L’exposition de la Philharmonie de Paris intitulée Marc Chagall : Le Triomphe de la musique (vidéo) explore les créations pour la scène de Marc Chagall, les commandes décoratives et architecturales liées à la musique. Une nouvelle approche musicale de l’oeuvre est nourrie par l’écoute des sons et des résonances de la matière. Sont réunies environ 270 oeuvres (peintures, dessins, costumes, sculptures et céramiques), incluant des installations multimédias notamment grâce à un dispositif exceptionnel développé par le Google Lab autour du plafond de l’Opéra et un ensemble de photographies, pour la plupart inédites, dont celles qu’Izis créa dans l’atelier de Marc Chagall dans les années 1960.
Les décors que Chagall réalisa pour le Théâtre d’art juif de Moscou en 1920, conservés à la Galerie Tretiakov, constituent un décor universel réunissant les arts (Musique, Danse, Théâtre, Littérature) dans une approche d’art total, faisant rayonner la culture et la langue yiddish par l’association du spectacle populaire, de la musique, du rythme, du son et de la couleur.
Plus tard, fuyant l’Europe pour les États-Unis, Chagall renouvelle son approche scénique par la découverte de l’espace et de la monumentalité de l’architecture et des paysages américains. En 1942, il crée les décors et les costumes pour Aleko à Mexico, puis pour L’Oiseau de feu à New York en 1945, renouant ainsi avec la musique russe.
De retour en France, l’Opéra de Paris lui commande un travail similaire pour Daphnis et Chloé en 1958 (1959 pour la première à l’Opéra de Paris), une collaboration qui culminera en 1962 avec la commande par André Malraux, alors ministre des Affaires culturelles, du célèbre plafond de l’Opéra Garnier, inauguré en 1964. Panthéon musical personnel de l’artiste, il constitue à lui seul un formidable hommage aux compositeurs qui ont marqué l’histoire de la musique. Les nombreuses esquisses inédites de ce projet, également présentées dans ce volet de l’exposition, restituent pas à pas la genèse de la création et les différentes étapes de son processus créatif. Dans toute l’oeuvre de Chagall, la musique se manifeste par un surprenant éventail de résonances à travers lesquelles notre temps se révèle enchanteur.
Commissariat : Ambre Gauthier est docteure en histoire de l’art. Sa thèse, consacrée aux revues de galeries d’art en France dans l’entre-deux-guerres (1918-1940), propose une nouvelle lecture des liens entre les avant-gardes, l’édition et le marché de l’art moderne en Europe.
Directeur musical : Mikhaïl Rudy. Né en Russie, élève au célèbre Conservatoire Tchaïkovski de Moscou, il remporte le Premier grand prix du Concours Marguerite Long à Paris en 1975. Peu de temps après, au cours de sa première tournée de concerts il demande l’asile politique en France. À la demande de Rostropovitch, le tout jeune pianiste Mikhaïl Rudy est invité à jouer avec lui et Isaac Stern le triple concerto de Beethoven pour l’anniversaire des 90 ans de Marc Chagall, scellant une amitié bienveillante entre les deux hommes. Musique diffusée :
• Jean-Philippe Rameau (1683-1764),
Les Indes galantes
• Claude Debussy (1862 -1918),
Pelléas et Mélisande
• Maurice Ravel (1875-1937), Daphnis et Chloé
• Igor Stravinski (1882-1971), L’Oiseau de feu
• Adolphe Adam (1803-1856), Giselle
• Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893),
Le Lac des cygnes
• Modeste Moussorgski (1839-1881), Boris Godounov
• Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791),
La Flûte enchantée
• Hector Berlioz (1803-1869), Roméo et Juliette
• Richard Wagner (1813-1883), Tristan und Iseult
• Christoph Willibald Gluck (1714-1787),
Orphée et Eurydice
• Ludwig van Beethoven (1770-1827), Fidelio
• Georges Bizet (1838-1875), Carmen
• Giuseppe Verdi (1813-1901), La Traviata
L’exposition Chagall et la musique sera présentée dans une version resserrée à Nice, au Musée national Marc Chagall du 5 mars au 13 juin 2016 et dans une version recomposée à Montréal (Canada), au Musée des beaux-arts du 21 janvier au 14 mai 2017.
Partager la publication "Marc Chagall : Le Triomphe de la musique"
Jean-Honoré Fragonard (1732-18o6) fut sans doute le peintre français le plus emblématique des décennies qui ont précédé la Révolution. Paysage, scène de genre, peinture d’histoire, grand décor voire portrait, il aborda toutes les veines avec bonheur mais, selon son premier biographe, “il s’adonna [surtout] au genre érotique dans lequel il réussit parfaitement”. La thématique amoureuse est en effet centrale dans son oeuvre.
De sa vie personnelle, on sait peu de choses. Naissance à Grasse en 1732,
vers 1738 installation de la famille à Paris, vers 1748-1752 il commence sa formation de peintre auprès de Jean-Baptiste Chardin puis de François Boucher.
En 1752 il remporte le Grand Prix de l’Académie royale de peinture.
De 1756 à 1761 il est Pensionnaire de l’Académie de France à Rome
De ses liaisons prétendues avec les célèbres courtisanes de son temps telle Marie-Madeleine Guimard (1743-1816), tout semble avoir été inventé au xixe siècle. Bon époux, bon père, tel fut Fragonard d’après les témoignages les plus fondés. Son union avecMarie-Anne Gérard (1745-1823) épousée en 1769, fut heureuse et durable. Elle était, comme lui, artiste, peintre en miniature, et originaire de Grasse dans le sud de la France.
La fougue amoureuse de Frago, ainsi qu’il se dénommait lui-même, est à chercher ailleurs, dans son oeuvre ! Alors que les Lumières accordent une place nouvelle aux sens et à la subjectivité, et que le jeune genre romanesque en plein essor place l’amour au coeur des fictions, Fragonard va décliner sur sa toile ou sous ses crayons les mille variations du sentiment, à l’unisson de son époque. C’est l’exploration de cette thématique amoureuse que l’on va suivre, entre les derniers feux de l’amour galant et le triomphe du libertinage, jusqu’à l’essor d’un amour sincère et sensible, déjà “romantique”.
LE BERGER GALANT
Hérité des précieuses, des poètes et des moralistes du “Grand Siècle”, l’idéal de “galanterie” constitue au XIIIe siècle une valeur identitaire pour les Français. “L’amour galant”, sans taire l’inclination des sens, prône la tendresse, la sincérité, le respect mutuel et la fidélité dans une absolue discrétion. À la fin des années 1730, le peintre François Boucher (1703-1770) se fait l’inventeur d’une iconographie nouvelle qui mêle thématique amoureuse et galanterie pastorale en s’inspirant de d’Urfé notamment. C’est à cette école que Fragonard, élève de Boucher au début des années 1750, fera son premier apprentissage de l’iconographie amoureuse. Avec lui cependant, un souffle plus franc et charnel vient faire frissonner l’Arcadie.
LES AMOURS DES DIEUX
Au cours des années 1740-1750, les fables mythologiques de l’Antiquité mises en scènes par François Boucher et ses émules deviennent l’emblème d’une peinture frivole, voire licencieuse.
C’est que depuis la Régence (1715-1723), le “libertinage” triomphe parmi les élites en adoptant les formes et le vernis policé de la galanterie, pour mener en fait une quête hédoniste du plaisir charnel complètement découplé du sentiment amoureux. Les espaces de plaisirs, mais aussi les salons d’apparat et jusqu’au décor pour la chambre à coucher de Louis XV au château de Marly, sont alors recouverts de peintures mythologiques amoureuses. Fragonard est formé à cette école. Il produit, à des fins décoratives, ses premières peintures sensuelles dans la mouvance de Boucher. Lors de son séjour à Rome comme pensionnaire de l’Académie de France de 1756 à 1761, il étudie de première main les chefs-d’oeuvre de l’Antiquité. À son retour, il exécute lui-même une magnifique suite gravée, les Jeux de satyres, où l’art antique reprend vie de la plus robuste manière. En 1765 enfin, il devient un peintre éminent grâce au succès de Corésus et Callirhoé, une sombre histoire d’amour mythologique, où s’associent le frémissement des sens et la tragédie de la passion. La leçon de Boucher est désormais dépassée…
ÉROS RUSTIQUE ET POPULAIRE
Au moment de son premier séjour romain (1756-1761) et surtout après son retour, Fragonard renouvelle son traitement des amours pastorales et populaires. Deux veines s’illustrent alors.
Tout d’abord, une veine roturière assume ostensiblement la part des pulsions charnelles avec une franchise voire une grossièreté délibérée. Elle dérive du genre littéraire “poissard” qui fait florès dès les années 1740-1750. Instauré par les récits du comte de Caylus (1692-1765) ainsi que par les opéras-comiques de Jean-Joseph Vadé (1720-1757), le genre poissard revendique ses références picturales, à savoir essentiellement les scènes rustiques des peintres flamands du XVIIe siècle David Teniers (1610-1690) et Rubens (1577-1640). Fragonard va puiser à ces mêmes sources. Amusé, grivois sans doute, Frago se distingue de ses devanciers en ce que le mépris ne se dégage pas de ses représentations des amours villageoises.
Une autre veine, plus recueillie et sentimentale, porte la marque du culte de la nature instauré par Jean-Jacques Rousseau (1712-1778). Le Pâtre jouant de la flûte, sans doute exposé au Salon de 1765, relève de cette poétique inspiration.
FRAGONARD ILLUSTRATEUR DES CONTES LIBERTINS
Le XVIIIe siècle a été un siècle d’or pour le livre illustré. Le milieu du siècle correspond justement à une période de plein épanouissement esthétique et commercial de cette sphère. Au cours des années 1750 ce sont les ouvrages lestes voire licencieux qui rencontrent le plus grand succès. Ainsi l’édition des Contes de Jean de la Fontaine (1621-1695) illustré par Charles Eisen (1720-1778) en 1762 qui connait un véritable triomphe. Ces contes licencieux ne relèvent pas du tout de la même inspiration moraliste que les célèbres Fables, et l’on considère qu’ils sont une des sources de toute la littérature libertine du XVIIIe siècle. Fragonard s’intéresse à l’illustration des Contes sans doute dès la fin de son séjour romain et au cours des années 1760. L’artiste lui consacra plusieurs séries de dessins. La plus complète, constituée de cinquante-sept feuilles, est celle qui fut rassemblée dans les deux albums conservés au Petit-Palais ici présentés. PIERRE-ANTOINE BAUDOUIN, UN MAÎTRE EN LIBERTINAGE
Durant les années 1760 Fragonard apparaît très proche du peintre en miniature Pierre-Antoine Baudouin (1723-1769). Élève de Boucher, celui-ci se fait connaître en produisant des dessins à la gouache dont les sujets recoupent ceux de la littérature libertine.
Le succès foudroyant de ses gouaches exposées publiquement est conforté par le scandale qu’elles suscitent parfois. Ses participations aux Salons sont attendues, abondamment commentées par la critique. Des compositions plus libres encore, exécutées pour des amateurs fortunés, sont parfois divulguées – souvent édulcorées – par le biais de la gravure.
Baudouin a sans doute été pour Fragonard un mentor en iconographie libertine. À partir de 1765, ils se partagent l’atelier du défunt peintre Deshays au Louvre. En 1767, ils font la demande d’aller copier ensemble les tableaux de Rubens au palais du Luxembourg – l’actuel Sénat ! Au moment du décès précoce de Baudouin en 1769, les dessins et tableaux de Fragonard abondent dans son atelier. Leurs oeuvres enfin se répondent au point que certaines compositions libertines de Fragonard semblent un hommage à son aîné.
FRAGONARD ET L’IMAGERIE LICENCIEUSE
À partir de la Régence (1715-1723), une grande partie des élites françaises adoptent le “libertinage”. Les sphères littéraires et artistiques en sont profondément affectées. Les livres lascifs illustrés et les gravures licencieuses, diffusés sous le manteau, connaissent un succès sans précédent. Apparaissent aussi des espaces privés dévolus à la consommation du plaisir : “boudoir” au sein de la demeure et “petite maison”, résidence construite à la périphérie de la capitale où selon les mots de Crébillon, le “libertin veut cacher sa faiblesse ou ses sottises”. Les peintres participent au décor de tels espaces, en 176o-177o, Frago s’impose comme le ténor incontesté de cette veine.
“Je peindrais avec mon cul”.
Selon un témoignage rapporté seulement au XIXe siècle, Fragonard aurait déclaré “je peindrais avec mon cul”. Et en effet, par sa technique si démonstrative et comme effusive, le peintre parvient à confondre l’enthousiasme de l’inspiration artistique et celui de la fusion érotique. Par la fluidité du lavis ou la vigueur des coups de pinceau largement empâtés, qualifié de “tartouillis” par ses détracteurs, Frago suggère la confusion paroxystique des émotions. Il use ainsi de tous les pouvoirs suggestifs de son art, capable de tromper les sens et d’exalter l’imaginaire.
LA LECTURE DANGEREUSE “Jamais fille chaste n’a lu de romans”, Rousseau, préface de La Nouvelle Héloïse, 1761
Au XVIIIe siècle, la pratique de la lecture se diffuse. De nombreuses catégories sociales accèdent ainsi à des modes de connaissance qui peuvent remettre en cause l’ordre établi. Parmi les productions littéraires qui inspirent la méfiance des autorités, le roman suscite régulièrement anathèmes et réprobations morales. C’est avec ce type de littérature que fraye volontiers Fragonard. Les représentations de lecteurs, et de lectrices plus
encore, abondent dans son oeuvre. La correspondance se développe considérablement au XVIIIe siècle. Un type de littérature privilégié, le roman par lettres, témoigne de cet essor sans précédent manifesté par les plus grands succès littéraires du siècle, de La Nouvelle Héloïse de Rousseau en 1761 jusqu’aux Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos en 1782. Les échanges de correspondances se retrouvent dans l’oeuvre de Fragonard avec sans doute une même signification amoureuse et délicieusement prohibée.
LE RENOUVEAU DE LA FÊTE GALANTE
Les années 1760-1780 voient une progressive dévaluation des valeurs du libertinage. Le succès considérable de La Nouvelle Héloïse (1761) de Rousseau scelle le triomphe d’une forme de sentimentalisme moraliste. En 1770, un émule de Rousseau, Claude-Joseph Dorat (1734-1780), livre une violente diatribe contre le libertinage. Il lui oppose l’amour sincère et tendre. Cet amour qui “se développe par l’estime” se nourrit, selon lui, d’un regard rétrospectif vers l’amour galant du Grand Siècle : “Ce commerce de sentiments tendres, de soins délicats et de plaisirs voilés que l’autre siècle connaissait encore.” Fragonard va puiser à cette même source galante pour dépeindre son intrigante Leçon de musique, dans laquelle les costumes de fantaisie évoquent le “Grand Siècle”. Mais c’est à la rencontre d’Antoine Watteau (1684-1721) que son art va s’infléchir. Fragonard renouvelle le genre des “fêtes galantes”, dont Watteau fut l’inventeur, au point de renouer avec son esprit unique combiné de distance amusée et d’érotisme suggéré. Cette entreprise de réactualisation semble atteindre une forme de sommet de raffinement et de sophistication avec le cycle des Progrès de l’amour,peint en 1771-1772 pour la comtesse Du Barry (1743-1793), favorite du roi Louis xv.
À cette réminiscence des fêtes galantes, Fragonard mêle des fragrances plus modernes : le jardin pittoresque et la vogue des contes de fées. Chef-d’oeuvre de cette veine, L’Île d’amour mêle indissolublement ces deux notions dans un jardin irréel, espace d’un éros enchanté. L’AMOUR MORALISÉ
Les Liaisons dangereuses, triomphe de 1782, vont sonner le glas littéraire du libertinage. À rebours, une nouvelle morale plus convenable socialement s’impose alors, prônant les valeurs neuves de l’amour conjugal.
La mise en récit du Verrou apparaît à cet égard comme une magnifique réécriture de l’imaginaire érotique au tournant des années 177o. D’abord conçue comme une piquante scène de séduction libertine, dans la lignée des gouaches de Baudouin, la peinture a été commandée vers 1777 par un mécène distingué, le marquis de Véri (1722-1785). L’amateur propose l’association problématique du Verrou à une toile religieuse, l’Adoration des bergers, que Fragonard vient d’exécuter pour lui. L’irrespect religieux transparaît sans doute dans cette association qui met en regard offrande sacrée et consommation sexuelle.
Le Verrou est transcrit en gravure par Maurice Blot en 1784. Un peu plus tard, celui-ci produit une autre gravure en pendant, d’après une composition de Fragonard sans doute exécutée en collaboration avec Marguerite Gérard, Le Contrat. L’oeuvre représente un couple attendri, sans doute le même que celui du Verrou, qui s’apprête à signer sa promesse de mariage. Sur la gravure apparaissent très distinctement, accrochées au mur, les deux compositions encadrées de L’Armoire – que Fragonard avait gravée lui-même en 1778 – et du Verrou. Les trois oeuvres se trouvent ainsi reliées à la fois formellement et thématiquement. Une narration est induite et trouve sa conclusion – moralisante – sur Le Contrat, à la manière de “trois chapitres d’un roman : la ‘faute’ – Le Verrou – , les amants surpris – L’Armoire – , la régularisation – Le Contrat”.
LA PASSION HÉROÏQUE
Le Roland furieux et La Jérusalem délivrée comptent parmi les oeuvres littéraires les plus célèbres de la Renaissance. Fragonard s’est littéralement pris de passion pour l’épopée, au point de tenter de l’illustrer quasiment scène après scène. Bien qu’interrompu au bout du seizième chant, ce projet donna naissance à quelque cent quatre-vingts dessins. On ne sait ni pour qui ni dans quel but cette série fut exécutée. Tout juste peut-on la situer, par comparaisons stylistiques, à la fin des années 1770. Cette suite éblouissante de virtuosité témoigne de la capacité de l’artiste à traduire une oeuvre aussi riche et complexe que le Roland furieux. La série marque un point d’acmé dans la carrière de Frago qui illustre ici magistralement la passion et les dérèglements amoureux poussés à leur paroxysme.
LES ALLÉGORIES AMOUREUSES
En 1773, le graveur Jean Massard offre à Fragonard un exemplaire du recueil de poésies amoureuses de l’Antiquité dues notamment au poète Anacréon (v∫e av. J.-C.), dont il vient de graver les illustrations d’après Charles Eisen. Cet ouvrage ainsi qu’un autre, Les Baisers (1770), rassemblant les poèmes de Claude-Joseph Dorat et également
illustré par Eisen, semblent avoir profondément influencé Fragonard durant la dernière décennie de sa carrière picturale. À partir de la fin des années 1770, Frago produit un ensemble de compositions allégoriques
amoureuses, dans un style antiquisant dont les thématiques recoupent celles de la poésie amoureuse antique dite “anacréontique” : la fusion amoureuse et la consommation sensuelle au sein d’une nature complice. Le peintre y utilise les mêmes métaphores que le poète : celles du flambeau de l’amour et de la rose, fleur de Vénus.
Il s’agit d’une des productions ultimes de Fragonard, car on considère que le peintre abandonne les pinceaux vers le début des années 179o. Frago rejette la lisibilité solaire de ses contemporains “néoclassiques” pour plonger ses images dans les pénombres vaporeuses de la nuit et du songe.
Fragonard, aux portes du Romantisme, y interroge d’une manière subtile la sincérité, la réciprocité et la durée du sentiment amoureux. Ainsi Le Serment d’amour, La Fontaine d’amour, Le Voeu à l’Amour. Horaires de l’exposition (16 septembre 2015 – 24 janvier 2016)
Ouverture tous les jours de 10h à 19h.
Nocturnes les lundis et vendredis jusqu’à 21h30.
Ouvert de 10h à 18h les jeudis 24 et 31 décembre et vendredi 1er janvier.
Fermeture exceptionnelle le vendredi 25 décembre.
Exposition organisée par la Réunion des musées nationaux – Grand Palais en collaboration avec le musée du Louvre.
Commissariat : Guillaume Faroult, conservateur en chef au département des Peintures, musée du Louvre,
en charge des peintures françaises du XVIIIe siècle et des peintures britanniques et américaines.
Scénographie : Jean-Julien Simonot
Partager la publication "Fragonard amoureux. Galant et libertin"
Jusqu’au 27 mars 2016 A la Fondation Fernet Branca, c’est à l’instar de la synagogue, mais
dans un mode inversé. Ce sont les femmes qui sont au rez-de-chaussée
et les hommes à l’étage. Ce contre point des propositions artistiques fonctionne très bien en regard de celles des trois artistes du rez de chaussée.
Lorsque l’on pénètre au premier étage c’est un spectacle surprenant,
réjouissant, Didier Paquignon a accroché aux cimaises, à touche touche, 138 corps d’hommes à moitié dévêtus, topless, pas plus bas que la ceinture.
Ce sont des monotypes, un concept particulier de Didier Paquignon, un travail artisanal
dans son atelier, qu’il a entamé depuis 5 ans, les Muses.
D’abord il photographie ses modèles consentants, tous cadrés de la même
manière, de face, de profil, voire de dos, sur 1 m, 20 de hauteur, en gommant tous les attributs sociaux, puis il peint sur plexiglass, les imprime à la presse sur de grandes feuilles, avec des rectangles de la taille des plexiglass, en essayant d’être au plus près de la photo, puisque c’est de la peinture, en noir et blanc, avec ses ombres portées.
Un sorte d’homme de Vitruve de Léonard de Vinci,revu par l’art contemporain
Au cours de sa carrière, Didier Paquignon n’a cessé de revisiter des thèmes classiques : des natures mortes, des vues d’intérieur, des paysages urbains… Ancien élève des Beaux-Arts de Paris et ancien prof des Beaux-arts de Reims, il s’intéresse et s’interroge sur les nus masculins.
Pour cette série initiée depuis 2010 et intitulée Muses, Didier Paquignon a pioché dans le cercle des artistes et des médias pour réaliser une centaine de portraits d’hommes : des journalistes, graphistes, photographes, écrivains, peintres, scénographes, danseurs. Michel Houellebecq, François Morel, Denis Lavant, Sylvain Tesson,
(avant son accident) ou encore Robert Ménard, Jean-Claude Dreyfus , Olivier Roller , mais aussi des anonymes, ont accepté son invitation et ont posé torse nu, sans fard. Didier Paquignon ne fait que retirer la chemise à ses muses, il leur laisse libre court dans leurs mouvements.
Ces monotypes sont alignés les uns à côté des autres sur un grand mur, nous interrogeant sur la nudité masculine, inversant pour une fois les rôles entre hommes et femmes : « Puisque le corps masculin en tant que monument, est à bout de souffle, dans nos sociétés occidentales, pourquoi pas en reparler et le réinterroger pour poser la question : c’est quoi ? »
Des gros, des maigres, des grands, des petits, des poilus, des imberbes, des tatoués, des musclés, des ridés, des vieux, pas trop de jeunes, des chevelus, des chauves, les bras ballants, croisés, derrière le dos ont pris la pose face au peintre. A l’évidence, ce n’est plus l’Apollon de l’Antiquité ! Sa préférence va aux yeux, qui le fascinent. Denis Lavant hoche la tête, de face de dos, de 3/4 déclame du Céline (non l’exposition n’est pas sonore) ont croit l’entendre. François Morel tel un enfant, qui cache une bêtise, rejoue un de ses rôle dans les Deschiens. Olivier Roller, pudique, comme on ne l’imagine pas, avec un regard de voyou, Jean Claude Dreyfus dans toute la splendeur de
son abdomen, se pince les tétons avec son aplomb de comédien.
Ce n’est pas une histoire de plaisir, ni de désir, mais une interrogation sur le corps de l’homme, dans les époques que nous traversons, avec ses modification physiques,
son interrogation sur la virilité, sur son vécu, sur son devenir. Didier Paquignon s’interroge sur lui-même, qu’est-ce qu’un homme de son âge ? Traversé par le doute, troublé par la disparition du patriarcat de son enfance italienne, son projet est
d’interroger les femmes, des écrivains, des sociologues, de leur demander d’écrire des textes.
Cette masse d’hommes, posant en toute humilité, joue un jeu difficile que peu de femmes
accepteraient mais ne sont-elles pas conditionnées par « l’obligation » de séduction qu’on leur demande de jouer, et qu’on les relègue très vite au passé, dès l’apparition des premières rides ? Didier Paquignon, traite avec bienveillance et douceur, presque avec tendresse, dans cette pièce monumentale, sous une lumière crue, dans un effet de masse, les hommes qui ont du mal à trouver leur place. Cela nous fait dire aussi à nous les femmes, les hommes se sentent le mieux, entre copains, entre eux.
Commissaire de l’exposition : Pierre Jean Sugier, directeur de la Fondation Fernet Branca
La Fondation Fernet Branca est ouverte pour la nuit des musées de Bâle, avec un buffet et une possibilité d’appendre le tango, en présence de l’artiste le 22 janvier 2016. voir les détails ci-dessous. Un catalogue est édité par l’Imprimerie de St Louis, avec les photos de Laurent Troendle.
préfacé par un texte succulent d’Eric Chevillard,écrivain, journaliste au Monde, intitulé :
Du bon usage des Muses
Partager la publication "Les Muses de Didier Paquignon à la Fondation Fernet Branca"
A vos agendas
Le vendredi 22 janvier, les musées à Bâle ouvrent jusque tard dans la nuit. Les visiteurs peuvent non seulement découvrir les expositions en cours mais participer à un tas d’animations. La soirée va être longue…
Le succès de laNuit des musées bâlois ne se dément pas : l’an dernier, la manifestation culturelle a attiré près de 28 000 visiteurs, et parmi eux, beaucoup de jeunes. Il faut dire qu’en une soirée, de 18h à 2h, ils peuvent vivre un véritable marathon culturel, se rendre dans l’un ou plusieurs des 40 musées participants et assister à l’une des 180 animations programmées. Des animations décalées Des formats courts et détonants qui ont pour but de faire voir l’art autrement : projection 3D, concerts, lectures, workshop, ateliers, conférences, jeux…
Cette année encore, la programmation est riche. Vous pourrez jouer au jeu des questions-réponses avec un professeur au musée anatomique de Bâle pour voir s’il est incollable, vous faire tirer le portrait au Musée de la caricature et du dessin par des professionnels.
Vous pourrez aussi vous initier à bien des disciplines, comme à l’escrime au Musée du sport suisse, ou au charleston au Musée de la musique qui inaugure justement une exposition sur la mode et la musique des années 20. Des visites guidées en français Pour ceux qui préfèrent les visites plus classiques, de nombreuses visites guidées sont proposées, notamment dans la langue de Molière, pour faire découvrir les expositions en cours : une plongée dans l’univers de Ben au Musée Tinguely à Bâle (19h45, 21h45), introduction à l’exposition sur l’épave d’Anticythère au Musée des Antiquités (20h30), ou encore exploration des œuvres du Kuntsmusem de Cézanne à Richter (21h45).
La Nuit des Musées ne se concentre pas qu’à Bâle mais a aussi étendu le concept aux musées frontaliers, comme le Vitra Design Museum à Weil am Rhein qui proposera une visite guidée du Schaudepot, le nouveau bâtiment d’Herzog&De Meuron (19h30 et 20h30). Du tango à Fernet-Branca La Fondation Fernet-Branca à Saint-Louis participe aussi à l’événement et vous propulsera dans une ambiance sud-américaine. Au menu : chili con carne et tango avec la compagnie Estro qui vous initiera à cette danse de séduction.
Les bus de la ligne Distribus 604 circuleront en direction de St. Louis tous les quarts d’heure jusqu’à 20h30 et puis après jusqu’à 1h30 une fois par heure.
La dernière course depuis Bâle (Schifflände) directions St. Louis départ à 00h30.
Vous pourrez participer à des workshops et visiter les expositions en cours : Métamorphoses de Véronique Arnold, Gabriele Chiari, Frédérique Lucien au rez-de-chaussée, et Les Muses de Didier Paquignon à l’étage
Côté pratique, l’achat d’un pass à 24 francs suisse donne accès à tous les musées et au réseau de transport (bus-navettes, bateaux et tram)
Avec le Museums-PASS-Musées: CHF 19.– / € 17,50 Prévente dans tous les musées participants et divers points de vente,
également en Alsace. En soulignant l’organisation suisse impeccable pour cette manifestation. Programme Transport
Partager la publication "Nuit des Musées bâlois 2016"
Le festival les Vagamondes a démarré avec le vernissage de l’exposition « Dérive » de Yusuf Sevinçli, dans la galerie. Feuilletez ici le programme du Festival les Vagamondes du 13 janvier au 23 janvier 2016
Le noir et blanc contrasté du jeune photographe turc Yusuf Sevinçli
oscille entre geste artistique et approche documentaire. Gert Petrus Fieret et Miroslac Tichy, sont des références pour lui parmi « Ils sont trop nombreux, tout au long de l’histoire de la photographie, pour les énumérer tous. August Sander, pour l’approche particulière de ses sujets, Eugène Atget pour son incroyable atmosphère. Robert Frank est très important pour moi, et continue de m’inspirer. Il y a aussi nombre de photographes japonais des années 70, comme Moriyama et Kitajima. William Klein et Nan Goldin figurent parmi mes photographes favoris, et Anders Petersen aussi, qui a une grande influence sur mes
débuts. D’un point de vue plus contemporain, je trouve les travaux de Rinko Kawauchi et Antoine D’Agata extrêmement intéressants. Yusuf Sevinçli Né en 1980 à Zonguldak en Turquie, Yusuf Sevinçli vit et travaille à Istanbul. Il est représenté par la Galerie Les filles du calvaire à Paris et Elipsis Gallery à Istanbul.
Diplômé de la section Communication de l’Université Marmara d’Istanbul en 2003, Yusuf Sevinçli intègre l’année suivante une Masterclass consacrée à la photographie documentaire en Suède, avant de suivre la Reflexions Masterclass de Venise. Il construit alors son travail personnel à travers plusieurs séries, dont Good Dog, qui ont fait l’objet de nombreuses expositions individuelles et collectives en Turquie et à travers le monde (Mois de la Photo de Moscou, PhotoBiennale de Thessalonique, Festival de photographie Fotografia Europa Reggio Emilia en Italie, Fotografie Noorderlicht aux Pays-Bas, FotoFreo en Australie…). Yusuf Sevinçli présente également ses oeuvres en France, notamment au festival Circulation(s) à Paris en 2012, au Festival Voies Off à Arles en 2013 et au festival Portrait(s) de Vichy en 2015.
Depuis 2008, son travail fait souvent l’objet de publications dans des ouvrages collectifs consacrés à la photographie (Image Makers, Image Takers: The Essential Guide to Photography chez Thames&Hudson) ainsi que dans différents magazines internationaux. « J’ai démarré vers l’âge de 20 ans, pendant mes années universitaires. J’étais étudiant en journalisme et mon premier contact avec la photographie s’est fait lors des cours d’histoire du photojournalisme. Plus que par sa pratique, j’ai donc tout d’abord été attiré par l’histoire de la photographie et par ses figures iconiques, par le sens de ses messages et par l’effort de compréhension de la puissance de l’image. Je reste aujourd’hui persuadé qu’au-delà du style de chacun, un photographe ou un artiste usant de la photographie se doit de connaître l’histoire de cette dernière, afin de pouvoir appréhender à leur juste valeur les capacités du médium. »
Yusuf Sevinçli Ilnous livre les vestiges d’une culture encore vivace dans un pays en pleine mutation, comme par exemple l’image d’une des dernières maisons stambouliotes, bâtie en bois, livrée au feu, ou celle d’oiseaux s’envolant du fond d’une ruelle pentue et ruisselante. Ou bien encore, il capte cette vision hallucinatoire d’un réparateur qui ne descendra probablement plus de son lampadaire tant il semble y être accroché pour toujours. La nostalgie est au coin de l’énième impasse du quartier Beyoglù où Sevinçli se promène à longueur de jour et de nuit, mais la vivacité photographique de ses captations rappelle leur contemporanéité.
À l’occasion, il nous parle d’amour, s’arrête sur le charme d’un corps en livrant au regard un morceau de peau d’où affleure une sensuelle fragrance. Quelques visages enfantins frappent par leur innocence illuminée, rappelant l’imagerie des frères Lumière ou de Chaplin. Des bambins masqués jouent dans les ruelles et les terrains vagues, tandis que des petites filles surgissent dans des images, telles des merveilles, anges éternels, emblèmes du désir d’enfance. Leurs minois, au regard malin, fixent avec candeur le spectateur, comme ceux de ces jeunes filles que l’on dirait siamoises tant leurs frimousses se serrent l’une contre l’autre.
Yusuf Sevinçli sait aussi saisir les errants et autres noctambules qui colorent Istanbul demixité et de fantaisie, à la croisée des cultures. Il tire de leurs corps des volumes et des aplats contrastés, tel ce dos d’homme où s’étale un liquide blanchâtre qui rappelle un « dripping » abstrait. Il capte souvent un détail, un fragment, comme les jolies jambes au collant percé d’une punkette, des chardons plantés dans un vase, l’ampoule pendant d’un plafond écaillé (…) pour lui accorder un autre destin visuel. Les formes surgissent de l’ombre, traversant des rais de lumière et les rayures subies par le négatif, pour créer des prismes et des illuminations. Les images sont généralement structurées par l’éclairage mais peuvent contenir une géométrie de par leur sujet : pans d’immeubles abstraits, ossature de barnum laissé à l’abandon sur une plage lunaire, architectures au futurisme vieillot issues des vestiges d’un palais de la découverte décati.
Il n’y a pas nécessairement de message dans l’oeuvre de Yusuf Sevinçli, ou alors, il est allusif, comme s’il désirait s’abstraire des remous politiques, pour se soucier de ce qu’il reste de l’humanité, à la manière d’un Sergio Larrain dont les images éclairent le futur douloureux du Chili de leur pureté éblouissante4. Ce photographe est en effet un fabricant de rêves en image. Dans les derniers travaux, son errance visuelle s’est élargie à l’Europe où il voyage. De Naples à Paris en passant par Marseille5, il poursuit sa quête d’un monde silencieux où seul le bruissement fugace de la vie le maintient en éveil.
SÉRIES EXPOSÉES À LA FILATURE « MARSEILLE » : 15 tirages en noir et blanc et en argentique
aux formats 50 x 75 cm et 30 x 45 cm
Suite à une résidence en 2013 au Percolateur, plateforme pour la création photographique en Méditerranée, Yusuf Sevinçli a livré sa vision de Marseille dessinant le portrait d’une ville multiculturelle.
Les photos réalisées ont été publiées sous forme de livre en 2014 aux Éditions Le Bec en L’Air.
« GOOD DOG » : 17 tirages en noir et blanc et en argentique aux formats 80 x 120 cm, 50 x 75 cm et 30 x 45 cm Yusuf Sevinçlidéveloppe un concept picaresque, une approche photographique faite d’instabilité et d’errance. Il se contente de photographier son environnement, ses angoisses et ses questionnements au quotidien, et voit en la photographie le moyen de rester connecté aux choses et aux êtres, une réponse – sa réponse – à l’environnement qui l’entoure et aux mouvements qui l’habitent, une réflexion à la fois profonde et naïve. Sa série Good Dog a donné lieu à un ouvrage publié en 2012 aux Éditions Filigranes.
« L’aspect émotionnel des photographies de Good Dog est physiquement instable. Yusuf Sevinçli ne s’attarde pas. Il marche, il explore, il observe et il repart. Il prélève presque compulsivement des morceaux de réalité qui sont toujours différents, mais qui peuvent finalement trouver des similitudes et devenir une série d’images. C’est un concept picaresque de la photographie, presque sans-abri, errant, qui rejette la stabilité et la sérénité d’un foyer, même visuel, et qui rendent vivant. Les sujets deviennent des pièces qui s’assemblent et révèlent la matière qu’est la représentation de la réalité à travers l’oeil de l’artiste. L’émotion s’éloigne des sentiers battus et réinvestit la rue, nous montrant sa vraie nature. » Christine Ollier, 2012
« VICHY, 2015 » : 11 tirages en noir et blanc et en argentique aux formats 80 x 120 cm, 50 x 75 cm et 30 x 45 cm En résidence à Vichy pendant un mois, Yusuf Sevinçli a arpenté la ville et posé un regard plein d’humanité sur ses habitants, leur rapport à la ville, à l’autre, au monde. Son travail a fait l’objet d’un focus lors du festival Portrait(s) 2015, ainsi que de la publication de Walking aux Éditions Filigranes. « À quoi tient l’âme d’une ville ? À la rectitude des trottoirs étroits, lissés par le temps ? Aux taches de rousseur d’enfants saisis par les frimas ? Aux noctambules qui errent sous la fusion des lampadaires ? Une ville livre ses secrets à ceux qui l’arpentent sans fin, poussent la porte des bars, déjeunent sur le coin d’un comptoir et dînent au coin d’un autre, croisent les gavroches le matin sur le chemin de l’école et les retraités l’après-midi, qui siestent sur les bancs. En acceptant de conduire au printemps dernier une résidence à Vichy, Yusuf Sevinçli a endossé la figure du photographe marcheur, du flâneur indocile qui guette les offrandes du jour et les blêmissements du couchant : ici un croupier à la pâleur lunaire, là un chien mouillé convoquant les derniers fantômes de la nuit. Bien malin qui serait capable de reconnaître dans les images funambulesques de ce jeune
photographe turc les coquetteries de Vichy la française, Vichy la bourgeoise, arc-boutée sur ses façades art nouveau, ses villas néoclassiques et les splendeurs de l’Allier. La ville thermale, qui vit naître l’écrivain voyageur Albert Londres, devient une terre de rencontres et d’aventures, une projection mentale, un poème visuel né des chimères d’un artiste stambouliote qui pratique les déplacements dans tous les sens du terme, physiques et psychiques. Vichy, grâce à lui, s’éveille d’un drôle de rêve où passent des guirlandes de lumières et des gamins aux poings serrés. […]Sous la griffe du regard nomade de Yusuf Sevinçli, Vichy est dessaisie de son histoire et de sa géographie, elle flotte dans un espace-temps qui est celui du rêve éveillé, elle chaloupe et chavire, traversée de fulgurances, filochée de brouillard, sertie de noirs charbon et de blancs incandescents qui la rendent à la fois plus ardente, plus nerveuse et plus insaisissable. » Natacha Wolinski, Walking, Éditions Filigranes / festival Portrait(s) 2015 « POST I » : 17 tirages en noir et blanc et en argentique aux formats 80 x 120 cm, 50 x 75 cm et 30 x 45 cm « POST II » : 8 tirages en noir et blanc et en argentique aux formats 80 x 120 cm, 50 x 75 cm et 30 x 45 cm « PARIS » : 4 tirages en noir et blanc et en argentique
2 Michel Poivert, La Photographie contemporaine, Paris, Flammarion, 2002.
3 Christian Caujolle accorda une place importante à leurs images dans les colonnes de Libération dont il fut le directeur photo pendant des années, il collabora par la suite avec nombre d’entre eux dans la cadre de l’agence et de la galerie VU’.
4 Cf. expositions Sergio Larrain, commissariat Agnès Sire, église Sainte-Anne, RIP d’Arles et Fondation Henri Cartier-Bresson Paris, 2013.
5 Yusuf Sevinçli a été invité en résidence par l’association Le percolateur, exposition à l’Atelier de Visu, Marseille, octobre 2013.
Attention derniers jours – jusqu’au 17 janvier 2016 « Au-delà de la ville, sur la colline Comme des vers se trainent les tombeaux »
Viens à la campagne avec moi, dans premiers poèmes Tristan Tzara
Le Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg (MAMCS) présente la première grande exposition consacrée à Tristan Tzara(1895-1963). Le nom de ce poète, également écrivain d’art et collectionneur, est connu et prononcé dès qu’il est question de Dada. Cependant, son œuvre immense, et d’une influence majeure pour des générations, reste encore insuffisamment mise en lumière. Cette exposition en propose une lecture chronologique à travers un ensemble de 450 œuvres d’artistes que Tzara a côtoyés,d’une sélection de pièces d’art extra-occidental (Afrique, Océanie, méso-Amérique) et d’art brut et d’une importante sélection documentaire sur Tristan Tzara. « Regardez-moi bien ! Je suis idiot, je suis un farceur, je suis un fumiste, Regardez-moi bien ! Je suis laid, mon visage n’a pas d’expression, je suis petit, Je suis comme nous tous » Tristan Tzara dans sept manifestes dada
Cette exposition est reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture et de la Communication/Direction générale des patrimoines/Service des musées de France. Elle bénéficie à ce titre d’un soutien financier exceptionnel de l’État. Tristan Tzara fut le grand témoin de son temps. Il fut également un acteur de son siècle qu’il marqua de ses éclats de voix, de rire et de plume. L’homme au monocle, décrit comme « un génie sans scrupules » par le poète Huelsenbeck, n’aura eu de cesse de développer un engagement poétique et politique.
De ses jeunes années passées en Roumanie, où il est né, l’exposition retient un paysage artistique encore marqué par le symbolisme ainsi que l’énergie brute d’un jeune homme qui a choisi l’écriture pour aller contre les formes périmées de la création et l’absurdité d’un monde au bord du chaos. Lorsqu’il arrive à Zurich en 1916, Tzara poursuit cette entreprise d’exaltation de la parole et du geste spontanés aux côtés de son compatriote Marcel Janco, de Hugo Ball et de celui qui restera son ami de toujours, Hans Arp.
L’arrivée en France, quatre ans plus tard, lui ouvre un autre cercle, celui de Picabia et des jeunes gens qui ne s’appellent pas encore Surréalistes – Aragon, Breton et Soupault – avec lesquels le compagnonnage sera ponctué de ruptures et réconciliations.
Tout au long de sa vie, Tzara fera preuve d’engagements fervents. Il sera notamment membre de l’Association des Écrivains et Artistes Révolutionnaires dès 1934, puis se rangera aux côtés des Républicains durant la Guerre d’Espagne. Il rejoindra le parti communiste au sortir du conflit, pour ensuite dénoncer l’intervention soviétique en Hongrie et signer le Manifeste des 121 au moment de la guerre d’Algérie. Au fil des années, Tzara poursuivra avec intensité l’écriture d’une œuvre dense faite de poèmes, d’essais et d’écrits critiques sur l’art. Les plus grands artistes de son époque, qui furent aussi ses amis, illustrèrent ses écrits.
Un petit journal accompagne le visiteur
Artistes présentés : Arp, Brancusi, Brauner, Calder, Chirico, Dalí, Delaunay, Max Ernst, Le Douanier Rousseau, Duchamp, Auguste Forestier, Giacometti, Juan Gris, Gruber, Janco, Klee, Kertész, Greta Knutson, Germaine Krull, Laurens, Man Ray, Marcoussis, Masson, Matisse, Maxy, Michaelescu, Miró, les Barbus Müller, Perahim, Picabia, Picasso, Ribemont-Dessaigne, Hans Richter, Arthur Segal, Schwitters, Sophie Taeuber, Tanguy, Tatzlisky, Zadkine…
Commissariat : commissaire général : Serge Fauchereau, historien d’art et de la littérature, commissaire : Estelle Pietrzyk, directrice du MAMCS, conseil scientifique : Henri Béhar, professeur émérite de littérature française et éditeur des œuvres complètes de Tristan Tzara Catalogue
TRISTAN TZARA. L’HOMME APPROXIMATIF
ISBN : 9782351251362
Ouvrage broché en langue française
300 illustrations environ, 304 pages
39 euros
Format : 18 x 24 cm
Ouvrage disponible en librairie
Auteurs : Henri Béhar, Yaëlle Biro, Clément Chéroux, Serge Fauchereau, Savine Faupin, Fabrice
Flahutez, Franck Knoery, Hélène Lévy-Bruhl, Marie-Dominique Nobécourt, Ion Pop, Eugen Simion
Venez profiter des derniers jours des expositions
« Tristan Tzara, l’Homme approximatif »
et « Strasbourg 1200-1230, La révolution gothique »
Venez accompagné pour
bénéficier de l’offre spéciale DUO
« 1 place achetée = 1 place offerte »
attention ; en raison du plan vigie pirate, le vestiaire est clos et aucun vêtement, sac ou parapluie, ne peut y être déposé.
Partager la publication "Tristan Tzara, l'homme approximatif"
La prédelle est la partie inférieure d’un retable polyptyque, développée horizontalement, qui sert de support aux panneaux principaux. Elle peut être composée d’une seule planche en longueur, ou de plusieurs éléments.
Composées généralement de plusieurs scènes complétant le ou les panneaux principaux du retable polyptyque, elles ont été souvent vouées à la dispersion première de leurs éléments après le démembrement ou démantèlement fréquent de la totalité de l’œuvre. Le retable est une construction verticale qui porte des décors sculptés et/ou peints en arrière de la table d’autel d’un édifice religieux (église, chapelle).
Orné de représentations historiées ou figurées, le retable peut être en différents matériaux (métal, ivoire, bois, émail, pierre) et ses décors sont souvent dorés. Il a l’avantage sur l’antependium (devant) de l’autel d’être largement visible. Il est fréquent qu’un retable se compose de plusieurs volets, deux pour un diptyque, trois pour un triptyque voire davantage pour un polyptyque.
Voilà ce qu’en dit Wikipedia En Alsace nous sommes attachés au Retable d’Issenheim, ainsi qu’à d’autres que l’on peut
contempler dans nos églises régionales et au musée Unterlinden. Chez notre cousin voisin, les cathédrales, églises et musées, nous permettent d’en contempler de beaux spécimens. Est-il besoin de rappeler celui de Gand (Belgique) Jean François Kaiser, dans sa galerie
du 6 rue des Charpentiers à Strasbourg, qui jouxte
la Galerie Ritsch -Fischdont il était l’assistant,
a fédéré une douzaine d’artistes autour du thème de la prédelle. Laure André – Tami Amit – Antoine Bernhart – Joseph Bey – Peter Bond – Robert Cahen – Aurélie de Heinzelin – Thibault Honoré Laurent Impeduglia – Tom Poelmans – Germain Roesz – Joris Tissot vidéo ici
La plupart d’entre eux se sont concentrés
sur le retable, en diptyque, triptyque, ou polyptyque.
Le livret de présentation comporte un texte de la verve de
Germain Roesz, artiste, poète, éditeur et professeur émérite de l’Université de Strasbourg, érudite et poétique. C’est un parcours de l’histoire de l’art sur le retable.
Nous avons pu voir son retable dans l’exposition Prendre le temps à la Fondation Fernet Branca, de 2014 à 2015.
Le retablier est un sculpteur ou un architecte qui réalise des retables. Il s’associe les compétences de nombreux artisans-artistes (sculpteurs, peintres, doreur, polychromeur, huchier) pour les réaliser.
Pour l’exposition de Strasbourg, Robert Cahen, reprend 2 de ses installations vidéo, Tombeavec les mots, + une version des mots en allemand, qui encadrent Tombe avec les objets, ce qui compose un triptyque dans le bleu de la lenteur, qui incite à la contemplation et donne le ton pour l’ensemble du thème.
Avec le retable deJoseph Bey, en tête du billet, toute la mystique de l’artiste est présente, le promeneur de Compostelle sera présent dans la galerie de JF Kaiser à partir du 4 février (vernissage), avec « Traversée Céleste » et jusqu’au 24 février 2016.
D’autres se rapprochent des anciens comme Brueghel, non pas dans la facture, mais
par l’ironie du thème comme Aurélie de Heinzelin Certains sont bluffants d’adresse, avec leurs dessins au stylo à bille comme Joris Tissot
etTom Poelmans (image 2)The Birth of Robin Hood et le Painter Paradise
La scénographie harmonieuse de Jean François Kaiser, permet de croiser de nouveaux regards, avec les anciens sur un thème renouvelé.
Jusqu’au 23 Janvier 2016
Partager la publication "Prédelles pour Aujourd'hui"
Cours Publics est un cycle de conférences proposé conjointement par le Service Universitaire de l’Action Culturelle de l’Université de Haute-Alsace, la Haute école des arts du Rhin et La Kunsthalle.
C’est la 6e année que les cours reprennent, au vue de leur succès.
Autour d’une thématique, trois intervenants présentent un courant artistique, un pan de l’histoire de l’art permettant de recontextualiser la création contemporaine.
Les cours, assurés par des personnalités universitaires ou du monde de l’art,
sont ouverts à tous, sur inscription.
Thème 2016 : ART ET ESPACE(S) PUBLIC(S)
Si l’on considère l’espace public comme l’ensemble des espaces de passage et de rassemblement à l’usage de tous, il semble alors évident que son devenir est une affaire partagée.
Comment les artistes s’y inscrivent-ils ? La pluralité des réponses est à l’image de la richesse du sujet. Certains créent dans la ville, d’autres avec la ville. Il y en a qui composent avec l’architecture et d’autres qui privilégient les expériences sensibles et sociales. Quelques-uns se rangent du côté de la ville minérale quand d’autres lui préfèrent
ses terrains vagues et indéfinis.
Entre gestes affirmés et micro-actions, entre objet monumental et interpellation participative, les enjeux de l’art dans l’espace public ne cessent d’évoluer et de se réinventer.
Ce cycle a pour objet de donner la parole à différents acteurs de ce jeu urbain qui dépasse largement la sphère artistique et s’inscrit en profondeur dans la métamorphose de notre société. Cycle thématique de 3 séances de 1h30 de 18:30 à 20:00
– La Fonderie / Amphithéâtre Jeudi 25 février – Conférence d’Yvan Detraz Jeudi 3 mars – Conférence d’Alain Bernardini Jeudi 10 mars – Conférence de Jérôme Poggi
Jeudi 25 février 2016 – Yvan Detraz
Peut-on imaginer un urbanisme laboratoire, complémentaire à l’urbanisme planifié et
« fait pour durer » ?
Un urbanisme de préfiguration qui défriche et teste des possibles, un urbanisme qui mise sur l’imagination et la capacité d’action des habitants, un urbanisme permissif, reposant sur des interventions légères et éphémères et offrant une place réelle à l’appropriation, un urbanisme qui révèle et augmente le potentiel poétique et d’usage
des lieux… Un urbanisme qui contribue à lutter contre l’appauvrissement de l’espace public et le repli sur soi, en réinventant des espaces communs désirables… Yvan Detraz est architecte,directeur et cofondateur du Bruit du frigo, collectif pluridisciplinaire de création et d’intervention urbaine, créé en 1997. Il y développe notamment un travail exploratoire sur la réappropriation des
périphéries urbaines, à travers les projets Refuges périurbains et Randonnées périurbaines. Bruit du frigo initie des démarches artistiques, contextuelles et participatives mêlant installations temporaires ou pérennes, microarchitectures
et actions collectives.
Jeudi 3 mars 2016 – Alain Bernardini
En s’appuyant sur une sélection de ses images et installations photographiques, Alain Bernardini questionnera la notion de « pouvoir » de l’image, qu’il rattache à la connaissance de l’iconographie, au contexte de l’élaboration, à la
forme de présentation, et au lieu de l’exposition. Dans sa recherche artistique, non seulement le contexte social du territoire et /ou de l’individu, mais aussi les espaces publics sont des éléments déterminants qui influencent ce qu’il
qualifie de puissance active de l’image et de sa réception.
Tout passant est amené un jour à être spectateur, mais
aussi usager, voire acteur, de l’espace public et les enjeux de cette puissance varient ainsi selon les rôles tenus tour à tour. Alain Bernardini est artiste, professeur associé et directeur du Master Département Photographie et Art contemporain à l’Université Paris 8. Il participe à de nombreuses expositions et répond depuis 2014 à une commande publique du Cnap et du BBB de Toulouse sur le thème de la photographie dans l’espace public avec le projet Recadrée. Porte-Image. Borderouge Nord.
Jeudi 10 mars 2016 – Jérôme Poggi
Les Nouveaux commanditaires est un dispositif initié et soutenu par la Fondation de France. Cette action permet à tout groupe de personnes qui en exprime le désir et en justifie le besoin dans un but d’intérêt général de passer commande d’une oeuvre d’art à un artiste. Un réseau de huit médiateurs agréés par la Fondation de France, et réunis au sein de la Société des Nouveaux commanditaires, met en oeuvre cette action à travers la France. Le modèle des Nouveaux commanditaires a été repris dans plusieurs pays européens, dont la Belgique, l’Italie, l’Allemagne, l’Angleterre, la Suède… Jérôme Poggi est médiateur pour l’action des Nouveaux Commanditaires qu’il met en oeuvre en Ile-de-France à travers la structure « not-for-profit » SOCIETIES (anciennement Objet de production) qu’il a fondée en 2004. Historien
et critique d’art, spécialisé dans l’histoire du commerce de l’art, il est l’auteur de nombreux articles, ouvrages et films documentaires. Jérôme Poggi a fondé sa galerie en 2009 après avoir exercé pendant plusieurs années dans le milieu institutionnel de l’art. Modalités d’inscription
Inscription uniquement par courrier auprès du Service Universitaire de l’Action Culturelle de l’Université de Haute- Alsace – Maison de l’Etudiant – Campus Illberg – 1, rue Werner 68100 Mulhouse Tarif plein : 20 euros / tarif réduit 10 eurospour l’ensemble des conférences. Gratuit pour les étudiants de la HEAR
et de l’UHA.
Bulletin téléchargeable sur : www.kunsthallemulhouse.com
Pour tout renseignement concernant l’inscription
s’adresser au Service Universitaire de l’Action Culturelle de l’Université de Haute-Alsace : 03 89 33 64 76 / isabelle.lefevre@uha.fr
Exposition inaugurale Agir, contempler
23.1. au 20.6.16
Après trois ans et demi de travaux, lenouveau Musée Unterlinden agrandi a ouvert ses portes au public. Les nouvelles extensions réalisées par l’agence d’architecture suisse Herzog & de Meuron, ont attiré plus de 9000 visiteurs en trois jours. Le parcours d’art, qui mène de Grünewald à Picasso, se fait chronologiquement, marqué de coupures thématiques. Les trois espaces de la partie moderne sont accessibles par la galerie souterraine. L’ancien cloître, qui abrite le retable d’Issenheim, a été rénovée par le Cabinet Richard Duplat, architecte en chef des monuments historiques. Le projet se monterait à 44 millions d’euros, la ville de Colmar ayant contribué à hauteur de 18 millions. Le musée et ses abords se présentent comme une réalisation tant architecturale, muséographique, qu’urbaine. En doublant sa surface totale pour offrir aux visiteurs un parcours et une nouvelle présentation, le musée affirme sa vocation d’ouverture et d’accessibilité à tous.
C’est un espace lumineux, où la lumière naturelle est privilégiée grâce à des aménagements judicieux, de lucarnes, où les toiles sont bien visibles, sans reflets déformants. Les courbures, escaliers, hauts de fenêtres, accueil se répondent dans une harmonie heureuse, y compris l’accès à l’ascenseur. Il est désormais ouvert du mercredi au lundi de 10 h à 18 h (20 h le jeudi), pour 13 € en plein tarif, le pass-musées est accepté. Sur France 3 le reportage sur l’ouverture du musée quelques vues sur un blog
Au musée Unterlinden, c’est toute l’histoire de l’art qui y est présentée. Ce sont ainsi 7000 ans d’histoire, depuis la préhistoire, avec la collection archéologique principalement axée sur les découvertes en Alsace, jusqu’à plus récemment, avec la collection sur l’art moderne, jusqu’au 20e s, dans laquelle sont exposées des œuvres d’art de peintres célèbres tel que Picasso ou Monet en passant, bien évidemment, par la section du musée dédiée au Moyen-âge et à la Renaissance dans le Haut-Rhin. Le musée expose aussi des objets faisant partie des arts du décor ou encore des œuvres de la période du 19ème siècle, avec des peintures, des sculptures ou des dessins.
Archéologie
Enrichies régulièrement grâce aux fouilles régionales, les collections archéologiques sont regroupées au sous-sol: la cave du couvent est consacrée à la préhistoire, la protohistoire et la période mérovingienne, la salle voisine à la période romaine. Les collections offrent un aperçu à peu près complet des différentes étapes de l’évolution de l’Homme, à travers d’innombrables objets et artefacts historiques issus de la vie domestique ou de contextes funéraires, découverts pour la plupart dans la moitié nord du Haut-Rhin.
Moyen-Âge et Renaissance
Le musée est essentiellement connu pour être une vitrine de l’Art Rhénan en France avec ses remarquables collections de peintures et de sculptures représentatives de l’art historique de la région de Colmar des XVe et XVIe siècle, une époque durant laquelle le Rhin Supérieur a connu un véritable Age d’or. Avec des objets ayant traversés les Ages depuis le Néolithique jusqu’à l’époque Mérovingienne. Holbein, l’ancien, Lucas Cranach l’Ancien, la Mélancolie sur le thème de Dürer, réalisée en 1532.
Lucas Cranach l’ancien, La Mélancolie
Une section du musée traitant du Moyen-âge et la Renaissance dans le Haut-Rhin: Avec des œuvres d’art représentant l’Art Roman, l’Art Gothique ou encore les œuvres de Martin Schongauer. Le musée Unterlinden possède la plus importante collection de peintures réalisées par Martin Schongauer.
Le Retable d‘Issenheim
Véritable trésor de la collection du Musée Unterlinden, le Retable d’Issenheim est l’une des oeuvres les plus admirées du musée. Ce polyptique composé de panneaux peints et d’une caisse sculptée présente des épisodes de la vie du Christ et de saint Antoine.
Entre 1512-1516, les artistes Nicolas de Haguenau (pour la partie sculptée) et Grünewald (pour les panneaux peints) réalisent le célèbre retable pour la commanderie des Antonins d’Issenheim, un village situé à une vingtaine de kilomètres de Colmar.
Arts du décor et de la vie quotidienne
Au 16e siècle qui voit s’épanouir la civilisation de la Renaissance, succède la période trouble de la Guerre de Trente Ans (1618-1648) qui ravage l’Alsace.
Paradoxalement, cette région dévastée par les conflits devient le cadre de créations exceptionnelles dont témoignent les collections d’art historique du Musée Unterinden dans les domaines de l’ébénisterie, du travail du métal ou encore de la peinture sous verre. Le musée compte également un ensemble très représentatif d’œuvres illustrant les arts populaires alsaciens.
Le 19e siècle La crise du milieu du 19e siècle et notamment la Révolution de 1848 marquèrent profondément l’esprit romantique de certains artistes. Tel fut le cas de Théophile Schuler, peintre originaire de Strasbourg, élève de son compatriote Martin Drolling à Paris puis de Paul Delaroche qui l’initia à la peinture d’histoire. Le char de la Mort
L’Art moderne
Depuis plusieurs années, le musée Unterlinden de Colmar a inscrit, dans sa politique culturelle, des acquisitions et des programmations qui s’attachent, en regard de ses propres collections, aux grandes figures et aux grandes pages de l’aventure artistique moderne. L’extension du musée vers les anciens bains municipaux, où l’ensemble de la collection d’art historique des XXe et XXIe siècles peut enfin être déployé permet de favoriser et motiver le développement de ce fonds : parmi les spectaculaires enrichissements, on compte le legs de la collection de Jean-Paul Person (1927-2008) ainsi que la donation d’un ensemble important de 124 œuvres réalisées par le peintre américain Joe Downing (1925-2007).
L’Ackerhof est la dénomination de l’aile moderne, où se trouvent de multiples chefs d’œuvre. Dans leur nouvel écrin, des artistes majeurs du 20e siècle tels que Monet, la Tapisserie de Guernica de Picasso, Jean Dubuffet, avec entre autres Coucou Bazar, Nicolas de Staël, Olivier Debré, Aldred Manessier, Roger Bissière.
Le parcours débouche sur la piscine, qui a retrouvé sa splendeur du début du 20 e s, disponible pour des réceptions, concerts, expositions temporaires et un café.
Grand merci à Frédérique Goerig-Herrgott, qui m’a guidée à travers cette maison dont elle est conservateur en chef de l’Art Moderne.