Born in Ukraine – La Galerie nationale d’art de Kyiv à l’honneur

Titel: Kyivo-Pecherska Lavra
Künstler & Beteiligte: Kliment Redko
Entstehungszeit: 1914
Material / Technik: Öl auf Leinwand Masse: 28 x 39.7 cm
Creditline: The Kyiv National Art Gallery

Du 6.12.2022 au  30.4.2023 au Kunstmuseum Basel | Hauptbau
Commissaires : Galyna Alaverdova, Oksana Pidsukha (Galerie nationale d’art de Kyiv) avec Olga Osadtschy (Kunstmuseum Basel)
La visite de l’ exposition Born in Ukraine est gratuite.

Dans le cadre de l’exposition Born in Ukraine, le Kunstmuseum Basel présente des oeuvres de 31 artistes ukrainien.ne.s provenant de la Galerie nationale d’art de Kyiv, le Musée national ukrainien. Aux côtés d’autres oeuvres de Kyiv, les 49 tableaux exécutés entre le XVIIIe et le XXe siècle trouvent temporairement refuge en Suisse. Une autre exposition se déroule simultanément au Musée Rath de Genève.

Origine

Au printemps 2022, des représentant.e.s de la Galerie nationale d’art de Kyiv ont sollicité le Kunstmuseum Basel. Manquant d’espaces dans leurs locaux pour mettre à l’abri les oeuvres de leur collection, ils recherchaient des musées étrangers susceptibles d’accueillir des pans de leur prestigieuse collection pour une durée limitée. Il s’agissait non seulement de faire sortir les oeuvres du pays afin de les mettre en sécurité, mais aussi de les exposer.

Invitation

Conçue conjointement avec le Kunstmuseum Basel, l’exposition Born in Ukraine présentée dans le Hauptbau permet désormais de faire connaître des oeuvres d’art provenant d’Ukraine à un plus large public en lui donnant un aperçu de la mémoire culturelle d’une civilisation européenne, dont nous avons peu connaissance jusqu’ici. Dans le même temps, l’exposition est une invitation adressée aux nombreux réfugiés ukrainiens en Suisse.

Histoire particulière

Le projet Born in Ukraine prend en considération l’histoire particulière de la Galerie nationale d’art de Kyiv qui, lorsque l’Ukraine faisait partie de l’Union soviétique, était connue comme musée d’art russe. Depuis 2014, le musée est impliqué dans une lecture et une étude critiques de sa collection qui remettent en cause le lieu commun d’un art russe prétendument homogène. Cette année, cette volonté est plus actuelle que jamais dans le contexte de la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine.

Ukrainisches Haus, Illia Repin 1880
Les artistes les plus connus

Parmi les artistes dont l’oeuvre est présentée dans l’exposition Born in Ukraine figurent Ilja Repin, Dmytro Lewytsky, Wolodymyr Borowykowsky, Archy Kuyindschi, Mykola Jaroshenko et Dawyd Burliuk. Tous ces peintres, hommes et femmes, sont nés sur le territoire ukrainien. Toutefois, nombre d’entre eux furent formés en Russie et devinrent, de ce fait, des représentants culturels de l’Empire russe, puis de l’Union soviétique. Plus tard, certains s’installèrent en Europe ou aux États-Unis. Aux côtés de ces natifs ukrainiens, Born in Ukraine présente également des artistes aux racines juives, polonaises, arméniennes ou grecques, dont la pratique fut marquée de la même manière par plusieurs traditions nationales. Citons parmi ceux-ci Iwan Aiwazowsky, Lew Lagorio, Archip Kuindschii, Konstantin Kryschytsky, Isaak Brodsky et Dawid Schterenberg.

La Galerie nationale d’art de Kyiv

La Galerie nationale d’art de Kyiv compte parmi les musées d’art les plus connus d’Ukraine. Fondé en 1922, il est situé dans un monument architectural du XIXe siècle qui appartenait au commerçant et mécène ukrainien Fedir Tereschtchenko. Les oeuvres d’art de la collection de la famille Tereschtchenko ainsi que d’autres collections privées ukrainiennes composèrent le fonds initial de la collection muséale. Le musée possède des collections monographiques de Wolodymyr Borowykowsky, Iwan Aiwazowsky, Mykola Ge, Iwan Schyschkin, Mychailo Wrubel, Ilja Repin et d’autres artistes. L’institution abrite plus de 14 000 pièces qui couvrent un large spectre allant d’exceptionnelles icônes du XIIIe siècle jusqu’à des chefs-d’oeuvre des XXe et XXIe siècles.

L’exposition au Musée Rath à Genève :
Du crépuscule à l’aube, 8 décembre 2022 – 23 avril 2023

Informations pratiques

Kunstmuseum Basel
St. Alban-Graben 8
4001 Basel
T +41 61 206 62 62
kunstmuseumbasel.ch

Vous pouvez visiter la collection gratuitement aux heures suivantes :
Mar, jeu, ven : 17 h à 18 h
Mer : 17 h à 20 h
Premier dimanche du mois
Ne s’applique pas au dimanche 1er janvier 2023, car il s’agit un jour férié.

14 DÉC –  BÂTIMENT PRINCIPAL

18:30–20:00
« Né en Ukraine. Invité de la Kyiv Art Gallery»
Visite de l’exposition et apéritif

Curt Glaser collectionneur, « l’art en fuite »

Edvard Munch, Elsa Glaser, 1913 – Oil on canvas, 120.5 x 85 cm Kunsthaus Zürich

De la défense de la modernité aux persécutions

Au Kunstmuseum Basel jusqu’au 12.2.2023
Commissaires : Anita Haldemann, Judith Rauser

Courte biographie

Historien de l’art, conservateur et critique, Curt Glaser (1879–1943) était une figure emblématique de la vie artistique berlinoise des années 1910 et 1920 qui faillit pourtant sombrer dans l’oubli après sa mort. Son destin est marqué par un profond engagement en faveur de l’art moderne et par les abîmes traversant le 20e siècle. Avec sa femme Elsa, il réunit une collection privée comprenant de remarquables oeuvres d’Edvard Munch, Henri Matisse et Max Beckmann. Persécuté par le régime nazi à cause de ses origines juives, il perd son poste de directeur à la Kunstbibliothek de Berlin et émigre en Suisse en 1933, puis aux États-Unis en 1941. En mai 1933, il vend aux enchères une grande partie de sa collection qui sera dispersée dans le monde entier.

La collection privée
Signed and dated recto, lower left, in graphite: « Henri-Matisse 1914 ». Margaret Day BlakeCurt et Elsa Glaser constituèrent ensemble une collection vaste et variée.

Dans leur généreux appartement à Berlin, le couple vivait entouré de
meubles, d’oeuvres d’art et de livres choisis. Des maîtres anciens faisaient
autant partie de la collection que l’art d’Asie orientale, arabe ou africain.
La collection évolua en fonction des préférences du couple : des tableaux
de Vincent van Gogh, Franz Marc ou Henri Matisse furent revendus. Les
dessins et les gravures de l’époque moderne, en particulier de l’expressionnisme, constituaient la majorité de la collection. Ceux-ci étaient généralement conservés dans des albums. Les Glaser appréciaient tout particulièrement Edvard Munch et Max Beckmann.

Curt Glaser et Edvard Munch
Bild: 60.4 x 43.8 cm; Kreide- und Pinsellithographie von drei Steinen in Schwarz, Blau und Rot; Inv. 1933.212

En 1913, Curt et Elsa Glaser rendirent visite pour la première fois à Edvard
Munch en Norvège. En 1917, Glaser publia la première monographie allemande
sur l’artiste. Une longue amitié se tissa entre eux. Leurs lettres
contiennent de précieuses descriptions des circonstances changeantes
de la vie de Glaser.
La première grande exposition de Munch en Suisse eut lieu en 1922 au
Kunsthaus de Zurich grâce à l’intervention de Glaser. En 1935 Wilhelm
Wartmann, alors directeur du Kunsthaus, prit en charge sept tableaux, dont
cinq de Munch, après l’émigration de Glaser. L’oeuvre intitulée Musik auf
der Karl Johann Strasse, que Curt Glaser avait offert à la Nationalgalerie
de Berlin en mémoire de sa première épouse Elsa, arriva à Zurich en 1939.
Progressivement, Curt et Maria Glaser vendirent quatre toiles au Kunsthaus,
dont l’histoire est également étroitement liée à celle de Glaser.

L’émigration

En tant que directeur de la Kunstbibliothek au début des années 1930,
Curt Glaser était une figure incontournable de la vie culturelle berlinoise.
Pourtant, comme d’innombrables personnes d’origine juive, il fut exposé
à l’hostilité antisémite. Avec l’arrivée au pouvoir des Nazis début 1933, la
persécution systématique des juives et des juifs commença. L’existence
professionnelle de Glaser fut détruite par les nouvelles lois nazies : début
avril 1933, il fut « suspendu » de son poste et définitivement licencié en
septembre. Au printemps également, il dut abandonner son grand appartement
de la Prinz-Albrecht-Strasse. Le bâtiment fut dès lors utilisé
comme siège de la police secrète de sureté.

Franz Marc The Large Blue Horses, 1911 Oil on canvas, 104 x 180 cm
Courtesy of Walker Art Center, Minneapolis

En mai 1933, Glaser se sépara d’une grande partie de ses biens lors de
deux grande ventes aux enchères. Il épousa sa seconde femme Maria
Milch vers la fin du moi de mai. Le couple émigra en Suisse et put y
exporter 14 caisses de déménagement ainsi qu’une petite partie de la
collection. Ils vécurent huit ans au Tessin et par intermittence à Florence.
En 1935, leur fille Eva vit le jour. Plus tard elle fut placée au « Sonnenhof »,
un foyer pour enfants handicapés dirigé par des anthroposophes, à
Arlesheim, près de Bâle.

 Henri Matisse Bild: 26.7 x 37.8 cm; Kreidelithographie; Inv. 1933.173

En 1941, Curt et Maria Glaser s’exilèrent à New York en passant par La
Havane. Sur le plan professionnel, Glaser ne put reprendre pied ni en
Suisse ni en Amérique. Eva mourut à Arlesheim début 1943 et Curt Glaser
en novembre la même année. Sa veuve Maria épousa Ernst (Ernest) Ash
et vécut à New York jusqu’à sa mort en 1981.

Maria and Curt Glaser,
Postcard from Curt Glaser to Edvard Munch, 6. November 1933
Munch museet Osl
o

La dispersion de la collection

Les ventes aux enchères de mai 1933 chez Max Perl dispersèrent la vaste
collection de Curt et Elsa Glaser. Les propriétaires actuels ne sont connus
que pour une minorité d’oeuvres. Les 200 dessins et gravures achetées
aux enchères par le Kunstmuseum Basel pour le Kupferstichkabinett
constituent la plus grande collection en un seul lieu.

Bild: 26.7 x 37.8 cm; Kreidelithographie; Inv. 1933.173

Henri Matisse
Reclining female nude, 1929
Chalk lithography, 26.7 x 37.8 cm
Kunstmuseum Basel, Kupferstichkabinett © Succession H. Matisse / 2022

Selon les pays, les musées traitent différemment les oeuvres de la collection
Glaser. Les circonstances de la vente aux enchères ne sont pas
évaluées de manière uniforme. Les musées allemands reconnurent la
situation de persécution de Glaser. Ils restituèrent des oeuvres à la communauté
des héritiers et rachetèrent certaines d’entre elles.
Les oeuvres que Glaser conserva jusqu’à sa mort prirent un autre chemin.
Ainsi, les dessins qu’il avait emportés avec lui à New York furent légués
par Maria Glaser à la Morgan Library & Museum en 1981.

Acquisition
Kokoschka Blatt: 70.2 x 50.1 cm; Kreidelithographie in vier Farben gedruckt; Inv. 1933.209

En 1933, le Kunstmuseum Basel a acquis 200 dessins et gravures ayant appartenu à Glaser pour le Kupferstichkabinett. En 2020, le musée parvient à un accord juste et équitable avec les héritiers de Glaser en faveur du maintien des oeuvres, ce qui est considéré à l’international comme une bonne pratique. Au sein de l’exposition, de somptueuses oeuvres réunies à nouveau pour la première fois jalonnent l’existence de Curt Glaser. Cette présentation s’attache à reproduire l’univers de cette fascinante collection et éclaire un chapitre méconnu de la modernité dans le Berlin des années Weimar en s’appuyant sur l’immense contribution de Glaser au monde artistique.
En les voyant, je me dis :
C’est donc lui qui a choisi, acquis, possédé toutes ces magnifiques oeuvres.
Continuer la lecture de « Curt Glaser collectionneur, « l’art en fuite » »

Sommaire du mois de novembre 2022

30 novembre 2022 : ST-ART 2022, 26e édition
28 novembre 2022 : SurréAlice – une double exposition
25 novembre 2022 : L’art mystique de Laurent Grasso
20 novembre 2022 : Stephen Dock, photographe
15 novembre 2022 : Raymond Stoppele, le vénitien
11 novembre 2022 : La modernité déchirée
10 novembre 2022 : Oskar Kokoschka. Un fauve à Vienne
7 novembre 2022  :  Hyperréalisme. Ceci n’est pas un corps
5 novembre 2022 :   Jacques Thomann – le regard poétique
2 novembre 2022  :  L’art brut – Collection Würth

Raymond Stoppele, le vénitien

Nom : Stoppele
Prénom : Raymond
Profession : artiste peintre
spécialité : peinture, dessin, gravure
signe particulier : enseigne la lithographie à la Bottega del Tintoretto à
« la Serenissima », Venise
signe particulier 2 : porte le catogan

Dans le podcast ci-dessous en écoutant l’entretien de Raymond Stoppele avec Michel Forne. – Esquisse et dialogue autour d’une oeuvre.
Vous ferez plus ample connaissance avec Raymond et son drôle de travail ! écouter « le dit ne va pas sans dire »

Notre entretien

Comment es-tu venu à l’art ?


Je crois bien que depuis tout petit j’aimais dessiner. Ensuite, au collège, le cours d’Arts Plastiques était mon cours préféré et mon professeur de l’époque, Monsieur Olivier, m’avait parlé de l’École des Beaux-Arts et m’avait déjà fortement encouragé à y poursuivre de futures études.

Montagne sacrée

Depuis quand dessines-tu ?

Certainement comme la plupart des enfants, à partir du moment où j’ai pu tenir un crayon dans la main.

Tes parents ?

Des parents qui n’étaient pas du tout dans la culture dite artistique, mais qui m’ont toujours encouragé et surtout permis alors qu’ils n’avaient que très peu de moyens financiers, d’entrer en école d’art, alors que mes camarades entraient soit en apprentissage ou poursuivaient des études qui étaient souvent considérées comme plus sûres.

Pourquoi peins-tu ?

La peinture, comme le dessin sont pour moi indispensables pour ainsi dire quotidiennement. Je pense, sans toutefois en être sûr, que cette pratique me permet d’évacuer différents stress liés à notre vie, à notre entourage, à l’actualité… C’est une sorte de « méditation violente ». Des choses doivent sortir, ces moments (de peinture) ne sont jamais des moments paisibles, mais très intenses et donc ne peuvent jamais durer trop longtemps. Lorsque je travaille à une peinture, je dois souvent faire des pauses.


La gravure ?

En quatrième et cinquième année, aux Beaux-Arts, j’ai fréquenté l’atelier dit de gravure avec comme finalité, le Diplôme National des Beaux-Arts que j’ai obtenu en 1976.
Dans cet atelier j’ai pratiqué les différentes techniques de gravure. Les techniques de taille douce, le bois, la sérigraphie et surtout la lithographie qui est la technique que je pratique toujours et qui me convient le plus pour la liberté du geste qu’elle m’offre.


Comment définirais-tu ta peinture, gravure ?

Ni figurative, ni abstraite, certainement expressionniste.

Fais-tu des dessins/essais préparatoires ?

Cela m’arrive, mais je ne m’y tiens jamais. Je démarre avec une idée et ensuite je laisse aller…

Quand travailles-tu ?

Ayant l’atelier chez moi, je travaille quand le besoin s’en fait ressentir, sans horaires précis.

Un rite pour te mettre au travail ?

jamais sans ma cafetière préférée

Non, juste le besoin.

Ta technique huile etc …

J’aime depuis toujours le papier, tous les papiers. C’est donc mon principal support. Toutes mes peintures sont réalisées à la peinture acrylique. Avec ma façon de travailler, j’ai besoin d’une peinture qui sèche vite, donc surtout pas de peinture à l’huile.


Pour les dessins j’utilise le fusain accompagné parfois de pastels.


                               en avant fusain

L’ambiance, musique, silence, intérieur, extérieur ?

Quasiment toujours de la musique, de genres très variés selon l’humeur et toujours en intérieur.

Tes maîtres ?

Il y en a énormément, de toutes les époques depuis la grotte Chauvet jusqu’à nos jours. Trop nombreux pour les citer.

Références littéraires ?

J’en citerai un parmi beaucoup d’autres, « le livre de l’intranquillité » de Fernando Pessoa.

Qu’est devenu ton travail pendant le confinement ?

Étant habitué à passer beaucoup de temps chez moi dans l’atelier, j’ai continué à travailler sans beaucoup de changements et de façon régulière.

Que cherches-tu à exprimer dans ton travail, qui ne serait pas possible avec des mots ?

Justement, j’ai toujours eu du mal à exprimer mes ressentis avec des mots et donc, mes mots sont ces formes, ces couleurs, ces gestes qui recouvrent mes feuilles et que quiconque peut ensuite ou non, interpréter selon ses propres visions.

Quand as-tu décidé d’exposer votre travail ?

J’ai commencé à montrer mon travail alors que j’étais encore étudiant en école d’Art. Il y a eu ensuite une période assez longue, presque vingt ans, pendant laquelle tout en continuant à pratiquer, je n’ai plus rien montré. Je n’en éprouvais pas la nécessité.

Depuis 2010, je montre à nouveau mon travail de façon assez régulière, mais quand même pas suffisamment car, sans vouloir paraître prétentieux, je reste difficile quant aux lieux d’exposition de mes travaux.

Indices égarés

Peins-tu des autoportraits ?

Non

Cette pandémie a-t-elle agit sur ton travail ?

Très certainement comme tous les évènements que nous subissons tous, mais je ne saurais être plus précis.

Les artistes doivent-ils être le reflet des sentiments, de la vision de leur époque ?

Je ne pense pas qu’ils le doivent, mais peut-être le sont-ils, même si ce n’est pas toujours prémédité.

                                      ainsi vont lithographie 2 couleurs


Quelle est ta plus belle rencontre en art ?

Les rencontres…

Une devise ?

Soyez vous-même sans chercher à suivre les modes.

Une définition de l’art

Souvent inexplicable, mais indispensable.

Et venons-en à Venise…

J’ai l’immense chance depuis de nombreuses années de me rendre dans cette ville que l’on appelle « laSerenissima », Venise. Cela a commencé en 1978. J’ai été durant cinq années, l’assistant de mon maître d’atelier, Robert Simon qui enseignait la lithographie à la Scuola Internazionale di Grafica di Venezia durant les cours d’été. C’était à chaque fois, trois semaines de travail et d’échanges intenses avec de nombreux stagiaires qui venaient aussi bien d’Europe, comme des États-Unis, du Brésil, du Japon.

En 1986, un des membres de cette école a ouvert un autre atelier. La Bottega del Tintoretto, atelier collé à la maison du Tintoret, d’où son nom. C’est un espace que Tintoretto a très certainement utilisé. Il était collé à sa maison avec une entrée depuis son jardin et avec des dimensions tant en surface qu’en hauteur importantes.

                                             Lithographie 3 couleurs


Dans cet atelier, les pratiques sont essentiellement tournées vers les domaines de l’impression. Que ce soient les diverses techniques de gravure, mais aussi la typographie, la lithographie, la reliure et depuis peu, l’édition. Y sont aussi donnés des cours de dessin classique et d’aquarelle.

Depuis 2012, j’y enseigne la lithographie. D’abord pendant des stages intensifs d’été, mais maintenant aussi à d’autres moments de l’année en fonction des demandes et aussi pour mes propres réalisations. J’y retourne donc très souvent et cet endroit est devenu mon deuxième chez moi.

Son site

www.raymondstoppele.odexpo.com

La nef des Fous

                                       bibliothèque Grand Rue

La modernité déchirée
Les acquisitions bâloises d’art « dégénéré »

Tierschicksale (Die Bäume zeigten ihre Ringe, die Tiere ihre Adern)1913

Jusqu’au 19.2.2023, au Kunstmuseum Basel | Neubau
Équipe du projet : Eva Reifert (Conservatrice du XIXe s. et art moderne), Tessa Friederike Rosebrock (Responsable de la recherche de provenance)

La collection d’oeuvres classiques modernes du Kunstmuseum Basel figure parmi les plus célèbres de son genre. Pourtant sa création fut relativement tardive. À l’été 1939, le Kunstmuseum acquiert 21 oeuvres majeures de l’art moderne allemand et français. Taxées d’oeuvres d’art « dégénéré » par la politique culturelle nationale-socialiste, celles-ci avaient été saisies dans les musées allemands en 1937. Déclarées « exploitables à l’international », elles furent mises en vente sur le marché de l’art.

Un moment particulier de l’histoire de la collection bâloise

L’exposition La modernité déchirée au Kunstmuseum Basel | Neubau met en lumière différents aspects de ce moment particulier de l’histoire de la collection bâloise. Elle mêle l’histoire d’une sauvegarde des oeuvres telle qu’on se plaisait à la raconter à une approche plus précise du débat de société de l’époque autour de cette transaction commerciale avec un régime dictatorial. Les acquisitions de 1939 sont présentées dans leur contexte historique aux côtés d’autres oeuvres marquantes de l’expressionnisme allemand provenant de musées et de collections privées du monde entier. En outre, une part importante de l’exposition est consacrée à des oeuvres en rapport avec les acquisitions bâloises et considérées aujourd’hui comme détruites ou disparues.

Le Kunstmuseum Basel est la seule institution au monde ayant accepté directement une tel grand nombre d’oeuvres d’art provenant de l’ancien patrimoine muséal allemand. Seul le Musée des Beaux-Arts de Liège, avec neuf acquisitions, a également acheté un large ensemble d’oeuvres issues de l’ancien fonds appartenant aux musées allemands aux enchères. A Bâle ces acquisitions ont posé les jalons pour la constitution d’une collection moderne et ont marqué le début de l’ouverture du Kunstmuseum Basel à l’art contemporain.

Le contexte historique en Allemagne

Après le tournant du siècle, de nombreux musées allemands ont acquis des oeuvres de l’expressionnisme, de la Nouvelle Objectivité, du cubisme, du dadaïsme ainsi que de l’art moderne français. Dès leur arrivée au pouvoir en 1933, les nazis utilisent l’appellation péjorative « dégénéré » pour qualifier cet art. À l’été 1937, le régime nazi saisit plus de 21 000 oeuvres d’art dit
« dégénéré » dans les musées allemands, en particulier celles exécutées par des artistes juifs ainsi que celles abordant des thèmes liés au judaïsme ou à la politique. Nombre de ces oeuvres confisquées sont présentées au sein de l’exposition Art dégénéré organisée à Munich en 1937.
Quelque 780 peintures et sculptures ainsi que 3 500 travaux sur papier provenant de ce vaste ensemble sont déclarés « exploitables à l’international », c’est-à-dire conformes à la vente à l’étranger contre des devises. Ils sont entreposés au nord de Berlin dans le château Schönhausen. Fin juin 1939, 125 oeuvres d’art doivent être mises aux enchères par la maison de vente Theodor Fischer à Lucerne. Quatre marchands d’art, parmi lesquels Karl Buchholz et Hildebrand Gurlitt, sont chargés de trouver des acheteurs internationaux pour les autres oeuvres. Le reste des oeuvres jugé « inexploitable » est en grande partie brûlé à Berlin le 20 mars 1939.

Bâle vers 1939

Le nouveau bâtiment du Kunstmuseum – l’actuel Hauptbau – situé St. Alban-Graben a été inauguré en 1936. Le déménagement dans des salles plus spacieuses révèle à quel point la collection est peu dotée en peinture moderne, les oeuvres des maîtres anciens Konrad Witz et Hans Holbein le Jeune constituant l’essentiel du noyau de la collection. Le directeur de l’époque, Otto Fischer, avait échoué à plusieurs reprises dans l’acquisition d’oeuvres d’art moderne.
Lorsque Georg Schmidt prend ses fonctions à la direction du musée en 1939, il souhaite lui aussi constituer une collection moderne. Depuis 1933, il observe et critique en tant que journaliste la persécution de l’art moderne en Allemagne. Son objectif est d’acquérir le plus grand nombre possible d’oeuvres confisquées, non seulement lors de la vente aux enchères à Lucerne, mais aussi à l’entrepôt berlinois qu’il visite fin mai 1939 sur l’invitation des marchands d’art Buchholz et Gurlitt chargés de l’« exploitation » de ces oeuvres. Buchholz et Schmidt s’entendent sur une sélection de peinture es sculptures qui sont ensuite envoyées à Bâle pour consultation.

La vente aux enchères Fischer à Lucerne

La vente aux enchères Maîtres modernes provenant des musées allemands se déroule le 30 juin 1939 à la galerie Theodor Fischer à Lucerne. La commission artistique du Kunstmuseum sollicite un crédit spécial de 100 000 francs suisses auprès du canton de Bâle-Ville en vue d’acquisitions provenant de l’ancien patrimoine muséal allemand. La question de savoir s’il convient d’acheter de l’art à un régime dictatorial – de surcroît dans une situation où tout présage une guerre – est controversée. Malgré tout, 50 000 francs suisses sont accordés la veille de la vente aux enchères.

HxB: 26.5 x 22.4 cm; Öl auf Karton; Inv. 1744

Lors de la vente, le Kunstmuseum achète huit oeuvres : Villa R de Paul Klee, une nature morte de Lovis Corinth, Portrait des parents I d’Otto Dix, Autoportrait comme demi-nue au collier d’ambre II de Paula Modersohn-Becker et Deux chats, bleu et jaune de Franz Marc. Nature morte au Calvaire d’André Derain, un travail sur papier de Marc Chagall ainsi que son grand tableau La Prise (Rabbiner) font également leur entrée dans la collection bâloise à l’occasion de la vente. Ces oeuvres comptent aujourd’hui parmi les plus emblématiques au sein du parcours de la collection d’art moderne. Destin des animaux de Franz Marc fut la première oeuvre du patrimoine muséal allemand morcelé acquise directement à Berlin avant la vente aux enchères.

HxB: 190.7 x 150.6 cm; Öl auf Leinwand; Inv. 1740

Deux semaines après la vente aux enchères de Lucerne, les oeuvres expédiées depuis Berlin figurent à la consultation dans la salle à éclairage zénithal du Kunstmuseum. Parmi cette sélection, treize oeuvres supplémentaires sont achetées, dont Das Nizza in Frankfurt am Main de Max Beckmann, Ecce Homo de Lovis Corinth, deux peintures de Paula Modersohn-Becker et Die Windsbraut d’Oskar Kokoschka, chef-d’oeuvre de l’expressionnisme allemand.

HxB: 61.1 x 50 cm; Öl auf Leinwand; Inv. 1748

Pour des raisons budgétaires, Georg Schmidt ne parvint pas à acquérir toutes les oeuvres qu’il aurait souhaitées, ni à la vente aux enchères, ni lors de la consultation des oeuvres envoyées à Bâle. Pour la première fois, l’exposition La modernité déchirée réunit de nouveau les oeuvres d’art « dégénéré » acquises à cette époque et celles que Bâle ne put acheter, parmi lesquelles Famille Soler de Pablo Picasso, La Mort et les masques de James Ensor ou Fille assise de Wilhelm Lehmbruck. Trois des oeuvres envoyées pour consultation ou sur demande à Bâle en 1939 sont considérées aujourd’hui comme détruites : Trois femmes d’Oskar Schlemmer, La veuve et La tranchée d’Otto Dix. Elles figurent également dans l’exposition sous la forme de projections en noir et blanc.

La « génération oubliée »

Une large part des 21 000 oeuvres saisies était le fruit du travail de femmes et d’hommes artistes à l’orée de leur carrière. En 1938, nombre de ces oeuvres furent détruites, les nazis les considérant d’aucune utilité. Les noms de ces artistes tombèrent dans l’oubli. L’exposition La modernité déchirée consacre une salle entière à cette « génération oubliée ».
Danseuse de Marg Moll illustre particulièrement bien le thème des pertes liées à l’ostracisme envers l’art dit « dégénéré » : l’oeuvre, qui fut présentée au sein de l’exposition Art dégénéré et considérée comme détruite jusqu’à récemment encore, fut retrouvée en 2010 dans les débris d’un bombardement lors du chantier de construction d’une ligne de métro à Berlin.

Films d’exposition

Conçus sous forme de boucles muettes à partir de matériaux photographiques et de documents anciens, ces films constituent une introduction d’environ trois minutes à chaque salle d’exposition. Ils ont été développés et produits par teamstratenwerth

Catalogue

Le catalogue scientifique retrace les événements à partir des saisies dans les musées allemands et en détaille les circonstances historiques. Des textes consacrés à la vente aux enchères de Lucerne, à la démarche de Georg Schmidt ainsi qu’à la répartition des acquisitions dans le contexte de l’histoire de la collection bâloise soulignent des aspects spécifiques à la Suisse. Avec des contributions de Claudia Blank, Gregory Desauvage, Uwe Fleckner, Meike Hoffmann, Georg Kreis, Eva Reifert, Tessa Rosebrock, Ines Rotermund-Reynard, Sandra Sykora, Christoph Zuschlag. Éd. Eva Reifert, Tessa Rosebrock chez Hatje Cantz Verlag, 296 pages, 200 ill., ISBN 978-3-7757-5221-

Kunstmuseum Basel

St. Alban-Graben 8
CH-4010 Basel
Tel. +41 61 206 62 62
Fax +41 61 206 62 52

Horaire d’ouverture

Entrée libre dans la collection:
Mar, Jeu, Ven: 17–18h
Mer: 17–20h
Le 1er dimanche du mois

 

HAUPTBAU & NEUBAU

Lu fermé
Ma 10h00–18h00
Me 10h00–20h00
Je–Di 10h00–18h00
Accès

Depuis la gare SBB
tram n° 2 arrêt Kunstmuseum

Sommaire du mois d’octobre 2022

Ellie (3 ans) Halloween 2022 (Canada)

30 octobre 2022Fondation Beyeler, anniversaire 25 ans
28 octobre 2022 : Paris+ par Art Basel
26 octobre 2022 : Simone Adou : Âme animale à Saint-Louis
24 octobre 2022 : Talents Contemporains 10e Edition
18 octobre 2022 : Gérard Garouste – rétrospective
16 octobre 2022 : Fabienne Verdier– Le chant des étoiles
08 octobre 2022 : Doris Salcedo : Palimpsest
01 octobre 2022 : FÜSSLI,
ENTRE RÊVE ET FANTASTIQUE

Fondation Beyeler, anniversaire 25 ans

A gauche Sam Keller directeur de la Fondation Beyeler, à droite Dr Raphaël Bouvier commissaire – installation Duane Hanson

Exposition Anniversaire – Special Guest Duane Hanson
30 octobre 2022 – 8 janvier 2023
L’exposition est placée sous le commissariat de Dr Raphaël Bouvier.

La Fondation Beyeler célèbre cette année ses 25 ans d’existence avec l’exposition la plus importante à ce jour d’oeuvres de sa collection.
Investissant la quasi-totalité des espaces d’exposition du musée, elle présente une centaine d’oeuvres de 31 artistes – de classiques de l’art moderne à des acquisitions récentes d’art contemporain.
L’exposition offre ainsi une occasion unique de (re)découvrir la collection de la Fondation Beyeler dans toute sa qualité et sa profondeur.

Des oeuvres majeures de Vincent van Gogh, Claude Monet, Paul Cézanne,
Henri Rousseau, Pablo Picasso, Henri Matisse, Alberto Giacometti, Mark Rothko, Andy Warhol, Francis Bacon et Louise Bourgeois, entre autres, sont mises en rapport avec les positions contemporaines d’entre autres Marlene Dumas, Anselm Kiefer, Roni Horn, Felix Gonzalez-Torres, Tacita Dean,
Rachel Whiteread et Wolfgang Tillmans. L’exposition offre ainsi une occasion unique à ce jour de (re)découvrir la collection de la Fondation Beyeler dans
sa qualité et profondeur. Cette exposition anniversaire est encore enrichie par l’inclusion de plusieurs sculptures hyperréalistes de l’artiste américain Duane Hanson. Cette « exposition dans l’exposition » ouvre des perspectives surprenantes sur les oeuvres, l’architecture, les collaborateurs·rices et les visiteurs·ses de la Fondation Beyeler.

Ernst Beyeler

Figure majeure parmi les galeristes de son temps, Ernst Beyeler a constitué avec son épouse Hildy l’une des collections d’art moderne les plus importantes au monde, hébergée depuis 1997 à la Fondation Beyeler conçue par l’architecte italien Renzo Piano. La collection s’étend de l’impressionnisme et postimpressionnisme, en passant par l’art moderne classique à l’art contemporain. L’envergure et la renommée de la collection n’ont depuis cessé de grandir avec de nouvelles acquisitions d’oeuvres d’artistes de premier plan. Entretemps, elle dénombre environ 400 oeuvres des XIXe, XXe et XXIe siècles, comprenant tableaux, dessins, sculptures, photographies, films et installations. L’exposition anniversaire réunit un nombre important d’oeuvres majeures de la collection.

L’exposition

Placée sous le commissariat de Raphaël Bouvier, l’exposition occupe au total 20 salles, consacrant certaines salles à des groupes d’oeuvres majeures d’artistes individuel·le·s comme par exemple Paul Klee, Joan Miró, Mark Rothko et Marlene Dumas.

Le célèbre triptyque aux nymphéas de Claude Monet est également présenté avec d’autres oeuvres importantes de l’artiste dans une salle attitrée, de même que l’oeuvre tardif de Henri Matisse avec ses célèbres papiers découpés. Une autre salle est dédiée à l’ensemble de sculptures emblématique d’Alberto Giacometti.

Pablo Picasso a marqué l’art du XXe siècle d’une empreinte singulière. La Fondation Beyeler possède plus de 30 de ses oeuvres, une des plus belles collections au monde. Un nombre important de ces oeuvres de premier plan est donné à voir. D’autres salles mettent l’accent sur différents mouvements artistiques tels le post-impressionnisme, les débuts de l’abstraction ou le pop art. L’attention se porte alors sur des artistes comme Edgar Degas, Vincent van Gogh, Paul Cézanne, Vassily Kandinsky et Andy Warhol.
Des oeuvres d’artistes contemporaines de renom telles que Leonor Antunes, Louise Bourgeois, Tacita Dean et Roni Horn sont présentées en paires particulières.


L’exposition anniversaire présente enfin pour la toute première fois certaines acquisitions récentes, parmi elles l’installation Poltergeist, 2020, de l’artiste britannique Rachel Whiteread et l’importante toile de Pierre Bonnard La Source ou Nu dans la baignoire, 1917, premier achat d’une oeuvre de l’art moderne classique réalisé par le musée depuis le décès de Ernst et Hildy Beyeler.

Les sculptures de Duane Hanson

Prenant la forme d’une « exposition dans l’exposition », 13 sculptures hyperréalistes de l’influent artiste américain Duane Hanson (1925–1996) sont présentées dans des endroits choisis du musée. Ces prêts en provenance de la succession de l’artiste, de collections privées et de musées engagent un dialogue direct avec des oeuvres de la collection et l’architecture du musée, formant un concentré rétrospectif du travail 

de l’artiste. C’est la première fois qu’un groupe aussi important de sculptures de Duane Hanson est montré dans le contexte d’une collection muséale.

Duane Hanson figure parmi les représentants majeurs de la sculpture américaine d’après-guerre et il est considéré comme un fondateur de l’hyperréalisme au sein du mouvement pop art. À partir de la fin des
années 1960, il réalise des figures humaines grandeur nature dont le réalisme fascine. Utilisant des matériaux alors nouveaux tels la résine de polyester et le polychlorure de vinyle, il reproduit le corps humain dans ses moindres détails et confère à ses sculptures un aspect de véracité trompeuse au moyen
de vêtements et d’accessoires réels.

Hanson se saisit de thèmes brûlants de la société américaine et occidentale, formulant une critique tant explicite qu’implicite des conditions sociales. Il s’intéresse aux personnes défavorisées et opprimées, mais aussi à celles de la classe moyenne, qu’il immortalise dans des situations de la vie quotidienne. Hanson brouille ce faisant les frontières entre art et réalité, suscitant chez le public un vaste éventail de réactions, allant du choc et de l’irritation à une vive émotion et une profonde affection.

La grande diversité et l’ambivalence de ces expériences se manifestent pleinement dans la rencontre orchestrée entre les figures de Duane Hanson et les oeuvres et l’architecture de la Fondation Beyeler.
Certaines sculptures s’érigent radicalement contre des maux et des dysfonctionnements sociaux toujours d’actualité aujourd’hui, tandis que d’autres rendent hommage à toutes les personnes que l’on peut croiser
dans un musée, qu’il s’agisse des visiteurs·ses ou des collaborateurs·rices
qui en assurent le fonctionnement en coulisses. Dans l’une des salles,
on trouve ainsi la sculpture d’un couple d’un certain âge assis sur un banc, épuisé·e, contemplant un tableau de Rothko de la Collection Beyeler.
Dans une autre salle, une femme âgée s’est assise juste à côté du célèbre portrait de l’épouse de Cézanne, adoptant sa pose. La sculpture d’un agent d’entretien nettoie les vitres de la façade du musée et une mère debout
avec sa poussette s’est jointe au célèbre groupe de figures de Giacometti.

Programation

À l’occasion de ses 25 années d’existence, la Fondation Beyeler lance une programmation du vendredi soir. Du 16 septembre au 16 décembre 2022, le musée et le restaurant restent ouverts chaque vendredi jusque 22h. En collaboration avec l’Institut Art Genre Nature de la Haute école des arts visuels et des arts appliqués FHNW à Bâle, le musée propose

14 soirées « Friday Beyeler ».
Sous le titre « I Hear a New
World – 14 Miaows of the Future »,

des étudiant·e·s et des artistes enseignant à l’institut transforment le
foyer du musée en une plateforme pour la création contemporaine,
présentant performances live, films, entretiens, musique, poésie et danse.
Des informations plus détaillées concernant la programmation sont
disponibles sur les comptes de réseaux sociaux et sur le site web de la
Fondation Beyeler :
www.fondationbeyeler.ch/fr/friday-beyeler

Fondation Beyeler.25 Highlights

Dans le cadre des 25 ans du musée paraît au Hatje Cantz Verlag de Berlin Fondation Beyeler. 25 Highlights, une publication de petit format réunissant
25 oeuvres choisies allant de l’impressionnisme à l’art moderne classique et à l’art contemporain. Au fil de 80 pages richement illustrées, des textes concis
présentent des chefs-d’oeuvre de la Collection Beyeler.

Informations complémentaires :

Fondation Beyeler, Beyeler Museum AG,
Baselstrasse 77, CH-4125 Riehen

Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler :
tous les jours 10h00 – 18h00,
le mercredi jusqu’à 20h00,
du 16 septembre au 16 décembre 2022
le vendredi jusqu’à 22h00.

Accès
depuis la gare SBB ou DB,
tram n° 2 descendre à Messe Platz, puis Tram n° 6
arrêt Fondation Beyeler

Talents Contemporains 10e Edition

Deux expositions du 15 octobre 2022 au 26 mars 2023
Reflet de la création contemporaine actuelle, le concours Talents Contemporains initié il y a 10 ans permet de défricher les scènes artistiques européennes et internationales sur le thème particulier de l’eau. Une collection très originale s’est ainsi constituée et présente des artistes aussi bien diplômés d’écoles d’art reconnues qu’aux parcours autodidactes atypiques.

Réceptacle

« Réceptacle » présente les oeuvres des 4 lauréats de la 10ème édition du concours, le collectif EthnoGraphic,
Elvia Teotski, Bianca Bondi et le collectif Dutca-Sidorenko. Des multiples toponymies de la rivière brésilienne, à la question des cycles et des matières fragiles ou l’invention d’un conte en eau sombre, les oeuvres proposées
sont étonnantes tant par leurs formes que leur sujet.

Commissaire : Marie Rieux, directrice de la Fondation François Schneider Wattwiller

InventaRios

InventaRios se déploie comme une vaste installation, elle est le résultat de plusieurs séjours au Brésil et la restitution d’une longue enquête à la croisée entre l’art et la sociologie. 56 pots en terre, contenants traditionnels des villages de Sertão sont couplés à des carnets, au dessin du fleuve et interrogent le lien à l’eau dans cette région du Brésil, notamment sur la toponymie de la rivière.
L’oeuvre InventaRios est la restitution d’un projet plus global, FazerViver mêlant céramique, vidéo, édition et prenant la forme d’un paysage. Le titre signifie à la fois, « Inventar Rio » ou « Inventer la rivière pour signifier la
rivière », « Inventariar Rios » ou « Inventorier la rivière pour inventorier un bassin versant ».
Ce projet a été mené par le collectif EthnoGraphic durant trois ans sur les modes de vie dans le Sertão, région reculée du Minas Gerais au Brésil. Dans cette région réputée pour sa richesse en fer, un projet de construction
routière à grande échelle est enclenché, traversant un tout petit village, et induisant des changements à venir. Les savoir-faires anciens des habitants risquent d’être modifiés. De manière concomitante, les habitants de la région
partagent le souci de la disparition progressive des eaux du territoire. Ainsi le collectif formé de Letícia Panisset, Ghislain Botto et Émilie Renault s’est déplacé avec une carte tout au long du bassin du Capivari pour demander
aux habitants de nommer les cours d’eau anonymes sur la carte tout en enregistrant un flux abondant d’histoires liées à l’eau. Petit à petit une cartographie sensible de la rivière et de ses affluents se dessine, on y perçoit les
expériences intimes qu’entretiennent les résidents avec leurs cours d’eau. Pas moins de 93 manières de nommer l’eau a été relevée : « mon eau », « une eau si jolie », « eau qui pleut » ou encore « eau qui réapprovisionne ma maison ». Au cours des rencontres et des récits individuels se dessine une disparition progressive des cours d’eau. L’installation articulée entre une ligne de 56 pots en céramique, de 56 carnets illustrant le fleuve et ses appellations, un grand dessin mural et un film forment un témoignage socio-artistique inédit.
Collectif EthnoGraphic

Bianca Bondi, The Wishing Well II, 2014

Dans ses natures mortes vivantes, références à l’art des vanités, où les algues, bactéries, spiruline, pigments, végétaux côtoient des squelettes, pierres précieuses, animaux taxidermisés, Bianca Bondi intègre d’autres vies
que les vies humaines et ouvre à des mondes intangibles.
Appliqué comme un baume à la fois protecteur mais aussi nettoyant, le sel est plongé dans l’eau où sont immergés les objets sur lesquels des croûtes de cristaux se forment et leur confère une nouvelle vie. Rite de purification, de baptême peut-être et de renaissance. Bianca Bondi créé alors des mondes flottants, irréels, aux allures fantomatiques, avec une matière qu’elle maîtrise en partie, mais où des surprises se forment à chaque passage. En recyclant des éléments glanés sur des terrains variés ou dans des brocantes, en fabriquant ces
potions magiques et revisitant ainsi les possibles alchimies des couleurs, l’artiste entend insuffler des énergies particulières à ses oeuvres, développer des auras de bienveillance. Les nouvelles peaux que revêtent ses objets,
disparaissant et réapparaissant, interroge la pérennité et la volatilité du monde.
The Wishing Well II présenté ici est un hommage à l’art des fontaines, et la tradition des puits où l’on remerciait souvent les dieux avec de la monnaie, ou autre précieuses valeurs. Cette reconnaissance pouvait intervenir suite à une guérison, à l’accès à l’eau douce ou toute autre amélioration du quotidien. Dans notre habitude consumériste de souvent demander plus, peut-être vaudrait-il penser à davantage remercier… Ainsi ce petit tabouret abandonné dans son atelier devient alors une boite à offrande, un coffre à trésor, où plantes et coquillages y sont cachées et lui apportent des allures baroques, telle une grotte ésotérique.

Elvia Teotski, Spleen microbien

Marier agronomie et art contemporain, connaissance pointue des sols, de l’agriculture, du biotope, de la ruralité et des méthodes à la fois artisanales et scientifiques pour créer, permet à Elvia Teotski d’engager depuis une dizaine d’années un travail subtil, où elle interroge les matières, les substances organiques et cherche à repousser leurs limites.
S’appuyant sur des matériaux bruts, singuliers, naturels et délaissés qui l’entoure, l’artiste nourrit ses oeuvres de bactéries, d’algues, de boues, mais aussi d’impression alimentaires, de pommes de terre, en y faisant infuser sulfatede cuivre, agar-agar ou autre composés naturels ou chimiques. S’y dessinent ainsi de nouvelles formes, de nouveaux objets et émergent alors les questions de métamorphose, de prolifération et de déconstruction. À la fois les matières résistent au temps mais sont emprises à la détérioration, ou au pourrissement. On pourrait relever que l’artiste se concentre sur le végétal et la terre, les minéraux, la toxicité de certaines substances et la contamination des eaux et des sols et développe un corpus où la figure humaine est invisible au premier abord. Ce sont les marques de l’homme dans le paysage que l’artiste interroge, mais subtilement, avec des positions à la fois politique et écologique, poétique et métaphysique.

                                   Elvia Teotski, Spleen microbien 2.0, 2020.

Avec la fabrication et l’installation de 200 morceaux d’agar-agar elle pétrifie la gélatine et le temps, pour en créer une forêt de petites sculptures, aux silhouettes de racines ou de champignons. À l’intérieur de ces formes continuent probablement une activité de micro-organismes, les microbes étant eux-mêmes des «petites vies».
Elvia Teotski revendique avec ses oeuvres les notions de cycle et de transition puisqu’elle redonne vie à des matériaux altérés, mais elle parle aussi de la difficulté à recycler des éléments toxiques ou nocifs. Dans des états chaotiques du monde, peut-on ou ne peut-on pas les faire revivre ? De nouvelles vies peuvent elles s’ériger et déconstruire ainsi nos certitudes ?

Dutca-Sidorenko (collectif)

Nénuphars magiques, créature amphibienne, ancienne scientifique aux allures d’une babouchka et tapis en crochet prennent place au coeur d’une rivière, tels est le décor et les protagonistes de la fable que nous rapporte
le duo moldave Dutca-Sidorenko.
Sous forme de conte visuel, le duo d’artistes consacre son deuxième travail commun au fleuve Dniester, qui prend sa source dans les Carpates et se jette dans la mer Noire. Originaire de Bender, petite ville voisine de la rivière,
Carolina Dutca souhaite évoquer différentes problématiques liées au fleuve, comme l’exploitation excessive du sable, les navires abandonnés, les inondations qui érodent l’eau et les décharges. Au cours de leurs recherches
sur l’histoire de la Transnitrie, région Moldave en bordure de l’Ukraine, les artistes ont découvert que le nénuphar blanc était une espèce en voie de disparition. Leur rencontre avec Elena Nikolaevna, ancienne professeur de
biologie, fascinée par les histoires de son enfance, chuchotées par son père autour d’un monde amphibien disparu, les incitent à recréer une nouvelle légende, celle de « Apa ».

Ensemble ils inventent une histoire, où des
tapis multicolores brodés, des costumes extravagants portés par des figurants, des nénuphars synthétiques, des hommes grenouilles échoués s’inscrivent dans une nature malmenée et désertée. Elena Nikolaevna devient alors
la protagoniste de sa propre histoire avec la créature amphibique qu’elle a baptisée Apa, « eau » en moldave. S’y côtoient alors fantasmagorie et réel, où l’ancienne biologiste ramasse les déchets qui polluent les eaux du fleuve
avec Apa pour en faire des tapis «magiques» .
En résulte un ensemble de 15 photographies surréalistes, burlesque, joyeuses et oniriques, où se déploient un ensemble de personnages et de scénettes, dans la tradition d’un théâtre populaire.

Horizon

Olivier Crouzel

En parallèle de l’exposition présentant les lauréats de la 10ème édition, la Fondation François Schneider met à l’honneur le travail d’Olivier Crouzel, dont l’oeuvre 18 rideaux figure dans sa collection.

Pour cette exposition personnelle, c’est la ligne d’horizon que nous revisitons, ligne d’horizon qui émerge dans une grande partie du travail de l’artiste, aimant filmer la nature et l’eau, la diffuser sur du bâti ancien ou
contemporain, arpenter les espaces en caravane, bateau ou à pied et révéler lentement les métamorphoses des espaces et secrets des rivages.
Originaire de Dordogne, ayant vécu près d’une rivière, la conscience écologique de l’artiste semble avoir toujours été là, dans sa démarche, sans particulièrement céder aux pulsions de certaines modes, plutôt dans une
attention grandissante au monde, Olivier Crouzel se demande comment l’homme se comporte avec la nature.
Son oeuvre est prolifique, il produit de façon presque compulsive, investit des endroits – une friche, un hôtel abandonné, les bateaux de pêcheurs… – qui deviennent ses ateliers temporaires mais obsessionnels puisqu’il
y revient tant qu’il peut. L’artiste constitue ainsi au cours du temps et à
travers l’espace des collections de lieux et de motifs. Il capte des images, plans fixes sur des mouvements, de l’eau, du vent, avec vue sur des horizons maritimes : la côte Atlantique, des îles grecques, les marais côtiers.
Poétiques, les paysages regardés, filmés, sont aussi politiques, mettant ici ou
là en exergue la montée des eaux, l’exploitation d’une île, les
métamorphoses jusqu’à la disparition. Il nous en offre ainsi parfois les dernières images, nostalgie d’un temps, avant que ceux-ci ne soient engloutis par les flots ou laissés à l’abandon.
Ses installations, qu’elles se fassent par des projections in situ « transformant les lieux en occasions d’art », ou qu’elles se composent dans un centre d’art, restituent l’existence et la mémoire : l’artiste collectionneur – c’est
aussi le nom du camping-car, qui lui servira d’atelier mobile pour
Horizonto – est aussi, archiviste.
Motif récurrent dans son oeuvre, l’horizon nous propose des échappées perpétuelles, des ouvertures nécessaires à l’oeil et à l’esprit. White Beach, Horizonto, Arboretum, 18 rideaux ou encore Des Digues et des hommes, les
oeuvres se déploient dans les espaces de la fondation et nous plongent dans des lignes de fuite.
Pour reprendre les termes de la philosophe et psychanalyste Cynthia Fleury,
et son manifeste « Ce qui ne peut être volé, Charte du Verstohlen », il y a sans hiérarchie des choses qui ne peuvent nous être volées, du silence
à l’horizon. D’où la nécessité de partager les horizons multiples d’Olivier Crouzel…

Informations pratiques

Fondation François Schneider
27 Rue de la Première Armée
68700 Wattwiller

Ouverture du mercredi au dimanche, jours fériés inclus
(sauf 1er mai, les 24 au 26 décembre 2021 et les 1er et 2 janvier 2022).
Horaires d’hiver (Octobre – Mars) de 11h à 17h
Horaires d’été (Avril – Septembre) de 11h à 18h

Le Bistr’eau est momentanément fermé, cependant vous pouvez profiter de la terrasse panoramique extérieure ainsi que du jardin pour pique-niquer, en respectant les lieux.

Accès

Depuis Paris
Train direct entre Paris Gare de Lyon et Gare de Mulhouse
Train direct entre Paris Gare de l’Est et Gare de Colmar

Gare de Colmar et Mulhouse à 30 min de la Fondation en voiture

Aéroport international de Bâle/Mulhouse à 45 min de la Fondation en voiture

Taxi des sources – Wattwiller : 07.71.01.02.58

Ligne de Bus 543 : Cernay – Wattwiller – Guebwiller  / Guebwiller – Wattwiller – Cernay

 

Doris Salcedo : Palimpsest

Parchemin dont on a effacé la première écriture pour pouvoir écrire un nouveau texte

Jusqu’au 17 septembre 2023 à la Fondation Beyeler
À partir de l’automne, la Fondation Beyeler présente la vaste installation Palimpsest de l’artiste colombienne de renom international Doris Salcedo.

Née en 1958 à Bogota, Salcedo explore à travers des objets, des sculptures et
des interventions in situ à grande échelle les répercussions de la violence et
de l’exclusion dans sa Colombie natale et dans d’autres régions du monde.
Dans Palimpsest, Salcedo se penche sur le sort des réfugié·e·s et migrant·e·s mort·e·s noyé·e·s ces vingt dernières années lors de la dangereuse traversée
de la Méditerranée ou dans l’Atlantique en quête d’une vie meilleure en Europe.
Palimpsest est présenté à la Fondation Beyeler jusqu’en septembre 2023 ;
en été 2023, le musée consacrera une importante exposition individuelle à
Doris Salcedo.

L’oeuvre

Se fondant sur des recherches de plusieurs années, Salcedo explore sans relâche des situations de conflit dans lesquelles la violence et ses victimes sont omniprésentes, concentrant son attention sur le cycle sans cesse répété de violences, d’indignation, de commémoration et d’oubli. Ses oeuvres sont souvent empreintes d’une angoissante étrangeté, faisant puissamment apparaître l’absence de personnes disparues, migrantes, assassinées ou oubliées. Aussi poétiques que fragiles, les oeuvres de Salcedo invoquent le souvenir de celles et de ceux que la mort risque de vouer à l’oubli et rendent hommage au deuil et à la douleur des vivant·e·s.

Sources

Entre 2013 et 2017, plus de 15’600 migrant·e·s venant d’Afrique du Nord, du Proche-Orient, d’Irak, d’Afghanistan et de Syrie ont perdu la vie au large des côtes de la Grèce, de l’Italie et de l’Espagne.
Pendant presque cinq années, l’artiste a suivi la couverture médiatique internationale et parlé avec des survivant·e·s et des proches des victimes. Ces histoires et ces destins bouleversants ainsi que les conséquences profondes de chaque décès pour les familles et les proches l’ont incitée à consigner les
noms de plus de 300 réfugié·e·s et migrant·e·s disparu·e·s en mer dans un travail qui donne expression à cette tragédie abstraite.

Origine du titre
Le titre du projet d’exposition est dérivé du grec ancien « palimpseste », qui désigne des pages de manuscrit réutilisées – effacées à plusieurs reprises pour pouvoir y écrire de nouveau –, pratique courante
au fil de l’Antiquité et du Moyen Âge. Les traces des inscriptions initiales demeuraient parfois visibles sous les nouvelles inscriptions, rendant possible la reconstitution de certains textes anciens. Palimpsest de Doris Salcedo est une installation immersive de dalles de sol poreuses de couleur sable. L’oeuvre est constituée de deux cycles de noms superposés : les noms de personnes décédées lors de mouvements migratoires avant 2010 sont inscrits en sable fin de coloris contrasté incrusté dans les dalles de pierre ; les noms de personnes décédées entre 2011 et 2016 apparaissent en superposition sous forme de gouttes d’eau qui s’agrègent pour former des lettres avant de s’écouler, dans un cycle incessant d’inscription et d’effacement.
Palimpsest est installé dans la plus grande salle de la Fondation Beyeler :
66 dalles de pierre sont disposées sur environ 400 mètres carrés, donnant à lire 171 des 300 noms que compte l’oeuvre au total.
L’oeuvre examine l’incapacité à vivre le deuil de manière collective et interroge l’expérience du souvenir et de la mémoire dans des sociétés habituées à oublier, dans lesquelles chaque nouvelle tragédie efface des consciences celle qui précède. L’installation reflète le processus constant par lequel Salcedo sonde le rapport entre la souffrance personnelle et l’espace public. Palimpsest est ainsi conçu également comme un lieu de rencontre et de deuil. Les modes de représentation de l’artiste éveillent des sentiments universels
tels l’empathie, le chagrin et un sens de perte – une expérience aussi intemporelle que transculturelle. Le sentiment de responsabilité qu’attisent les dérives et les abus politiques actuels tourmente Salcedo et apparaît dans ses oeuvres comme un véritable impératif, leur conférant un caractère mémorial. Ses travaux ont souvent pour toile de fond des événements concrets mais ils offrent un espace aux interprétations personnelles et accèdent à une validité et à un impact universel.

Les expositions
Doris Salcedo est une figure majeure de la création contemporaine.  Née en Colombie, où elle vit et travaille encore aujourd’hui. Elle a étudié la peinture et l’histoire de l’art à l’Université de Bogota, puis au début des années 1980 la sculpture à l’Université de New York (NYU). En 1985, elle retourne en Colombie. Elle sillonne alors le pays à la rencontre de rescapé·e·s et de proches de victimes d’actes de violence et de brutalité. La sensibilisation provoquée en elle par ces échanges par rapport aux thèmes de la guerre, de l’aliénation, du manque de repères et du déracinement forme depuis la base de son travail.

                              Doris Salcedo-shibboleth, photo Lunettes Rouges
Salcedo a fait parler d’elle avec des installations à grande échelle telles Untitled, 2003, Shibboleth , 2007, ou Plegaria Muda, 2008–2010. Untitled, 2003, réalisé pour la 8ème  Biennale internationale d’Istanbul, se compose d’environ 1550 chaises en bois empilées entre deux bâtiments pour rendre compte des aspects
de migration et de déplacement dans l’histoire d’Istanbul. Pour Shibboleth, 2007, à la Tate Modern à Londres, elle conçoit une longue faille crevassée parcourant le sol de la Turbine Hall, inscrivant ainsi dans l’espace de manière sensorielle les expériences de délimitation, d’exclusion et de séparation.
Avec ses tables empilées, semblables à des cercueils à travers les fonds desquels poussent de délicats brins d’herbe, Plegaria Muda, 2008–2010, évoque un cimetière récemment aménagé et commémore symboliquement les milliers de civils disparus et probablement assassinés en Colombie ces dernières
années.                                                                     Photo Arte
En 2015, le Museum of Contemporary Art Chicago présente une première rétrospective de l’artiste. Le musée de Glenstone dans le Maryland lui,  installation saisissante est aujourd’hui donnée à voir pour la première fois dans l’espace germanophone en parallèle à la grande exposition d’oeuvres de la collection organisée à l’occasion des 25 ans de la Fondation Beyeler.
En 2023, la Fondation Beyeler consacrera à Doris Salcedo une grande exposition d’oeuvres majeures de l’ensemble de sa carrière.
Palimpsest est réalisé en étroite collaboration avec l’artiste Doris Salcedo, son atelier et White Cube, Londres. La direction du projet est assurée par Fiona Hesse, Associate Curator à la Fondation Beyeler.

Informations

Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler 
tous les jours 10h00 – 18h00, le mercredi jusqu’à 20h00, du 16 septembre au 16 décembre 2022 le vendredi jusqu’à 22h00.
Accès :
depuis la gare SBB
tram n° 2, descendre à MessePlatz, puis tram n° 6 arrêt Fondation Beyeler

Sommaire de septembre 2022

Paris vue depuis le centre Pompidou

29 septembre 2022 : Miroir Du Monde, Chefs-D’oeuvre Du Cabinet D’art De Dresde
27 septembre 2022 : Venise Révélée
13 septembre 2022 : Territories Of Waste – Le Retour Du Rejeté
11 septembre 2022 :  ANAÏS BOUDOT – Reliques Des Jours
08 septembre 2022 : Boldini Les Plaisirs Et Les Jours