Yusuf Sevinçli "Dérive"

Yusuf Sevinçli expose du jeudi 14 janvier au dimanche 28 février 2016
en entrée libre à La Filature, Scène nationale – Mulhouse

Le festival les Vagamondes a démarré avec le vernissage de l’exposition
« Dérive » de Yusuf Sevinçli, dans la galerie.
Feuilletez ici le programme du Festival les Vagamondes du 13 janvier au 23 janvier 2016

Sans titre, série POST II (015), 2013
Sans titre, série POST II (015), 2013

Le noir et blanc contrasté du jeune photographe turc Yusuf Sevinçli
oscille entre geste artistique et approche documentaire.
Gert Petrus Fieret et Miroslac Tichy, sont des références pour lui parmi
« Ils sont trop nombreux, tout au long de l’histoire de la photographie, pour les énumérer tous. August Sander, pour l’approche particulière de ses sujets, Eugène Atget pour son incroyable atmosphère. Robert Frank est très important pour moi, et continue de m’inspirer. Il y a aussi nombre de photographes japonais des années 70,
comme Moriyama et Kitajima. William Klein et Nan Goldin figurent parmi mes photographes favoris, et Anders Petersen aussi, qui a une grande influence sur mes
débuts. D’un point de vue plus contemporain, je trouve les travaux

de Rinko Kawauchi et Antoine D’Agata extrêmement intéressants.
Yusuf Sevinçli
Né en 1980 à Zonguldak en Turquie, Yusuf Sevinçli vit et travaille à Istanbul.
Il est représenté par la Galerie Les filles du calvaire à Paris et Elipsis Gallery à Istanbul.
Yusuf Sevincli, Good Dog
Diplômé de la section Communication de l’Université Marmara d’Istanbul en 2003, Yusuf Sevinçli intègre l’année suivante une Masterclass consacrée à la photographie documentaire en Suède, avant de suivre la Reflexions Masterclass de Venise. Il construit alors son travail personnel à travers plusieurs séries, dont Good Dog, qui ont fait l’objet de nombreuses expositions individuelles et collectives en Turquie et à travers le monde (Mois de la Photo de Moscou, PhotoBiennale de Thessalonique, Festival de photographie Fotografia Europa Reggio Emilia en Italie, Fotografie Noorderlicht aux Pays-Bas, FotoFreo en Australie…). Yusuf Sevinçli présente également ses oeuvres en France, notamment au festival Circulation(s) à Paris en 2012, au Festival Voies Off à Arles en 2013 et au festival Portrait(s) de Vichy en 2015.
 
Yusuf Sevincli, selfportrait
Yusuf Sevincli, selfportrait

 
Depuis 2008, son travail fait souvent l’objet de publications dans des ouvrages collectifs consacrés à la photographie (Image Makers, Image Takers: The Essential Guide to Photography chez Thames&Hudson) ainsi que dans différents magazines internationaux.
« J’ai démarré vers l’âge de 20 ans, pendant mes années universitaires. J’étais étudiant en journalisme et mon premier contact avec la photographie s’est fait lors des cours d’histoire du photojournalisme. Plus que par sa pratique, j’ai donc tout d’abord été attiré par l’histoire de la photographie et par ses figures iconiques, par le sens de ses messages et par l’effort de compréhension de la puissance de l’image. Je reste aujourd’hui persuadé qu’au-delà du style de chacun, un photographe ou un artiste usant de la photographie se doit de connaître l’histoire de cette dernière, afin de pouvoir appréhender à leur juste valeur les capacités du médium. »
Yusuf Sevinçli

Il nous livre les vestiges d’une culture encore vivace dans un pays en pleine mutation, comme par exemple l’image d’une des dernières maisons stambouliotes, bâtie en bois, livrée au feu, ou celle d’oiseaux s’envolant du fond d’une ruelle pentue et ruisselante. Ou bien encore, il capte cette vision hallucinatoire d’un réparateur qui ne descendra probablement plus de son lampadaire tant il semble y être accroché pour toujours. La nostalgie est au coin de l’énième impasse du quartier Beyoglù où Sevinçli se promène à longueur de jour et de nuit, mais la vivacité photographique de ses captations rappelle leur contemporanéité.
Yusuf Sevincli1
À l’occasion, il nous parle d’amour, s’arrête sur le charme d’un corps en livrant au regard un morceau de peau d’où affleure une sensuelle fragrance. Quelques visages enfantins frappent par leur innocence illuminée, rappelant l’imagerie des frères Lumière ou de Chaplin. Des bambins masqués jouent dans les ruelles et les terrains vagues, tandis que des petites filles surgissent dans des images, telles des merveilles, anges éternels, emblèmes du désir d’enfance. Leurs minois, au regard malin, fixent avec candeur le spectateur, comme ceux de ces jeunes filles que l’on dirait siamoises tant leurs
frimousses se serrent l’une contre l’autre.
Yusuf Sevincli
Yusuf Sevinçli sait aussi saisir les errants et autres noctambules qui colorent Istanbul de mixité et de fantaisie, à la croisée des cultures. Il tire de leurs corps des volumes et des aplats contrastés, tel ce dos d’homme où s’étale un liquide blanchâtre qui rappelle un
« dripping » abstrait. Il capte souvent un détail, un fragment, comme les jolies jambes au collant percé d’une punkette, des chardons plantés dans un vase, l’ampoule pendant d’un plafond écaillé (…) pour lui accorder un autre destin visuel. Les formes surgissent de l’ombre, traversant des rais de lumière et les rayures subies par le négatif, pour créer des prismes et des illuminations. Les images sont généralement structurées par l’éclairage mais peuvent contenir une géométrie de par leur sujet : pans d’immeubles abstraits, ossature de barnum laissé à l’abandon sur une plage lunaire, architectures au futurisme vieillot issues des vestiges d’un palais de la découverte décati.

Yusuf Sevinçli, 5
Il n’y a pas nécessairement de message dans l’oeuvre de Yusuf Sevinçli, ou alors, il est allusif, comme s’il désirait s’abstraire des remous politiques, pour se soucier de ce qu’il reste de l’humanité, à la manière d’un Sergio Larrain dont les images éclairent le futur douloureux du Chili de leur pureté éblouissante4. Ce photographe est en effet un fabricant de rêves en image. Dans les derniers travaux, son errance visuelle s’est élargie à l’Europe où il voyage. De Naples à Paris en passant par Marseille5, il poursuit sa quête d’un monde silencieux où seul le bruissement fugace de la vie le maintient en éveil.

SÉRIES EXPOSÉES À LA FILATURE
« MARSEILLE » : 15 tirages en noir et blanc et en argentique
aux formats 50 x 75 cm et 30 x 45 cm
Suite à une résidence en 2013 au Percolateur, plateforme pour la création photographique en Méditerranée, Yusuf Sevinçli a livré sa vision de Marseille dessinant le portrait d’une ville multiculturelle.
Les photos réalisées ont été publiées sous forme de livre en 2014 aux Éditions Le Bec en L’Air.

Yusuf Sevincli, série Marseille 2013
« GOOD DOG » : 17 tirages en noir et blanc et en argentique
aux formats 80 x 120 cm, 50 x 75 cm et 30 x 45 cm
Yusuf Sevinçli développe un concept picaresque, une approche photographique faite d’instabilité et d’errance. Il se contente de photographier son environnement, ses angoisses et ses questionnements au quotidien, et voit en la photographie le moyen de rester connecté aux choses et aux êtres, une réponse – sa réponse – à l’environnement qui l’entoure et aux mouvements qui l’habitent, une réflexion à la fois profonde et naïve. Sa série Good Dog a donné lieu à un ouvrage publié en 2012 aux Éditions Filigranes.
Yusuf Sevinçli2
« L’aspect émotionnel des photographies de Good Dog est physiquement instable.
Yusuf Sevinçli ne s’attarde pas. Il marche, il explore, il observe et il repart. Il prélève presque compulsivement des morceaux de réalité qui sont toujours différents, mais qui peuvent finalement trouver des similitudes et devenir une série d’images. C’est un concept picaresque de la photographie, presque sans-abri, errant, qui rejette la stabilité et la sérénité d’un foyer, même visuel, et qui rendent vivant. Les sujets deviennent des pièces qui s’assemblent et révèlent la matière qu’est la représentation de la réalité à travers l’oeil de l’artiste. L’émotion s’éloigne des sentiers battus et réinvestit la rue, nous montrant sa vraie nature. »

Christine Ollier, 2012
Yusuf Sevinçli
« VICHY, 2015 » : 11 tirages en noir et blanc et en argentique
aux formats 80 x 120 cm, 50 x 75 cm et 30 x 45 cm
En résidence à Vichy pendant un mois, Yusuf Sevinçli a arpenté la ville et posé un regard plein d’humanité sur ses habitants, leur rapport à la ville, à l’autre, au monde. Son travail a fait l’objet d’un focus lors du festival Portrait(s) 2015, ainsi que de la publication de Walking aux Éditions Filigranes.
« À quoi tient l’âme d’une ville ? À la rectitude des trottoirs étroits, lissés par le temps ? Aux taches de rousseur d’enfants saisis par les frimas ? Aux noctambules qui errent sous la fusion des lampadaires ? Une ville livre ses secrets à ceux qui l’arpentent sans fin, poussent la porte des bars, déjeunent sur le coin d’un comptoir et dînent au coin d’un autre, croisent les gavroches le matin sur le chemin de l’école et les retraités l’après-midi, qui siestent sur les bancs. En acceptant de conduire au printemps dernier une résidence à Vichy, Yusuf Sevinçli a endossé la figure du photographe marcheur, du flâneur indocile qui guette les offrandes du jour et les blêmissements du couchant : ici un croupier à la pâleur lunaire, là un chien mouillé convoquant les derniers fantômes de la nuit. Bien malin qui serait capable de reconnaître dans les images funambulesques de ce jeune
Yusuf Sevinçli, 6photographe turc les coquetteries de Vichy la française, Vichy la bourgeoise, arc-boutée sur ses façades art nouveau, ses villas néoclassiques et les splendeurs de l’Allier. La ville thermale, qui vit naître l’écrivain voyageur Albert Londres, devient une terre de rencontres et d’aventures, une projection mentale, un poème visuel né des chimères d’un artiste stambouliote qui pratique les déplacements dans tous les sens du terme, physiques et psychiques. Vichy, grâce à lui, s’éveille d’un drôle de rêve où passent des guirlandes de lumières et des gamins aux poings serrés. […]Sous la griffe du regard nomade de Yusuf Sevinçli, Vichy est dessaisie de son histoire et de sa géographie, elle flotte dans un espace-temps qui est celui du rêve éveillé, elle chaloupe et chavire, traversée de fulgurances, filochée de brouillard, sertie de noirs charbon et de blancs incandescents qui la rendent à la fois plus ardente, plus nerveuse et plus insaisissable. »
Natacha Wolinski, Walking, Éditions Filigranes / festival Portrait(s) 2015
« POST I » : 17 tirages en noir et blanc et en argentique
aux formats 80 x 120 cm, 50 x 75 cm et 30 x 45 cm
« POST II » : 8 tirages en noir et blanc et en argentique
aux formats 80 x 120 cm, 50 x 75 cm et 30 x 45 cm
« PARIS » : 4 tirages en noir et blanc et en argentique

 2 Michel Poivert, La Photographie contemporaine, Paris, Flammarion, 2002.
3 Christian Caujolle accorda une place importante à leurs images dans les colonnes de Libération dont il fut le directeur photo pendant des années, il collabora par la suite avec nombre d’entre eux dans la cadre de l’agence et de la galerie VU’.
4 Cf. expositions Sergio Larrain, commissariat Agnès Sire, église Sainte-Anne, RIP d’Arles et Fondation Henri Cartier-Bresson Paris, 2013.
5 Yusuf Sevinçli a été invité en résidence par l’association Le percolateur, exposition à l’Atelier de Visu, Marseille, octobre 2013.

Tristan Tzara, l'homme approximatif

Attention derniers jours – jusqu’au 17 janvier 2016
« Au-delà de la ville, sur la colline
Comme des vers se trainent les tombeaux »
Viens à la campagne avec moi, dans premiers poèmes
Tristan Tzara

Picabia, Tristan Tzara
Le Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg (MAMCS) présente la première grande exposition consacrée à Tristan Tzara (1895-1963). Le nom de ce poète, également écrivain d’art et collectionneur, est connu et prononcé dès qu’il est question de Dada. Cependant, son œuvre immense, et d’une influence majeure pour des générations, reste encore insuffisamment mise en lumière. Cette exposition en propose une lecture chronologique à travers un ensemble de 450 œuvres d’artistes que Tzara a côtoyés, d’une sélection de pièces d’art extra-occidental (Afrique, Océanie, méso-Amérique) et d’art brut et d’une importante sélection documentaire sur Tristan Tzara.
« Regardez-moi bien !
Je suis idiot, je suis un farceur, je suis un fumiste,
Regardez-moi bien !
Je suis laid, mon visage n’a pas d’expression, je suis petit,
Je suis comme nous tous »
Tristan Tzara dans sept manifestes dada
Tristan Tzara, Marcel Janco
Cette exposition est reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture et de la Communication/Direction générale des patrimoines/Service des musées de France. Elle bénéficie à ce titre d’un soutien financier exceptionnel de l’État.
Tristan Tzara fut le grand témoin de son temps. Il fut également un acteur de son siècle qu’il marqua de ses éclats de voix, de rire et de plume. L’homme au monocle, décrit comme « un génie sans scrupules » par le poète Huelsenbeck, n’aura eu de cesse de développer un engagement poétique et politique.
De ses jeunes années passées en Roumanie, où il est né, l’exposition retient un paysage artistique encore marqué par le symbolisme ainsi que l’énergie brute d’un jeune homme qui a choisi l’écriture pour aller contre les formes périmées de la création et l’absurdité d’un monde au bord du chaos. Lorsqu’il arrive à Zurich en 1916, Tzara poursuit cette entreprise d’exaltation de la parole et du geste spontanés aux côtés de son compatriote Marcel Janco, de Hugo Ball et de celui qui restera son ami de toujours, Hans Arp.
Tristan Tzara 1L’arrivée en France, quatre ans plus tard, lui ouvre un autre cercle, celui de Picabia et des jeunes gens qui ne s’appellent pas encore Surréalistes – Aragon, Breton et Soupault – avec lesquels le compagnonnage sera ponctué de ruptures et réconciliations.
Tout au long de sa vie, Tzara fera preuve d’engagements fervents. Il sera notamment membre de l’Association des Écrivains et Artistes Révolutionnaires dès 1934, puis se rangera aux côtés des Républicains durant la Guerre d’Espagne. Il rejoindra le parti communiste au sortir du conflit, pour ensuite dénoncer l’intervention soviétique en Hongrie et signer le Manifeste des 121 au moment de la guerre d’Algérie. Au fil des années, Tzara poursuivra avec intensité l’écriture d’une œuvre dense faite de poèmes, d’essais et d’écrits critiques sur l’art. Les plus grands artistes de son époque, qui furent aussi ses amis, illustrèrent ses écrits.
Dada
Un petit journal accompagne le visiteur
Artistes présentés : Arp, Brancusi, Brauner, Calder, Chirico, Dalí, Delaunay, Max Ernst, Le Douanier Rousseau, Duchamp, Auguste Forestier, Giacometti, Juan Gris, Gruber, Janco, Klee, Kertész, Greta Knutson, Germaine Krull, Laurens, Man Ray, Marcoussis, Masson, Matisse, Maxy, Michaelescu, Miró, les Barbus Müller, Perahim, Picabia, Picasso, Ribemont-Dessaigne, Hans Richter, Arthur Segal, Schwitters, Sophie Taeuber, Tanguy, Tatzlisky, Zadkine…
 

Brancusi, la muse endormie
Brancusi, la muse endormie

 
Commissariat : commissaire général : Serge Fauchereau, historien d’art et de la littérature, commissaire : Estelle Pietrzyk, directrice du MAMCS, conseil scientifique : Henri Béhar, professeur émérite de littérature française et éditeur des œuvres complètes de Tristan Tzara
Catalogue
TRISTAN TZARA. L’HOMME APPROXIMATIF
ISBN : 9782351251362
Ouvrage broché en langue française
300 illustrations environ, 304 pages
39 euros
Format : 18 x 24 cm
Ouvrage disponible en librairie
Auteurs : Henri Béhar, Yaëlle Biro, Clément Chéroux, Serge Fauchereau, Savine Faupin, Fabrice
Flahutez, Franck Knoery, Hélène Lévy-Bruhl, Marie-Dominique Nobécourt, Ion Pop, Eugen Simion
Venez profiter des derniers jours des expositions
« Tristan Tzara, l’Homme approximatif »
et  « Strasbourg 1200-1230, La révolution gothique »
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attention ; en raison du plan vigie pirate, le vestiaire est clos et aucun vêtement, sac ou parapluie, ne peut y être déposé.

Prédelles pour Aujourd'hui

La prédelle est la partie inférieure d’un retable polyptyque, développée horizontalement, qui sert de support aux panneaux principaux. Elle peut être composée d’une seule planche en longueur, ou de plusieurs éléments.

Joseph Bey, Obscur chemin dans les confins, 2015
Joseph Bey, Obscur chemin dans les confins, 2015

Composées généralement de plusieurs scènes complétant le ou les panneaux principaux du retable polyptyque, elles ont été souvent vouées à la dispersion première de leurs éléments après le démembrement ou démantèlement fréquent de la totalité de l’œuvre.
Le retable  est une construction verticale qui porte des décors sculptés et/ou peints en arrière de la table d’autel d’un édifice religieux (église, chapelle).
Tom POELMANS, the Birth of Robin Hood 2014
Tom POELMANS, the Birth of Robin Hood 2014

Orné de représentations historiées ou figurées, le retable peut être en différents matériaux (métal, ivoire, bois, émail, pierre) et ses décors sont souvent dorés. Il a l’avantage sur l’antependium (devant) de l’autel d’être largement visible. Il est fréquent qu’un retable se compose de plusieurs volets, deux pour un diptyque, trois pour un triptyque voire davantage pour un polyptyque.
Voilà ce qu’en dit Wikipedia
En Alsace nous sommes attachés au Retable d’Issenheim, ainsi qu’à d’autres que l’on peut
contempler dans nos églises régionales et au musée Unterlinden. Chez notre cousin voisin, les cathédrales, églises et musées, nous permettent d’en contempler de beaux spécimens. Est-il besoin de rappeler celui de Gand (Belgique)
Jean François Kaiser, dans sa galerie
du 6 rue des Charpentiers à Strasbourg, qui jouxte
la Galerie Ritsch -Fisch dont il était l’assistant,
a fédéré une douzaine d’artistes autour du thème de la prédelle.
Laure André – Tami Amit – Antoine Bernhart – Joseph Bey –
Peter Bond – Robert Cahen – Aurélie de Heinzelin –  Thibault Honoré
Laurent Impeduglia – Tom Poelmans – Germain Roesz – Joris Tissot
vidéo ici
La plupart d’entre eux se sont concentrés
sur le retable, en diptyque, triptyque, ou polyptyque.
Le livret de présentation comporte un texte de la verve de
Germain Roesz
,
artiste, poète, éditeur et professeur émérite de l’Université de Strasbourg, érudite et poétique. C’est un parcours de l’histoire de l’art sur le retable.
Nous avons pu voir son retable dans l’exposition Prendre le temps à la Fondation Fernet Branca, de 2014 à 2015.
 
Germain Roesz, retable La Paix
Germain Roesz,  Das Gluck und die Liebe 1985

Le retablier est un sculpteur ou un architecte qui réalise des retables. Il s’associe les compétences de nombreux artisans-artistes (sculpteurs, peintres, doreur, polychromeur, huchier) pour les réaliser.
Pour l’exposition de Strasbourg, Robert Cahen, reprend 2 de ses installations vidéo,
Tombe  avec les mots, + une version des mots en allemand, qui encadrent Tombe avec les objets, ce qui compose un triptyque dans le bleu de la lenteur, qui incite à la contemplation et donne le ton pour l’ensemble du thème.
Robert Cahen, Retable du XXIe s, Tombe 2016
Robert Cahen, Retable du XXIe s, Tombe 2016

Avec le retable de Joseph Bey, en tête du billet, toute la mystique de l’artiste est présente, le promeneur de Compostelle sera présent dans la galerie de JF Kaiser à partir du 4 février (vernissage), avec « Traversée Céleste » et jusqu’au 24 février 2016.
D’autres se rapprochent des anciens comme Brueghel, non pas dans la facture, mais
par l’ironie du thème comme Aurélie de Heinzelin

Certains sont bluffants d’adresse, avec leurs dessins au stylo à bille comme Joris Tissot
et Tom Poelmans (image 2)The Birth of Robin Hood et le Painter Paradise
Joris Tissot
Joris Tissot

Véritable autel portatif est l’étude pour la Cabane Gaspésienne  de Thibault Honoré, avec vidéo intégrée
Thibault Honoré
Thibault Honoré

Il me faut encore citer Laurent Impeduglia, qui expose actuellement à la Halle St Pierre à Paris, le polytyque  Judith 2002 de Tami Amit, une sérigraphie
d’Antoine Bernhart, le double diptyque de l’australien Peter Bond, et je termine
par la saisissante installation de Laure André, Laure,  autoportrait ? Papier découpé avec 332 épingles
 
Laure André , Laure 2009, détail
Laure André , Laure 2009, détail

La scénographie harmonieuse de Jean François Kaiser, permet de croiser de nouveaux regards, avec les anciens sur un thème renouvelé.
Jusqu’au 23 Janvier 2016

Cours Publics 2016

Cours Publics est un cycle de conférences proposé conjointement par le Service Universitaire de l’Action Culturelle de l’Université de Haute-Alsace, la Haute école des arts du Rhin et La Kunsthalle.
C’est la 6e année que les cours reprennent, au vue de leur succès.

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Autour d’une thématique, trois intervenants présentent un courant artistique, un pan de l’histoire de l’art permettant de recontextualiser la création contemporaine.
Les cours, assurés par des personnalités universitaires ou du monde de l’art,
sont ouverts à tous, sur inscription.

Thème 2016 : ART ET ESPACE(S) PUBLIC(S)
Si l’on considère l’espace public comme l’ensemble des espaces de passage et de rassemblement à l’usage de tous, il semble alors évident que son devenir est une affaire partagée.
Comment les artistes s’y inscrivent-ils ? La pluralité des réponses est à l’image de la richesse du sujet. Certains créent dans la ville, d’autres avec la ville. Il y en a qui composent avec l’architecture et d’autres qui privilégient les expériences sensibles et sociales. Quelques-uns se rangent du côté de la ville minérale quand d’autres lui préfèrent
ses terrains vagues et indéfinis.
Entre gestes affirmés et micro-actions, entre objet monumental et interpellation participative, les enjeux de l’art dans l’espace public ne cessent d’évoluer et de se réinventer.
Ce cycle a pour objet de donner la parole à différents acteurs de ce jeu urbain qui dépasse largement la sphère artistique et s’inscrit en profondeur dans la métamorphose de notre société.
Cycle thématique de 3 séances
de 1h30 de 18:30 à 20:00
La Fonderie / Amphithéâtre
Jeudi 25 février – Conférence d’Yvan Detraz
Jeudi 3 mars – Conférence d’Alain Bernardini
Jeudi 10 mars – Conférence de Jérôme Poggi
 

Bruit du Frigo, LE RING-Bordeaux - 2013
Bruit du Frigo, LE RING-Bordeaux – 2013

Jeudi 25 février 2016 – Yvan Detraz
Peut-on imaginer un urbanisme laboratoire, complémentaire à l’urbanisme planifié et
« fait pour durer » ?
Un urbanisme de préfiguration qui défriche et teste des possibles, un urbanisme qui mise sur l’imagination et la capacité d’action des habitants, un urbanisme permissif, reposant sur des interventions légères et éphémères et offrant une place réelle à l’appropriation, un urbanisme qui révèle et augmente le potentiel poétique et d’usage
des lieux… Un urbanisme qui contribue à lutter contre l’appauvrissement de l’espace public et le repli sur soi, en réinventant des espaces communs désirables…
Yvan Detraz est architecte, directeur et cofondateur du Bruit du frigo, collectif pluridisciplinaire de création et d’intervention urbaine, créé en 1997. Il y développe notamment un travail exploratoire sur la réappropriation des
périphéries urbaines, à travers les projets Refuges périurbains et Randonnées périurbaines. Bruit du frigo initie des démarches artistiques, contextuelles et participatives mêlant installations temporaires ou pérennes, microarchitectures
et actions collectives.
Alain Bernardini, les Appuyées, Toulouse
Alain Bernardini, les Appuyées, Toulouse

Jeudi 3 mars 2016 – Alain Bernardini
En s’appuyant sur une sélection de ses images et installations photographiques, Alain Bernardini questionnera la notion de « pouvoir » de l’image, qu’il rattache à la connaissance de l’iconographie, au contexte de l’élaboration, à la
forme de présentation, et au lieu de l’exposition. Dans sa recherche artistique, non seulement le contexte social du territoire et /ou de l’individu, mais aussi les espaces publics sont des éléments déterminants qui influencent ce qu’il
qualifie de puissance active de l’image et de sa réception.
Tout passant est amené un jour à être spectateur, mais
aussi usager, voire acteur, de l’espace public et les enjeux de cette puissance varient ainsi selon les rôles tenus tour à tour.
Alain Bernardini est artiste, professeur associé et directeur du Master Département Photographie et Art contemporain à l’Université Paris 8. Il participe à de nombreuses expositions et répond depuis 2014 à une commande publique du Cnap et du BBB de Toulouse sur le thème de la photographie dans l’espace public avec le projet Recadrée. Porte-Image. Borderouge Nord.
Mathieu Lehanneur
Mathieu Lehanneur

Jeudi 10 mars 2016 – Jérôme Poggi
Les Nouveaux commanditaires est un dispositif initié et soutenu par la Fondation de France. Cette action permet à tout groupe de personnes qui en exprime le désir et en justifie le besoin dans un but d’intérêt général de passer commande d’une oeuvre d’art à un artiste. Un réseau de huit médiateurs agréés par la Fondation de France, et
réunis au sein de la Société des Nouveaux commanditaires, met en oeuvre cette action à travers la France. Le modèle des Nouveaux commanditaires a été repris dans plusieurs pays européens, dont la Belgique, l’Italie, l’Allemagne, l’Angleterre, la Suède…
Jérôme Poggi est médiateur pour l’action des Nouveaux Commanditaires qu’il met en oeuvre en Ile-de-France à travers la structure « not-for-profit » SOCIETIES (anciennement Objet de production) qu’il a fondée en 2004. Historien
et critique d’art, spécialisé dans l’histoire du commerce de l’art, il est l’auteur de nombreux articles, ouvrages et films documentaires. Jérôme Poggi a fondé sa galerie en 2009 après avoir exercé pendant plusieurs années dans le milieu institutionnel de l’art.
Modalités d’inscription
Inscription uniquement par courrier auprès du
Service Universitaire de l’Action Culturelle de l’Université de Haute-
Alsace – Maison de l’Etudiant – Campus Illberg – 1, rue Werner 68100 Mulhouse
Tarif plein : 20 euros / tarif réduit 10 euros pour l’ensemble des conférences. Gratuit pour les étudiants de la HEAR
et de l’UHA.
Bulletin téléchargeable sur : www.kunsthallemulhouse.com
Pour tout renseignement concernant l’inscription
s’adresser au Service Universitaire de l’Action Culturelle de l’Université de Haute-Alsace : 03 89 33 64 76 / isabelle.lefevre@uha.fr
 

Le Musée Unterlinden

Exposition inaugurale Agir, contempler
23.1. au 20.6.16

Guernica Après trois ans et demi de travaux, le nouveau Musée Unterlinden agrandi a ouvert ses portes au public. Les nouvelles extensions réalisées par l’agence d’architecture suisse Herzog & de Meuron, ont attiré plus de 9000 visiteurs en trois jours. Le parcours d’art, qui mène de Grünewald à Picasso, se fait chronologiquement, marqué de coupures thématiques. Les trois espaces de la partie moderne sont accessibles par la galerie souterraine. L’ancien cloître, qui abrite le retable d’Issenheim, a été rénovée par le Cabinet Richard Duplat, architecte en chef des monuments historiques. Le projet se monterait à 44 millions d’euros, la ville de Colmar ayant contribué à hauteur de 18 millions. Le musée et ses abords se présentent comme une réalisation tant architecturale, muséographique, qu’urbaine. En doublant sa surface totale pour offrir aux visiteurs un parcours et une nouvelle présentation, le musée affirme sa vocation d’ouverture et d’accessibilité à tous.
Musée Unterlinden, escalier détail
C’est un espace lumineux, où la lumière naturelle est privilégiée grâce à des aménagements judicieux, de lucarnes, où les toiles sont bien visibles, sans reflets déformants. Les courbures, escaliers, hauts de fenêtres, accueil se répondent dans une harmonie heureuse, y compris l’accès à l’ascenseur.
Il est désormais ouvert du mercredi au lundi de 10 h à 18 h (20 h le jeudi), pour 13 € en plein tarif, le pass-musées est accepté.
Sur France 3 le reportage sur l’ouverture du musée
quelques vues sur un blog
Au musée Unterlinden, c’est toute l’histoire de l’art qui y est présentée. Ce sont ainsi 7000 ans d’histoire, depuis la préhistoire, avec la collection archéologique principalement axée sur les découvertes en Alsace, jusqu’à plus récemment, avec la collection sur l’art moderne, jusqu’au 20e s, dans laquelle sont exposées des œuvres d’art de peintres célèbres tel que Picasso ou Monet en passant, bien évidemment, par la section du musée dédiée au Moyen-âge et à la Renaissance dans le Haut-Rhin. Le musée expose aussi des objets faisant partie des arts du décor ou encore des œuvres de la période du 19ème siècle, avec des peintures, des sculptures ou des dessins.
Musée Unterlinden Art Moderne
Archéologie
Enrichies régulièrement grâce aux fouilles régionales, les collections archéologiques sont regroupées au sous-sol: la cave du couvent est consacrée à la préhistoire, la protohistoire et la période mérovingienne, la salle voisine à la période romaine. Les collections offrent un aperçu à peu près complet des différentes étapes de l’évolution de l’Homme, à travers d’innombrables objets et artefacts historiques issus de la vie domestique ou de contextes funéraires, découverts pour la plupart dans la moitié nord du Haut-Rhin.

Unterlinden, mosaïque de Bergheim
Unterlinden, mosaïque de Bergheim

Moyen-Âge et Renaissance
Le musée est essentiellement connu pour être une vitrine de l’Art Rhénan en France avec ses remarquables collections de peintures et de sculptures représentatives de l’art historique de la région de Colmar des XVe et XVIe siècle, une époque durant laquelle le Rhin Supérieur a connu un véritable Age d’or. Avec des objets ayant traversés les Ages depuis le Néolithique jusqu’à l’époque Mérovingienne.
Holbein, l’ancien, Lucas Cranach l’Ancien, la Mélancolie sur le thème de Dürer, réalisée en 1532.

Lucas Cranach l’ancien, La Mélancolie
La Mélancolie  Lucas Cranach l'Ancien, 1532  Huile sur bois 76,5 x 56 cm   Colmar, Musée d'Unterlinden
La Mélancolie
Lucas Cranach l’Ancien, 1532
Huile sur bois 76,5 x 56 cm
Colmar, Musée d’Unterlinden

 
Une section du musée traitant du Moyen-âge et la Renaissance dans le Haut-Rhin: Avec des œuvres d’art représentant l’Art Roman, l’Art Gothique ou encore les œuvres de Martin Schongauer. Le musée Unterlinden possède la plus importante collection de peintures réalisées par Martin Schongauer.
Martin Schongauer, la Vierge au Perroquet
Le Retable d‘Issenheim
Véritable trésor de la collection du Musée Unterlinden, le Retable d’Issenheim est l’une des oeuvres les plus admirées du musée. Ce polyptique composé de panneaux peints et d’une caisse sculptée présente des épisodes de la vie du Christ et de saint Antoine.
Entre 1512-1516, les artistes Nicolas de Haguenau (pour la partie sculptée) et Grünewald (pour les panneaux peints) réalisent le célèbre retable pour la commanderie des Antonins d’Issenheim, un village situé à une vingtaine de kilomètres de Colmar.
Retable d'Issenheim
Arts du décor et de la vie quotidienne
Au 16e siècle qui voit s’épanouir la civilisation de la Renaissance, succède la période trouble de la Guerre de Trente Ans (1618-1648) qui ravage l’Alsace.
Paradoxalement, cette région dévastée par les conflits devient le cadre de créations exceptionnelles dont témoignent les collections d’art historique du Musée Unterinden dans les domaines de l’ébénisterie, du travail du métal ou encore de la peinture sous verre. Le musée compte également un ensemble très représentatif d’œuvres illustrant les arts populaires alsaciens.
Unterliden Bouclier de parade  Le noyau originel de la collection d’armes provient du château de Ribeaupierre, à Ribeauvillé
Unterliden
Bouclier de parade
Le noyau originel de la collection d’armes provient du château de Ribeaupierre, à Ribeauvillé

Le 19e siècle
La crise du milieu du 19e siècle et notamment la Révolution de 1848 marquèrent profondément l’esprit romantique de certains artistes. Tel fut le cas de Théophile Schuler, peintre originaire de Strasbourg, élève de son compatriote Martin Drolling à Paris puis de Paul Delaroche qui l’initia à la peinture d’histoire. Le char de la Mort
Le char de la Mort, Théophile Schuler
Le char de la Mort, Théophile Schuler

L’Art moderne
Depuis plusieurs années, le musée Unterlinden de Colmar a inscrit, dans sa politique culturelle, des acquisitions et des programmations qui s’attachent, en regard de ses propres collections, aux grandes figures et aux grandes pages de l’aventure artistique moderne. L’extension du musée vers les anciens bains municipaux, où l’ensemble de la collection d’art historique des XXe et XXIe siècles peut enfin être déployé permet de favoriser et motiver le développement de ce fonds : parmi les spectaculaires enrichissements, on compte le legs de la collection de Jean-Paul Person (1927-2008) ainsi que la donation d’un ensemble important de 124 œuvres réalisées par le peintre américain Joe Downing (1925-2007).
Dubuffet
L’Ackerhof est la dénomination de l’aile moderne, où se trouvent de multiples chefs d’œuvre.  Dans leur nouvel écrin, des artistes majeurs  du 20e siècle  tels que Monet, la Tapisserie de Guernica de Picasso, Jean Dubuffet, avec entre autres Coucou Bazar, Nicolas de Staël, Olivier Debré, Aldred Manessier, Roger Bissière.
 
Nicolas de Staël, portrait d'Anne
Nicolas de Staël, portrait d’Anne

Le parcours  débouche sur la piscine, qui a retrouvé sa splendeur du début du 20 e s, disponible pour des réceptions, concerts, expositions temporaires et un café.
Unterliden, la Piscine
Unterliden, la Piscine

Grand merci à Frédérique Goerig-Herrgott, qui m’a guidée à travers cette maison dont elle est conservateur en chef de l’Art Moderne.

Sommaire décembre 2015

31 décembre 2015 :

08 décembre 2015 : Andreas Gursky au Museum Frieder Burda
10 décembre 2015 : Régionale 16 en 2015
11 décembre 2015 : LES VAGAMONDES
14 décembre 2015 : Valérie Favre, « La première nuit du monde »
21 décembre 2015 : À la recherche de 0,10 – La dernière exposition futuriste de tableaux
23 décembre 2015 : Elisabeth Louise Vigée Le Brun
25 décembre 2015 : Joyeux Noël 2015

Elisabeth Louise Vigée Le Brun

Elisabeth Louise Vigée Le Brun au Grand Palais
Galeries Nationales, entrée Clemenceau, jusqu’au 11 janvier 2016

« Je n’ai eu de Bonheur qu’en peinture »
Cette première rétrospective consacrée à l’ensemble de l’oeuvre dÉlisabeth Louise Vigée Le Brun (1755-1842) montre une artiste dont la vie s’étend du règne de Louis XV à celui de Louis-Philippe (l’une des périodes les plus mouvementées et orageuses de l’histoire européenne et surtout française des temps modernes).
 

Vigee-Lebrun, Elisabeth (1755-1842): Self-Portrait.   L’Artiste exécutant un portrait de la reine Marie-Antoinette, 1790, huile sur toile ; 100 x 81 cm, Florence, Galleria degli Uffizi, Corridoio Vasariano, © Galleria degli Uffizi, Florence, Italy / Bridgeman Images
Vigee-Lebrun, Elisabeth (1755-1842): Self-Portrait.
L’Artiste exécutant un portrait de la reine Marie-Antoinette, 1790, huile sur toile ; 100 x 81 cm, Florence, Galleria degli Uffizi, Corridoio Vasariano, © Galleria degli Uffizi, Florence, Italy / Bridgeman Images


Les autoportraits de Vigée Le Brun abondent : peintures, pastels et dessins associent élégamment grâce et fierté féminines. Alors que l’Ancien Régime et son institution des beaux-arts touchent à leur fin, elle supplante la plupart de ses concurrents portraitistes.
Vigée Le Brun utilise l’autoportrait pour affirmer son statut, diffuser son image et rappeler la mère qu’elle est parvenue à devenir malgré les servitudes d’une carrière.
Son plus grand coup de force à cet égard est de
présenter au Salon de 1787 deux peintures qu’on ne peut dissocier.

 
Elisabeth Louise Vigée Le Brun, Marie-Antoinette et ses enfants, 1787, huile sur toile ; 275 x 216,5 cm, Versailles, Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, © Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot
Elisabeth Louise Vigée Le Brun, Marie-Antoinette et ses enfants, 1787, huile sur toile ; 275 x 216,5 cm, Versailles, Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, © Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot


D’un côté, le portrait de Marie-Antoinette entourée de ses enfants, en reine soucieuse de redresser son image de libertine dispendieuse ; de l’autre,
le portrait d’une femme artiste serrant contre sa poitrine, avec une effusion raphaélesque, sa fille Julie.

 
VigÈe-Le Brun Elisabeth Louise (1755-1842). Paris, musÈe du Louvre. INV3069.
VigÈe-Le Brun Elisabeth Louise (1755-1842). Paris, musée du Louvre. INV3069.


Ce dernier tableau, l’un des plus beaux et des plus populaires parmi les nombreuses oeuvres du peintre que possède le Louvre, est resté l’emblème de la depuis sa première apparition publique. La culture des Lumières, rousseauisme oblige, (Rousseau et ses enfnats …) impose à l’artiste d’endosser ce rôle ; ce qu’elle fait de gaieté de coeur et avec un succès retentissant.

Vue de l’exposition n°4, scénographie par Loretta Gaïtis, © Didier Plowy pour la Rmn-Grand Palais, Paris 2015
Vue de l’exposition n°4, scénographie par Loretta Gaïtis, © Didier Plowy pour la Rmn-Grand Palais, Paris 2015


En contrepoint elle peint le portrait d’Hubert Robert.
Ces tableaux, véritables icônes du bonheur de vivre et du génie créateur, se parlent, se répondent et se complètent.
Les portraits sont très beaux, l’artiste a une belle palette, les visages se ressemblent, la bouche pulpeuse, le ruban retenant les cheveux en accroche coeur, finissent par lasser.
Néanmoins j’ai retenu un très beau portrait de son frère à la manière de
JS Chardin, Louis Jean Basptiste Lebrun.

 
Le frère de l’artiste 1773 Peinture à l’huile 61,6 x 50,5 cm Saint-Louis Art Museum, Missouri, USA
Le frère de l’artiste
1773
Peinture à l’huile
61,6 x 50,5 cm
Saint-Louis Art Museum, Missouri, USA


Plus notable encore est sa volonté de triompher des obstacles qui entravent ses ambitions professionnelles.
Née à Paris en 1755 dans un milieu relativement modeste, sa mère est coiffeuse et son père portraitiste de talent. Il meurt alors qu’elle est à peine adolescente. S’inspirant de son exemple, à dix-neuf ans la jeune virtuose est reçue maître peintre au sein de l’Académie de Saint-Luc. Son mariage en 1776 avec le marchand
d’art le plus important de sa génération, Jean-Baptiste Pierre Le Brun (1748-1813), l’empêche d’être admise à l’Académie royale de peinture et de sculpture, dont le règlement interdit formellement tout contact avec les professions mercantiles. Toutefois cette union a des effets bénéfiques sur sa carrière. Alors que le prix des
tableaux flamands flambe, elle apprend à maîtriser la magie des couleurs et la belle facture d’un Rubens et d’un Van Dyck. Dès 1777 la clientèle essentiellement bourgeoise s’élargit à la grande aristocratie, aux princes de sang et enfin à la reine Marie-Antoinette. Il faut cependant l’intervention de Louis XVI en 1783 pour que
la portraitiste de sa royale épouse puisse rejoindre l’Académie royale de peinture à l’issue d’une polémique.

 
Vue de l’exposition n°2, scénographie par Loretta Gaïtis, © Didier Plowy pour la Rmn-Grand Palais, Paris 2015
Vue de l’exposition n°2, scénographie par Loretta Gaïtis, © Didier Plowy pour la Rmn-Grand Palais, Paris 2015


Depuis la fondation de l’Académie royale en 1648, sous la Régence d’Anne d’Autriche, les femmes artistes ne sont reçues qu’en nombre très restreint. Non autorisées à dessiner d’après des modèles nus masculins, elles sont écartées du grand genre, la peinture d’histoire, qui nécessite une parfaite compréhension de
l’anatomie et l’assimilation des codes gestuels. Vigée Le Brun se limite donc aux portraits, malgré quelques Elisabeth Louise Vigée Le Brun
Cette exposition est organisée par la Réunion des musées
nationaux-Grand Palais, The Metropolitan Museum of Art
et le Musée des Beaux-Arts du Canada.

Quelques podcasts dont celui de
France culture :
une vie une oeuvre ici
Le secret professionnel ici
Europe 1
Au coeur de l’histoire, par Franck FERRAND
les commissaires : Joseph Baillio, historien de l’art, Xavier Salmon, conservateur général du patrimoine, directeur du
département des Arts graphiques du musée du Louvre
scénographie : Loretta Gaïtis
Elisabeth Louise Vigée Le Brun, Gabrielle Yolande Claude Martine de Polastron, duchesse de Polignac, 1782, huile sur toile ; 92,2 x 73,3 cm, Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, © Photo : Rmn-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot
Elisabeth Louise Vigée Le Brun, Gabrielle Yolande Claude Martine de Polastron, duchesse de Polignac, 1782, huile sur toile ; 92,2 x 73,3 cm, Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, © Photo : Rmn-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot

Devenez un portrait d’Élisabeth Louise Vigée Le Brun !
Au sortir de l’exposition Élisabeth Louise Vigée Le Brun, découvrez le photomaton qui vous permet de devenir un modèle de la célèbre portraitiste… Souriez, posez, attendez : comme dans un vrai photomaton, mais au final la photo ne sera pas un portrait banal, mais un tableau d’Élisabeth Louise Vigée Le Brun.
ouverture : tous les jours de 10h à 20h, nocturne
le mercredi jusqu’à 22h
fermé le mardi
 

À la recherche de 0,10 – La dernière exposition futuriste de tableaux

Jusqu’au 10 janvier 2016
« Lorsque l’esprit aura perdu l’habitude de voir dans un tableau une représentation d’un morceau de nature, de Vierges et de Vénus impudiques, alors seulement nous pourrons voir une oeuvre purement picturale. » (Kasimir Malevitch)
Derniere expo futuristes
Avec « À la recherche de 0,10 – La dernière exposition futuriste de tableaux », la Fondation Beyeler célèbre un moment mémorable pour l’évolution de l’art moderne et contemporain. L’exposition « 0,10 » a eu lieu en 1915 à Petrograd (nom que prit la capitale russe peu après le déclenchement de la Première Guerre mondiale, pour remplacer celui de Saint-Pétersbourg, aux consonances germaniques) et allait s’affirmer comme l’une des plus marquantes du XXe siècle. Saint-Pétersbourg est ainsi devenue
le berceau de l’avant-garde russe : avec « 0,10 », et après « Venise », « Vienne 1900 » et « Le Surréalisme à Paris », la Fondation Beyeler poursuit sa série d’expositions consacrées à des villes qui ont joué un rôle déterminant dans l’évolution de l’art moderne.
« 0,10 » marque un véritable tournant dans l’histoire de l’art moderne et incarne le moment historique où Kasimir Malevitch a réalisé ses premières toiles non figuratives tandis que Vladimir Tatline se faisait connaître du public par ses contre-reliefs révolutionnaires. La plupart des autres participants de l’exposition originelle sont également représentés dans la version reconstituée de la Fondation Beyeler :
Natan Altman, Vassili Kamenski, Ivan Klioune, Mikhaïl Menkov, Vera Pestel, Lioubov Popova, Ivan Pouni (Jean Pougny), Olga Rozanova, Nadejda Oudaltsova et Marie Vassilieff.
Malevitch Footballeur
« À la recherche de 0,10 – La dernière exposition futuriste de tableaux » rend également hommage à l’oeuvre iconique de Kasimir Malevitch, « le Carré Noir » dont elle célèbre le centenaire. Cette toile monochrome relevait de la pure provocation, car elle ne montrait qu’une surface noire légèrement déformée, entourée de blanc.
Lors de l’exposition d’origine, elle était de surcroît accrochée dans ce
qu’on appelait l’angle de Dieu, où se trouvaient traditionnellement les icônes qui décoraient la maison.

Malevitch, Supremus n° 50, huile sur toile, Stedelikj Museum Amsterdam
Malevitch, Supremus n° 50, huile sur toile, Stedelikj Museum Amsterdam

Sans compromis et énigmatiques, les oeuvres du suprématisme imposèrent un brutal changement de paradigmes sur la scène artistique.
Ces oeuvres étant par ailleurs rarement prêtées, c’est la première fois qu’on pourra voir en Suisse une aussi riche présentation d’oeuvres suprématistes. Plusieurs années de recherches et de longs échanges scientifiques avec des musées russes de renom ont précédé cette collaboration en cette année du centenaire du Carré noir. C’est ainsi qu’ont eu lieu en Russie, dès 2008, dans le cadre de collaborations de très grande qualité, de premières expositions individuelles consacrées à Alberto Giacometti et Paul Klee (2013), cette dernière sous forme d’une coopération entre la Fondation
Beyeler et le Centre Paul Klee.
Carré Noir, Malevitch
Ces oeuvres et documents proviennent de musées, d’archives et de collections particulières. Outre la galerie Tretiakov de Moscou et le Musée russe de Saint-Pétersbourg, 14 musées régionaux russes ainsi que d’importants établissements internationaux comme le Centre Georges-Pompidou de Paris, le
Stedelijk Museum d’Amsterdam, le Musée Ludwig de Cologne, la Collection George Costakis de Thessalonique, l’Art Institute de Chicago et le MoMa de New York ont contribué à cette exposition en acceptant de  prêter des oeuvres rares et précieuses.
 
Vladimir Tatline, Corner relief, St Peterburg musée de la ville

Vladimir Tatline
Contre-relief angulaire, 1914
Tôle, cuivre, bois, câbles et éléments de fixation, 71 x 118 cm
Musée russe, Saint-Pétersbourg
© 2015, State Russian Museum, St. Petersburg

Pour la première fois de l’histoire des expositions russes et occidentales, ces oeuvres remarquables sont à nouveau rassemblées dans les salles de la Fondation Beyeler, complétées par des travaux des mêmes artistes, datant de la même période, afin de redonner vie à l’atmosphère tout à fait singulière et vibrante d’énergie du renouveau artistique russe des débuts du XXe siècle.
Le commissaire invité est Matthew Drutt, qui a déjà été responsable des grandes rétrospectives Malevitch du Musée Guggenheim de New York et de la Menil Collection à Houston.
On peut voir simultanément à la Fondation Beyeler l’exposition « Black Sun ». Celle-ci présente des oeuvres de 36 artistes des XXe et XXIe siècles qui utilisent des moyens d’expression aussi divers que la peinture, la sculpture, l’installation et le film, sans oublier les interventions artistiques dans l’espace public. Conçue comme un hommage à Malevitch et Tatline, « Black Sun » explore à partir d’une perspective actuelle l’immense influence, encore sensible aujourd’hui, de ces deux représentants de
l’avant-garde russe sur la production artistique. Cette exposition a été réalisée en étroite collaboration avec certains des artistes exposés.

Mikhaïl Menkov Journal, 1915 Huile sur toile, 71 x 71 cm Musée d’art régional, Oulianovsk avec le soutien du Centre d‘Etat des Musées et des Expositions ROSIZO
Mikhaïl Menkov
Journal, 1915
Huile sur toile, 71 x 71 cm
Musée d’art régional, Oulianovsk avec le
soutien du Centre d‘Etat des Musées et des Expositions ROSIZO

L’exposition d’origine « 0,10 », organisée par le couple d’artistes Ivan Pouni et Xénia Bogouslavskaïa, fut inaugurée le 19 décembre 1915 à Petrograd avec plus de 150 oeuvres de 14 artistes de l’avantgarde russe, dont la plupart étaient des partisans de Malevitch ou de Tatline. Un tiers seulement des 150 oeuvres exposées durant l’hiver 1915-1916 à Petrograd est parvenu jusqu’à nous. L’exposition se tenait dans la Galerie de Nadejda Dobytchina, considérée comme la première galeriste de Russie. Dès 1911, elle avait converti plusieurs pièces de son spacieux appartement en salles d’exposition et était très connue des milieux artistiques.
Fondation Beyeler, Supprématisme vue
Le titre « 0,10 » (zéro-dix) n’est pas une formule mathématique mais un code reposant sans doute sur une idée de Malevitch : le zéro devait symboliser la destruction de l’ancien monde – y compris celui de l’art – en même temps qu’un nouveau départ. Le chiffre dix se réfère au nombre de participants initialement prévu. Les adjectifs « dernière » et «futuriste » contiennent également un message chiffré : il s’agissait de montrer que l’on cherchait à prendre ses distances avec l’influence du futurisme italien et même à s’en libérer. Voilà qui donne la mesure de la rapidité avec laquelle les différentes orientations stylistiques se succédaient : alors qu’au début de 1915, le futurisme enthousiasmait encore, on prônait son abandon dès la fin de la même année. Des prises de position passionnées et des débats houleux avaient agité les participants avant l’exposition, dont l’organisation avait fait l’objet de modifications de dernière minute. C’est ainsi que le nombre définitif d’exposants n’était pas celui qui était annoncé dans le titre. Certains artistes firent faux bond au dernier moment, d’autres s’ajoutèrent à l’improviste. Finalement, 14 artistes exposèrent leurs travaux – 7 femmes et autant d’hommes.
Dans la Russie prérévolutionnaire, les organisateurs d’expositions tenaient en effet à la parité des sexes.
Lyubov Popova, portrait of a Lady, museum Ludwig Köln
Lyubov Popova, portrait of a Lady, museum Ludwig Köln

Les travaux de deux participants tranchaient sur les autres en s’engageant dans des voies d’une nouveauté et d’un radicalisme extrêmes qui allaient marquer durablement l’évolution artistique. Le premier était Kasimir Malevitch qui, dans le cadre de La Dernière exposition futuriste de tableaux 0,10, explorait dans ses toiles entièrement abstraites, constituées de formes géométriques, une dimension jusqu’alors inconnue des beaux-arts. Il inventa pour désigner ses créations le terme de
« suprématisme » (du latin supremus – « suprême »), exprimant ainsi sa volonté de jouer un rôle majeur dans l’art. Le second était Vladimir Tatline qui, avec ses sculptures elles aussi abstraites créées à partir de matériaux étrangers à l’art, proposait des solutions nouvelles pour une sculpture affranchie de son socle classique. Même si l’exposition d’origine était loin d’être homogène – on y observait une
grande diversité de styles artistiques et de programmes esthétiques –, elle fit l’effet d’un véritable électrochoc, sonna le glas du cubo-futurisme en tant que tendance dominante de la peinture russe et ouvrit la voie à des expériences totalement inédites. Dès le lendemain de cette manifestation, Malevitch et Tatline s’imposèrent comme les chefs de file de l’avant-garde européenne.
Nadezhda Udalstova, selfportrait galerie Tretjakow, Moscou
Nadezhda Udalstova, selfportrait galerie Tretjakow, Moscou

Le projet de la Fondation Beyeler ne peut évidemment pas prétendre proposer une reproduction fidèle de l’exposition de 1915 – un grand nombre des oeuvres exposées à cette occasion ont en effet disparu ou ont été détruites –, mais on peut y voir de nombreuses oeuvres originales de cette exposition, complétées par d’autres chefs-d’oeuvre des mêmes artistes, datant de la même période. Les visiteurs se
feront ainsi une impression très concrète de l’énergie artistique débordante de la Russie du début du XXe siècle.
Une deuxième exposition illustre l’influence que « 0,10 » exerce aujourd’hui encore sur les artistes :
Beyeler vue du Foyer
« Black Sun » reconstitue à l’aide d’oeuvres d’artistes contemporains le parcours de l’abstraction et du noir, mystérieuse « non couleur ».
 
Olafur Eliasson, Remagine, Kunstmuseum Bonn
Olafur Eliasson, Remagine, Kunstmuseum Bonn

On peut voir « À la recherche de 0,10 – La dernière exposition futuriste de tableaux » et « Black Sun » jusqu’ au 10 janvier 2016 à la Fondation Beyeler.
L’exposition « À la recherche de 0,10 – La dernière exposition futuriste de tableaux » a été réalisée grâce au soutien de :
Presenting Partners AVC Charity Foundation
Cahiers d’Art Partner Phillips est une plate-forme mondiale majeure d’achat et de vente d’art et de design des XXe et XXIe siècles.
Heures d’ouverture de la Fondation Beyeler :
tous les jours 10h00–18h00,
le mercredi jusqu’à 20h00

Valérie Favre, "La première nuit du monde"

Valérie Favre au MAMCS, musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg
propose, « la première nuit du monde » jusqu’au 27 MARS 2016
Son attirance pour le théâtre et le cinéma,  explique la mise en scène de l’exposition.

Valérie Favre, Balls and Tunnels, 2015
Valérie Favre, Balls and Tunnels, 2015


En levée de rideau
, elle propose d’ouvrir l’exposition sur une oeuvre abstraite, le dernier Balls and Tunnels réalisé en 2015.
Il s’agit du nouvel opus de la série éponyme débutée il y a vingt ans pour
laquelle Valérie Favre ne réalise qu’un tableau par an et ce, jusqu’à la fin de sa vie, comme elle
l’a déjà énoncé. OEuvres rares, les Balls and Tunnels série de cosmogonies colorées sont tous réalisées selon le même
protocole, celui d’une peinture voulue
« avec le moins de décisions possibles » ; l’artiste travaille
la toile libre en laissant le hasard induire des rencontres de couleurs, sous forme de taches et de dégoulinures.
Le résultat doit à la fois au hasard et aux reprises minutieuses de l’artiste qui travaille ensuite glacis et empâtements pour réaliser une oeuvre « qui n’a plus de sens ».
Placé au tout début de l’exposition, véritable « morceau de peinture », il permet d’évacuer l’image restrictive parfois associée à l’artiste connue pour sa peinture figurative.

 
Valérie Favre, Lady Bird 2010
Valérie Favre, Lady Bird 2010

 
Les Théâtres
Vastes polyptiques s’étirant sur près de 400 cm, les Grands Théâtres ici réunis sont pour une majeure partie des travaux très récents. Décrits par l’artiste comme des grandes
« scèneries »,
les cinq formats monumentaux auxquels vient s’adjoindre un inattendu petit format, accueillent le visiteur dans une salle écarlate qui rappelle le théâtre ou le cirque. Traitant de la « folie du monde » sur le mode de la parade, ces grandes compositions entrecroisent nombre de références visuelles et allégoriques (références à l’Histoire de l’Art, au cinéma, à la mythologie,…). La figure de la Mort y est fréquente, elle côtoie un catalogue de personnages, d’animaux et de créatures hybrides réunis pour jouer la comédie ou le drame sous les feux de la rampe. Les oeuvres – toutes baptisées d’un titre qui évoque les circonstances de leur éclosion – sont porteuses de signes qui renvoient d’un tableau à l’autre.
Valérie Favre
Accrochées volontairement assez bas, ces Théâtres invitent le regardeur à entrer dans le spectacle qui se joue sous ses yeux et à rejoindre le cortège de Madame Rêve, à se pavaner aux côtés de Laby Bird, à gagner la foule qui se presse autour de La Voyante/Die Hellseherin, à se faufiler parmi les acteurs du Cristal Palace
ou encore à « perdre oeil », comme on perd pied, dans le paysage infini de Play-Back.
Odilon Redon, James Ensor, ou encore Brueghel se cotoyant.
Valérie Favre, Thomas l'Obscur
Thomas l’Obscur
Au sortir de la salle rouge, le visiteur soulève un rideau de velours qui ouvre sur une salle aux murs blancs. Là, il se trouve nimbé d’un ensemble dense de dessins accrochés selon un rythme très particulier, entrecoupé par endroits de tableaux : les dessins, comme une portée musicale, sont disposés sur plusieurs lignes et créent un vaste environnement où les tableaux surgissent comme des taches de couleurs. L’oeuvre présentée ici relève d’une démarche nouvelle de l’artiste : Valérie Favre a, en effet, opéré un copiage minutieux et intégral du roman de Maurice Blanchot, Thomas l’Obscur. Ce travail réalisé sur un grand carnet démantelé contient le texte in extenso ainsi que plusieurs dessins à l’encre et à l’aquarelle qui entrent littéralement dans les mots de Blanchot. Roman en forme de voyage intérieur, Thomas l’Obscur inspire aussi à l’artiste
plusieurs peintures où le thème de la noyade est récurrent. Férue de littérature, Valérie Favre qui se présente elle-même comme une « fausse écrivaine », s’est passionnée pour les textes de l’auteur de L’Écriture du Désastre. Elle livre ici une oeuvre d’art totale qui rencontre et prolonge le texte de Blanchot dans un déploiement, certes, monumental, mais néanmoins intime pour qui sait s’approcher tout près de ces pages manuscrites où affleure la sensibilité de leur copiste.
Valerie Favre, Thomas l'obscur détail
Les Fragments
Puis c’est un nouveau choc, on pénètre dans une salle obscurcie.
Série débutée en 2010 et close en 2012, Les Fragments, sortes de maelströms sombres qui ne sont pas sans rappeler les dessins de Victor Hugo, voient ici leur épilogue. Valérie Favre conçoit ces tableaux abstraits de dimensions différentes comme
« des morceaux d’univers ». Galaxies, constellations, trous noirs ou voie lactée, Les Fragments renvoient à ce qui nous dépasse, à ce qui se place au-delà : l’infini est malaisé, sinon impossible, à concevoir, plus encore à peindre.
Valérie Favre
L’artiste s’attaque à cette impossibilité et retient du grand tout quelques fragments. De ses tableaux, elle a fait réaliser de minuscules photographies qu’elle a fait imprimer en grande
quantité. Ces minuscules Fragments ont été soigneusement assemblés les uns avec les autres, cousus ensemble pour former un tapis aux motifs ornementaux, façon de transformer les questionnements qui nous taraudent en un élément domestique – ou magique – un tapis.
Valerie FavreLes Ghosts
Les Ghosts de Valérie Favre, série entreprise depuis 2012 et toujours en cours, revêtent plusieurs formes. Ceux qu’elle a choisi de réunir ici s’inspirent du tableau de Goya, Le Vol des Sorcières (1797/1798). Dans le tableau du Prado, trois créatures portant des chapeaux pointus portent à bout de bras le corps d’un homme nu et s’envolent dans un ciel noir, tandis qu’au sol un personnage erre à l’aveugle et qu’un autre se désole. Valérie Favre retient cette ascension du corps pour une série de tableaux de petits formats où elle opère diverses variations. Le gisant change d’apparence, de genre, d’état, les « sorcières » se font danseuses, secouristes bienveillantes ou facétieuses. Toutes ensemble, ces petites peintures forment une nuée qui décline tous les tons possibles pour jouer la même scène, telle une multitude de prises enchaînées par un acteur qui seraient vues simultanément.
Valérie Favre, les Gohsts
Les Petits Théâtres de la vie
Pratique autonome et rare de l’artiste, le dessin constitue ici un ensemble
« à portée de main » ; l’artiste a, en effet, souhaité les présenter différemment des autres oeuvres de l’exposition.
Posés sur des lutrins, les dessins invitent à une contemplation rapprochée, nécessaire tant leurs multiples détails sollicitent l’attention. Combinant écritures, collages, photocopies, dessins dans les marges, les oeuvres graphiques de Valérie Favre se présentent comme une cartographie moult fois retravaillée.
Valérie FavreOn y lit le nom de Kleist, on relève des marques d’antidépresseurs, on rencontre des animaux et des formes géométriques, agencés sur ce qui ressemble à une scène ou une piste de cirque. Une fois encore, Valérie organise à la façon d’un metteur en scène de théâtre de petites scènes peuplées de personnages et de situations improbables, coeur d’un récit qui emprunte, ça et là, des éléments de la réalité et de sa vie personnelle, tout en restant une création résolument fictive.
Un travail original, qui nécessite l’attention du regardeur, où l’ingéniosité côtoie
la diversité, l’éclat et la profondeur des couleurs, un regard aigu et ironique sur le monde.

LES VAGAMONDES

A vos agendas
LES VAGAMONDES
: festival d’arts & de sciences humaines
4e édition dédiée aux cultures du Sud
Fellag / Blitz Theatre Group / Rocío Molina / Dhafer Youssef / Emma Dante
Héla Fattoumi & Éric Lamoureux / Lina Majdalanie & Rabih Mroué
Amir Reza Koohestani / Zad Moultaka / Cie Massala / Yusuf Sevinçli
_festivallesvagamondes
Un focus sur la création méditerranéenne du 13 au 23 janvier où se succéderont des propositions de théâtre, danse, musique, humour, mais aussi des événements en entrée libre : rencontres avec les artistes, conférences, expositions… Pour cette 4e édition, La Filature s’associe à de nombreux partenaires et propose des rendez-vous
« sciences humaines » dans tout Mulhouse !
Une mer qui relie autant qu’elle sépare. Car la coexistence ne va
jamais de soi. Il faut la vouloir, il faut la construire, l’interroger, en
permanence. C’est bien là que réside la raison d’être de ce festival
qui, à travers les arts et les sciences humaines, nous ouvre vers la
connaissance et la reconnaissance de l’Autre dans sa diversité. Par
les arts, mais aussi la géographie, l’histoire, la géopolitique ou
encore la gastronomie et le vin, nous aborderons beaucoup des
questions de société qui animent notre actualité. Nous entendrons
parler de logique des frontières, de migration des peuples et de
mondialisation. Nous verrons également que nombreux sont les
spectacles qui questionnent – parfois avec beaucoup d’audace – la
place de la femme dans le périmètre méditerranéen.
Les vagamondes
Pour cette 4e édition, l’équipe de La Filature s’est entourée d’une multitude d’acteurs locaux à l’initiative de l’association « Les Cafés Géographiques ».
Nous oeuvrerons ainsi à ce que ce festival soit une véritable
rencontre de l’Autre. Une fête mêlant allègrement arts visuels, théâtre, cinéma, conférences, débats, danse et performances avec comme ligne de mire cette mer qui nous est donnée en partage.
mercredi 13 janv. 19h en entrée libre
INAUGURATION DU FESTIVAL + VERNISSAGE DE L’EXPOSITION DE YUSUF SEVINÇLI
mais aussi de l’installation végétale de Sophie Larger & Stéphanie Buttier dans le hall de La Filature
RESTAURATION
Du mercredi 13 au mercredi 20 janvier, l’association Épices proposera une restauration les soirs de spectacles.
Vendredi 22 et samedi 23 janvier, l’association Franco-Amazigh concoctera des spécialités berbères :
restauration, salon de thé et pâtisseries à savourer en musique ; et samedi 23, le couscous traditionnel du Nouvel An berbère.
Programme complet à consulter