Le monde de l’art au Japon

Je laisse la parole à Frédéric Weigel:

Frédéric rencontré il y a quelques 15 ans à la FEW, fête de l’eau à Wattwiller

Je vis au Japon depuis une quinzaine d’années. J’y ai construit un petit centre d’art indépendant du nom de « Palais des paris » dans une ville en périphérie de Tokyo. Je me suis rendu compte qu’il était difficile de transmettre les particularités de certains phénomènes sociaux, que ce soit depuis l’Europe vers le Japon ou inversement, sans transformer grandement leurs significations. Représenter la réalité dans une culture éloignée n’est pas chose aisée. Et quand il s’agit de parler de phénomènes appartenant à un monde très opaque, comme celui de l’art contemporain, c’est encore plus difficile de communiquer une analyse qui soit vraisemblable. Quand on aborde les questions de l’art, un abîme d’interrogations s’ouvre entre ce qui serait équivalent et ce qui serait différent.

La vidéo

J’ai produit cette vidéo pour tenter de transmettre ce qui me semble être représentatif de la réalité du monde de l’art contemporain japonais que je fréquente, cela sous le biais de son existence dans l’espace public. Cette vidéo débute par ces mots :

« Quand je raconte à quoi ressemble le monde de l’art japonais auprès d’interlocuteurs européens, ils ne me croient qu’à moitié. Souvent, l’on pense que j’exagère ou que mon témoignage est trop restreint ».

Après un avant-propos mettant en exergue quelques préalables portant sur les possibilités du jugement d’un événement d’art au Japon ou à l’international, je présente 3 contextes.

Ces trois exemples se situent dans des villes de la région de Gunma dans laquelle je vis : Takasaki, Maebashi, Nakanojo. Ces différentes municipalités forment une zone urbaine d’environ un million d’habitants. Plus précisément, ces contextes qui ont été filmés en 2023 sont :
Art Projet Takasaki (APT), musée Arts Maebashi, Hotel Shiroya, Maebashi Galleria, biennale de Nakanokjo.
Les images du début et de la fin proviennent du phare de Kadowaki et de la côte Jogasaki dans la région d’Izu.

Informations pratiques

Frédéric Weigel
« Palais des paris »
Independent Art Center in Japan, Takasaki.
Résidence d’artiste.
パレ・デ・パリ – アーティスト・イン・レジデンス – 高崎 – 北高崎

Liens
pour le palais des paris :
http://palaisdesparis.org/

instagram :
https://www.instagram.com/palaisdesparis/

Chaîne Youtube :
https://www.youtube.com/@japon-critique

Anri Sala – Au milieu des maîtres anciens

DERNIERS JOURS !
Jusqu'au 15.9.2024, Kunstmuseum Basel | Bâtiment principal
Commissaire de l'exposition : Dr Bodo Brinkmann

La Fondation Emanuel Hoffmann a le plaisir d’annoncer que les fresques de l’artiste Anri Sala (*1974, Tirana, Albanie), récemment acquises pour la collection, sont présentées au département des maîtres anciens du Kunstmuseum de Bâle du 30 avril au 15 septembre 2024.

Sont exposées six fresques réalisées en 2023. Sala y fait revivre l’art historique de la peinture en plein air, en relation avec des réflexions sur la temporalité et la narration, thèmes essentiels de son œuvre.
La technique de la fresque a été perfectionnée par les maîtres italiens de la Renaissance, notamment Ghirlandaio, Raphaël et Michel-Ange. Anri Sala s’est intéressé à la peinture à fresque alors qu’il était encore étudiant à Tirana, sa ville natale. Il a toujours été fasciné par le temps limité de cette technique, en particulier en ce qui concerne son travail sur des supports temporels. Une fresque est réalisée en sections appelées « giornata », car chaque section doit être réalisée en une seule journée, ce qui nécessite une planification extrêmement minutieuse. Le travail se compose de deux étapes principales : d’abord, l’œuvre est dessinée en contours sur une couche de plâtre humide appelée « arriccio », puis une autre fine couche de plâtre, l’« intonaco », est appliquée pour la peinture elle-même. Les pigments ne peuvent être appliqués que tant que le plâtre est encore humide, ce qui permet aux pigments et au plâtre de se lier pendant le processus de séchage. Il n’est plus possible de modifier la surface une fois qu’elle est sèche.

Deux des six fresques exposées au Kunstmuseum appartiennent à la série Legenda Aurea Inversa . Le titre de Sala fait référence à une œuvre aux proportions gigantesques : La Légende de la Vraie Croix, un cycle du milieu du XVe siècle peint par Piero della Francesca dans la basilique San Francesco d’Arezzo. Cette importante fresque lui sert de point de départ : il sélectionne des sections, les fixe comme avec le viseur d’un appareil photo, puis les modifie considérablement. Dans les deux tableaux, il inverse les couleurs comme un négatif photographique. « Je prépare à l’avance ce qu’aurait été le négatif de l’image si la fresque de Piero della Francesca avait été une photographie en couleur. »

Les quatre fresques restantes sont issues de la série Surface to Air . La superposition typique de la peinture à fresque y est particulièrement visible. Les œuvres sont basées sur des photographies de nuages que Sala a prises depuis un avion. Il précise l’ambiance lumineuse en indiquant l’heure de la journée dans des sous-titres tels que Matin ou Après-midi .

Sala a intégré dans les deux séries des éléments en marbre, qui dépassent du plan pictural ou s’y intègrent parfaitement. Leur fonction est double : d’une part, ils prolongent le tableau et, d’autre part, ils constituent une charnière entre différentes époques dans la mesure où ils complètent des parties manquantes, comme celles que l’on trouve dans les peintures murales historiques. « Soudain, il y a cette dimension du temps qui m’intéresse beaucoup, lorsque les fragments de marbre insérés représentent ce qui aurait pu être les parties manquantes d’une ancienne fresque. »

Les fresques pourraient être interprétées comme un prolongement des réflexions d’Anri Sala sur la temporalité et la narration. Ces deux thèmes sont au cœur de ces nouvelles œuvres ainsi que de ses installations vidéo et sonores à grande échelle.

La Fondation Emanuel Hoffmann s’intéresse à l’art d’Anri Sala depuis sa première acquisition en 2004. Les fresques des séries Legenda Aurea Inversa et Surface to Air ont été acquises en 2023. Outre les six fresques, la Fondation conserve quatre dessins et trois grandes installations vidéo et sonores.

Biographie

Anri Sala (né en 1974, Tirana, Albanie) s’est jusqu’à présent surtout distingué
dans les domaines de la vidéo, de la photographie et de l’installation. Dans
nombre de ses oeuvres, les perturbations et les ruptures dans le langage,
le temps et la musique sont des moyens d’interroger les histoires et les
compositions. Basés sur le temps, ses récits se développent à partir d’un
réseau dense de relations entre l’image, l’espace et le son.
Après des études à l’Académie nationale des arts de Tirana, Sala a étudié
l’art vidéo à l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris de
1996 à 1998 et la réalisation de films au Fresnoy – Studio national des arts
contemporains à Tourcoing, dans le nord de la France, de 1998 à 2000.
Sala fait partie de la génération d’artistes qui ont vécu l’effondrement du
communisme et qui thématisent leur expérience de ce changement politique
et culturel dans leurs travaux. Avec son travail vidéo « Intervista » (1998)
dans le cadre de l’exposition « Voilà, le monde dans la tête » au Musée d’Art
Moderne de la Ville de Paris, l’artiste a attiré l’attention du monde entier.
En 2004, les Deichtorhallen Hamburg et le MAMVP lui ont consacré
l’exposition monographique « Entre chien et loup ». Depuis, son travail a été
présenté dans des expositions solo à la Serpentine Gallery, Londres (2011) ;
Centre Pompidou, Paris (2012) ; Haus der Kunst, Munich (2014) ;
New Museum, New York (2016) ; Museo Tamayo, Mexico City (2017) ; Castello di
Rivoli Museo d’Arte Contemporanea, Turin (2019) ; Mudam, Luxembourg (2019) ;
Centro Botìn, Santander (2019) ; Buffalo Bayou Park Cistern, Houston (2021) ;
Kunsthaus Bregenz (2021) ou Bourse de Commerce, Paris (2023). En 2001,
Sala a reçu le Young Artist Prize de la Biennale de Venise, où il a représenté
la France en 2013. En 2014, il a reçu le Vincent van Gogh Biennial Award
for Contemporary Art in Europe.
En 2023, les six fresques exposées ici sont entrées dans la collection de la
Fondation Emanuel Hoffmann de Bâle. Depuis 2004, celle-ci s’intéresse au
travail d’Anri Sala et procède à des achats. En plus des fresques, elle possède
quatre dessins et trois installations vidéo et sonores qui occupent toute
une pièce.
Sala vit et travaille à Berlin.

Informations pratiques
Lu fermé
Ma 10h00–18h00
Me 10h00–20h00
Je–Di 10h00–18h00
 
Depuis la gare SBB tram n° 2, arrêt Kuntzmuseum

Sommaire du mois de juin 2024

Les trente ans de la Filature

18 juin 2024 : Art Basel Édition 2024
9  juin  2024 : Darra, Zahra, Jabal, Younes Rahmoun
9  juin  2024 : Globus et la Fondation Beyeler annoncent un projet d’art public : Julian Charrière, «Cales for Action  »
5  juin 2024  : Mika Rottenberg. Antimatter Factory

Globus et la Fondation Beyeler annoncent un projet d’art public : Julian Charrière, «Cales for Action  »

Du 8 juin – 6 octobre 2024, Marktplatz, Bâle

Cet été, l’artiste franco-suisse Julian Charrière transforme le grand magasin historique bâlois Globus, actuellement en cours de rénovation, avec une œuvre visant à repousser les limites et traverser les frontières. « Calls for Action » mêle art public et conservation de la nature en établissant une connexion directe entre la ville de Bâle et une forêt de nuage des Andes occidentales en Équateur, afin de mettre en lumière l’interconnectivité de notre planète ainsi que les enjeux environnementaux qui mettent en péril des écosystèmes essentiels. Un vaste écran est accroché à la façade du grand magasin, telle une fenêtre ouvrant en temps réel sur la biodiversité foisonnante d’une écorégion menacée.
« Calls for Action » est le deuxième volet du « Globus Public Art Project » : pendant les trois années de rénovation de son grand magasin emblématique sur la place du marché de Bâle, Globus collabore avec la Fondation Beyeler pour inviter des artistes à concevoir et à réaliser de nouvelles œuvres in situ en dialogue avec le bâtiment et le public.

Mika Rottenberg. Antimatter Factory

Mika Rottenberg NoNoseNows 2015

Au musée Tinguely du 5 juin 2024 – 3 novembre 2024
L'exposition Mika Rottenberg. Antimatter Factory est une coopération entre le Musée Tinguely, la Kunst Haus de Vienne et le Lehmbruck Museum de Duisbourg.
Des ateliers de recyclage et fabrication d'objets en plastique régénéré sont proposés régulièrement en coopération avec Precious Basel Plastic.
Commissaire d'exposition : Roland Wetzel
Assistante : Tabea Panizzi


Avec l’une des plus vastes expositions consacrées jusqu’ici à Mika Rottenberg (née en 1976), le Musée Tinguely présente une rétrospective de son œuvre protéiforme qui a déjà retenu l’attention internationale lors de la Biennale de Venise (2015), de Skulptur Projekte à Münster (2017) et de la Biennale d’Istanbul (2019). En provoquant la surprise et le rire, les vidéos de Mika Rottenberg reflètent des situations absurdes de la logique de production capitaliste. À travers d’enivrantes cascades de couleurs à la dimension picturale, ses œuvres éveillent chacun de nos sens et naviguent d’une région du monde et d’une dimen­sion à l’autre avec une malicieuse facilité. L’exposition réunit d’importants travaux et ins­tallations vidéo réalisés entre 2003 et 2024, ainsi que son dernier long métrage REMOTE (2022).
Une sculpture-fontaine conçue pour l’exposition est présentée pour la première fois dans le parc Solitude devant le musée, tout comme de récentes sculptures hybrides ré­alisées à partir de matériaux organiques et de plastique régénéré. Des travaux cinétiques, en partie interactifs, parachèvent de couvrir le spectre de son œuvre, qui est présentée à Bâle sous le titre Mika Rottenberg. Antimatter Factory, du S juin au 3 novembre 2024.

Référence du titre

Le titre de l’exposition au Musée Tinguely, Antimatter Factory, fait référence au nom d’un dé­partement de recherche du CERN à Genève qui mène des expériences sur l’antimatière. Du­rant sa résidence d’artiste, Mika Rottenberg y a trouvé l’inspiration pour son travail Spaghetti Blockchain (2019-2024), présenté pour la première fois sous forme d’installation vidéo à trois canaux dans le cadre de l’exposition. Celui-ci est consacré à l’échange d’énergies, d’objets et de personnes; il relie le microscopique au macroscopique et déplace la matière à travers l’es­pace et le temps comme par magie. Avec ce travail, le public plonge au cœur du cosmos artis­tique de Mika Rottenberg.

Une usine produisant de l’antimatière. Cette périphrase pourrait également désigner les sculptures-machines de Jean Tinguely qui créent de la poésie plutôt que de la matière exploi­table et raillent ainsi la production industrielle de marchandises comme rapport d’exploitation entre l’homme et la machine. Le regard ironique de Mika Rottenberg poursuit cette même thématique en étudiant les relations surprenantes, pour ainsi dire souvent insolites, au sein de la production mondiale de biens. À travers son surréalisme social, l’artiste crée des paraboles de l’aliénation identifiée par Karl Marx dans la dépréciation du monde des hommes à travers la mise en valeur du monde des choses. Ce qui renforce la pertinence de la critique de Mika Rottenberg envers notre production capitaliste de marchandises c’est sa vitesse croissante, la libre circulation mondiale des marchandises (et non des personnes), ainsi que la dématériali­sation qui découple les choses de leur représentation. L’artiste se penche également sur un autre thème en résultant : la question du pouvoir d’action des choses et des matières, ainsi que la spiritualité qui leur est inhérente.

Travaux et installations vidéo

La rétrospective présente une riche sélection des travaux et installations vidéo de Mika Rottenberg. Des bruits d’éternuements émanant d’un premier travail vidéo accueillent les visi­teur.euse.s. Il s’agit de Sneeze réalisé en 2012. L’éternuement est un thème présent dans plu­sieurs travaux de l’artiste qui s’y intéresse en tant que production végétative corporelle au même titre que la croissance des cheveux, des ongles des doigts ou des orteils. Ainsi, un fil rouge se déploie tout au long de l’exposition à travers certaines thématiques récurrentes.

L’installation vidéo No Nase Knows a été créée en 2015 pour la Biennale de Venise. Elle montre les étapes de la production industrielle de perles dans une usine de Zhuji, une ville au sud de la Chine: de l’implantation d’un corps étranger à l’intérieur de l’huître qui l’enrobe de nacre, jusqu’à la ‘récolte’ et la sélection. Au moyen d’un mécanisme de rouages et d’une cour­roie de transmission, l’usine est reliée au poste de travail d’une femme dont les éternuements provoqués par des bouquets de fleurs entraînent l’expulsion de plats de pâtes, tandis que son nez ne cesse de s’allonger. La question de la productivité culmine en une réaction allergique très singulière, survenant aussi en l’absence de toute volonté.

Cheese (2008)

Pour Cheese (2008), Mika Rottenberg s’est inspirée de l’histoire de la famille des ‘Seven Suther­ land Sisters‘ qui se produisait sous la forme d’un ensemble vocal vers 1900. Dotées d’intermi­nables chevelures, ces sœurs en firent leur marque de fabrique et rencontrèrent un large suc­cès en commercialisant un produit cosmétique favorisant la pousse des cheveux.


L’étiquette
«The Lucky Number 7» apposée sur le flacon promettait non seulement la croissance capil­laire, mais aussi le bonheur. L’installation de Mika Rottenberg se compose d’un baraquement de planches labyrinthique où il est possible de circuler, et dans lequel le pouvoir des cheveux longs se conjugue à l’énergie produite par l’écume des chutes du Niagara pour fabriquer le produit capillaire. Ce récit est lié de manière surréaliste à la fabrication de fromage de chèvre au moyen d’une rampe de transmission bricolée en bois.

Cosmic Generator

Emprunter le tunnel pour entrer dans l’installation vidéo Cosmic Generator (2017) revient à entamer un voyage à travers un étroit système de tunnel éclairé par des ampoules colorées qui clignotent. Le travelling commence au centre d’une assiette décorée de motifs chinois. La bande sonore se compose d’une musique pour instruments à cordes évoquant l’ambiance d’un restaurant chinois, de grincements produits par des bruits de roulement ainsi que du grésillement de courts-circuits électriques.

Le périple débouche sur une mer bouillonnante de débris d’ampoules colorées pour se transformer aussitôt en un panorama d’un marché de gros à Yiwu, en Chine. L’exubérance visuelle des microboutiques résulte de l’uniformité et de la spécialité de chacune d’entre elles : on y voit des guirlandes en plastique de toutes les couleurs ou des guirlandes lumineuses de toutes sortes, des sapins de Noël scintillants ou des fleurs en plastique multicolores.

Ces objets fétiches du monde marchand surabondant sont contrecar­rés par les vendeuses à peine visibles qui disparaissent derrière leurs produits. Le film est ins­piré d’une visite de la ville-frontière Mexicali qui se distingue par une importante population chinoise et un nombre considérable de restaurants chinois uniformes. Avant la construction de la frontière clôturée, Mexicali était reliée à Calexico, la ville californienne voisine, par un système de tunnels. Comme dans le film où une banale ‘coupe franche’ permet de surmonter les distances et les dimensions, celui-ci peut être perçu comme une allégorie du flot mondial de marchandises et de l’assujettissement local des personnes.

Aux côtés d’autres travaux et installations vidéo à l’instar de Time and a Hait (2003), Fried Sweat (2008), Smoky Lips (2016-19) et Untitled Ceiling Projection (2018) couvrant près de vingt ans de création, l’exposition montre une sélection de sculptures cinétiques hybrides, pour certaines interactives, accompagnées de compositions fonctionnelles et matérielles surréalistes des an­nées 2020 à 2022, ainsi qu’un ensemble d’œuvres exposé pour la première fois regroupant des lampes-sculptures qui relient des structures organiques à des abat-jour colorés en plastique ré­ généré. Spécialement conçue pour l’exposition, une sculpture-fontaine haute de près de trois mètres, en forme de pied coloré crachant de l’eau, a été installée dans le parc Solitude.

Pendant toute la durée de l’exposition, le long métrage REMOTE (2022) est visible dans la salle de conférence du musée. Réalisé pendant la pandémie de Covid-19 par Mika Rottenberg en coopération avec le réalisateur et l’auteur Mahyad Tousi, ce film s’inspire de certaines de leurs discussions à l’époque du confinement physique, lorsque les moyens de communication nu­mériques revêtirent une importance nouvelle. Le film crée un récit fantastique à une époque postpandémique où interactions physiques et numériques reprennent de manière inattendue et où les distances disparaissent

Le propos

Le travail artistique de Mika Rottenberg interroge des conditions de production ne faisant ha­bituellement pas l’objet d’une remise en question ainsi que la valeur du travail au sens mar­xiste du terme avec une attention particulière portée à la main-d’œuvre féminine dans des si­tuations exacerbées, surréalistes et absurdes. Avec humour, l’artiste inverse les causes et les effets, joue avec les échelles – de la plus petite à la plus grande et vice versa – et crée une al­chimie d’énergies et de cosmologies.

Les visiteurs et visiteuses évoluent dans un monde ima­ginaire où se mêlent sensualité enivrante et illogisme déconcertant qui possède quelque chose de très libérateur. Ce sont des écosystèmes de séduction et de magie qui relient la réalité et l’imagination caractérisés par une pensée qui réfléchit la corporalité selon des critères ar­chitectoniques : espace et temps, intérieur et extérieur, haut et bas, proximité et distance, pu­reté et saleté, douceur et résistance. À travers son appropriation créative des matériaux les plus divers et leur ‘agency’ ouverts à des épistémologies alternatives, l’artiste a anticipé des évolu­tions qui sous le terme de ‘nouveau matérialisme’ explore aujourd’hui les rapports complexes entre la technologie, la nature et l’environnement.

Catalogue en ligne :

Dans le cadre de l’exposition paraît un catalogue en ligne. Il présente en anglais les principaux thèmes de l’œuvre de Mika Rottenberg au moyen d’une naviga­ tion ludique inspirée de l’esthétique de l’artiste. Parallèlement à des informa­ tions biographiques et bibliographiques ainsi que des vues d’exposition des trois institutions partenaires – le Musée Tinguely, la Kunst Haus de Vienne et le Lehmbruck Museum de Duisbourg -, cette publication en ligne réunit des ex­traits de travaux vidéo ainsi que des interviews et des textes de Chen Oiufan, Heather Davis, Hsuan L. Hsu, Gunn Khatri, Barbara Latacz, Filipa Ramos, James Taylor-Foster, Mahyad Tousi, Mika Rottenberg et Roland Wetzel.

Informations pratiques

Musée Tinguely
I Paul Sacher-Anlage 1 l 4002
Bâle
Vernissage et fête estivale: Mardi, 4 juin 2024, à 18h30

Heures d’ouverture: mardi- dimanche 11h-18h, jeudi 11h-21h I Semaine de la Art Basel: 10.06.-16.06.24: 9h-19h, 13.06. jusqu’à 21h

Curator’s Tour avec Roland Wetzel, le 22 août 2024, 19h, entrée gratuite (en allemand)

Site Internet : www.tinguely.ch I www.preciousplastic.ch

Réseaux sociaux : @museumtinguely 1  #museumtinguely 1  @mikarottenberg 1  #antimatterfactory

Sommaire du mois de mai 2024

Fontaine Tinguely, Parc de la Solitude Basel

29 mai 2024 : Une nouvelle étape pour le programme Art et Santé du Musée Unterlinden
23 mai 2024 : When We See Us Un siècle de peinture figurative panafricaine
18 mai 2024 : Dance with Daemons
11 mai 2024 : Jean Rondeau et le clavecin Ruckers
8  mai 2024  : Couleur, Gloire et Beauté
5 mai 2024   : Patricia Vest, Patty la souris
4 mai 2024 :  Gérard Willig

When We See Us Un siècle de peinture figurative panafricaine

La fête d’anniversaire – Esiri Erheriene-Essi
transfert d’huile, d’encre et de Xerox sur lin 2021
ID d’objet: 76912
Transfert de pétrole, d’encre et de Xerox sur le linge
150 x 200 cm

Du 25.5. au 27.10.2024, Kunstmuseum Basel | Gegenwart
Commissaires : Koyo Kouoh et Tandazani Dhlakama (Zeitz MOCAA, Le Cap)

Adaptée pour le Kunstmuseum Basel en collaboration avec : Anita Haldemann, Maja Wismer, Daniel Kurjakovic

Avec l’exposition When We See Us, le Kunstmuseum Basel présente un kaléidoscope qui raconte un siècle de peinture figurative noire. Il s’agit d’une reprise de l’exposition organisée au Zeitz Museum of Contemporary Art of Africa au Cap. Installée dans les espaces du Gegenwart, elle réunit plus de 150 peintures d’environ 120 artistes, jamais exposées en Suisse pour la plupart, et apporte un éclairage sur la puissance et la dimension politique de la
« Black Joy ».

Le titre de l’exposition s’inspire de la mini-série de Netflix When They See Us  (Dans leur regard, 2019). La réalisatrice afro-américaine Ava DuVernay y aborde la manière dont des Blancs perçoivent indifféremment de jeunes Noirs innocents comme de potentiels criminels constituant une menace. En remplaçant « They » par « We », l’exposition opère un changement de perspective et offre ainsi un espace aux artistes pour montrer la manière dont il voient leur condition. Elle accorde une place centrale à leur perception propre et révèle comment la vie des Noirs ne cessa d’être représentée par d’autres de manière biaisée et fausse.

When We See Us est le résultat de recherches approfondies menées par Koyo Kouoh, directrice et cheffe curatrice du Zeitz MOCAA au Cap, et son équipe. De novembre 2022 à septembre 2023, ce musée dédié à l’art contemporain africain le plus grand au monde a présenté cette vaste exposition. Celle-ci est représentative d’une nouvelle perception de soi et de l’autodétermination d’artistes noir.e.s qui, après des siècles de domination par le canon artistique blanc, écrivent leur propre histoire de l’art. Au Kunstmuseum Basel, elle succède à une série d’expositions monographiques consacrées à des artistes afro-
américain.e.s : Theaster Gates, Sam Gilliam, Kara Walker et dernièrement Carrie Mae Weems. Ces expositions et bien d’autres explorent la « Blackness » dans le monde, notamment au regard des traumatismes et des aspects du colonialisme.

D’après les commissaires Koyo Kouoh et Tandazani Dhlakama, When We See Us se concentre quant à elle sur le quotidien ainsi que sur la « puissance de la joie », éliminant ainsi les stéréotypes liés au racisme, à la violence ou aux crises. L’exposition s’attache à proposer aux individus un nouvel angle de vue tour à tour solennel, puissant et digne :
« Il faut que nous parlions beaucoup plus de nous-mêmes, d’une manière qui stimule notre esprit » disent-elles.

Six sections du quotidien

Plus de cent cinquante oeuvres d’art sont réparties en six chapitres
d’exposition : Triomphe et émancipation, Sensualité, Spiritualité, Le quotidien, Joie et allégresse et Repos. Les salles ne sont pas aménagées de manière chronologique, ni selon le pays d’origine ou le lieu de travail des artistes.
La déclinaison en des thèmes universels indique également pour la première fois que les artistes ont travaillé aux mêmes thématiques à différents endroits en Afrique et au sein de la diaspora africaine. Ainsi, des parallèles iconographiques s’esquissent entre les oeuvres de Romare Bearden (1911–1988), artiste afro-américain, et de George Pemba (Afrique du Sud, 1912–2001), ou entre le Congolais Chéri Samba (*1956) et l’Afro-Américain Barkley L. Hendricks (1945–2017).
When We See Us occupe l’ensemble des espaces du Kunstmuseum Basel | Gegenwart. Comme au Zeitz MOCAA, Ilze Wolff, associée de l’agence Wolff Architects au Cap, a été chargée de la scénographie, tandis que le musicien Neo Muyanga a conçu les stations sonores. Une frise chronologique précise le contexte de création des oeuvres exposées et un audioguide adapté pour le Kunstmuseum Basel fournit des informations sur les oeuvres.
Le programme qui accompagne l’exposition met en avant différentes voix noires à travers la musique, la littérature, des ateliers, des visites guidées, des groupes de discussion et des événements universitaires. Au rez-de-chaussée, une salle spécialement conçue pour accueillir ce programme sert de lounge public ainsi que de lieu de rassemblement et d’événements pour les ateliers, séminaires, concerts et autres.

« When We See Us », Ausstellungsansicht Kunstmuseum Basel | Gegenwart

Chapitres d’exposition et liste des artistes

Triomphe et émancipation

Le sentiment de fierté envers sa propre histoire et ses réussites malgré l’adversité et une oppression longue de plusieurs siècles figure au coeur de ce chapitre. Au rez-de-chaussée du musée, les visiteur.euse.s croisent des icônes mondialement connues, à l’instar du tableau de Chéri Chérin Obama Revolution (2009),

sur un pied d’égalité avec des figures certes anonymes, mais fortes, comme dans le Portrait of a Sudanese Gentleman (1951) d’Ibrahim El-Salahi.

Les personnes représentées s’occupent des biens culturels des ancêtres ou sont des hommes et des femmes politiques engagés et des individus ayant obtenu le succès et la reconnaissance sociale.
Artistes : Benny Andrews, Margaret Taylor Burroughs, Chéri Chérin, Kudzanai Chiurai, Aboubacar Diané, Ibrahim El-Salahi, Ben Enwonwu, Gherdai Hassell, Wifredo Lam, Akinola Lasekan, Mustafa Maluka, Eria Nsubuga ‘Sane’, Augustin Okoye, George Pemba, Chéri Samba, Mmapula Mmakgabo Helen Sebidi, Gerard Sekoto, Amy Sherald, Katlego Tlabela, Cyprien Tokoudagba

Sensualité

 Le modèle noir, d’après Félix Vallotton
 Roméo Mivekannin 2019
 Peinture acrylique sur nappes 251 x 254 cm
Copyright : © 2024, ProLitteris, Zurich
Creditline : Courtesy of Jochen Zeitz Collection
Crédit photo : Gina Folly

Sensualité présente des corps noirs de manière intime et avec aplomb comme ne l’avait guère permis le canon visuel occidental. Le modèle noir, d’après Félix Vallotton (2019) de Roméo Mivekannin fait directement écho à ce canon, de même que Reclining Nude with Lemon (2021) de Sahara Longe. Ce chapitre montre toute la palette de la sensualité, de l’amour et des relations intimes. L’ensemble des oeuvres ont en commun l’autodétermination des protagonistes.
Artistes : Nina Chanel Abney, Olusegun Adejumo, Tunji Adeniyi-Jones, Maxwell Alexandre, Tiffany Alfonseca, Dominic Chambers, Somaya Critchlow, Njideka Akunyili Crosby, Elladj Lincy Deloumeaux, Aboubacar Diané, Ibrahima Kébé, Yoyo Lander, Sahara Longe, Danielle McKinney, Roméo Mivekannin, Moké, Geoffrey Mukasa, Chris Ofili, Kambui Olujimi, Tschabalala Self, Monsengo Shula, Mickalene Thomas, Bob Thompson, Kehinde Wiley

« When We See Us », Ausstellungsansicht Kunstmuseum Basel | Gegenwart


Spiritualité
Selon les commissaires de l’exposition, il est difficile d’imaginer un quotidien noir sans spiritualité. Cette section représente le « triple héritage » décrit par l’écrivain kenyan et américain Ali Mazrui (1933-2014) dans son livre The Africans: A Triple Heritage : la « Black Life » perméable aux rituels et traditions locales, islamiques et chrétiennes. Les oeuvres présentées ici montrent une spiritualité vivante, à l’instar de Genesis Creation (1989) de Jacob Lawrence et The Dumb Oracle (2019) de Michael Armitage.
Artistes : Michael Armitage, Gerard Bhengu, Wilson Bigaud, Edouard Duval-Carrié, Aaron Douglas, Scherezade García, Jacob Lawrence, Cassi Namoda, Malangatana Ngwenya, Kambui Olujimi, Emma Pap’, Naudline Pierre, Prosper Pierre-Louis, María Magdalena Campos Pons, Cinga Samson, Gerard Sekoto, Devan Shimoyama, Alex Shyngle, Sthembiso Sibisi, Olivier Souffrant, Pamela Phatsimo Sunstrum, Nirit Takele

The Dumb Oracle (2019) de Michael Armitage


Le quotidien
Des tableaux à l’instar de Boy with a Toy Plane (1938) d’Aaron Douglas, The Reader (1939) de William H. Johnson, Gisting in the Kitchen (2018) de Joy Labinjo ou encore l’affiche publicitaire de Johnny Arts pour Ozor International Barber also Specialist in Hair Dying and Shamporing (1962) montrent la beauté de la vie quotidienne. Ce chapitre présente des scènes de la vie publique et privée avec des moments de joie ou de contemplation, que ce soit au sein de la famille ou de la communauté, à l’occasion de jeux, à l’école, lors du portage de l’eau ou de la réalisation de tresses.
Artistes : Johnny Arts, Malang Badji, Romare Bearden, Aaron Douglas, Gervais Emmanuel Ducasse, Ben Enwonwu, Ablade Glover, Gavin Janties, William H. Johnson, , Kangudia, Ibrahima Kébé, Joy Labinjo, Petson Lombe, Marvelous Mangena, Luis Meque, Moké, Meleko Mokgosi, Richard Mudariki, Theresa Mungure, Lavar Munroe, Chemu Ng’ok, Nicholous Njau, Boris Nzebo, Antoine Obin, Télémaque Obin, Bruce Onobrakpeya, George Pemba, Horace Pippin, Kingsley Sambo, Gerard Sekoto, Ancent Soi, Moustapha Souley, Edward Saidi Tingatinga, Zandile Tshabalala, Sane Wadu, Richard Witikani

2002.2.30
Aaron Douglas
Boy with a Toy Plane
Oil on canvas
1938
22 ? x 17
Documented on 2/02/11 in Jen Library at Savannah College of Art and Design.


Joie et allégresse
Cette section est consacrée aux moments d’allégresse et de loisir : d’après les commissaires, il reste toujours du temps pour une chanson ou une danse. Dans The Birthday Party (2021) d’Esiri Erheriene-Essi, on chante pour Steve Biko ; dans Un mardi de Carnaval (1960) de Philomé Obin, on participe aux célébrations au sein d’un défilé ; dans Jazz Rhapsody (1982) de Romare Bearden, on écoute les rythmes musicaux.

Artistes : Romare Bearden, Esiri Erheriene-Essi, Barkley L. Hendricks, Clementine Hunter, Jacob Lawrence, Arjan Martins, Moké, Cinthia Sifa Mulanga, Eric Ndlovu, Nicholous Njau, Nestor Vuza Ntoko, Philomé Obin, George Pemba, Chéri Samba, Matundu Tanda, Katlego Tlabela, Charles White

Repos
Le troisième étage du Gegenwart réserve une place aux moments de repos, équivalents à ceux d’allégresse. Ici, on s’étire dans un canapé dans Sundials and Sonnets (2019) de Wangari Mathenge,

on se promène dans la campagne dans Surveying the Family Seat (2017) de Toyin Ojih Odutola ou bien on savoure simplement le calme assis sur une chaise comme dans An evening in Mazowe (2019) de Kudzanai-Violet Hwami. Partout, des personnes détendues, seules ou dans une atmosphère familière.
Artistes : Cornelius Annor, Gideon Appah, Firelei Báez, Amoako Boafo, Beauford Delaney, Kudzanai-Violet Hwami, Wangari Mathenge, Neo Matloga, Sungi Mlengeya, Ian Mwesiga, Thenjiwe Niki Nkosi, Toyin Ojih Odutola, Eniwaye Oluwaseyi, Marc Padeu, Zéh Palito, Otis Kwame Kye Quaicoe, Henry Taylor, Zandile Tshabalala, Kehinde Wiley, Lynette Yiadom-Boakye

« When We See Us », Ausstellungsansicht Kunstmuseum Basel | Gegenwart
Le Kunstmuseum remercie Kadiatou Diallo, Sindi-Leigh McBride et Lorena Rizzo du Centre d'études africaines de l'Université de Bâle pour leur regard critique sur l'adaptation de l'exposition au Kunstmuseum de Bâle.

À propos des commissaires
Koyo Kouoh
Depuis 2019, Koyo Kouoh est directrice et cheffe curatrice du Zeitz Museum of Contemporary Art Africa (Zeitz MOCAA) au Cap. Elle a grandi en Suisse puis s’est installée à Dakar, au Sénégal, dans les années 1990, où elle a fondé le RAW Material Company, un centre pour l’art, le savoir et la société en 2008. Elle en fut également la directrice artistique. Avant et parallèlement à cela, elle a organisé et assuré le commissariat d’expositions majeures et de biennales dans le monde entier (notamment Ataraxia au Salon Suisse de la Biennale de Venise en 2017). Koyo Kouoh a beaucoup publié sur la portée internationale de la communauté artistique panafricaine. En 2020, elle a reçu le Prix Meret Oppenheim et a été reconnue comme l’une des personnalités les plus importantes et influentes du monde artistique. En tant que curatrice et critique ainsi que fondatrice d’institutions culturelles, elle a proposé de nouvelles formes de médiation et a fortement contribué à porter l’art africain sur la scène internationale.
Tandazani Dhlakama
Née au Zimbabwe, Tandazani Dhlakama travaille depuis 2017 au Zeitz MOCAA comme curatrice et dans le domaine de la médiation artistique. Auparavant, elle a travaillé à la National Gallery of Zimbabwe et occupé différentes fonctions lors d’expositions, de conférences et de biennales en Afrique. Tandazani Dhlakama possède un master en Art Gallery and Museum Studies de l’université de Leeds au Royaume-Uni (2015) et un bachelor en Beaux-Arts et Sciences Politiques de l’université St. Lawrence de New York aux États-Unis (2011). Dernièrement, elle a assuré le commissariat de Witness: Afro Perspectives from the Jorge M. Pérez Collection à El Espacio 23 de Miami – une exposition consacrée à l’oppression systématique, aux traumatismes intergénérationnels, aux nouvelles visions du monde, à l’identité et au territoire.

Informations pratiques
Lu fermé
Ma–Di 11 h00–18h00

Kunstmuseum Basel | Gegenwart,
 St. Alban-Rheinweg 60, 4010 Basel

Kunstmuseum Basel
St. Alban-Graben 8
CH-4010 Basel
Tel. +41 61 206 62 62
info@kunstmuseumbasel.ch

Dance with Daemons

Du 19 mai au 11 août 2024 à la Fondation Beyeler

Pour la première fois au cours des plus de 25 ans d’histoire de la Fondation Beyeler, l’ensemble du musée et son parc environnant seront transformés en un lieu d’exposition expérimental d’art contemporain.
Organisée par la Fondation Beyeler en partenariat avec LUMA Foundation, la manifestation réunira le travail de 30 artistes issu·e·s de différents horizons et disciplines, dont Michael Armitage, Anne Boyer, Federico Campagna, Ia Cheng, Chuquimamani-Condori et Joshua Chuquimia Crampton, Marlene Dumas, Frida Escobedo, Peter Fischli, Cyprien Gaillard avec Victor Man, Dominique Gonzalez-Foerster, Wade Guyton, Carsten Höller avec Adam Haar, Pierre Huyghe, Arthur Jafa, Koo Jeong A, Dozie Kanu, Cildo Meireles, Jota Mombaça, Fujiko Nakaya, Alice Notley, Precious Okoyomon, Philippe Parreno,
Rachel Rose, Tino Sehgal, Rirkrit Tiravanija et Adrián Villar Rojas, Félix González-Torres

Les développeurs

Développée par Sam Keller, Mouna Mekouar, Isabela Mora, Hans Ulrich Obrist, Precious Okoyomon, Philippe Parreno et Tino Sehgal en étroite collaboration avec les participants et participantes, l’exposition vise à stimuler la liberté artistique, l’échange interdisciplinaire et la responsabilité collective. L’approche, telle que formulée par Philippe Parreno et Precious Okoyomon, reconnait :

                                                          Félix González-Torres

« les complexités et les incertitudes inhérentes au rapprochement des artistes, mais considère également ces enchevêtrements comme faisant partie intégrante du processus de création ».

L’exposition est donc envisagée comme

« une proposition dynamique plutôt que statique, un projet ontologique évolutif qui reflète la complexité et la diversité inhérentes à la réunion sous un même toit de voix artistiques distinctes ».

Conçue comme un organisme vivant qui change et se transforme, l’exposition a été développée par un nombre croissant de personnes, qui ont apporté leur réflexion sur toutes les étapes de la réalisation de l’exposition, depuis sa
conception, son élaboration et sa production jusqu’à sa création et sa présentation. En particulier, Tino Sehgal a été invité à créer des éléments d’exposition transformateurs pour la présentation générale, notamment pour les oeuvres de la collection.
NB : (même pendant la présentation à la presse, on a pu voir des modifications
dans l’accrochage)

Evénements collectifs variés

À l’instar d’événements collectifs tels que « Il Tempo del Postino » (organisé par Art Basel, la Fondation Beyeler et Theater Basel avec le soutien de LUMA Foundation et commandé par le Festival international de Manchester et le Théâtre du Châtelet, à Paris) et « To the Moon via the Beach »
(commandé et produit par LUMA Foundation), le projet trace des parcours plutôt que des filiations strictes.
Tout comme l’exposition et l’expérience elle-même, le titre de cette manifestation d’été est proposé par les participants et participantes et change périodiquement.

Parmi les intervenants et intervenantes, on compte des artistes, des poètes et poétesses, des architectes, et designeuses, des musiciens et musiciennes, des compositeurs et compositrices, des philosophes et des scientifiques. Toutes et tous ont été accueilli·e·s pour transformer le site de la Fondation Beyeler,
s’étendant à travers les galeries et le foyer aux espaces annexes, comme la billetterie, le vestiaire ou la boutique, au jardin d’hiver, aux terrasses et au parc. Le public pourra redécouvrir de façon inattendue les espaces de galerie existants, mais aussi explorer des espaces qui ne lui sont pas familiers. En arrivant à des moments différents, les visiteurs et visiteuses profiteront d’expériences différentes dans les mêmes espaces. Plusieurs temporalités se chevaucheront à travers des expositions, des espaces sociaux, des spectacles, des concerts, des lectures de poèmes, des conférences et des activités communautaires, encourageant les visites multiples en offrant des billets de retour. L’architecture en labyrinthe invitera à explorer la performance de différentes manières.

Les oeuvres

Les liens et les interrelations entre les oeuvres individuelles se développent en dialogue étroit avec les artistes. Cet échange s’étend également aux oeuvres de la propre collection de la Fondation Beyeler, qui est mise à la disposition des artistes en tant que ressource et fait partie intégrante de l’exposition.
Parallèlement aux projets artistiques temporaires, des oeuvres d’artistes tels que Louise Bourgeois, Paul Klee, Claude Monet et Vincent Van Gogh seront exposées.

Alors que la première manifestation de ce projet collectif sera montrée cet été à Riehen/Bâle, en Suisse, l’exposition collective interdisciplinaire évoluera et se transformera comme un organisme vivant, et les prochains événements seront présentés sous une autre forme à Arles et dans d’autres sites LUMA.

LIT DE RÊVE

Carsten Höller (*1961) avec Adam Haar (*1992)
Chambre d’hôtel de rêve 1 : Rêver de voler avec des agarics de mouche volante, 2024

Pendant l’exposition, les visiteurs peuvent dormir dans la chambre d’hôtel de rêve 1 . Pendant les heures d’ouverture du musée, les plages horaires sont fixées à 60 minutes par personne. Le prix est inclus dans le billet d’entrée. Les créneaux ne peuvent pas être réservés à l’avance : les inscriptions se font sur place au musée selon les disponibilités. Une fois par semaine, il est possible de passer la nuit entière du vendredi au samedi dans le « Dream Bed ». L’expérience dure de 20h à 8h et ne peut être réservée qu’en ligne. Afin de rendre cette soirée au musée abordable pour tous les budgets, les prix varieront. Le personnel de sécurité du musée fournira des draps propres.

Le « Dream Bed » est un robot qui se déplace pendant le sommeil du visiteur. Les rêves sont détectés via des capteurs intégrés au matelas, qui mesurent la fréquence cardiaque, la respiration et les mouvements. Ces lectures ne sont pas enregistrées. Les différentes phases de sommeil et intensités de rêve sont synchronisées avec les mouvements du lit. Au fur et à mesure que le visiteur s’endort et se réveille, une reproduction d’un champignon rougeoyant tourne au-dessus du lit.

Les billets pour la nuitée dans le «Dream Bed» peuvent être trouvés ici .

Informations Pratiques

Fondation Beyeler
La Fondation Beyeler à Riehen près de Bâle est réputée à l’international pour ses expositions de grande qualité, sa collection d’art moderne et d’art contemporain de premier plan, ainsi que son ambitieux programme de manifestations. Conçu par Renzo Piano, le bâtiment du musée est situé dans le cadre idyllique d’un parc aux arbres vénérables et aux bassins de nymphéas. Le musée bénéficie d’une situation unique, au coeur d’une zone récréative de proximité avec vue sur des champs, des pâturages et des vignes, proche des contreforts de la Forêt-Noire. La Fondation Beyeler procède avec l’architecte suisse Peter Zumthor à la construction d’un nouveau bâtiment dans le parc adjacent, renforçant ainsi encore l’alliance harmonieuse entre art, architecture et nature. www.fondationbeyeler.ch
LUMA Foundation
LUMA Foundation a été créée en 2004 par Maja Hoffmann à Zurich, en Suisse, afin de soutenir la création artistique dans les domaines des arts visuels, de la photographie, de l’édition, des films documentaires et du multimédia. Considérée comme un outil de production pour les multiples initiatives lancées par Maja Hoffmann, LUMA Foundation produit, soutient et finance des projets artistiques qui visent à approfondir la compréhension des questions liées à l’environnement, aux droits de la personne, à l’éducation et à la culture. www.luma.org; www.westbau.com

Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler

tous les jours 10h00–18h00, le mercredi jusqu’à 20h00
accès
depuis la gare SBB, prendre le Tram 1 ou le 2, jusqu’à Messeplatz
puis prendre le  tram 6 jusqu’à l’arrêt la Fondation

Sommaire du mois d’avril 2024

Jean Hélion, Floralies, 1969 

29 avril 2024 : Théodore Rousseau (1812-1867) la voix de la forêt
26 avril 2024 : Aqua Terra
25 avril 2024 : Changement de direction au Kunstmuseum Basel
21 avril 2024 : MATCH Design et sport – une histoire tournée vers le futur
16 avril 2024 : Brancusi
15 avril 2024 : Un dimanche à La Filature #5
14 avril 2024 : Bijoy Jain / Studio Mumbai
08 avril 2024 : Art Paris, Fragiles utopies

Changement de direction au Kunstmuseum Basel

Credit: Elena Filipovic, Photo: Lucia Hunziker

Le Kunstmuseum Basel a une nouvelle directrice: Elena Filipovic a pris ses fonctions en avril 2024. Elle succède à Josef Helfenstein, qui a pris sa retraite fin 2023. À propos de son nouveau mandat, Elena Filipovic déclare :

« C’est un honneur d’assumer cette impressionnante responsabilité. Je suis profondément engagée à protéger et à élargir davantage l’héritage de l’un des musées d’art les plus importants au monde. La Collection d’art publique de Bâle  qui constitue le noyau historique du Kunstmuseum ; sa création remonte à 1661 dans le but de préserver les œuvres d’art, ainsi que la créativité et les idées des artistes, pour les générations futures et de les partager avec des publics proches et lointains.
C’est la tradition d’un musée véritablement public, dans lequel la rencontre avec l’art a servi de source d’inspiration vitale et de défi aux perceptions communes du monde, chose sur lesquelles Filipovic souhaite s’appuyer. À cette fin, elle vise à élargir le public en renforçant le Kunstmuseum Basel pour qu’il devienne un lieu encore plus accessible, inclusif et accueillant.

Le Kunstmuseum Basel est déjà exceptionnel, mais je pense qu’il a aussi le potentiel de le devenir encore plus grâce à un engagement accru à se voir dans le présent : un musée dans lequel nous comprenons que nous avons des centaines d’années d’art qui peuvent entrer en résonance et nous dire quelque chose d’important sur notre vie actuelle. Un musée dans lequel nous pouvons regarder par exemple le Christ mort au tombeau de Holbein et en venir à comprendre comment nous, en tant que société, avons toujours été aux prises avec la mortalité, la perte et la foi, un tel tableau vieux de plus de 500 ans peut encore nous parler aujourd’hui ».

C’est comme ça que E. Filipovic esquisse son approche : le musée avec ses trésors d’art s’étendant sur sept siècles, doit développer de nouveaux modes de pensée et d’action dans sa programmation et sa recherche pour nous aider à faire face aux complexités d’aujourd’hui.

L’un des axes de son travail sera donc la collection. Filipovic ne veut pas seulement ajouter progressivement de nouveaux accents dans la présentation des œuvres d’art de la collection dans les trois les lieux du musée. Elle espère également élargir la collection d’art public de Bâle avec des acquisitions et des cadeaux soigneusement réfléchis, par exemple des œuvres de créateurs sous-représentés, artistes d’horizons divers. Elle estime en outre que les questions centrales dans la société contemporaine, comme la durabilité et la diversité, sont des défis clés. Le Kunstmuseum Basel doit s’attaquer à ce problème.

Les visiteurs peuvent déjà voir le premier des changements progressifs initiés par Filipovic, dans la présentation des collections. Elle sera également co-commissaire d’une exposition rétrospective, au printemps/été 2025, qui portera un nouveau regard sur le travail de l’artiste franco-italien sculpteur et photographe Medardo Rosso (1858-1928), en perspective d’une époque contemporaine.  La présentation de cette œuvre qui a contribué à ouvrir la voie au modernisme, est réalisé en coopération avec le Musée d’Art Moderne Stiftung Ludwig / mumok, Vienne et sera complétée par des œuvres d’autres artistes.

Détails biographiques

Elena Filipovic (née en 1972) rejoint le Kunstmuseum après plus de neuf ans en tant que directrice et commissaire de la Kunsthalle Basel, où elle a organisé plus de soixante-dix expositions, et suite à son mandat de commissaire principale du WIELS, Bruxelles de 2008 à 2014. Elle a été commissaire du Pavillon croate de la Biennale d’art de Venise en 2022 et a été co-commissaire, avec Adam Szymczyk, de When Things Cast No Shadow, le 5e Berlin
Biennale d’art contemporain en 2008.
Elle est titulaire d’un doctorat en histoire de l’art de Princeton.
Université et a placé l’écriture et la recherche au centre de son approche de l’art.
Ses écrits ont parus dans de nombreux catalogues et revues d’artistes et elle a édité plusieurs recueils, dont The Artist as Curator: An Anthology (Mousse
Publications, 2017) et The Biennial Reader : Anthologie sur les plantes vivaces à grande échelle.
Expositions d’art contemporain, avec Marieke van Hal et Solveig Øvstebø (Hatje Cantz Editeur, 2010). Elle est l’auteur de David Hammons, Bliz-aard Ball Sale (Afterall Books, 2017), pour lequel elle a été récompensée par la Fondation Andy Warhol/Creative Capital Arts Bourse aux écrivains et Les activités apparemment marginales de Marcel Duchamp (MIT Press, 2016), lauréat de la mention honorable, Prix PROSE 2017 en histoire et critique de l’art.

Informations pratiques

HAUPTBAU & NEUBAU
Lu fermé
Ma 10h00–18h00
Me 10h00–20h00
Je–Di 10h00–18h00
Horaires d’ouverture particuliers
Veuillez noter que le Kunstmuseum Basel | Gegenwart sera fermé du 8.4. au 23.5.2024 pour cause de montage de l’exposition.

GEGENWART
Lu fermé
Ma–Di 11h00–18h00