Soirée des 30 ans de La Filature, Scène nationale de Mulhouse

samedi 30 septembre 2023

EN PRÉSENCE DE

Josiane Chevalier Préfète de la Région Grand Est
Franck Leroy Président de la Région Grand Est
Frédéric Bierry Président de la Collectivité européenne d’Alsace (CeA)
Michèle Lutz Maire de Mulhouse
Bertrand Jacoberger Président de La Filature, Scène nationale de Mulhouse
Benoît André Directeur de La Filature, Scène nationale de Mulhouse

AU PROGRAMME

17h30 Lancement officiel
18h Les Voyages
Compagnie XY
création in situ aux abords du Théâtre · cirque (voir p.5)
19h Ici Ailleurs
Aglaé Bory
vernissage de l’exposition (voir p.9)
20h Le Tartuffe ou l’Hypocrite
Molière · Ivo van Hove · Comédie-Française
portrait Ivo van Hove · théâtre (voir p.4)
+ exposition d’affiches de saison La Filature, Scène nationale de Mulhouse
Colorée, vibrante, parfois surprenante, l’identité visuelle de La Filature a évolué au fil des années. Les affiches présentées
dans le cadre de cette exposition sont le reflet de 30 années de programmation ! À découvrir dans le hall.

Feuilletez ici le programme

RON MUECK

Three Dogs 2023 Ron Mueck

Jusqu'au 5 novembre 2023, la Fondation Cartier pour l’art contemporain invite le sculpteur australien Ron Mueck à exposer un ensemble d’oeuvres jamais montrées en France aux côtés d’oeuvres emblématiques de sa carrière.
Commissaire d’exposition : Hervé Chandès
Commissaire associé : Charlie Clarke
Chargée du projet d’exposition : Aby Gaye
Présentation

Né en 1958 à Melbourne et vivant au Royaume-Uni depuis 1986, Ron Mueck développe une oeuvre qui touche à l’universel et renouvelle profondément
la sculpture figurative contemporaine. Il crée des oeuvres aux dimensions surprenantes et empreintes d’une inquiétante étrangeté. De nombreux mois,
et parfois plusieurs années, lui sont nécessaires pour créer chacune de ses sculptures. Ron Mueck a réalisé en un peu plus de 25 ans un corpus de quarante-huit oeuvres, dont les dernières sont achevées au printemps 2023 pour l’ouverture de l’exposition.

L’exploration d’un nouveau processus de création

                                                    Mass 2017

Par son échelle et sa facture, l’installation monumentale Mass marque un nouveau jalon dans la carrière de Ron Mueck. Cette oeuvre commandée par
la National Gallery of Victoria (Melbourne, Australie) en 2017, est la plus grande qu’il ait jamais réalisée.
Composée de cent gigantesques crânes humains, Mass est reconfigurée par l’artiste en fonction de l’espace pour chaque présentation. Elle offre une expérience physique et psychique fascinante qui nous amène à contempler les notions fondamentales de l’existence humaine. Son titre donne à lui seul une idée de la polysémie de l’oeuvre. Le mot anglais « mass », signifiant à la fois un amas, un tas, une foule mais aussi une messe, est une source d’interprétations propres à chaque visiteur. L’iconographie du crâne, elle-même, est ambigüe. Si l’histoire de l’art l’associe à la brièveté de la vie humaine, elle est aussi omniprésente dans la culture populaire.

Pour l’artiste, « le crâne humain est un objet complexe, une icône puissante, graphique, que l’on identifie immédiatement. Familier et étrange à la fois, il rebute autant qu’il intrigue. Il est impossible à ignorer, accaparant inconsciemment notre attention ».

Les crânes se présentent comme un groupe, une somme d’individus qui s’impose au visiteur. En cela, Mass se distingue des précédentes oeuvres de Ron Mueck qui avait, jusqu’alors, toujours représenté l’être humain dans son individualité.

Également exposé pour la première fois en France, Dead Weight (2021), un crâne en fonte de près de deux tonnes, contraste avec ses oeuvres
habituellement naturalistes. Les traces du moulage de cette sculpture demeurent, l’artiste ayant volontairement laissé les marques de sa fabrication et la nature brute du matériau parler d’elles-mêmes.

Le film

Ce nouveau procédé lui permet également de raconter de nouvelles histoires, de traiter des sujets différents, tels que des personnages en groupes et même en action. En les libérant d’une abondance de détails réalistes, Ron Mueck traduit d’une manière plus directe la dynamique qui les anime.
Un court film réalisé par le photographe français Gautier Deblonde dans l’atelier de l’artiste documente la création de ses deux oeuvres les plus récentes et est diffusé sur les plateformes digitales de la Fondation Cartier.

Trois oeuvres emblématiques des années 2000

Pour Baby (2000), minuscule sculpture d’un petit garçon qui vient de naître, Ron Mueck a pris pour modèle une image trouvée dans un manuel de médecine
montrant un bébé tenu en l’air par les pieds quelques minutes seulement après l’accouchement. Aux antipodes de l’installation Mass, évocation du corps post-mortem, cette minutieuse représentation des premiers instants
de la vie attire tout aussi intensément l’attention.
En inversant l’image originale et en accrochant la sculpture au mur à la manière d’un crucifix, l’artiste présente tout d’abord son oeuvre telle une icône
religieuse. Mais en l’observant de plus près, le visiteur est transpercé par le regard presque insolent du bébé.

Man in a boat (2002)

Man in a boat (2002) représente une scène particulièrement mystérieuse. Un homme dont les bras cachent la nudité est assis à la proue d’une longue barque et se penche en avant, le regard interrogatif ou scrutateur. Comme souvent chez
Ron Mueck, ce personnage semble « se retirer ou dériver dans des états intérieurs qui nous sont à peu près inaccessibles », selon les mots du critique d’art Justin Paton.

Man in a boat 2002

A Girl (2006),

Avec A Girl (2006), le visiteur se retrouve face à un gigantesque nouveau-né, qui porte son premier regard sur le monde. Maculé de traces de sang, le cordon
ombilical toujours présent, son corps est encore marqué par l’expérience de l’accouchement. L’artiste joue sur une impressionnante distorsion d’échelle pour évoquer à la fois le miracle et l’épreuve de la naissance, instant
oublié et pourtant fondamental pour chacun d’entre nous.

Girl 2006

Les oeuvres de Ron Mueck, à la fois profondément mystérieuses et réalistes à l’extrême, font surgir le rêve dans le réel et nous invitent à nous confronter à notre rapport au corps et à l’existence.

Three Dogs 2023

L’exposition dévoile également une spectaculaire sculpture représentant un groupe de chiens menaçants, créée spécialement pour l’occasion, dont Ron Mueck nourrissait déjà le projet lorsqu’il préparait son exposition monographique à la Fondation Cartier en 2013.

La forme et le mouvement

Mass marque également un tournant dans la carrière de Ron Mueck, l’expression de son ouverture à de nouvelles manières de sculpter. Depuis la création de celle-ci, l’artiste s’éloigne de sa pratique antérieure qui
s’attachait à reproduire sur ses sculptures le grain de la peau, l’implantation des cheveux, les détails des vêtements, agençant les matériaux pour obtenir
un effet de réel saisissant. En se focalisant désormais sur la forme, la composition et le mouvement, Ron Mueck souhaite amener le visiteur au plus près de ses intentions et de l’essence de son travail.

Informations Pratiques
Mimetisme

Fondation Cartier pour l’art contemporain
261 boulevard Raspail
75014 Paris

Se rendre à la Fondation Cartier

Horaires d’ouverture

Tous les jours de 11h à 20h, sauf le lundi.
Nocturne le mardi, jusqu’à 22h.
La fermeture des salles débute à 19h45 (21h45 les mardis).

Contact

Tél. +33 1 42 18 56 50

moc.reitrac.noitadnof@noitavreser.ofni

Trouver le bon interlocuteur

Manet / Degas

Edgar Degas (18341917) Jeune femme à l’Ibis, 185758
The Metropolitan Museum of Art, New York, EtatsUnis
© The Metropolitan Museum of Art

Au musée d'Orsay jusqu'au 23 juillet 2023
Cette exposition est organisée par les musées d’Orsay et de l’Orangerie et le Metropolitan Museum of Art, New York où elle sera présentée de septembre 2023 à janvier 2024.

Commissaire générale
Laurence des Cars, présidente - directrice du musée du Louvre

Commissaires à Paris
Isolde Pludermacher
, conservatrice générale peinture au musée d’Orsay
Stéphane Guégan, conseiller scientifique auprès du président des musées d’Orsay et de l’Orangerie

Vidéo Scribe accroupi
Programme de salle

Pourquoi avoir voulu rapprocher Manet
et Degas dans une même exposition ?

                                                      Berthe Morisot par Manet

                                             Edgar Degas la jeune femme à l’ibis

Édouard Manet (1832-1883) et Edgar Degas (1834-1917) sont tous deux des acteurs essentiels de la nouvelle peinture des années 1860-80. Cette exposition qui réunit les deux peintres dans la lumière de leurs contrastes oblige à porter un nouveau regard sur leur réelle complicité. Elle montre ce que la modernité picturale eut d’hétérogène, de conflictuel, et révèle la valeur de la collection de Degas où Manet prit une place plus grande après son décès.

Rapprochement

                                                  Edgar Degas, le faux départ

                                                    Edouard Manet

Divergeances

                                                                   Manet

                                                           Degas

Avant et après la naissance de l’impressionnisme, sur laquelle l’exposition pose un regard nouveau, ce qui les différencia ou les opposa est plus criant encore. De formations et de tempéraments dissemblables, ils ne partagent pas les mêmes goûts en littérature et en musique. Leurs choix divergents en matière d’exposition et de carrière refroidissent, dès 1873-1874, l’amitié naissante qui les lie, amitié qu’a renforcée leur expérience commune de la guerre de 1870 et des lendemains de la Commune. On ne saurait comparer la quête de reconnaissance du premier et le refus obstiné du second à emprunter les canaux officiels de légitimation. Et si l’on considère la sphère privée, une fois les années de jeunesse révolues, tout les sépare. À la sociabilité de Manet, très ouverte, et vite assez brillante, à ses choix domestiques, répondent l’existence secrète de Degas et son entourage restreint.

Coexistences merveilleuses

Dans Degas Danse Dessin, où il est beaucoup question de Manet, Paul Valéry parle de ces « coexistences merveilleuses » qui confinent aux accords dissonants. Parce qu’elle réunit Manet et Degas dans la lumière de leurs contrastes, et montre combien ils se définissent en se distinguant, cette exposition, riche de chefs-d’œuvre jamais réunis et d’un partenariat sans précédent, oblige à porter un nouveau regard sur l’éphémère complicité et la durable rivalité de deux géants. Le parcours rend aussi plus saillant ce que la modernité picturale, en son point d’émergence, puis d’essor et de succès, eut de conflictuel, d’hétérogène, d’imprévu. Il donne enfin toute sa valeur à la collection de Degas où, après le décès de Manet, ce dernier prit une place de plus en plus impérieuse. La mort les avait réconciliés.

Degas l’Absinthe                Manet la Prune

Informations Pratiques

Musée d’Orsay

Esplanade Valéry Giscard d’Estaing 
75007 Paris

Horaires

Dimanche
9h30 – 18h00
Lundi
Fermé
Mardi
9h30 – 18h00
Mercredi
9h30 – 18h00
Jeudi
9h30 – 21h45
Vendredi
9h30 – 18h00
Samedi
9h30 – 18h00

Accès

  • Métro : ligne 12, station Solférino
  • RER : ligne C, station Musée d’Orsay
  • Bus : 63, 68, 69, 73, 83, 84, 87, 94

La Bourse de Commerce François Pinault

Charles Ray, cheval et cavalier

«À la faveur de l’ouverture d’un nouveau lieu de présentation de ma collection à la Bourse de Commerce, au cœur de Paris, une nouvelle étape est franchie dans la mise en œuvre de mon projet culturel : partager ma passion pour l’art de mon temps avec le plus grand nombre. » François Pinault

Au cœur de Paris, à l’épicentre de son quartier culturel le plus dense, la Bourse de Commerce vous invite à faire halte. À travers un regard porté sur l’art de notre temps, celui du passionné, du collectionneur engagé, ce nouveau musée vous propose une visite singulière.

La Bourse de Commerce ne prétend pas offrir de la création contemporaine la plus juste image… Elle propose d’y poser le regard, d’en faire une expérience personnelle.

À la Bourse de Commerce, vous avez le droit de vous enthousiasmer comme de récrier, de venir en connaisseur comme en curieux, de rester réservé ou de franchement adhérer, de vous enchanter comme de vous interroger.

♥ Gratuite et sans téléchargement, l’app en ligne visite.boursedecommerce.fr vous accompagne avec des pistes sonores pour tout savoir de l’histoire et de l’architecture de la Bourse de Commerce. Elle propose aussi une découverte des œuvres des expositions grâce à des textes d’introduction et des audiodescriptions, conçus pour tous, sur le principe d’une accessibilité universelle.
♥À votre rythme, vous pouvez parcourir les expositions, seul ou en vous laissant guider par les différentes propositions de médiation, passer d’une projection à une conférence, d’une performance à un concert.

Vous pouvez aussi, tout simplement, vous abandonner à la beauté des lieux, à l’élévation de la Rotonde, à la radicalité et à la sérénité de son architecture contemporaine de béton et de verre, à la contemplation des grands décors du 19e siècle, au passionnant dialogue que ce monument unique, aujourd’hui restauré et revivifié, instaure entre patrimoine et art contemporain.

                                Rayan Gander little mouse/ Animatronic Mouse 

Un lieu pour faire vivre et partager la collection

La Bourse de Commerce — Pinault Collection propose un point de vue sur la collection d’œuvres contemporaines qu’il rassemble depuis plus de cinquante ans, à travers un programme d’expositions et d’événements.
Un monument, des expositions, des performances, des conférences, des projections… : il y a toujours quelque chose à découvrir à la Bourse de Commerce.

                                          Maurizio Cattelan

Informations pratiques

Un monument, des expositions, des performances, des conférences, des projections… : il y a toujours quelque chose à découvrir à la Bourse de Commerce.
2 rue de Viarmes, 75001 Paris

Ouverture

Du lundi au dimanche de 11h à 19h
Fermeture le mardi et le 1er mai.
Nocturne le vendredi jusqu’à 21h. Sauf du 26 avril au 22 mai.
Le premier samedi du mois, nocturne gratuite de 17h à 21h.

Le restaurant

Visitez le site

Avec vue imprenable depuis le 3ème étage de la Bourse de Commerce, la Halle aux grains — Restaurant-Café de Michel et Sébastien Bras est une table à l’identité forte où vous pourrez déguster la cuisine de Michel et Sébastien Bras, inspirée par l’histoire du lieu. Le restaurant sera fermé le 31 décembre au soir.

(pas vraiment pour les petites bourses)
Votre addition est toujours accompagnée d’un petit sachet de grains

Un vestiaire (casiers à code) est à disposition en libre-service au Salon Médicis, au rez-de-chaussée.

Pour des raisons de sécurité, les bagages et valises supérieurs à 40 x 30 x 18 cm (légèrement plus petits que des bagages cabine) ne sont pas acceptés dans la Bourse de Commerce.

Quelques vues d’expositions
Bourse la nuit photo empruntée à Didineta

Vagamondes

Pour sa 11e édition, le Festival Vagamondes continue de questionner la notion de frontières (géographiques, idéologiques, sociétales…) et explore cette année la thématique du genre !
lire l’édito de Benoît André, directeur de La Filature

« TROUBLE » EST UN MOT APPARU 
DANS LA LANGUE FRANÇAISE AU XIIIE 
SIÈCLE. IL ENGLOBE CE QUI REMUE, 
CE QUI OBSCURCIT, CE QUI DÉRANGE.
SMITH (France Culture / Par les temps qui courent)

CETTE 11e ÉDITION EXPLORE LA THÉMATIQUE DU GENRE !
15 spectacles // 1 exposition // 2 projections // 1 atelier // des rencontres
9 structures culturelles partenaires

WEEK-END D’OUVERTURE
du vendredi  17 au dimanche 19 mars 2023

LAFILATURE.ORG (à voir ici)

Jeanne Added + Vatican Soundsystem
Superpartners (SMITH & Nadège Piton)
Benjamin Millepied
Phia Ménard

Olivier Letellier
Caty Olive & Nosfell

Sorour Darabi
Elli Papakonstantinou
Cie Roland Furieux – Laëtitia Pitz & Xavier Charles
Alexandre Ethève, Jean-Claude Gallotta
Léa Girardet et Julie Bertin
Chloé Dabert

Johanny Bert
Monsieur K.
Juliette Steiner

Au musée du Louvre, la nature morte est bien vivante

Louise Moillon, coupe de cerises, prunes et melon, huile sur bois  vers 1633 département des Peintures
© RMN – Grand Palais (Musée du Louvre) / Michel Urtado

Jusqu'au 23 janvier, le musée du Louvre met en lumière les chefs-d'œuvre de la nature morte dans son exposition événement « Les Choses » HALL NAPOLÉON
Commissaire :
Laurence Bertrand Dorléac,
historienne de l'art
Une histoire de la nature morte depuis la Préhistoire
( vidéo de la conférence - 1 h 07)
Avec la collaboration de Thibault Boulvin et Dimitri Salmon
Vidéo du scribe accroupi (18 mn)
avec Laurence Bertrand Dorléac

Les Choses

Une histoire de la nature morte

On photographie des choses pour se les chasser de l’esprit

Franz Kafka
Une vision nouvelle

                                                   André Serrano 1984

La nature morte retrouve enfin les honneurs d’une grande exposition parisienne, 70 ans après la dernière rétrospective à l’Orangerie en 1952.
Conçue par Laurence Bertrand Dorléac, cette exposition d’auteure propose une vision nouvelle de ce genre longtemps considéré comme mineur et dont l’intitulé français, né tardivement au XVIIe siècle, n’a jamais satisfait personne. L’expression « nature morte » rend mal compte d’un genre très vivant, qui est, au fond, un agencement de choses en un certain ordre assemblées par l’artiste.

Jean Siméon Chardin, Pipes et vases à boire dit la Tabagie, vers 1737

Carte blanche

Cette carte blanche réunit près de 170 œuvres, prêtées par plus de 70 institutions et collections privées parmi les plus prestigieuses. Dans une promenade en quinze séquences chronologiques et thématiques, les œuvres, représentant tous les médias (de la peinture à la vidéo, en passant par la sculpture, la photographie et le cinéma), dialoguent entre elles, au-delà du temps et de la géographie, jusqu’à l’époque contemporaine. Comme un prélude à l’exposition, l’œuvre monumentale de l’artiste camerounais
Barthélémy Toguo,

Le Pilier des migrants disparus
Barthélémy Toguo, le Pilier des Migrants disparus

se déploie sous la Pyramide. Les grands ballots colorés en tissus africains de Barthélémy Toguo sont magnifiques mais sa longue cordée de bagages improvisés avec des matériaux de fortune nous invite aussi à réfléchir à l’exil. Ils nous rappellent à leur façon ce que devient au quotidien notre histoire contemporaine traversée de tous les déplacements forcés des réfugiés du monde qui tentent le voyage vers un monde habitable au péril de leur vie. Souvenir plus lointain de la traite et de l’esclavage ? Ils sont en tout cas les signes de toutes les trajectoires périlleuses d’hommes, de femmes et d’enfants qui fuient les guerres, la famine, la misère et les catastrophes écologiques.
La représentation des choses, dont on retrouve des témoignages dès la Préhistoire, offre une formidable plongée dans l’histoire. Les artistes ont, en effet, été les premiers à prendre les choses au sérieux. Ils ont reconnu leur présence, les ont rendues vivantes et intéressantes en exaltant leur forme, leur signification, leur pouvoir, leur charme, ont saisi leur faculté à donner forme à nos peurs, à nos croyances, à nos doutes, à nos rêves, à nos désirs, à nos folies.

                                             Arcimboldo, l’automne, 1573

L’exposition entend rétablir un dialogue entre ce genre perçu comme suranné et le public : la nature morte est l’une des évocations artistiques puissantes de la vie sensible. Parce que les êtres humains vivent avec les choses et y sont attachés, parce que les choses occupent une place déterminante dans les vies et les imaginaires, la nature morte dit beaucoup de nous et a beaucoup à nous dire. Elle raconte notre relation avec les biens matériels, qui ne sont pas réductibles à leur matérialité mais qui sont chargés de signification.

Italie, Faenza ou Pesaro, Chauffe-mains en forme de livre fermé, 1490/1510

La nature morte de l’Antiquité au XXe siècle

La dernière grande manifestation autour de la nature morte, La nature morte de l’Antiquité au XXe siècle, fut organisée en 1952 à Paris par Charles Sterling, conservateur au Louvre. La présente exposition rend hommage à ce grand historien de l’art ; il ne s’agit pourtant pas d’un remake, mais de repartir de nos savoirs et de notre mentalité contemporaine. Le point de vue intègre tout ce qui a renouvelé les techniques de représentation et les perspectives, tant en histoire de l’art ancien et contemporain, qu’en littérature, poésie, philosophie, archéologie, anthropologie, science ou écologie.

Esther Ferrer, Europortrait 2002 photographie
L’éternel dialogue entre les artistes du présent et du passé

 Elargissant les frontières chronologiques et géographiques, l’exposition ouvre des fenêtres sur d’autres cultures qui ont représenté les choses en majesté, y compris quand elles n’étaient plus montrées pour elles-mêmes dans l’Occident chrétien – du VIe au XVIe siècle. Elle revisite le genre de la nature morte, dans la perspective de l’éternel dialogue entre les artistes du présent et ceux du passé, dans un renouvellement permanent du regard : des haches préhistoriques au readymade de Duchamp, en passant par les agencements étonnants d’Arcimboldo, de Clara Peeters, Louise Moillon, Zurbarán, Chardin, Anne Vallayer-Coster, Manet, De Chirico, Miró, Nan Goldin, Ron Mueck et bien d’autres.

Ron Mueck

Les choses n’ont pas de signification : elles ont une
existence.

Fernando Pessoa
 Le code et la liberté   

 La représentation des choses par les artistes s’imprègne d’une grande variété de pratiques et d’idées, de croyances et de sentiments, qui inspirent les mouvements de la société autant qu’elles ne s’en font l’écho. À l’intérieur d’un code reconnu voire rebattu, la simplicité des choses invite les artistes à des libertés formelles inouïes.

                                                      Luis Melendez

Défis et Droits

Le genre de la nature morte doit également être reconsidéré à la faveur de l’attachement contemporain aux choses ainsi qu’aux relations nouvelles qui s’établissent entre le vivant et le non-vivant. Cette exposition contient forcément les préoccupations d’aujourd’hui : les défis écologiques, les nouveaux droits des animaux et des choses (des forêts en particulier), tandis que certaines persistances, comme celle du thème de la Vanité, révèlent des vérités anthropologiques profondes.

                                         Andreï Tarkovski, Stalker 1979

La structure

La structure diachronique choisie pour le parcours de l’exposition a l’avantage de mettre en évidence les tournants dans l’histoire des représentations. Elle ménage aussi les rapprochements indispensables entre les œuvres d’époques différentes. Trois périodes sont particulièrement propices à l’abondance des choses représentées : l’Antiquité, les XVIe-XVIIe siècles et les XXe-XXIe siècles.

Mon coup de coeur ci-dessous

Pendant que nous parlons, le temps jaloux s’enfuit.
Cueille le jour, et ne crois pas au lendemain.

Horace

                    Qian Zuan, dans le style des Oeillets 1314, encre sur soie

Informations pratiques

Horaires d’ouverture
de 9 h à 18 h, sauf le mardi.
Nocturne le vendredi jusqu’à 21h45
Réservation d’un créneau horaire recommandée
en ligne sur louvre.fr
y compris pour les bénéficiaires de la gratuité.
Gratuit pour les moins de 26 ans citoyens de
l’Union européenne.

Accès
Métro 1 ou bus 72 arrêt Louvre Rivoli

SurréAlice – une double exposition

Vue de l’entrée de l’exposition photo elisabeth Itti


Lewis Carroll et les surréalistes au Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg MAMCS et
 Illustr’Alice au Musée Tomi Ungerer (à venir sur mon blog)
les 2 expositions jusqu’au 26 FÉVRIER 2023
Commissaire : Barbara Forest, conservatrice en chef du Patrimoine au MAMCS
et Fabrice Flahutez, professeur à l’Université Jean-Monnet de Saint-Etienne, spécialiste du surréalisme.
Scénographie de l’exposition : Martin Michel
Identité visuelle de l’exposition : TANDEM

En guise de préambule à l’exposition SurréAlice, l’artiste anglaise Monster Chetwynd  fait pénétrer le visiteur dans la gueule d’un chat monumental au sourire du Cheschire. Réinventant le pays des merveilles dans un décor du cabaret de l’enfer à Paris dont l’étage servait de lieu de réunion des surréalistes pour les célèbres séances de sommeils médiumniques, elle invite le spectateur à franchir un seuil. Inquiétant pour certains, enivrant pour d’autres, ce passage prend la forme de la tête d’un animal, suggérant d’emblée les changements de points de vue, de langage et de rapports aux temps et à l’espace qui vont s’imposer dans l’exposition comme c’est également le cas chez Carroll.

Lewis Carroll : miroir magnétique des surréalistes


La première traduction d’Alice’s Adventures in Wonderland en français suit de très près sa publication en anglais (1865). Il faudra cependant attendre les années 1930 pour qu’Alice in Wonderland fasse pleinement son entrée dans la culture française à la fois comme un classique de la littérature jeunesse et comme une référence chez les avant-gardes. Alice in Wonderland est en effet publié dans pas moins de dix traductions pour enfants entre 1930

Dorothea Tanning

Le pays des merveilles

                Dorothea Tanning, Petite Musique de Nuit 1943
                       Courtesy Tate Collection

«Tranchons-en : le merveilleux est toujours beau, n’importe quel merveilleux est beau, il n’y a même que le merveilleux qui soit
beau ».

André Breton, le manifeste de 1924

La recherche du merveilleux par tous les moyens est donc au coeur  des préoccupations du surréalisme. Il est à la fois la manifestation de la beauté, mai
également, et comme l’indique Aragon, de la liberté. À la source du merveilleux, il y aurait l’inconscient, s’exprimant à travers le rêve et que les surréalistes ont à charge de convoquer.
Le dépaysement associé au rêve et au merveilleux trouve dans le récit d’Alice in Wonderland, un terrain d’expérimentation et d’investigation unique. Chaque chapitre est une rencontre cocasse dans une situation inattendue avec des animaux et des fleurs, bouleversant la partition des règnes, le darwinisme, le naturalisme et la Genèse.
   Les surréalistes se passionnent pour les cabinets de curiosité et collectionnent un bestiaire insolite ou bariolé, chiné dans les marchés aux puces et brocantes. Dans La Maison de la peur de Leonora Carrington, les gravures de Max Ernst révèlent des personnages mi-homme-mi-cheval tandis que Rachel Baes invite les visiteurs de son exposition avec une image de chauve-souris, son portrait métaphorique.


Les spécimens de la collection du Musée Zoologique de Strasbourg choisis suivant les espèces présentes dans les récits de Lewis Carroll, du crocodile au lapin et du chat au flamant rose entre autres, rappellent cet engouement commun pour une nature productrice d’affect poétique et de rêveries d’ailleurs.

Le corps imprévu

Les surréalistes n’ont pas seulement été séduits par la forme narrative et onirique des récits de Lewis Carroll. Ils ont également trouver dans la figure d’Alice l’incarnation de la femme-enfant mais aussi du corps en perpétuelle métamorphose. À la fois jeune, innocente, naïve mais aussi révoltée, effrontée, combattive et joueuse, Alice sera une figure tutélaire de la plasticité des corps et de l’esprit. Elle est, en ce sens, une source d’inspiration et de transgression des identités.

Claude Cahun multiplie les mises en scène où le déguisement et le travestissement lui permettent d’interroger la question du genre. De jeunes artistes femmes, comme Leonora Carrington, Alice Rahon ou Gisèle Prassinos, sont même surnommées du nom de l’héroïne de Lewis Carroll. Cela traduit l’attachement du groupe à ce personnage à la fois réel et fictionnel. À la muse, la diabolique, ou à l’incarnation d’Eros, ils ajoutent la femme-enfant, amie des animaux et de la nature. Leonora Carrington et Dorothea Tanning réagissent chacune à leur manière à cette personnification, plaçant la femme-enfant dans un univers plus angoissant que merveilleux. Au jeu des faux-semblants, le miroir de Lewis Carroll prodigue aux surréalistes, à commencer par Aragon, un formidable instrument de dédoublement et de déformation du corps, mais aussi de réflexion sur la volatilité du réel et de ses représentations. Magritte et Paul Nougé exploitent ses effets subversifs, confondant le reflet du réel, ses systèmes de représentation et ses apparences. Enrico Baj utilise des brisures de miroir comme autant de ruptures dans l’intégrité du corps. Le miroir, objectivation de la présence, sera aussi du côté de l’inconscient et la traversée du miroir est synonyme de mise en évidence des zones cachées de l’inconscient et de la psychanalyse et notamment dans la figure du rétracté de Brauner.

Enrico Baj

Le non-sens et l’absurde

Chez Lewis Carroll comme chez les surréalistes, les écarts entre le réel et sa représentation se doublent d’un écart entre les choses et leur nom. Lewis Carroll, qui est avant tout un spécialiste de logique mathématique et d’algèbre à Oxford, a un goût immodéré pour le travail sur le langage. Certains textes sont des morceaux d’anthologie de mots-valises et de créations langagières étonnantes. Les exemples sont nombreux. Lorsqu’Alice parle trop vite, fait des erreurs et veut se corriger, la Reine lui lance :

L’ÉCOLE DES MODERNITÉS À L’INSTITUT GIACOMETTI

«C’est trop tard. Une fois que l’on a dit quelque chose, cela se fixe par là-même et l’on doit en subir les conséquences».

Le non-sens apparaît cependant avec le plus d’évidence dans La Chasse au Snark, Une agonie en huit chants,

                                        Victor Brauner, le poichat qui navole 1964

récit sous forme de poème publié en 1876. Les personnages, menés par l’Homme à la cloche, et dont les noms commencent tous pas un B, cherchent une créature dangereuse, le Snark, sans savoir à quoi elle ressemble. La genèse du poème est « absurdement » performative. Carroll est en effet parti du dernier vers (« Parce que le Snark était un Boojum, voyez-vous »), puis il a inventé son histoire en remontant vers le début. La fin est donc dans le commencement.
L’absurde, arme douce de la contestation du régime victorien, inspire les artistes et les poètes surréalistes. Le non-sens, incessant, plaît à ceux qui aspirent à un renouvellement complet de l’entendement et au démembrement du langage. De 1927 à 1931, Magritte réalise la majeure partie de ses « peintures à mots ». L’orthodoxie de la langue et de ses usages conventionnels y sont systématiquement remis en cause.

                        Roland Topor Alice à la NeigeMarcel Duchamp le Trébuchet

Des langues sont imaginées par Brauner et Duchamp excelle en jeux de mots et jeux d’esprit dans ses notes comme dans ses titres. Le non-sens qui naît parfois des télescopages de sonorités de mots incongrus réunis dans une phrase produit un humour caustique, voire noir qui formera le terreau sur lequel s’enracine le surréalisme. Dans L’Anthologie de l’humour noir, c’est le chapitre du « Quadrille des Homards » qui est sélectionné par Breton pour évoquer Lewis Carroll. Roland Topor n’hésite pas à placer Alice et ses amis dans une improbable classe de neige tandis que Marcel Duchamp conçoit le Trébuchet, qui n’est qu’un portemanteau mural posé à même le sol, pour induire la chute du visiteur distrait. Le titre et l’objet jouent ensemble de double-sens, de quiproquos drôles et ludiques à la manière des mots-valises de Carroll.
Et pour échapper à l’atmosphère de la France de Vichy, c’est le jeu de cartes, à jouer ou divinatoire, qui va être la principale activité des stratagèmes collectifs. Assignés à la Villa Air-Bel près de Marseille, les surréalistes reprennent le jeu du tarot et le transforment, élisant Alice comme une figure du jeu.

Lise Deharme la Dame de Pique ^

Des publications

SurréAlice
ISBN : 9782351252123
Prix envisagé : 35€
Pagination : environ 304 pages
Date de parution : 17/11/2022

Illustr’Alice
Introduction (Thérèse Willer)
Alice illustrée en France (Thérèse Willer)
Alice au pays de la caricature britannique (1865-2020) (Brigitte Friant-Kessler)

Informations pratiques

Musée d’Art moderne et contemporain (MAMCS)
1 place Hans-Jean-Arp, Strasbourg
Ouvert tous les jours de 10h à 13h et de 14h à 18h, sauf le lundi pendant la durée de l’exposition
Ateliers, lectures etc sur . http://www.musees.strasbourg.eu/


Picasso – El Greco

Picasso et sa première épouse Olga
Paloma Picasso

Jusqu’au 25.09.2022, au  Kunstmuseum Basel | Neubau
Commissaire : Carmen Giménez, avec Gabriel Dette, Josef Helfenstein et Ana Mingota

                                                 au centre Paloma Picasso

Dans le cadre d’une grande exposition temporaire, le Kunstmuseum Basel met en lumière l’intérêt de Pablo Picasso (1881–1973) pour le maître ancien crétois Doménikos Theotokópoulos, mieux connu sous le nom dEl Greco (1541–1614). Quelque 30 rapprochements de chefs-d’oeuvre des deux artistes retracent ce dialogue parmi les plus fascinants de l’histoire de l’art. De prestigieux prêts du monde entier sont réunis autour d’un noyau d’oeuvres de Picasso provenant de la collection du musée.

Des Nouveautés ?

 Picasso

Pablo Picasso a marqué de manière décisive le cours de l’histoire de l’art européenne à maintes reprises. Dans le monde, il n’existe guère d’artiste plus connu et mieux étudié. Pourtant, des nouveautés restent à découvrir dans son oeuvre. On sait ainsi que l’enthousiasme de Picasso pour Le Greco a laissé des traces manifestes dans ses travaux. Toutefois, à cet égard, on songe surtout à ses premières phases de création jusqu’à la période bleue.

                 El Greco

L’exposition Picasso – El Greco propose au contraire une version selon laquelle Picasso s’est consacré non seulement davantage au Greco qu’on ne l’avait supposé jusqu’ici, mais aussi bien plus longtemps qu’on ne le pensait, comme en témoignent des références évidentes à la fois dans ses tableaux cubistes et dans ceux de l’ensemble des périodes de création plus tardives.
L’exposition au Kunstmuseum Basel | Neubau met en scène un « dialogue » d’égal à égal entre Picasso et un de ses modèles, dans une forme circonscrite, parfois associative, s’étendant sur plusieurs siècles.

La réhabilitation du Greco

Né en 1541 en Crête, Le Greco, qui se rendit en Espagne à la fin des années 1570 après un séjour de dix ans à Venise et à Rome, connut une immense gloire de son vivant grâce à sa facture picturale à nulle autre pareille. Pourtant, peu après sa mort, il tomba dans l’oubli. Ce n’est qu’au XIXe siècle puis au tournant du XXe siècle qu’advient une renaissance de l’oeuvre du Greco impliquant des femmes et des hommes artistes dans l’Europe entière. Le jeune Picasso prend part à cette redécouverte en première ligne.
Picasso éprouve un intérêt pour le maître ancien grec dès la fin du XIXe siècle, lorsque sa famille s’établit à Barcelone en 1896. Le futur peintre, tout juste âgé de quinze ans, fréquente des artistes, hommes et femmes, ouverts d’esprit qui jouent un rôle prépondérant dans la réhabilitation du Greco qui a sombré dans l’oubli. En 1898, l’Espagne perd la guerre hispano-américaine et, de ce fait, ses dernières colonies majeures. En réaction au déclin géopolitique de l’ancienne puissance coloniale, de nombreux artistes et gens de culture s’inspirent dudit
« Siglo de Oro », le « Siècle d’or » espagnol qui s’étend du XVIe siècle tardif à la fin du XVIIe siècle. Autour de 1900, époque marquée par le nationalisme et une quête d’identité, les peintres de l’École espagnole jouent un rôle capital avec Le Greco, Diego Velázquez et Francisco de Goya parmi ses représentants.

En tant qu’artiste singulier ayant marqué l’histoire de la peinture européenne, Le Greco se situait à la marge, notamment parce que, en raison de son parcours, trois traditions différentes (gréco-byzantine, vénitienne et espagnole) ont inspiré son oeuvre à partir desquelles il élabora un langage pictural sans pareil. Le manque de documents probants sur sa vie et son oeuvre contribue également à la fascination continue qu’il exerce jusqu’à aujourd’hui. Sa personnalité auréolée de légendes constituait sans doute une surface de projection idéale pour les artistes se rebellant contre l’académisme.

La fascination de Picasso pour les maîtres anciens espagnols

Les emprunts directs au Greco surviennent dès le début de la carrière artistique de Picasso : dans de nombreuses esquisses des années 1898-1899, il s’use véritablement aux motifs du Greco. Son Portrait d’un étranger dans le style du Greco (1899) reproduit une tête type, caractéristique des portraits et des tableaux de saints du Greco, à l’instar du Saint Jérôme (vers 1610) conservé au Metropolitan Museum of Art de New York. L’Enterrement de Casagemas (Évocation) de 1901, chef-d’oeuvre intime qui annonce la période bleue, s’inspire directement du Greco également. Dans les années suivantes, cette influence demeure perceptible, comme le montrent les parallèles étonnants entre le Portrait de Mme Canals (1905) de Picasso et le Portrait d’une dame à la fourrure que l’on attribuait encore à l’époque au Greco, mais dont le véritable auteur n’est pas clairement établi aujourd’hui.
L’exposition porte également une attention particulière au cubisme : deux salles mettent en regard des oeuvres de Picasso réalisées autour de 1910 avec une sélection de célèbres tableaux d’apôtres du Greco (1608/1614) provenant du Museo del Greco à Tolède ainsi que son grand format La Résurrection du Christ (1597–1600) conservé au Prado à Madrid.

Autres comparaisons

Après la Seconde Guerre mondiale, alors que Picasso bénéficiait depuis longtemps d’une renommée internationale, il se consacra largement à l’étude des peintres anciens. L’exposition présente de fascinants exemples de l’intérêt de Picasso pour ses prédécesseurs, dont le tableau Mousquetaire (1967) au verso duquel Picasso a noté « Domenico Theotocopulos van Rijn da Silva », référence explicite aux maîtres qu’il vénérait : Le Greco, Rembrandt et Velázquez.

Picasso  Pablo Picasso
« Greco, Velázquez, INSPIRARME » (Verschiedene Horta-Typen),Conté-Stift auf Papier

De prestigieux prêts

L’exposition Picasso – El Greco réunit plus de cinquante prêts prestigieux consentis par des musées et des collections privées du monde entier aux côtés d’une douzaine d’oeuvres majeures de Picasso provenant de la collection du Kunstmuseum Basel. Parmi les institutions mettant à notre disposition des ensembles d’oeuvres majeurs issus de leurs collections, citons en premier lieu le Museo Nacional del Prado de Madrid, le Museo del Greco de Tolède, le Museu Picasso de Barcelone et le Musée national Picasso de Paris. Par ailleurs, le Metropolitan Museum of Art et le Solomon R. Guggenheim Museum de New York, la National Gallery de Washington, la National Gallery et la Tate Modern de Londres, le Musée du Louvre et le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, le Museo Thyssen-Bornemisza de Madrid, le Museum of Fine Arts de Budapest et la Gemäldegalerie de Berlin consentent d’extraordinaires prêts d’oeuvres.

Dans le cadre de l’exposition, un abondant catalogue avec des contributions de Gabriel Dette, Carmen Giménez, Josef Helfenstein, Javier Portús et Richard Shiff paraît aux éditions Hatje Cantz Verlag.
L’exposition est organisée par Kunstmuseum Basel avec le soutien exceptionnel du Musée national Picasso-Paris

Informations

Kunstmuseum Basel
St. Alban-Graben 8
Postfach, CH-4010 Basel
T +41 61 206 62 62
kunstmuseumbasel.ch

Tram n° 2 depuis la gare SBB, arrêt Kunstmuseum (enfin)

Yan Pei-Ming – Au nom du père

Autoportrait mis en regard de ceux de ses parents

Jusqu’au 11 octobre 2021 au Musée Unterlinden, de Colmar
Commissaire de l’exposition :
Frédérique Goerig-Hergott, conservatrice en chef

« Souvent je fais des formats assez grands car je veux que le spectateur puisse physiquement pénétrer dans la peinture […] il y a un rapport physique entre le spectateur et la peinture ».
Yan Pei-Ming – l’atelier A, Arte vidéo, entretien réalisé en octobre 2012.

Tout à fait exact, surtout lorsque vous pénétrez au 2e étage, que vous vous retrouvez seul, dans cette grande salle, face aux grandes toiles, l’émotion vous saisit. C’est une expérience tout à fait singulière d’être confronté si directement
avec les oeuvres. 

C’un parcours qui réunit plus de 60 tableaux et dessins, dont un ensemble d’oeuvres inédit. Le parcours se développe ensuite de façon magistrale par la présentation des peintures monumentales de Yan Pei-Ming déployées sur les deux niveaux de l’Ackerhof. Six sections chrono-thématiques illustrent plusieurs sujets récurrents et emblématiques du travail de l’artiste.

J’avais un peu délaissé Yan Pei Ming, au vue de ses portraits de Mao, qui me semblaient toujours analogues, puis je suis allée à Dijon, voir
L’HOMME QUI PLEURE, puis à Paris au Petit Palais,  Courbet Corps-à-corps, l’exposition précédemment exposée à Ornans, puis à Orsay, L’Enterrement à Ornans de Gustave Courbet, au fur et à mesure je devenais « YanPeiMingphile »

Prélude – Galerie, cabinet d’art graphique

En prélude à l’exposition, un portrait inédit de la grand-mère de (1976) marque les débuts de l’histoire du peintre. Alors âgé de 16 ans, il cherche sa voie et interroge ses racines dans le cercle familial. Cette oeuvre est accompagnée de ses premiers autoportraits, réalisés en Chine et peu après son arrivée en France, lorsqu’il était élève à l’école supérieure des Beaux-Arts de Dijon.
L’ensemble présenté à Colmar appartient au fonds privé de l’artiste ; il est présenté pour la première fois dans une exposition en France.

Ackerhof ̶ Niveau 1

Mao

« Mao pour moi c’est une sorte de laboratoire. Je fais tous mes essais, toutes mes expériences sur ses portraits ».
Discussion de M. Nuridsany avec Yan Pei-Ming in L’art contemporain chinois, Paris, Flammarion, 2004, p.50.

L’accrochage débute avec la figure de Mao Zedong, le célèbre fondateur et dirigeant de la République populaire de Chine. Sujet par excellence de la peinture de propagande chinoise au sein d’une tradition artistique qui méprise pourtant le portrait, Mao a été le premier sujet traité par l’artiste en Chine, dès 1974, et celui qui l’a rendu célèbre en France au milieu des années 1980.

La mort s’impose chez Yan Pei-Ming comme un thème incontournable, tant dans son travail que dans sa réflexion existentielle.

Le Père

Le parcours se poursuit avec des portraits du père de l’artiste, où Yan Pei-Ming porte sur lui un regard mêlé d’intransigeance, de tendresse et d’empathie.
La démarche de Yan Pei-Ming donne d’emblée la même importance aux figures d’anonymes qu’à celle de Mao. Le portrait devient celui de l’homme en général, un portrait universel, le prétexte à la représentation d’une forme d’humanité.

«Tous les portraits de mon père que je fais en ce moment s’appellent ‘L’homme le plus… A travers lui, je peux imaginer toute l’humanité ».

 

« Je ne fais pas trop de différence entre Mao et mon père (…) On nous a toujours dit, en Chine, que Mao était plus important que notre père. Mais, moi, je n’étais pas d’accord (…) Évidemment que Mao, c’est le père ».

Bouddha

« Depuis tout petit, j’étais énormément attiré par tout ce qui touche et concerne le bouddhisme, parce que je suis né dans un temple et que j’ai baigné dans la culture bouddhiste dès le départ. Pour moi, ce n’est pas difficile d’avoir accès à Bouddha. Quand j’étais tout petit, je faisais déjà des Bouddha pour en offrir à la famille autour de moi. Parce qu’à l’époque on n’en trouvait pas. Il faut toujours avoir un côté rebelle ». Entretien de Fabian Stech avec Yan Pei-Ming in Yan Pei-Ming, Fils du dragon, 2e éd., Dijon, Les presses du réel, 2004, p.9.

Paysage international

Il avait été marqué en 1978 à Shanghai par l’une des premières expositions d’art étranger consacrée au paysage français du XIXe siècle.
En France, ce genre entre dans le corpus de son oeuvre sous le titre générique Paysage international au milieu des années 1990, décrivant un environnement géographique non identifié et commun à tous les continents.


Comme l’ensemble de sa peinture, ils sont majoritairement monochromes et peints selon la même technique et avec la même énergie.

Autoportraits

La grande salle d’exposition du Musée Unterlinden est consacrée aux récents autoportraits de l’artiste. Dans la tradition des vanités et des memento mori, Yan Pei-Ming se représente aux différents âges de sa vie. Ses portraits, mis en regard de ceux de ses parents, composent un hommage émouvant et sensible.

Dans la dernière section de l’exposition, face au chaos du monumental paysage Ruines du temps réel, émerge l’imposant triptyque Nom d’un chien ! Un jour parfait (2012), première représentation en pied de Yan Pei-Ming, frontal, vertical, jaillissant de l’espace abstrait de la toile, comme un symbole de rédemption.

Nom d’un chien ! Un jour parfait 2012,
triptyque, huile sur toile, 400 x 280 cm/toile

Collection particulière, France

« C’est une peinture un peu particulière dans mon oeuvre car c’était la première fois que je me représentais en entier depuis le nu à la gouache de 1982. Cette fois-ci, avec un jeans déchiré pour montrer que je suis à la mode. Le petit détail qui tue ! Une fois la peinture finie, je me suis dit qu’elle irait très bien dans la chapelle (chapelle de l’oratoire de Nantes)  et que le titre pourrait être « Un jour parfait ». Xavier Douroux est passé me voir à l’atelier et a crié « Nom d’un chien ! » en voyant la peinture. Je lui ai demandé : « Qu’est-ce que ça veut dire ? » et il m’a répondu : « Que je suis choqué. » Je ne comprenais pas vraiment la signification, mais j’ai trouvé l’expression très belle. Alors j’ai combiné les deux idées, ce qui a donné
Nom d’un chien ! Un jour parfait. C’est surtout la réaction de Xavier que j’avais en tête, parce que « Un jour parfait » c’est un peu trop lisse, ça ne choque personne ».
La position christique, en lévitation, comme les sculptures dAdel Abdessemed sont en écho au célèbre Retable d’Issenheim.

Pandémie

Le tableau Pandémie a été peint à l’initiative de Yan Pei-Ming pour l’exposition « Au nom du père » Dès sa conception, l’oeuvre a été envisagée comme une confrontation avec le Retable d’Issenheim destinée à faire écho aux panneaux de la Crucifixion peints par Grünewald.
Tout au long de l’histoire de l’art, les famines et les épidémies, les massacres et les catastrophes, les guerres et les révolutions ont suscité des oeuvres marquantes permettant à leurs auteurs d’exorciser leurs angoisses et celles de leurs contemporains dans un processus d’identification avec les sujets représentés. Il reprend la composition monumentale du retable, il invite le spectateur à s’identifier aux personnages de son oeuvre confrontés à l’épidémie de Covid-19 dans une transposition contemporaine du Golgotha médiéval.
Il rappelle l’oeuvre qui était montrée aux malades du feu de St Antoine, pour leur rémission.

A gauche, la silhouette lumineuse de la basilique Saint-Pierre à Rome, substitut moderne à la ville antique de Jérusalem, sur la droite, une cité HLM :  l’espoir de salut, l’univers sacré et protégé du Saint-Siège. Ming observe à ses pieds la forme imposante du cadavre dans sa housse, comme le reflet de sa propre finitude. Dans Pandémie, le temps est suspendu à l’interruption de l’action et au recueillement. Par son réalisme et son absence d’idéalisation, l’oeuvre s’inscrit dans la tradition des peintures de scènes de genre

Biographie

Né à Shanghai en 1960, Yan Pei-Ming a grandi dans le culte de Mao en pleine Révolution culturelle. En 1978, deux ans après le décès du Grand Timonier, la Chine connaît une vaste entreprise de démaoïsation et une libéralisation relative du régime communiste. À la fin du Printemps de Pékin, Yan Pei-Ming, qui voulait étudier à l’École des Arts appliqués de Shanghai, voit sa candidature rejetée. Grâce à la réforme de l’éducation initiée en 1977 par Deng Xiaoping, permettant ainsi aux étudiants chinois d’étudier à l’étranger, il décide de quitter la Chine en 1980, à l’âge de dix-neuf ans, pour poursuivre sa formation en France.d. Il rencontre très vite le succès grâce à ses portraits monochromes, notamment ceux de Mao Zedong qui mêlent la tradition occidentale aux références culturelles chinoises.

Catalogue

Un catalogue bilingue (français-anglais) est édité à l’occasion de l’exposition.
Il est illustré de l’ensemble des oeuvres exposées et inclut des textes de Christian Besson et Éric de Chassey, ainsi qu’un entretien de Frédérique Goerig-Hergott avec Yan Pei-Ming.
Éditions Hazan
Format 230 x 280 mm, 192 pages
Prix : 30€

Informations pratiques

Musée Unterlinden
Place Unterlinden – 68000 Colmar
Tél. +33 (0)3 89 20 15 50
info@musee-unterlinden.com
www.musee-unterlinden.com
Horaires d’ouverture
Lundi, Mercredi 9-18 h
Jeudi – Dimanche 9-18 h
Premier jeudi du mois 9-20 h
Mardi : fermé

A voir la vidéo de la télé locale de Colmar un reportage sur l’exposition
Sur France culture affaires culturelles linvité Yan Pei Ming (podcast)

Conférences

Le texte de Luc Maechel

« Tigres et vautours » de Yan Pei-Ming est annoncée du 1er juin 2021 au 31 janvier 2022 à la Grande Chapelle du Palais des Papes et du 25 juin au 26 septembre 2021 et dans les salles du rez-de-chaussée des Hôtels de Caumont et de Montfaucon, à la Collection Lambert.

Sommaire du mois de décembre 2020

Rodin, le Baiser 1889-98, bronze, collection de la Fondation Pierre Gianadda
®photo Michèle Strauss

Je dédie cette annus horribilis 2020, à ma petite nièce Virginie Ingold,
qui est allée rejoindre son père Dominique Ingold et son cousin Pierre Bayon, parmi les anges.

« Tu es une femme en or, d’une gentillesse incroyable, malgré tout… Souriante, drôle et serviable…La vie est injuste, et comme à son habitude, elle fait toujours partir les meilleurs en premier… 🙏❤
Fait bon voyage « belle brune » »
je laisse la parole ci-dessus à l’un de ses amis, Jojo Caro Mylan Wittmer, (extrait)


 

26 décembre 2020 :  Un monde infini : Artistes chamanes, autour d’une collection de l’Himalaya
23 décembre 2020 :  Noël 2020
21 décembre 2020  :  Katja Aufleger. GONE
14 décembre 2020  :  Rodin / Arp à la Fondation Beyeler
10 décembre 2020  :  Cadeaux de Noël
08 décembre 2020 :   Jean Pierre Parlange à l’appartement
07 décembre 2020  :  Putain de Covid
05 décembre 2020  :  Rembrandt, la Pièce aux cent florins