Steve Roden à la Kunsthalle

« Oui j’aime dialoguer avec l’histoire, et jouer avec elle »
Steve Roden
Quand tout s’éparpille, il faut rassembler les pièces…
différemment
C’est dans un immense cabinet de curiosités
que l’on accède, en pénétrant dans l’espace
blanc de la Kunsthalle de mulhouse.
Dans son univers poétique, Steve Roden développe
depuis des années une oeuvre qui se déploie sous
des formes multiples et qui entrent en résonance,
que ce soit sous la forme de séries ou non.
Il aime ce mot de résonance, l’idée que les choses se
font écho. Il y a au début une étincelle, une idée,
un objet ou une histoire, il a l’impression de collaborer
avec quelque chose. Son travail commence généralement
par quelque chose de très simple, par exemple un caillou
qu’il a gardé dans la poche de son pantalon, et quand il se
promène, sa main le rencontre sans cesse.
Ce caillou se modifie, parce que bien qu’il soit avec lui et
qu’il le sent, il ne peut pas le voir, et quand il marche
ses doigts le touchent, l’enserrent, et du coup il devient
plus qu’un caillou, quelque chose comme un talisman
ou un objet esthétique porteur de sens.
Cela dure tant qu’il l’a sur lui.

Il aime dialoguer avec les objets, et l’idée de résonance,
que les choses au départ soient des graines,
et qu’elles aient toutes l’air de venir du même jardin.
Il se souvient d’avoir vu l’artiste sonore Akio Suzuki
utiliser une pierre avec des petites encoches
et il produisait du son avec, comme un ocarina.

Ce qui est très intéressant à ses yeux, c’est qu’un jour
on lui vola  sa pierre, et parce que Akio Suzuki est un
artiste et une personne formidable, il n’avait plus besoin
de sa pierre,  puisqu’elle était devenue une partie de lui-même.
Bien qu’elle ait disparu, sa poussière ou ce qu’il en reste
résonne toujours. Cette idée d’écho est donc importante,
il ne reste que l’ombre de quelque chose (ce qui de toute
façon est  bien mieux que voir l’ensemble), il y a du
sens à relier les choses  par un fil, comme lorsqu’on voit
quelqu’un étendre du linge au soleil sur une corde.

La question du texte est centrale dans  son travail.
Des écrits théoriques, des textes poétiques
ou encore des fragments de textes empruntés
prennent place dans ses oeuvres sous forme de collages,
de livres d’artiste, d’impressions diverses…
Il n’est pas seulement un créateur, il aime aussi entendre
des histoires, des idées, découvrir les oeuvres et les pensées
d’autres artistes.
Quand il était jeune, à l’école, il n’aimait ni écrire ni lire,
il préférait dessiner.
Il est venu en France dans le cadre d’un programme et
il ne parlait pas français, donc il ne pouvait pas communiquer
il s’est retrouvé complètement isolé…
Il est entré dans une librairie et il a acheté
un exemplaire de « Berlin Alexanderplatz » d’Alfred Doblin.
Il avait vu le film de Fassbinder un soir tard à la télé et
le livre comme le film l’ont laissé bouche bée.
et il a découvert tous ces écrivains, Thomas Mann,
Elias Canetti, Rainer Maria Rilke.

L’acte d’écrire pour lui est devenu si riche ;
s’immerger dans les mots, jouer avec les mots, les
décomposer, regarder ce qu’ils ont dans le ventre, comment
ils peuvent se comporter différemment, faire les choses de
travers juste pour voir ce qui arrive. Faire des choses est un
dialogue tellement formidable, qu’on peut
les construire de nombreuses façons différentes…
Il aime dialoguer avec l’histoire, et jouer avec elle.
Des figures tutélaires inspiratrices il cite  dans certaines
de ses oeuvres, celles de Robert Morris, Walter Benjamin,
Georges Perec et bien d’autres…
Elles nourrissent-elles son travail.
Comme le montre l’exemple de Rilke et de ses « petits
riens », l’influence des autres est importante, pas seulement
leurs oeuvres mais aussi leurs pratiques et leurs idées.
C’est une affaire de partage.
« Je ne vole les idées de personne, j’essaie de saisir leurs
conversations et de les faire avancer » Steve Roden
Kunstprojection
Jeudi 12 octobre  18:30
Une sélection de films expérimentaux issus
de la collection de l’Espace multimédia gantner
est présentée en écho à l’exposition.
En partenariat avec l’Espace multimédia gantner
Entrée libre
Kunstdéjeuner
Vendredi 13 octobre à 12:15
Visite à thème « Questions obliques »
suivie d’un déjeuner*
Sous la forme d’un jeu, les cartes de Questions
obliques interrogent, de manière parfois surprenante
et décalée, le visiteur sur sa perception de l’exposition.
Gratuit, sur inscription
*repas tiré du sac
Kunstkids
Du lundi 23 au vendredi 27 octobre
14:00 – 16:00
Atelier à la semaine, pour les 6-12 ans
Activité gratuite, sur inscription
Soiree Performances
Mercredi 8 novembre, 20:00 – 22:00
Écrire l’art de Christophe Manon, auteur poète
Concert de Mathilde Sauzet Et autres lectures
Dans le cadre du colloque
« Expanded translation 2 » –
Traduction intersémiotique
Entrée libre
Visites guidées
Tous les dimanches 15:00
Entrée libre
Renseignements & inscriptions :
03 69 77 66 47 – kunsthalle@mulhouse.fr

Stephen Gill – Un photographe anglais

En ouverture de saison 17-18
La Filature, Scène nationale
présente à la Galerie en entrée libre Stephen Gill

C’est un photographe expérimental, conceptuel et
documentaire, dont la pratique inclut souvent des
références à son lieu de résidence.
L’exposition à La Filature présente une large sélection
de ses photographies opérée parmi les séries
Billboards, Hackney Flowers, Buried, Talking to Ants,
Pigeons, Best Before End, Coexistence,
Coming up for Air,
B Sides et Energy Fields.

Jusqu’au  dimanche 12 novembre 2017

Photographe anglais, très tôt repéré par son
compatriote Martin Parr (présenté à la Filature en 2015)
pour ce regard attentif porté aux pans souvent négligés
de notre société,  Stephen Gill (1971) a fait oeuvre de sa
ville, Londres.
Au travers de séries photographiques menées souvent
parallèlement, il portraiture non la mégapole, mais un
tissu urbain et ses habitants.

Le voici photographiant Londres et ses oiseaux, le revers
de ses panneaux publicitaires, les passants perdus dans
ses rues, les usagers de ses trains.
Puis, rapidement, il restreint son champ d’action à
son seul quartier, Hackney,
centre d’un vaste marché alimentant les populations
défavorisées, et dont le destin a été scellé avec les
Jeux Olympiques en 2012 et ses grands chantiers.

Pendant près de quinze années, il arpente ses rues et
terrains vagues.
C’est sur ce territoire mi-ville mi-friche que
Stephen Gill réalise plusieurs séries photographiques
qui feront date.
Qu’il s’agisse d’Hackney Flowers, dans laquelle il appose
sur ses images les fleurs récoltées lors de ses
promenades ou encore Talking to Ants, où il immisce
dans la lentille même de l’appareil des objets trouvés à
proximité, il poursuit sa quête d’imprégnation du lieu
dans l’image. Naissent, au travers de cette pratique
photographique, des objets sédimentés, entre album de
souvenir et herbier. Le voici devenu « ant », fourmi,
attentif à ce que le paysage formule au travers du moindre
de ses détails.
Viennent ensuite les séries plus récentes telle Pigeons,
par laquelle, appareil fixé au bout d’un bras téléscopique,
il investigue le dessous des ponts et autres recoins peu
reluisants de nos villes pour portraiturer les pigeons dans
leur environnement et révéler cet infra-monde qu’ils
habitent. Ou encore Best Before End, qui semble boucler
un cycle pour cet explorateur urbain, exposant là toute
l’intensité de la vie au coeur de la mégapole par
l’introduction dans le processus de développement
de ses tirages de ces boissons énergétiques désormais
si répandues.
Ses expositions
Les oeuvres de Stephen Gill sont présentes dans de
nombreuses collections privées et publiques et ont
également été exposées dans des galeries internationales
telles que The National Portrait Gallery, The Victoria
and Albert Museum, agnès b.,
Victoria Miro Gallery (Londres) ;
Sprengel Museum (Hanovre) ; Tate (Londres) ;
Galerie Zur Stockeregg (Zurich) ; Archive of Modern Conflict
(Londres) ; Gun Gallery (Stockholm) ; The
Photographers’ Gallery (Londres) ;
Leighton House Museum (Londres) ; Haus Der Kunst (Munich),
ainsi que des expositions personnelles dans des festivals
et des musées dont les Rencontres d’Arles, le festival de
photographie Contact à Toronto, PHotoESPAÑA
et enfin à FOAM (Amsterdam).

La Filature, Scène nationale – Mulhouse
20 allée Nathan Katz – Mulhouse – T 03 89 36 28 28
Apéro photos
mercredi 18 octobre 19 h 15
réflexion autour d’une photographie
photographie + apéritif
gratuit : inscription 03 89 36 28 28
Il est toujours difficile de photographier des photos
 

La Terre la plus contraire

La Fondation Fernet Branca présente jusqu’au
8 octobre, des artistes femmes distinguées par le
prix Marcel Duchamp, organisée par l’ADIAF
à l’invitation Pierre-Jean Sugier,
directeur de la Fondation.
Après les photos de Marie Bovo,   le trio de Métamorphoses
avec Véronique Arnold, Gabrielle Chiari, et
Frédérique Lucien, Claire Morgan ,
la fondation fait la part belle aux artistes femme.
Cela rappelle l’évènement du centre Pompidou
Elles.

Farah Atassi, Landscape Women

Avec le concours de la commissaire Alicia Knock,
l’exposition présente le travail de :
Farah Atassi, Yto Barrada, Maja Bajevic,
Valérie Belin, Carole Benzaken, Rebecca Bournigault,
Valérie Favre, Joana Hadjithomas, Valérie Jouve,
Charlotte Moth, Zenib Sedira, Anne-Marie Schneider,
Ulla von Brandebourg.
La Terre la plus contraire, est un titre emprunté à la poétesse
argentine Alejandra Pizarnik (1936/1972)
expatriée à Paris.

Un point de départ ferme et sur; un lieu depuis lequel
partir […] A P l’enfer musical

Le parcours à géographie variable, partant de l’expérience
physique et surtout politique du territoire, se déroule dans les
espaces du centre, offrant une plongée dans l’art de notre temps.
L’exposition a été articulée autour de la notion de territoire,
qu’il soit géographique, politique ou intime. Il est souvent
question d’exploitation économique dans la première partie.
Géographique et politique
Les gardiennes de mémoires
Depuis les photographies de Zineb Sedira sur les routes du sucre

Zineb Sedira, Sugar Silos

Ismyrne,  fragments d’un essai poétique, entre histoire et
mémoire, est un film de Joana Hadjithomas.
Les
vidéos sobres de Maya Bajevic refusent l’habillage
esthétique. L’artiste montre les mécanismes de domination
économique sur les échanges nord/sud dans le
commerce du textile à travers cinq toiles représentant des motifs
traditionnels, et des documents d’époques (photo, bons de
commande, articles de journaux…)

Maja Bajevic, Import/Export

Les photographies de Valérie Jouve appartiennent
au domaine de l’antropologie, ainsi qu’aux domaines de la sociologie,
de la représentation du monde.

Valérie Jouve, les Paysages


Les aquarelles de Rebecca Bournigault, sont influencées
par l’actualité.

Rebecca Bournigault, les Emeutiers, Russie, Hong Kong, Chili

Les photographies  d’Yto Barrada sont un brin déshumanisées,
avec ses femmes travaillant dans  des usines
au conditionnement de crevettes, dans la zone franche de Tanger.
Yto Barrada

Thème qui m’intéresse le plus :
l’espace (ou la notion de l’espace et du corps)
Alejandra Pizarnik, journaux 1959-1971
L’intime, le corps
Puis vient le  territoire plus intime , celui du corps
parfois élargi au paysage, l’univers du théâtre,
symbolisé par les rideaux devenus jupes
d’Ulla von Brandenburg
Ulla von Brandenburg,
Blue Curtain, Yellow Curtain, Pink Curtain

Carole Benzaken, déroule son journal pictural de 40 ans
de peinture, le passage des saisons, de l’été paradis perdu, à l’hiver.
Carole Benzaken

Valérie Favre  , dont vous avez pu voir l’exposition monographique
au MAMCS, rend  hommage à ses maîtres
à travers des autoportraits réalisés à la manière de
De Chirico et Hugo Ball.
Valérie Favre

Farah Atassi  s’exerce à la peinture à la manière d’un Mondrian
ou d’un Malevitch, avec des formes géométriques en toile de fond,
d’où émergent d’autres formes géométriques. (1ere photo)
Valérie Belin montre des vanités avec ses photographies
en noir et blanc, très contrastées, de robes précieuses, entourées
de papier de soie, conservées dans des boites.
Valérie Belin

Charlotte Moth, projette des diaspositives

Charlotte Moth

Anne-Marie Schneider dessine comme un enfant.
Ses gouaches lui permettent de donner forme à ses rêves
et cauchemars
Anne-Marie Schneider, les Migrants

Le prix Marcel Duchamp est une distinction créée en 2000,
à l’initiative de collectionneurs français et de l’ADIAF,
Association pour la diffusion internationale de l’art français.
Le prix est remis tous les ans pendant la FIAC, Foire
internationale d’art contemporain. Plus de 70 artistes, lauréats
et nommés
, ont été distingués par le Prix Marcel Duchamp
depuis son lancement.
Fondation Fernet Branca
2, rue du Ballon St Louis
Horaire
du mercredi au dimanche
de 13 h à 18 h

Manish Nai

Manish Nai, la Matière comme medium
Jusqu’au 8 octobre à la Fondation Fernet Branca

Issu d’une famille de négociants textiles,
Manish Nai a commencé dès le début des années
deux-mille, à exploiter les possibilités offertes
par la jute, fibre végétale largement utilisée en Inde,
principalement dans l’habillement et dans le secteur
de la construction.

Manish Nai, toile de jute indigo, papier, huile sur toile

Détournée de sa destination originaire, la jute alors
compressée par l’artiste et agglomérée à du carton
de récupération, devient la matière première d’ensembles
sculpturaux monolithiques aux arrêtes saillantes
et parfaitement rectilignes. Accolées à une structure en bois,
les sculptures compressées de Manish Nai s’inscrivent
à la frontière des plans bidimensionnels et tridimensionnels.
Manish Nai, installation de 65 photographies impression numérique, sur papier Hahnemuhle

La série des Billboards part d’une exploration sociologique
de l’espace public de Bombay. Suite à la période de récession
entamée par l’économie mondiale en 2008, une multitude
de panneaux d’affichages étaient laissés partiellement vacants,
sans publicités.
Photographiés sur les bords des routes puis combinés et arrangés
digitalement par l’artiste, ces compositions mettent en œuvre
le concept de sérendipité, ou  heureux hasard :
« Jusqu’à ce que le papier soit arraché, je n’ai aucune idée de
ce qui apparaitra sur le mur. »
De ce procédé de création émergent des formes et motifs
abstraits, géométriques et entrecoupés par des bribes
de mots et de phrases désorganisés dont la signification
initiale devient supplantée par les seules propriétés esthétiques
de l’ensemble. On peut penser aux affichistes tels Raymond Hains.
Manish Nai, vêtements usagers compressés

Plus singulières, les sculptures compressées faites de journaux
ainsi que l’assemblage de bâtonnets bariolés en tissus
de récupération procèdent de la réutilisation et de la
pérennisation d’objets à la durée de vie généralement éphémère.
Il y a du Boltanski, dans cette récupération.
Intimement liées au mode de vie indien, le pays comptant
près de cent quotidiens différents, dans dix-neuf langues,
les sculptures de journaux sont compressées puis moulées
autour d’une légère armature de bois.

La fraîcheur et la spontanéité de la démarche de Nai
dans le choix de ses matériaux provient de la grande
distance qui le sépare de ces repères historiques.
Il instaure néanmoins une sorte de dialogue avec quelques
figures emblématiques du modernisme occidental d’après-guerre
lorsque son intérêt pour la matérialité du jute le pousse
à réaliser des formes simples, unitaires, telles que le cube
et la colonne, très répandues dans l’art minimaliste.
Or, même si ses oeuvres semblent extraites de leur contexte,
le regard de Nai est loin d’être indifférent aux innombrables
sollicitations qu’offre le spectacle de la vie quotidienne
d’une mégalopole comme Bombay, son lieu de résidence.
De manière significative, ce sont les façades de l’espace
urbain, les murs boursouflés, dévorés par le temps et
rongés par l’érosion, qui constituent sa toile de fond et
attirent le plus son attention.
« Lorsque je parcours la ville, je recherche des moments
de vacuité et de planéité. Pour moi, les panneaux d’affichage
vides et les murs de béton sont comme des oeuvres d’art. …
J’ai souvent observé des ouvriers du bâtiment façonnant
des murs en jetant du ciment dans des dalles, on aurait dit
qu’ils réalisaient une peinture gestuelle ».
Manish Nai, Grillage métallique

Souvent recouverts d’une couche de peinture blanche ou
sommairement dissimulés avec du papier ou du plastique,
dans l’attente des messages et images publicitaires qui sont
leur raison d’être, les panneaux d’affichage vides qui ont séduit
l’oeil aiguisé de Nai offrent une gamme surprenante de
figures et d’accidents picturaux inattendus – monochrome,
grille, collage, glacis, lettres ou chiffres en filigrane.
Les photographies de ces « abstractions trouvées »
fascinent autant que son travail autour de matériaux
plus vernaculaires, auquel elles fournissent un contrepoint
ingénieux.
Manish Nai, Tondo toile de jute indigo

Né en 1980 à Gujarat, en Inde, Manish Nai est diplômé
en arts plastiques de la L.S. Raheja School of Art de Bombay.
Manish Nai vit et travaille à Bombay.
Fondation Fernet Branca St Louis
2 rue du Ballon
Horaire
du mercredi au dimanche
13 h à 18 h

Sommaire du mois d'août 2017

© photo Haupt & Binder

06 août 2017 : Jérôme Zonder. The Dancing Room
10 août 2017 :  A World Not Ours
14 août 2017 :  Art/ Afrique, le nouvel atelier à la Fondation Vuitton
15 août 2017 :  L’Assomption
23 août 2017 : dOCUMENTA 14 Kassel

dOCUMENTA 14 Kassel

Pour sa 14e édition, la dOCUMENTA, rendez-vous
quinquennal de l’art contemporain réunit 160 artistes
internationaux, à Kassel.
Ils sont répartis sur plus de 20 sites
jusqu’au 17 septembre, dans la ville de Kassel, capitale
de la Hesse allemande. La question des réfugiés et des
frontières est omniprésente dans les œuvres, qui veut
ignorer le marché de l’art et ses idoles. En effet point
de star du marché occidental comme à la Biennale de Venise,
ici c’est la politique qui est abordée. A Kassel, la critique
du système est une tradition.

Daniel Knorr  sculpture fumante, Expiration Movement

C’est « the place to be« de l’été qui fait accourir de tous les
continents, artistes, curators, directeurs de musée,
collectionneurs et amateurs qui se veulent être dans le vent.
Certains chanceux ont déjà assisté au volet I de Documenta 14
à Athènes. Vous pouvez lire ici un résumé d
un curieux des arts.
C’est le directeur artistique, le Polonais
Adam Szymczyk, qui a la première fois ouvert cette manifestation
d’abord en Grèce le 8 avril dernier, puisant dans  l’actualité riche,
matière à réflexion et renouveau.
Pourquoi Athènes ? Pour célébrer la cité de Socrate, mais surtout
pour se déclarer solidaire d’un pays soumis aux exigences
financières de l’Europe en général et de l’Allemagne en particulier.
Parthénon des livres censurés de Marta Minujin

C’est une manifestation de très grande ampleur, qui envahit la ville.
Les principaux lieux sont le Palais Fridericianum, la
Documenta Halle, les musées Bruder Grimm, Natur im Ottoneum,
le musée de la sculpture, etc … le pavillon de l’Orangerie,
le Palais Bellevue, les 2 Neue Galerie l’une bâtiments récupéré
d’une ex-poste, la Karlsaue.
Hiwa K When we where Exhaling Images

La visite demande de l’organisation, une bonne constitution
physique, et une bonne paire de chaussure, mais aussi du temps.
Les hôteliers vous proposent d’entrée une carte de tram selon
vos besoins. Ce qui est bien commode, Kassel est bien desservie
en trams et bus.

Premier lieu de rencontre sur la FriedrichPlatz :
« Le Parthénon des livres« , (ci-dessus) installation artistique
monumentale, qui est l’attraction majeure de la Documenta.
L’oeuvre spectaculaire de la plasticienne argentine
Marta Minujin, est un plaidoyer contre la censure sous toutes
ses formes.
L’oeuvre a exactement les mêmes dimensions que le Parthénon:
70 mètres de long sur 31 mètres de large, et 10 mètres de hauteur.
Symbole fort dans une Allemagne hantée et honteuse de son passé
nazi, le « Parthénon des livres » a été bâti à l’endroit même où en
1933 furent brûlés les livres d’auteurs juifs ou marxistes par
les sbires d’Adolf Hitler.
Antonio Vega Macotelas, Mill blood

 Le «moulin à sang», qui se présente comme un jouet oublié
et joyeux, dans la Karlsaue  est la réplique exacte d’un appareil
qui a été vraiment exécuté par Antonio Vega Macotela.
Lorsque les colonisateurs ont apporté l’argent des montagnes
et les ont estampillés dans des pièces de monnaie et des barres,
des ânes ont conduit de tels moulins, mais le travail était trop dur.
Et quand il n’y avait plus d’ânes, les plus pauvres des pauvres
devaient s’adresser à la population indigène.

La vidéo de Bill Viola The Raft est une image de la destruction
et de la survie, une métaphore flagrante et viscérale de l’expérience
collective des catastrophes naturelles et des actes de guerre.

Bill Viola the Raft

 Britta Marakatt Labba raconte des histoires et des mythes
sur ses origines et la survie de la terre. Elle
crée des mondes
miniatures politiquement engagés.

Les oeuvres de Cecilia Vicuña compose des poèmes
dans l’espace, «quipoems» – une contraction
du poème et du quipu. Un dictionnaire en ligne définit quipu ,
plutôt réducteur, comme « un dispositif composé d’un cordon
avec des cordes nouées de différentes couleurs attachées,
utilisées par les anciens Péruviens pour enregistrer des événements,
un type d’écriture précolombienne, tradition littéraire qui a donné
au monde des personnalités telles que Gabriela Mistral,
Pablo Neruda et Nicanor Parra. Les épaves des bateaux utilisés
par les réfugiés et échoués sur les côtes grecques sont devenues
une installation de l’artiste mexicain Guillermo Galindo et
transformées en instrument de musique.

 L’artiste irakien-allemand Hiwa k (ci-dessus)
(When we where Exhaling Images)
a empilé des tuyaux
d’égout sur la Friedrichsplatz en face de la documenta halle,
sous forme d’un grand cube. C’est une œuvre d’art puissante,
dont beaucoup de références se révèlent peu à peu.
De loin, il ressemble à un chantier. Si vous vous rapprochez,
vous pouvez voir que les tuyaux d’égout sont confortablement
meublés: avec des lits, des livres, des plantes vertes et des
cuisines avec du café.


La Norvégienne Maret Anne Sara à la Neue Galerie,
dénonce l’oppression des Samis par le pouvoir central
scandinave, en présentant un rideau de crânes de rennes
percés, ainsi que des photos de sa famille qui la soutient
dans son action.

Maret Anne Sara

Au Palais Bellevue, c’est la vidéo de

La vidéo de l’artiste israélo-américain Roee Rosen, est un bonheur,
clin d’oeil ironique à Jeff Koons, entre autres.

Ci-dessus c’est un résumé de ce que j’ai apprécié
Il y a une installation d‘Olaf Holtzapfel, dont je n’ai pas
saisi la nécessité de couper des arbres afin de construire
sa sculpture.

Olaf Holtzapfel

Bien que toutes les œuvres et installations en extérieur soient
prévues pour être temporaires, seize créations exceptionnelles
ont pu être durablement acquises à ce jour –
donations ou acquisitions issues des diverses documenta.
Leur maintien en place n’a pas résulté d’une politique
d’acquisition systématique, mais de l’engagement participatif
de la population ainsi que de la diligence des artistes et des
mécènes. Pour onze des seize œuvres d’art en extérieur de la
documenta (dont l’installation des 7000 chênes),

La ville de Cassel en a assumé la responsabilité en tant
que propriétaire.
Elles sont représentatives de ce que chaque documenta entendait
communiquer.
Elles reflètent ainsi des étapes importantes dans l’histoire
de cette exposition d’art mondiale et constituent des
exemples actualisés des rapports de l’art avec les espaces
urbains ou paysagers.
A consulter ici
Déplacement et séjour à titre personnel
à mes frais

L'Assomption

Le Duomo de Parme est une cathédrale romane surmontée d’une coupole, que le Corrège a décorée entre 1526 et 1530.

C’est l’Assomption de la Vierge : la voici qui s’avance, parmi une foule d’anges enlacés précipités les uns au-devant des autres, dans une mer de nuages face au Christ qui accourt devant elle. Elle écarte les bras comme pour accueillir ces êtres enchevêtrés. Entre les fenêtres, les apôtres la contemplent, et derrière eux (dans les coins), des Génies se dressent sur un balcon.
Si les deux historiens de l’art, Aloïs Riegl et Jacob Burckhardt, considéraient le Corrège, cet artiste provincial, comme « le plus moderne de tous les peintres de la Renaissance italienne », c’est parce que c’est lui qui, le premier, a construit le tableau à partir du point de vue du sujet.
Détail amusant et non des moindre, c’est qu’on voit les jambes de la Vierge, que le Corrège a osé montrer, mais il est vrai que le Duomo est très haut (plus de 20 mètres de hauteur ). Dans les autres  toiles de sujets religieux la Vierge est toujours au-dessus d’un vortex, une espèce de volute. (pour que nul ne voit sa culotte 😳 )
L‘Assomption de Marie est l’événement au cours duquel la Vierge Marie, Mère de Jésus, au terme de sa vie terrestre, serait entrée directement dans la gloire du ciel, âme et corps, sans connaître la corruption physique qui suit la mort. Le mot Assomption provient du verbe latin assumere, qui signifie « prendre », « enlever ».
Très ancienne dans les Églises d’Orient et d’Occident, quoique sans référence scripturaire, et fêtée liturgiquement dès le VIIIe siècle, cette conviction a été définie comme dogme religieux (c’est-à-dire vérité de foi) par l’Église catholique en 1950.

 Le Caravage 1601-1606 huile sur toile 369 × 245 cm Musée du Louvre, Paris (France)

Le Caravage 1601-1606
huile sur toile
369 × 245 cm
Musée du Louvre, Paris (France)

Tout en partageant la même foi en l’Assomption (qu’elles appellent Dormition) les Églises orientales n’ont jamais souhaité la définir en termes dogmatiques.
L’Assomption de la Bienheureuse Vierge-Marie est une fête liturgique qui, dans l’Église catholique, se célèbre le 15 août. Dans le calendrier anglican la fête de l’Assomption a disparu en 1549 mais le 15 août est resté la fête principale de la Vierge Marie (sans référence à son Assomption). La date du 15 août serait celle de la consécration à Jérusalem de la première église dédiée à Marie, au Ve siècle.

Art/ Afrique, le nouvel atelier à la Fondation Vuitton

Jusqu’au 28/8/2017
« Art/ Afrique
, le nouvel atelier »
réunit deux expositions, pensées comme des focus,
adossées à un choix d’œuvres de la Collection de
la Fondation :
I) « Les Initiés », un choix d’œuvres (1989-2009)
de la collection  d’art contemporain africain de
Jean Pigozzi

II) « Être là », Afrique du Sud, une scène contemporaine

 III) Afrique : une sélection d’œuvres dans
la collection
de la Fondation Louis Vuitton

I) L’exposition Les Initiés réunit une sélection d’œuvres
de quinze artistes emblématiques de la collection
d’art contemporain africain de Jean Pigozzi, présentée
pour la première fois à Paris. En 1989, l’homme d’affaires
Jean Pigozzi fait appel à André Magnin comme conseiller
pour constituer sa collection. Défricheur, ce dernier arpente
le continent africain à la rencontre d’artistes travaillant
et vivant en Afrique subsaharienne
, dans les pays
francophones, anglophones et lusophones. A une époque
qui ne connaît ni téléphone portable, ni internet, ni réseaux
sociaux, rencontrer des artistes et rendre compte de
l’évidente liberté et originalité de leurs démarches,
ont été des paramètres décisifs.
La détermination et l’engagement qui ont présidé à cette
collection ont ainsi permis la constitution d’un
fonds unique, aux partis pris affirmés renvoyant
dans sa diversité à l’un des visages de la création
contemporaine en Afrique de 1989 à 2009.
Les artistes de l’exposition, tous héritiers de savoirs
spirituels, scientifiques et techniques, développent
des mondes
qui s’expriment à travers une variété
d’expressions et de supports.

Éclectique et libre, la collection ne privilégie aucun médium
et vise à représenter chaque artiste avec des ensembles
conséquents
. Elle a ainsi révélé une scène jusqu’alors
inconnue, permettant un élargissement de son audience
et de son impact international, ce qui lui confère
aujourd’hui un rôle prescripteur évident.

L’exposition réunit des œuvres de :
Frédéric Bruly Bouabré, Seni Awa Camara,
Calixte Dakpogan, John Goba, Romuald Hazoumè,
Seydou Keïta, (vu au Grand Palais) Bodys Isek Kingelez, Abu Bakarr Mansaray,
Moké, Rigobert Nimi, J.D. ‘Okhai Ojeikere, Chéri Samba,
Malick Sidibé et Barthélémy Toguo
.
À cette occasion, Pascale Marthine Tayou réalise
une intervention spécifique.

L’exposition, conçue par la direction artistique de la
Fondation Louis Vuitton, a été réalisée en étroite
collaboration avec Jean Pigozzi.


II) En complément de l’exposition Les Initiés,
La Fondation présente : Être là, une exposition collective
consacrée à l’Afrique du Sud, une des scènes les plus
dynamiques du continent africain aujourd’hui.
Révélée au monde dans les années 1990, la force de
cette scène tient aussi à l’émergence d’un nouvel écosystème,
incluant des institutions et des galeries particulièrement
impliquées, ainsi qu’au rôle très engagé des universités.
L’exposition se concentre sur un espace-temps précis,
celui d’aujourd’hui, tel qu’il se constitue à travers des
thématiques et un engagement inscrit dans une continuité
historique. Elle ne prétend en rien être un panorama
et réunit 16 artistes :

– D’un côté, des figures de référence de l’art sud-africain,
comme :
Jane Alexander, David Goldblatt, William Kentridge,
David Koloane
et Sue Williamson
qui bénéficient désormais d’une vraie reconnaissance
internationale et ont un réel impact sur la scène actuelle.
Ainsi qu’une génération née dans les années 1970,
représentée par des personnalités incontournables
telles que Nicholas Hlobo, Zanele Muholi et
Moshekwa Langa.

– D’autre part, un choix d’artistes nés dans les années
1980
dont les œuvres sont symptomatiques
de nouveaux enjeux plus de vingt ans après la fin
de l’apartheid
 : Jody Brand, Kudzanai Chiurai,
Lawrence Lemaoana, Thenjiwe Niki Nkosi,
Athi-Patra Ruga, Bogosi Sekhukhuni,
Buhlebezwe Siwani et Kemang Wa Lehulere.

Cette sélection s’étaye sur le positionnement des artistes
dans la prise en charge d’une situation – économique
et sociale – sur laquelle ils ont la conscience et la conviction
de pouvoir intervenir et jouer un rôle – ETRE LA.
Par le biais de différents médiums (installations,
photographies, peintures, œuvres textiles, vidéos…),
ces artistes revisitent l’histoire et affirment une
subjectivité propre. Participant d’un activisme social,
la génération la plus récente tire bénéfice d’une ouverture
internationale pour affirmer et revendiquer une
identité sud-africaine qu’elle contribue à redéfinir.

Prolongeant l’exposition, l’espace
« À propos d’une génération » présente le travail des
photographes
Graeme Williams, Kristin-Lee Moolman et
Musa Nxumalo
et dévoile les portraits contrastés
d’une certaine jeunesse sud-africaine, notamment
celle des « born-free ».
Un catalogue est publié (en deux versions, française et
anglaise) avec les contributions
d’Achille Mbembe, Okwui Enwezor,
Bonaventure Soh Bejeng Ndikung
ainsi que de
Rory Bester, Hlonipha Mokoena et Sean O’Toole.

Commissaires : Suzanne Pagé et Angéline Scherf
avec Ludovic Delalande et Claire Staebler.

III) C’est sur ce nouvel accrochage, déployé sur la totalité
du dernier niveau de la Fondation, que s’adossent
les deux expositions présentées simultanément.
Témoignant de la dimension internationale de la Collection,
ce parcours est consacré à des œuvres d’artistes africains
et à des regards tournés vers ce Continent.

En parallèle, a lieu un programme d’événements
pluridisciplinaires
autour de la musique, de la poésie,
de la littérature et du cinéma.
À l’occasion de cet événement,
la Fondation Louis Vuitton
s’associe à La Grande Halle de La Villette
avec la création d’un billet commun proposé
aux visiteurs de leurs expositions
Art/Afrique, le nouvel atelier et Afriques Capitales.
Commissaire général : Suzanne Pagé
Conseiller : André Magnin
Commissaires : Angéline Scherf et Ludovic Delalande
Scénographie:  Marco Palmieri

A World Not Ours

Jusqu’au 27/8/2017 à la Kunsthalle de Mulhouse

A World Not Ours est une exposition collective
consacrée à la crise actuelle des réfugiés et
les déplacements forcés de population causés par
la guerre en Syrie et dans d’autres zones de conflit.
L’exposition, dont le premier volet a été inauguré
l’été dernier à l’Espace Pythagorion de la
Schwarz Foundation, sur l’île de Samos en Grèce,
cherche à contrebalancer la vision réductrice ou
partielle d’une crise trop souvent limitée à des images
d’embarcations de fortune et de traversées périlleuses
depuis la Turquie ou la Libye.
L’idée est de se pencher sur l’avant et l’après de ces
moments dramatiques.

Alors que la première partie de l’exposition était
consacrée à l’expérience de la fuite, au voyage périlleux
et à l’économie clandestine qui entretient la précarité
des réfugiés, le volet mulhousien se penche davantage
sur l’accueil réservé aux réfugiés, sur les procédures
légales et les réalités quotidiennes auxquelles ils sont
confrontés, « la terre promise » atteinte.
Cette seconde partie s’attache également à observer
la façon dont les européens vivent la crise migratoire,
à explorer les problèmes de représentation de la
souffrance et à poser la question de la « propriété »
des images de réfugiés et du droit de les représenter.

A World Not Ours regroupe artistes, photographes,
cinéastes et militants qui pour beaucoup sont originaires
du Moyen-Orient ou du Sud-Est de l’Europe, de régions
directement confrontées au danger, à la guerre et à l’exode.
Ils ont une expérience personnelle, voire intime, du
traumatisme et de la souffrance collective.

Utilisant des médiums aussi divers que l’installation,
la photographie, la vidéo et l’art action, ils nous plongent
au cœur de la condition des réfugiés et révèlent
la complexité de l’origine du problème en le situant
dans un contexte plus large.
Les artistes participants :

Azra Akšamija (1976, Bosnie-Herzegovine)
Taysir Batniji (1966, Palestine)
Tanja Boukal (1976, Autriche)
Ninar Esber (1971, Liban)
Aslan Gaisumov (1991, Tchétchénie)
Mahdi Fleifel (1979, Emirats Arabes Unis)
Stine Marie Jacobsen (1977, Danemark)
Sven ’t Jolle (1966, Belgique)
Sallie Latch (1933, Etats-Unis)
Eleonore de Montesquiou (1970, Estonie/France)
Giorgos Moutafis (1977, Grèce)
Marina Naprushkina (1981, Biélorussie)
Juice Rap News (créé en 2009, Australie)
Somar Sallam (1988, Syrie/Algérie)
Mounira Al Solh (1978, Liban)
Diller Scofidio & Renfro, Mark Hansen, Laura Kurgan,
et Ben Rubin en collaboration avec Robert
Gerard Pietrusko et Stewart Smith, d’après une idée
de Paul Virilio (international)
Commissaire d’exposition :
Katerina Gregos, assistée de Sarita Patnaik.

≪ Et si c’était moi ? Comment réagirais-je ? ≫
Espérons que l’exposition  soulèvera la question.
Les migrations vont rester l’une des questions
brûlantes de notre époque, de plus en plus de
gens seront contraints de fuir pour des raisons environnementales, économiques ou politiques,
et nous devons repenser en termes de générosité
et d’hospitalité réciproque la notion de
cohabitation sur une planète
de plus en plus interconnectée.
C’est l’un des grands défis de
notre temps, et la solution ne peut être
une politique de division et d’exclusion.

Festival Météo
Alan Curran en workshop à La Kunsthalle
Stage de 3 jours de musique improvisée
Lundi 22 — Jeudi 24 août
Concert de clôture
Jeudi 24 août R 17:30
Cette année, La Kunsthalle est partenaire du festival
Météo et accueille un workshop d’Alvin Curran, dans
son espace d’exposition. Ouvert à 20 participants,
Alvin Curran invite les musiciens à improviser avec
la composition ou composer avec l’improvisation.
Il étudie avec eux l’influence des déplacements et
des positions ≪ assis, couche ≫ sur le type du jeu et
propose d’y inclure tous types d’objets métalliques résonnants.
Le stage donnera lieu a une représentation
publique jeudi 24 aout a 17:30.
L’atelier est réservé de préférence
aux instruments acoustiques sans amplification.
Informations, inscriptions, programme complet
du festival sur www.festival-meteo.fr

 

Jérôme Zonder. The Dancing Room

Au musée Tinguely de Bâle visible jusqu’au
1 novembre 2017,
Avec la présentation de Mengele-Totentanz (1986)
de Jean Tinguely
dans la salle nouvellement conçue à cet effet,
le Musée Tinguely lance une série d’expositions
avec de jeunes artistes qui font référence à cette oeuvre
tardive de Tinguely et en abordent l’actualité encore
aujourd’hui valable.

Le coup d’envoi est donné par Jérôme Zonder
(né en 1974 à Paris), qui compte parmi les grands
dessinateurs de sa génération. Avec ses représentations
grotesques, inspirées de Jérôme Bosch, Paul McCarthy
ou Otto Dix, il parvient à exprimer les atrocités humaines
indicibles et catastrophes humanitaires des 100 dernières
années pour en faire des « Danses macabres »
contemporaines.
Une quarantaine de dessins, une oeuvre murale
grand format et une construction sculptée composent
ainsi une vaste installation en dialogue direct avec
Mengele-Totentanz
La part politique, narrative et historique qui est très
forte, pas simplement dans le récit de la pièce,
renforce le lien qui s’établit entre les 2 espaces.
Un dessin en 3 temps : la première structure c’est la herse
que l’on aperçoit lorsque l’on arrive dans la salle, qui nous
bloque, avec sa présence menaçante, dont l’usage et le
sens nous échappe. Pour Zonder c’est une manifestation
de la grande histoire.

Le grand dessin à l’empreinte sur toile, travaillé
à la mine de plomb et à la poudre de charbon
est réalisé d’après une photo des wokings deasds,
une foule de zombis qui tendent les bras vers nous,
avatars contemporains de la danse macabre.
Cela représente le lien très fort avec le travail de
Tinguely.
Puis le grand mur d’images, une grande grille, comme
un mur Internet, un Trumbl, un album de famille privé,
axé sur la violence, la cruauté, lié à la danse macabre.
Un Pingpong, un jeu de renvoi entre l’image de la mémoire,
de la mauvaise conscience, l’album de la cruauté, du
cauchemar qui tente de nous saisir. C’est aussi un résumé
du rapport à la vanité et en même temps un appel vers
le récit de Tinguely, très littéralement
une évocation de la morbidité de sa pièce, comme si elle
nous arrivait d’entre les morts, portant un message
pour nous rappeler que nous sommes mortels.

Le souvenir à l’intérieur, sur le mur est une sélection
de dessins de 2010 a 2017 qui sont tous en rapport avec
la violence.
Il y a les 3 niveaux de référence de genre graphique
avec lequel il travaille, les images d’archives historiques,
travaillées à l’empreinte, un état de la mémoire et
du corps liés à Auchwitz, 2 images qui viennent de
Didi Huberman, les chaires grises de la maison rouge,
les premiers de la nouvelle série sur la guerre d’Algérie,
des images d’archives de 1957 d’un interrogatoire
à Constantine.
C’est le travail de cette mémoire qu’il veut saisir à bras
le corps, d’un côté les archives historiques classiques,
du côté de l’histoire de l’art, la grande peinture de
Baldung Green, Christian van Couwenbergh (1604-1667),
Le viol de l’esclave noire.

Travail sur le viol et la domination du blanc sur le noir,
une violence plus métaphorique sur la jeune fille
et la mort du Kunstmuseum de Bâle, la figure de la
domination masculine 15 e s.
D’un côté les archives, de l’autre côté les mélanges
qu’il fait avec des travaux de l’histoire ici avec
les jeux d’enfants et des dessins qui sont dans
l’immédiateté des faits d’actualité, des moments d’histoire
qui marquent.

Jerôme Zonder Tinguelys Mengele-Totentanz

Il est passé des travaux de la forme du dessin
à des travaux de forme d’écriture, à quelque chose qui
s’incarne dans la façon de travailler le matériau et
le support dans la physicalité de son travail.
Dans ses portraits en noir et blanc, l’artiste français rend
hommage aux femmes, icônes féministes ou anonymes,
les “fiancées du diable”.
Elle s’appelle Garance, comme l’héroïne des
Enfants du paradis, qui chante
« Je suis comme je suis » en arpentant le
« boulevard du Crime » dans le film de Carné et Prévert.
Soixante-dix ans plus tard, elle n’a rien perdu de son
audace en quittant le grand écran pour réapparaître
dans les dessins noir et blanc de Jerôme Zonder.

Mengele-Totentanz (1986). La sculpture-machine en 14 parties
est réinstallée dans une salle du musée spécialement conçue à
cet effet afin d’évoquer l’apparence d’une chapelle.
L’oeuvre doit son nom au maître-autel figurant au centre,
une ensileuse à maïs (tellement déformée qu’elle est presque
méconnaissable) de la marque Mengele ayant appartenu à la
famille de l’effroyable médecin nazi.
Toutes les pièces utilisées ont été récupérées après un incendie
dévastateur dans une ferme non loin de l’atelier de Tinguely,
à Neyruz, près de Fribourg.

La danse macabre constitue à Bâle un sujet de longue tradition,
qui culmina avec la fameuse Basler Totentanz, réalisée vers 1450
sur l’enceinte de l’ancien couvent des Dominicains, et maintes
fois citée et reproduite depuis. Le message de la représentation
était multiple : rappeler le caractère éphémère de la vie et
l’égalité de tous devant la mort, tout en puisant dans les motifs
et pensées des idéaux humanistes émergeant à cette époque.
Le catalogue « Jérôme Zonder » est publié par l’édition
Galerie Eva Hober, Paris.
La publication en français, anglais et allemand avec un
avant-propos de Eva Hober et des contributions de
Roland Wetzel et Catherine Francblin
le catalogue, Mengele-Totentanz (1986) de Jean Tinguely
au Musée Tinguely paraît aux Éditions Kehrer,
Heidelberg/Berlin, une publication richement illustrée,
avec des textes récents de Sophie Oosterwijk, Sven Keller
et Roland Wetzel ainsi qu’un entretien entre Jean Tinguely
et Margrit Hahnloser, enregistré en 1988.
La publication paraît en allemand, français et anglais.
Horaire du musée :
Mardi – dimanche, 11h – 18h
Accès :
Depuis la gare SBB, tram 2, descendre à Wettsteinplatz,
puis bus n° 37