jusqu’au 16 novembre.
Commissaire : Emmanuelle Walter


« Sommes-nous ensemble ? Pas tout à fait, n’est-ce pas ?
Seulement, si nous pouvions être séparés. » — « Nous sommes
séparés, j’en ai peur, par tout ce que vous ne voulez pas
dire de vous. » — « Mais aussi réunis à cause de cela. » —
« Réunis : séparés ».
L’Attente, l’oubli, Maurice Blanchot

Cette exposition est une invitation faite à Pierre Coulibeuf et Jérôme Game à se rencontrer, entre textes, paroles et images, fixes ou mouvantes, à imaginer des correspondances entre leurs pratiques, à explorer des dispositifs partagés et à questionner ce qui fait frontière poreuse entre les mots, les sons, le cinéma et la photo. Car pour Pierre Coulibeuf comme pour Jérôme Game, c’est bien dans les écarts qu’il est possible d’agir et d’ajuster son écriture, d’explorer la consistance du réel des corps, des événements et des récits, collectifs ou individuels, via celle des signes et leurs grammaires.

Pierre Coulibeuf est cinéaste et plasticien. La création contemporaine est le matériau de son travail. Dans un rapport transversal avec les genres du cinéma (fiction, expérimental) et l’art vidéo, ainsi qu’avec les modes de présentation de l’image en mouvement (projection, installation, photographie), ses œuvres inventent un lieu et un langage à la frontière des disciplines, critiquent les formes établies, questionnent les modes de représentation de la réalité.

Jérôme Game est poète et plasticien. Il travaille à la croisée des arts littéraires, visuels, sonores et scéniques. Présentée sous forme de livres, vidéos, pièces sonores, performances ou installations, son œuvre explore les formes de l’expérience contemporaine à l’intersection des mots, des sons et des images.

Quelques copies des vidéos de Pierre Coulibeuf
Informations pratiques

CLUB SANDWICH JE. 2 OCT. 12H30
visite guidée, repas partagé et Food Truck sur le Parvis

VERNISSAGE VE. 17 OCT. 19H
en présence des artistes · dans le cadre des Journées de l’architecture

RENCONTRE AVEC JÉRÔME GAME JE. 23 OCT. 20H à la Librairie 47° Nord
pour la sortie de son livre INTR/ANSITIF. Poétique de l’interstice (éditions Presses du réel)

Art Basel Paris  2025

  • Réunissant 206 galeries internationales de premier plan venues de 41 pays et territoires – dont 65 espaces opérationnels en France – le salon a suscité un accueil enthousiaste de la part des galeries, collectionneurs et visiteurs du monde entier, avec une fréquentation totale de plus de 73 000 personnes tout au long de ses journées VIP et publiques.
  • Les exposants ont enregistré de solides ventes dans tous les segments et secteurs du marché, avec des placements remarquables, notamment des œuvres de Gerhard Richter , Amadeo Modigliani , Julie Mehretu et Leiko Ikemura . Des succès notables ont également été enregistrés grâce aux redécouvertes de Marie Bracquemond et Lee ShinJa , ainsi qu’à des artistes émergents comme Yu Nishimura et Özgür Kar , reflétant la richesse et la diversité des programmes présentés par la galerie.
  • L’ambitieux programme public du salon a fait son retour avec des activations dans neuf lieux prestigieux à travers Paris, soulignant le lien entre le salon et les industries créatives adjacentes. Miu Miu était partenaire officiel du programme public pour la deuxième année consécutive. Oh La La! – l’initiative de ré-accrochage créatif d’Art Basel Paris, organisée les vendredis et samedis de la semaine du salon – a fait son retour pour sa deuxième édition, cette année sous la direction artistique du journaliste de mode Loïc Prigent .
  • Clément Delépine, directeur d’Art Basel Paris, a déclaré :
    « Cette deuxième année au Grand Palais a été un véritable retour aux sources : l’exposition a trouvé son rythme et son lien avec la ville n’a jamais été aussi fort. Ce fut un privilège de contribuer à façonner ce parcours aux côtés d’une équipe extraordinaire et d’une communauté internationale. »
  • Art Basel Paris s’est déroulé du 24 au 26 octobre 2025, avec les VIP Days les 22 et 23 octobre, et la nouvelle initiative Avant-Première le 21 octobre. L’édition 2026 du salon aura lieu du 23 au 25 octobre 2026.
  • Plusieurs exposants ont partagé leurs impressions sur cette édition. Les citations sont disponibles pour la presse ici.
  • Nous avons vécu une édition exceptionnelle cette année, marquée par une énergie débordante tout au long de la foire et des échanges passionnés avec les collectionneurs. Parmi nos ventes, nous sommes particulièrement heureux d'avoir accueilli des œuvres de Lee Ufan, Daniel Buren, Adam Pendleton, Alicja Kwade, Gerhard Richter, Camille Henrot, Alberto Giacometti et Andy Warhol. Nous avons également accueilli de nombreux visiteurs cette semaine dans nos galeries parisiennes, où plusieurs œuvres ont trouvé preneur.
    
    Kamel Mennour, Fondateur, Mennour (Paris)

Galerie Mennour

Vassily Kandinsky, la musique des couleurs

Vassily Kandinsky, Jaune-rouge-bleu, 1925, Paris © Musée national d’art moderne-Centre Pompidou
Exposition coorganisée par le Musée de la musique - Philharmonie de Paris et le Centre Pompidou, jusqu'au   1ER FÉVRIER 2026
COMMISSARIAT : 
Angela Lampe, conservatrice du Musée national d’art moderne - Centre Pompidou
Marie-Pauline Martin, directrice du Musée de la musique - Philharmonie de Paris
Mikhaïl Rudy, directeur musical

Le Musée de la musique – Philharmonie de Paris et le Centre Pompidou s’associent pour concevoir et produire une grande exposition sur l’imaginaire de la musique dans l’œuvre de Vassily Kandinsky. Cette exposition rassemble
près de 200 œuvres du maître et objets de son atelier (partitions, disques, livres, outils, etc …), qui tous expriment la place fondamentale de la musique dans son quotidien, dans sa vocation d’artiste et dans l’évolution de sa pratique
vers l’abstraction. Rarement la musique a joué un rôle aussi important dans l’œuvre d’un peintre que pour Vassily Kandinsky.

Fugue

LE MODÈLE ABSTRAIT DE LA MUSIQUE

Contemporain de Moussorgski et des nouvelles écoles musicales inspirées du folklore russe, Kandinsky grandit à Moscou et Odessa dans une famille
cultivée ; en amateur, il pratique le violoncelle et l’harmonium, et s’enthousiasme bientôt pour Wagner.
Par-delà les attendus d’une éducation bourgeoise, la musique agit comme un révélateur. Lui-même affirme qu’elle nourrit et détermine sa vocation d’artiste.
Surtout la musique, par son langage abstrait, autorise le peintre à questionner le principe de l’imitation de la nature, jusqu’à opérer sa dissolution. Affûtant sa
réflexion auprès de musiciens d’avant-garde comme Nikolaï Kulbin, Sergueï Taneïev ou Thomas von Hartmann, Kandinsky réinvente le langage de la
peinture suivant le modèle abstrait de la musique, dont témoignent notamment sa série d’Improvisations et de Compositions.

L’HORIZON D’ÉCOUTE DU PEINTRE

Aucune exposition n’a jusqu’alors replacé l’œuvre du peintre, des paysages russes aux dernières Compositions, dans l’effervescence musicale de son temps. Nul doute pourtant que les compositions d’Alexandre Scriabine, Thomas von Hartmann, Arnold Schönberg ou encore Igor Stravinsky définissent l’horizon d’écoute de la modernité et de l’abstraction picturale. De l’évocation du « choc Wagner » qu’éprouve Kandinsky en 1896 à Moscou, aux expériences théâtrales et chorégraphiques du Bauhaus où il enseigne à partir de 1922, l’exposition renouvelle le regard sur l’œuvre du peintre en créant, à l’aide d’un parcours immersif au casque, un jeu subtil de correspondances entre musique, formes et couleurs.

LE CABINET D’UN MÉLOMANE

Outre une centaine d’œuvres et dessins issues du Centre Pompidou et de collections internationales, le parcours dévoile un cabinet imaginaire exprimant la mélomanie de Kandinsky. Les partitions qu’il acquiert,
les livres et prospectus musicaux qu’il collecte, les photos de ses amitiés musicales, sa collection de disques comme les gravures de chants populaires qu’il affectionne, constituent des objets essentiels de sa culture artistique. Au cœur du cabinet, une sélection d’outils de son atelier questionne la musicalité du processus de création de Kandinsky, notamment son travail sur la
« sonorité » des couleurs ou ses études visuelles sur la 5e symphonie de Beethoven.

VERS LA SYNTHÈSE DES ARTS

La production picturale de Kandinsky est indissociable de sa réflexion et de ses expériences sur la synthèse des arts. De manière originale, l’exposition met en
dialogue tableaux et dessins avec ses différents projets pour la scène, ses poèmes explorant le « son pur » des mots, ou encore l’Almanach du Blaue Reiter
(Cavalier bleu), qui tous opèrent l’unité fondamentale des arts visuels et sonores. Enfin, parce que la musique est aussi, dans l’œil de Kandinsky, un art de la performance, l’exposition propose la recréation de plusieurs œuvres synesthétiques, comme la mise en scène en 1928 des Tableaux d’une exposition de Moussorgski, ou le Salon de musique qu’il conçoit pour l’exposition d’architecture de Berlin en 1931.

Informations pratiques

MUSÉE DE LA MUSIQUE – PHILHARMONIE DE PARIS
221 avenue Jean Jaurès, 75019 Paris
Ouverture des réservations à partir de septembre 2025
www.philharmoniedeparis.fr ou 01 44 84 44 84
@philharmoniedeparis
#philharmoniedeparis

CENTRE POMPIDOU
www.centrepompidou.fr
@centrepompidou
#centrepompidou

Métro 5 Porte de Pantin

Gerhard Richter à la Fondation Vuitton

Du 17 octobre 2025 au 2 mars 2026 à la FONDATION LOUIS VUITTON
Commissariat
DIRECTRICE ARTISTIQUE
Suzanne Pagé
COMMISSAIRES INVITÉS
Dieter Schwarz et Nicholas Serota
COORDINATION
Ludovic Delalande
Gerhard Richter : Que peut l’Art face à l’Histoire ? (vidéo)
Avant-propos
(Extrait du catalogue de l’exposition)

L’œuvre de Richter échappe à toute catégorie : de la peinture il s’ouvre à la sculpture, au dessin, à l’aquarelle, à la photo, aux créations via les nouvelles technologies.
Il est passionnant de voir à quel point il est un explorateur de nouveaux univers, sans même quitter son atelier. Le portrait, le paysage, les abstractions, la peinture qu’il applique sur les photographies, le verre qui joue avec la lumière, tantôt par réflexion, tantôt par transparence, les compositions de natures mortes, bref tous les genres le mobilisent et l’inspirent.
Et alors, nous pouvons nous poser la question de la vérité et de la réalité, de la clairvoyance de notre propre façon de percevoir, de penser, d’exister. Richter nous invite à un autre dialogue avec
le monde.
Gerhard Richter suscite en nous tant d’interrogations, de doutes comme de certitudes, avec à chaque fois des réponses ou le silence. Une démarche unique, profonde, personnelle et universelle.
Comme une communion.

(extrait)
Bernard Arnault
Président de la Fondation Louis Vuitton

Préface

Gerhard Richter, une vie, une œuvre, où petite et grande Histoire se percutent, de Onkel Rudi et Tante Marianne à Birkenau, et où mémoire et politique croisent l’intime dans la distance ou la proximité. Gerhard Richter, une œuvre qui ne cesse de se renouveler et d’explorer les potentialités de la peinture, d’une peinture encore possible. Figuration et abstraction se succèdent sur un mode
paradoxal très personnel alternant représentation, flou et effacement.
Gerhard Richter, un peintre qui se définit comme « faiseur d’images » sur la base de sujets qu’il ne cesse de creuser au même rythme que les modalités formelles qui les expriment.
(Extrait du catalogue de l’exposition)
Suzanne Pagé
Directrice artistique de la Fondation Louis Vuitton

Le Lac des 4 Cantons
L’exposition en chiffres

• 275 œuvres (peintures à l’huile, sculptures en acier et en verre, dessins au crayon et à l’encre,
aquarelles, ainsi que photographies peintes).
• 34 salles pour un parcours chronologique – chaque section de l’exposition couvrant environ une décennie et montrant l’évolution d’une vision picturale singulière, des premières peintures d’après photographies aux dernières abstractions.
• 104 prêteurs
Institutions et collections particulières partenaires et galeries

Gerhard Richter

Gerhard Richter dans son studio, à Cologne, en 2009.
© Joe Hage, London

Né à Dresde en 1932 dans l’ancienne RDA, qu’il quitte la veille de la construction du mur de Berlin en 1961, Gerhard Richter s’établit à Düsseldorf, puis à Cologne, où il vit et travaille encore aujourd’hui.
De 1951 à 1956, il étudie la peinture murale à l’École des Beaux-Arts de Dresde. En 1961, il quitte la RDA pour Düsseldorf, où, de 1961 à 1964, il suit les cours de K. O. Götz à l’Académie nationale des Beaux-Arts. Dix ans plus tard, il devient professeur de peinture à Düsseldorf, poste qu’il occupe jusqu’en 1994. À partir de 1962, alors qu’il est encore étudiant, il développe sa propre œuvre artistique, d’abord à partir de modèles photographiques. Plus tard, il étend sa peinture à une grande variété des langages abstraits. Outre ses toiles et objets, l’œuvre complexe de Richter comprend également des dessins, aquarelles, photos surpeintes, éditions et multiples.
Gerhard Richter est unanimement considéré comme l’un des artistes vivants les plus importants et influents. Ses œuvres figurent dans les plus importantes collections de musées et sont exposées dans le monde entier. Depuis 1967, l’œuvre de Richter est exposée en France par des institutions et des galeries, notamment dans le cadre de rétrospectives en 1993 au Musée d’art moderne de la ville de Paris, ou plus récemment en 2012 au Musée national d’art moderne, Centre Pompidou, Paris.

les Constellations

Parcours

L’exposition réunit la plupart des œuvres majeures de Richter. Elle couvre six décennies de sa production picturale jusqu’à 2017, année où il renonce à la peinture tout en continuant de dessiner.
Chaque section de l’exposition couvre environ une décennie et montre l’évolution d’une pratique dont l’apogée est marqué par plusieurs ensembles de peintures magistrales, exécutés entre 2000 et 2016.
Richter se considère comme un « peintre classique » dont le plus grand plaisir est de travailler à l’atelier.
Durant sa longue carrière, il a délibérément exploré les genres traditionnels en peinture – portrait, nature morte, paysage, et peinture d’histoire qui traite des grands événements et enjeux d’une époque.

Emma

La plupart des artistes ne se concentrent que sur un ou deux de ces sujets. Il est tout aussi marquant qu’en dépit du fait qu’il soit un « peintre d’atelier », Richter ne travaille jamais directement d’après modèle ni sur nature. Tout est filtré à travers un autre medium qu’il s’agisse d’une photographie ou d’un dessin à partir desquels il crée une image autonome et indépendante. Les œuvres les plus anciennes de l’exposition sont basées sur des photographies tirées de journaux ou de magazines et, comme nous le savons aujourd’hui, sur des photos de sa famille que Richter avait laissée en RDA.
La plupart des images présentent un flou caractéristique, obtenu par le glissement du pinceau sur la surface peinte encore humide. Ce procédé projette l’image dans le passé à travers la mémoire tout en propulsant l’image vers l’abstraction.

Faust 1980

Au cours des années 1970-1980, Richter explore à la fois le langage de l’abstraction et celui de la représentation. Dans ses œuvres abstraites, il utilise souvent le racloir qui lui permet de flouter de grands formats tout en introduisant un élément de hasard. Parallèlement, il peint d’exquises natures
mortes, des portraits et des paysages qui évoquent la peinture romantique classique. Parfois, et de façon extrêmement réfléchie, il prend pour sujet un moment tragique de l’Histoire, tels la Shoah, ou l’attentat contre les Tours jumelles de New York, le 11 septembre 2001.
Cette capacité à conjuguer une technique frappante et des images saisissantes a valu à Richter une grande renommée internationale tout au long de sa carrière.

Dieter Schwarz et Nicholas Serota
Commissaires invités

Nicholas Serota, cocomissaire de l’exposition « Gerhard Richter » : « Le flou est une manière de mettre les choses à distance, de les rendre plus universelles »

Richter pratique simultanément les deux registres, parfois sur le même tableau. Dès la première salle, où l’on est accueilli par son tableau originel,
Tisch (« table ») de 1962
, la représentation en noir, blanc et plein de nuances de gris – comme bon nombre de ses tableaux figuratifs – d’une photographie prélevée dans un magazine. Elle est en partie masquée par un barbouillage qui évoque la peinture gestuelle en vogue à l’époque.

Gerhard Richter, Tisch, 1962
Huile sur toile, 90,2 x 113 cm Collection particulière © Gerhard Richter 2025 (18102025)

A côté est accroché Hirsch (« cerf »), de 1963, où l’animal apparaît dans une sorte de brouillard et contraste avec les arbres qui l’entourent, lesquels sont représentés de manière très graphique. Sur l’envers de la toile, Richter a peint deux portraits d’Hitler, qu’il a ensuite recouverts de blanc – comme une figure incontournable et immontrable.

Hirsch

Galerie 2 : 1971-1975 — Questionner la représentation.

Les 48 Portraits, peints pour la Biennale de Venise de 1972, véritable tour de force, ouvrent un nouveau chapitre : application du procédé des coulures (Vermalungen), étapes progressives de la, répartition aléatoire des couleurs dans les grands Nuanciers de Couleurs, et négation de la représentation et de l’expression dans les Peintures Grises.

Gerhard Richter, Verkündigung nach Tizian, 1973
Huile sur toile, 125 x 200 cm Hirshhorn Museum and Sculpture Garden, Smithsonian Institution, Washington, DC, Joseph H. Hirshhorn Purchase Fund, 1994 © Gerhard Richter 2025 (18102025)

Galerie 4 : 1976-1986 — Explorer l’abstraction

Durant cette décennie, Richter jette les bases de son approche spécifique de l’abstraction : il représente et agrandit des études à l’aquarelle, examine la surface d’une peinture, fait du coup de pinceau lui-même le sujet d’une œuvre (Strich). Parallèlement, il peint les premiers portraits de sa fille, Betty, et poursuit son exploration du paysage et de la nature morte.

Galerie 5 : 1987-1995 — « La décennie sombre »

Ému par une vision profondément sceptique des mutations artistiques et sociales, Richter peint la série 18 octobre 1977, exceptionnellement prêtée par le MoMA, le seul ensemble d’œuvres qui se réfère explicitement à l’histoire allemande alors récente. Il crée également certaines de ses abstractions les plus impressionnantes et les plus sombres. Reprenant ses premières peintures de famille, Richter réalise la séquence Sabine mit Kind.

Galeries 7 et 9 : 1996-2009 — Nouvelles perspectives en peinture : le hasard.

A la fin des années 1990, il entre dans une période très productive qui le mène des peintures figuratives et abstraites de la petite taille aux sévères Silikat, aux expériences avec le hasard qui aboutissent à 4900 Colors, et aux sereines peintures Cage, en hommage au grand compositeur.

Galeries 9 et 10 : 2009-2017 — Dernières peintures.

Richter surprend son public en abandonnant la peinture pendant plusieurs années et en expérimentant des œuvres sur verre ainsi que des images de Strip produites numériquement. Il revient à la peinture avec Birkenau, un groupe d’œuvres inspirées de quatre photographies prises dans un camp d’extermination nazi. La dernière salle présente ses dernières toiles abstraites magistrales, achevées en 2017, après quoi Richter s’est concentré sur les dessins exposés dans la galerie 11. 1916 à Baden Baden

Gerhard Richter, Birkenau, 2014 (photo e.i. 2016 à Baden Baden)
Quatre huiles sur toile, 260 x 200 cm chaque Neue Nationalgalerie, Stiftung Preußischer Kulturbesitz, Berlin, prêt de la Gerhard Richter Art Foundation © Gerhard Richter 2025 (18102025)

La sculpture est présente à des moments clés du parcours, et trois salles dédiées aux aquarelles, dessins et photographies sur-peintes offrent un interlude et un changement de rythme dans les années 1970 et 1990, tout en illustrant les préoccupations de l’artiste depuis qu’il a cessé de peindre en 2017.

Informations pratiques

La brochure interactive de visite

Gerard Richter Venise

Fondation Louis Vuitton
8 av. du Mahatma Gandhi
Bois de Boulogne, 75116 Paris

Métro
Ligne 1 Station Les sablons (950m)

Navette
Toutes les 20 minutes environ durant les horaires d’ouverture de la Fondation Sortie n°2 de la station Charles de Gaulle Étoile – 44 avenue de Friedland 75008 Paris

Horaires
Tous les jours de 10 à 20 h



Un dimanche sans fin-Maurizio Cattelan et la collection du Centre Pompidou

Maurizio Cattelan, Spermini, 1997
Masques en latex peints, 17,5 x9 x 10 cm (chacun)
Courtesy Maurizio Cattelan’s Archive

Au Centre Pompidou Metz, jusqu'au 1er février 2027 -
Grande Nef, Galerie 1, Forum et toits des Galeries
Commissaires : Maurizio Cattelan, Chiara Parisi, directrice du Centre
Pompidou-Metz, et l’équipe du pôle Programmation du Centre Pompidou-Metz
– Sophie Bernal, Elia Biezunski, Anne Horvath, Laureen Picaut et Zoe Stillpass, accompagnées par Marta Papini.

Un dimanche sans fin. Un temps suspendu entre loisir et révolte. Pour célébrer ses 15 ans, le Centre PompidouMetz invite le public à une plongée vertigineuse
dans l’histoire de l’art à travers Dimanche sans fin, une exposition hors normes qui investit l’ensemble du musée. Près 400 pièces issues des collections du
Centre Pompidou rencontrent le regard implacable de Maurizio Cattelan, dont 40 de ses œuvres interrogent nos mythologies modernes avec lucidité et mélancolie.

Dès l’entrée, le visiteur est confronté à une mise en scène de l’autorité
et de sa contestation. Ici, les textes de salle sont porteurs d’une parole
incarnée : celle de Maurizio Cattelan et des détenues de l’Institut de
réclusion pour femmes de la Giudecca-Venise, qui explorent ensemble
la notion de liberté sous la forme d’un abécédaire. En salle, des détenus
formés à la médiation issus du Centre pénitentiaire de Metz accompagnent
ponctuellement les groupes.

Au fil d’un parcours construit comme un abécédaire, l’exposition alterne
œuvres iconiques, pièces inattendues et dialogues transhistoriques. La
scénographie immersive de Berger&Berger transforme le musée en une
déambulation circulaire, faisant écho aux cycles du temps et à l’architecture
de Shigeru Ban et Jean de Gastines.
Loin d’un catalogue classique, le livre de l’exposition conçu par Irma Boom
pousse encore plus loin la réflexion. Maurizio Cattelan y livre un regard
singulier sur son propre travail et sur son histoire personnelle. Plus qu’un
recueil, une autobiographie.
Que signifie un dimanche sans fin ? Un jour qui s’étire entre liberté et
contrainte, mémoire et projection, errance et engagement. Avec cette
exposition, le Centre Pompidou-Metz propose un labyrinthe de récits où
l’art, en dialogue avec le réel, continue d’ouvrir des brèches dans notre
perception du monde.

Quinze après son exposition inaugurale Chefs-d’œuvre ? (2010), à l’occasion
de laquelle le Centre Pompidou-Metz questionnait notamment les acquis de
l’histoire de l’art, l’institution poursuit son exploration du regard porté sur
les œuvres et de la notion de collection. Cette réflexion trouve son point
d’orgue avec Dimanche sans fin. Maurizio Cattelan et la collection du Centre
Pompidou, une exposition d’envergure célébrant à la fois le 15e
anniversaire du Centre Pompidou-Metz et son dialogue fécond avec le Centre Pompidou, en pleine métamorphose.

Une perspective nouvelle sur une collection d’exception

Se déployant dans tout le musée, du Forum à la Grande Nef, de la Galerie 1
aux toits des Galeries transformés pour la première fois en jardin de
sculptures, l’exposition rassemble plus de 400 œuvres issues des différents
départements du Musée national d’art moderne, qui rencontrent trente
œuvres de Maurizio Cattelan. Artiste de renommée internationale et
co-commissaire invité, il pose son regard incisif sur la collection, offrant un
jeu de correspondances inattendues.

Artiste majeur de la création contemporaine, Maurizio Cattelan insuffle à
l’exposition une approche incisive et décalée, et porte par sa présence un
regard neuf sur cette prestigieuse collection. Sa pensée, mélancolique
et ironique, traverse les contradictions sociétales, déjoue les structures
d’autorité et interroge les systèmes de croyance. Son univers qui frappe
depuis les années 1990 entre subversion et engagement, révèle notre monde
en mutation.

Le dimanche : entre rituels, loisirs et révolte

Dans de nombreuses cultures anciennes, le dimanche – dies solis chez les
Romains – est associé au soleil et à son culte. En 321 après J.-C., l’empereur
Constantin en fait un jour de repos et de prière dans tout l’Empire romain.
Au fil des siècles, sa signification évolue, et du temps sacré au temps libre,
le dimanche devient au XXe siècle le jour des loisirs, du sport et plus
récemment de la consommation. C’est aussi celui où l’on flâne dans un parc,
visite un musée, paresse chez soi ou partage un repas en famille, en gardant
à l’esprit la musique en sourdine de la révolte, du soulèvement qui peut
surgir à tout moment. Traversé par cette complexité, le parcours de
l’exposition oscille entre tendresse et culpabilité, pointant les impasses de
nos époques, pour mieux spéculer sur des lendemains alternatifs.
Traditionnellement associé au repos et à la contemplation, le dimanche est
un jour paradoxal. De jour sacré à celui des loisirs et de la consommation,
il résume à lui seul les mutations de nos sociétés. L’exposition en explore
les différentes facettes à travers un parcours thématisé en forme
d’abécédaire, clin d’œil à Gilles Deleuze. Chaque section, intitulée
d’après un poème, un film, un roman (A pour « Air de famille », B pour
« Bats-toi », C pour « Conduis-moi sur la lune », etc.) autant d’invitations
à revisiter les idées associées au dimanche et à s’immerger dans
l’univers complexe et torturé de Maurizio Cattelan, qui guide le visiteur
dans une exploration transhistorique et sensorielle.

Une immersion architecturale et scénographique

Parmi les 26 lettres de l’alphabet, auxquelles s’ajoute une 27e
entrée, celle dédiée à la section « Dimanche », et qui forment autant de chapitres, les visiteurs déambulent librement dans un parcours conçu par les scénographes Berger&Berger. Une grande dérive dans l’histoire de l’art jouant
d’associations étonnantes à tous les étages du musée.


La mise en espace joue sur les formes et les cycles. En écho à l’architecture
hexagonale de Shigeru Ban et Jean de Gastines, le parcours s’organise
autour d’une circulation giratoire dans la Grande Nef et de cercles
concentriques en Galerie 1, ponctués de lignes droites qui structurent
la déambulation.
L’exposition se déploie sur plusieurs niveaux, proposant un voyage dans
l’histoire de l’art et ses ruptures. Dans le Forum, la monumentalité de
L.O.V.E., sculpture iconique de Cattelan représentant une main amputée
de ses doigts, ne laissant que le majeur tendu, instaure un face à face direct
avec le visiteur dès ses premiers pas dans le musée. Cet anti-monument

soulève des questions autour des relations de pouvoir et de croyances qui
se jouent dans l’espace public.

Dans la Grande Nef, le serpent « Uroborus », figure du cycle infini, ouvre
l’exposition et donne son rythme au parcours, où dialoguent objets rituels,
artefacts anonymes et œuvres contemporaines. Les disques Pî chinois,
parures funéraires évoquant l’infini, croisent le Vieux Serpent de Meret
Oppenheim, symbole à la fois d’origine et de dénouement. Felix de Maurizio
Cattelan, son gigantesque squelette de chat à l’échelle d’un dinosaure, remet
en question les classifications institutionnelles et les notions de fiction et
de réalité.

Il envahit la section « Dimanche » où des œuvres majeures
comme Le Bal Bullier de Sonia Delaunay nous révèlent la polysémie
du concept de cette journée. Ses couleurs vives et chaudes, comme baignées
de lumière, répondent à celle de Last Light de Felix Gonzalez-Torres, une
guirlande lumineuse de 24 ampoules correspondant aux heures de la journée
représentant le passage du temps, un cycle fragile en mémoire des victimes
du SIDA.

En Galerie 1, le dimanche devient le théâtre des tensions politiques
et artistiques : « Ils ne passeront pas » présente des œuvres révélant
les traumatismes de l’après-guerre, à l’instar de Souvenirs de la galerie
des glaces à Bruxelles d’Otto Dix, ou capturant la violence d’un combat
physique, avec Les Lutteurs de Natalia Gontcharova.


D’autres œuvres marquent l’esprit transgressif et les ruptures radicales
opérées par les avant-gardes : Le Grand Nu de Georges Braque explore
les limites de la perception cubiste, le Carré noir de Kasimir Malévitch
pousse l’abstraction jusqu’à son essence la plus pure et la Tête Dada de
Sophie Taeuber-Arp brosse le portrait de la révolution dadaïste dans un
geste résolument anti-autoritaire.

Georges Braque, Grand Nu, 1907-1908
Huile sur toile, 140 x 100 cm
Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, AM 2002-127
© Adagp, Paris, 2025
Photo : © Centre Pompidou, MNAM-CCI/Georges Meguerditchian/Dist. GrandPalaisRmn

Soulages, une autre lumière Peintures sur papier

Du 17 septembre 2025 au 11 janvier 2026 au Musée du Luxembourg
Exposition produite par le GrandPalaisRmn
Commissariat
Alfred Pacquement, Directeur honoraire du Musée national d’art moderne, Centre Pompidou
Chargée de recherche
Camille Morando, Responsable de la documentation des collections modernes au musée national d’art moderne, Centre Pompidou
Scénographie
Véronique Dollfus
Signalétique
Atelier JBL - Claire Boitel
Lumière
Abraxas Concepts

« C’est avec les brous de noix de 1947 que j’ai pu me
rassembler et obéir à une sorte d’impératif intérieur.
La vérité est que je me suis senti contraint par l’huile.
Je l’avais pratiquée avant-guerre et je savais ce
qu’elle imposait comme contraintes. Par impatience,
un jour, dans un mouvement d’humeur, muni de brou
de noix et de pinceaux de peintre en bâtiment, je me
suis jeté sur le papier ».
Pierre Soulages.
Cité par Pierre Encrevé, Soulages. L’œuvre complet.
Peintures. I. 1946-1959, Paris, Seuil, 1994, p. 40.

 

Pierre Soulages (vidéo) a toujours refusé d’établir une hiérarchie entre les différentes techniques qu’il utilise.
À côté des peintures sur toile, il est également l’auteur d’un ensemble considérable de peintures sur papier qu’il a mené, avec quelques interruptions tout au long de son parcours pictural, jusqu’au début des années 2000. D’une certaine façon, on peut dire que son œuvre commence sur le papier avec, dès 1946, des peintures aux traces larges et affirmées, réalisées au brou de noix, qui vont véritablement voir son œuvre se distinguer des autres démarches abstraites de l’époque.

En 1948, alors qu’il vient à peine de commencer à exposer, il est invité à une manifestation itinérante sur la peinture abstraite française dans les musées
allemands, en compagnie d’artistes beaucoup plus âgés. C’est une de ses peintures qui est choisie pour l’affiche et va contribuer à le faire connaître.
Privilégiant le brou de noix dans les premières années, Pierre Soulages reviendra souvent à cette matière qu’utilisent les ébénistes et dont il aime les
qualités de transparence et d’opacité, de luminosité également en contraste avec le blanc du papier.


Il emploiera aussi l’encre et la gouache pour des œuvres dont les formats en général restreints ne cèdent en rien à la puissance formelle et à la diversité.
L’œuvre sur papier de Pierre Soulages qui fut longtemps conservé par l’artiste, a été moins souvent montré que les peintures sur toile et rarement rassemblé dans des expositions à part entière. Il constitue pourtant un ensemble indispensable à la compréhension de sa peinture.
Cette exposition présente 130 œuvres dont plus d’une trentaine inédites.

Cette exposition a bénéficié du soutien exceptionnel
du musée Soulages, Rodez

Plan de l’exposition et scénographie

La mise en espace est sobre et fluide. Sur les murs blancs, les œuvres écrivent une partition : succession de blanches, noires, croches, rythmées par des
intervalles, des silences.
Des touches de noir et de brou de noix font écho à la tonalité des peintures.
Soulages est présent : des portraits grandeur nature et des interviews en vidéo projection éclairent son travail et ponctuent le parcours.
La scénographie est éco-responsable. Sol, cimaises et mobilier jouent le jeu du réemploi, de la durabilité et du recyclable.

Informations pratiques

Musée du Luxembourg
19 rue Vaugirard
75006 Paris
Téléphone
01 40 13 62 00
Ouverture
tous les jours de 10h30 à 19h
nocturne tous les lundis jusqu’à 22h
fermeture anticipée à 18h les 24 et 31 décembre
fermeture le 25 décembre
Accès
Métro St Sulpice ou Mabillon
RER B Luxembourg
Bus : 58 ; 84 ; 89 ; arrêt Musée du Luxembourg / Sénat
Informations et réservations
museeduluxembourg.fr
Audioguides
Adulte (français, anglais, espagnol, allemand, italien)
et enfant (français)
5 € sur place ; 3,49 € sur l’application mobile
4 € avec le pass Grand Palais+
Application mobile
Un outil indispensable pour les informations
pratiques, suivre l’actualité, préparer sa venue, vivre
pleinement les expositions et les événements du
musée. Elle offre également un parcours audioguidé
gratuit autour de 5 œuvres (en français et en anglais).
https://tinyurl.com/luxappli
Réalité virtuelle
Découvrez l’œuvre de Pierre Soulages grâce à Outrenoir, une expérience immersive en réalité virtuelle portée par la voix d’Isabelle Huppert !

GEORGES DE LA TOUR entre ombre et lumière

Georges de La Tour
Le Nouveau-Né, vers 1647-1648, huile sur toile,
Musée des Beaux-Arts de Rennes

Jusqu'au 25 janvier 2026, le Musée Jacquemart-André consacre une exposition inédite à Georges de La Tour (1593-1652), offrant un regard renouvelé sur l’œuvre rare et lumineuse de l’un des plus grands peintres français du XVIIe siècle.
COMMISSARIAT
Dr. Gail Feigenbaum est spécialiste de l’art italien et français du début de l’époque moderne
Pierre Curie est conservateur général du patrimoine.
PRODUCTION ET RÉALISATION
Emmanuelle Lussiez, Directrice des expositions de Culturespaces
Milly Passigli, Directrice déléguée de la programmation des expositions
Bernadette Roux, Responsable des expositions du Musée Jacquemart-André
Livia Lérès et Domitille Séchet pour l’iconographie au sein de Culturespaces
SCÉNOGRAPHIE
Hubert le Gall, sculpteur, designer et scénographe français

L’exposition du Musée Jacquemart-André propose une relecture de la carrière de Georges de La Tour en tentant d’éclairer les interrogations qui entourent encore son œuvre et son parcours. Malgré la rareté des originaux parvenus jusqu’à nous, l’art de Georges de La Tour a laissé une empreinte profonde dans l’histoire de l’art. Par son naturalisme subtil, l’épure formelle de ses compositions et leur intensité spirituelle, il a su créer un langage pictural d’une grande puissance émotionnelle, capable de traverser les siècles. Cette
exposition offre ainsi l’occasion de redécouvrir l’un des artistes les plus fascinants du Grand Siècle, dans toute la richesse et la complexité de son œuvre.

Georges de La Tour, La Femme à la puce,
vers 1632-1635, huile sur toile, 123,3 x 89 cm,
Nancy, Musée lorrain – Palais des ducs de Lorraine
© Palais des ducs de Lorraine – Musée Lorrain,
Nancy / photo. Thomas Clot

Né à Vic-sur-Seille, dans le duché indépendant de Lorraine, Georges de La Tour mena une brillante carrière, travaillant pour de prestigieux mécènes et collectionneurs, comme les ducs de Lorraine, le cardinal Richelieu
et en tant que peintre ordinaire du roi Louis XIII. Dans le contexte violent de la guerre de Trente Ans, sa maison et son atelier à Lunéville furent détruits en 1638, et Georges de La Tour choisit de se rapprocher de Paris et
du pouvoir : il offrit notamment au roi Louis XIII un tableau nocturne représentant Saint Sébastien (aujourd’hui perdu), que le souverain aurait tant apprécié qu’il fit retirer tous les autres tableaux de sa chambre pour ne
conserver que celui-ci.

Malgré la gloire et le succès connus de son vivant, Georges de La Tour tomba dans l’oubli après son décès en 1652. Il faut attendre les années 1910 et l’entre-deux-guerres pour que son œuvre soit redécouverte par les historiens de l’art, lui permettant près de trois siècles après sa mort de retrouver la place qui lui revient parmi les plus grands peintres français du XVIIe siècle.

Georges de La Tour, Le Souffleur à la pipe, 1646,
huile sur toile, 70,8 x 61,5 cm, Tokyo Fuji Art Museum
©Tokyo Fuji Art Museum Image Archives/DNPartcom

Rassemblant une trentaine de toiles et d’œuvres graphiques prêtées par des collections publiques et privées françaises et étrangères, l’exposition adopte une approche thématique destinée à cerner l’originalité de Georges de La Tour. Le parcours explore ses sujets de prédilection — scènes de genre, figures de saints pénitents, effets de lumière artificielle — tout en replaçant sa vie et son œuvre dans le contexte plus large du caravagisme européen, notamment celui de l’influence des caravagesques français, lorrains et hollandais. Plutôt qu’une imitation directe des leçons de Caravage, la singularité de l’œuvre de Georges de La Tour tient à son interprétation personnelle du clair-obscur, nourrie par un réalisme radical et une intense spiritualité qui donnent à ses compositions une modernité intemporelle.

L’EXPOSITION EN 5 ŒUVRES PHARES

Le Nouveau-Né illustre avec une intensité rare la manière dont Georges de La Tour transcende une scène domestique par la seule force de la lumière. S’il s’agit à première vue d’une simple scène de maternité, tout dans la composition invite à sa lecture spirituelle – à tel point que l’on ne peut s’empêcher d’y voir une représentation de la Vierge, de sainte Anne et de l’Enfant Jésus. Georges de La Tour évite tout attribut religieux explicite, à l’exception de la lumière qui
semble émaner autant du nourrisson que de la flamme elle-même, comme si la divinité s’y révélait.

Georges de La Tour
La Madeleine pénitente, vers 1635-1640, huile sur toile,
National Gallery of Art, Washington National Gallery of Art,
Ailsa Mellon Bruce Fund

Parmi les quatre versions autographes connues de ce thème, la Madeleine pénitente conservée à Washington figure parmi les plus émouvantes. Assise de profil dans une pièce dépouillée, la sainte est absorbée dans une profonde méditation. Une flamme, que l’on ne voit pas directement, éclaire la scène d’un halo doré. L’image est d’une grande sobriété formelle, mais d’une richesse
symbolique saisissante : le crâne et le miroir évoquent la vanité des biens terrestres, tandis que la lumière, immatérielle, est une métaphore de l’élévation spirituelle.
Georges de La Tour donne ici une interprétation profondément humaine de la figure de la pécheresse repentie, figure du sacrement de pénitence ancrée dans la spiritualité catholique du XVIIe siècle. Par la simplicité de la composition, l’économie des moyens et la précision des détails, La Tour atteint une forme de grâce austère où le mysticisme se conjugue à une présence presque physique de son modèle.

Georges de La Tour
Job raillé par sa femme, années 1630, huile sur toile,
Musée départemental d’art ancien et contemporain, Épinal

Le clair-obscur dramatique, la simplicité de la composition et le naturalisme austère contribuent à faire de ce tableau l’un des plus saisissants et originaux de Georges de La Tour. Représentant un vieil homme décharné assis, une femme penchée sur lui, cette scène est identifiable à un passage du Livre de Job dans la Bible, grâce à l’indice discret du tesson de poterie posé aux
pieds du vieillard. La flamme de la bougie, discrète mais centrale, structure toute la composition : elle éclaire les visages, révèle les textures et crée une atmosphère de recueillement silencieux.
À l’instar de Caravage, Georges de La Tour cultive l’ambiguïté narrative et visuelle. Il gomme volontairement certains attributs iconographiques pour mieux immerger le spectateur dans une scène intime qui interroge la foi, la souffrance, et la solitude de l’homme éprouvé – transfigurant
le quotidien pour y faire advenir le divin.

Georges de La Tour
Les Larmes de saint Pierre (dit aussi Saint Pierre repentant), 1645,
huile sur toile, 114 x 95 cm
The Cleveland Museum of Art, Gift of the Hanna Fund

Signé et daté de 1645, le tableau des Larmes de saint Pierre constitue un jalon essentiel dans l’œuvre de Georges de La Tour. Saint Pierre est ici représenté non comme le fondateur glorieux de l’Église, mais comme un homme accablé par le remords. Assis, le regard rougi par les larmes, il médite dans l’obscurité, éclairé seulement par la lueur vacillante d’une lanterne. Sa position humble, ses pieds nus chaussés de lourdes socques, l’accent mis sur son âge et sa fragilité traduisent la douleur d’un homme qui a renié le Christ. À ses côtés, un coq rappelle la prophétie de Jésus : « Avant que le coq ne chante, tu m’auras renié trois fois. »
L’économie des formes, les couleurs sourdes et la retenue de cette scène empreinte de gravité délivrent une profonde charge spirituelle. Georges de La Tour imagine une iconographie de la contrition, solitaire, humaine, poignante.

Georges de La Tour
Le Reniement de saint Pierre, 1650, Huile sur toile, 135,2 x 175,6 cm,
Nantes, Musée d’arts

C’est à partir de cette toile que l’historien de l’art Hermann Voss a identifié Georges de La Tour en 1915. Offert en étrennes au gouverneur de Lorraine, le maréchal de La Ferté, ce tableau est aussi l’un des rares à porter une date, ce qui en fait un repère important dans la chronologie de l’œuvre de Georges de La Tour. L’œuvre se distingue par la tension subtile entre sacré et profane. Dans un angle de la composition, saint Pierre et la servante se détachent dans
la pénombre. Mais l’espace principal est occupé par une scène profane : une partie de dés animée entre soldats, rendue avec un réalisme d’une grande virtuosité formelle.
Georges de La Tour continue d’explorer la lumière comme langage spirituel et dramatique. Mais il y insert une complexité narrative inédite, en confrontant la solitude intérieure du reniement à la trivialité tapageuse du monde. Dans cette œuvre tardive, la participation de l’atelier du peintre, voire de son fils Étienne, est possible, les pratiques d’atelier de Georges de La Tour dans les dernières années de sa vie restant encore assez méconnues.

Sur Arte film documentaire

INFORMATIONS PRATIQUES

Musée Jacquemart-André,
158, boulevard Haussmann – 75008 Paris
Téléphone : 01 45 62 11 59

Horaires
Le Musée Jacquemart-André est ouvert du lundi au jeudi de 10h à 18h.
Les vendredis de 10h à 22h
Les samedis de 10h à 19h
Dernière admission 30 minutes avant la fermeture du musée.

Le Nélie – Restaurant – Salon de thé est ouvert du lundi au jeudi de 9h à 18h, le vendredi de 9h à 22h et les samedis
et dimanches de 11h à 19h.
Brunch les samedis et dimanches de 11h à 14h30.
Ouverture en nocturne afterwork les vendredis jusqu’à 22h.
Dernière admission au café 30 minutes avant la fermeture.

Accès
Le Musée se situe à quelques pas des Champs-Élysées et des grands magasins.
En métro : Lignes 9 et 13, stations Saint-Augustin, Miromesnil ou Saint-Philippe du Roule
En bus : Lignes 22, 43, 52, 54, 28, 80, 83, 84, 93

Sommaire du mois d’août 2025

La maison des Berges (Ill)

30 août 2025 : Niki de Saint Phalle, Jean Tinguely, Pontus Hulten
28 août 2025 : Altiplano au bord de l’Ill
22 août 2025 : Art brut dans l’intimité d’une collection
15 août 2025 : Céleste Boursier-Mougenot clinamen
14 août 2025 : Matisse et Marguerite, le regard d’un père
11 août 2025 : Gabriele Münter – Peindre sans détours

Niki de Saint Phalle, Jean Tinguely, Pontus Hulten

 Hon – en katedral
Au Grand Palais, Galeries 3 et 4, jusqu'au 04.01.26
Exposition coproduite par le Centre Pompidou et le GrandPalaisRmn avec l’aimable participation de la Niki Charitable Art Foundation
Commissaire Conservatrice en chef des collections contemporaines
Musée national d’art moderne – Centre Pompidou
Sophie Duplaix
Commissaire associée Attachée de conservation
Musée national d’art moderne – Centre Pompidou Rita Cusimano

Niki de Saint Phalle (1930−2002) et Jean Tinguely (1925−1991) marquent les premières décennies du Centre Pompidou avec des réalisations spectaculaires, telles Le Crocrodrome de Zig & Puce (1977) dans le forum du bâtiment ou la Fontaine Stravinsky (1983), commande de la Ville de Paris, au pied de l’Ircam.

Cette exposition, fabuleuse − qui inaugure la collaboration entre le Centre Pompidou et le GrandPalaisRmn pendant la fermeture pour rénovation du site
« Beaubourg » − met en lumière des moments clés de la carrière de ce couple mythique, uni par des liens artistiques indéfectibles et une vision de l’art comme acte de rébellion contre les normes établies.

C’est par le prisme de Pontus Hulten (1924−2006), premier directeur du Musée national d’art moderne au Centre Pompidou de 1977 à 1981, que l’exposition revient sur les créations de Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely. Grâce à l’impulsion donnée par cette personnalité très tôt remarquée dans le monde des musées,les deux artistes bénéficient d’une importante visibilité. Hulten, animé par l’idée rimbaldienne de « changer la vie » et porté par une approche muséale radicale et novatrice, offre un soutien inconditionnel au couple d’artistes. Il partage leurs conceptions anarchistes au service d’un art pour tous, pluridisciplinaire et participatif, qui bouscule les conventions et déplace les lignes.
Pontus Hulten favorise l’acquisition par les institutions d’œuvres
majeures de Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely, et organise au Centre Pompidou des rétrospectives des deux artistes, celle de Saint Phalle en 1980 et de Tinguely en 1988. Il orchestre également la réalisation de leurs projets d’installations hors normes, tant au Moderna Museet de Stockholm, la première institution qu’il dirige, avec la gigantesque sculpture pénétrable


Hon – en katedral en 1966, qu’à Paris au Centre Pompidou avec Le Crocrodrome de Zig & Puce et ses éléments de fête foraine, en 1977.
C’est aussi grâce à Pontus Hulten que Niki de Saint Phalle parachève la réalisation d’une vie de Jean Tinguely après son décès, Le Cyclop, monstre de métal visitable ponctué d’œuvres d’amis artistes et caché au cœur des bois de Milly-la Forêt, près de Paris.

L’exposition « Niki de Saint Phalle, Jean Tinguely, Pontus Hulten » propose un parcours à la fois historique et ludique, où s’entrelacent art, amour, amitié et engagement, tout en soulignant la part d’utopie et de provocation artistique partagée par les trois protagonistes.

La richesse de la collection du Centre Pompidou, associée à des prêts majeurs d’institutions nationales et internationales, permet de découvrir ou redécouvrir des œuvres emblématiques des deux artistes. Les machines animées, plus ou moins autodestructrices et « inutiles », de Tinguely, sont une critique acerbe de la mécanisation et du progrès technologique de la société industrielle des
Trente Glorieuses. Les Tirs de Niki de Saint Phalle, reliefs blancs renfermant des poches de couleurs sur lesquels elle tire pour « faire saigner la peinture », renversent tant les codes de l’art que de la société, en mettant en évidence le pouvoir féminin.

Ses célèbres Nanas colorées et joyeuses s’inscrivent dans la continuité de cette approche iconoclaste. L’exposition présente également des films d’archives rares et toute une correspondance de lettres-dessins autour des œuvres et des projets titanesques de Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely, menés en complicité avec Pontus Hulten.

Au-delà de la célébration de deux artistes majeurs du 20e siècle, portés par la vision d’un homme de musée d’exception, cette exposition interroge leur horizon de pensée selon lequel la revendication d’une autonomie de l’art, la remise en question de l’institution et l’adresse directe au public, deviennent des moteurs de la création.
2025 marque le centenaire de la naissance de Jean Tinguely

Tinguely, l’Enfer un début

Quelques vidéos de l’exposition
Le jardin des Tarots

Bientôt sur Arte film
à caster sur votre télévision dès aujourdhui

film très complet

Informations pratiques

Accès
Grand Palais, Galeries 3 et 4
Entrée square Jean Perrin
17 Avenue du Général Eisenhower, 75008 Paris
Métro ligne 1 et 13 : Champs Elysées-Clemenceau
ou ligne 9 : Franklin D. Roosevelt
Ouverture
Du mardi au dimanche
De 10h à 19h30
Nocturne le vendredi jusqu’à 22h

Altiplano au bord de l’Ill

Dans le cadre de la Biennale de la photographie 2025 de Mulhouse vous pouvez suivre le photographe espagnol Pablo Castilla avec sa série Altiplano exposée sur les berges de l’Ill à Mulhouse. Une promenade bucolique, agréable et dépaysante, accompagnée par les chants d’oiseaux, les cris des baigneurs, le croisement de joggeurs et autres promeneurs.

La région d’Altiplano est l’une des moins peuplées du sud de l’Espagne, une zone vaste et aride que le photographe explore depuis 2015. Aujourd’hui désertifié, ce territoire accueillait il y a plusieurs millions d’années
un écosystème d’une richesse absolue. Des fouilles archéologiques ont permis d’y mettre au jour les traces d’espèces animales désormais disparues mais aussi celles des premières communautés humaines installées en Europe.
Guidé par un chaman dans le monde souterrain autant que spirituel, Pablo Castilla a souhaité mettre en dialogue le paysage de surface avec cette autre strate de réalité.

Biographie

Né en Espagne en 1980, Pablo Castilla vit et travaille en Norvège. Son travail photographique, cinématographique ou de performance se situe dans l’exploration directe de la réalité selon un langage documentaire. Il a été conservateur de la photographie à la Bibliothèque Nationale de Norvège et y a mené un projet pour la préservation de photographies d’observation solaire. Il bénéficie actuellement d’une bourse d’un an attribuée par la Direction norvégienne de la Culture.

BPM 2026

BPM 2026-SÉDIMENTATION(S)

Journées inaugurales les 5-6-7 juin

La 7ème édition de la BPM – Biennale de la Photographie de Mulhouse invite à explorer des géographies terrestres et mentales, en s’appuyant sur des notions de sédimentation, de stratification, de matière-flux et de plasticité des mémoires collectives et individuelles. Elle réunit des photographes qui parcourent le passé, intéressé·es par les fouilles géologiques tout autant que mémorielles.