When We See Us Un siècle de peinture figurative panafricaine

La fête d’anniversaire – Esiri Erheriene-Essi
transfert d’huile, d’encre et de Xerox sur lin 2021
ID d’objet: 76912
Transfert de pétrole, d’encre et de Xerox sur le linge
150 x 200 cm

Du 25.5. au 27.10.2024, Kunstmuseum Basel | Gegenwart
Commissaires : Koyo Kouoh et Tandazani Dhlakama (Zeitz MOCAA, Le Cap)

Adaptée pour le Kunstmuseum Basel en collaboration avec : Anita Haldemann, Maja Wismer, Daniel Kurjakovic

Avec l’exposition When We See Us, le Kunstmuseum Basel présente un kaléidoscope qui raconte un siècle de peinture figurative noire. Il s’agit d’une reprise de l’exposition organisée au Zeitz Museum of Contemporary Art of Africa au Cap. Installée dans les espaces du Gegenwart, elle réunit plus de 150 peintures d’environ 120 artistes, jamais exposées en Suisse pour la plupart, et apporte un éclairage sur la puissance et la dimension politique de la
« Black Joy ».

Le titre de l’exposition s’inspire de la mini-série de Netflix When They See Us  (Dans leur regard, 2019). La réalisatrice afro-américaine Ava DuVernay y aborde la manière dont des Blancs perçoivent indifféremment de jeunes Noirs innocents comme de potentiels criminels constituant une menace. En remplaçant « They » par « We », l’exposition opère un changement de perspective et offre ainsi un espace aux artistes pour montrer la manière dont il voient leur condition. Elle accorde une place centrale à leur perception propre et révèle comment la vie des Noirs ne cessa d’être représentée par d’autres de manière biaisée et fausse.

When We See Us est le résultat de recherches approfondies menées par Koyo Kouoh, directrice et cheffe curatrice du Zeitz MOCAA au Cap, et son équipe. De novembre 2022 à septembre 2023, ce musée dédié à l’art contemporain africain le plus grand au monde a présenté cette vaste exposition. Celle-ci est représentative d’une nouvelle perception de soi et de l’autodétermination d’artistes noir.e.s qui, après des siècles de domination par le canon artistique blanc, écrivent leur propre histoire de l’art. Au Kunstmuseum Basel, elle succède à une série d’expositions monographiques consacrées à des artistes afro-
américain.e.s : Theaster Gates, Sam Gilliam, Kara Walker et dernièrement Carrie Mae Weems. Ces expositions et bien d’autres explorent la « Blackness » dans le monde, notamment au regard des traumatismes et des aspects du colonialisme.

D’après les commissaires Koyo Kouoh et Tandazani Dhlakama, When We See Us se concentre quant à elle sur le quotidien ainsi que sur la « puissance de la joie », éliminant ainsi les stéréotypes liés au racisme, à la violence ou aux crises. L’exposition s’attache à proposer aux individus un nouvel angle de vue tour à tour solennel, puissant et digne :
« Il faut que nous parlions beaucoup plus de nous-mêmes, d’une manière qui stimule notre esprit » disent-elles.

Six sections du quotidien

Plus de cent cinquante oeuvres d’art sont réparties en six chapitres
d’exposition : Triomphe et émancipation, Sensualité, Spiritualité, Le quotidien, Joie et allégresse et Repos. Les salles ne sont pas aménagées de manière chronologique, ni selon le pays d’origine ou le lieu de travail des artistes.
La déclinaison en des thèmes universels indique également pour la première fois que les artistes ont travaillé aux mêmes thématiques à différents endroits en Afrique et au sein de la diaspora africaine. Ainsi, des parallèles iconographiques s’esquissent entre les oeuvres de Romare Bearden (1911–1988), artiste afro-américain, et de George Pemba (Afrique du Sud, 1912–2001), ou entre le Congolais Chéri Samba (*1956) et l’Afro-Américain Barkley L. Hendricks (1945–2017).
When We See Us occupe l’ensemble des espaces du Kunstmuseum Basel | Gegenwart. Comme au Zeitz MOCAA, Ilze Wolff, associée de l’agence Wolff Architects au Cap, a été chargée de la scénographie, tandis que le musicien Neo Muyanga a conçu les stations sonores. Une frise chronologique précise le contexte de création des oeuvres exposées et un audioguide adapté pour le Kunstmuseum Basel fournit des informations sur les oeuvres.
Le programme qui accompagne l’exposition met en avant différentes voix noires à travers la musique, la littérature, des ateliers, des visites guidées, des groupes de discussion et des événements universitaires. Au rez-de-chaussée, une salle spécialement conçue pour accueillir ce programme sert de lounge public ainsi que de lieu de rassemblement et d’événements pour les ateliers, séminaires, concerts et autres.

« When We See Us », Ausstellungsansicht Kunstmuseum Basel | Gegenwart

Chapitres d’exposition et liste des artistes

Triomphe et émancipation

Le sentiment de fierté envers sa propre histoire et ses réussites malgré l’adversité et une oppression longue de plusieurs siècles figure au coeur de ce chapitre. Au rez-de-chaussée du musée, les visiteur.euse.s croisent des icônes mondialement connues, à l’instar du tableau de Chéri Chérin Obama Revolution (2009),

sur un pied d’égalité avec des figures certes anonymes, mais fortes, comme dans le Portrait of a Sudanese Gentleman (1951) d’Ibrahim El-Salahi.

Les personnes représentées s’occupent des biens culturels des ancêtres ou sont des hommes et des femmes politiques engagés et des individus ayant obtenu le succès et la reconnaissance sociale.
Artistes : Benny Andrews, Margaret Taylor Burroughs, Chéri Chérin, Kudzanai Chiurai, Aboubacar Diané, Ibrahim El-Salahi, Ben Enwonwu, Gherdai Hassell, Wifredo Lam, Akinola Lasekan, Mustafa Maluka, Eria Nsubuga ‘Sane’, Augustin Okoye, George Pemba, Chéri Samba, Mmapula Mmakgabo Helen Sebidi, Gerard Sekoto, Amy Sherald, Katlego Tlabela, Cyprien Tokoudagba

Sensualité

 Le modèle noir, d’après Félix Vallotton
 Roméo Mivekannin 2019
 Peinture acrylique sur nappes 251 x 254 cm
Copyright : © 2024, ProLitteris, Zurich
Creditline : Courtesy of Jochen Zeitz Collection
Crédit photo : Gina Folly

Sensualité présente des corps noirs de manière intime et avec aplomb comme ne l’avait guère permis le canon visuel occidental. Le modèle noir, d’après Félix Vallotton (2019) de Roméo Mivekannin fait directement écho à ce canon, de même que Reclining Nude with Lemon (2021) de Sahara Longe. Ce chapitre montre toute la palette de la sensualité, de l’amour et des relations intimes. L’ensemble des oeuvres ont en commun l’autodétermination des protagonistes.
Artistes : Nina Chanel Abney, Olusegun Adejumo, Tunji Adeniyi-Jones, Maxwell Alexandre, Tiffany Alfonseca, Dominic Chambers, Somaya Critchlow, Njideka Akunyili Crosby, Elladj Lincy Deloumeaux, Aboubacar Diané, Ibrahima Kébé, Yoyo Lander, Sahara Longe, Danielle McKinney, Roméo Mivekannin, Moké, Geoffrey Mukasa, Chris Ofili, Kambui Olujimi, Tschabalala Self, Monsengo Shula, Mickalene Thomas, Bob Thompson, Kehinde Wiley

« When We See Us », Ausstellungsansicht Kunstmuseum Basel | Gegenwart


Spiritualité
Selon les commissaires de l’exposition, il est difficile d’imaginer un quotidien noir sans spiritualité. Cette section représente le « triple héritage » décrit par l’écrivain kenyan et américain Ali Mazrui (1933-2014) dans son livre The Africans: A Triple Heritage : la « Black Life » perméable aux rituels et traditions locales, islamiques et chrétiennes. Les oeuvres présentées ici montrent une spiritualité vivante, à l’instar de Genesis Creation (1989) de Jacob Lawrence et The Dumb Oracle (2019) de Michael Armitage.
Artistes : Michael Armitage, Gerard Bhengu, Wilson Bigaud, Edouard Duval-Carrié, Aaron Douglas, Scherezade García, Jacob Lawrence, Cassi Namoda, Malangatana Ngwenya, Kambui Olujimi, Emma Pap’, Naudline Pierre, Prosper Pierre-Louis, María Magdalena Campos Pons, Cinga Samson, Gerard Sekoto, Devan Shimoyama, Alex Shyngle, Sthembiso Sibisi, Olivier Souffrant, Pamela Phatsimo Sunstrum, Nirit Takele

The Dumb Oracle (2019) de Michael Armitage


Le quotidien
Des tableaux à l’instar de Boy with a Toy Plane (1938) d’Aaron Douglas, The Reader (1939) de William H. Johnson, Gisting in the Kitchen (2018) de Joy Labinjo ou encore l’affiche publicitaire de Johnny Arts pour Ozor International Barber also Specialist in Hair Dying and Shamporing (1962) montrent la beauté de la vie quotidienne. Ce chapitre présente des scènes de la vie publique et privée avec des moments de joie ou de contemplation, que ce soit au sein de la famille ou de la communauté, à l’occasion de jeux, à l’école, lors du portage de l’eau ou de la réalisation de tresses.
Artistes : Johnny Arts, Malang Badji, Romare Bearden, Aaron Douglas, Gervais Emmanuel Ducasse, Ben Enwonwu, Ablade Glover, Gavin Janties, William H. Johnson, , Kangudia, Ibrahima Kébé, Joy Labinjo, Petson Lombe, Marvelous Mangena, Luis Meque, Moké, Meleko Mokgosi, Richard Mudariki, Theresa Mungure, Lavar Munroe, Chemu Ng’ok, Nicholous Njau, Boris Nzebo, Antoine Obin, Télémaque Obin, Bruce Onobrakpeya, George Pemba, Horace Pippin, Kingsley Sambo, Gerard Sekoto, Ancent Soi, Moustapha Souley, Edward Saidi Tingatinga, Zandile Tshabalala, Sane Wadu, Richard Witikani

2002.2.30
Aaron Douglas
Boy with a Toy Plane
Oil on canvas
1938
22 ? x 17
Documented on 2/02/11 in Jen Library at Savannah College of Art and Design.


Joie et allégresse
Cette section est consacrée aux moments d’allégresse et de loisir : d’après les commissaires, il reste toujours du temps pour une chanson ou une danse. Dans The Birthday Party (2021) d’Esiri Erheriene-Essi, on chante pour Steve Biko ; dans Un mardi de Carnaval (1960) de Philomé Obin, on participe aux célébrations au sein d’un défilé ; dans Jazz Rhapsody (1982) de Romare Bearden, on écoute les rythmes musicaux.

Artistes : Romare Bearden, Esiri Erheriene-Essi, Barkley L. Hendricks, Clementine Hunter, Jacob Lawrence, Arjan Martins, Moké, Cinthia Sifa Mulanga, Eric Ndlovu, Nicholous Njau, Nestor Vuza Ntoko, Philomé Obin, George Pemba, Chéri Samba, Matundu Tanda, Katlego Tlabela, Charles White

Repos
Le troisième étage du Gegenwart réserve une place aux moments de repos, équivalents à ceux d’allégresse. Ici, on s’étire dans un canapé dans Sundials and Sonnets (2019) de Wangari Mathenge,

on se promène dans la campagne dans Surveying the Family Seat (2017) de Toyin Ojih Odutola ou bien on savoure simplement le calme assis sur une chaise comme dans An evening in Mazowe (2019) de Kudzanai-Violet Hwami. Partout, des personnes détendues, seules ou dans une atmosphère familière.
Artistes : Cornelius Annor, Gideon Appah, Firelei Báez, Amoako Boafo, Beauford Delaney, Kudzanai-Violet Hwami, Wangari Mathenge, Neo Matloga, Sungi Mlengeya, Ian Mwesiga, Thenjiwe Niki Nkosi, Toyin Ojih Odutola, Eniwaye Oluwaseyi, Marc Padeu, Zéh Palito, Otis Kwame Kye Quaicoe, Henry Taylor, Zandile Tshabalala, Kehinde Wiley, Lynette Yiadom-Boakye

« When We See Us », Ausstellungsansicht Kunstmuseum Basel | Gegenwart
Le Kunstmuseum remercie Kadiatou Diallo, Sindi-Leigh McBride et Lorena Rizzo du Centre d'études africaines de l'Université de Bâle pour leur regard critique sur l'adaptation de l'exposition au Kunstmuseum de Bâle.

À propos des commissaires
Koyo Kouoh
Depuis 2019, Koyo Kouoh est directrice et cheffe curatrice du Zeitz Museum of Contemporary Art Africa (Zeitz MOCAA) au Cap. Elle a grandi en Suisse puis s’est installée à Dakar, au Sénégal, dans les années 1990, où elle a fondé le RAW Material Company, un centre pour l’art, le savoir et la société en 2008. Elle en fut également la directrice artistique. Avant et parallèlement à cela, elle a organisé et assuré le commissariat d’expositions majeures et de biennales dans le monde entier (notamment Ataraxia au Salon Suisse de la Biennale de Venise en 2017). Koyo Kouoh a beaucoup publié sur la portée internationale de la communauté artistique panafricaine. En 2020, elle a reçu le Prix Meret Oppenheim et a été reconnue comme l’une des personnalités les plus importantes et influentes du monde artistique. En tant que curatrice et critique ainsi que fondatrice d’institutions culturelles, elle a proposé de nouvelles formes de médiation et a fortement contribué à porter l’art africain sur la scène internationale.
Tandazani Dhlakama
Née au Zimbabwe, Tandazani Dhlakama travaille depuis 2017 au Zeitz MOCAA comme curatrice et dans le domaine de la médiation artistique. Auparavant, elle a travaillé à la National Gallery of Zimbabwe et occupé différentes fonctions lors d’expositions, de conférences et de biennales en Afrique. Tandazani Dhlakama possède un master en Art Gallery and Museum Studies de l’université de Leeds au Royaume-Uni (2015) et un bachelor en Beaux-Arts et Sciences Politiques de l’université St. Lawrence de New York aux États-Unis (2011). Dernièrement, elle a assuré le commissariat de Witness: Afro Perspectives from the Jorge M. Pérez Collection à El Espacio 23 de Miami – une exposition consacrée à l’oppression systématique, aux traumatismes intergénérationnels, aux nouvelles visions du monde, à l’identité et au territoire.

Informations pratiques
Lu fermé
Ma–Di 11 h00–18h00

Kunstmuseum Basel | Gegenwart,
 St. Alban-Rheinweg 60, 4010 Basel

Kunstmuseum Basel
St. Alban-Graben 8
CH-4010 Basel
Tel. +41 61 206 62 62
info@kunstmuseumbasel.ch

Dance with Daemons

Du 19 mai au 11 août 2024 à la Fondation Beyeler

Pour la première fois au cours des plus de 25 ans d’histoire de la Fondation Beyeler, l’ensemble du musée et son parc environnant seront transformés en un lieu d’exposition expérimental d’art contemporain.
Organisée par la Fondation Beyeler en partenariat avec LUMA Foundation, la manifestation réunira le travail de 30 artistes issu·e·s de différents horizons et disciplines, dont Michael Armitage, Anne Boyer, Federico Campagna, Ia Cheng, Chuquimamani-Condori et Joshua Chuquimia Crampton, Marlene Dumas, Frida Escobedo, Peter Fischli, Cyprien Gaillard avec Victor Man, Dominique Gonzalez-Foerster, Wade Guyton, Carsten Höller avec Adam Haar, Pierre Huyghe, Arthur Jafa, Koo Jeong A, Dozie Kanu, Cildo Meireles, Jota Mombaça, Fujiko Nakaya, Alice Notley, Precious Okoyomon, Philippe Parreno,
Rachel Rose, Tino Sehgal, Rirkrit Tiravanija et Adrián Villar Rojas, Félix González-Torres

Les développeurs

Développée par Sam Keller, Mouna Mekouar, Isabela Mora, Hans Ulrich Obrist, Precious Okoyomon, Philippe Parreno et Tino Sehgal en étroite collaboration avec les participants et participantes, l’exposition vise à stimuler la liberté artistique, l’échange interdisciplinaire et la responsabilité collective. L’approche, telle que formulée par Philippe Parreno et Precious Okoyomon, reconnait :

                                                          Félix González-Torres

« les complexités et les incertitudes inhérentes au rapprochement des artistes, mais considère également ces enchevêtrements comme faisant partie intégrante du processus de création ».

L’exposition est donc envisagée comme

« une proposition dynamique plutôt que statique, un projet ontologique évolutif qui reflète la complexité et la diversité inhérentes à la réunion sous un même toit de voix artistiques distinctes ».

Conçue comme un organisme vivant qui change et se transforme, l’exposition a été développée par un nombre croissant de personnes, qui ont apporté leur réflexion sur toutes les étapes de la réalisation de l’exposition, depuis sa
conception, son élaboration et sa production jusqu’à sa création et sa présentation. En particulier, Tino Sehgal a été invité à créer des éléments d’exposition transformateurs pour la présentation générale, notamment pour les oeuvres de la collection.
NB : (même pendant la présentation à la presse, on a pu voir des modifications
dans l’accrochage)

Evénements collectifs variés

À l’instar d’événements collectifs tels que « Il Tempo del Postino » (organisé par Art Basel, la Fondation Beyeler et Theater Basel avec le soutien de LUMA Foundation et commandé par le Festival international de Manchester et le Théâtre du Châtelet, à Paris) et « To the Moon via the Beach »
(commandé et produit par LUMA Foundation), le projet trace des parcours plutôt que des filiations strictes.
Tout comme l’exposition et l’expérience elle-même, le titre de cette manifestation d’été est proposé par les participants et participantes et change périodiquement.

Parmi les intervenants et intervenantes, on compte des artistes, des poètes et poétesses, des architectes, et designeuses, des musiciens et musiciennes, des compositeurs et compositrices, des philosophes et des scientifiques. Toutes et tous ont été accueilli·e·s pour transformer le site de la Fondation Beyeler,
s’étendant à travers les galeries et le foyer aux espaces annexes, comme la billetterie, le vestiaire ou la boutique, au jardin d’hiver, aux terrasses et au parc. Le public pourra redécouvrir de façon inattendue les espaces de galerie existants, mais aussi explorer des espaces qui ne lui sont pas familiers. En arrivant à des moments différents, les visiteurs et visiteuses profiteront d’expériences différentes dans les mêmes espaces. Plusieurs temporalités se chevaucheront à travers des expositions, des espaces sociaux, des spectacles, des concerts, des lectures de poèmes, des conférences et des activités communautaires, encourageant les visites multiples en offrant des billets de retour. L’architecture en labyrinthe invitera à explorer la performance de différentes manières.

Les oeuvres

Les liens et les interrelations entre les oeuvres individuelles se développent en dialogue étroit avec les artistes. Cet échange s’étend également aux oeuvres de la propre collection de la Fondation Beyeler, qui est mise à la disposition des artistes en tant que ressource et fait partie intégrante de l’exposition.
Parallèlement aux projets artistiques temporaires, des oeuvres d’artistes tels que Louise Bourgeois, Paul Klee, Claude Monet et Vincent Van Gogh seront exposées.

Alors que la première manifestation de ce projet collectif sera montrée cet été à Riehen/Bâle, en Suisse, l’exposition collective interdisciplinaire évoluera et se transformera comme un organisme vivant, et les prochains événements seront présentés sous une autre forme à Arles et dans d’autres sites LUMA.

LIT DE RÊVE

Carsten Höller (*1961) avec Adam Haar (*1992)
Chambre d’hôtel de rêve 1 : Rêver de voler avec des agarics de mouche volante, 2024

Pendant l’exposition, les visiteurs peuvent dormir dans la chambre d’hôtel de rêve 1 . Pendant les heures d’ouverture du musée, les plages horaires sont fixées à 60 minutes par personne. Le prix est inclus dans le billet d’entrée. Les créneaux ne peuvent pas être réservés à l’avance : les inscriptions se font sur place au musée selon les disponibilités. Une fois par semaine, il est possible de passer la nuit entière du vendredi au samedi dans le « Dream Bed ». L’expérience dure de 20h à 8h et ne peut être réservée qu’en ligne. Afin de rendre cette soirée au musée abordable pour tous les budgets, les prix varieront. Le personnel de sécurité du musée fournira des draps propres.

Le « Dream Bed » est un robot qui se déplace pendant le sommeil du visiteur. Les rêves sont détectés via des capteurs intégrés au matelas, qui mesurent la fréquence cardiaque, la respiration et les mouvements. Ces lectures ne sont pas enregistrées. Les différentes phases de sommeil et intensités de rêve sont synchronisées avec les mouvements du lit. Au fur et à mesure que le visiteur s’endort et se réveille, une reproduction d’un champignon rougeoyant tourne au-dessus du lit.

Les billets pour la nuitée dans le «Dream Bed» peuvent être trouvés ici .

Informations Pratiques

Fondation Beyeler
La Fondation Beyeler à Riehen près de Bâle est réputée à l’international pour ses expositions de grande qualité, sa collection d’art moderne et d’art contemporain de premier plan, ainsi que son ambitieux programme de manifestations. Conçu par Renzo Piano, le bâtiment du musée est situé dans le cadre idyllique d’un parc aux arbres vénérables et aux bassins de nymphéas. Le musée bénéficie d’une situation unique, au coeur d’une zone récréative de proximité avec vue sur des champs, des pâturages et des vignes, proche des contreforts de la Forêt-Noire. La Fondation Beyeler procède avec l’architecte suisse Peter Zumthor à la construction d’un nouveau bâtiment dans le parc adjacent, renforçant ainsi encore l’alliance harmonieuse entre art, architecture et nature. www.fondationbeyeler.ch
LUMA Foundation
LUMA Foundation a été créée en 2004 par Maja Hoffmann à Zurich, en Suisse, afin de soutenir la création artistique dans les domaines des arts visuels, de la photographie, de l’édition, des films documentaires et du multimédia. Considérée comme un outil de production pour les multiples initiatives lancées par Maja Hoffmann, LUMA Foundation produit, soutient et finance des projets artistiques qui visent à approfondir la compréhension des questions liées à l’environnement, aux droits de la personne, à l’éducation et à la culture. www.luma.org; www.westbau.com

Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler

tous les jours 10h00–18h00, le mercredi jusqu’à 20h00
accès
depuis la gare SBB, prendre le Tram 1 ou le 2, jusqu’à Messeplatz
puis prendre le  tram 6 jusqu’à l’arrêt la Fondation

Couleur, Gloire et Beauté

Martin Schongauer (Colmar, vers 1445 – Breisach, 1491), Retable d’Orlier

L’exposition Couleur, Gloire et Beauté présentée au Musée Unterlinden au printemps-été 2024 est le volet colmarien de l’ambitieux projet
« Peintures germaniques des collections françaises (1370-1550) »
mené en partenariat avec l’Institut National d’Histoire de l’Art (INHA),
le Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon et le Musée
des Beaux-Arts de Dijon. Décliné sous la forme d’une exposition en trois volets, ce projet résulte du programme de recherche REPEG (Répertoire des
peintures germaniques) mené par l’INHA depuis 2019.
Visible du 4 mai au 23 septembre 2024


Commissariat d’exposition
Commissariat scientifique
• Isabelle Dubois-Brinkmann, conservatrice en chef du patrimoine, et Aude Briau, doctorante en histoire de l’art (EPHE, PSL / Université d’Heidelberg), chargée d’études et de recherche à l’INHA.
À Colmar :
Camille Broucke, conservatrice du patrimoine chargée des collections d’art ancien, directrice du Musée Unterlinden de Colmar.
Magali Haas, documentaliste scientifique, chargée des collections d’arts graphiques au Musée Unterlinden de Colmar.

Le projet

Ce projet est l’aboutissement d’un programme de recherche mené par l’Institut national d’histoire de l’art depuis 2019, qui a permis de recenser près de 500 oeuvres présentes sur le territoire national et produites dans les régions germanophones du Saint Empire romain germanique pendant le Moyen Âge
et la Renaissance. Ce travail a consisté en une étude matérielle des peintures sur place, des collectes documentaires et bibliographiques systématiques et des recherches sur les attributions.

Avec des prêts issus de musées parisiens (le musée du Louvre, le musée des Arts Décoratifs, le musée de Cluny…), de musées en région (Orléans, Lyon, Roanne, Marseille, Agen, Grenoble, Moulins, Lille…) et d’églises (Luemschwiller, Marckolsheim, Weyersheim…), chacun des trois musées accueillant un des
trois volets de l’exposition propose ainsi un axe en lien avec ses propres collections et les spécificités culturelles et historiques de son territoire.

A Colmar

La collection de peintures anciennes du Musée Unterlinden émane principalement de l’art à Colmar durant les derniers siècles du Moyen Âge. L’exposition permet, grâce à des prêts généreux provenant de musées et d’églises, de l’inscrire dans le cadre géographique plus large du Rhin supérieur : ce territoire, qui correspond plus ou moins à l’actuelle Alsace, s’étend de part et d’autre du Rhin, des Vosges à la Forêt Noire, et de Strasbourg au Nord à Bâle au Sud ; il abrite des villes riches, au grand dynamisme économique, qui sont autant de grands centres de production artistique : Bâle, Colmar,
Fribourg-en-Brisgau et Strasbourg.

Au niveau de la tribune de la chapelle, un focus est proposé sur la restauration du Retable d’Issenheim (2018-2022) et sur la manière dont elle a permis de
mieux apprécier et comprendre ses exceptionnels panneaux peints et sculptures.

Le volet colmarien de l’exposition s’attache tout d’abord à répondre aux nombreuses questions que les visiteurs d’aujourd’hui peuvent se poser face à de telles oeuvres : comment étaient-elles réalisées aux 15e et 16e siècles ? Quelles fonctions avaient ces peintures considérées aujourd’hui comme des
oeuvres d’art ? Quelle était la nature des relations entre les peintres et leurs commanditaires ? Il invite ensuite ses visiteurs à une exploration stylistique, cherchant à leur faire saisir les spécificités de chaque centre de production, voire de chaque atelier, et les changements qui s’opèrent au fil du temps
dans les goûts des commanditaires et les propositions des artistes.

Un parcours qui livre des clés de compréhension

Le préambule « Comment ? Matériaux et techniques », présente les modalités de création et de restauration des oeuvres. Une première salle, dédiée aux panneaux peints en tant qu’objets, met en évidence les matériaux utilisés par les artistes et les techniques employées.
Le choix de l’essences de bois, la préparation du panneau, la constitution de la couche picturale et l’application de l’or sont ainsi présentés à travers l’exposition de deux panneaux de retable :
• une oeuvre principale, Les Deux rencontres du Christ et de saint Pierre (église Saint-Michel, Weyersheim), autour de laquelle est explicité l’ensemble
du processus

• une secondaire, Le Martyre d’un saint (Musée Unterlinden, Colmar), proposant un focus sur sa restauration et les éléments que celle-ci a
apporté sur l’identification de l’oeuvre et son appartenance à un retable.

Pour quoi faire ? Les fonctions des peintures

Présenté dans la salle d’exposition temporaire, ce premier chapitre dévoile les différentes fonctions et usages des peintures. Principalement religieuses, celles-ci se présentaient sous la forme de retables monumentaux dans les
églises mais aussi sous la forme d’oeuvres de plus petit format destinées à une dévotion personnelle dans les monastères et chez les laïcs.
Des retables monumentaux
Le retable germanique à la fin du Moyen Âge
Le terme « retable » désigne une oeuvre peinte ou sculptée (ou les deux) qui se dresse sur l’autel ou à l’arrière de celui-ci. Caractéristiques de l’Europe
chrétienne, les premiers retables conservés datent du 12e siècle. Il n’y a pas d’explication univoque à l’apparition de ce type de mobilier liturgique,
phénomène large et multiforme. Ce qui est indéniable cependant, dans toutes les hypothèses proposées par les historiens et les historiens d’art, c’est
l’importance du rôle des images : un retable est toujours doté d’images et souvent d’images complexes. Elles reflètent et amplifient les significations de la liturgie ; le retable contribue à la véritable mise en scène des
cérémonies religieuses.

Des images pour la dévotion personnelle
Des oeuvres peintes sans l’intermédiaire de l’ Église
La religion joue un rôle encore très important à la fin du Moyen Âge. Elle est au coeur de la vie des hommes et des femmes de cette époque et rythme leur quotidien.
Après les épreuves subies par les populations dans les décennies précédentes (guerres, famines, épidémies), l’Église offre un cadre rassurant où chacun peut trouver une consolation grâce au Christ, à la Vierge et aux saints.
Ces figures servent d’intermédiaire entre les fidèles et Dieu. Cependant, l’Église est également victime de son succès : elle peine à répondre à l’enthousiasme des laïcs les plus exigeants et les plus aisés. Ces derniers aspirent à une foi plus intime et à un rapport direct avec le divin.

                                           Retable de la Vierge

Pour quoi et par qui ?
Commanditaires,artistes et ateliers

Ce second chapitre propose de découvrir les différents acteurs de la création d’un retable : sculpteur, peintre, huchier (menuisier), leurs ateliers respectifs (maître/compagnons/apprentis). Le rôle crucial des commanditaires
à l’origine des oeuvres y est également présenté.
Les retables, des oeuvres collectives
À partir des années 1450, on assiste dans la région à un net développement du retable qui gagne en ampleur et en hauteur. Progressivement, les panneaux peints sont compartimentés, encadrés, et les décors se font plus complexes (Caspar Isenmann, Retable de la Passion du Christ, Musée Unterlinden).
Différents corps de métiers tels que des peintres, sculpteurs et huchiers (menuisiers), collaborent à la réalisation de ces ensembles, qui allient peintures et sculptures au sein d’une caisse et d’encadrements mobiles réalisés sur mesure pour les accueillir.
(Retable de la vie de la Vierge, église Saint-Christophe, Luemschwiller).

Le contrat de commande
La demande d’un commanditaire, religieux ou laïc, est le préalable indispensable à toute création artistique d’importance à la fin du Moyen Âge.
L’identité des commanditaires de ces oeuvres n’est cependant pas aussi aisée à déterminer qu’on pourrait le penser. Elle peut être connue, ainsi que la teneur de la commande, grâce aux rares contrats existants qui mentionnent le ou les maître(s) d’ouvrage et le nom du ou des artiste(s) sollicité(s). Ces documents
signés par les deux parties peuvent être laconiques et se réduire au délai imparti, à l’artiste et au paiement.
À l’inverse, le commanditaire précise parfois avec beaucoup de détails ses volontés, la qualité souhaitée, l’iconographie, et peut même exiger un dessin
préparatoire qu’il doit valider avant l’exécution de l’oeuvre. Le contrat de commande du Retable de la Passion du Christ de Caspar Isenmannn est l’un des
rares contrats de commande conservés dans la région du Rhin supérieur à la fin du Moyen Âge.

Caspar Isenmann, Volets du retable de la Passion, 1465, huile et tempera
sur bois (épicéa) © Musée Unterlinden, Colmar.

Où et quand ? Centres de production et évolutions picturales

Le troisième chapitre de l’exposition permet de suivre la dynamique artistique de la production picturale dans le Rhin supérieur entre 1450 et 1540 à travers la présentation de plus d’une quarantaine d’oeuvres. Strasbourg, Bâle, Colmar et Fribourg concentrent les principaux ateliers de peintres. Ces derniers travaillent avant tout pour une clientèle locale. Leur carrière est resserrée géographiquement, ce qui atteste d’une forte demande dans la région,
mais entraîne un certain conservatisme dans leurs propositions, probablement pour se conformer aux goûts des commanditaires.
Le programme de recherche mené par l’INHA a permis de recréer des ensembles cohérents d’un point de vue géographique et chronologique (oeuvres produites dans une même région à la même époque, voire dans un même
atelier), et de reconstituer complètement ou en partie des oeuvres qui ont été démembrées.
Vers 1450-1460
Des propositions picturales entre douceur et expressivité
La production peinte de cette époque dans le Rhin Supérieur est caractérisée par une forte permanence des formules iconographiques et des modes de représentations, accompagnées de recherches encore timides sur le rendu plus
naturaliste des volumes des corps et des drapés et de la matérialité des éléments (textiles, armures, bois) ; elle se conforme probablement en cela aux demandes et aux goûts des commanditaires. Des tempéraments artistiques peuvent
néanmoins être distingués, entre douceur pour certains artistes et expressivité pour d’autres, tirant parfois à la caricature.
Dans les années 1420, certaines personnalités émergent et les particularismes régionaux s’exacerbent. Le maître de Rheinfelden actif à Bâle vers 1450, Jost Haller à Strasbourg à la même époque ou Caspar Isenmann à Colmar vers 1460
réalisent des oeuvres narratives avec un sens du détail et de
l’expressivité. (Maître de Rheinfelden, Retable Lösel : Le Baptême du Christ, Dijon, Musée des Beaux-Arts et La Mort de la Vierge, Mulhouse, Musée des Beaux-Arts).

À partir de 1470
Martin Schongauer et comparses
La personnalité du graveur et peintre colmarien Martin Schongauer (vers 1450-1491) émerge dans le paysage artistique du Rhin supérieur. Il propose une synthèse inédite entre innovations flamandes et tradition picturale locale. Ses
figures ont des attitudes délicates et des expressions douces, marquant leur caractère divin, et héritées de peintres locaux de la génération précédente. Toutefois, il sait parfaitement les mettre en volume et les positionner de manière réaliste dans un espace unifié et des compositions complexes. Il offre ainsi des scènes cohérentes, et donc très efficaces.
Par cette stratégie de changement dans la continuité, il séduit des commanditaires locaux importants. Il exerce aussi une large et longue influence sur de nombreux artistes (peintres, graveurs, sculpteurs) dans la région du Rhin supérieur. Mais cette influence s’exerce bien au-delà du territoire grâce à la diffusion de ses nombreuses gravures, d’une qualité exceptionnelle, dans l’Europe entière, grâce à l’imprimerie alors en plein essor.

Un Schongauer a été trouvé dans les réserves du musée.

Un nouveau Dürer

Ce travail de recherche initié par l’INHA a permis de découvrir un 7e Dürer (en France), une crucifixion, identifiée dans un musée de Picardie par Isabelle Dubois Brinkmann, conservatrice en  chef du patrimoine.

Vers 1500-1540
L’art singulier de Hans Baldung Grien
Au début du 16e siècle, un autre artiste se distingue : Hans Baldung Grien. Basé à Strasbourg et également actif à Fribourg-en-Brisgau, c’est un peintre à la pratique très personnelle, chez qui coexiste les sujets de tradition médiévale et l’ouverture à de nouveaux thèmes et de nouvelles formes. Il faut mentionner sa maîtrise de l’art du portrait et du paysage, ainsi que sa connaissance du maniérisme italien : cette nouvelle manière de peindre apparaît entre 1515 et 1520 et gagne rapidement l’Europe entière. Elle s’attache à afficher l’artificialité de l’art en poussant parfois jusqu’à l’invraisemblance la maîtrise de l’anatomie (corps étirés, muscles hypertrophiés), en altérant les couleurs et les drapés par rapport à la réalité. Hans Baldung Grien se convertit au protestantisme en 1529 : les commandes religieuses se faisant rares à
Strasbourg (devenue protestante dans les années 1520 et ayant ordonné le retrait des images des églises et couvents en 1530), il adapte sa production pour
continuer à satisfaire et à développer sa clientèle : il se tourne vers les sujets profanes et les portraits tout enexécutant encore des tableaux de dévotion privée.

Des dispositifs de médiation au coeur du parcours

Les dispositifs présentés dans l’exposition s’adressent prioritairement à un jeune public (7-12 ans) pour lui permettre une compréhension de ces oeuvres
d’art ancien à caractère religieux éloignées esthétiquement et iconographiquement de ses références contemporaines.
Ces outils proposent des contenus uniques, ludiques et didactiques, adaptés à ce public, en diversifiant les approches (visuelles, sonores, tactiles…) et les formes.
L’ensemble des dispositifs est accessible en trois langues: français, anglais et allemand

Informations pratiques

Musée Unterlinden
Place Unterlinden – 68000 Colmar
Tél. +33 (0)3 89 20 15 50
info@musee-unterlinden.com
www.musee-unterlinden.com

Horaires d’ouverture
Mercredi au lundi : 9h – 18h
Mardi : fermé
Fermé le 01.01, 01.05, 01.11, 25.12

Théodore Rousseau (1812-1867) la voix de la forêt

Au Petit Palais une exposition  à Théodore Rousseau (1812-1867)
jusqu'au 7 juillet 2024
Commissariat :
Annick Lemoine, conservatrice générale du patrimoine, directrice du Petit Palais, commissaire générale
Servane Dargnies-de Vitry, conservatrice peintures au musée d’Orsay, commissaire scientifique. L’exposition est organisée avec la participation exceptionnelle du musée du Louvre et du musée d’Orsay
Prologue

Théodore Rousseau, Sortie de forêt à
Fontainebleau, soleil couchant, 1848-1850, huile
sur toile. Musée du Louvre, Paris. Photo © RMNGrand
Palais (musée du Louvre) / Gérard Blot.

Le Petit Palais présente une exposition inédite consacrée à
Théodore Rousseau (1812-1867), artiste bohème et moderne, qui a fait de la nature le motif principal de son oeuvre, son monde et son refuge. Admiré par les jeunes impressionnistes comme par les photographes qui suivent sa trace en forêt, Rousseau prouve à lui tout seul la vitalité de l’école du paysage, au milieu d’un siècle marqué par la révolution industrielle et l’essor des sciences du vivant. Véritable écologiste avant l’heure, il porte un regard d’artiste sur la forêt de Fontainebleau et élève sa voix pour alerter sur la fragilité de cet écosystème.

L’exposition

L’exposition rassemble près d’une centaine d’oeuvres venant de grands musées français comme le Louvre et le musée d’Orsay, européens comme le Victoria and Albert museum et la National Gallery de Londres, la Collection Mesdag de La Haye, la Kunsthalle de Hambourg entre autres, ainsi que de collections privées. Ces oeuvres montrent combien l’artiste mérite une place de premier plan dans l’histoire de l’art et du paysage, mais aussi à quel point son oeuvre peut guider, aujourd’hui, notre relation à la nature.

Parcours

Le parcours de l’exposition suit le fil de la carrière de cet artiste singulier qui s’est toujours positionné à rebours de ses contemporains. La première section évoque son renoncement à la voie académique notamment par le refus d’effectuer le traditionnel voyage en Italie pour parfaire son apprentissage. Rousseau souhaite en effet peindre la nature pour elle-même et non comme décor pour des scènes mythologiques. Il préfère sillonner la France comme en témoignent ses oeuvres de jeunesse : Paysage d’Auvergne, 1830 (musée du Louvre) ; Village en Normandie, 1833 (Fondation Custodia, Collection Frits Lugt) ; Le Mont-Blanc, vu de la Faucille. Effet de tempête, 1834 (Ny Carlsberg Glyptotek, Copenhague). Il rapporte de ses voyages de nombreuses études qui montrent son observation attentive du visible : études de troncs, rochers, sous-bois, marais…

Au coeur de l’exposition

L’exposition montre toute la singularité de l’oeuvre de Rousseau dont le travail au plus près du motif fait partie intégrante de son processus créatif. Le peintre a besoin de s’immerger dans la nature. Il renonce à toute perspective géométrique et place le spectateur non pas en surplomb du paysage mais au coeur de cet écosystème. Il retouche ensuite ses tableaux en atelier parfois pendant plusieurs années. Sa technique très personnelle, qui contraste avec celle des autres artistes de son temps, lui vaut d’être refusé aux Salons plusieurs années de suite avant de choisir lui-même de ne plus rien envoyer, découragé. Paradoxalement, ce rejet qui lui vaut le surnom de «grand refusé» lui permet d’acquérir une notoriété et un véritable succès critique et commercial en France comme à l’étranger.

La forêt de Fontainebleau

                                               Millet et Rousseau
Le parcours met ensuite en lumière ses oeuvres peintes en forêt de Fontainebleau et son rôle décisif joué auprès des artistes et photographes qui comme lui fréquentent le village de Barbizon où il s’installe à partir de 1847. Autour de lui, se rassemblent des peintres comme Narcisse Diaz de la Peña, Charles Jacques, Jean-François Millet qui deviendra son ami le plus proche mais aussi des photographes tels Eugène Cuvelier, Charles Bodmer ou encore Gustave Le Gray. Ils arpentent inlassablement la forêt de Fontainebleau et dressent de véritables portraits d’arbres qui deviendront la signature de Rousseau. L’artiste scrute leur structure organique, la ligne de leurs branches, la forme de leurs noeuds. Il les individualise et situe précisément ses tableaux : Le Pavé de Chailly, vers 1840 (Musée départemental des peintres de Barbizon), ou encore Le Vieux Dormoir du Bas-Bréau, 1836-1837 (dépôt du Musée du Louvre au musée d’Orsay).

En parallèle, une conscience aigüe de la mise en danger des forêts se développe chez les artistes, les critiques et les écrivains dans un contexte d’industrialisation croissante. Les peintres sont les témoins de coupes massives d’arbres et s’en font l’écho. Rousseau souhaite dénoncer ces « crimes » à travers ses oeuvres. Il choisit notamment un titre qui frappe les esprits en reprenant l’épisode biblique du Massacre des innocents,1847 (Collection Mesdag, Pays-Bas)

qui représente une scène d’abattage d’arbres en forêt. En 1852, Rousseau se fait le porte-voix de la forêt au nom de tous les artistes qui la peignent et écrit au comte de Morny, ministre de l’Intérieur de l’époque. Son combat trouve sa résolution dans la création, en 1853, de la première réserve naturelle au monde, sous le nom de «réserve artistique», officialisée en 1861. En fin de parcours, une frise chronologique retrace l’histoire de la forêt de Fontainebleau et de sa sauvegarde du début du XIXe siècle jusqu’à aujourd’hui, rappelant l’apport décisif de Rousseau, au nom de l’art, dans l’émergence d’une conscience écologique.

VISITES LITTÉRAIRES
Les voix de la forêt

Avec Théodore Rousseau, des romantiques aux naturalistes, de Sand à Flaubert, les écrivains donnent à entendre la voix des arbres et le langage des forêts. Une conférencière propose un ensemble de textes évoquant, au fil de l’exposition, l’installation de la communauté artistique et littéraire de Barbizon, le renouveau du paysage et la défense de la forêt de Fontainebleau.
Les mardis à 12h15
7, 14, 21 et 28 mai
4, 11, 18 et 25 juin
2 juillet.

Informations pratiques

Petit Palais
Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris
Avenue Winston-Churchill, 75008 Paris
Tel : 01 53 43 40 00
petitpalais.paris.fr
Accessible aux visiteurs en situation de handicap.
Accès
En métro
Lignes 1 et 13 : Champs-Élysées Clemenceau
Ligne 9 : Franklin D. Roosevelt
En RER
Ligne C : Invalides
En bus
Lignes 28, 42, 72, 73, 80, 83, 93
En VÉLIB’
Station 8001 (Petit Palais)
Auditorium
Informations sur la programmation à l’accueil
ou sur petitpalais.paris.fr
Café-restaurant
Le café-restaurant du musée sera fermé pour travaux de rénovation jusqu’au 26 avril inclus.

Brancusi

Constantin Brancusi
La Muse endormie 1910
Bronze poli
Don de la Baronne Renée Irana Frachon, 1963
Centre Pompidou - Musée national d’art moderne, Paris
© Succession Brancusi - All rights reserved
Adagp, Paris 2024
Crédit photographique : Centre Pompidou, Mnam-Cci/Adam Rzepka/Dist. Rmn-Gp
Au Centre Pompidou jusqu'au 1er juillet 2024
Galerie 1, niveau 6
Commissariat
Ariane Coulondre, conservatrice, service des collections modernes, Musée national d’art moderne
Commissaires associées
Julie Jones, conservatrice, Cabinet de la photographie, Musée national d’art moderne
Valérie Loth, attachée de conservation, Cabinet d’art graphique, Musée national d’art moderne
Prologue

Avec plus de 120 sculptures, ainsi que des photographies, dessins et films de l’artiste, la grande rétrospective « Brancusi », organisée au Centre Pompidou, constitue un événement exceptionnel. Elle offre l’opportunité de découvrir toutes les dimensions de la création de cet immense artiste considéré comme l’inventeur de la sculpture moderne.
La dernière exposition rétrospective Brancusi en France, et la seule, remonte à 1995 (sous le commissariat de Margit Rowell au Centre Pompidou). À la fois lieu de vie, de création et de contemplation, l’atelier de l’artiste, joyau de la collection du Musée national d’art moderne depuis son legs à la nation en 1957, forme la matrice de ce projet. En effet, le déménagement intégral de l’Atelier Brancusi dans le cadre des travaux de rénovation du Centre Pompidou est l’occasion unique de mettre en regard son contenu avec  Constantin Brancusi                                         Autoportrait avec la chienne Polaire
                                                                                      dans l’atelier
Vers 1921de nombreux autres chefs-d’oeuvre de l’artiste provenant des plus importantes collections internationales.

Un ensemble exceptionnel de sculptures, jouant sur le dialogue entre les plâtres de l’Atelier Brancusi et les originaux en pierre ou bronze, prêtés par de nombreuses collections privées et muséales (Tate Modern, MoMA, Guggenheim, Philadelphia Museum of Art, The Art Institute
of Chicago, Dallas Museum of Art, Musée national d’art de Roumanie, Musée d’art de Craiova…) sont ainsi réunies.

Parcours de l’exposition

Il y a 120 ans, un jeune artiste roumain traversait l’Europe à pied pour venir s’installer à Paris.
C’est là, dans la capitale en pleine effervescence culturelle, que Constantin Brancusi (1876-1957) invente une nouvelle manière de sculpter, un langage universel privilégiant la taille directe et les formes simples.
Très vite, son oeuvre exerce une grande fascination sur ses contemporains : nombre d’artistes et d’admirateurs se pressent dans son atelier, situé impasse Ronsin (15e arrondissement).

À la fois lieu de vie, de création et de présentation de son travail, cet atelier est conçu par l’artiste comme une oeuvre en soi et légué à sa mort à l’État français. Cet ensemble exceptionnel forme la matrice de l’exposition, complété de prêts majeurs de collections internationales.
Proposant de découvrir à la fois le parcours de Brancusi, les sources de son oeuvre et les grands thèmes que l’artiste n’a cessé d’approfondir, l’exposition met en avant la diversité de sa création : la sculpture, la photographie, le film, le dessin… Cet hommage au père de la sculpture moderne célèbre sa puissance d’invention et sa quête inlassable de beauté.
Il entend montrer un artiste vivant, pleinement inscrit dans son époque, dont la création se doit d’être toujours réactivée :
« Il ne faut pas respecter mes sculptures. Il faut les aimer et jouer avec elles. », disait-il.

Constantin Brancusi
Le Baiser
1907
Pierre
Musée d’art de Craiova, Craiova
© Succession Brancusi – All rights reserved
Adagp, Paris 2024
Crédit photographique : The Art Museum
of Craiova, Roumanie

Blancheur et clarté

« Constantin Brancusi habite un atelier de pierre dans l’impasse Ronsin, rue de Vaugirard.
Ses cheveux et sa barbe sont blancs, sa longue blouse d’ouvrier est blanche, ses bancs de pierre et sa grande table ronde sont blancs, la poussière de sculpteur qui recouvre tout est blanche, son Oiseau en marbre blanc est posé sur un haut piédestal contre les fenêtres, un grand magnolia blanc est toujours visible sur la table blanche. À une époque, il avait un chien blanc et un coq blanc. »
Ces mots de l’éditrice américaine Margaret Anderson témoignent de l’extraordinaire impression de clarté qui saisit les visiteurs de l’atelier, accueillis par de multiples figures de Coqs, dressées vers le ciel. Symboliquement associé à la France, terre d’accueil de l’artiste, l’animal évoque aussi par son chant le lever du jour, l’idée de commencement qui imprègne tout l’art de Brancusi.

Aux sources d’un nouveau langage

Après avoir suivi une formation académique en Roumanie, Brancusi arrive à l’âge de 28 ans à Paris. Remarqué par Auguste Rodin, il devient brièvement son assistant en 1907.
La puissante figure du maître fait office de repoussoir pour le jeune sculpteur. En 1907-1908, trois oeuvres majeures, Le Baiser, La Sagesse de la Terre et La Prière, montrent sa volonté de trouver sa propre voie. Brancusi rompt avec le modelage pour privilégier la taille directe.
Il abandonne le travail d’après modèle pour réinventer la figure de mémoire. Tout en étant profondément original, son art apparaît comme le creuset de ce qu’il peut alors voir à Paris :
les oeuvres antiques ou extra-européennes au musée du Louvre et au musée Guimet, mais également l’art de Paul Gauguin ou les recherches cubistes d’André Derain. Sa série autour du motif de la tête d’enfant éclaire son processus de fragmentation et de simplification des formes, visant à exprimer
« l’essence des choses ».

Ligne de vie

Brancusi conservait tout : lettres, articles de presse, agendas, factures… Ses archives, acquises par le Musée national d’art moderne en 2001 et conservées à la Bibliothèque Kandinsky, réunissent plus de dix mille lettres, livres, disques, documents… Elles constituent une mine d’or pour connaître la vie de l’artiste, ses amitiés, ses goûts, le replacer dans son époque et saisir la fascination qu’il exerce sur ses contemporains. Cet ensemble exceptionnel, dont une partie est exposée dans l’exposition, témoigne de la place centrale de Brancusi au sein de l’avant-garde internationale pendant plus d’un demi-siècle.

L’atelier

Dans l’atelier de Brancusi, tout ou presque naît de sa main : la grande cheminée en calcaire, les tabourets en bois ou les tables en plâtre servant à la fois de mobilier ou de socle…
Dans ses photographies, l’artiste se met lui-même en scène au travail, taillant, sciant ou modelant. Après la Seconde Guerre mondiale, s’il arrête quasiment de sculpter, il déplace, regroupe et combine sans cesse ses oeuvres. Quand une oeuvre est vendue, il la remplace par son tirage en plâtre ou en bronze pour conserver l’unité de l’ensemble. C’est à l’intérieur de ce lieu, à la fois musée de sa création et oeuvre en soi, que Brancusi impose sa vision d’un environnement total. À son décès en 1957, Brancusi lègue à l’État français son atelier, à charge pour celui-ci de le reconstituer. L’ensemble est installé d’abord de manière partielle au Palais de Tokyo puis intégralement au Centre Pompidou. L’un des quatre espaces de l’atelier, celui avec les outils, est reconstitué au coeur de l’exposition. (ci-dessus)

Féminin et masculin

Chez Brancusi, la simplification des formes et la suppression des détails sont paradoxalement sources d’ambiguïté. Dès 1909, l’artiste entame une réflexion sur le motif du torse féminin.
De sa Femme se regardant dans un miroir, nu encore classique, il ne retient que la courbe unissant les formes arrondies de la tête et de la poitrine pour aboutir à l’ambivalente
Princesse X. Est-ce une vierge ou une verge ? L’image idéale de la femme ou un phallus dressé ? L’aspect équivoque de la sculpture fait scandale et lui vaut d’être refusée au Salon des indépendants de 1920. L’art de Brancusi joue du double sens et de la métamorphose.
Le masculin et le féminin fusionnent en une même image, évoquant le thème de l’androgyne, déjà présent dans Le Baiser. Un même trouble s’exprime dans son Torse de jeune homme, au genre incertain. Perturbant l’ordre symbolique de la division des sexes, ces oeuvres font écho à l’esprit contestataire de Dada, porté à la même époque par ses amis Marcel Duchamp, Man Ray et Tristan Tzara.

Des portraits ?

Depuis ses débuts, le genre du portrait occupe une place centrale dans l’art de Brancusi.
En s’éloignant du visible pour aller à l’essentiel, le sculpteur n’en délaisse pas moins la figure humaine, en particulier féminine. Alors que les titres des sculptures conservent les noms des amies ou compagnes qui inspirent le sculpteur (Margit Pogany, la baronne Frachon, Eileen Lane, Nancy Cunard, Agnes Meyer…), leurs personnalités tendent à se fondre et se confondre
en un visage stylisé, ovale et lisse. Elles ne sont
« ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre ».

Chacune se distingue par quelques signes élémentaires : yeux en amandes, chignon, bouclettes… Travaillant sans modèle, préférant reconstruire la figure de mémoire, Brancusi pose à travers ses portraits la question de la ressemblance et de la représentation.
Dans ses portraits dessinés, une même ligne souple décline les figures en profils et silhouettes.

L’envol

Le motif de l’oiseau, qui comporte plus de trente variantes en marbre, bronze et plâtre, occupe Brancusi pendant trois décennies. Initiées en 1910, les Maïastras au corps bombé, cou allongé et bec grand ouvert font référence à un oiseau fabuleux des contes populaires roumains.
Dans les années 1920, le sculpteur simplifie la forme, l’amincit et l’étire verticalement jusqu’à la limite de la rupture pour créer la série des Oiseaux dans l’espace. L’envol symbolise pour Brancusi le rêve de l’homme échappant à sa condition terrestre, son ascension vers le spirituel.
En 1927-1928, un procès oppose le sculpteur aux douanes américaines qui refusent le statut d’oeuvre d’art à un Oiseau en bronze, perçu comme une pièce industrielle métallique.

Vers 1930, le maharajah d’Indore lui commande deux Oiseaux pour un temple en Inde qui restera à l’état de projet. Ce caractère sacré, transcendant, transparaît dans le sous-titre de l’exemplaire exposé à New York en 1933 :
« Projet d’Oiseau qui, agrandi, emplira le ciel ».

Lisse et brut

Dans les photographies prises dans l’atelier, Brancusi cadre souvent ses sculptures au plus près, exploitant le pouvoir d’évocation des matériaux. Les surfaces patiemment polies, sur lesquelles toute trace du geste est effacée, contrastent avec des morceaux bruts ou taillés grossièrement. Ce jeu de matière est autant tactile que visuel, comme le souligne par son titre sa Sculpture pour aveugles. Avec le travail en série, chaque sculpture est à la fois unique
et multiple, souvent posée sur des socles superposés auxquels Brancusi porte un soin tout particulier. Composés de formes géométriques simples (croix, cube, disque…), ces supports créent un rythme ascensionnel dynamique et des jeux de correspondances. Brancusi remet en question le statut conventionnel de cet accessoire, traditionnellement utilisé pour surélever la sculpture et la distinguer de son environnement. Il convertit à plusieurs reprises certains
socles en sculpture autonome, refusant toute hiérarchie entre le haut et le bas, entre le banal et le noble.

Reflet et mouvement

« Nous ne voyons la vie réelle que par les reflets. »,
écrit Brancusi.
En polissant longuement le bronze, l’artiste obtient une surface brillante comme un miroir. De cette manière, la sculpture se projette au-delà d’elle-même et échappe à son strict contour. Les photographies et les films
de l’artiste confirment sa fascination pour les éclats de lumière, parfois aveuglants, et leur pouvoir de métamorphose des formes. L’oeuvre en métal poli absorbe, reflète et distord l’image de son environnement et celle de toute personne qui s’en approche. Animée par ce jeu de reflets, perpétuellement mouvants et changeants, la sculpture devient, comme Brancusi la définit,
« une forme en mouvement ». En posant certaines de ses oeuvres sur des roulements à bille, Brancusi fait véritablement tourner ses oeuvres sur elles-mêmes, à l’instar de Léda animée d’un mouvement circulaire comme un disque 78 tours sur un gramophone.

L’animal

Dans les années 1930 et 1940, plusieurs séries consacrées à la thématique de l’animal marquent une évolution vers des formes obliques ou horizontales. Au sein de ce bestiaire, deux groupes se distinguent : les volatiles (coqs, cygnes, oiseaux…) et les animaux aquatiques (poissons, phoques, tortues…). Avec de multiples versions, dans des matériaux et des formats variés, ses sculptures semblent répondre au principe naturaliste de l’espèce.
Par la simplification des formes, Brancusi vise à la fois à atteindre une figuration symbolique de l’animal et à retranscrire son mouvement.
Il explique : « Quand vous voyez un poisson, vous ne pensez pas à ses écailles, n’est-ce pas ? Vous pensez à sa rapidité, à son corps filant comme
un éclair à travers l’eau… »


Les images photographiques ou filmiques réalisées par le sculpteur
témoignent également de son lien étroit à la nature et au vivant.


Le socle du ciel

Brancusi a toujours nourri l’espoir de réaliser des oeuvres monumentales, comme en témoigne la reprise inlassable du motif du Baiser, stylisé et développé à l’échelle architecturale, sous forme de colonne et de porte. Une première occasion s’offre à lui en 1926, quand il plante sa Colonne sans fin dans le jardin de son ami Edward Steichen à Voulangis.
Née d’un modeste socle en bois, cette oeuvre radicale procède de la scansion verticale de l’espace par la répétition du même module, évoquant les piliers funéraires du sud de la Roumanie. C’est d’ailleurs dans son pays natal, à Târgu Jiu en 1937-1938, qu’il mène à bien son unique projet monumental. Sur un axe d’un kilomètre et demi traversant la ville, il place trois éléments symboliques : La Table du Silence, La Porte du Baiser et La Colonne sans Fin. Érigée en fonte métallisée à près de trente mètres de haut, cette dernière figure l’axis
mundi, le trait d’union entre la terre et le ciel, offrant au regard de multiples perspectives.

Informations pratiques

Un documentaire sur Arte
L’exposition « Brancusi » pour les familles
Un dépliant dédié au jeune public est librement disponible pour accompagner les enfants et leurs parents dans leur découverte active des oeuvres du père
de la sculpture moderne.
Tous les dimanches à 15h, la visite « Tribu » de l’exposition « Brancusi » permet d’explorer en famille l’univers de l’artiste.
Un dossier ressources dédié à l’artiste
Un dossier ressources numérique est dédié à Constantin Brancusi et son oeuvre. Il propose :
une approche biographique, une sélection d’oeuvres et des focus. Accessible sur le site internet du Centre Pompidou, les responsables de groupes y trouveront de nombreuses pistes pour préparer la visite ou en tirer profit après leur venue.
Retrouvez ici nos dossiers ressources sur l’art.
Le podcast de l’exposition
Disponible en français et en anglais, un podcast accompagne le parcours dans l’exposition.
Les paroles de Constantin Brancusi et de ses contemporains résonnent avec les propos d’Ariane Coulondre, commissaire de l’exposition, pour présenter les oeuvres phares et le travail de l’artiste.
Les visites guidées
Poser un regard curieux, critique et documenté sur la création, découvrir les enjeux esthétiques et historiques de l’exposition voici quelques-uns des temps forts que réservent les conférencières et conférenciers aux publics.
Visite guidée de l’exposition « Brancusi » en français : le samedi à 16h, le dimanche à 14h et à 16h (durée : 1h30).
Visite guidée de l’exposition « Brancusi» en anglais : le samedi à 12h (durée : 1h30).
Des visites adaptées sont également proposées aux personnes en situation de handicap.

Bijoy Jain / Studio Mumbai

A la Fondation Cartier jusqu'au 21 avril 2024
avec les artistes :
Alev Ebüzziya Siesbye et Hu Liu
Commissaire de l’exposition : Hervé Chandès,
Directeur Général Artistique de la Fondation Cartier
Commissaire associée : Juliette Lecorne,
conservatrice à la Fondation Cartier

En tant qu’architecte, j’apporte la plus grande
considération à la façon dont sont créées les choses.
L’essentiel est d’être attentif à l’environnement naturel,
aux matériaux et aux habitants.
L’espace et l’architecture doivent être inclusifs.
Bijoy Jain

Du 9 décembre 2023 au 21 avril 2024, la Fondation Cartier
pour l’art contemporain présente Le souffle de l’architecte,
une exposition spécialement créée pour l’institution par
larchitecte Bijoy Jain, fondateur du Studio Mumbai en Inde.
Il est l’auteur d’une oeuvre témoignant d’une profonde préoccupation pour la relation entre l’homme et la nature, et dont le temps et le geste sont des facteurs essentiels.
Il est l’auteur d’une oeuvre témoignant d’une profonde préoccupation pour la relation entre l’homme et la nature,
et dont le temps et le geste sont des facteurs essentiels.
Explorant les liens entre l’art, l’architecture et la matière, Bijoy Jain propose à la Fondation Cartier une création totale :
un espace de rêverie et de contemplation en dialogue avec
le bâtiment iconique de Jean Nouvel.

Le souffle de l’architecte

Bijoy Jain imagine une exposition qui se vit comme une expérience
physique et émotionnelle.
Le souffle de l’architecte offre aux visiteurs une véritable
invitation à respirer, à errer en toute quiétude, à redécouvrir
le silence :
« Le silence a un son, nous l’entendons résonner
en nous. Ce son connecte tous les êtres vivants. C’est le souffle
de la vie. Il est synchrone en chacun de nous. Le silence, le
temps et l’espace sont éternels, tout comme l’eau, l’air et la
lumière, qui sont notre construction élémentaire. Cette abondance
de phénomènes sensoriels, de rêves, de mémoire, d’imagination,
d’émotions et d’intuitions provient de ce réservoir d’expériences,
ancré dans les coins de nos yeux, dans la plante de nos pieds,
dans le lobe de nos oreilles, dans le timbre de notre voix, dans
le murmure de notre souffle et dans la paume de nos mains
Convoquant l’ombre et la lumière, la légèreté et la gravité,
le bois, la brique, la terre, la pierre ou encore l’eau,
l’architecte dessine une traversée sensorielle, en résonance
avec la matière. Élaborée au rythme du souffle et façonnée
à la main, l’exposition déploie une installation composée
de fragments architecturaux.

Sculptures en pierre ou en terracotta, façades d’habitats
vernaculaires indiens, panneaux enduits, lignes de pigments
tracées au fil, structures en bambou inspirées des tazias
– monuments funéraires portés sur les épaules à la mémoire d’un
saint lors des processions musulmanes chiites – ces constructions
transitoires et éphémères présentent un monde à la fois infini
et intime et nous transportent dans des lieux aussi proches
que lointains.

Bijoy Jain convie également l’artiste chinoise vivant à Pékin
Hu Liu et la céramiste danoise d’origine turque demeurant
à Paris Alev Ebüzziya Siesbye. Accordant la même importance
à la maîtrise rituelle du geste, à la résonance et au dialogue
avec la matière, tous trois partagent le même ethos et la même
sensibilité. Les dessins monochromes noirs de Hu Liu sont
entièrement réalisés au graphite, par l’itération d’un même
mouvement, afin de révéler l’essence d’éléments naturels :
l’herbe caressée par le vent, le ressac des vagues ou la
silhouette des branches d’un arbre.

Les céramiques d’Alev Ebüzziya Siesbye, comme en apesanteur,
sont également le fruit d’une grande dextérité et d’un dialogue
intense avec la terre.


Pour Bijoy Jain, le monde physique que nous habitons est
un palimpseste de notre évolution culturelle. L’humanité
traverse un paysage en constante évolution, dont les écritures
successives s’entremêlent.

Le souffle de l’architecte tente de donner un aperçu, aussi
fugace soit-il, de la sensorialité qui émane de l’architecture,
de la force intuitive qui nous lie aux éléments et de notre
rapport émotionnel à l’espace.

Bijoy Jain et le Studio Mumbai

Né en 1965 à Mumbai, en Inde, Bijoy Jain a étudié l’architecture à l’Université
de Washington à Saint-Louis, aux États-Unis.
Entre 1989 et 1995, il développe sa pratique architecturale à Los Angeles
dans l’atelier de maquettes de Richard Maier pour le Getty Museum, tout en
étudiant sous la direction de Robert Mangurian, fondateur de Studio Works.
Il a également travaillé à Londres avant de retourner en Inde en 1995.
Les créations de Studio Mumbai ont fait l’objet d’expositions dans
de nombreuses galeries à travers le monde, ainsi que d’acquisitions dans
les collections permanentes du Canadian Centre for Architecture, du MOMA à San Francisco et du Centre Pompidou à Paris.


Le travail de Studio Mumbai a fait l’objet d’expositions internationales notamment au Victoria and Albert Museum de Londres
en 2010, mais aussi à la Biennale de Sharjah en 2013, à Arc en rêve centre
d’architecture à Bordeaux en 2015, ainsi qu’à la Biennale d’architecture
de Venise en 2010 et 2016.
la Grande Médaille d’or de l’Académie d’Architecture de Paris (2014), le BSI
Swiss Architecture Award (2012), le Spirit of Nature Wood Architecture Award, décerné en Finlande (2012), le Aga Khan Award for Architecture (2010) dont il était finalistepour la 11e édition, et le Global Award in Sustainable Architecture (2009).

Informations pratiques

Visites guidées
LES MATINÉES GUIDÉES
Un moment privilégié hors des horaires
d’ouverture pour explorer en groupe l’exposition
en compagnie d’un médiateur culturel.
– Les mercredis, jeudis et vendredis matin à 10 h
Horaires d’ouverture
Tous les jours de 11 h à 20 h, sauf le lundi.
Nocturne le mardi, jusqu’à 22 h.
La fermeture des salles débute à 19 h 45
(21 h 45 les mardis).
Fondation Cartier
261 bld Raspail Paris

Sommaire du mois de mars 2024

Carreau du Temple Paris

30 mars 2024 : La Vierge Du Chancelier Rolin
29 mars 2024 : Drawing Now Art Fair
18 mars 2024 : MINISTÈRE DE L’IMPRESSION
13 mars 2024 : L’Olympisme, une invention moderne, un héritage antique
10 mars 2024 : NELKEN LINE
7 mars 2024  : Femmes de génie – les artistes et leur entourage
6 mars 2024  : Dan Flavin dédicaces en lumière
4 mars 2024  : Holbein et la Renaissance au Nord

La Vierge du chancelier Rolin

du 20 mars –au  17 juin 2024 au musée du Louvre
AILE SULLY,
1ER ÉTAGE,
SALLE DE LA CHAPELLE
Commissariat :
Sophie Caron, conservatrice au département des Peintures du musée du Louvre

Œuvre majeure de l’art occidental, à la dimension fortement méditative,
la Vierge Rolin peut aujourd’hui sembler difficile à comprendre.
C’est pourquoi l’exposition est
guidée par des questions, qui sont autant d’étapes du regard sur le tableau : pour quel(s) usage(s)
Van Eyck a-t-il conçu cette œuvre
si spéciale, à l’intention de Nicolas Rolin, chancelier du duché de Bourgogne ?
Pourquoi a-t-il peint à
l’arrière-plan un paysage tellement miniaturisé qu’il en est presque invisible ? Comment comprendre les deux petits personnages du jardin ? Quels dialogues l’œuvre entretient-elle à la fois avec l’art de l’enluminure et les bas-reliefs funéraires sculptés ? Peut-on savoir comment les artistes du XVe siècle ont compris cette œuvre ?

Le parcours déploie une narration en six sections permettant au visiteur d’entrer plan par plan dans le tableau, à la manière d’une lecture, La Vierge du chancelier Rolin étant placée au centre de la salle. Quatre de ces parties s’articulent autour d’au moins une œuvre de Jan van Eyck.

La première section est consacrée à la rencontre entre Nicolas Rolin et la Vierge à l’Enfant, ce dernier étant figuré de manière très inhabituelle en Salvator Mundi nu. L’œuvre est une scène de présentation à la Vierge particulièrement audacieuse, dans laquelle Rolin se fait représenter à la même échelle, à la même hauteur et dans le même espace que la Vierge et le Christ, qui le bénit, et ce sans être introduit par son saint patron. Le spectateur est exclu de la scène. Le prêt exceptionnel de la Vierge de Lucques du Städel Museum de Francfort offre un saisissant contrepoint, en plaçant le même spectateur dans la position de Rolin, à genoux et en prière devant la Madone.

Dans ce face-à-face, le visage fortement individualisé de Rolin est l’élément le plus frappant du tableau et la deuxième section permet de s’arrêter sur la question du portrait, si centrale dans l’art de Van Eyck et de ses grands contemporains comme Robert Campin ou Rogier van der Weyden. Deux des autres effigies de Rolin exposées sont d’ailleurs de la main de ce dernier (panneau du polyptyque du Jugement dernier des Hospices de Beaune et le manuscrit enluminé des Chroniques de Hainaut de la Bibliothèque royale de Belgique). La singularité de la représentation de Rolin par Van Eyck s’exprime aussi dans le somptueux costume, tout à fait inhabituel, dont Van Eyck a vêtu son commanditaire. Ce rapprochement d’œuvres d’artistes en constante émulation les uns avec les autres est encore enrichie par la présentation du Portrait de Baudoin de Lannoy (Berlin, Gemäldegalerie), autre dignitaire de la cour bourguignonne, qui est probablement le portrait eyckien le plus proche, par sa technique, de celui de Nicolas Rolin. Dans les deux cas, l’impression de vie est stupéfiante et
se manifeste par la représentation du passage du temps sur les visages.

Mais ces personnages se rencontrent dans un lieu par rapport auquel elles sont clairement disproportionnées. La troisième section s’attache à l’architecture peinte par Van Eyck, qui crée un lieu purement imaginaire, précieux et onirique mélange d’église romane et de palais aux touches méditerranéennes. Il s’agit avant tout d’un décor, conçu pour souligner le caractère hors normes de la rencontre. Les chapiteaux, qui n’imitent pas vraiment des chapiteaux romans réels, représentent des épisodes de la Genèse et évoque les fautes commises par les hommes, peut-être pour guider la prière de Rolin. La sublime Annonciation (Washington, National Gallery of Art), bien que d’une composition très différente de la Vierge Rolin, témoigne d’un répertoire commun dans le traitement de l’architecture par Van Eyck.

Par les trois arches aux chapiteaux richement ouvragés, le regard plonge dans le paysage, élément essentiel de la composition et sur lequel est centrée la quatrième section. Dans aucune autre de ses œuvres peintes, y compris le Saint François recevant les stigmates (Philadelphie, Museum of Art), Van Eyck n’a déployé un paysage d’une telle ampleur, d’un telle profondeur et d’une telle richesse de détails.

                                                              clic

Avec toute la virtuosité de son talent de miniaturiste, il crée un territoire dans lequel Rolin peut se projeter de façon à la fois familière et idéalisée. Il ne s’agit pas, en effet, d’un lieu réel mais seulement vraisemblable, qui permet une immersion presque hypnotique, favorable à la prière. L’œil peut se promener très précisément dans cette ville idéale des Pays-Bas bourguignons, guidé en un crescendo émotionnel et spirituel, à mesure qu’il se déplace de la gauche (derrière Rolin) vers la droite (derrière la Vierge et l’Enfant). Dans la Vierge Rolin, le paysage n’est pas plus miniaturisé que dans le bas de page du manuscrit dit des Heures de Turin-Milan de la main du maître.

L’avant-dernière section revient sur le plan médian du tableau, à savoir le jardin et les petits personnages qui ont fait couler tant d’encre.

Le jardin intérieur est marqué par une échelle incongrue par rapport aux autres plans du tableau, ce qui souligne le côté autonome et transitionnel de cet espace. Allusion au thème traditionnel de la Vierge dans un jardin clos, peuplé d’animaux et de plantes réels peints avec un souci illusionniste, cet espace est l’occasion de rapprochement avec l’art des peintres de Cologne, première source de la culture visuelle de Van Eyck mais aussi avec celui des orfèvres, notamment pour les petits objets émaillés qui connaissent, vers 1400, leur apogée technique, et avec celui de son contemporain, Pisanello.
Quant aux deux petits personnages, dont la taille dans le tableau ne dépasse pas deux centimètres de haut, ils sont issus de la tradition médiévale, tant littéraire que figurée dans les manuscrits, dans laquelle déjà ils orientent le regard du lecteur. Ici, ils nous invitent littéralement à plonger dans le paysage. L’homme au turban rouge, allusion possible et probable à l’artiste, semble être le guide de cette exploration. Un demi-siècle plus tard, des artistes comme Hieronymus Bosch (Ecce Homo, Francfort, Städel Museum) détourneront leur signification en la moralisant : ils deviennent ceux qui se détournent de l’essentiel en ignorant la scène principale.

La redécouverte la plus notable de la restauration est celle du revers peint représentant en un trompe-l’œil éblouissant un faux marbre vert que l’on peut aujourd’hui attribuer avec certitude au pinceau de Van Eyck. Il appuie l’hypothèse selon laquelle le tableau avait vocation à être manipulé et à être vu sur ses deux faces. La dernière section de l’exposition aborde donc cette question des deux fonctions de l’objet, probablement conçu pour deux rôles successifs : un tableau de dévotion mobile, proche de l’esprit des petits livres orfévrés, pouvant accompagner le chancelier Rolin dans ses incessants déplacements dans le vaste duché de Bourgogne, ayant à terme vocation à lui servir d’épitaphe dans l’église de Notre-Dame du Châtel à Autun. La composition du panneau révèle des affinités profondes avec les épitaphes sculptées et présente des enjeux similaires de représentation, tels que le montrent deux bas-reliefs de Tournai présentés dans l’exposition.

A la fin du parcours, grâce au projet closertovaneyck, conduit à l’initiative de l’Institut royal du Patrimoine artistique belge (KIK-IRPA), les visiteurs pourront s’immerger grâce à des images de très haute définition dans le paysage créé par Van Eyck, comme pouvait le faire Nicolas Rolin, penché sur son tableau.

La Vierge du chancelier Rolin cristallise à bien des égards les tensions qui traversent l’art flamand dans le premier tiers du XVe siècle, entre tradition médiévale et expérimentations révolutionnaires. En favorisant les rapprochements et comparaisons éloquentes, l’exposition lui permet d’exprimer au mieux à la fois sa singularité et son inscription dans son époque, et contribue à enrichir notre compréhension des dialogues menés par Van Eyck avec les artistes de son temps.

Seul tableau de Jan van Eyck (vers 1390/95-1441) conservé en France, la Vierge du chancelier Rolin est l’un des chefs-d’œuvre des peintures du Louvre. Il est pourtant aujourd’hui étonnamment méconnu.
La restauration dont il vient de faire l’objet au Centre de recherche et de restauration des musées de France est historique : l’œuvre n’avait jamais été restaurée depuis son entrée au musée en 1800. L’allègement des couches de vernis oxydés qui assombrissaient la peinture offre une redécouverte spectaculaire du tableau.
Le Louvre consacre une exposition exceptionnelle à cet événement, mêlant la présentation d’œuvres prestigieuses prêtées par de grands musées internationaux et un dispositif d’immersion numérique permettant de plonger le regard au cœur du tableau de Van Eyck. Une occasion de revoir la Vierge d’Autun et d’interroger autrement ce que l’on pensait savoir de cette œuvre iconique.

Informations pratiques

Horaires et jours d’ouverture
Le musée du Louvre est ouvert tous les jours, sauf le mardi.
La dernière admission se fait 1 h avant la fermeture. L’ évacuation des salles commence 30 min avant la fermeture.
9HT à 18H
lundi, mercredi, jeudi, samedi et dimanche
9HT à 21H45
vendredi
L’entrée principale du musée est la Pyramide du Louvre.
Elle se répartit en 4 files : les visiteurs sans billet, les visiteurs avec billet, les porteurs de carte (adhérents, ministère de la Culture, Pass Éducation, ICOM, etc.) et les accès prioritaires (PMR, personnels, etc.).
En cas d’affluence, un accès est aussi possible par le Carrousel du Louvre, le passage Richelieu ou la porte des Lions, en fonction de votre profil. Pensez à vérifier sur le plan ci-dessous la praticabilité de l’accès choisi :

EN MÉTRO

Lignes 1 et 7, station « Palais-Royal / Musée du Louvre »
Ligne 14, station « Pyramides »

EN BUS

N° 21, 27, 39, 67, 68, 69, 72, 74, 85, 95

Femmes de génie – les artistes et leur entourage

Elisabetta Sirani, la pénitente Marie Madeleine, 1663
Besançon, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie

Jusqu'au 30.6.2024, au Kunstmuseum Basel | Hauptbau
Commissaires : Bodo Brinkmann, Katrin Dyballa (Bucerius Kunst Forum), Ariane Mensger
Prologue

L’exposition Femmes de génie propose un nouvel éclairage sur l’histoire de l’art de l’Époque moderne en présentant une centaine d’oeuvres d’artistes femmes ayant rencontré du succès entre le XVIe et le XVIIIe siècle ainsi que de leurs proches masculins. Elle réunit des portraits, des peintures d’histoire, des natures mortes, des dessins et des oeuvres graphiques de la Renaissance, du baroque et du classicisme.
Entre 1500 et 1800, il y avait, au Nord comme au Sud de l’Europe, bien plus de femmes peintres, instructrices, éditrices et graveuses qu’on ne l’imaginerait. Certaines d’entre elles furent comblées de succès. Même s’il n’était pas impossible pour une femme de mener une carrière d’artiste, des conditions favorables devaient être réunies car cela allait à l’encontre du rôle de la femme dans la société.
L’exposition Femmes de génie retrace pour la première fois le parcours de plusieurs artistes femmes à travers de pertinentes mises en regard avec des oeuvres de leurs pères, frères, époux et rivaux et les intègrent dans le contexte des siècles prémodernes. Des rapprochements d’oeuvres concis révèlent de manière fascinante les correspondances et les divergences de contenu et de traitement. Le contexte social et familial est également mis en lumière. En outre, l’exposition offre l’occasion de découvrir, aux côtés d’oeuvres de peintres plus connues, celles d’artistes femmes tombées dans l’oubli, mais travaillant souvent à un haut niveau d’exigence.

Filles, épouses et peintres de cour

                                      Catharina van Hemessen (1528 – après 1565
Les corporations et les académies refusèrent longtemps l’accès aux femmes. Ainsi, les artistes étaient très souvent issues de familles d’artistes où elles étaient formées. Catharina van Hemessen (1528 – après 1565), qui réalisa à l’âge de 20 ans le premier autoportrait connu d’une artiste au travail figurant aujourd’hui au sein de la collection du Kunstmuseum Basel, apprit sans doute à peindre dans l’atelier de son père Jan Sanders van Hemessen (vers 1500 – vers 1556). Par ailleurs, nous savons que Marietta Robusti, dite la Tintoretta (vers 1554/55–1614), a, très jeune, assisté son père Jacopo Robusti, dit Tintoretto (1518/19–1594), dans la réalisation d’oeuvres de commande avant de devenir elle-même une peintre à succès.

                   Marietta Robusti, dite la Tintoretta (vers 1554/55–1614)
D’autres femmes eurent moins de chance et travaillèrent dans l’ombre des membres de leur famille. Leur style est souvent difficile à repérer, celui-ci se mêlant aux oeuvres de leurs maîtres selon les habitudes alors en vigueur dans les ateliers.
Michaelina Wautier (1604–1689) fut l’une d’entre elles. D’autres encore se marièrent avec un artiste. Rachel Ruysch (1664–1750) épousa le peintre Juriaen Pool (1666–1625) qui lui permit non seulement de peindre, mais on sait également que les natures mortes de Rachel se vendaient même mieux que les siennes et qu’il la soutenait véritablement dans son travail. Elle fut la première femme à être admise au sein de la guilde des peintres de La Haye

                                                           Rachel Ruysch (1664–1750)
En règle générale toutefois, le mariage entraînait l’abandon du métier exercé par la femme et la subordination à son époux, comme ce fut le cas pour Judith Leyster (1609–1660). Certes, la femme pouvait apporter en maints endroits son soutien à celui-ci dans son atelier, mais ses responsabilités familiales figuraient en réalité bien souvent au premier plan. Dès lors, des artistes comme Maria van Oosterwijk (1630–1693) choisirent de ne pas se marier.
Bien qu’il s’agisse de cas plus rares, il est intéressant de remarquer ces femmes artistes nées loin de la profession qui apprirent pourtant à peindre. Elles appartenaient à la noblesse, à la bourgeoisie comme au milieu de l’artisanat. Sofonisba Anguissola (1532–1625) fut l’une d’entre elles. Formée par le peintre Bernardino Campi (1522–1591), elle fut en engagée comme peintre à la cour d’Espagne grâce à son père qui fit sa promotion de manière ciblée. Leur lien avec la cour permettait aux femmes artistes de connaître la gloire et les honneurs en toute autonomie, plus tard cela leur facilitait l’accès à l’académie. Katharina Treu (1743–1811) fut ainsi la première femme disposant d’un titre de professeure au sein d’une académie allemande grâce au soutien du prince-électeur Charles-Théodore du Palatinat. L’enseignante la plus connue parmi ces artistes femmes est peut-être Angelika Kauffmann (1741–1807) qui fut, entre autres, membre de la Royal Academy de Londres. Toutefois, sans le soutien d’un entourage masculin, ces femmes n’auraient jamais connu le succès.

Au cours de ces siècles, les thèmes du portrait et de la nature morte florale prédominent chez les artistes femmes. Néanmoins, des exceptions pouvaient se produire : la peinture d’histoire, le plus noble des genres, constituait parfois le sujet du tableau. Il n’existe pas de thème « typiquement féminin », les motifs étant surtout l’expression du lieu de la pratique artistique et de l’époque où vivait chaque artiste. Le cercle des commanditaires déterminait également le sujet : tandis que la bourgeoisie s’affermit comme commanditaire aux Pays-Bas et en Allemagne, la noblesse conserva sa suprématie en Italie et en Espagne où s’ajoutaient des commandes ecclésiastiques encore plus importantes. Ces commandes déterminaient également les formats. Ainsi, le tableau de genre (d’un rang inférieur) s’imposa dans certaines régions du Nord à partir du XVIIe siècle face au tableau d’histoire qui perdura dans le Sud. Le portrait et la nature morte florale se retrouvent toutefois de la même façon chez les artistes du Nord comme du Sud.

De l’Italie à l’Allemagne

Les 19 artistes femmes sont regroupées selon leur origine géographique dans les cinq salles d’exposition au rez-de-chaussée du Kunstmuseum Basel | Hauptbau. Une première salle spacieuse est consacrée aux peintres italiennes Sofonisba Anguissola, Lavinia Fontana (1552–1614), Marietta Robusti, dite la Tintoretta, et Elisabetta Sirani (1638–1665).

Fedele Gallicia

Anne Vallayer-Coster

Une seconde salle, plus petite, expose des natures mortes romanes de Fede Galizia (vers 1574/78–1630), Louise Moillon (vers 1610–1696) et Anne Vallayer-Coster (1744–1818), avant une troisième qui présente les peintres flamandes Catharina van Hemessen, Michaelina Wautier et Judith Leyster. La quatrième salle se concentre sur les natures mortes du Nord avec Rachel Ruysch, Maria van Oosterwijk, Maria Sibylla Merian (1647–1717) et Alida Withoos (1662–1730), tandis que la cinquième salle se referme sur Katharina Treu et Dorothea Therbusch (1721–1782) originaires d’Allemagne, ainsi qu’Anna Waser (1678–1714), Anna Barbara Abesch (1706–1773) et Angelika Kauffmann natives de Suisse.
L’exposition réserve, en outre, une place aux femmes graveuses. Au sein des ateliers de gravure sur cuivre où se pratiquait aussi la gravure à l’eau-forte, les femmes travaillaient également dans le cercle familial avant tout. Comme il était habituel de munir les gravures d’informations détaillées sur le fabricant, le nom de ces femmes nous sont parvenus. Au sein des cabinets d’art graphique situés au premier étage du bâtiment principal du musée, des études de cas présentent trois des représentantes majeures de ce type d’art : Diana Mantovana (vers 1547–1612) issue de la famille éponyme de graveurs de Mantoue et de Rome, Magdalena de Passe (1600–1638) qui joua un rôle des plus actifs dans l’atelier de son père Crispijn de Passe à Cologne puis à Utrecht, ainsi que Maria Katharina Prestel (1747–1794) qui se maria avec son maître, Johann Gottlieb Prestel, avec lequel elle se lança, avec succès, dans le commerce alors florissant de la gravure de reproduction.

Des prêts internationaux

L’exposition est le fruit d’une coopération entre le Bucerius Kunst Forum d’Hambourg et le Kunstmuseum Basel, quoique l’étape bâloise plus circonscrite ne présente qu’une sélection des oeuvres exposées à Hambourg et publiées dans le catalogue accompagnant l’exposition. Elle rassemble des prêts d’oeuvres de collections publiques et privées internationales, dont la Galerie degli Uffizi à Florence, le Kunsthistorisches Museum à Vienne, le Rijksmuseum Amsterdam, les Staatliche Museen de Berlin, le Städel Museum de Francfort, la Staatsgalerie Stuttgart et la Gemäldegalerie Alte Meister à Dresde.
La publication richement illustrée contenant des contributions de Bodo Brinkmann, Katrin Dyballa, Sabine Engel, Ariane Mensger, Rahel Müller, Sandra Pisot, Sarah Salomon, Andreas Tacke, Iris Wenderholm et Seraina Werthemann a paru aux éditions Hirmer Verlag.

Informations pratiques

Kunsmuseum-neubau
St. Alban-Graben 8, Postfach
CH-4010 Basel
Tel. +41 61 206 62 80

Depuis la gare SBB tram n° 2 arrêt Kunstmuseum

Holbein et la Renaissance au Nord

photo Pierre Henninger

 
Conservateur du Musée Städel : Prof. Dr. Jochen Sander (Musée Städel, directeur adjoint et chef de la collection de peintures hollandaises, flamandes et allemandes avant 1800)
Durée de l'exposition : du 2 novembre 2023 au 18 février 2024

Elle est considérée comme l’un des plus grands chefs-d’œuvre de la Renaissance allemande : la Madone du maire Jacob Meyer zum Hasen (1526-1528) de Hans Holbein le Jeune.

Le célèbre tableau était présenté dans la grande exposition
« Holbein et la Renaissance au Nord » au Musée Städel. L’œuvre était à nouveau visible à Francfort après plus de 10 ans.
Le tableau était en possession des grands-ducs de Hesse et du Rhin depuis la première moitié du XIXe siècle et a été exposé au Schlossmuseum de Darmstadt jusqu’en 2003, avant d’être exposé au Städel Museum à partir de 2004. En 2009, les propriétaires décident de vendre le tableau. Malgré les efforts conjoints des propriétaires et du musée Städel, le musée Städel n’a pas pu acquérir la toile, ni la rendre accessible au public. Le tableau, qui figure sur la liste des biens culturels de valeur nationale et est donc protégé contre l’exportation.Il a ensuite été acquis par l’entrepreneur, collectionneur et mécène Reinhold Würth, qui le rend accessible au public dans la Johanniterkirche de Schwäbisch Hall depuis 2012. Prêt important de la collection Würth, la Madone de Holbein était présentée dans l’ exposition aux côtés d’environ 130 peintures, dessins et gravures exceptionnels d’autres artistes pionniers de la Renaissance provenant des plus importants musées d’Europe.

                                              Holbein le Jeune

Le directeur du Städel, Philipp Demandt, déclare :

« La Madone de Holbein est une œuvre clé de notre grande exposition de peinture de la Renaissance. En tant que directeur du Städel, je suis
très heureux de cet important prêt de la Collection Würth. C'est grâce à l'entrepreneur Hohenloh, collectionneur d'art et mécène, que ce chef-d'œuvre peut encore être vu - c'est lui seul qui a assumé l'obligation de sécuriser cette œuvre et de la conserver pour le public. Le Musée Städel, fondé il y a plus de 200 ans par des donateurs privés, considère également ce prêt généreux comme une reconnaissance de son travail. Car avec Reinhold Würth, qui met gratuitement à la disposition du public son importante collection d'art dans cinq musées et dix dépendances d'art, nous partageons l'intention de rendre l'art accessible aux gens et de le regarder encore et encore."  


une La Madone de Solothurne avec St Martin et St Ursus

Le collectionneur et entrepreneur Reinhold Würth à propos de son
engagement :
« L’art relie les gens et les incite à penser et à s’immerger dans d’autres mondes. Nos musées sont fondamentalement les lieux les plus démocratiques, où tout le monde est égal . Depuis 2012, la Madone de Hans Holbein le Jeune enchante les visiteurs d’ici et d’ailleurs au Schwäbisch Hall. C’est un grand plaisir pour moi que le tableau soit présenté cet automne à la grande exposition sur la peinture de la Renaissance du Nord à Francfort. Je suis sûr que le Städel Museum saura une fois de plus créer une exposition aussi innovante que belle. Un point culminant de l’exposition est la rencontre de la Madone de Holbein de la collection Würth avec la Madone de Soleure (1522, Musée d’art de Soleure), également peinte par Holbein le Jeune. L’exposition Städel « Holbein et la Renaissance dans le Nord » (2 novembre 2023 – 18 février 2024) donne un aperçu de l’évolution de l’art entre le gothique tardif et le début des temps modernes avec une vue sur l’importante ville impériale et métropole commerciale d’Augsbourg « .

Les pionniers

Ce sont surtout les peintres Hans Holbein l’Ancien et Hans Burgkmair l’Ancien qui ont testé de nouvelles possibilités picturales à Augsbourg. Ce n’est pas pour rien qu’ils sont considérés, aux côtés d’Albrecht Dürer, comme les pionniers de la Renaissance allemande, que Holbein le Jeune a finalement fait connaître dans toute l’Europe.

                                             Albrecht Dürer
L’exposition – Holbein et la Renaissance au Nord– Le Musée Städel a présenté un aperçu complet, des débuts de la peinture de la Renaissance au nord des Alpes. L’accent est mis sur la métropole impériale et commerciale d’Augsbourg, qui a connu une prospérité culturelle et économique au début du XVIe siècle. Cela est dû à divers facteurs : le sens artistique de la scène internationale.

Les maisons de commerce comme le Fugger ou le Welser, les nombreux séjours de l’empereur Maximilien Ier et le Reichstag qui s’y réunissait souvent. Augsbourg se caractérise par un climat particulièrement ouvert d’esprit dans lequel les positions de l’art de la Renaissance influencées par la culture humaniste de l’Italie sont mises à l’épreuve. Outre Albrecht Dürer, les pionniers comprenaient également des collègues artistes et concurrents

Hans Holbein l’Ancien (environ 1460/70–1524)
et Hans Burgkmair l’Ancien (1473-1531).


Ils ont emprunté des voies nouvelles et très différentes dans leur art : alors que Holbein s’est d’abord intéressé aux innovations de la peinture hollandaise depuis Jan van Eyck,

                                                               Jan van Eyck,
Burgkmair s’est orienté vers l’art le plus récent en Italie. Les deux artistes représentent différentes possibilités stylistiques de la peinture de la Renaissance, qui a également inspiré d’autres artistes d’Augsbourg à des degrés divers à cette époque. L’influence de cet art sur la génération suivante d’artistes peut être vue dans les œuvres de Hans Holbein l’Ancien. J., qui développa les positions apparues à Augsbourg et diffusa son travail dans toute l’Europe.
Pour la première fois, un nombre important de peintures, dessins et gravures les plus importants de Holbein et Burgkmair sont rassemblés pour l’exposition, y compris le monumental «Autel dominicain» (1501) de Holbein de la collection du musée Städel, «Sainte Catherine» (environ 1509/10, Fondation Schloss), Friedenstein, Gotha) ou la « Madone sur l’Altan » (vers 1519/20, Gemäldegalerie, Berlin) ainsi que le « Christ sur le mont des Oliviers » de Burgkmair (1505, Hamburger                        Donatello
Kunsthalle), le «Mise au Tombeau» (vers 1520, Musée Thyssen-Bornemisza, Madrid) ou les portraits du couple Schellenberger (1505/07, Musée Wallraf-Richartz & Fondation Corboud, Cologne). Ces œuvres sont complétées par des œuvres d’autres artistes d’Augsbourg datant d’environ 1480 à 1530 ainsi que par des œuvres sélectionnées d’artistes allemands, italiens et hollandais. Il y avait entre autres : également Albrecht Dürer, Donatello et Hugo van der Goes, qui ont influencé l’œuvre de Holbein l’Ancien, et Burgkmair a eu un impact durable.

Hugo van der Goes

Informations pratiques

staedelmuseum.de
Service aux visiteurs et visites guidées : +49(0)69-605098-200, info@staedelmuseum.de
Lieu : Musée Städel, Schaumainkai 63, 60596 Francfort-sur-le-Main