Jeux de Ficelle / String Figures

Installationsansicht: Installation shot by John Schiff.
Title: Marcel Duchamp, Exhibition design for First Papers of
Surrealism, 1942.
On y joue au Musée Tinguely jusqu'au 9 mars 2025
Commissariat d’exposition :
Mario Schulze et Sarine Waltenspül,
co-commissariat Andres Pardey


                           
L’exposition, décrite comme une 
« Une exposition de recherche » entre ficelles ou cordes !

Tendues entre huit doigts et deux pouces, parfois entre les orteils et les dents, les ficelles dessinent des figures. Les jeux de ficelle sont capables de multiples choses : ils racontent des histoires, sont un passe-temps, rendent visible l’ineffable et relient les gens. Technique culturelle parmi les plus anciennes de l’humanité, ils ont inspiré artistes, performeur.euses, ethnologues et théoricien.ne.s. En tant que pratique esthétique, artefact muséal et concept non-occidental, les jeux de ficelle constituent un objet de réflexion pour la science et l’art.

Maureen Lander, String Games

Maya Deren, pionnière du cinéma expérimental, a ainsi filmé Marcel Duchamp, après son émigration aux États-Unis, en train d’exécuter un jeu de ficelle, juste après que celui-ci a épuisé des kilomètres de ficelle pour concevoir son exposition surréaliste. Pour sa part, Maureen Lander a décolonisé la Boîte-en-valise de Duchamp en remplissant son célèbre petit musée-valise de photographies de jeux de ficelle māori. Dans un de ses Screen Tests, Andy Warhol a filmé Harry Smith, à la frontière entre folklore et art, exécutant un jeu de ficelle. Enfin, David Ket’acik Nicolai, ingénieur originaire de l’Alaska, réalise des figures que lui a enseignées sa grand-mère sur TikTok, sous le nom de Yu’pik Dave.

Les deux cinéphiles Mario Schulze et Sarine Waltenspül

ont été captivés par les jeux de fils au sens propre du terme. Dans les archives cinématographiques de Göttingen, ils ont découvert sept films consacrés à ces jeux. C’est le début d’un long voyage de recherche du duo, dont les résultats intermédiaires sont désormais présentés au Musée Tinguely en collaboration avec le directeur adjoint du musée, Andres Pardey.

En ethnologie, les figures de ficelle ont longtemps été considérées comme un jeu universel. Pratique corporelle qu’on rencontre à de nombreux endroits du monde, elle a nourri l’imaginaire épistémologique d’une comparaison culturelle qui devait permettre de renseigner sur des routes migratoires ou sur l’humanité universelle. Dès 1888, Franz Boas décrivit les figures de ficelle des Kwakiutl. Par la suite, des ethnologues (féminines souvent) européo-américain.e.s ‘collectèrent’ des figures de ficelle puis les montèrent sur des feuilles de carton, des dessins ou des photographies.

Cependant, de tels supports ne permettent pas de comprendre l’élaboration de ces figures, aussi on élabora des systèmes de notation complexes. Les ethnologues ont également réalisé des films de joueur.euse.s de ficelle afin de rendre justice au caractère processuel, performatif et matériel du jeu de ficelle. Certains de ces films se trouvent dans l’Encyclopaedia Cinematographica, dont l’objectif consistait à collecter le monde sur celluloïd et à le préserver au sens d’une ethnologie de sauvetage pour la postérité.

Siena Miḻkiḻa Stubbs, Miyapunu (turtle), 2019, soft ground etching.
Courtesy of the Artist.

Ces dernières années, le jeu de ficelle a gagné en importance dans le domaine de la théorie de la culture. Donna Haraway met en avant ses string figures comme méthode pour une pensée et une collaboration interdisciplinaire et interespèces. Contrairement à la métaphore du réseau, les string figures d’Haraway proposent une façon ludique de penser, axée sur le processus, incarnée et tournée vers la responsabilité mutuelle.

Toby Christian, anglais né en 1983 à Lincolnshire, UK) vit et travaille à Glasgow.
Il présente  la  Tour Eiffel avec des cornes du diable.

Étude Stringer : Noeud Magique de la Tour Eiffel Teufelshoerner (2024)
 
Copie carbone au fusain sur lin, avec l’aimable autorisation de l’artiste et de Belmacz, application IA de Londres qui crée une sculpture numérique en fil en réponse à une déclaration orale.
 
« Stringer est une IA qui ne donne pas de réponses, mais qui vous tend la main et vous invite dans un autre endroit, un endroit que vous ne connaissez pas. Elle entre en dialogue avec vous et vous implique dans la construction du sens. Stringer est une IA qui engage le corps à travers une médiation prudente et lente et représente un antidote à de nombreuses théories actuelles de notre époque, caractérisées par un sentiment d’immédiateté et une peur générale de l’intelligence artificielle. Il ne s’agit pas d’un retour conservateur ou réactionnaire à l’intelligence artificielle. d’anciennes valeurs, mais comme une manière d’aborder différemment le présent. »
 

L’exposition réunit art, anthropologie et théorie. Elle rassemble des individus de différentes régions du monde et explore des façons de jouer ensemble sur les ruines de notre histoire.

Informations pratiques

Musée Tinguely
Paul Sacher-Anlage 1 |
Postfach | CH-4002 Basel | T. +41 61 681 93 20
ouvert du mardi au dimanche

Auteur/autrice : elisabeth

Pêle-mêle : l'art sous toutes ses formes, les voyages, mon occupation favorite : la bulle.

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