Le Musée Frieder Burdade Baden Baden consacre une grande rétrospective composée de plus de 100 oeuvres réalisées entre 1949 et ce jour,
à l’artiste autrichien Arnulf Rainer
qui vient de fêter son 85e anniversaire. L’exposition, organisée en coopération avec l’Albertina de Vienne, met une nouvelle fois en lumière toute la diversité et l’importance de l’oeuvre d’un artiste comptant parmi les figures centrales autant qu’uniques de l’histoire de l’art. Arnulf Rainer (né en 1929 à Baden Lès Vienne) a dès le départ fait partie des plus grands noms de la Collection Frieder Burda.
Si vous êtes déprimé ce n’est pas cette exposition qui va vous remonter le moral.
Tout est conjugué avec la couleur noire, la souffrance, la douleur.
C’est l’occasion de se replonger dans le livre de l’ historien médiéviste
Michel Pastoureau « Noir : Histoire d’une couleur, 2008« .
Rien à voir avec les Outrenoirs abstraits de Soulages, ni avec la profondeur d’un Rothko, ici tout est cash presque trash. Il donne l’impression d’avoir vécu la passion
du Christ, les toiles montrant des croix, sont saisissantes de tragédie, tantôt avec un membre, une tête, une jambe, un coeur saignant de douleur. Rien d’étonnant lorsque l’on se penche sur sa biographie, jeunesse sous mescaline, existence de bohème.
L’exposition a été conçue en étroite collaboration avec l’artiste par Helmut Friedel, directeur du Musée Frieder Burda, et grand connaisseur de l’oeuvre,
et elle a déjà été montrée à l’Albertina de Vienne où elle a rencontré un grand succès.
« Nous sommes très heureux, après son passage réussi à l’Albertina, de pouvoir montrer maintenant l’exposition dans le cadre remarquable du Musée de Baden-Baden, et de la confronter à un public extérieur après cette manifestation à domicile. Les 85 ans de Rainer constituent une occasion idéale de rendre hommage à cet éminent artiste de notre temps. »
L’éventail des travaux exposés, dont certains remontent au début des années 50, s‘étend de ses premières oeuvres, les « créations centrales », « surpeintures » et crucifixions – aux masques mortuaires réalisés après 1976 et aux « peintures voilées » postérieures à 1995, en passant par les autoreprésentations des Face Farces à partir de 1969, les Body Poses et leurs remaniements.
Ailleurs, il semble manier, l’autodérision avec virtuosité, contraste incroyable avec les crucifixions.
On pourra en outre voir des travaux réalisés tout récemment. Parallèlement aux pièces exposées comptant parmi les nombreuses oeuvres de l’artiste abritées par la Collection Frieder Burda, l’exposition comprend des tableaux ayant été mis à disposition par des musées internationaux ou prêtés par des particuliers.
L’exposition s’articule autour de divers groupes d’oeuvres à chacun desquels Rainer a travaillé obsessionnellement, et permet de saisir, également dans le cadre de la présentation au Musée Frieder Burda, le parallélisme entre les diverses stratégies artistiques adoptées dans son oeuvre.
Les célèbres surpeintures (Übermalungen), qui poursuivent en un processus pictural permanent la dissolution du tableau d’origine, prennent bien souvent le propre Moi pour sujet et se transforment alors en un acte relevant de la performativité. Ce travail autocentré systématique sur son propre visage ou son propre corps ne trouve toutefois pas ses racines dans le narcissisme. Bien au contraire : l’existence artistique devient le seul moyen de légitimer l’art à l’ère de sa fin. Ces tableaux deviennent ainsi l’expression d’une certaine absence de parole :
« pour Rainer, il n’y a plus rien à communiquer si ce n’est le rappel de sa propre existence », comme le dit Helmut Friedel.
La croix demeure un motif récurrent dans l’oeuvre de Rainer. L’artiste se réfère d’une part au symbolisme chrétien, y voit par ailleurs « un système central d’orientation de l’être humain, des coordonnées fondamentales
décisives », poursuit le commissaire d’exposition Helmut Friedel,
« sans lesquelles aucun ordre au monde ne semblerait possible ».
Les masques, et en particulier les masques mortuaires, tout comme les références aux faces grimaçantes de Franz Xaver Messerschmidt, mettent une nouvelle fois en avant une affinité latente, dans les univers picturaux de Rainer, avec les thèmes de la douleur et de la mort.
Débutant avec la représentation réalisée très tôt du « Rainer mourant » en 1949, et enchâssés dans le contexte viennois, les moments de vécu existentiel et psychologique – sinon psychotique – et leur fort potentiel créatif jouent constamment un rôle important.
« Dès le début, Rainer a été lié à l’image de la mort, la mort apparaît dans son oeuvre comme une forme ultime de la folie. L’exploration des frontières du psychique est une ligne qui traverse l’ensemble de son oeuvre » (Helmut Friedel).
Il consacre une série à van Gogh souffrant, douloureux, fou, les yeux exorbités.
Fasciné par la mort, Rainer a crée les séries de Hiroshima, des dessins sur des photographies de la ville détruite. On a le sentiment que toute la souffrance du monde
le concerne.
Rainer est resté sans jamais faillir systématiquement fidèle à sa position solitaire dans le monde de l’art international des dernières décennies. Comme le montre le catalogue détaillé, les confrontations avec des mouvements artistiques parallèles tels que l’Art informel, Zero ou même l’Actionnisme viennois ont régulièrement eu lieu, mais l’oeuvre de Rainer ne peut être comparé à aucun autre.
Peu d’autres que lui ont, dès le début, développé des manières de procéder aussi radicales dans le cadre d’une recherche sans compromis de moyens d’expression.
Aux côtés de Gerhard Richter, Sigmar Polke et Georg Baselitz, Maria Lassnig
(dont il fait la connaissance en 1947)
et Bruce Nauman ou Yves Klein, il compte ainsi parmi les artistes majeurs
de l’après-guerre jouissant d’un renom international
depuis les années soixante.
Arnulf Rainer vit et travaille en Autriche, en Allemagne et à Ténériffe.
Museum Frieder Burda ·
Lichtentaler Allee 8b ·
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