Paula Rego – jeux de pouvoir

Du 28.9.2024 – 2.2.2025, au Kunstmuseum Basel | Neubau
Commissaire : Eva Reifert
Jeux de pouvoir

L’artiste luso-britannique Paula Rego (1935–2022) compte parmi les peintres figuratives les plus importantes des dernières décennies. Militante, féministe et auteure de tableaux tour à tour exubérants et inquiétants, son influence se fait sentir dans le milieu artistique de son pays natal, le Portugal, et dans son pays d’adoption, la Grande-Bretagne. Lorsqu’elle décède en 2022, elle laisse derrière elle une oeuvre foisonnante qui témoigne de son intérêt pour l’étude des
« jeux de pouvoir et hiérarchies » qu’elle a confié être son thème de prédilection.

Self Portrait in Red, vers 1966
Huile, crayon de couleur et papier sur toile,
collage, 152 × 152 cm
Museu Nacional de Arte Contemporânea,
Lisbonne

 Ce profond intérêt de l’artiste pour les dynamiques de pouvoir constitue le leitmotiv de l’exposition monographique d’envergure Paula Rego. Jeux de pouvoir au Kunstmuseum Basel. Il s’agit de la première présentation muséale de l’oeuvre de Rego dans l’espace germanophone et de la première grande exposition monographique depuis sa mort. S’appuyant sur quelque 120 peintures et pastels, ainsi que plusieurs poupées, carreaux et documents, cette exposition d’une grande puissance visuelle invite le public à découvrir l’univers inoubliable de Paula Rego et vise à approfondir la compréhension de cette artiste majeure.

Organisée de manière thématique, l’exposition rassemble des oeuvres emblématiques de plusieurs décennies, y compris des travaux de Rego traitant de la dictature de Salazar. D’autres motifs centraux de son oeuvre concernent son engagement contre les lois restreignant l’avortement dans son pays natal et contre la participation britannique à la guerre en Irak. Dans l’ensemble de son oeuvre, Rego remet en question les hiérarchies habituelles et montre des femmes endossant différents rôles. L’exposition présente ses spectaculaires pastels grand format inspirés à la fois de récits littéraires et de films Disney, ainsi que des exemples de ses travaux graphiques d’une brillante virtuosité technique.

Les thèmes essentiels

Autoportraits

Au cours de sa carrière, Paula Rego ne
réalisa que quelques autoportraits. La
plupart jouent sur la confusion : un portrait de rôle dans une posture résolument masculine, un reflet dans un miroir qui ne montre pas Rego mais son modèle, ou une figure aux yeux blessés dans un tourbillon de formes décomposées. Le fait que l’artiste se montre directement reste l’exception. Du point de vue stylistique, les autoportraits de Rego témoignent de la grande capacité de transformation avec laquelle elle donna toujours de nouvelles orientations à son art au fil du temps.

Constellation familiale

La famille – pour Paula Rego, cela renvoyait d’abord à la séparation de son père et de sa mère, qui vivaient temporairement au Royaume-Uni, tandis qu’elle restait chez ses grands-parents à Lisbonne. Plus tard, ses parents lui permirent d’étudier à Londres à la prestigieuse Slade School of Art. Rego sépara toujours sa création artistique de sa vie d’épouse et de mère de trois enfants.
Néanmoins, les membres de sa famille apparaissent régulièrement comme modèles dans ses oeuvres. Dans The Family, Rego donna à la constellation de personnages une dimension psychologique inquiétante.
Dans The Dance, en revanche, le changement des relations et de l ’
« être pour soi » se révèle comme un rythme de vie.

Pouvoir d’État

Les thèmes historiques de Paula Rego montrent à quel point l’histoire et la mentalité de son propre pays d’origine peuvent avoir un impact. Elle se pencha par exemple sur un régicide ou sur la dictature d’António de Oliveira Salazar, soutenue par l’Église et l’armée. Dans une immense tapisserie, des expériences traumatisantes passées et présentes du pays se superposent : alors que le Portugal était en guerre dans les années 1960 contre les mouvements d’indépendance de ses dernières colonies sur le continent africain, Rego rappela la défaite écrasante contre les troupes marocaines qui mit fin à l’expansionnisme portugais en 1578.

                                                     Le régicide

Lutte des sexes

La relation entre la femme et l’homme dans l’oeuvre de Paula Rego montre également que son univers artistique n’est pas un monde idéal. La dynamique entre les sexes, jusque dans l’érotisme, est marquée par le pouvoir et la violence. Les figures animales représentent des adversaires ou des forces pulsionnelles et des besoins physiques. En abordant le thème de l’infidélité
ou des soins apportés à son mari malade, Rego reprit certes ses propres
expériences. La recherche de la domination, la vulnérabilité et l’affirmation de soi apparaissent cependant dans son art comme le sort de la condition humaine.

Héroïnes

La confrontation de Paula Rego avec les contes de fées dans les années 1970 marqua un tournant dans son art. Des poupées en tissu comme celle de la Princesse au petit pois et les images du conte portugais de la discrète héroïne Brancaflor marquent le début de sa quête perpétuelle d’histoires captivantes.
Rego était fascinée par la constatation du psychanalyste suisse Carl Gustav Jung
selon laquelle les grands récits du monde entier concrétisent des modèles psychiques fondamentaux similaires sous la forme de héros, de magiciens ou de sages.

Jeux de rôle

Les histoires accrocheuses et imagées que nous rencontrons dans notre enfance
créent et renforcent dans notre tête des représentations idéales et des stéréotypes de genre. C’est justement ce qui se présente de manière ludique, comme les contes de fées ou les films Disney, qui déploie une influence d’autant plus grande. Paula Rego démasque les clichés avec humour et ironie, mais sa profonde affection pour ces histoires reste perceptible. Elle montre une Blanche-Neige assise seule sur des peaux de bêtes au lieu de partir sur un
cheval blanc avec le prince charmant ; sa Fée bleue ne gronde pas Pinocchio gentiment, mais s’approche de l’enfant de manière menaçante ; et les ballerines, parodiées par Disney en autruches ridicules, sont transformées par Rego en femmes pragmatiques d’âge moyen.

                                              Blanche neige

Inconscient

Paula Rego explora largement sa propre vie intérieure dans le cadre d’une psychanalyse.
Elle s’ouvrit à des domaines de l’irrationnel et du refoulé qui, pour beaucoup,
ne sont accessibles que dans les rêves. Dans ses oeuvres, elle exprima
les processus psychiques nébuleux qui déterminent des histoires comme Métamorphose de Franz Kafka ou Jane Eyre de Charlotte Brontë. Ce qui l’intéressait dans Peter Pan, c’est le refus de grandir, tandis que son triptyque The Pillowman traite les abîmes psychologiques et les excès d’une
scène d’interrogatoire littéraire grotesque.

Ron Mueck, Pinocchio, 1996

Rébellion

À certains moments, Paula Rego utilisa son art comme un outil de résistance politique. Elle dénonça la pratique encore très répandue des mutilations génitales féminines et créa des séries de pastels et de gravures percutantes dans lesquelles elle mit en évidence les conséquences dangereuses des avortements illégaux pour les femmes. Ces oeuvres furent créées après le rejet par référendum d’un projet de loi plus libéral sur l’interruption volontaires de grossesse au Portugal à la fin des années 1990. Elles contribuèrent à changer l’opinion publique jusqu’au prochain référendum.
Quand, en 2003, la participation britannique à la guerre en Irak donna lieu à Londres aux plus grandes manifestations anti-guerre depuis des décennies, Rego protesta aussi – avec une oeuvre d’une grande intensité activiste.

La fascination exercée par les oeuvres de Paula Rego résulte de sa puissance imaginative empreinte de noirceur et d’inquiétante étrangeté.

Informations pratiques
BÂTIMENT PRINCIPAL ET BÂTIMENT NOUVEAU
Fermé le lundi
Mar 10h00 – 18h00
Mercredi de 10h à 20h
Jeu-dim 10h-18h


Accès

Depuis la gare SBB tram n° 2 arrêt Kunstmuseum

Sommaire de septembre 2024

29 septembre 2024 : Matisse – Invitation au voyage
20 septembre 2024 : MAÎTRES ET MERVEILLES
14 septembre 2024 : Hommage à l’artiste Rebecca Horn
12 septembre 2024 : Les artistes lauréats du « Nobel des arts » 2024
8  septembre 2024  : Le monde de l’art au Japon
5 septembre 2024  :  Anri Sala – Au milieu des maîtres anciens
1 septembre 2024 :   Vuitton La Collection RDV avec le Sport

Matisse – Invitation au voyage

Grand nu rose Nice 1935

À partir de septembre 2024, la Fondation Beyeler à Riehen/Bâle présente la première rétrospective consacrée à Henri Matisse en Suisse et dans l’espace germanophone depuis près de deux décennies.
L’exposition réunit plus de 70 oeuvres majeures en provenance de prestigieux musées européens et américains ainsi que de collections privées, mettant en lumière l’évolution et la diversité du travail précurseur de l’artiste. L’exposition prend pour point de départ le célèbre poème : L’invitation au voyage de Charles Baudelaire, qui contient de nombreux thèmes clé également présents dans les oeuvres de Matisse. S’inscrivant dans une lignée d’expositions hors pair telles
« Paul Gauguin » (2015), « Monet » (2017) et « Le jeune Picasso – Périodes bleue et rose » (2019), « Matisse – Invitation au voyage » sera
à voir à la Fondation Beyeler du 22 septembre 2024 au 26 janvier 2025.
Commissariat Raphaël Bouvier

Henri Matisse (1869–1954) compte parmi les artistes les plus célèbres de l’art moderne. Son oeuvre précurseur a profondément influencé des générations d’artistes, de ses contemporains à nos jours. En libérant la couleur du motif et en simplifiant les formes, il a redéfini la peinture et apporté à l’art une
légèreté nouvelle. Matisse a également innové dans le domaine de la sculpture et, avec les papiers découpés de son oeuvre tardif, il a développé une pratique unique à la croisée de la peinture, du dessin et de la sculpture.

« Ce que je poursuis par-dessus tout, c’est l’expression »
Henri Matisse

                                         Luxe Calme et volupté, centre Pompidou

L’exposition couvre toutes les périodes du travail de l’artiste. C’est un pur bonheur de se laisser guider dans l’exposition, en suivant la notice de salle fournie en diverses langues. Elle commence avec les oeuvres de ses débuts produites vers 1900, passant par les toiles révolutionnaires du fauvisme et les travaux expérimentaux des années 1910, les tableaux sensuels de la période niçoise et des années 1930, pour culminer enfin dans les légendaires papiers découpés de l’oeuvre tardif des années 1940 et 1950.
Placée sous le commissariat de Raphaël Bouvier, l’exposition réunit des oeuvres emblématiques et d’autres rarement exposées, en provenance de musées et de collections particulières de premier plan, dont le
Baltimore Museum of Art ; le Centre Pompidou, Paris ; le K20, Düsseldorf ; le Kimbell Art Museum, Fort Worth ; le Museum of Modern Art, New York ; la National Gallery, Washington ; et le San Francisco Museum of Modern Art.

« En dessinant aux ciseaux dans des feuilles de papier colorées à l’avance, d’un même geste pour associer la ligne à la couleur, le contour à la surface. »
Henri Matisse en conversation avec André Verdet, 1951

L’exposition présente des chefs-d’oeuvre tels La desserte (1896/1897), Luxe,
calme et volupté (1904), La fenêtre ouverte, Collioure (1905), Le luxe I (1907), Baigneuses à la tortue (1907/1908), Poissons rouges et sculpture (1912), Figure décorative sur fond ornemental (1925/1926),
Grand nu couché (Nu rose) (1935), L’Asie (1946), Intérieur au rideau égyptien (1948) et Nu bleu I (1952).
Cette profusion de tableaux, de sculptures et de papiers découpés de tout premier plan donne à voir l’évolution et la richesse de l’oeuvre singulier de Matisse.

                                                   Baigneuses à la Tortue

Les voyages

« J’ai souvent fait des voyages en imagination et comme le but principal de mon travail est la clarté de la lumière, je me suis demandé : Comment peut-elle être de l’autre côté de l’hémisphère? »
Henri Matisse à propos de son voyage dans les mers du Sud

L’exposition prend pour point de départ le célèbre poème L’invitation au voyage de Charles Baudelaire (1821–1867), auquel Matisse s’est référé à de nombreuses reprises. Les termes de « luxe, calme et volupté » qui y apparaissent comme motifs poétiques se retrouvent chez Matisse en tant que fils
conducteurs et quintessence de son art. Suivant le poème de Baudelaire, l’exposition à la Fondation Beyeler invite donc à un voyage au fil de l’oeuvre de Matisse, dans lequel le voyage joue également un rôle important.
C’est la quête de la lumière idéale qui incitait Henri Matisse à entreprendre ses nombreux voyages. Ayant grandi dans le nord de la France, il la trouve dans un premier temps dans le sud méditerranéen du pays, poursuit ensuite ses explorations en Italie, en Espagne et en Afrique du Nord, puis lors d’une traversée des États-Unis débutée à New York, et enfin dans le Pacifique Sud.
Au cours de ses nombreux voyages en Europe et au-delà, qui le mènent également en Russie, il fait la découverte d’environnements naturels, de
cultures et de traditions picturales qu’il incorpore à son propre travail. Le voyage et l’expérience multiple de la lumière qu’il entraîne ont été des moteurs décisifs de l’évolution artistique de Matisse, des oeuvres fauvistes révolutionnaires de ses débuts aux emblématiques papiers découpés de son oeuvre tardive.


L’expérience du voyage et l’atelier comme lieu de travail forment ainsi les deux pôles entre lesquels se déploie l’oeuvre de Matisse. La vie et l’oeuvre de l’artiste sont rythmés et influencés par un va-et-vient continu entre les déplacements en France et à l’étranger et l’investissement de différents lieux de travail.
Les expériences, les souvenirs et les objets collectés pendant ses voyages constituent des thèmes aussi centraux de ses oeuvres que l’atelier comme lieu de production artistique. La fenêtre ouverte est un motif récurrent dans l’oeuvre de Matisse. En tant que lieu d’articulation entre l’intérieur et l’extérieur, entre un ici à portée de main et un là-bas lointain, elle exprime la coexistence du chez soi et du voyage. Dans sa dimension symbolique, la fenêtre ouverte constitue tout particulièrement une invitation au voyage.

Fenêtre à Collioure

« Quand j’ai compris que chaque matin je reverrais cette lumière, je ne pouvais croire à mon bonheur. »
Henri Matisse à propos de Nice

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Un espace multimédia

Dans un espace multimédia conçu spécifiquement pour l’exposition, les voyages de Matisse sont donnés à voir et à vivre par le biais de photographies historiques animées et de panneaux muraux. Des photographies et des films offrent par ailleurs des aperçus de ses ateliers et de son processus de création.

Un catalogue d’exposition richement illustré, publié sous la direction de Raphaël Bouvier pour la Fondation Beyeler et mis en page par Bonbon, Zurich, paraît au Hatje Cantz Verlag, Berlin. De nombreux auteurs et autrices ont contribué à la portée scientifique du catalogue, en premier lieu Larissa Dätwyler, Robert Kopp et Griselda Pollock, ainsi qu’Alix Agret, Dita Amory, Patrice Deparpe, John Elderfield, Claudine Grammont, Jodi Hauptman,
Ellen McBreen et Anne Théry.

Informations pratiques

HORAIRES D’OUVERTURE:
Lundi à Dimanche 10h–18h
Mercredi 10h–20h
Friday Beyeler 10h–21h

CONTACT:
Fondation Beyeler
Baselstrasse 101
CH-4125 Riehen/Basel
Tél. +41 61 645 97 00
Fax +41 61 645 97 19
info@fondationbeyeler.ch

Depuis la gare SBB tram n° 2 descendre à MessePlatz
puis tram n° 6 jusqu’à la Fondation beyeler

MAÎTRES ET MERVEILLES

 Konrad Witz
L’Empereur Auguste et la sibylle de Tibur
Technique mixte sur bois, vers 1435, Inv. DA 161 A
Legs Marie-Henriette Dard, 1916
© Musée des Beaux-Arts de Dijon/François Jay

PEINTURES GERMANIQUES DES COLLECTIONS FRANÇAISES (1370-1530)

PARCOURS
DE L’EXPOSITION

Mosaïque de principautés, le Saint Empire romain germanique est une
entité politique mouvante selon les époques. Les puissances locales,
tant laïques que religieuses, ont une grande autonomie par rapport
à l’empereur. Dans un climat politique et social difficile – guerres,
brigandage, révoltes -, les empereurs successifs peinent à garder le
contrôle des provinces.

Pour autant, dans l’empire comme dans le reste du monde occidental,
le XVe siècle est un moment de basculement important dans les arts.
Depuis la seconde moitié du XIVe siècle dans le nord de l’Europe, les
sensibilités et les pratiques religieuses évoluent. Des foyers artisanaux
émergent et des individualités artistiques s’affirment dans toutes les
régions de l’empire, alors que s’intensifient les circulations des hommes
comme des oeuvres. Ces territoires, situés entre l’Allemagne, le nord de
la Suisse, l’Alsace et l’Autriche actuels, sont ainsi le théâtre d’une intense
activité créatrice.

Le musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon, le musée Unterlinden de Colmar, ainsi que le musée des Beaux-Arts de Dijon, en partenariat avec l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), présentent du 4 mai au 23 septembre 2024 une exposition en trois volets, consacrée à la peinture germanique de 1370 à 1550. Près de 200 oeuvres des collections françaises y sont ainsi déployées pour retracer la richesse de cette production. Aux côtés de grands maîtres, tels que Lucas Cranach, Albrecht Dürer ou Martin Schongauer, l’exposition est aussi l’occasion de découvrir des oeuvres et des artistes moins connus.

Ce projet est l’aboutissement d’un programme de recherche mené par l’Institut national d’histoire de l’art depuis 2019, qui a permis de recenser près de 500 oeuvresprésentes sur le territoire national et produites dans les régions germanophones du Saint-Empire romain germanique pendant le Moyen Âge et la Renaissance. Ce travail a consisté en une étude matérielle des peintures sur place, des collectes documentaires et bibliographiques systématiques et des recherches sur les attributions. Avec des prêts issus de musées parisiens (le musée du Louvre, le musée des Arts Décoratifs, le musée de Cluny…), de musées en région (Orléans, Lyon, Roanne, Marseille, Agen, Grenoble, Moulins, Lille, …) et d’églises (Luemschwiller, Marckolsheim, Weyersheim…), chacun des trois musées accueillant un des trois volets de l’exposition propose ainsi un axe en lien avec ses propres collections et les spécificités culturelles et historiques de son territoire.


À l’appui de sa collection exceptionnelle, le musée des Beaux-Arts de Dijonoffre ainsi un panorama de la peinture du XVe siècle jusqu’au début du XVIe siècle, au prisme d’une sélection inédite, de nouveaux rapprochements et de réattributions. À forte visée pédagogique, l’exposition propose des clés de lecture essentielles à la compréhension de la place de ces oeuvres à la fin du Moyen Âge ; elle interroge également l’évolution des modes de représentation et les particularités stylistiques de plusieurs foyers de création choisis en Allemagne et dans les marges de l’Empire.


Le musée de Besançon traite de la peinture germanique de la Renaissance en lien avec ses collections. En effet, du fait de son histoire – puisque la Franche-Comté fut rattachée au Saint-Empire du XIe au XIIIe siècle puis de 1493 à 1678 – Besançon conserve aujourd’hui un ensemble significatif d’oeuvres tant pour la peinture que pour les arts graphiques grâce aux donations successives faites à la ville. Interrogeant les notions de frontières, géographiques mais aussi symboliques entre les sphères du privé, du public et du religieux, l’exposition présentera non seulement des oeuvres des grands maîtres mais aussi d’anonymes, mystères encore manifestes de ces siècles passés, où tous travaillaient en ateliers, en corporations, en réseaux. Cette exposition a été pensée et conçue pour permettre le partage de ces connaissances à des publics variés.
La collection de peintures anciennes du musée Unterlinden émane principalement de l’art à Colmar durant les derniers siècles du Moyen Âge. L’exposition permet, grâce à des prêts généreux provenant de musées et d’églises, de l’inscrire dans le cadre géographique plus large du Rhin supérieur : ce territoire, qui correspond plus ou moins à l’actuelle Alsace, s’étend de part et d’autre du Rhin, des Vosges à la Forêt Noire, et de Strasbourg au Nord à Bâle au Sud ; il abrite des villes riches, au grand dynamisme économique, qui sont autant de grands centres de production artistique : Bâle, Colmar, Fribourg-en-Brisgau et Strasbourg. Le volet colmarien de l’exposition s’attache tout d’abord à répondre aux nombreuses questions que les visiteurs d’aujourd’hui peuvent se poser face à de telles oeuvres : comment étaient-elles réalisées aux XVe et XVIe siècles ? Quelles fonctions avaient ces peintures considérées aujourd’hui comme des oeuvres d’art ? Quelle était la nature des relations entre les peintres et leurs commanditaires ? Il invite ensuite ses visiteurs à une exploration stylistique, cherchant à leur faire saisir les spécificités de chaque centre de production, voire de chaque atelier, et les changements qui s’opèrent au fil du temps dans les goûts des commanditaires et les propositions des artistes.
Le catalogue de l’exposition, co-édité par la maison d’édition Faton et l’Institut national d’histoire de l’art, constitue à la fois un outil de diffusion des connaissances sur la peinture germanique des années 1370-1550, un ouvrage de référence sur les oeuvres des musées français et une étude sur l’historiographie des principales collections françaises de « primitifs » germaniques. De nombreuses peintures font l’objet d’études approfondies et inédites, notamment sur leur attribution à un artiste ou une école, bénéficiant des recherches récentes des spécialistes allemands, autrichiens, français et suisses sollicités pour la rédaction des 140 notices. Cet ouvrage d’environ 400 pages et richement illustré est publié en français et en allemand.
Cette exposition est placée sous le haut patronage du Président de la République française et du Président de la République fédérale allemande.
L’exposition en quelques chiffres

Trois musées

Un catalogue en français et en allemand (36 auteurs ; 9 essais ; 140 notices)

200 oeuvres

57 prêteurs
Commissariat d’exposition
Commissariat scientifique

Isabelle Dubois-Brinkmann, conservatrice en chef du patrimoine, et Aude Briau, doctorante en histoire de l’art (EPHE, PSL / Université d’Heidelberg), chargée d’études et de recherche à l’INHA
Co-commissariat
À Besançon

Virginie Guffroy, conservatrice chargée des peintures, sculptures et objets d’arts au musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon

Amandine Royer, conservatrice chargée des arts graphiques au musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon
À Colmar

Camille Broucke, conservatrice du patrimoine chargée des collections d’art ancien, directrice du musée Unterlinden de Colmar

Magali Haas, documentaliste scientifique, chargée des collections d’arts graphiques au musée Unterlinden de Colmar
À Dijon

Lola Fondbertasse, conservatrice chargée des collections médiévales au musée des Beaux-Arts de Dijon
Un programme de recherche de l’Institut national d’histoire de l’art : le Répertoire des peintures germaniques dans les collections françaises (1370-1550) 

L’exposition présente un fragment de cette histoire par le prisme des
peintures, l’un des points forts de la collection du musée grâce au legs
de Marie-Henriette Dard en 1916. Le fil du parcours est thématique. Il
propose des clés de lecture essentielles à la compréhension de la place
de ces oeuvres à la fin du Moyen Âge. Il restitue également un état des
recherches récentes sur les questions de styles et d’attributions, au
gré d’un cheminement entre l’enquête sur des « mains » et des maîtres
souvent tombés dans l’anonymat et la découverte de ces « merveilles »
rares qui continuent d’étonner et de susciter notre curiosité.

Le gothique international

Entre 1380 et 1430 environ, l’art de l’Europe centrale et occidentale partage un langage formel relativement homogène : coloris chatoyants, sinuosité des lignes, élégance des figures, raffinement ornemental et goût du détail familier. Si les origines de cette esthétique sont variées, la fusion s’est opérée dans plusieurs foyers et grands chantiers européens où travaillent ensemble des artistes flamands, ibériques, français, allemands, bohémiens ou italiens. Cette communauté de style, favorisée par l’itinérance des artistes, le commerce des oeuvres et la circulation des modèles est désignée depuis le XIXe siècle par l’expression « gothique international ». Dans l’empire, les oeuvres attribuées à Maître Bertram, actif à Hambourg, sont caractéristiques de ce mouvement.


Autriche
La Vierge à l’écritoire
Peinture sur bois (tilleul), vers 1420
Paris, musée du Louvre, inv. RF 2047
© RMN – Grand Palais (musée du Louvre) / Gérard Blot

Des peintures pour la dévotion

Nombre de ces peintures sont des fragments de tableaux d’autels aujourd’hui
démembrés et dissociés de leur contexte, ce qui empêche souvent d’en reconnaître la signification initiale. Pourtant, dans la société médiévale, elles ont un usage précis. La plupart sont des présents offerts à Dieu, pour le glorifier et obtenir ses faveurs, ou à des saints protecteurs particuliers.
Si, au XVe siècle, les commandes émanent toujoursdes religieux comme des princes, les corporations de métiers, les confréries ou les citoyens enrichis
deviennent des acteurs plus actifs. Sous l’impulsion de ces élites urbaines, la production de retables, déjà importante, se développe encore. Installé au-dessus et en retrait de l’autel, cet élément central du mobilier
de l’église bénéficie de la place croissante de l’image dans les pratiques de dévotion. Dans l’empire, il se présente souvent sous la forme dite de retable
« à transformation » : les jours liturgiques ordinaires, il est fermé par des volets mobiles peints ; lors des jours de fêtes, l’ouverture de ces derniers dévoile à l’intérieur d’autres scènes peintes ou sculptées.

Suisse
Saint Jérôme et saint Christophe avec donateurs
Peinture sur bois (tilleul), 1516
Dijon, musée des Beaux-Arts
Legs Marie-Henriette Dard, 1916, inv. DA 105 A et B
© Musée des Beaux-Arts de Dijon / François Jay

Lire la peinture

Les pratiques de dévotion du XVe siècle encouragent un rapport direct et émotionnel avec le sacré. L’image s’affirme alors comme l’outil privilégié de la prière. Le fidèle est invité à se représenter mentalement les épisodes de la vie du Christ comme s’il y assistait, notamment ceux de la Passion, afin de compatir à ses souffrances. Le goût pour la narration, l’anecdote, le détail familier et l’expression, particulièrement sensible dans la peinture germanique, sert ces pratiques. Ces scènes racontent, réconfortent et avertissent : la mort est là, qui rôde, il faut s’y préparer à tout âge. Le culte des saints, qui assurent aux fidèles protection et intercession, est également à la source de nombreuses images. Identifiables sur les tableaux grâce aux attributs liés à leur histoire, certains sont vénérés dans toute la chrétienté quand d’autres sont spécifiques à
une région.

Dans l’atelier du peintre

L’atelier d’un artisan dans la cité est, au XVe siècle, à la fois un lieu de création,
de collaboration, de formation et de commerce. Il prend généralement la forme
d’une « boutique », un magasin où sont exposées les oeuvres préalablement
réalisées dans une arrière-salle. En ce qui concerne la peinture sur panneaux de
bois, la maîtrise des différentes étapes de réalisation requiert un apprentissage
de plusieurs années auprès d’un maître. Ce dernier marque de son style
l’ensemble des oeuvres qui sortent de son atelier, auxquelles travaillent
également ses compagnons et apprentis. Son empreinte personnelle se marie
à la reprise de modèles qui circulent par l’intermédiaire de dessins et de
gravures. Plusieurs maîtres peuvent parfois coopérer. Les artistes ne signent
qu’exceptionnellement leurs créations et, aujourd’hui, leur identité est souvent
perdue.

Atelier du Maître d’Attel
(Sigmund Gleismüller ?)
La Flagellation Vers 1490 Peinture sur bois
Marseille, Musée Grobet-Labadié, inv. GL 256
© Ville de Marseille, Dist. RMN-Grand Palais / David Giancatarina

Modèles

La gravure sur bois puis sur cuivre est l’une des grandes conquêtes techniques du XVe siècle : à partir d’une matrice unique, plusieurs centaines d’exemplaires d’une même image peuvent être imprimées sur du papier dont la qualité va croissante. Mobiles, relativement peu onéreuses, ces estampes circulent facilement et sont appréciées par les artistes, qui s’en servent comme des réservoirs de compositions, de personnages et des répertoires de motifs. Elles viennent compléter des recueils de dessins déjà couramment utilisés dans les ateliers. À cette culture visuelle s’ajoutent les oeuvres vues et copiées lors des voyages. Les peintres enrichissent ce fonds de leurs propres inventions, ensuite reprises et adaptées par leurs collaborateurs et successeurs en fonction des besoins.

L’identité de l’artiste

Jusqu’au XVIe siècle, la pratique de la signature est exceptionnelle et l’identité des créateurs n’est généralement pas connue. Dans les archives figurent
des noms, qu’il est parfois possible de mettre en relation avec les tableaux conservés. Néanmoins, le plus souvent, c’est l’analyse stylistique qui permet la
formulation d’hypothèses sur leur auteur. La plupart des peintres demeurent encore anonymes et les historiens de l’art ont effectué, en comparant les
styles, des regroupements d’oeuvres qui ont donné lieu à la création de noms de convention attribués à des maîtres non identifiés (les « maîtres de… »).
Dans certains cas, il est possible de repérer à l’intérieur d’une même composition des différences de « mains », qui sont la trace visible du partage du travail au sein de l’atelier.

Hans Traut
Saint Jean l’Évangéliste
Vers 1490
Peinture sur bois (résineux), brocarts appliqués
Dijon, musée des Beaux-Arts, inv. D 4069
MNR 345 attribué au musée du Louvre par l’Office des
Biens et Intérêts Privés en 1950 ; dépôt de l’État, 1953
© Musée des Beaux-Arts de Dijon / François Jay

Peindre sur bois

Une peinture sur bois est constituée d’un support, fait de plusieurs planches collées l’une à l’autre, et d’une couche picturale. La connaissance de l’essence du bois donne des indices sur le lieu de production de l’oeuvre car l’artiste se fournit souvent localement. Dans l’empire, le chêne prédomine au Nord, le tilleul au Sud, tandis que le sapin et l’épicéa se rencontrent dans les
régions montagneuses, notamment en Bavière et en Autriche. Les artistes ne peignent jamais directement sur ce support. Après un encollage, le peintre étale
une couche de préparation, généralement blanche, composée d’un mélange de craie et de colle. Les feuilles d’or sont ensuite posées sur une sous-couche
rouge (le bol), faite d’argile et d’oxyde de fer.
Sur la préparation blanche, les artistes dessinent à la pierre noire, au fusain, au noir d’os ou de carbone.
Puis, ils appliquent les couleurs, formées d’un liant et de pigments, en général constitués de poudres de minéraux, mais parfois également de colorants
d’origine végétale ou animale. À partir de 1430, le liant le plus usuel dans la peinture germanique est l’huile, mais l’oeuf reste utilisé ponctuellement,
parfois conjointement. La peinture à l’huile, qui sèche lentement, offre la possibilité de travailler par couches successives, de moduler les tons et la transparence à l’aide de glacis ; elle permet également une meilleure
réflexion de la lumière. Des décors en relief moulés, dit « brocarts appliqués », peuvent également être ajoutés pour imiter les étoffes luxueuses. En dernière étape, la peinture est protégée par un vernis qui permet d’unifier la surface, de renforcer les contrastes et la saturation des couleurs.

Questions de style

Au début des années 1430, dans les Pays-Bas du Sud, l’art du Maître de
Flémalle, d’Hubert et Jan van Eyck, et, à la génération suivante, de Rogier van
der Weyden introduit une rupture dans la représentation du réel. Grâce à l’usage savant de l’huile comme liant de la peinture et à l’observation méticuleuse des détails, ils transcrivent une nouvelle vision du monde. Ils inspirent bientôt des artistes actifs à Strasbourg, à Bâle, comme Konrad Witz, ou à Cologne, comme Stephan Lochner. Ces peintres s’intéressent au rendu des matières et imitent des phénomènes optiques tels que la brillance ou la transparence, obtenant de séduisants effets de trompe-l’oeil. Ils restituent des volumes, des textures et des espaces profonds. Certains artistes développent une palette de tons précieux et contrastés. Des foyers et des individualités artistiques émergent dans toutes les régions de l’empire, indépendamment des divisions territoriales politiques.
Ce panneau, avec quinze
autres dispersés dans le
monde, faisait partie du
retable du maître-autel
de l’église de l’abbaye de
Marienfeld, près de Münster.
Le nom du peintre a été
retrouvé
dans les archives.
Son style se
caractérise par des contours
précis et des morphologies
allongées

Johann Koerbecke
La Résurrection du Christ
1456-1457
Peinture sur bois
Avignon, musée Calvet, inv. 834.4.5
© Ville d’Avignon / musée Calvet

Foyers de création

Dans une tentative de caractériser la géographie artistique de la peinture
germanique médiévale, les historiens de l’art des XIXe et XXe siècles ont défini
des « écoles » régionales, déterminées par une uniformité esthétique au sein
d’un territoire. Depuis quelques décennies, cette notion est remise en question
au profit d’une meilleure prise en compte de la réalité des circulations des
oeuvres et des artistes, qui expliquent le brassage des styles. Les collections
françaises, qui font l’objet d’un programme de recherche porté par l’Institut
national d’histoire de l’art, sont représentatives de cette diversité.

Maître de la Légende de sainte Ursule de Cologne
et atelier
L’envoi des ambassadeurs de la cour du roi païen
Entre 1492/93 et 1496/97
Peinture sur toile
Paris, musée du Louvre, inv. RF 969
© 2005 RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi

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Informations pratiques

Musée des Beaux-Arts de Dijon
Place de la Sainte-Chapelle
21000 DIJON
03 80 74 52 09
musees@ville-dijon.fr
musees.dijon.fr
Horaires d’ouverture du musée
Ouvert tous les jours sauf le mardi
du 1er octobre au 31 mai : de 9h30 à 18h
du 1er juin au 30 septembre : de 10h à 18h30
Fermé les 1er janvier, 1er et 8 mai, 14 juillet,
1er et 11 novembre, 25 décembre
Gratuit
Toute l’année, les collections permanentes sont gratuites pour tous.

Détail sur musees.dijon.fr
Gratuité le 1er dimanche de chaque mois
Accessibilité
Le musée des Beaux-Arts est entièrement
accessible aux personnes à mobilité réduite.
Accès au musée
Navette gratuite Divia City,
arrêt Beaux-Arts ou Théâtre
Bus > Liane 6 arrêt Théâtre
Bus > Ligne 11 arrêt St Michel
Parkings : Darcy, Dauphine, Grangier,
Monge, Sainte-Anne

Chefs d’oeuvre de la collection Torlonia

Stature de bouc
Règne de Trajan, début du 2e siècle de notre ère
Marbre blanc

La plus grande collection privée de sculpture antique romaine conservée à ce jour
– celle rassemblée par les princes Torlonia durant la seconde moitié du 19e siècle à Rome – se dévoile au public pour la première fois depuis le milieu du 20e siècle dans une série d’expositions-évènements. Et c’est au Louvre que les marbres Torlonia s’installent pour leur premier séjour hors d’Italie, dans l’écrin restauré qu’offrent les appartements d’été d’Anne d’Autriche, siège des collections permanentes de sculpture antique depuis la fin du 18e siècle et la naissance du musée du Louvre. Jusqu’au 11 novembre 2024
Les collections nationales françaises se prêtent volontiers à un dialogue fécond avec les marbres Torlonia, un dialogue qui interroge l’origine des musées et le goût pour l’Antique, élément fondateur de la culture occidentale.

Cette exposition met en lumière des chefs-d’oeuvre de la sculpture antique et invite à la contemplation de fleurons incontestés de l’art romain, mais également à une plongée aux racines de l’histoire des musées, dans l’Europe des Lumières et du 19e siècle.
Née de l’amour pour la sculpture antique des princes de la famille, héritiers des
pratiques nobiliaires de la Rome des papes, la collection Torlonia entendait, surtout avec l’ouverture du Museo Torlonia dans les années 1870, rivaliser avec les grands musées publics – du Vatican, du Capitole, du Louvre. Cette collection Torlonia, célèbre en Italie, fait l’objet depuis 2020 d’expositions-évènements qui proposent au public la redécouverte d’un ensemble de sculpture grecques et romaine de premier ordre, après la longue éclipse du musée aménagé par Alessandro Torlonia en 1876, fermé au milieu du 20e siècle. Les deux étapes romaine et milanaise, dont le commissariat fut assuré par Salvatore Settis et Carlo Gasparri sous la supervision de la Surintendance spéciale de Rome étaient construites autour d’une histoire à rebours de la collection.

                   Statue de la déesse Hygie assise musée du Louvre

L’exposition parisienne est née du souhait de présenter au public, dans un lieu chargé de l’histoire des musées de sculpture antique, cette collection méconnue en France.
Elle propose une plongée esthétique et archéologique à la découverte des oeuvres exceptionnelles de la collection Torlonia, tout en saisissant l’opportunité d’un dialogue avec les collections du Louvre.

L’exposition au public d’une collection de sculpture antique de très haut niveau
artistique, d’accès confidentiel jusqu’à une date très récente, dans un espace
particulièrement marqué par la tradition palatiale de présentation de la sculpture, d’une signification historique de tout premier plan dans l’histoire des musées constitue ainsi un triple évènement en 2024. Soutenue par une sélection d’oeuvres de qualité exceptionnelle, l’exposition, bâtie avec les chefs-d’oeuvre de la collection Torlonia, porte l’accent sur une présentation des genres emblématiques de la sculpture romaine, et des styles artistiques riches et divers que celle-ci révèle.
Portraits, sculpture funéraire, copies d’originaux grecs fameux, oeuvres au style rétrospectif nourries au classicisme ou à l’archaïsme grecs, figures du thiase et allégories dévoilent un répertoire d’images et de formes qui fait la force de l’art romain. Par ailleurs, un dialogue s’instaure entre deux collections soeurs, en mettant en regard les sculptures du Louvre et celles du musée Torlonia du point de vue de l’histoire des collections.

Le Louvre accueille dans ses murs une collection très peu connue du public car
difficilement accessible depuis plusieurs décennies. Appréciée et célébrée par les spécialistes, elle est considérée comme la plus grande collection privée au monde dans le domaine de la sculpture antique. Elle est pour le Louvre l’occasion de mettre en valeur un lien historique avec les ensembles de sculptures romaines du département des Antiquités grecques, étrusques et romaines. Celles-ci sont en cours de réaménagement et invisibles pour le moment.

La présentation

La collection Torlonia est présentée dans un espace très particulier. La rotonde qui aujourd’hui encore y donne accès forme la charnière entre l’aile Denon,
dans laquelle vous vous trouvez, et l’aile Sully qui débute une salle plus loin.

L’enfilade qui suit est aujourd’hui composée de cinq salles axées vers le sud et la Seine. Elle constitue un des espaces historiques important du Louvre, tout
comme la salle dite « des Empereurs » placée perpendiculairement à leur extrémité. Si ces salles ont été remaniées parfois de manière importante depuis
leur création, elles conservent, pour certaines, une partie de leur décor d’origine et sont un écrin idéal pour les sculptures romaines normalement présentées ici. La restauration des lieux étant à présent achevée, le choix de ces salles décorées par un peintre romain du 17e siècle pour présenter les statues de la collection Torlonia n’est donc certainement pas le fruit du hasard et renoue avec les origines des antiques du Louvre.

L’appartement d’été d’Anne d’Autriche

Les cinq premières salles de l’exposition constituent l’enfilade de l’appartement d’été de la reine Anne d’Autriche, épouse de Louis XIII et mère de Louis XIV. Celle-ci se plaignant de la chaleur épouvantable de son appartement principal placé au rez-dechaussée de l’aile sud du palais et tourné vers le midi, son fils commande à Louis le Vau la construction de ces espaces. L’aménagement est fait entre 1655 et 1658.


L’appartement comporte six salles à l’origine, les deux dernières sont à présent
rassemblée en une seule. Si les cloisonnements ont disparu entre 1798 et 1800, les plafonds des cinq salles peintes par l’artiste romain Giovanni Francesco Romanelli sont conservés. Les sujets sont empruntés à la mythologie, à l’histoire antique ou moderne, à la Bible. Le décor est complété de stucs réalisés par le sculpteur Michel Anguier.


Les fresques de Romanelli constituent un ensemble décoratif du 17e siècle de
première importance. L’artiste a séjourné deux fois à Paris, on lui doit aussi le décor de la galerie Mazarine sur le site Richelieu de la Bibliothèque Nationale de France, un ensemble restauré lui aussi il y a peu de temps.
C’est dans les salles de l’ancien appartement d’été et au rez-de-chaussée de l’aile sud de la cour Carrée que seront présentés, sous le Premier Empire, les plus beaux antiques rassemblés par les agents napoléoniens dans toute l’Europe.

Les portraits

La collection Torlonia abrite essentiellement des oeuvres découvertes à Rome. Elles sont pour beaucoup d’entre elles des copies d’après des oeuvres grecques,
d’autres sont des créations romaines originales et témoignent de l’importance du foyer culturel qu’est Rome à la fin de l’époque républicaine et au début de
l’époque impériale. Il est un domaine dans lequel les sculpteurs romains ont excellé, c’est celui du portrait.

La « fanciulla » de Vulci

Ce portrait de Fanciulla, jeune fille ou fillette, est l’un des chefs-d’oeuvre de la
collection Torlonia et l’un des plus importants portraits datant de la fin de l’époque républicaine, au premier siècle avant notre ère. Sa provenance de Vulci, grande cité d’origine étrusque située à 100 km au nord-ouest de Rome n’est pas certaine mais est souvent proposée. Le buste, fixé à l’origine sur un haut piédestal, montre en effet des influences italo-étrusques importantes dans la précision du travail, l’aspect très métallique de la technique et le grand réalisme des traits.

C’est une toute jeune fille qui est figurée, le regard porté vers le haut, la tête
légèrement tournée. Sa peau lisse et sans défaut contraste avec la ligne très marquée de ses sourcils, son visage reste pourtant calme et réfléchi. Ses yeux étaient à l’origine incrustés et des éléments de métal aujourd’hui perdus lui donnaient un aspect sans doute bien plus animé : des boucles étaient fixées à ses oreilles et des éléments de métal sans doute dorés complétaient sa coiffure particulièrement élaborée qui s’achève en chignon à l’arrière du crâne. L’usage d’éléments rapportés dans des matériaux autres, parfois précieux, est bien connu dans la sculpture antique.
Aucun contexte archéologique connu ne permet de préciser le cadre d’origine de
présentation du buste.

COPIES D’OEUVRES
GRECQUES ET OEUVRES
D’INSPIRATION

Après l’annexion par la République romaine de la Grèce à partir de 146 avant notre ère, un pillage sans précédent dirige vers Rome les chefs d’oeuvre de la
statuaire antique qui ornaient alors sanctuaires et bâtiments publics des villes du monde hellénique. La presque totalité des oeuvres transférées disparaitra par la suite, en particulier de nombreux bronzes monumentaux fondus ou détruits.
Les grandes familles romaines souhaitant décorer villas et jardins avec des oeuvres grecques, une multitude de copies sont réalisées, en général en
marbre. Elles sont travaillées directement en Grèce ou dans des ateliers de Rome. On connait grâce à elles certaines oeuvres disparues car des dizaines de copies romaines de qualité plus ou moins grandes, en sont parfois conservées. L’intérêt de ces oeuvres est qu’elles gardent le souvenir et l’image de chefs-d’oeuvre qui sinon seraient irrémédiablement perdus.

Statue de divinité en péplos dite « Hestia Giustiniani »

Si beaucoup d’oeuvres copiées dans les ateliers romains font référence à des
sculptures d’époque classique ou hellénistique réalisées entre le 5e et le 3e siècle avant notre ère, certaines sont associées à des temps plus anciens, antérieurs au 5e siècle.


C’est de toute évidence le cas pour cette figure de Hestia, déesse grecque du feu sacré et du foyer. La statue de la collection Torlonia est datée du 2e siècle de notre ère et copie un original datant d’environ -470/-460.
Conservée auparavant dans la collection Giustiniani, la figure a connu une grande célébrité parmi les visiteurs étrangers des 17e et 18e siècles, étonnés par le rendu particulier de ses drapés. Le contraste entre la partie supérieure du vêtement, presque lisse mais qui souligne les lignes de la poitrine d’un côté, le lourd plissé monumental du péplos qui couvre les jambes de l’autre, est étonnant. C’est aussi le cas pour l’attitude générale assez figée et austère ainsi que la gestuelle limitée.

                    Buste de satyre ivre, réplique du type Herculanum
                 Début de l’époque impériale
                     Marbre de Dokimeion

STATUES ROMAINES,
RELIEFS ET SARCOPHAGES

Les artistes romains nous ont laissé un grand nombre de reliefs sculptés qui forment un corpus hors norme.
Le décor monumental de certains édifices et le travail de sarcophages ornés constituent un apport essentiel de Rome à l’histoire de l’art antique. Ses répercussions se feront sentir dans l’art occidental jusqu’au 20e siècle.
Constituée à Rome, la collection Torlonia abrite un grand nombre de reliefs plus ou moins fragmentaires

                                    Relief avec scène de boutique
                                      1ere moitié du 2e siècle de notre ère
                                      Marbre de proconèse

mais aussi un groupe impressionnant de sarcophages sculptés qui comptent parmi ses plus grands trésors. Ce sont des reliefs de ce type qui auront une grande influence sur les peintres et les sculpteurs de la première Renaissance.

                                Sarcophage figurant les travaux d’Héraclès

Information pratiques

Musée du Louvre
Présidente-Directrice du musée du Louvre : Laurence des Cars

Horaires
Le musée est ouvert
9h to 18h
lundi, jeudi, samedi et dimanche
9h to 21h
mercredi et vendredi
Fermé
mardi

Métro 1 station Palais Royal musée du Louvre

SECONDARY Matthew Barney

Jusqu'au 8 septembre 2024, à la Fondation Cartier pour l’art contemporain
Commissaire de l’exposition : Juliette Lecorne
Chargée de projets artistiques : Alessia Pascarella

La Fondation Cartier pour l’art contemporain présente la première exposition institutionnelle de Matthew Barney en France depuis plus de 10 ans. Les visiteurs peuvent ainsi découvrir la dernière installation vidéo de
l’artiste américain, intitulée SECONDARY, aux côtés d’oeuvres spécialement créées pour l’occasion. Pour accompagner l’exposition, la Fondation Cartier propose également une programmation exceptionnelle d’événements et de performances.

L’exposition investit l’ensemble des espaces de la Fondation Cartier et présente pour la première fois une sculpture en terre cuite représentant un power rack
[équipement conçu pour la pratique de l’haltérophilie].
Cette oeuvre évoque la chorégraphie matérielle de SECONDARY, dans laquelle le métal, la céramique et le plastique sont manipulés par les interprètes en temps
réel. Ces matériaux suggèrent des qualités de force, d’élasticité, de fragilité et de mémoire, et chacun, à sa manière, incarne un personnage.

L’exposition comprend par ailleurs une sélection des premières oeuvres vidéo de Matthew Barney, intitulées DRAWING RESTRAINT, commencées en 1987 alors qu’il était encore en école d’art. Inspiré par les principes d’entraînement de résistance musculaire, l’artiste imposait des contraintes à son corps pendant qu’il dessinait, exposant ensuite, comme des installations in situ, les dessins et vidéos qui en résultaient, ainsi que les équipements utilisés. Cette série a lancé Matthew Barney dans son exploration des limites du corps et de la relation
entre contrainte et créativité. Il s’agit de l’oeuvre la plus ancienne de l’artiste, qui a notamment jeté les bases de la création de SECONDARY.

À l’occasion de cette exposition, Matthew Barney réalise également DRAWING RESTRAINT 27, la dernière vidéo de sa série éponyme, qu’il filmera dans les espaces de la Fondation Cartier. Cette performance in situ sera réalisée par Raphael Xavier dans le rôle du joueur des Oakland Raiders, Jack Tatum. Elle sera ensuite diffusée dans l’exposition.

SECONDARY

Filmée dans le studio de sculpture de Matthew Barney à Long Island City, New York, aux États-Unis — où elle a été dévoilée pour la première fois au printemps 2023 —, l’installation SECONDARY se compose de cinq vidéos
tournées sur un terrain de football américain reconstitué.
Pendant 60 minutes, onze performeurs — principalement des danseurs aux corps vieillissants, parmi lesquels on retrouve aussi l’artiste — représentent l’action qui se joue sur le terrain.

L’intrigue de SECONDARY gravite autour du souvenir de l’incident survenu lors d’un match de football américain professionnel le 12 août 1978 : un impact violent entre le défenseur des Oakland Raiders, Jack Tatum, et le receveur de l’équipe des New England Patriots, Darryl Stingley, causant la paralysie à vie de ce dernier.
Rediffusé en boucle dans les médias sportifs, cet événement tragique restera gravé dans les esprits des fans de football américain et du jeune Barney, lui-même quarterback débutant à l’époque.

Cette nouvelle oeuvre montre la superposition complexe de la violence réelle et de sa représentation, de même que sa célébration dans l’industrie du divertissement sportif. Elle examine ce jeu et la culture qui lui est associée à travers une sémantique du mouvement développée en collaboration avec les performeurs, le chorégraphe David Thomson et Barney lui-même.

Le résultat est une étude intensément physique et corporelle qui porte sur chaque élément du jeu, des exercices aux rituels d’avant-match en passant par les moments d’impact et leurs replays diffusés au ralenti.

Matthew Barney

Né à San Francisco, en Californie, et ayant grandi à Boise, dans l’Idaho, vit et travaille aujourd’hui à New York. Artiste polymorphe, sa pratique englobe le film, la performance, la sculpture et le dessin.
Il est célèbre pour ses longs métrages
The Cremaster Cycle (1994-2002), River of Fundament (2014) et Redoubt (2019), ainsi que sa série de vidéos
DRAWING RESTRAINT (depuis 1987).
En tant que sculpteur, Barney travaille avec des matériaux tels que la vaseline, le bronze, les polymères contemporains
et, pour la première fois avec SECONDARY, la terre cuite, afin de créer des objets et des installations intrinsèquement liés à son univers cinématographique.
Matthew Barney a présenté des projets d’envergure dans le cadre d’expositions individuelles à la Fondation Cartier pour l’art contemporain (1995), au Guggenheim, New York (2002), au 21st Century Museum of Contemporary
Art, Kanazawa, Japon (2005), au Morgan Library and Museum, New York (2013), au Haus der Kunst, Munich, Allemagne (2014), à la Yale University Art Gallery (2019) et au Schaulager, Bâle, Suisse (2010 et 2021).
Matthew Barney a reçu le prix Aperto à la Biennale de Venise (1993), le Hugo Boss Prize (1996), le Kaiser Ring Award à Goslar, en Allemagne (2007), le Golden Gate Persistence of Vision Award lors de la 54e édition du Film Festival de San Francisco (2011) et a été élu à l’Académie américaine des Arts et des Lettres (2024).

MÉDIATION CULTURELLE

Au plus près de la création contemporaine et des visiteurs de tous horizons
Au coeur du bâtiment iconique de Jean Nouvel, les médiatrices et médiateurs culturels de la Fondation Cartier créent avec les visiteurs un dialogue singulier et continu autour de la création contemporaine. Ces échanges sont nourris par la diversité de leurs parcours, leur enthousiasme et leur connaissance fine des artistes et des thématiques de la programmation. Leur engagement et leur
sensibilité permettent d’offrir aux visiteurs une expérience unique de partage et de transmission.
À l’occasion de l’exposition SECONDARY, Matthew Barney, le programme de médiation culturelle s’étoffe. Les médiatrices et médiateurs culturels accompagnent le public à la découverte de Matthew Barney et de sa dernière installation vidéo.
VISITES TOUT PUBLIC détail ici

Les Soirées Nomades de la Fondation Cartier proposent une programmation spéciale autour de l’exposition, présentant notamment le travail de certains des artistes impliqués dans la réalisation de SECONDARY comme le
compositeur Jonathan Bepler et les performeurs Wally Cardona, David Thomson, Shamar Watt et Raphael Xavier.


                       Jacquelyn Deshchidn
                      Chant de l’hymne national

Elle comprend des premières oeuvres, des compositions musicales et une variété d’oeuvres chorégraphiques couvrant les vocabulaires du mouvement postmoderne, de la danse-contact-improvisation, du krump et du break.
Cette exposition présentée à la Fondation Cartier fait partie d’une série d’expositions autour de SECONDARY programmées en 2024, dont notamment : SECONDARY: object replay à la Gladstone Gallery, New York
(16 mai – 26 juillet) ; SECONDARY: light lens parallax
à Sadie Coles HQ, Londres (24 mai – 27 juillet) ;
SECONDARY: commencement à Regen Projects,
Los Angeles (1er juin – 17 août) ; SECONDARY: object
impact à la Galerie Max Hetzler, Paris (7 juin – 25 juillet).

Ellsworth Kelly. Formes et Couleurs, 1949-2015

A la Fondation Vuitton jusqu'au 9 septembre 2024
L’exposition « Ellsworth Kelly. Formes et Couleurs, 1949-2015 » est présentée dans le cadre de « Ellsworth Kelly at 100 », exposition itinérante organisée par le Glenstone Museum (Potomac, Maryland) où elle s’est tenue jusqu’au 17
mars 2024. L’étape française a notamment été adaptée au regard de l’intervention d’Ellsworth Kelly pour l’Auditorium de la Fondation Louis Vuitton. Après Paris, où Ellsworth Kelly a développé certaines de ses idées les plus radicales en tant que jeune artiste, une nouvelle présentation se tiendra à l’espace M7 de Doha (Qatar), marquant la première exposition de l’oeuvre de l’artiste dans la région.

Célébration

Célébration du centenaire de la naissance de l’artiste, « Ellsworth Kelly. Formes et Couleurs, 1949-2015 » est la première exposition en France à aborder de manière aussi large l’oeuvre de ce créateur essentiel de la seconde moitié du XXe siècle, tant par sa chronologie que par les techniques qu’elle
réunit. Organisée avec le Glenstone Museum (Potomac, Maryland) et en collaboration avec le Ellsworth Kelly Studio, l’exposition regroupe plus d’une centaine de pièces, peintures, sculptures mais aussi dessins, photographies et collages. L’exposition bénéficie de prêts d’institutions internationales (Art Institute of Chicago, Kröller-Müller Museum, Museum of Modern Art, San
Francisco Museum of Modern Art, Tate, Whitney Museum) et de collections privées.

Ellsworth Kelly est considéré comme l’un des plus importants peintres et sculpteurs abstraits américains. S’étendant sur sept décennies, sa carrière est marquée par l’indépendance de son art par rapport à toute école ou mouvement artistique et par sa contribution novatrice à la peinture et à la sculpture du
XXe siècle.

Il s’est inspiré de la nature et du monde qui l’entourait pour créer son style singulier qui a renouvelé l’abstraction aux XXe et XXIe siècles. Dix ans après         sa disparition, ses oeuvres exercent toujours la même fascination, bien au-delà des frontières habituelles de la peinture. La Fondation Louis Vuitton
a la chance d’en témoigner quotidiennement : son Auditorium abrite la dernière commande réalisée par l’artiste de son vivant. Pensée en dialogue avec les volumes de l’architecture de Frank Gehry, elle se déploie du rideau de scène (Spectrum VIII) aux murs de la salle de concert comme relevés et animés par une suite de monochromes rouge, jaune, bleu, vert et violet.
L’exposition « Ellsworth Kelly. Formes et Couleurs, 1949-2015 » retrace l’exploration par l’artiste de la relation entre forme, couleur, ligne et espace à travers des oeuvres-clés issues de périodes charnières de sa carrière.
La diversité des oeuvres, présentées sur deux étages du bâtiment et près de 1500 m2, appelle à se déjouer de la trompeuse simplicité du vocabulaire d’Ellsworth Kelly et à apprécier une oeuvre à la vitalité et la richesse surprenantes.

Souvent monochromes, d’apparence stricte dans leurs lignes, ses travaux ne découlent pas d’un système ou de l’application d’une règle. Ils résultent d’une quête visuelle où formes et couleurs s’accordent avec hédonisme.
Présentée au rez-de-bassin et au rez-de-chaussée de la Fondation, l’exposition comprend près de 100 oeuvres tirées des collections du Glenstone Museum, de la Fondation Louis Vuitton et de grands musées internationaux, notamment le Centre Pompidou, l’Art Institute of Chicago, le Philadelphia Museum of Art, le Kröller-Müller Museum (Pays-Bas), le San Francisco Museum of Modern Art,
la Tate (Londres), le Walker Art Center (Minneapolis) et le Whitney Museum of American Art (New York). Des oeuvres majeures ont également été généreusement mises à disposition par le Ellsworth Kelly Studio et des collections privées.

Les oeuvres exposées couvrent le large éventail des supports utilisés par l’artiste – de la peinture à la sculpture en passant par les oeuvres sur papier, le collage et la photographie. Parmi les oeuvres phares de l’exposition figurent des peintures de jeunesse telles que Tableau Vert (1952, collection Art Institute of Chicago) premier monochrome réalisé après la visite d’Ellsworth Kelly à Giverny,

ou Painting in Three Panels (1956, collection Glenstone Museum), un exemple-clé de l’engagement du peintre vis-à-vis de l’architecture. Ces travaux précoces sont exposés en amont de réalisations issues des séries désormais canoniques Chatham et Spectrum.

Une sélection des dessins de plantes réalisés tout au long de sa carrière occupe une place importante, de même qu’une sélection de photographies rarement exposées et de collages.


Parmi les oeuvres marquantes de l’exposition, citons Yellow Curve (1990), première de la série de peintures au sol à grande échelle d’Ellsworth Kelly, exposée dans un espace conçu sur mesure.


L’installation, qui s’étend sur plus de 60 m2, est la première présentation de Yellow Curve en Europe depuis sa création en 1990 pour une exposition à Portikus, Francfort-sur-le-Main.


Autre travail monumental – cette fois pérenne – la commande réalisée en 2014 par Ellsworth Kelly pour l’Auditorium de la Fondation Louis Vuitton en dialogue avec l’architecture de Frank Gehry.
Intégrée dans l’accrochage, elle sera introduite par une salle documentaire revenant sur ce projet et son inscription dans l’oeuvre de l’artiste.


Informations pratiques

L’Application Fondation Louis Vuitton vous propose des rubriques exclusives pour préparer, pour s’approcher, pour visiter et pour prolonger votre expérience. Découvrez des contenus de visite inédits autour de l’exposition « Matisse, L’Atelier rouge » avec des éclairages des commissaires et des explications approfondies sur les œuvres signalées dans les parcours. Et pour appréhender les œuvres, profitez également des audiodescriptions disponibles dans l’onglet « Approcher ». Disponible en téléchargement gratuit sur l’App Store et sur Google Play

DÉCOUVREZ L’APPLICATION

Réservations
Sur le site : www.fondationlouisvuitton.fr
Horaires d’ouverture
Lundi, mercredi et jeudi de 11h à 20h
Vendredi de 11h à 21h
Nocturne le 1er vendredi du mois jusqu’à 23h
Samedi et dimanche de 10h à 20h
Fermeture le mardi

Accès
Adresse : 8, avenue du Mahatma Gandhi,
Bois de Boulogne, 75116 Paris.
Métro : ligne 1, station Les Sablons,
sortie Fondation Louis Vuitton.
Navette de la Fondation : départ toutes les
20 minutes de la place Charles-de-Gaulle – Etoile,
44 avenue de Friedland 75008 Paris (Service
réservé aux personnes munies d’un billet Fondation
et d’un titre de transport – billet aller-retour de 2€ en
vente sur www.fondationlouisvuitton.fr ou à bord)

Matisse, L’Atelier rouge 

A la Fondation Vuitton jusqu'au 9 septembre 2024
COMMISSARIAT
L’exposition a été conçue par Ann Temkin, conservatrice en chef au MoMA - the Marie- Josée and Henry Kravis Chief Curator of Painting and Sculpture - et Dorthe Aagesen, conservatrice en chef au SMK, avec le concours des Archives Henri Matisse.
Présentation à Paris
Commissaire générale
Suzanne Pagé, Directrice artistique de la Fondation Louis Vuitton
Commissaire associé
François Michaud, assisté de Magdalena Gemra

La Fondation, en collaboration avec le Museum of Modern Art (MoMA), New York, et le SMK – Statens Museum for Kunst, Copenhague (Musée national d’art du Danemark), accueille l’exposition « Matisse, L’Atelier rouge », consacrée à la genèse et à l’histoire de ce célèbre chef-d’oeuvre de 1911, l’une des œuvres emblématiques du MoMA depuis son acquisition en 1949. L’artiste y représente son atelier et les peintures, sculptures et objets décoratifs qu’il contient. L’exposition réunit pour la première fois les œuvres présentes dans L’Atelier rouge depuis qu’elles ont quitté l’atelier de Matisse à Issy-les-Moulineaux. Elle s’enrichit de documents d’archive inédits et d’œuvres éclairant le contexte de création et l’aventure de cette peinture.

« L’Atelier rouge, qui a maintenant plus de cent dix ans, est à la fois un point de repère dans la tradition séculaire des peintures d’atelier et une œuvre fondamentale de l’art moderne. »

Ann Temkin

Le cœur de l’exposition est constitué de L’Atelier rouge et de six peintures, trois sculptures et une céramique reproduites dans le tableau, réalisées entre 1898 et 1911.

Certaines sont célèbres, tel Le Jeune Marin (II) (1906) – est exposé en France pour la première fois depuis trente-et-un ans -, d’autres moins connues, comme La Corse, le vieux moulin (1898) ; d’autres encore ont été identifiées récemment. Trois œuvres appartiennent au SMK- Les Baigneuses (1907), Le Luxe (II) (1907-1908) et Nu à l’écharpe blanche (1909) -, tandis que l’assiette peinte par l’artiste en 1907 figurant à l’avant-plan de L’Atelier rouge provient de la collection du MoMA.

                              L’exposition comprend également des œuvres étroitement liées à L’Atelier rouge, tels La Fenêtre bleue (1913) du MoMA et Grand Intérieur rouge (1948) du Mnam/Centre Pompidou, permettant de restituer le parcours complexe du tableau de Matisse et le contexte de son acquisition par le MoMA. Une riche sélection de documents d’archive et de photographies, dont beaucoup n’ont jamais été publiés ou exposés, éclairent l’histoire de l’oeuvre. Enfin, un film présentera les découvertes les plus récentes sur le processus d’exécution du tableau.


L’Atelier rouge de Matisse représente son environnement de travail à Issy-les-Moulineaux. Le tableau a été peint dans la suite des œuvres commandées par Sergueï Chtchoukine, le plus fidèle et le plus audacieux des premiers mécènes de Matisse. Si Chtchoukine acheta immédiatement L’Atelier rose, il refusa d’acquérir L’Atelier rouge. Le tableau resta en possession de Matisse pendant seize ans. Durant cette période, il fut présenté à la deuxième exposition post-impressionniste de Londres en 1912, puis à l’Armory Show à New York, Chicago et Boston en 1913.

Acquisition

L’Atelier rouge est acquis en 1927 par David Tennant, fondateur à Londres du Gargoyle Club où se croisent aristocrates et artistes. Le tableau demeure dans ce club jusqu’au début des années 1940, avant d’être acheté par Georges Keller, directeur de la galerie Bignou à New York. Enfin, en 1949, L’Atelier rouge entre au MoMA. Commence alors sa seconde vie. À partir de 1949, en effet, les artistes de New York et tous ceux qui sont de passage s’arrêtent devant cette peinture dont la nouveauté radicale est soudain redécouverte. Matisse lui-même est revenu à la fin des années 1940 à ce qui faisait la spécificité de l’oeuvre de 1911: son « abstraction » par la présence obsédante du rouge, en dépit d’une description précise des meubles, tableaux et objets que contenait à l’époque son atelier d’Issy-les-Moulineaux. Il conçoit une nouvelle série de peintures prenant pour sujet l’environnement familier du peintre, notamment le Grand Intérieur rouge de 1948, qui rejoint la collection du Musée national d’art moderne en 1950 après avoir été exposé à New York par son fils Pierre Matisse en février 1949. Cette oeuvre est présente dans l’exposition, permettant d’évoquer l’importance de la peinture de Matisse dans les années d’après-guerre, à Paris comme à New York, et la présence de l’artiste au Mnam
comme au MoMA

Le dialogue entre L’Atelier rouge de 1911 et le Grand Intérieur rouge de 1948 sera particulièrement mis en lumière dans l’exposition de la Fondation, montrant à près de quarante ans de distance la relecture par Matisse de ce tableau précurseur au moment où le travail du peintre connaît à nouveau une profonde mutation.

L’Atelier rouge au laboratoire

Comme son titre l’indique, L’Atelier rouge se définit d’abord par le rouge de Venise qui couvre lamajeure partie de sa surface. Cette caractéristique résulte pourtant d’une décision tardive : Matisse appliqua cette couche de rouge sur une peinture presque achevée à la palette très différente. La précédente version du tableau donnait une vision plus naturaliste de l’atelier, dont le sol et les murs étaient de couleurs différentes et les formes du mobilier plus concrètes. Dans cette vidéo, l’équipe scientifique chargée de la conservation et de la restauration des oeuvres au MoMA analyse l’évolution inattendue de l’œuvre.
(film)

Podcast France culture

Informations pratiques

L’APPLICATION DE VISITE

L’Application Fondation Louis Vuitton vous propose des rubriques exclusives pour préparer, pour s’approcher, pour visiter et pour prolonger votre expérience. Découvrez des contenus de visite inédits autour de l’exposition « Matisse, L’Atelier rouge » avec des éclairages des commissaires et des explications approfondies sur les œuvres signalées dans les parcours. Et pour appréhender les œuvres, profitez également des audiodescriptions disponibles dans l’onglet « Approcher ». Disponible en téléchargement gratuit sur l’App Store et sur Google Play

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Réservations
Sur le site : www.fondationlouisvuitton.fr
Horaires d’ouverture
Lundi, mercredi et jeudi de 11h à 20h
Vendredi de 11h à 21h
Nocturne le 1er vendredi du mois jusqu’à 23h
Samedi et dimanche de 10h à 20h
Fermeture le mardi

Accès
Adresse : 8, avenue du Mahatma Gandhi,
Bois de Boulogne, 75116 Paris.
Métro : ligne 1, station Les Sablons,
sortie Fondation Louis Vuitton.
Navette de la Fondation : départ toutes les
20 minutes de la place Charles-de-Gaulle – Etoile,
44 avenue de Friedland 75008 Paris (Service
réservé aux personnes munies d’un billet Fondation
et d’un titre de transport – billet aller-retour de 2€ en
vente sur www.fondationlouisvuitton.fr ou à bord)

Sommaire du mois de juin 2024

Les trente ans de la Filature

18 juin 2024 : Art Basel Édition 2024
9  juin  2024 : Darra, Zahra, Jabal, Younes Rahmoun
9  juin  2024 : Globus et la Fondation Beyeler annoncent un projet d’art public : Julian Charrière, «Cales for Action  »
5  juin 2024  : Mika Rottenberg. Antimatter Factory

Darra, Zahra, Jabal, Younes Rahmoun

Création graphique d’après l’oeuvre de Younes Rahmoun par le studio Constance+Ismaël

A La Kunsthalle de Mulhouse, jusqu’au 27 octobre 2024

Figure majeure de l’art contemporain au Maroc, Younes Rahmoun présente à La Kunsthalle de Mulhouse un ensemble d’oeuvres qu’il articule autour de l’idée de migration.
Entrer dans l’oeuvre de Younes Rahmoun c’est accepter de regarder en soi et de penser ce que nous sommes. Son engagement se situe dans la pensée, son travail s’inscrit dans une quête de formes humbles et transcendantes. Ses
concepts viennent habiter l’espace d’exposition du centre d’art contemporain pour nous questionner sur la notion de déplacement et interpeller nos facultés d’adaptation. Par le langage métaphorique de l’artiste, l’exposition nous interroge :

comment une graine peut prendre racine dans un sol qui n’est pas sa terre d’origine ?

Ses oeuvres sont faites de figures, de métaphores, de signes.
Il créé à partir de gestes, d’objets de préférences modestes, ceux qu’il trouve à portée de main, dans ses espaces de vie et de culture, les gestes qu’il observe ou pratique depuis toujours, les objets qu’il trouve près de chez lui, dans la
médina de Tétouan ou dans les montagnes du Riff. Prélevés et extraits du quotidien, ils deviennent son alphabet à partir du moment où il les isole, les transcende et les investi de sa conception du monde.

                           Younes Rahmoun, Hajar-Dahab (Pierre-Or), 2022.
                           Courtesy de l’artiste et de la galerie Imane Farès.

Darra – L’atome

L’atome est la plus petite partie d’un corps qui ne se décèle pas à l’oeil nu mais que l’on considère dans l’organisation de la matière. Représenté par un cercle, il incarne une forme de perfection et d’absolu. Il s’installe à l’extrémité inférieure
des valeurs et représente une limite en-deçà de laquelle on pressent une infinité insaisissable.

Zahra – La fleur

Au stade de la fleur, la graine a quitté l’obscurité et l’isolement, en sortant de terre, elle a franchi la ligne de visibilité.
Confrontée au monde, elle cherche sa place parmi les autres et apprend à composer dans un jeu aux règles plurielles.
Elle reçoit, donne, partage, compose avec la diversité et la multiplicité. La fleur est séduisante, unique mais elle est aussi fragile parce qu’elle ne vit qu’un temps avant de céder sa place au fruit qu’elle devance.

Jabal – La montagne

La montagne représente la force et l’immuable. Elle est à la fois le terreau et l’épicentre d’une vie. Repère visuel et symbolique, elle apporte de la stabilité et renvoie aux origines d’un peuple ou d’un individu. Elle accueille aussi bien les hommes que la végétation, elle les abrite et les fertilise.

A propos de l’artiste

Younes Rahmoun est un artiste marocain, né en 1975 à Tétouan
où il vit et travaille toujours actuellement. Il est l’un des artistes
nord-africains de sa génération les plus exposés. Formé à l’école
d’art de Tétouan par Faouzi Laatiris, Younes Rahmoun fait partie des premiers artistes à recevoir un enseignement formel en art contemporain au Maroc.
Younes Rahmoun s’exprime à travers de multiples supports :
installation, sculpture, dessin, vidéo, photographie… Son travail
épuré est empreint de spiritualité et invite à la contemplation. Il fait dialoguer des formes symboliques universelles agencées en série, que l’on retrouve, entre autres, dans l’art islamique, avec des technologies contemporaines.
Partir de soi, de sa culture, d’un quotidien pour interroger l’universel et créer ainsi un dialogue en constante évolution semble être la racine de cette oeuvre florissante.
Parmi ses expositions récentes, on peut citer Little Worlds, Complex Structures, VCUarts – Virginia Commonwealth University School of the Arts in Qatar (2018), De la mer à l’océan, L’appartement 22, Rabat (2016). Son travail a été montré récemment au Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía (Madrid), au Palais de Tokyo (Paris), au Tripostal (Lille), au Victoria & Albert Museum (Londres), à L’heure rouge, Biennale de Dakar (2018) et à Viva Arte Viva, la 57e Biennale de Venise (2017). Il est représenté par la Galerie Imane Farès à Paris.

Informations pratiques

Adresse
La Kunsthalle Mulhouse
La Fonderie, 2ème étage, entrée par le parvis
Horaires
mercredi, jeudi, vendredi 12h – 18h
samedi et dimanche 14h – 18h
Pendant Art Basel, du 11 au 14 juin,
ouverture exceptionnelle de 10h à 18h
fermeture le 15 août
Entrée libre et gratuite
KUNSTAPERO
jeu 27.06 – 18h30-20h30

VISITE COMMENTEE
sam 29.06 – 16h