Chagall, Lissitzky, Malévitch. L'avant-garde russe à Vitebsk (1918-1922)

Jusqu’au 16 juillet 2018

L’exposition que consacre le Centre Pompidou à
l’avant-garde russe, de 1918 à 1922, prend pour cœur l’œuvre
de trois de ses figures emblématiques :

Chagall Au-dessus de la ville

Marc Chagall, El Lissitzky, Kasimir Malévitch.
Elle présente aussi les travaux d’enseignants et d’étudiants
de l’école de Vitebsk, créée en 1918 par Chagall :
Vera Ermolaeva, Nicolaï Souietine, Ilia Tchachnik,
ou encore Lazar Khidekel et David Yakerson.
À travers un ensemble inédit de deux cent cinquante œuvres
et documents, cette manifestation éclaire pour la première fois
les années post-révolutionnaires où, loin des métropoles russes,
l’histoire de l’art s’écrit à Vitebsk.
Commissaire : Mnam/Cci, Angela Lampe
Présentation par la commissaire d’exposition
Chagall, Lissitzky, Malévitch. L’avant-garde russe à
Vitebsk (1918-1922)
Marc Chagall Le peintre à la Lune

L’année 2018 marque le centième anniversaire de la nomination
de Marc Chagall au poste de commissaire des beaux-arts de
la ville de Vitebsk, située aujourd’hui en Biélorussie.
Cet événement, suivi de peu par l’ouverture de l’École populaire
d’art sous l’impulsion de l’artiste, ouvre une période fébrile
des activités artistiques en ce lieu. Parmi les artistes invités par
Chagall à enseigner dans son établissement figurent des
protagonistes majeurs de l’avant-garde russe, tels El Lissitzky
et Kasimir Malévitch, fondateur du suprématisme.
Maléwitch

Ce chapitre méconnu commence avec Marc Chagall.
Peintre vivant à Petrograd, cet ancien résident de la Ruche est
témoin de la révolution bolchevique qui bouleverse la Russie
au cours de l’année 1917. Le vote d’une loi abrogeant toute
discrimination nationale et religieuse lui confère pour la première
fois, à lui l’artiste juif, un statut de citoyen russe à part entière.
Chagall connaît alors une ivresse créative.
Chagall double portrait au verre de vin

Une série de chefs-d’œuvre monumentaux voit le jour. Chacun de
ces grands tableaux semble un hymne au bonheur du couple, comme
Double Portrait au verre de vin et Au-dessus de la ville montrant
les deux amoureux, Chagall et sa femme Bella, s’envolant vers les nuées,
libres comme l’air. Tout respire l’euphorie du moment.
Au fil des mois cependant, Chagall se sent dans l’obligation de venir
en aide aux jeunes Vitebskois en mal d’un enseignement artistique,
de soutenir ceux qui, comme lui, sont d’extraction modeste et d’origine
juive. Lui vient alors l’idée de créer dans sa ville une école d’art
révolutionnaire, ouverte à tous, sans restriction d’âge et gratuite.
Ce projet, qui inclut aussi la création d’un musée, incarne parfaitement
les valeurs bolcheviques ; il est validé en août 1918 par
Anatoli Lounatcharski,
chef du commissariat du peuple à l’instruction publique.
David Yakerson

Un mois plus tard, il nomme Chagall commissaire aux beaux-arts,
avec pour première mission d’organiser les festivités du premier anniversaire
de la révolution d’Octobre. Chagall invite tous les peintres de Vitebsk à
fabriquer des panneaux et des drapeaux à partir de dessins préparatoires,
dont un certain nombre ont survécu, notamment ceux de Chagall lui-même
et ceux du jeune David Yakerson.
David Yakerson

Dans son autobiographie, Chagall écrira plus tard :
« Par toute la ville, se balançaient mes bêtes multicolores, gonflées
de révolution. Les ouvriers s’avançaient en chantant l’Internationale.
À les voir sourire, j’étais certain qu’ils me comprenaient. Les chefs,
les communistes, semblaient moins satisfaits. Pourquoi la vache est-elle verte
et pourquoi le cheval s’envole-t-il dans le ciel, pourquoi?
Quel rapport avec Marx et Lénine ? »
Après les célébrations, le commissaire met toute son énergie
dans le développement de son école, qu’il veut ouverte
à tous les styles et avec un enseignement de haut niveau.
Il invite des artistes connus, vivant dans les métropoles
russes, tels Ivan Puni et Mstislav Dobuzhinsky, pilier du
groupe traditionnel Le Monde de l’art. Le 28 janvier 1919 a lieu
l’inauguration officielle de l’école. Chagall, admiré par ses élèves,
doit se démener pour assurer le bon fonctionnement de son
établissement. Tandis que les premiers professeurs quittent
déjà l’école, d’autres font leur arrivée comme Vera Ermolaeva,
future directrice, et surtout El Lissitzky qui prend en charge
les ateliers d’imprimerie, de graphisme et d’architecture.
Lissitzky

Il insiste auprès de son ami Chagall pour inviter le chef de file
des mouvements abstraits : Kasimir Malévitch.
Très vite après sa venue en novembre 1919, le charisme de ce
théoricien hors norme galvanise les jeunes élèves.
En peu de temps, ils forment ensemble avec des professeurs
adeptes du courant novateur un groupe baptisé Ounovis
(les affirmateurs du nouveau en art). Un de leurs mots d’ordre
est : « Vive le parti Ounovis, qui affirme les nouvelles formes
de l’utilitarisme du suprématisme »
.
Ounovis

Ce collectif conçoit alors affiches, magazines, banderoles,
enseignes et cartes d’alimentation ; le suprématisme infuse
dans toutes les sphères de la vie sociale. Ses membres mettent
en forme les fêtes et les œuvres scéniques, décorent les tramways,
ornent les façades, construisent les tribunes des orateurs.
Carrés, cercles et rectangles colorés envahissent les murs
et les rues de la cité. L’abstraction suprématiste devient le
nouveau paradigme esthétique non seulement à l’école,
mais du monde en général. Lissitzky, de par sa formation
d’architecte, y joue un rôle clé. Avec son ensemble extraordinaire
des Prouns (projets d’affirmation du nouveau en art),
il est le premier qui, dans ses toiles et dessins, étale le volume
architectural au plan pictural des suprématistes, le considérant
comme « les stations de liaison entre la peinture et l’architecture ».
El Lissitsky, Tribune de Lénine

Durant ses années à Vitebsk, Malévitch, quant à lui, se consacre
moins à la réalisation des peintures –
Maléwitch

une exception étant son magistral Suprématisme de l’esprit
qu’à la rédaction de ses principaux écrits théoriques et à son enseignement.
Méthodique et stimulant, celui-ci séduit toujours plus d’étudiants,
de sorte que Chagall s’en trouve de plus en plus isolé.
Son rêve de faire coexister dans son école un art révolutionnaire
indépendamment du style, principe fusionnel qui l’a guidé autant
dans la constitution de la collection de son musée que dans
l’organisation de la première exposition publique en décembre 1919,
où les toiles de Vassily Kandinsky et Mikhaïl Larionov côtoient
les œuvres abstraites d’Olga Rozanova, se brise au cours du
printemps 1920. Ses classes se vidant peu à peu de leurs étudiants,
Kandinsky

Chagall décide en juin de quitter Vitebsk pour s’installer à
Moscou. Il gardera rancœur à Malévitch qu’il accuse d’avoir intrigué
contre lui. Les œuvres qu’il réalise alors tel son Paysage cubiste
se lisent comme un règlement de comptes avec les suprématistes
sur un mode moqueur, voire ironique : au centre d’une composition
cubo-futuriste, sous un parapluie vert, un tout petit personnage
(Chagall lui-même ?), ultime survivant de son humanisme poétique,
marche devant le bâtiment blanc de l’école.
Chagall, Paysage Cubiste

Après le départ de Chagall, Malévitch et le collectif Ounovis,
seuls maîtres à bord, travaillent à
« l’édification d’un monde nouveau ». Des expositions collectives
sont organisées, à Vitebsk et dans les métropoles russes ; des comités
locaux sont instaurés à travers le pays, comme le groupe Ounovis
à Smolensk autour de Vladislav Strzeminski, et Katarzyna Kobro,
à Orenburg avec Ivan Koudriachov, et à Moscou où Gustav Klutsis
et Sergei Senkin sont rejoints par Lissitzky qui rallie à l’hiver 1920
le nouveau mouvement constructiviste. Avec la fin de la guerre civile
vers 1921/1922, le climat politique change : les autorités soviétiques,
cherchant à instaurer l’ordre qui leur est nécessaire dans la sphère
idéologique et sociale, amorcent une éviction des courants artistiques
qui ne servent pas directement les intérêts du parti bolchevique.
Maléwitch

En mai 1922, la première et dernière promotion sort de l’école
populaire d’art de Vitebsk. Durant l’été, avec plusieurs de ses
étudiants, Malévitch part à Petrograd pour y poursuivre ses
réflexions sur un suprématisme volumétrique en élaborant
les maquettes d’une architecture utopiste, intitulées
Architectones ainsi que des ustensiles en porcelaine.
L’école populaire d’art de Chagall s’est mue en un laboratoire
révolutionnaire pour repenser le monde.
Angela Lampe
France Culture podcast

MANGUIN La volupté de la couleur

C’est jusqu’au 28 OCTOBRE 2018.
La Fondation de l’Hermitage présente pour l’été 2018
une grande exposition consacrée à Henri Manguin (1874-1949)
retraçant les premières années du parcours artistique de cet
amoureux de la couleur, surnommé le « peintre voluptueux »
par Apollinaire.
Manguin un artiste de seconde zone ? Un éblouissement
de couleurs.
Il réunit et devance Matisse, Cézanne, Renoir, van Gogh
et bien d’autres.
Dans la chronologie de sa production, on suit aisément
l’histoire de l’art et sa progression.
Pourquoi cet artiste est quelque peu ignoré ?
Parce que trop de collectionneurs surtout suisses, s’y sont
intéressé et ont acquis et collectionné très vite ses toiles.
Quoique né en France à Paris, décédé à St Tropez,
il a séjourné en Suisse pendant les années de guerre,
l’exposition montre l’évolution de son art à l’abri des événements
tragiques qui frappent l’Europe.

A Lausanne, la ville où, réformé du service militaire,
Manguin put abriter sa famille au cours
de la Première Guerre mondiale, au coeur d’un pays
qu’il découvrit dès 1910 et qui, d’emblée, réserva
un accueil particulièrement enthousiaste à son art.
Les oeuvres de Manguin sont peu nombreuses dans
les collections publiques françaises.

Henri Manguin le golfe de St Tropez, centre Pompidou

En cohérence avec le parcours du peintre, dont les
années suisses sont évoquées ici dans l’essai de
Corinne Currat, (catalogue) l’étape lausannoise de
l’exposition est amplifiée d’une section réunissant
des oeuvres réalisées par Manguin pendant son séjour
dans ce pays.
Le peintre a très tôt conquis les amateurs les plus audacieux
de son temps, qui ont souvent choisi
d’acquérir les oeuvres phares de la période fauve.
L’Américain Leo Stein fut l’un des premiers à s’y
intéresser, avec les Russes Sergueï Chtchoukine et
Ivan Morozov.
C’est la Suisse qui a réservé le meilleur accueil à l’oeuvre
de Manguin. Grands défenseurs de l’art français,
Arthur et Hedy Hahnloser ont agi en mécènes et
ont constitué une des collections les
plus nombreuses des oeuvres de Manguin, qui fut
aussi le portraitiste attitré et l’ami de la famille.
Ainsi, la villa Flora à Winterthour fut longtemps une
destination de choix pour mieux le connaître. L’exposition
de la collection Hahnloser à la Fondation de l’Hermitage
à Lausanne en 2011 et le somptueux ouvrage
publié sous la direction de Margrit Hahnloser-Ingold ont
certainement contribué à sa redécouverte.

L’accent est mis sur la période
fauve, durant laquelle Manguin accompagne et parfois même
précède les audaces de ses amis peintres, en quête de
nouveaux moyens expressifs par le biais de la couleur.
Offrant de somptueuses harmonies chromatiques,
les toiles de cette époque témoignent d’un talent et
d’une inventivité rares.
C’est à l’Ecole des arts décoratifs que Manguin fait
en 1892 la connaissance d’Albert Marquet et
d’Henri Matisse. Ils entrent à l’Ecole des beaux-arts en
novembre 1894, dans l’atelier de Gustave Moreau,
et forment alors un groupe de jeunes peintres qui,
avec André Derain et Maurice de Vlaminck,
seront baptisés « fauves » au Salon d’automne de 1905.
Fidèle à l’expression d’une sensualité
heureuse, Manguin a pour sujets de prédilection les nus,
les paysages méditerranéens, les scènes de
la vie de famille et les natures mortes, qui sont autant
d’hommages au bonheur de vivre.

Les oeuvres peintes par Manguin au tournant du siècle
témoignent d’un talent et d’une originalité rares dans
l’organisation chromatique du tableau ainsi que d’un
hédonisme précoce. Doué pour le bonheur, doté d’une
sensibilité particulière aux promesses de la nature,
Manguin est un fauve ardent. Son instinct le porte à
privilégier d’éclatantes harmonies, sans mettre en péril
la cohésion des formes. Bien connue, la comparaison des
deux oeuvres peintes côte à côte par Manguin
(La gitane à l’atelier) et par Matisse

(La gitane, 1906, Saint-Tropez, musée de l’Annonciade,
dépôt du Centre Pompidou, musée

national d’Art moderne) est suffisamment parlante à cet égard.
Dès 1904, Manguin use de tonalités particulièrement intenses,
souvent indépendantes de la réalité observée (Devant la fenêtre,
rue Boursault, collection privée ; Saint-Tropez,
le coucher de soleil
).
Il innove en privilégiant un traitement original de l’espace
où la géométrie des plans colorés brise très tôt
les conventions de la perspective linéaire traditionnelle
et compose un fond abstrait sur lequel se détache la figure
principale (La petite Italienne).
La liberté avec laquelle
Manguin décrit le port de Saint-Tropez et ses barques de
pêche pavoisées le 14 juillet 1905
(Le 14 juillet à Saint-Tropez, côté gauche,
collection privée et Le 14 juillet
à Saint-Tropez,
côté droit, collection privée),
précède à l’évidence les rues pavoisées du Havre peintes
par Dufy et Marquet lors de la fête nationale de 1906
(Raoul Dufy, La rue pavoisée, 1906, Paris, Centre Pompidou,
musée national d’Art moderne, et Albert Marquet,
Le 14 juillet au Havre, 1906, Paris,
Centre Pompidou, musée national d’Art moderne).
Et que dire de l’organisation colorée magistrale dont le peintre
fait preuve dès 1905 avec Les gravures acquises par la baronne
Carmen Thyssen-Bornemisza
.
Au centre de la composition, il oppose un nu en pleine
lumière et une robe noire aux reflets bleutés, en un somptueux
contraste qui s’épanouit au coeur du cercle chromatique composé
par les motifs du décor, du papier peint et des tissus chamarrés.
L’exposition compte une centaine d’oeuvres (peintures,
aquarelles et dessins) et s’ouvre avec une
section dédiée à la formation du peintre qui, très tôt,
se distingue dans l’organisation colorée de ses
compositions. La période fauve est ensuite à l’honneur
avec des oeuvres réalisées à Saint-Tropez,
dont les couleurs intenses reflètent l’éblouissement
méditerranéen. Flamboyants, ces tableaux
– essentiellement des nus et des paysages arcadiens –
disent l’exaltation de Manguin et son épanouissement
artistique au sein d’une nature édénique. Un ensemble de
dessins et d’aquarelles illustre sa pratique précoce de ces
techniques, décisives dans la recherche d’équilibre de la
composition et de la libération de la couleur à l’aube du
XXe siècle. Les années de guerre passées en
Suisse sont également évoquées, montrant l’évolution
de son art à l’abri des événements tragiques
qui frappent l’Europe.
Cette manifestation est le fruit d’un partenariat avec
le musée des impressionnismes Giverny, qui a
accueilli la première étape de l’exposition du 14 juillet
au 5 novembre 2017.
Un catalogue richement illustré est édité à cette occasion,
avec les contributions de spécialistes de
Manguin et du fauvisme : Corinne Currat, Charlotte Hellman,
Dominique Lobstein et Jean-Pierre Manguin.
Commissariat scientifique : Marina Ferretti, directrice
scientifique du musée des impressionnismes Giverny
CONFÉRENCES
Jeudi 6 septembre à 18h30
Manguin et la Suisse
par Corinne Currat, chargée de projets d’exposition à
la Fondation de l’Hermitage
Jeudi 20 septembre à 18h30
Les peintres face à la couleur (1860 – 1914)
par Michel Pastoureau, historien des couleurs,
voir et écouter sur youtube
des images et des symboles

Jeudi 11 octobre à 18h30
Manguin, la volupté de la couleur
par Marina Ferretti, directrice scientifique du musée
des impressionnismes Giverny, commissaire de

l’exposition

Audioguides pour adulte
Jean-Pierre Manguin,
petit-fils de l’artiste et conservateur
des archives Manguin, prend la parole au micro de la
journaliste culturelle Florence Grivel.
En français et en anglais, gratuit
L’exposition et son catalogue bénéficient du généreux soutien de :
La Fondation de l’Hermitage est généreusement soutenue par :
Fondation de l’Hermitage
direction Sylvie Wuhrmann

Route du Signal 2 tél. +41 (0)21 320 50 01
CH – 1018 LAUSANNE fax +41 (0)21 320 50 71
www.fondation-hermitage.ch
e-mail info@fondation-hermitage.ch

Sommaire du mois de juin 2018

Art Basel 2018

02 juin 2018 : Zao Wou-Ki L’espace est silence
04 juin 2018 :
Fondation Fernet Branca – Collection David H.Brolliet
09 juin 2018 :
Utopia House | Rhin – Rhône, le retour
16 juin 2018 : Art Basel 2018
17 juin 2018 :
James Turrell. The Substance of Light
18 juin 2018 :
DAVID NASH « NATURE TO NATURE »
19 juin 2018 :
L’IMPERMANENCE , Fondation Fernet Branca
20 juin 2018 : Les artistes robots
23 juin 2018 :
Tsuguharu Foujita, un japonais à Paris
29 juin 2018 :
Ernesto Neto, GaiaMotherTree

Ernesto Neto, GaiaMotherTree

Du 30 juin au 29 juillet 2018, la Fondation Beyeler
présente dans la gare centrale de Zurich un projet de
l’artiste brésilien Ernesto Neto, né en 1964 à Rio de Janeiro.

« Il est important de ralentir, de respirer et d’aller en nous.
Dans notre quotidien fiévreux et compétitif,
nous avons rarement cette possibilité. Je veux permettre aux
visiteurs de se départir de leur peur et de se
concentrer sur eux-mêmes dans ce moment précis. Je veux
qu’ils prennent conscience de leur existence,
qu’ils sentent avec leurs mains, leur cerveau et leur coeur –
et qu’à partir de là, ils ressentent les autres et
la poésie d’être vivant! »

L’oeuvre monumentale GaiaMotherTree est
une sculpture arborescente polychrome, faite de bandes
de coton multicolores crochetées à la main, qui
s’étire jusqu’au plafond du hall de gare à 20 mètres
de hauteur. GaiaMotherTree, que les visiteurs
peuvent pénétrer et découvrir depuis l’intérieur,
constitue un lieu de rencontre, d’échange et de
méditation, qui accueille une programmation riche
et variée pour adultes et pour enfants comprenant
musique, méditations, ateliers, visites guidées de
l’oeuvre et conférences.

Ernesto Neto compte parmi les artistes contemporains
les plus éminents du Brésil. Son travail jouit d’une
grande reconnaissance, notamment suite à plusieurs
participations à la Biennale de Venise et expositions
dans des musées de premier plan à travers le monde.
Ses oeuvres sont présentes dans les collections du
Museum of Modern Art (MoMA) et du musée Solomon
R. Guggenheim à New York, de la Tate à Londres,
du Centre Pompidou à Paris et du Musée d’art
contemporain de Hara à Tokyo.
L’art de Neto est marqué à la fois par le néo-concrétisme
brésilien des années 1960, le minimalisme, l’art
conceptuel et l’arte povera.
Spiritualité, humanisme et écologie sont des aspects
déterminants de son travail. Depuis les années 1990,
ses oeuvres se distinguent par leurs matériaux et leurs
techniques artistiquement atypiques. Matières organiques
et formes biomorphes sont caractéristiques de ses
sculptures. La sensualité, la transparence et l’esprit de
communauté y jouent souvent un rôle majeur. Les
oeuvres peuvent être touchées, foulées, traversées
ou mises en mouvement, et mobilisent volontiers le sens
olfactif. Les visiteurs sont invités à se concentrer sur
leurs perceptions et à interagir avec l’oeuvre et leur
environnement.

Depuis 2013, Ernesto Neto collabore étroitement
avec les Huni Kuin, une communauté indigène de
l’Amazonie brésilienne proche de la frontière
péruvienne
.
Leur culture, leurs coutumes, leur langue, leur
savoir, leur artisanat, leur esthétique, leurs valeurs,
leur vision du monde et leur lien spirituel à la nature
ont bouleversé la conception artistique de Neto et sont
devenus des composantes essentielles de son art.
Les oeuvres qui résultent de cet échange artistique
et spirituel invitent à un temps d’arrêt et à la
contemplation intérieure, mais aussi à la discussion et
à l’affrontement collectif de thèmes tels la relation
de l’homme à la nature, les questions de durabilité ou
la sauvegarde et la diffusion des savoirs d’autres
cultures.
GaiaMotherTree est une oeuvre entièrement faite
main
.
Des bandes de coton ont été crochetées avec les
doigts et nouées en une gigantesque sculpture diaphane.
Sa forme rappelle celle d’un arbre dont la cime
touche le plafond du hall de la gare. Au pied de l’arbre
se trouve un grand espace où les visiteurs
peuvent s’attarder et s’installer sur des sièges disposés
en cercle. Des éléments en forme de gouttes
pendant du plafond sont remplis d’épices odorantes et
de semences.
A l’occasion de ce projet réalisé dans l’espace public,
des oeuvres de Neto sont également visibles à la
Fondation Beyeler. La salle centrale du musée présente
des sculptures historiques majeures des années
1980 et 1990, tandis que le parc accueille Altar
for a Plant de 2017.
Michiko Kono,
Associate Curator à la Fondation Beyeler
Parmi les projets réalisés dans l’espace public par la
Fondation Beyeler depuis sa création en 1997 avec
des oeuvres d’artistes tels Christo et Jeanne-Claude,
Louise Bourgeois, Jeff Koons et Jenny Holzer,
GaiaMotherTree d’Ernesto Neto occupe une place
particulièrement marquante. Il s’agit tant pour Ernesto
Neto que pour la Fondation Beyeler d’un projet ambitieux
et exigeant, dont la mise en oeuvre aura requis
quatre ans au total. La réalisation de GaiaMotherTree,
arbre gigantesque de 20 mètres de haut dont la
couronne occupe une surface de 40 x 28 mètres, a
nécessité 10 220 mètres linéaires d’étoffe de coton.
Cette étoffe a été découpée en bandes, qui ont ensuite
été teintées. Au cours de plusieurs semaines de
travail, 10 collaborateurs d’Ernesto Neto et 17 assistants
auxiliaires instruits par l’artiste ont crocheté ces
bandes avec les doigts et les ont nouées en une gigantesque
sculpture. Au total, la confection de
GaiaMotherTree a duré trois mois, et son transport par
bateau traversant l’Atlantique vers l’Europe quatre

semaines. Des contrepoids en forme de gouttes pendant
de l’arbre, qui donnent sa forme à l’oeuvre et la

stabilisent, sont remplis avec un total de 420 600 klgr
d’épices moulues : 140 kilogrammes de

curcuma, 140 kilogrammes de clous de girofle, 70
kilogrammes de cumin et 70 kilogrammes de poivre

noir. Le contrepoids central contient 70 kilogrammes
de semences. La mise en place de l’installation dans

son lieu d’exposition, le somptueux hall de la gare centrale
de Zurich réalisé il y a presque 150 ans, n’a

nécessité ni trou ni clou. Les contrepoids sont accrochés
aux poutres métalliques du plafond du hall de

gare. Au sol, 840 kilogrammes de terre lestent et ancrent
l’oeuvre. Ce jeu avec les lois physiques de la

pesanteur et cette quête d’équilibre sont caractéristiques
du travail artistique d’Ernesto Neto depuis ses

débuts dans les années 1980.
Avec GaiaMotherTree, Neto établit un lien avec l’histoire
de la création. D’une part, le titre de l’oeuvre

convoque la mythologie grecque. Gaia, la Terre personnifiée,
émerge du chaos, du début de toutes choses.

Elle est à la fois la déesse-mère qui donne la vie et
la déesse de la mort qui accueille les défunts. Neto

place la «Terre mère» au coeur même de sa sculpture :
sur le tapis qui se trouve à l’intérieur de

GaiaMotherTree figure une carte du monde dont
l’océan
Atlantique forme le centre. D’autre part, l’image

de l’arbre se réfère au récit biblique du jardin d’Éden
et à l’arbre de la connaissance. Les bancs de forme

serpentine répartis à l’intérieur de la sculpture et son tunnel
d’entrée évoquant une tête de serpent font

allusion à Adam et Ève et à la Chute. Ces références parallèles
à la cosmogonie mythologique et à la

Genèse de l’Ancien Testament témoignent de la conception
qu’a Ernesto Neto d’une universalité sous-tendant

toutes les traditions spirituelles.

Ernesto Neto s’engage contre la perte générale de
spiritualité qui gagne les civilisations dans lesquelles

triomphe la richesse matérielle. Il trouve un encouragement
dans le lien spirituel à la nature entretenu par

les Huni Kuin, communauté indigène de l’Amazonie brésilienne
qui a fortement influé sur sa pratique

artistique. Neto collabore étroitement avec eux depuis 2013
et l
eur culture, leurs coutumes, leur langue,
leur savoir, leur artisanat, leur esthétique, leurs valeurs et
leur vision du monde sont devenus des
composantes essentielles de son art. Pour les Huni Kuin,
la collectivité et le souci du bien commun jouent
un rôle décisif. De manière comparable, l’esprit de
communauté forme un trait distinctif de l’art d’Ernesto
Neto. Avec ses oeuvres qui mobilisent la vue, le toucher,
l’ouïe et l’odorat, il invite le spectateur à devenir
participant. L’oeuvre peut être touchée, foulée ou mise
en mouvement. Le spectateur est invité à se
concentrer sur ses perceptions et à interagir avec l’oeuvre
et son environnement. GaiaMotherTree propose
un lieu de rencontre, de rassemblement, de discussion, de
méditation et de répit. Neto a par ailleurs invité
le public à s’impliquer en amont en collectant des noyaux
de fruits : ajoutés à des semences de légumineuses telles
les fèves et les pois chiches, ils lestent la goutte tombante
centrale et servent de contrepoids, avant d’être distribués au
public et aux passants à la fin de l’exposition. Par l’utilisation de ces
semences en tant que symbole supplémentaire du cycle
de la vie, Neto pointe aussi la diffusion fulgurante
de semences transgéniques et ses conséquences inquiétantes
telles les répercussions sur l’environnement
et la santé, le danger d’une perte irréversible de semences
non génétiquement modifiées, la position de
monopole de grands groupes de l’industrie alimentaire
ou la menace de la biodiversité.

En rendant accessible au public l’intérieur de
GaiaMotherTree, Ernesto Neto crée un espace de
communauté qui permet un échange sur ces sujets.
Pendant le week-end d’ouverture se tiendra
l’Assembleia MotherTree, forum ouvert au public d’échange
interdisciplinaire et interculturel entre les
représentants des familles indigènes Huni Kuin,
Yawanawa et Tukano et des scientifiques, des chercheurs,
des activistes et des artistes du monde entier.
Le format de l’assembleia (terme portugais pour «assemblée
générale») puise ses racines dans la tradition des Huni Kuin,
mais fait aussi écho à la coutume suisse de la
Landsgemeinde. Pendant deux jours, les participants
se pencheront sur des thèmes touchant au
développement et à l’avenir de la planète Terre qui occupent
également une place centrale dans l’oeuvre
d’Ernesto Neto. Il s’agit d’éveiller une prise de conscience
collective des menaces auxquelles est exposé
l’environnement et de la manière d’y faire face.
Avec GaiaMotherTree, Neto s’empare de l’important motif
culturel de l’arbre. Symbole de grandeur, de
puissance, de longévité, de stabilité ou de fertilité, emblème
de sécurité ou de menace, l’arbre apparaît
dans toutes les cultures, dans les croyances populaires,
les contes, les mythes, la poésie, les écrits
religieux et philosophiques et la pensée mystique.
Il a été représenté dans d’innombrables oeuvres
artistiques, que ce soit en tant que quintessence du monde
naturel ou en tant qu’image symbolique.
En 1911, Gustav Klimt a réalisé dans la salle à manger du
Palais Stoclet à Bruxelles une frise en mosaïque
dont le motif principal est un arbre de vie.
La représentation stylisée de l’arbre a marqué une étape
importante de l’évolution de Piet Mondrian vers la peinture
non figurative et le constructivisme. En 1982,
dans le cadre de la Documenta à Kassel, Joseph Beuys
a planté le premier de ses 7000 chênes, lançant
ainsi son action d’inspiration écologique S
tadtverwaldung statt Stadtverwaltung
(«Reboiser les villes au lieu
de les administrer»).
Quant à Giuseppe Penone, il est connu

pour ses oeuvres dans lesquelles l’arbre, qu’il
qualifie de sculpture parfaite, forme la base de ses
réflexions
sur la sculpture.

Dans GaiaMotherTree se déploient des liens intéressants
entre la version artistique d’un arbre que propose
Ernesto Neto et son pendant botanique.
Colonia, oeuvre créée par Neto peu de temps après sa première
exposition personnelle en 1988 et exposée à la Fondation Beyeler
à Bâle en parallèle à la présentation de
GaiaMotherTree, est composée de bas de nylon fins et fragiles,
remplis de lourdes et dures billes de plomb
disponibles en tant que projectiles pour armes à feu.
Dans cette oeuvre, le féminin et le masculin se
rencontrent. Soulevé, le collant fait penser à un organe masculin;
au sol, son ouverture prend la forme d’une vulve. Ces principes formels
féminin-masculin et la fusion des deux sexes apparaissent dans
plusieurs oeuvres de Neto – une correspondance frappante
avec certains arbres tels les arbres fruitiers et
les magnolias, hermaphrodites dont les fleurs portent
des étamines mâles et des carpelles femelles.
La communication entre les arbres est un autre aspect
qui établit un lien entre GaiaMotherTree et le
monde des plantes. Cette communication fait l’objet de
recherches scientifiques, entre autres à la
University of British Columbia à Vancouver.
Il a été mis en évidence que le système racinaire des arbres
formait un réseau servant à échanger du carbone,
des nutriments et des informations. Ainsi, lorsqu’un
arbre est attaqué par des parasites, il utilise le système
racinaire pour envoyer des signaux aux autres
arbres afin que ceux-ci puissent se préparer à la menace
avec des anticorps adaptés. Lorsqu’un arbre est
affaibli, les autres lui transmettent des nutriments par
leurs racines. Les arbres les plus massifs et les plus
anciens sont les plus fortement interconnectés et
portent une attention toute particulière au bien-être de la
communauté des arbres. Les scientifiques leur ont donné
un nom éloquent : mother tree (arbre mère).
Notre civilisation n’accorde pas d’action intentionnelle
aux plantes, alors qu’il s’agit là pour les Huni Kuin
d’une évidence. Leurs chamanes se définissent entre autres
par leur capacité à communiquer avec les plantes.
L’utilisation de matériaux textiles est un aspect caractéristique
de l’oeuvre d’Ernesto Neto. Utilisant des
tissus initialement synthétiques, puis de plus en plus naturels,
il crée depuis ses débuts des sculptures aux
formes biomorphes dont les surfaces se démarquent par
leur fragilité, leur élasticité et leur transparence.
Au milieu des années 1990, il introduit dans son langage
formel des épices moulues odorantes et colorées.
Les épices – tout comme les textiles – évoquent une certaine
fragilité et une notion d’éphémère. Leurs arômes s’estompent
avec le temps et elles sont facilement emportées par les flux d’air.
Malgré la vulnérabilité de ses matériaux, pour Neto l’approche
tactile et corporelle à ses oeuvres est essentielle. Il
accorde ainsi au spectateur sa confiance et une grande part
de responsabilité. Avec des espaces immersifs
comme GaiaMotherTree, il lui offre par ailleurs un moment
de bien-être. Comme le dit l’artiste: «Take off
your shoes and feel free to walk in, lie down, take a
nap, dream. »


Biographie
Ernesto Neto
Ernesto Neto est né en 1964 à Rio de Janeiro.
De 1994 à 1997, il y fréquente l’Escola de Artes Visuais do
Parque Lage et suit des cours au Museu de Arte Moderna
do Rio de Janeiro. Dès 1988, une première
exposition personnelle lui est consacrée dans sa ville
natale à la Petite Galerie. En 1996, ses oeuvres sont
présentées pour la première fois à l’étranger. Aujourd’hui,
Ernesto Neto compte parmi les artistes
contemporains les plus éminents du Brésil.
Il a participé plusieurs fois à la Biennale de Venise et
fait l’objet de nombreuses expositions dans des musées
majeurs du monde entier.
L’art d’Ernesto Neto est marqué à la fois par le néo-concrétisme
brésilien des années 1960, le minimalisme,
l’art conceptuel et l’arte povera. Spiritualité, humanisme
et écologie sont des aspects déterminants de son
travail. Depuis les années 1990, ses oeuvres se distinguent
par leurs matériaux et leurs techniques
artistiquement atypiques. Les formes biomorphes et
les matières organiques sont caractéristiques de ses
sculptures. La sensualité, la transparence et l’esprit de
communauté y jouent souvent un rôle majeur. Les
oeuvres peuvent être touchées, foulées, traversées ou mises
en mouvement, et impliquent volontiers plusieurs
sens à la fois. Outre la vue et le toucher, l’utilisation
d’épices odorantes permet à l’artiste de mobiliser aussi le
sens olfactif. Les visiteurs sont invités à se concentrer
sur leurs perceptions et à entrer pleinement en contact
avec l’oeuvre et leur environnement. Il se crée ainsi une
nouvelle forme d’interaction qui sonde et redéfinit les
frontières entre l’oeuvre et le spectateur, l’organique et
l’artificiel, mais aussi entre les sphères naturelles,
spirituelles et sociales.

Neto crédit photo felipeschwager

Depuis 2013, Ernesto Neto collabore étroitement avec
les Huni Kuin, une communauté indigène de l’Amazonie
brésilienne proche de la frontière péruvienne. Leur culture
et leurs coutumes, leur savoir et leur lien à la nature
ont bouleversé la conception artistique de Neto et en sont
devenus des composantes essentielles. Les oeuvres
qui résultent de cet échange artistique et spirituel invitent
à un temps d’arrêt et à la contemplation intérieure,
mais aussi à la discussion et à l’affrontement collectif
de thèmes tels la relation de l’homme à la nature, les
questions de durabilité ou la sauvegarde et la diffusion
des savoirs d’autres cultures.
Manifestations, évènements ouverture à
trouver ici sous Fondation Beyeler

Tsuguharu Foujita, un japonais à Paris

Jusqu’au 15 juillet 2018, le Musée Maillol à Paris,
présente une exposition consacrée à l’artiste japonais,
naturalisé français, Léonard Tsuguharu Foujita.
Plus d’une centaine d’oeuvres majeures, issues de
collections publiques et privées, retracent le caractère
exceptionnel des années folles de Foujita à Montparnasse,
entouré de ses amis Modigliani, Zadkine, Soutine,
Indenbaum, Kisling ou Pascin.
L’exposition se concentre sur la première période
parisienne de l’artiste, très productif entre 1913 et 1931.
L’exposition retrace l’histoire d’un destin unique,
celui d’un artiste évoluant entre deux cultures.
De ses prémices au Japon, en passant par son ascension
et la révélation de son oeuvre, son parcours le mènera
jusqu’à la création de ce personnage si singulier dans
le contexte parisien des années folles.

Ses thèmes récurrents – femmes, chats, natures mortes,
enfants et autoportraits – sont spécifiques du
foisonnement de sa production artistique.
Foujita traverse les grands courants modernistes sans
dévier de son schéma de recherche, respectueux de ses
racines japonaises et du classicisme des grands
maîtres occidentaux.

Ses oeuvres en appellent d’autres, celles de ses voisins
d’atelier, ses amis, admirateurs et inspirateurs, pour
un dialogue enrichissant permettant de mesurer
l’originalité et la complémentarité des artistes regroupés
sous l’appellation « École de Paris ».

Les oeuvres majeures en provenance d’institutions
et de musées remarquables et une centaine d’oeuvres
rares de quelques 45 collections privées en provenance
du Japon, des États-Unis et d’Europe, concourent à
souligner à la fois l’extraordinaire génie créateur de
Foujita et à inviter le visiteur à découvrir l’intimité
d’un artiste surprenant.

Les deux diptyques monumentaux, Combats I et II et
Compositions au lion et au chien datés de 1928,
prêts du Conseil Départemental de l’Essonne, coeur
des Années Folles et de l’exposition, démontrent la
puissance virtuose de Foujita et l’impact qu’il eut sur
son époque. Ces grands formats, confiés par Foujita
à sa femme Youki, étaient considérées par l’artiste
comme ses tableaux les plus aboutis.

L’exposition démontre le talent de l’artiste fou de
dessin qui, après son illustre prédécesseur Hokusai,
maniait le pinceau avec brio. Le trait de Foujita se révèle
d’une sureté infaillible et ses lignes d’une finesse
calligraphique exemplaire avec l’utilisation du sumi
(encre noire japonaise) autant sur le papier que pour
ses huiles. Il laisse à la couleur un rôle secondaire mais
si décisif qu’elle en sublime le trait. La délicatesse de
la gouache et de l’aquarelle emplit les formes par aplat,
pour des transparences subtiles lorsqu’il s’agit de peinture
à l’huile. Ses fonds d’or renforcent quant à eux
l’impression de préciosité et de raffinement.

Cinquante ans après la mort de Foujita en 1968,
le musée Maillol met à l’honneur l’oeuvre lumineuse
et rare du plus oriental des peintres de Montparnasse.
Le musée est ouvert de 10h30 à 18h30, tous les jours
en période d’exposition temporaire.
Nocturne le vendredi jusqu’à 20h30.
En métro : Ligne 12, station Rue du Bac
En bus : Lignes 63, 68, 69, 83, 84, 94 et 95

Les artistes robots

Jusqu’au 9 juillet au Grand Palais
Cette exposition invite tous les publics à expérimenter
des oeuvres créées par des artistes à l’aide de robots
de plus en plus intelligents. Une trentaine d’oeuvres
nous donne accès au monde virtuel immersif et interactif,
à l’expérience sensible du corps augmenté, de l’espace et
du temps bouleversés.

Dans une société de plus en plus machinisée, les artistes
s’intéressent d’autant plus aux robots que l’intelligence
artificielle est en train de bouleverser l’existence des humains
et jusqu’à la condition de l’oeuvre d’art : sa production, son
exposition, sa diffusion, sa conservation, sa réception.
À ce jeu dangereux, ils ont une longue expérience :
depuis les grottes préhistoriques, les artistes ont su jouer
de leur milieu technique. Leur travail est d’autant plus
surprenant qu’ils ont à leur service des logiciels de plus en
plus puissants, qui donnent à l’oeuvre une autonomie de
plus en plus grande, une capacité de générer des formes à
l’infini et une interactivité qui modifie le jeu en permanence.
Les oeuvres contemporaines présentées ici autour de
quelques icônes de visionnaires

(Tinguely, Schöffer, Molnar, Mohr ou Xenakis)
donnent une bonne idée des interrogations des artistes qui sont
aussi les nôtres :
qu’est-ce qu’un artiste ? Qu’est-ce qu’une oeuvre ?
Que peut bien faire un robot que ne peut pas faire artiste?
S’il est doté d’une intelligence artificielle, un robot a-t-il
de l’imagination? Qui décide : l’artiste, l’ingénieur, le robot,
la regardeuse, le regardeur, tous ensemble ? Peut-on parler
d’une oeuvre collective ?
L’exposition se déroule selon trois séquences :
1. La machine à créer
Les robots s’activent et leurs mouvements sont parfois si
drôles et si « physiques » qu’on leur prêterait volontiers
une dimension animale ou humaine, voire une « psychologie ».
Jean Tinguely, Nam June Paik, Nicolas Schöffer,
Leonel Moura,

Patrick Tresset, So Kanno et Takahiro Yamaguchi,
J. Lee Thompson, Arcangelo Sassolino.
Patrick Tresset, Human Study


2. L’oeuvre programmée
Le robot devient invisible, son programme informatique et
algorithmique intègre l’oeuvre et tout savoir-faire disparaît
au profit de la magie des formes générées à l’infini et qui
changent en fonction des mouvements du corps des
regardeuses et des regardeurs.

Manfred Mohr, Vera Molnar, Iannis Xenakis,
Demian Conrad, Raquel Kogan, Ryoji Ikeda,
Pascal Dombis,

Elias Crespin, Jacopo Baboni Schilingi, Edmond Couchot
et
Michel Bret, Miguel Chevalier, Joan Fontcuberta,
Michael Hansmeyer
et Peter Kogler.

3. Le robot s’émancipe

Le Deep Learning rend le robot de plus en plus intelligent
et actif au point qu’il peut non seulement rivaliser
avec l’humain mais l’augmenter, fusionner avec lui,
le narguer, le doubler ?

Christa Sommerer et Laurent Mignonneau,
Catherine Ikam

et Louis Fléri, Stelarc, Nicolas Darrot, Fabien Giraud et
Raphaël Siboni, Koji Fukada, Oscar Sharp, Daft Punk,
Pascal Haudressy, Memo Akten, ORLAN,
Takashi Murakami.

Des oeuvres immersives, des tableaux, des sculptures, des mobiles,
du cinéma, du design, et de la musique: toutes les créations
présentées dans cette exposition sont le fruit de collaborations
entre des artistes et des programmes robotiques inventés
et mis au service de l’art. Des programmes informatiques non
seulement intelligents, mais aussi génératifs de formes et
de figures inédites qui donnent à voir et à penser.
commissariat : Laurence Bertrand Dorléac, historienne de l’art,
Sciences Po
et Jérôme Neutres, directeur de la stratégie et du développement
à la Rmn-Grand Palais
conseil artistique : Miguel Chevalier, artiste
direction technique : Nicolas Gaudelet
scénographie et mise en lumière : Sylvie Jodar, Atelier
Jodar Architecture

graphisme : Éricand Marie

L’IMPERMANENCE , Fondation Fernet Branca

LEA BARBAZANGES, CELINE CLERON,
MARIE DENIS,
STEPHANE GUIRAN,
PHILIPPE LEPEUT

Exposition jusqu’au 30.09.18
Le concept d’impermanence désigne non seulement
ce qui ne dure pas, mais aussi que tout est en perpétuel
changement. Ce qui est impermanent peut donc prendre
des formes différentes. Ce n’est pas la finalité, l’extinction,
que l’impermanence évoque, mais bien un monde en
mutation, en évolution dans le temps. Ce mouvement
nous le retrouvons dans la nature, la flore, la faune et
le minéral et le regard que nous posons sur le monde
nous permet aussi d’appartenir à ce même élan.

Pierre-Jean SUGIER


Pour Marie Denis, « [sa] pratique se nourrit de
toutes les stimulations, les impressions vives,
irrationnelles et concrètes de la vie, qui sont pour [elle]
comme l’huître fait sa perle : un accident qui produit
un enchantement ».

Stephane Guiran explique : « ma représentation
artistique de l’impermanence a cherché à exprimer
cette perception d’une fragilité féconde. C’est ainsi que
j’ai adopté la dimension organique du métal. Que j’ai
épousé la force douce du cristal. Que je me suis plongé
dans la poésie éphémère des reflets que révèle l’eau. »

L’impermanence chez Philippe Lepeut, le site
tient dans le lien qu’entretiennent les éléments, les formes
entre elles toujours en mutation de sens et de forme.
C’est dans la référence à l’histoire de l’art, entre
Albrecht Dürer et une pierre naturelle, dans la confrontation
des éléments et des concepts, de la vision des spectateurs,
que se construit l’impermanence des choses.
A la galerie WITHoutART de Strasbourg,
8, rue Adèle Riton
67000 Strasbourg
contact@withoutartgalerie.com

Plongées puis exposées à la lumière ou d’un seul geste tracé
de bas en haut, les œuvres de Philippe Lepeut sont autant
de résultats d’expériences simples et ordonnées pour raviver
la peinture, en redistribuer les cartes.

Le parcours proposé durant l’exposition emprunte au
cabinet de curiosité et à la collection de musée, le tout à
travers des formes rafraichies, aérées, comme en suspension.
ceci jusqu’au 13 juillet 2018.
l’atelier (vidéo)
l’exposition au MAMCS
Le travail de Léa Barbazanges sur le végétal et l’animal
est d’une telle immatérialité que l’artiste nous montre
ce que la nature nous cache ou que nous ne savons pas
voir dans un changement constant. Elle nous montre
la beauté de cette transformation qui participe à notre
enchantement et notre propre construction.

Céline Cléron quant à elle, nous parle de la mort
comme d’un sujet passager pour une transformation
ludique….


Pierre-Jean SUGIER
directeur du centre d’art Fernet Branca
D’autre part le collectionneur genevois
David H.Brolliet montre sa Collection
au premier étage
David
DAVID NASH « NATURE TO NATURE »
à l’entrée de l’exposition

DAVID NASH « NATURE TO NATURE »

En ouverture de son exposition d’été la Fondation
Fernet Branca, présente des oeuvres de David Nash
jusqu’au 30.09.18


Né le 14 novembre 1945 à Esher en Angleterre,
David Nash est un sculpteur et dessinateur britannique
qui vit depuis 1967 dans la ville de Blaenau Ffestiniog
au nord du Pays de Galles. David Nash fréquente le Kingston
College of Art puis la Chelsea School of Art ou il travaille
essentiellement le bois en gardant un vif intérêt pour les
paysages et la nature qui l’entoure. Son travail est présenté
à la galerie Abbot Hall Art à Kendal au Royaume-Uni,
à la galerie Lelong de Zurich, à Sala de la Diputacion en
Espagne, à la galerie Annely Juda Fine Art de Londres et dans
les jardins botaniques royaux de Kew à Londres.

Membre de la Royal Academy depuis 1999, son oeuvre est
largement représentée dans les principaux musées d’Europe,
d’Amérique, d’Australie et du Japon. Parmi ses oeuvres les
plus célèbres, on compte Ash Dome (1977) : il plante un cercle
de frênes pour former un dôme en bois, son emplacement
est gardé secret pour en protéger l’environnement délicat.
Pour Wooden Boulder(1978), Nash dépose une large boule
de bois sur le flanc d’une montagne galloise afin qu’elle puisse
être reprise par la nature petit à petit puis par l’océan
Atlantique après de nombreuses années.

Le travail de David Nash s’appuie sur des « oeuvres vivantes »,
met en avant les changements de la nature, de l’érosion, des saisons,
« qui dépasse celui dont l’homme, en moyenne, dispose ».
Il travaille les matériaux naturels et les arbres vivants.
Il sculpte ses oeuvres avec des tronçonneuses et des chalumeaux,
transformant des arbres en formes inattendues. Chez Nash,
c’est le bois (le tronc, la branche, la souche) qui guide l’artiste.
Il lui suggère une sculpture qui évolue au cours du travail
en taille directe. « They look at me » (Ils me regardent)
dit l’artiste en parlant des matériaux qu’il a à sa disposition
et c’est de cette interpellation, confrontation, conversation que
va naître l’oeuvre. Le dessin vient après. Le bois reste son
matériau de prédilection, celui de la création première.
Mais le bronze – travaillé à partir du bois devient une façon
de réaliser des oeuvres jouant des vides du bois ou de conférer
une puissance durable et monumentale à des oeuvres fragiles.

On retrouve dans les oeuvres exposées des formes issues
de notre environnement, à plat ou en volume, à peine modifiées,
agrandies, épurées, détachées de leur usage et occupant
l’espace pour elles-mêmes. Des colonnes, des pics et des
montagnes, des torses ou des troncs… simplement, sans
ornements.
Exposition en collaboration avec Galerie Lelong & Co.,
Paris et Annely Juda Fine Art, Londres.

James Turrell. The Substance of Light

Si vous n’avez pas la possibilité d’entreprendre un long
voyage, d’aller dans les Andes en Argentine, à Colomé,
à 2 200 mètres d’altitude, où un collectionneur suisse
Donald Hess, lui a  consacré un écrin de solitude,
au coeur des vignes, baignées de soleil 350 jours par an,
(le musée est logé dans la bodega Colomé, loin des
capitales de l’art et autres centres artistiques, un
lieu désert et paradisiaque,
pour s’y rendre le périple est un vrai pèlerinage.)

Vous pouvez, plus près de chez nous, vous délecter et pénétrer dans
les oeuvres de James Turrell, au musée Frieder Burda de
Baden Baden

où une exposition lui est consacrée jusqu’au
28 octobre 2018.
L’artiste James Turrel,
travaille avec un seul et unique
média d’expression, la lumière. Son art vous enveloppe,
il n’est jamais figuratif, et ne représente rien de concret,
il met juste en avant la force immatérielle de la
lumière et l’effet qu’elle peut avoir. Une sensation de paix,
de claustrophobie, toutes sortes d’émotions, mais
aussi le silence s’installe.
James Turrel
a étudié les mathématiques, dans son art
pas d’objet, rien de figuratif, rien que de la lumière.
Ses installations ont pour but de nous faire vivre des expériences
sensorielles, la lumière remplit l’espace et le transforme,
ses installations se vivent, elles provoquent des émotions
qui vont bien au-delà de la simple observation.

James Turrell, Raethro Green, 1968

Une expérience magique attend celui qui s’immerge
dans les espaces lumineux de James Turrell :
la lumière colorée et changeante y rend l’espace infini.
Né en 1943 à Los Angeles, Turrell se passionna très tôt
pour le vol et il nomme le ciel son atelier, son matériau
et sa toile. Dans les années 1960, marqué par l’Art minimal
et le Land Art, il utilise diverses techniques qui donnent
une présence physique à la lumière immatérielle.
L’exposition « The Substance of Light » du
Musée Frieder Burda a été conçue en étroite collaboration
avec lui. Depuis plus de cinq décennies, Turrell réunit dans
son travail la pensée conceptuelle à la science, la technologie
et la spiritualité en une forme d’art unique.
L’oeuvre se créée dans la perception du spectateur,
laquelle se trouve aiguisée au point qu’il puisse,
comme le dit Turrell, « voir sa propre vision ».

C’est ce que l’on réalise dès le début de l’exposition en entrant
dans l’immense espace lumineux Apani ; une oeuvre qui fit
fureur dès 2011 à la Biennale de Venise. Turrell donne
le nom de Ganzfeld à ces installations qui font pénétrer le
visiteur dans un espace à la fréquence lumineuse composée
spécifiquement, et qui semble dénué de frontières.
Un phénomène paradoxal se déclenche alors : l’attention se
déplace de l’extérieur vers l’intérieur, et engendre une
observation méditative. « D’une certaine manière »,
explique l’artiste, la lumière réunit l’univers spirituel et le
monde physique éphémère ». La proximité de Turrell avec
la peinture se manifeste dans l’une de ses installations
intitulée Wedgework dans laquelle des projections donnent
naissance à des murs et barrières de lumière colorée.
Si elles suggèrent la profondeur, elles rappellent aussi les
toiles monochromes du Colorfield Painting.

Le projet le plus ambitieux de Turrell, Roden Crater,
est présenté ici également : lors d’un vol en avion, l’artiste
découvre dans les années 1970 un volcan éteint dans
le désert de l’Arizona et il le transformera désormais
en une sorte d’observatoire astronomique. Le système de
salles souterraines, puits de mine et galeries ressemble à
un temple uniquement consacré à la lumière.

Une sélection de maquettes et de photographies ainsi
qu’un film documentaire permettent de donner une idée
de la plus grande oeuvre d’art existante sur notre planète.
La mezzanine abrite des maquettes des installations de
Turrell : cette partie de l’exposition est consacrée aux
Skyspaces des pièces aux proportions spécifiques dont
les plafonds présentent des ouvertures par lesquelles
on peut regarder le ciel comme s’il s’agissait d’un tableau
vivant. À l’étage supérieur, c’est une série de travaux
sur la lumière de dimensions plus modestes que l’on peut
voir, comme les Shallow Spaces Constructions,
qui font apparaître des cadres lumineux devant un mur ou
dans un espace de lumière, ainsi que l’une  ses
Projection Pieces. Un projecteur fait flotter dans un coin
de la pièce un cube phosphorescent. Dans le cabinet, on peut
découvrir des travaux de la Hologram Serie, montrés au
public pour la première fois.
Au sous-sol enfin, une oeuvre nouvelle créée pour le
Musée Frieder Burda attend le visiteur :
Accretion Disk fait partie des Curved Wide Glass Series,
dont les objets voient leur couleur se transformer au fil
des heures. L’aspect cosmique de l’art de James Turrell
est ici perceptible : en astrophysique, un disque d’accrétion
est un disque composé de gaz ou de poussière interstellaire
évoluant autour d’une étoile nouvellement née.
Museum Frieder Burda
• Lichtentaler Allee 8b • 76530 Baden-Baden
Telefon +49 (0)7221 39898-0
• www.museum-frieder-burda.de

Art Basel 2018

Mon bilan 2018
Cette 49 ème édition de Art Basel , explore le
thème de la migration , des humains traités comme des
marchandises mais aussi celui de la mondialisation et des
échanges économiques globalisés.
Die Kiesgruben von Basel

Pour les galeries :
Véronique Arnold à la galerie Stampa, Empreinte de corps
A la Galerie Shangh Art Xu Zhen

 
Art Basel Unlimited
L’installation de Daniel Buren et Ibrahim Mahama
 

Sam Gilliam

un tournesol en petits obus

Un notaire Paul Ramirez Jonas

un pénétrable Carloz Cruz Diez

Blue Sky Katherine Bernhardt

Lara FavarettoJenny Holzer
Yoko Ono Mend Pieces

Yu Hong
Ai Wei Wei Tiger, Tiger Tiger
Arman FleursLee Ufan
Rashid Johnson et le directeur mondial Marc Spiegler
Wolfgang Laib
Alfredo Jaar
José Yaque
Dam Graham et Cerith Wyn Evans