Jusqu’ au 5 janvier 2014, le Musée Würth France Erstein présente l’exposition « Art Faces. Des photographes rencontrent des artistes ».
L’art du portrait, classé comme un des genres nobles de la peinture dans la hiérarchie des genres au cours du XVIIe siècle, connait une concurrence sérieuse avec le développement de la photographie au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle. En effet, cette période correspond à la fois au triomphe du portrait peint, porté par l’essor de la bourgeoisie, et au développement du portrait photographique, moins onéreux et moins encombrant.
Le XXe siècle fait ensuite la part belle au portrait photographique, gagnant les couches populaires et relayant le portrait peint au second plan. De nombreux photographes se spécialisent dans l’art du portrait comme Nadar, August Sander ou encore Helmut Newton. Qu’il s’agisse d’un instant « posé » ou bien « volé », le portrait est toujours le fruit d’une rencontre, d’un jeu ou d’une négociation entre deux sujets, l’un derrière l’objectif, l’autre devant.
Lorsque l’on regarde attentivement ces portraits, on ne peut s’empêcher de penser à l’art qu’il pratique. C’est comme si leurs œuvres étaient leurs autoportraits. Leurs visages du moins pour les plus connus, ressemblent à leur travail. Une mise en abime.
Y a t’il eu entente entre le photographe et le sujet ? Même si le portrait est composé, entouré de certains éléments signifiants de leur profession, à l’instar des portraitistes anciens, qui accompagnaient leurs modèles de leurs attributs principaux ( palette, équerre, instruments de musique etc …) Que cela soit Bacon qui évoque ses corps tourmentés, Marie Laurencin avec ses demoiselles distinguées, ou d’autres comme Christo, Kelly, Max Ernst où on devine l’intellectuel.
Une belle surprise, celle qui se cache derrière des déguisements à longueurs d’expositions,
est devenu commissaire, Cindy Scherman est révélée dans la collection par le photographe Benjamin Katz. Il y a les classiques comme Picasso, Dali, Wahrol, Basquiat, d’autres plus inattendus, comme Gabriele Munter ou Sonia Delaunay, Marino Marini sur une de ses scuptures, Man Ray et Duchamp jouant aux échecs
L’exposition Art Faces se concentre sur des rencontres, souvent illustres, entre quelques photographes de renoms tels que Michel Sima, Gisèle Freund ou Herbert List avec des artistes comme Pablo Picasso, Piet Mondrian ou encore Gerhard Richter (un regard incroyable). Cet ensemble de photographies, qui appartient aujourd’hui à la Collection Würth, a été assemblé par le photographe suisse d’origine alsacienne François Meyer. Le point de départ de sa collection est constitué d’une série de portraits photographiques qu’il réalise à la fin des années 1970, lors d’un séjour aux États-Unis où il a la chance de fréquenter les ateliers de Sam Francis, Roy Lichtenstein ou encore Andy Warhol. À partir de ce fonds, qui dort pendant vingt ans dans ses tiroirs, il rassemble avec sa femme Jacqueline, à la fin des années 1990 une collection de plus de 250 portraits d’artistes en noir et blanc. Au décès de sa femme et selon ses dernières volontés, ces oeuvres seront vendues au profit d’une fondation contre le cancer. François Meyer (*1953)
François Meyer, né à Genève, est issu d’une famille d’industriels de Sélestat en Alsace. Dès son enfance, il se familiarise avec le monde de l’art, visite de nombreux musées et côtoie au quotidien les oeuvres que son père collectionne avec passion : oeuvres surréalistes, du groupe CoBrA et peinture américaine des années 1960. Peu intéressé par les études, François Meyer fait très tôt le choix de se tourner vers la photographie. Il entreprend un apprentissage à l’atelier Borel-Boissonnas à Genève auprès de Paul Boissonnas. Il réalise alors de nombreuses photos pour des catalogues de musées et d’expositions. Cette activité lui permet notamment de rencontrer de nombreux collectionneurs et conservateurs de musées. Le contact avec les oeuvres d’art éveille en François Meyer le désir de connaître leurs auteurs, les artistes derrière les oeuvres. Il réalise alors ses premiers portraits d’artistes lors de fréquents voyages à Paris au milieu des années 1970, parmi lesquels César ou encore Sonia Delaunay. En 1977, il séjourne à New York où il visite de nombreux ateliers d’artistes de la scène Pop et des représentants de l’art minimal et conceptuel, grâce à l’entremise du galeriste Leo Castelli. Ses photos présentent un kaléidoscope de l’esprit de la scène artistique new-yorkaise des années 1970. Chaque photographie est un dialogue entre l’artiste et le photographe : dans ses portraits, François Meyer cherche à établir un lien entre l’univers de la photographie et l’univers de l’art et à montrer au travers de l’objectif, combien le caractère de l’artiste se reflète dans son oeuvre. Mais cette activité reste pour François Meyer une passion qu’il ne montre pas : pendant plus de vingt ans, ses prortraits d’artistes restent en effet dans un tiroir. Pendant cette période, il collabore régulièrement aux magazines L’OEil, Connaissance des Arts, Architectural Digest et Elle Décoration, pour lesquels il réalise des reportages. Les photographes de l’exposition Kurt Blum 1922 – 2005 / Philippe Bonan *1968 / Jean-Christian Bourcart *1960 / Denise Colomb 1902 – 2004 / Pierre Descargues 1925 – 2012 /
Jean Dieuzaide 1921 – 2003 / Luc Fournol 1931 – 2007 / Gisèle Freund 1908 – 2000 / Michael Halsband *1956 / Monique Jacot *1934 / Benjamin Katz *1939 / Barbara Klemm *1939 / Herbert List 1903 – 1975 / Oliver Mark *1963 / François Meyer *1953 -/ Inge Morath 1923 – 2002 / Arnold Newman 1918 – 2006 / Sebastiano Piras *1961 /Michel Sima 1912 –1987 / James Van der Zee 1886 – 1983 /Sabine Weiss *1924
Catalogue de l’exposition Art Faces.
accompagné d’un livret de textes traduits en français
édité par Swiridoff Verlag (2003)
Livret de traductions édité par Musée Würth France Erstein (2012)
Prix : 34 €
Si vous avez la possibilité de visiter le musée Fernand Léger à Biot, vous serez agréablement surpris par la beauté et la qualité de ce musée, dans un cadre idyllique.
Vladimir Velickovic peintre, dont le talent est maintenant reconnu mondialement, est né à Belgrade, en 1935. C’est très jeune qu’il fait l’expérience de la tragédie au quotidien.
Lorsque l’on pénètre dans l’espace Malraux de Colmar, on a le sentiment d’arriver juste après le carnage, dans un paysage dévasté, apocalyptique, les corps torturés, le feu couvant encore, dont le rouge répond au sang des gisants. La violence est partout, l’horreur vous prend aux tripes, on s’attend à une odeur de brûlé, de gémissements, le silence s’impose.
Les cadavres abandonnés par la guerre et ses incommensurables ravages, dont il gardera la conscience jusqu’à l’infinitésimal, l’horreur, dans toute sa profondeur existentielle, sera son matériau et ne le quittera plus ; pas une toile, pas un dessin qui ne soit pas l’expression de cette réalité crue. Les cartels montrent des titres courts, mais éloquants :
Blessure, Corbeaux, Feu, Tête, Crochet, Exit
Puis on entrevoit les références à Grünewald, la crucifixion, les mains du Christ, Bacon, la couleur de la chair, les corps torturés, Goya, les corbeaux, la violence, le rouge et le noir, le gris des nuages, les corps mutilés d’Otto Dix. Toute une vie à peindre la souffrance, la mort, le sang, l’arbitraire, l’insoutenable, pour nous rappeler l’évidence : la permanence de la barbarie. L’artiste nous montre toute la cruauté du monde, peintre de la douleur et de la violence, sa palette va a l’essentiel, virtuose cependant dans le traitement des corps, le rouge sang de la violence, le noir et le gris du ciel. En effet comment imaginer un tel désastre sous un ciel bleu, et pourtant …. L’artiste témoin des atrocités des troupes nazies dans Belgrade, est pourtant serein avec un regard intense.
On ne sort pas indemne de cette confrontation.
A l’occasion de l’exposition à l’espace Malraux, le musée Unterlinden expose exceptionnellement « la Poursuite » tableau de Vladimir Velockovic.
Un très gros volume de grande qualité, faisant office de rétrospective de son œuvre, de 1953 à aujourd’hui, vient de paraître aux éditions Gourcuff Gradenigo (2013). jusqu’au 20 octobre 2013 espace d’art contemporain Malraux 4, rue Rapp 68000 Colmar
du mardi au samedi de 14 à 19 h
dimanche de 14 h à 18 h
entrée libre
photos de l’auteur courtoisie de Vladimir Velickovic
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« Si toute la vie va inévitablement vers sa fin, nous devons durant la nôtre, la colorier avec nos couleurs d’amour et d’espoir » Marc Chagall Dès 1969, le ministre de la Culture, André Malraux, décide la construction d’un musée pour conserver le Message Biblique après sa donation à l’Etat. Celle-ci débute en 1970 sur un vaste terrain, offert par la Ville de Nice, où était édifiée une villa du début du siècle en ruine. Chagallsuit avec intérêt le projet : c’est lui qui demande qu’un auditorium fasse partie des salles prévues. Il souhaite également enrichir le bâtiment en ajoutant les vitraux de l’auditorium et une mosaïque qui entraîne la modification des axes de circulation du musée.
En 1973, l’artiste est présent pour l’inauguration du musée national Message Biblique Marc Chagall, avec André Malraux et le ministre de la Culture de l’époque, Maurice Druon. Jusqu’à sa mort en 1985, Marc Chagall a accompagné les premières années de la vie de l’institution. Il est présent aux inaugurations d’expositions et lance, grâce à ses relations amicales, une prestigieuse politique de concerts.
Après la mort de Chagall, le musée bénéficie du dépôt d’une partie importante de la dation (procédure qui permet le paiement en oeuvres d’art des droits d’héritage. La dation Chagall a comporté plus de 300 oeuvres) . De nouvelles acquisitions enrichissent peu à peu les collections et, grâce à l’appui des héritiers du peintre, le musée devient monographique à part entière, témoignant à la fois de la spiritualité de l’œuvre de l’artiste et de son inscription dans les courants artistiques du XXème siècle.
En 2005, le musée change donc de nom et devient musée national Marc Chagall.
Le Message Biblique
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Chagall commence à travailler sur le Message Biblique au début des années cinquante, d’abord pour rendre vie à la Chapelle du Calvaire, à Vence, où il vit entre 1949 et 1966. Avec l’avancement du travail, il préfère détacher l’ensemble d’une religion particulière et décide finalement de l’offrir à l’Etat français en 1966. Le cycle comprend les douze tableaux illustrant la Genèse et l’Exode, les deux premiers livres de la Bible, et un ensemble de cinq peintures évoquant Le Cantique des Cantiques. Un salle particulière dédiée à sa deuxième épouse Vava est extrêmement émouvante.
A Vava, ma femme, ma joie et mon allégresse
Pour les douze premiers, Chagall choisit d’illustrer, avec une grande précision par rapport au texte biblique, les épisodes qui mettent en valeur les relations entre l’homme et Dieu. La répartition des tableaux sur les murs de la salle où ils sont exposés, qui ne respecte pas le déroulement historique de ces épisodes, mais s’appuie sur des correspondances formelles et religieuses, a été décidée par l’artiste lui-même.
La nouvelle exposition au musée Chagall intitulée « Chagall devant le miroir autoportraits, couples et apparitions » 16 juin – 7 octobre 2013
Ouvert tous les jours sauf le mardi, les 1er janvier, 1er mai, 25 décembre
DE NOVEMBRE A AVRIL
de 10 h à 17 h
Musée national Marc Chagall
Avenue du Docteur Ménard
06000 Nice
Accueil-standard T : + 33 (0) 4 93 53 87 20
F : + 33 (0)4 93 53 87 39 Accès :
Aéroport Nice Côte d’Azur
Gare S.N.C.F.
Bus n° 22 arrêt « Musée Chagall » ligne 22 (au 01 01 12)
Bus n° 15 arrêt « Musée Chagall » ligne 15 (au 29 08 11)
Parking : stationnement gratuit pour les autocars et voitures
Accès handicapés, toilettes handicapées.
photos de l’auteur
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Présentation de la Collection de la Fondation Beyeler
En coopération avec la Collection Bischofberger et la Collection Daros 8 juin – 22 septembre 2013
Au sein de la nouvelle présentation de la Collection Beyeler, en place à partir du 8 juin, la Fondation Beyeler consacrera trois salles à des œuvres d’Andy Warhol. « L’ombre de la lumière » s’interroge sur le rôle de ce double concept dans la création tardive de l’artiste américain et expose sur 600 mètres carrés des pièces appartenant à de grandes collections suisses. Les œuvres de la Collection Beyeler se verront ainsi complétées par des prêts de la Daros Collection (Zurich), de la Collection Bischofberger (Zurich) et d’un autre prêt consenti par une collection particulière, suisse elle aussi. Les deux prêts internationaux du Andy Warhol Museum (USA), le film Empire (1964) et l’installation spatiale Silver Clouds (1966), enrichissent ultérieurement cet ensemble.
Cette réunion d’œuvres électrisantes de Warhol élucide fort bien le concept de clair-obscur encore mis en relief par l’éclairage différencié des trois salles d’exposition. On prend ainsi conscience du caractère de plus en plus sombre de la création tardive d’Andy Warhol, une évolution qui ne touche pas seulement la surface des œuvres mais leur contenu. Ce point apparaît avec une netteté toute particulière dans les deux pièces de grand format que sont Sixtythree White Mona Lisas (1979) et Big Electric Chair Painting (1980), qui captivent immédiatement le spectateur par leur 11 mètres de long environ et font partie de la série intitulée « Retrospectives and Reversals ».
L’idée de départ de « Retrospectives and Reversals » consistait à sélectionner les détails majeurs de dix des plus célèbres travaux de Warhol et à les rassembler dans différentes œuvres. L’artiste a donc réuni les extraits de cette sorte de « Top Ten » de sa création pour réaliser de nouveaux tableaux, créant un effet de distanciation par le procédé d’inversion. D’où une puissante transformation du motif, encore intensifiée par sa multiplication. L’emploi de la lumière et des ombres prête une importance accrue à cette série ; Warhol avait pourtant déjà exploré la lumière « cachée » de pierres précieuses dans sa série « Gems » (pierres précieuses) et la sombre luminosité des négatifs dans sa série « Shadows » (ombres). Warhol a exploité ces expériences antérieures dans « Retrospectives and Reversals », une série qui est au cœur de cette exposition et révèle l’orientation mélancolique que prend l’œuvre de l’artiste durant cette période. L’exposition Andy Warhol fait partie de la présentation de la Collection et a pour commissaire Sam Keller, directeur de la Fondation Beyeler, Catherine Iselin en est le commissaire adjoint. On peut la voir du 8 juin au 22 septembre 2013 dans les salles 20-22 du Souterrain ainsi qu’au Jardin d’hiver de la Fondation Beyeler. www.fondationbeyeler.ch Fondation Beyeler, Beyeler Museum AG, Baselstrasse 77, CH-4125 Riehen
Heures d’ouverture de la Fondation Beyeler: tous les jours 10h00–18h00, le mercredi jusqu’à 20h00
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La grande exposition d’été programmée au Musée Frieder Burda du 15 juin au 13 octobre 2013est intitulée « Emil Nolde. La splendeur des couleurs ».
C’est la première fois depuis de nombreuses années qu’un événement de cette ampleur est dédié à Nolde en Allemagne du Sud. On y voit cinquante-huit toiles et vingt-deux aquarelles provenant de toute la période créatrice de l’artiste. L’exposition est organisée en coopération avec la Fondation Nolde-Seebüll et placée sous le commissariat de Manfred Reuther, ex-directeur de la Fondation.
Emil Nolde(1867-1956) compte parmi les peintres majeurs de l’expressionnisme allemand. Les thèmes essentiels de son univers artistique sont présentés dans le cadre d’une rétrospective de grande ampleur qui montre outre des paysages, des représentations de personnages et des portraits ainsi que des motifs religieux et des impressions rapportées de son voyage dans les mers du Sud. Des toiles aux couleurs énergiques nous révèlent toute la diversité du monde imaginaire d’Emil Nolde avec, en arrière-plan de cette diversité, une constante : la force émotionnelle de la couleur.
Manfred Reuther : « Dès ses débuts, l’évolution artistique de Nolde s’est confondue avec la recherche de la couleur, son véritable moyen d’expression, maîtrisé avec une virtuosité croissante. » De son côté, Nolde affirme : « Les couleurs, c’était mon bonheur. On aurait dit qu’elles aimaient mes mains. »
Ses toiles et aquarelles joyeuses parlent de son attachement à la nature et de sa quête d’une humanité originelle. Rouges éclatants, bleus intenses, noirs profonds, mauves puissants : telle est la palette vigoureuse avec laquelle Emil Nolde compose ses paysages romantiques et ses marines mouvementées. « J’aime la musique des couleurs. »
Manfred Reuther explique : « Dans l’évolution artistique de Nolde, la découverte de la couleur n’est pas un événement venu de l’extérieur : elle n’a été ni transmise par des conseils d’enseignants ni inspirée par des courants contemporains. C’est, chez l’artiste, une attirance forte qui s’est révélée de bonne heure, un don inné, une prédisposition naturelle qui ne demandait qu’à s’épanouir. Dès son enfance, le jeune Nolde a conscience de son intime besoin de création et de ses dons artistiques. Au pasteur du village, il confie son désir de devenir artiste peintre. Dans son autobiographie, il se souvient de ses premières tentatives de coloriste: “À l’école, j’avais colorié toutes les illustrations de mon livre d’histoire biblique ; déjà, je vivais continûment dans le ravissement que me procuraient les couleurs.”
Dépourvu de matériaux adaptés à son talent, il invente des expédients, exécutant ses premiers essais de peinture avec des jus de baies de sureau et de betteraves rouges. Ses parents semblent s’être aperçus d’une attirance particulière chez leur fils : pour Noël, on lui offrit la boîte de peinture tant désirée.
Pendant les années où il enseigne le dessin au Musée de l’industrie et de l’artisanat de Saint-Gall, Nolde se plonge dans l’étude de la couleur. Il raconte : « Avec audace, j’ai essayé d’harmoniser sur un fond blanc les couleurs les plus éloignées : les très chaudes avec les très froides, le vermillon avec l’indigo – mais c’était trop difficile. J’ai déchiré la feuille. »
Autour de 1903, il commence à expérimenter l’effet de certains produits chimiques sur le bois, analysant leurs transformations de couleur. Mais ce qui l’intéresse surtout, c’est le rapport de la couleur avec la lumière. Quand il peint, Nolde choisit des couleurs présentes dans la nature. Mais il accentue les teintes du réel et les juxtapose sans atténuer les contrastes : il arrive ainsi à renforcer l’expressivité et la luminosité de la couleur au point qu’elle dépasse de beaucoup les effets obtenus par les teintes naturelles.
« Une couleur, par sa présence à côté d’une autre, détermine le rayonnement de cette dernière », explique-t-il, « de la même façon qu’en musique, une note figurant dans un accord reçoit sa couleur sonore de la note voisine. »
Mais il ne se conforme à aucun schéma préexistant, à aucun système, à aucun programme ; au contraire, le tableau et son élaboration colorée se déterminent généralement au fur et à mesure que l’artiste travaille. Il affirme : « Le peintre n’a pas besoin de savoir grand-chose ; le mieux est qu’il puisse peindre d’instinct, peindre comme il respire, comme il marche. » Et il poursuit : « C’est pourquoi j’évite volontiers toute réflexion préalable ; il me suffit d’avoir une vague idée de lumière ou de couleur, et mon travail se fait de lui-même, sous ma main.»
Outre ces toiles aux couleurs dynamiques, de nombreuses aquarelles témoignent de l’inventivité artistique de Nolde. Manfred Reuther explique : « Ses aquarelles sont d’une extraordinaire diversité. Les propriétés spécifiques des couleurs à l’eau concordaient avec son désir de spontanéité et d’immédiateté. Il utilisait un pinceau gorgé de couleur, peignait avec des mouvements rapides et fluides, en essayant d’éliminer l’intervention de la raison et de suivre principalement son instinct. Les irrégularités du papier, les taches, les bavures participaient à la genèse de l’image. Ce qu’il recherchait, c’était la spontanéité dans le geste créateur et une relation directe avec le médium. »
Parmi les travaux sur papier exposés à Baden-Baden figurent quelques aquarelles appartenant à la série des Ungemalte Bilder (« tableaux non peints ») réalisés par l’artiste dans son atelier de Seebüll alors qu’il était sous le coup de l’interdiction de peindre décrétée par les nazis. malgré l’enracinement dans le sol natal, Nolde a effectué de grands et fréquents voyages à l’étranger. Il a fait plusieurs séjours de longue durée au Danemark, en Suisse, en Italie. En 1921, il visite l’Andalousie, Madrid. En 1913-1914, il avait déjà traversé Moscou, la Sibérie, le Corée, le Japon, la Chine, pour se rendre dans les mers du Sud où, sur l’invitation de l’Office colonial du Reich, il avait pris part à une expédition médicale et démographique en Nouvelle-Guinée allemande. Toutes ces contrées lui ont fourni des sujets qui peuplent son univers artistique. Mais dans sa conscience de créateur, il est resté sa vie entière enraciné dans sa région d’origine, le Schleswig. Pour lui, les « racines » de son activité artistique « plongent dans le sol de mon terroir natal. Même si, par expérience vécue et par désir d’élargissement de mes possibilités artistiques, je touche aux contrées primitives les plus éloignées, dans la réalité ou dans les représentations du rêve – ma patrie reste mon terroir d’origine. » Un écrin de fleurs autour du Musée Frieder Burda, Emil Nolde aimait les fleurs.
Partout où il séjournait, il installait un jardin. Pied-d’alouette bleu, centaurée rouge, iris violet, hélénie jaune : la magie colorée des fleurs inspirait le peintre et lui servit de modèle pour de nombreux tableaux représentant des fleurs et des jardins. Pour accompagner la grande exposition de son œuvre, le Service des jardins de la ville de Baden-Baden a installé quatre grands massifs de fleurs dans le parc de la Lichtentaler Allee. « Chaque massif est composé de couleurs correspondant à une toile présente dans l’exposition. Chacun d’eux a reçu un cadre en bois rappelant le cadre d’un tableau, dont les proportions sont celles de la toile qu’il évoque, multipliées par six. », nous explique Markus Brunsing, directeur du Service des jardins, qui a élaboré ce concept. « Mais, poursuit-il, ces massifs ne sont pas une transposition exacte des toiles ; c’est plutôt leur atmosphère colorée qui est reproduite. C’est une autre façon de peindre : avec des fleurs sur fond de parc. »
Soixante espèces et genres de plantes annuelles figureront dans ces massifs, toutes des fleurs d’été. Correspondant aux couleurs saturées de Nolde, on verra du rouge lumineux, de l’orange, du jaune, du bleu : gueules-de-loup, ageratums, bégonias, cosmos, campanules, coquelicots, fleurs de vanille, salvias, pied-d’alouette.
Pour la première fois, la thématique d’une exposition sera transposée en pleine nature, grâce à des plantes.
Le catalogue de l’exposition, contenant des reproductions de toutes les œuvres, est publié par les éditions Snoeck (Cologne) ; 180 pages. Prix au musée : 29 euros.
Info : Emil Nolde. La splendeur des couleurs 15 juin – 13 octobre 2013
Musée Frieder Burda
Lichtentaler Allee 8b, 76530 Baden-Baden,
www.museum-frieder-burda.de Tél: 0049 7221/39898-0,
Fax: 0049 7221/39898-30
Heures d‘ouverture:
Ma au di 10-18 heures,
fermé lundi (sauf les jours fériés)
texte et photos presse courtoisie du musée Frieder Burda
sauf la photo 1 de l’auteur
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La 44e édition d’Art Basela fermé le dimanche 16 Juin 2013.
Les galeries ont déclaré des ventes exceptionnellement fortes à tous les niveaux.
Bâle est redevenu le lieu de rencontre central pour le monde de l’art international, plate-forme de l’art contemporain et moderne.
Art Basel, parrainé par l’UBS, a attiré un record de 70.000 visiteurs, générant une fréquentation de 86.000 au cours des show des six jours.
Les représentants et les groupes de plus de 70 musées du monde entier ont assisté aux spectacles, aux côtés de grands collectionneurs privés du Nord et Amérique du Sud, en Europe et en Asie.
Un nombre important d’artistes ont assisté à l’édition de cette année, y compris: Kader Attia, Tom Burr, Thomas Demand, Meschac Gaba, Theaster Gates, Isa Genzken, Dominique Gonzalez-Foerster, Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, Noriyuki Haraguchi, Roni Horn, Christian Jankowski, Idris Khan, Jorge Macchi, Steve McQueen, Matt Mullican, Sean Scully, Jim Shaw, John Stezaker, Eduardo Terrazas, Mickalene Thomas, Tunga et Danh Vo.
Les visiteurs à l’exposition ont relevé la qualité exceptionnelle des œuvres exposées, ce qui explique, la quantité des ventes effectuées par des galeries dans tous les secteurs, tout au long de la semaine. De nombreux exposants ont réalisé des ventes plus fortes le jour du vernissage à l’ouverture de l’exposition. Art Basel a présenté 304 galeries du monde entier présentant le travail de plus de 4.000 artistes, en présentant des expositions thématiques, de plusieurs artistes ou d’un artiste solo.
Des galeries du monde entier ont fait leurs débuts au salon de Bâle cette année, venant de Belgique, Brésil, Chine, France, Allemagne, Grèce, Inde, Italie, Japon, Pays-Bas, les Philippines, la République de Singapour, la Corée du Sud, Espagne, Turquie, Royaume- arabes unis, Etats-Unis.
Le nouveau Hall 1 conçu par les célèbres architectes bâlois Herzog & de Meuron qui ont redéfini la Messeplatz, et a été apprécié par les nombreux visiteurs. Il abritait Unlimited,, Statement, le secteur des magazines, de même que le salon utilisé pour les conversations et les affichages du Salon. C’est un monde, comme Basel World où on entend toutes les langues et où la réalité des difficultés quotidiennes n’a pas court. CaféFavela installé sur la place devant Art Basel, n’est qu’un clin d’œil du plasticien japonais Tadashi Kawamata.
Le secteur Galleries est le lieu du marché avec, à l’étage, globalement les nouvelles tendances (plutôt consensuelles) et au rez-de-chaussée, la dimension muséale. Une galerie munichoise Thomas, a particulièrement retenue mon attention avec des toiles de Max Ernst et Edvard Munch Léger et Klee, Beckmann etRichter, DamienHirst…
Dans le secteur Unlimited on trouve des valeurs sûres comme Wolfgang Laib, Ai Weiwei, mais aussi Chen Zhen :« Purification Room ». Malgré tout, pour ceux qui ne comptent et ne peuvent rien acheter, c’est le plus grand musée du monde, pour le plaisir des yeux. Peintures, installations, performances, vidéo, photo et sculptures il suffit de déambuler dans la Mecque de l’art, ce n’est pas utile d’avoir un bagage de l’Ecole du Louvre, ou un doctorat en histoire de l’art, pour comprendre, car parfois il n’y a rien à comprendre…
Art Design faisait face à Unlimited avec des prestations somptueuses, dont des bijoux signés Anish Kapoor.
Art Basel Parcours se tenait dans le secteur de la Kaserne à Klingental. Vidéo TV du vernissage Art Unlimited
photos de l’auteur
La Fondation Beyeler présente la deuxième Calder Gallery, aménagée en collaboration avec la Calder Foundation et consacrée à un aspect encore inexploré de la création d’Alexander Calder.
En 1933, quand la situation politique internationale pousse l’artiste à quitter Paris pour regagner l’Amérique du Nord, il s’installe à demeure avec son épouse Louisa à Roxbury, Connecticut, dans une vieille ferme du XVIIIe siècle. Cet environnement exerce un effet immédiat sur lui, ouvrant un nouveau chapitre de son évolution. L’espace extérieur apparaît de plus en plus comme un élément déterminant de son œuvre.
Les premiers mobiles de la période parisienne étaient d’empreinte géométrique —conformément à l’esprit du mouvement artistique Abstraction-Création —, et leur mouvement était assez souvent d’origine mécanique, produit par de petites manivelles ou des moteurs. À Roxbury, ce sont désormais la nature, le vent et les phénomènes météorologiques qui inspirent à l’artiste de nouvelles possibilités. Parallèlement au côté géométrique, un élément surréaliste accompagné d’un façonnement biomorphique devient de plus en plus perceptible. C’est à cette époque décisive que voient le jour les premières sculptures d’extérieur, qui rappellent vaguement des clochetons ou des girouettes. Explorant ces nouvelles pistes artistiques, elles constituent le point de départ des monumentaux travaux d’extérieur de l’après-guerre.
La présentation de la Fondation Beyeler s’ouvre sur un groupe insolite de Stabiles-Mobiles de 1939, des maquettes de 2 mètres de haut destinées à la transformation avant-gardiste du zoo du Bronx. Exécutées en dur sous forme de sculptures monumentales, elles devaient constituer une sorte d’arbre ornemental pour la cage des félins d’apparence africaine. Le projet, qui n’a finalement pas abouti, offre un témoignage impressionnant du potentiel d’avenir des idées artistiques de Calder. Bien que ces œuvres soient toujours des abstractions dans l’espace, les titres choisis décrivent des éléments particuliers du mouvement, des répétitions de formes échelonnées ou de subtils rapports d’équilibre. L’abstraction est ici désignée sous une forme tangible, comme on peut s’en convaincre avec deux œuvres choisies. Des associations organiques déterminent les structures formelles telles que couronnes de feuillages, cascades de branches, étages des frondaisons. Le libre jeu des œuvres présentées dans l’espace intérieur du Musée densément animé s’assemble pour composer une véritable « forêt Calder ». Le lien qui s’établit ainsi entre espaces intérieur et extérieur reprend un thème majeur de la Fondation Beyeler, intégrant la Collection dans une juxtaposition harmonieuse entre architecture et paysage.
Un deuxième ensemble d’œuvres éclaire enfin la genèse de Tree, une œuvre appartenant à la Collection de la Fondation Beyeler, avec la maquette d’origine accompagnée de travaux apparentés et d’étapes intermédiaires. Pendant l’été, Tree, le monumental stabile-mobile de la Collection d’Ernst et Hildy Beyeler retrouvera en outre sa place d’origine dans le Berower Park, sur le terrain de la Fondation Beyeler.
En plus de prêts consentis par la Calder Foundation, on pourra également voir des œuvres prêtées par des collectionneurs privés, ainsi que par la Fundació Joan Miró de Barcelone et le Moderna Museet de Stockholm. La Fondation Beyeler s’est engagée en 2012 dans une collaboration prévue pour plusieurs années avec la Calder Foundation de New York. Des œuvres appartenant aux collections des deux Fondations sont ainsi rassemblées et exposées dans une série de présentations réalisées par des commissaires d’exposition, la « Calder Gallery ». L’objectif est de permettre une présence permanente, unique en Europe, d’œuvres d’Alexander Calder (1898–1976) à la Fondation Beyeler, et d’apporter ainsi une contribution à l’étude de l’œuvre de ce grand artiste américain. La Fondation Beyeler s’inscrit ainsi dans l’esprit de sa grande exposition « Calder – Miró » (2004) aussi bien que de sa série des « Rothko Rooms ».
Alexander Calder (1898 – 1976) Alexander Calder, dont la carrière couvre la quasi intégralité du XXe siècle, est l’un des sculpteurs les plus renommés et les plus influents de notre temps. Né dans une célèbre famille d’artistes de formation essentiellement classique, Calder a mis sa force créatrice au service d’un élargissement durable de l’horizon de l’art moderne. Il a ainsi élaboré une nouvelle méthode de sculpture : en pliant et en tordant du fil de fer, il « dessinait » des figures en trois dimensions dans l’espace. Calder est connu pour l’invention du mobile dont les éléments abstraits, maintenus en équilibre, bougent en formant des combinaisons harmonieuses et toujours nouvelles. Calder s’est également engagé dans la réalisation de grandes sculptures d’extérieur, faites de tôle d’acier boulonnée. Aujourd’hui, ces géants en filigrane ornent de nombreux lieux publics aux quatre coins du monde. Calder Foundation La Calder Foundation dont le siège se trouve à New York est une organisation sans but lucratif fondée en 1987 dans l’objectif de collectionner et de préserver l’art et la succession d’Alexander Calder, tout en les rendant accessibles à un vaste public. Cette Fondation dispose d’une collection incomparable d’œuvres et de documents d’archives. Les activités de la Fondation consistent pour l’essentiel à participer à des expositions et à des publications, à développer et assurer la conservation des archives Calder et à procéder au catalogage de l’ensemble des œuvres de cet artiste. Fondation Beyeler, Beyeler Museum AG, Baselstrasse 77, CH-4125 Riehen Heures d’ouverture de la Fondation Beyeler: tous les jours 10h00–18h00, le mercredi jusqu’à 20h00 exposition jusqu’au 12 janvier 2014
Photos courtoisie Fondation Beyeler 3 4e photo de l’auteur
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