Jusqu’au 21 janvier 2019 au Grand Palais L’exposition semble un peu sombre lorsqu’on y pénètre,
mais c’est pour mieux révéler les splendides toiles vénitiennes
que l’on peut découvrir au long du parcours. Si on a de la
chance, des musiciens du conservatoire vous accompagnent
en musique.
Héritière d’une tradition multiséculaire, la civilisation
vénitienne brille de tous ses feux à l’aube du XVIIIe siècle,
dans le domaine des arts plastiques autant que dans ceux
des arts décoratifs, de la musique et de l’opéra. Francesco Guardi
Grâce à la présence de très grands talents, parmi lesquels,
pour ne citer qu’eux, les peintres Piazzetta et Giambattista Tiepolo,
le vedutiste Canaletto, les sculpteurs Corradini et Brustolon, Venise cultive un luxe et une esthétique singuliers.
La musique y vit intensément à travers les créations de
compositeurs comme Porpora, Hasse, Vivaldi, servies par
des chanteurs de renommée internationale comme le castrat Farinelli ou la soprano Faustina Bordoni. Farinelli
Au sein des « Ospedali » les jeunes filles orphelines ou pauvres
reçoivent une éducation musicale approfondie et leur virtuosité
les rend célèbres dans toute l’Europe.
Dans la cité, pendant le Carnaval, le théâtre et la farce sont
omniprésents, la passion du jeu se donne libre cours au
« Ridotto » . Francesco Guardi
La renommée internationale des peintres et sculpteurs vénitiens
est telle qu’ils sont invités par de nombreux mécènes
européens. La portraitiste Rosalba Carriera, Pellegrini,
Marco et Sebastiano Ricci, Canaletto, Bellotto, voyagent
en Angleterre, France, dans les pays germaniques et en Espagne
où ils introduisent un style dynamique et coloré qui prend
la forme de la rocaille en France, du Rococo dans les pays
germaniques et contribuent à former de nouvelles générations
de créateurs. L’immense chef d’œuvre de Giambattista Tiepolo,
la voute de l’escalier d’honneur de la Résidence de Wurzbourg
est exécuté entre 1750 et 1753.
Cependant la situation politique et économique de Venise
devient de plus en plus fragile et un essoufflement se fait
sentir à partir de 1760 même si la Sérénissime demeure la
destination privilégiée des voyageurs du grand tour qui constitue
une clientèle attitrée pour les « Vedute » de Canaletto,
Marieschi et Francesco Guardi. Pietro Longhi
Tout au long du XVIIIe siècle, le mythe de Venise, cité unique
par son histoire, son architecture, son mode de vie, sa vitalité festive,
se développe peu à peu. De grands peintres s’expriment encore,
dans la ville elle -même et sur la terre ferme. Canaletto
Avec Giandomenico Tiepolo et Pietro Longhi, la peinture
incline progressivement vers la représentation plaisante d’un
quotidien vivant, coloré, sonore, peuplé d’étranges figures masquées.
Le carnaval bat son plein et Goldoni restitue par le théâtre
sous forme comique, les travers et les contradictions de la société
contemporaine. De plus en plus, derrière les fastes des cérémonies publiques, l’organisation oligarchique de l’Etat et l’économie se sclérosent
dangereusement. L’intervention de Napoléon Bonaparte
provoque la chute de la République en 1797.
L’exposition est un hommage à cette page d’histoire artistique
de la Serenissima, en tout point remarquable, par le choix des
peintures, sculptures, dessins et objets les plus significatifs
ainsi que par la présence de comédiens et musiciens se produisant
in situ. Marionette Brighella
Un pas de côté! Macha Makeïeff a imaginé des espaces à la fois pour un récit
vivant de cette Venise éclatante mais aussi pour une traversée
de sensations et d’étonnements : échos de musique, de danse et
de scène, rendez-vous nocturnes réguliers pour un public désireux
de remonter le temps dans la lagune (programme détaillé à venir). Week-end à Venise avec Macha Makeïeff podcast France culture Antonio Corradini, Allégorie de la Foi
Avec la complicité du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, des théâtres Gérard Philipe à Saint-Denis et de La Criée à Marseille, et du Pavillon Bosio, école supérieure d’Arts plastiques de la Ville de Monaco, qui se prêtent au jeu des mélanges heureux. Podcast L’art est la matière France culture Venise l’Insolente Arte
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Jusqu’au 27 janvier 2019 au Musée du Luxembourg 19, rue Vaugirard, 75006 Paris Alphonse Mucha (1860-1939) est un artiste à la fois célèbre
et méconnu. Célèbre pour avoir parfois donné son nom à
l’Art nouveau, dont il fut sans doute le représentant le plus
populaire. Méconnu pour son immense ambition de peintre voué
à la cause nationale de son pays d’origine, qui ne s’appelait pas
encore la Tchéquie, et des peuples slaves.
L’exposition du Musée du Luxembourg, la première consacrée à
l’artiste dans la capitale depuis la rétrospective du Grand Palais
en 1980, se propose donc de redécouvrir le premier Mucha et de
découvrir le second, de redonner à cet artiste prolifique toute sa
complexité artistique, politique et spirituelle.
Né en 1860 en Moravie, Mucha arrive à Paris en 1887 et
commence une carrière d’illustrateur. Alphonse Mucha reste indissociable de l’image du Paris 1900
En décembre 1894, c’est sa rencontre avec la grande tragédienne,
Sarah Bernhardt, qui lance sa carrière d’affichiste. Il réalise pour
elle l’affiche de Gismonda, une pièce de Victorien Sardou,
première d’une longue série d’affiches publicitaires, ou simplement
décoratives, variant à l’infini un répertoire de figures féminines
entremêlées de fleurs et de volutes graphiques, qui lui apporteront
une immense notoriété et l’amitié d’artistes comme Gauguin ou
Rodin. Il est parallèlement sollicité pour des travaux de décoration,
par le joaillier Georges Fouquet, ou d’illustration pour des livres.
Mais dès 1900 et à l’occasion de l’Exposition universelle,
il entreprend de concevoir un projet qui dépeint l’histoire et la
civilisation du peuple tchèque et des peuples slaves.
On passe d’un artiste décoratif, à un artiste spirituel et politique.
Au travers de toutes ces œuvres, c’est la figure d’un homme
qui se dessine, mystique et visionnaire, animé d’une véritable
pensée politique, à l’heure du renouveau national tchèque et
de l’éclatement de l’Empire austro-hongrois.
Tout le travail préparatoire pour L’Épopée slave qui l’occupe
entre 1911 et 1928 témoigne de son attachement à son pays
natal et de son rêve d’unité entre les peuples slaves.
Au-delà du maître de l’Art nouveau, c’est donc l’œuvre
foisonnante et la personnalité singulière de cet artiste
que l’exposition entend révéler aux visiteurs.
Cette entreprise, teintée d’une philosophie humaniste,
franc-maçonne, va l’occuper les trente dernières années
de sa carrière et le conduire à peindre des toiles gigantesques,
pour lesquelles il produit une abondante quantité d’études
préparatoires au dessin virtuose.
Cette rétrospective montre donc non seulement les affiches qui
ont fait sa gloire, mais aussi ses merveilleuses planches d’illustrateur,
ses peintures, ses photographies, bijoux, sculptures, pastels
qui permettent aux visiteurs de découvrir toute la diversité
de son art.
commissaire : Tomoko Sato, conservateur de la Fondation Mucha,
Prague
Mondes intérieurs Donation Betty et Hartmut Raguse-Stauffer
Jusqu’au 6 janvier 2019,
au Kunstmuseum Basel | Hauptbau, entresol Hartmut Raguse-Stauffer et la commisaire Anita Haldemann
Depuis 2014, le Kupferstichkabinett du Kunstmuseum Basel
a accepté environ 300 oeuvressur papier des domaines de l’expressionnisme et de l’art contemporain pour l’essentiel,
dans le cadre d’une généreuse donation de Betty et Hartmut Raguse-Stauffer.
Une sélection de ces oeuvres est présentée pour la première fois
au public.
La donation de Betty et Hartmut Raguse-Stauffer
reflète une remarquable activité de collectionneur longue
de quarante ans. Emil Nolde
Celle-ci témoigne non seulement d’un attachement
inconditionnel à l’art, d’une expertise confirmée et d’une
intuition fine pour la qualité, mais elle est aussi l’expression
de la relation profonde entre deux individus qui ont mené
une existence commune durant de longues années. Donation Betty et Hartmut Raguse-Stauffer s’attache
à honorer l’engagement généreux de ce couple de collectionneurs
et rend hommage à Betty Raguse-Stauffer disparue en 2015. Betty et Hartmut Raguse-Stauffer acquièrent leur première oeuvre – un dessin de A.R. Penck –
à l’occasion de leur mariage en 1976. A.R. Penck Ohne Titel, ca. 1970 Aquarell Blatt: 29.5 x 21 cm Kunstmuseum Basel / Geschenk Betty und Hartmut Raguse-Stauffer
L’année suivante, l’acquisition d’une eau-forte d’Emil Nolde marque
l’entrée d’une seconde oeuvre dans la collection qui sera suivie
d’autres, nombreuses. Dès les premières années, les deux intérêts
principaux des collectionneurs se profilent : ils montrent un attachement
pour les artistes expressionnistes, en particulier Emil Nolde, qui comme Hartmut Raguse est originaire du Nord de l’Allemagne ; Emil Nolde, Paysage 1942
d’autre part, ils suivent les développements de l’art contemporain
et se passionnent pour des artistes figuratifs tels que A.R. Penck,
Jonathan Borowski, Marlene Dumas et Rosemarie Trockel. Jonathan Borofzsky, 1942
Le couple de collectionneurs apprécie également les artistes suisses
des années 1980 comme Silvia Bächli, Miriam Cahn et Josef Felix Müller dont il fait donation à
l’Aargauer Kunsthaus d’Aarau où nombre d’entre elles furent
présentées dans l’exposition Wild Thing à l’hiver 2017-2018. Betty et Hartmut Raguse ne s’attachaient pas à collectionner
certains artistes ou courants artistiques en particulier. En revanche,
ils accordaient de l’importance à l’oeuvre elle-même et au motif
qui reflétait leurs sensibilités et intérêts : les expériences humaines
existentielles telles que l’amour et la mort, la religion et la
spiritualité, ainsi que la musique. Jonathan Borofzky
Dans le choix des feuilles transparaissent la profession de Hartmut Raguse, théologien et psychanalyste, mais aussi
sa passion pour la musique, de même que le métier de sa femme,
psychanalyste. Le lien émotionnel avec une oeuvre, sa force
expressive et le contexte de la collection ont toujours
constitué des fils conducteurs. Helmut Middendorf Sensenmann, 1987 Aquarell
Grâce à leur enthousiasme et ténacité, Betty et Hartmut Raguse-Stauffer ont acquis une
impressionnante collection au long des années. Depuis 2014, le Kupferstichkabinett
du Kunstmuseum Basel a bénéficié d’une donation
de 126 dessins, 157 gravures, 9 livres et 18 photographies
provenant de cette collection.
Dans cette exposition le Kunstmuseum présente une sélection
d’environ 70 dessins et aquarelles issus de ce fonds abondant
et varié.
Commissaires : Anita Haldemann, Ariane Mensger
Horaires d’ouverture
Hauptbau & Neubau
Lundi fermé Ma 10.00–18.00
Me 10.00–20.00 – Je–Di 10.00–18.00
A partir de la gare CFF (Bahnhof SBB)
Tram n°2 en direction de «Eglisee/Badischer Bahnhof»,
descendre à l’arrêt «Kunstmuseum» (environ 4 min.)
Le tigre le plus célèbre du Japon – et, avec lui,
un temple tout entier – est l’hôte exclusif du Musée Rietberg à Zurichpendant huit semaines. Jusqu’au4 novembre 2018 Muryoji_tiger Tigre Nagasawa Rosetsu (1754-1799). Détail d’une série de six panneaux coulissants; encre sur papier,
En 1786, au cours d’une seule et même nuit, l’artiste japonais Nagasawa Rosetsu (1754–1799)aurait peint ce tigre
monumental et son pendant – un dragon – sur les
panneaux coulissants du temple Muryōji à Kushimonto, préfecture
de Wakayama.
Les remarquables peintures murales du temple ainsi que
d’autres chefs-d’oeuvre tout aussi époustouflants de Rosetsu sont,
pour la première fois, présentées hors du Japon.
L’exposition «ROSETSU – D’un pinceau impétueux» donne un
aperçu du travail fascinant de cet artiste japonais peu conventionnel. Nagasawa Rosetsu, considéré comme l’un des artistes les plus
excentriques et novateurs du début de l’art moderne nippon, a réalisé
au cours de sa courte carrière de très nombreuses peintures qui
restent mémorables en raison de leur caractère visionnaire.
Les oeuvres originales de Rosetsu, visuellement fascinantes et
hautement fantasques, échappent à toute classification. Il a su effectuer simultanément différentes techniques picturales
dans une variété de formats et changer fréquemment de style de
peinture au cours de sa courte carrière. Rosetsu a peint des
images remplies de dynamisme et d’humour à coups de pinceaux
virtuoses ou de ses doigts nus, mais aussi des compositions délicates
et élégantes tracées au pinceau fin trempé dans des pigments de
couleurs vives.
La sélection des oeuvres proposées offre une vue d’ensemble sur
ses motifs préférés et sur le large éventail de son répertoire
stylistique et formel. Les tableaux, quelques fois extraordinairement
réalistes, d’autres fois étonnamment modernes et presque abstraits,
mettent en lumière sa biographie entourée de légendes et son lien
avec le bouddhisme zen.
L’exposition nous emmène dans un voyage sur les traces de Rosetsu à travers un Japon pré-moderne, jusqu’ici peu
connu, et qui reste étonnamment proche de notre époque.
L’exposition au Musée Rietberg comprend près de 60 travaux issus de multiples temples et de musées renommés
au Japon, en Allemagne et aux États-Unis. Un grand nombre
des pièces exposées sont enregistrées en tant que «biens culturels importants» [patrimoine culturel du
Japon] ou «oeuvres majeures»
[trésors nationaux du Japon]. Outre des peintures d’oiseaux et de fleurs riches en détails et
hautes en couleurs, ou encore des portraits de dames distinguées
dessinées sur des rouleaux suspendus (kakejiku) ou des
rouleaux horizontaux (makimono), le public peut admirer des
scènes panoramiques peintes sur des panneaux et des paravents
représentant des paysages fantastiques, des sages à l’air renfrogné,
ou encore des scènes de la vie quotidienne.
Grâce à la composition iconographique peu conventionnelle
des peintures de Rosetsu et ses coups de pinceaux dynamiques,
les motifs traditionnels de la peinture asiatique connaissent une
interprétation nouvelle qui ne cesse de surprendre, divertir et
fasciner le spectateur.
Lorsqu’il peint avec les doigts ou travaillait au moyen de pinceaux
émoussés, Rosetsu est un artiste impétueux et excentrique.
Mais lorsqu’il représente des chiots, des singes ou des enfants,
c’est avec délicatesse qu’il applique l’encre de Chine sur
le papier à l’aide de son pinceau fin, avec grande précision et
une attention aux moindres détails.
Au coeur de cet événement, on retrouve les 48 panneaux peints – dont le tigre et le dragon – ainsi que des rouleaux
suspendus que Rosetsu a réalisé en 1786 pour la résidence
de l’abbé de Muryōji, un temple Zen de Kushimoto (préfecture de Wakayama). Ils n’ont, jusqu’à présent, jamais été vus ailleurs dans leur
intégralité. À Zurich, ils sont mis en scène dans une reconstruction
du temple et offrent au public une expérience unique ainsi que la
possibilité de profiter de la peinture dans son contexte architectural
d’origine.
Les peintures murales du temple Muryōji sont accompagnées
de nombreuses oeuvres exceptionnelles:
toutes ces images peintes sur des paravents, des rouleaux
suspendus (kakejiku), des rouleaux horizontaux
(makimono), des albums et des éventails illustrent de façon
impressionnante la carrière productive et variée de Rosetsu.
Le sens de l’humour unique de Rosetsu et ses compositions
avant-gardistes nous montrent un autre aspect, encore inconnu,
de la peinture japonaise en particulier, et de la culture japonaise
du XVIIIe siècle en général.
Pour des raisons de conservation, l’exposition dure deux mois.
Certaines pièces exposées seront échangées avec d’autres au bout
de quatre semaines.Issu d’une lignée de Samouraï, Rosetsu a suscité l’attention de
son vivant. De part sa personnalité débridée et son talent
extraordinaire, il a fait sensation dans les cercles artistiques
de la capitale impériale de Kyoto et des régions environnantes
de l’ouest du Japon. Reconnu depuis longtemps comme
l’un des disciples les plus talentueux du célèbre peintre influent
Kyoto, Maruyama Ōkyo (1733-1795), le nom de Rosetsu est
étroitement associé à la «généalogie des excentriques» parmi
lesquels on retrouve des artistes plus anciens tels que Itō Jakuchū et Soga Shōhaku. Commissaires de l’exposition Dr. Khanh Trinh, conservatrice du département d’art japonais et
coréen au Musée Rietberg à Zurich Dr. Matthew Mc Kelway, Professeur d’histoire de l’art japonais
à Université Columbia de New York et directeur du Centre d’art
japonais Mary Griggs Burke Catalogue de l’exposition
Dans le cadre de l’exposition, un catalogue est à paraître aux
Éditions Prestel, en allemand et en anglais,
avec des essais scientifiques et des textes sur toutes les pièces
exposées, ainsi que des illustrations en couleurs de tous les objets.
Le catalogue présente les recherches les plus récentes;
c’est, en outre, la première publication la plus complète sur Nagasawa Rosetsu en langues occidentales.
Visites guidées privées et publiques, ainsi que des ateliers à l’attention des groupes scolaires, sont adossées à l’exposition et
complétées par un riche programme de manifestations.
Cette exposition est réalisée en coopération avec l’Agence pour
les affaires culturelles du gouvernement japonais (Bunkachō)
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Jusqu’ 30 septembre 2018, au Kunstmuseum Basel | Neubau
Commissaires : Jonathan Binstock, Josef Helfenstein
Avec The Music of Color, le Kunstmuseum Basel organise
la première exposition individuelle et institutionnelle en Europe
consacrée à l’artiste Sam Gilliam (né en 1933). L’équipe
curatoriale internationale propose d’apporter un éclairage sur
les années 1967–1973, soit la période de création la plus radicale
de l’artiste américain qui fut le premier Afro-Américain à représenter les États-Unis à la Biennale de Venise.
Sam Gilliam
Une sélection resserrée de 45 oeuvres provenant de collections
particulières et publiques du monde entier offre aux visiteurs un
aperçu de l’oeuvre singulière de ce peintre influent pourtant inconnu
en Europe et permet, dans le même temps, d’aborder l’histoire de la
peinture abstraite dans les années 1960 et 1970 sous un angle nouveau.
À travers ses oeuvres souvent monumentales et dotées de couleurs
vives, Sam Gilliam ouvre un débat artistique et théorique en
interrogeant la séparation communément admise entre peinture,
sculpture et architecture. Pour l’exposition bâloise, l’artiste a repensé
certains de ses travaux afin de répondre aux particularités
architecturales du Neubau.
Sam Gilliam
Lorsqu’il emménage à Washington D.C. en 1962, Gilliam se
rapproche de la color field painting, raison pour laquelle les
historiens de l’art l’associent souvent à la Washington Color School.
Cependant, Gilliam ne tarde pas à délaisser la voie tracée par
Mark Rothko, Louis Morris et Kenneth Noland pour affirmer son
indépendance. Deux ensembles d’oeuvres majeurs – les Slices (ou beveled-edge paintings) et
les Drapes (ou Drape paintings) – permettent de saisir la
diversité de sa pratique artistique et le caractère novateur
de ses travaux réalisés entre 1967 et 1973.
Sam Gilliam, Lady Day
En 1967, Gilliam commence à réaliser les beveled-edge paintings.
Sa technique consiste à verser de la peinture acrylique largement
diluée sur la toile non apprêtée, puis à la plier et à la froisser tandis
que la peinture est encore fraîche. Il tend ensuite la toile sur un
châssis incliné qui confère à l’oeuvre des qualités spatiales semblables
à celles d’un objet. Malgré leurs dimensions considérables, les
oeuvres paraissent flotter à quelques centimètres du mur.
Les slices of color – motifs et lignes aléatoires résultant du
séchage – forment des textures contingentes. L’application gestuelle
de la couleur renvoie au processus pictural et à la matérialité de la
toile et de la peinture, non au peintre lui-même.
Ce faisant, Gilliam prend le contre-pied des représentants du
Minimal Art et du Pop Art qui se prononcent alors contre le geste
expressif de l’expressionnisme abstrait. Gilliamréalise sa performance artistique la plus radicale
avec les Drapes qu’il débute en 1968. Il continue à employer
de la peinture acrylique largement diluée et des toiles non apprêtées,
mais il renonce au châssis. Présentant des formes et des formats
les plus divers, les Drapes semblent onduler dans l’espace, glisser
sur les murs et s’apparenter aux angles d’une salle, à des rideaux,
des vêtements ou bien des voiles de bateaux. Gilliam parvient ainsi
à maîtriser le champ d’action de ses peintures, à jouer avec le
plafond, le sol et les murs de l’espace d’exposition et à proposer
aux visiteurs de nouvelles expériences esthétiques. Ainsi libérés, les Drapes se renouvèlent sans cesse et enveloppent l’espace
d’exposition de manière performative. En jouant avec des éléments
figuratifs, certains Drapes présentent des caractéristiques florales
ou anthropomorphes. The Music of Color aborde également la dimension politique
et historique de l’oeuvre de Gilliam. Même s’il est rare que l’artiste
s’exprime personnellement sur la politique, l’exposition présente
des travaux des séries Martin Luther King et Jail Jungle qui
font écho aux émeutes raciales de 1968. De plus, l’oeuvre intitulée Composed (formerly) Dark as I am (1968–1974) aborde,
non sans ironie, la polarisation du débat autour du Black Art et
le rôle des artistes noirs dans la peinture abstraite dans les
États-Unis des années 1960 et 1970.
Pour la première fois, l’oeuvre Rondo (1971) est présentée dans
l’exposition. Grâce au soutien du Arnold Rüdlinger-Fonds de la Freiwillige Akademische Gesellschaft pour la collection
du Kunstmuseum Basel, cette oeuvre a pu être acquise
en 2017. Des prêts d’exception provenant de collections
particulières et publiques du monde entier, dont celles du
Museum of Modern Art (New York), du Metropolitan Museum
of Art (New York) et du Smithsonian American Art Museum
(Washington DC), viennent compléter l’exposition. Dans le cadre de l’exposition, la publication The Music of Color, Sam Gilliam 1967–1973 paraît aux éditions
Buchhandlung Walther König avec des contributions de
Josef Helfenstein, Jonathan Binstock, Sam Gilliam,
Rashid Johnson et Lynette Yiadom Boakye.
une partie des photos crédit du Kunstmuseum
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L’exposition réunit 40 tableaux clé de toutes les phases
de sa carrière, des années 1920 aux années 1990.
À travers cette sélection, c’est pour ainsi dire la quintessence de
l’oeuvre de Balthus que découvre le visiteur, fruit d’une
carrière très longue qui n’aura pourtant produit que quelque 350 travaux. Vidéo
Tout d’abord je vous propose d’écouter les 2 vidéos que j’ai
enregistrées, à la conférence de presse où Madame Setsuko Balthus (14 mn50) raconte avec bonheur et humour, Balthus, son travail, leur rencontre. (7mn46)
Michiko Kono, Madame Setsuko Balthus, Sam Keller, Dr Raphaël Bouvier,
D’ascendance polonaise par son père, Erich Klossowski, historien d’art,
peintre et décorateur de théâtre, et russe par sa mère
Baladine Klossowska (mais tous deux ressortissants prussiens), Balthasar Klossowski naît à Paris, un 29 février 1908 à Paris.
Sa famille, du fait de ses origines, se réfugie en Suisse lors de la
Première Guerre mondiale. Ses parents se séparent peu après et Balthus passe son enfance avec son frère Pierre dans la région
de Genève, près de leur mère et bientôt de Rilke.
Balthus, le Roi des Chats -1935
A l’âge de 11 ans, le garçon publie son premier livre de dessins, Mitsou, sous l’impulsion de ce mentor, lorsqu’il a quatorze ans.
Il signe le recueil du surnom de « Baltusz » avec des textes de Rainer
Maria Rilke. C’est l’histoire d’un chat, le décor de sa vie de peintre
est planté. Balthus n’aime pas parler peinture, il dit « je suis un peintre dont on ne sait rien, mais regardons mes peintures« .
Dans un geste modeste, il se dit artisan et non artiste, tout en adoptant
la posture et le statut de l’aristocrate intellectuel cultivant des
liens étroits avec de grands philosophes, écrivains, gens de théâtre
et cinéastes de son temps. C’est un peintre de la figuration.
Sa longue vie, qui a coïncidé avec la quasi-totalité
du 20ème siècle, a ainsi oscillé constamment entre ascèse
et mondanité.
Madeleine Malraux dit de lui : « sa peinture est douce, comme la musique de Mozart », musicien préféré du peintre.
Il n’aime pas l’abstraction.
Suivons Jean Clair dans son analyse
Admirateur des peintres de la Renaissance, il réalise des copies
au Louvre de Poussin, Courbet Cézanne, Füssli.
Il est instruit par Bonnard, Derain lui prête son atelier où il
commence La Rue.
Ses amis sont Matisse, Picasso et Giacometti
A Florence il copie les maîtres italiens, Piero della Francesca,
Masaccio, Giotto. En examinant attentivement ses peintures
on y retrouve les compositions géométriques, dans la Rue,
1933, il réalise
des emprunts spécifiques, comme les couvre-chefs, des détails,
comme la diagonale de la croix, qu’il transpose dans le monde
contemporain. Les visages sortis des toiles de la Renaissance,
mais aussi empruntés aux bandes dessinées des contes pour enfants
germaniques.(StruwelPeter). Il y a confusion très savante d’une
mémoire érudite de la grande peinture et de son enfance.
Balthus la Rue 1933
L’oeuvre majeure Passage du Commerce-Saint-André
(1952–1954),
qui se trouve à la Fondation Beyeler depuis de nombreuses
années en tant que prêt permanent d’une importante collection
privée suisse, qui a été précédé par la Rue, est une scène avec
un arrière fond historique. C’est ici que la guillotine a pour la
première fait une victime un agneau.
Puis on y voit la clé d’or, il y fait un mélange historique, onirique,
avec l’histoire et les récits de son enfance.
Balthus Passage du Commerce St André 1952 – 54
Les personnages sont figés comme sur une scène de théâtre,
le chien a une tête d’agneau ébouriffé. Le tableau condense de manière
particulièrement forte le souci intense du peintre de rendre visibles
les dimensions de l’espace et du temps et de révéler leur rapport
avec les figures et les objets – aspects fondamentaux de son art.
Artiste méticuleux – certains tableaux nécessitant plusieurs années
pour être achevés et après de nombreuses études préparatoires -, Balthus est resté célèbre pour ses tableaux de jeunes filles nubiles,
souvent peintes dans des poses ambiguës, jouant sur l’idée
de l’innocence perdue à l’adolescence.
Balthus Thérèse rêvant (1938)
« Je vois les adolescentes comme un symbole. Je ne pourrai jamais peindre une femme.
La beauté de l’adolescente est plus intéressante. L’adolescente incarne l’avenir, l’être avant qu’il ne se
transforme en beauté parfaite. Une femme a déjà trouvé
sa place dans le monde, une adolescente, non.
Le corps d’une femme est déjà complet. Le mystère a disparu. » L’artiste de la contradiction et du trouble, dont les oeuvres à la fois
sereines et fébriles font se rencontrer des contraires qui mêlent de
manière unique la réalité et le rêve, l’érotisme et la candeur,
l’objectivité et le mystère, le familier et l’étrange. Dans ce jeu de contrastes, Balthus combine des motifs de la tradition artistique à des éléments
empruntés aux illustrations populaires de livres pour enfants
du 19ème siècle. Ses tableaux sont empreints d’ironie tant
implicite qu’explicite, réfléchissant et s’interrogeant par là
sur les possibilités et les impossibilités figuratives et esthétiques
de l’art du 20ème siècle. Un portrait de femme adulte, dont il était éperdument amoureux,
la Bernoise Antoinette de Watteville qui lui opposait un refus,
mais qu’il a fini par épouser en première noce
et dont il s’est séparé, a donné le magnifique toile : la Jupe Blanche 1937.
Balthus la Jupe Blanche 1937
Le Chat au miroir III, 1989–1994
Le chat et le miroir – deux motifs qui scandent toute son
oeuvre – se trouvent réunis dans Le Chat au miroir III. Balthus n’a jamais renoncé à la peinture et a continué
de réaliser, jusqu’à un âge avancé, des tableaux
qui, avec leurs couleurs saturées, leurs étoffes tantôt
lourdes tantôt délicates et leurs motifs caractéristiques,
témoignent toujours aussi fortement de sa maestria.
Vêtue d’un costume d’un autre temps, la jeune fille est
assise sur un sofa recouvert de draps et de coussins.
Cette fois-ci, le miroir est tenu à la hauteur d’un chat,
mais ce dernier ne semble pas y prêter attention et
d’ailleurs, rien ne s’y reflète. La Chambre turque, 1965/66 La Chambre turque fut peinte dans les années 1960,
alors que Balthus était directeur de l’Académie de France à Rome, installée dans la Villa Médicis. Le tableau
surprend par sa riche ornementation aux réminiscences
orientales. Telle une odalisque étendue sur un divan de
la fameuse « chambre turque » de la Villa, une femme
gracile se prélasse en robe de chambre et se regarde dans
un miroir. Mais s’y contemple-t-elle vraiment ? La seconde femme de Balthus, la peintre japonaise Setsuko Ideta, sert de modèle pour ce tableau, dans
la pose traditionnelle de Vénus. La surface mate de
La Chambre turque – due à l’emploi de caséine et de
tempéra – rappelle beaucoup la peinture à fresque de
la Renaissance, que Balthus a pu étudier durant ses
nombreux séjours en Italie. En consacrant le plus clair
de son temps à la restauration du vieux palais romain
décati, Balthus a développé un goût prononcé pour
l’ornement. Les dallages opulents, les étoffes très
colorées aux motifs sophistiqués sont caractéristiques
de son oeuvre tardive.
Balthus la Chambre Turque 1965/66
Elle a raconté sa rencontre avec Balthus lors d’une visite à la Villa Medicis,
à l’âge de 20 ans, en temps qu’étudiante en art. Balthus lui a fait croire
qu’il avait 40 ans alors qu’il en avait 50 ans.
Elle conclue, que pour elle à ce moment là, elle n’y voyait pas de
différence !
Tous les dimanches, de 13 à 14 h
Lors de la visite de l’exposition, le musée recueille toutes vos questions
sur l’artiste et son oeuvre pour en débattre ensuite avec vous
directement devant les tableaux. « Balthus im Gespräch » : gratuit
Dans le Jardin d’hiver qui borde la salle 7, vous trouverez un
mur sur lequel apposer vos propres commentaires sur l’exposition.
Partagez votre avis sur Balthus avec nous !
Programme lié à l’exposition à consulter sur le site de la Fondation A noter le mercredi 31 octobre à 18 h 30 en français Robert Kopp , professeur émérite de littérature française moderne à l’Université de Bâle Balthus entre Rilke Artaud et Jouve. Balthus peintre de la lenteur (l’art est la matière- France culture)
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« Je peins la lumière qui vient de tous les corps » Egon Schiele.
Le musée Léopold de Vienne consacre une rétrospective à Egon Schiele, pour commérer le centenaire de son décès.
Naissance le 12 juin 1890 , à Tulln an der Donau près de Vienne,
et mort le 31 octobre 1918 à Vienne. Avec plus de 40 peintures et environ 180 œuvres sur papier,
le musée Léopold montre la plus grande et la plus importante
collection d’œuvres d’Egon Schiele dans le monde.
Lorsque Egon Schiele mourut en 1918, à l’âge de 28 ans seulement,
il fut considéré comme l’un des artistes les plus importants
de son époque. Au cours des années suivantes, il a été de plus
en plus oublié, jusqu’à ce qu’il disparaisse complètement,
après avoir été jugé comme « art dégénéré« .
Lorsque Rudolf Leopold a vu des œuvres d’Egon Schiele au
début des années 50, il a immédiatement reconnu que leur qualité,
leur émotivité et leur technicité pouvaient absolument être comparées
aux Old Masters. Rudolf Leopold a apporté une contribution
significative à l’estime internationale dans laquelle Schiele se trouve
aujourd’hui. Schiele a connu une carrière aussi prolifique que fulgurante.
C’est une comète dans la Vienne inventive et hypocrite de cette fin
de siècle. Ses compagnons et amis peintres sont Klimt et Kokoschka.
Les quartiers pauvres sont un vivier pour ses modèles,
qu’il fait poser dans des situations lascives et indécentes.
Il a été emprisonné pour avoir peint des modèles à peine pubère.
Il a une aisance inouïe dans le dessin. D’un trait, d’une ligne, sans jamais
lever le crayon, qui semble fait sans repentir, il érige un corps.
Il a à la fois une qualité de synthèse de la forme et une justesse
de la physionomie. Il introduit une nudité essentielle du corps,
un trait qui devient une sorte d’exo-squelette (Philippe Dagen)
Il est assez proche de Rodin pour le dessin et les modèles.
Présence de très jeunes modèles qui s’exhibaient et prêtaient
leurs corps, en montrant leurs attributs sexuels, que l’artiste
reproduisait.
Il y a une point commun autre entre les deux artistes,
c’est l’aquarelle.
La couleur vient se poser sur les pubis, très souvent par taches
de rouge, pour se diffuser et se diluer.
Les corps qu’il représente sont un minimum de chair, maigre
squelettique, cadavérique, parfois inachevé, sans les pieds.
Une saisie de l’instantané, comme dans la photographie.
Il voit les peintres de la Sécession, dont Munch.
Il peint beaucoup d’autoportraits, mais aussi sa soeur,
premier modèle nu.
Un étrange écartement de la main, extrêmement présentes,
noueuses, souvent démesurées par rapport au corps.
De façon récurrente des mains masturbatoires, le corps
contorsionné, chorégraphié, un point de vue en surplomb,
des postures inconfortables, déséquilibrées, comme des insectes
cloués sur le papier.
(L’Hostie rouge, Eros ou Autoportrait se masturbant,
tous de la même année 1911)
Outre les peintures à l’huile et les œuvres graphiques, le musée
Léopold abrite également le centre de documentation Egon Schiele,
dédié à la recherche sur l’œuvre de Schiele, ainsi que de nombreux
autographes. Pour la première fois, l’œuvre lyrique de Schiele
apparaît à un public plus large.
Schiele poète
Alors que Schiele était très populaire pour ses peintures et ses dessins
de son vivant, son travail poétique a longtemps passé inaperçu, bien
que son lyrisme expressionniste soit en effet très important.
Les originaux des poèmes de Schiele appartiennent en grande partie
à la collection Léopold. De nombreuses lettres et poèmes étaient presque
conçus comme des œuvres d’art graphiques d‘Egon Schiele. Les sujets
sont similaires à ceux décrits dans ses peintures: ce sont des visions
personnelles avec la plus grande expressivité, la plus grande couleur
et la plus grande franchise.
Par exemple, Schiele veut « goûter les eaux sombres », « voir l’air sauvage », « construire des nuages blancs » ou créer « une mousse arc-en-ciel », des allées de course à pied « ou un » vent d’hiver « . Son âme acharnée qui s’exprime dans son monde artistique éclate aussi de manière éruptive dans son œuvre lyrique: «L’excès de vie» et «l’agonie de penser» sont tout aussi présents que les forces obscures: «les démons! – freiner la violence! – votre langue, – vos signes, votre pouvoir! « , Proclame Egon Schiele.
La gamme de ses sentiments contradictoires culmine dans la
conclusion paradoxale et finale: « Tout est mort mortellement ».
Enfin, il faut souligner la part allégorique de l’œuvre de Schiele.
Les titres de certains tableaux (Agonie, Résurrection…) et certains
de ses propos abondent dans ce sens. Schiele affirmait le rôle
spirituel de l’art, il disait en 1911 que ses œuvres devraient être
exposées dans des « édifices semblables à des temples », et avait
pour projet, en 1917-1918, la construction d’un mausolée que
l’on croit dédié aux morts de la Grande Guerre.
Le célèbre tableau,La Famille (1918), affirme cette part allégorique :
Schiele se représente avec sa femme et son enfant, alors même qu’il
n’est pas encore père et ne le sera jamais, car lui, comme sa femme
enceinte, peu de temps avant, meurent de la grippe espagnole.
Ce tableau non achevé sera son dernier.
Schiele a fait près d’une centaine d’autoportraits
se représentant parfois nu, avec un visage desséché et
tourmenté, ou affligé d’un strabisme impressionnant, allusion
humoristique à son nom de famille : en effet, le verbe « schielen »
signifie loucher en allemand, et nombre de critiques hostiles
à son art n’hésitaient pas à en faire des jeux de mots.
Ses peintures provoquaient, et provoquent sans doute encore
les spectateurs, suscitant chez eux un certain malaise par leur
rapport à la mort et à l’érotisme, mais aussi par certaines
couleurs verdâtres de la décomposition. Podcast sur France Culture Alain Fleischer le dernier tableau de Schiele
(2008, éditions du Huitième jour).
L’Europe tient à célébrer l’artiste foudroyé à l’âge de 28 ans,
par la grippe espagnole, en faisant appel à leurs
fonds, aux collections privées etc …
Sa courte vie et l’œuvre sera marquée par le scandale. Schiele a laissé environ trois cents peintures, dix-sept gravures et lithographies, deux gravures sur bois, de nombreuses sculptures et 3 000 dessins, aquarelles ou gouaches.
D’autres expositions lui sont ou seront consacrées
pour la célébration l’une, à la Fondation Vuitton,
des dessins, des gouaches et quelques peintures,(120)
une autre montrera ses dernières oeuvres au Musée des
Beaux Arts de Bruxelles, une autre encore à Londres
la Royal Academy, montrera ses dessins , ses autoportraits, ses nus érotiques, en compagnie des
croquis de Klimt sur le projet de la Sécession.
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L’Immobilité n’existe pas Nouvelle présentation de la collection du Musée Tinguely et nouveau guide d’exposition multimédia
Fidèle à la devise deJean Tinguely
«L’immobilité n’existe pas», le Musée Tinguely à Bâle, présente, depuis juin 2018, un nouvel aménagement de
sa collection qui ouvre des perspectives inédites sur l’oeuvre
novatrice de cet artiste suisse. Répartie sur trois niveaux, la présentation élargie de la collection couvre son oeuvre
de 1955 à 1990 au fil d’un parcours jalonné de différentes salles.
Des thèmes majeurs chers à l’artiste occupent une place centrale,
tandis que des aspects de son oeuvre et des ensembles de travaux
méconnus sont mis en lumière, telles ses premières oeuvres
sonores, la série Débri(s)collages(1974) ou les maquettes
du pont Wettstein (1990).
Le Musée Tinguely propose également une nouvelle offre de
médiation multimédia avec le lancement de «Meta-Tinguely», un guide d’exposition numérique
à dimension ludique et interactive en trois langues.
Cet été, le Musée Tinguely dévoile le nouvel aménagement
de son exposition permanente à travers une présentation
élargie de la collection répartie sur une surface
d’environ 1 200 m2
. Cette exposition monographique présente 60 sculptures cinétiques
de la collection du musée ainsi que quatorze prêts d’oeuvres
de collections particulières et de musées suisses. Plusieurs grandes
oeuvres majeures parmi les quelques 140 sculptures provenant de la collection du musée sont à nouveau visibles après une
longue absence : le Relief méta-mecanique sonore II (1955), le Ballet des Pauvres (1961), le Plateau agriculturel (1978) et le Café Kyoto (1987)
.
En outre, l’exposition montre des
dessins de l’artiste ainsi que des photographies, des films et
des documents conservés dans le vaste fonds d’archives du musée.
L’organisation thématique de la présentation selon une chronologie
souple présente les ensembles d’oeuvres marquants de l’artiste
et y apporte un nouvel éclairage.
Ainsi, le parcours aborde également des aspects et des
ensembles d’oeuvres jusqu’ici méconnus. Des prêts ciblés
permettent à plusieurs reprises de comparer des oeuvres et d’avoir
une idée précise de groupements d’oeuvres dans leur entier.
La nouvelle exposition permanente propose également
différents dispositifs de présentation des oeuvres. Jean Tinguely (1925–1991) s’était d’ailleurs lui-même prêté à
une expérience semblable de son vivant. Au fil des salles, un
parcours permet de découvrir des ensembles d’oeuvres et des
thématiques dans différents formats d’exposition
: du «White Cube» classique prétendument neutre à des formats
suggestifs et immersifs. Dans ce cadre, des résultats de recherches
menées récemment sur l’histoire de l’exposition
de ces oeuvres présentées y figurent également.
Le Musée Tinguely s’attache à renouveler régulièrement
la présentation de sa collection afin d’aborder sous un angle
nouveau l’oeuvre novatrice de l’artiste.
Depuis 2017, l’oeuvre Mengele-Totentanz (1986)
occupe ainsi une salle du musée spécialement conçue pour
l’accueillir.
Un an auparavant, en 2016, le musée a présenté pour la
première fois les quatre Méta-Harmonies dans le cadre de
l’exposition temporaire «Machines musicales/Musique machinale». Parcours d’exposition
Le parcours de visite commence aupremier étage avec des
oeuvres de jeunesse de Tinguely réalisées dans la seconde moitié
des années 1950. La salle inaugurale est consacrée aux sculptures
en fil métallique et aux reliefs cinétiques qui ont contribué à
hisser l’artiste au rang de pionnier de l’art cinétique.
L’accrochage des oeuvres–dont plusieurs prêts –
sur l’ensemble des murs s’inspire de photographies de son
atelier de l’impasse Ronsin.
La salle suivante réunit pour la première fois tous les travaux
de ses débuts conçus comme des machines sonores
: les deux Reliefs méta-mécanique sonore I et II réalisés en 1955,
dont le premier est un prêt du Kunsthaus Zürich,
ainsi que Mes étoiles– Concert pour sept peintures (1957–
1959). L’oeuvre interactive Mes étoiles est
présentée sur un mur noir comme le recommandent de récents
travaux scientifiques et tel que les reliefs furent présentés à la
galerie Iris Clert en 1958 et à la galerie Schmela en1959.
L’invention des machines à dessiner Méta-Matics
et, dans leur sillon, les sculptures
Le Transport, ainsi que la collaboration de Tinguely avec
Yves Klein et les activités de l’artiste en Rhénanie constituent
d’autres thématiques de cette époque.
Au deuxième étage, trois espaces d’exposition abordent les
principales périodes de création des années 1960. Le parcours
se poursuit avec trois films consacrés aux actions
destructrices menées par Tinguely au début des années 1960.
Ceux-ci sont projetés sur des écrans suspendus au plafond à
l’intérieur d’un dispositif immersif. Dans la salle suivante, ses
oeuvres en ferraille sont présentées en contraste avec sa série
de sculptures noires exécutées à partir du milieu des années 1960.
La peinture noire qui recouvre chaque élément des sculptures
permet de souligner les mouvements des machines tantôt élégants
et légers, tantôt lourds et martiaux.
La dernière salle est dédiée au grand Plateau agriculturel, une oeuvre majeure réalisée en 1978
à l’aide de machines agricoles, qui n’était plus exposée au Musée Tinguely depuis 2013. Le niveau-1 du musée présente l’oeuvre tardive de l’artiste,
des années 1970 à 1990. Un ensemble de sculptures cinétiques
de la série des Débri(s)collages (1974)–hommage de Tinguely à «l’Homo-do-it-yourself» avec des oeuvres qui
associent perceuses et plumeaux de couleur vive –
est présenté sous un nouveau jour. Deux prêts provenant
de collections particulières ont permis de compléter deux
oeuvres de cette série de la collection du Musée Tinguely.
Les visiteurs ne manqueront pas d’admirer l’oeuvre
Pit-Stop (1984) créée par Tinguely dans une usine Renault,
ainsi que le relief Incitation à la Création (1981) réalisé
sur commande pour ce même constructeur automobile.
Les études réalisées par Tinguely pour la conception du pont Wettstein à Bâle constituent un autre temps fort de la visite.
Au centre de la salle, ses maquettes pour ledit Geisterschiff sont augmentées d’affiches
et de dessins de l’artiste, ainsi que de documents d’archive.
C’est la première fois que les études de Tinguely
–méconnues de la plupart des Bâlois – et le rôle qu’il a joué
dans cet important projet d’urbanisme vers 1990 font
l’objet de recherches et sont présentés à un large public. Café Kyoto (1987), un cabinet de miroirs composé de tables,
de chaises et de lampes colorées et mobiles, clôt admirablement
le parcours.
Le musée expose également de manière permanente
deux grandes sculptures de l’artiste :
la machine-promenade Grosse Méta-Maxi-Maxi-Utopia(1987)
et Mengele-Totentanz (1986). Le guide d’exposition multimédia Meta-Tinguely
Autre nouveauté, le Musée Tinguely lance «Meta-Tinguely»,
un guide d’exposition multimédia destiné à l’ensemble des visiteurs,
tous âges confondus. Ce guide met à disposition des
informations biographiques sur Jean Tinguely et propose de parcourir la collection du musée à travers une sélection
de neuf oeuvres.
Construit autour de trois questions par oeuvre, «Meta-Tinguely»
fournit des informations dans différents formats : textes
explicatifs et courtes citations, mais aussi photographies, galeries
d’images, animations et vidéos. Des anecdotes et des activités
interactives permettent en outre d’approcher l’art de Tinguely de
manière ludique. Chacun devient acteur de ses découvertes.
Dans cette perspective, le Musée a sciemment choisi un format
qui diffère du traditionnel audioguide accessible sur smartphone et
qui exploite davantage le potentiel avant-gardiste, interactif et
ludique de l’art de Tinguely à travers ce support.
Des vidéos permettent de découvrir les mouvements et les bruits
des oeuvres qui ne sontplus–ou rarement activées dans la salle
d’exposition pour des raisons de conservation.
«Meta-Tinguely» est disponible en trois langues
– allemand, français et anglais
–
et peut être consulté comme une application sur smartphone à
partir du site Internet du Musée Tinguely. Les visiteurs disposent
d’un accès Internet Wifi gratuit dans le musée. Sandra Beate Reimann a assuré le commissariat de la nouvelle
présentation de la collection. Elle est également responsable de
la conception et de la conduite du projet de guide d’exposition
multimédia
«Meta-Tinguely»
. Celui-ci a été conçu en coopération
avec Weisswert, studio de conception visuelle, et Sukoa AG, agence
d’applications web interactives. MuséeTinguely
Paul Sacher-Anlage 1 | 4002 Bâle Horaires:
mardi-dimanche, 11h-18h
Site internet:
www.tinguely.ch
Médias sociaux:
@museumtinguely
|
#museumtinguely
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A voir jusqu’au 23 septembre 2018
Les artistes suisses Gerda Steiner & Jörg Lenzlinger compose un labyrinthe en trois parties truffé de
cabinets de curiosités. Plus de vingt-cinq années de
pratique artistique se déploient et tournoient dans
l’espace du Musée Tinguely, qui se métamorphose en
laboratoire étrange d’une biodiversité aussi naturelle
qu’artificielle. Le public est invité à prendre part à toutes
ces transformations, et, par endroits, à en devenir un sujet actif.
C’est une exposition ludique, d’où vous ne pouvez sortir
qu’enchanté.
Depuis 1997, date à laquelle ils commencent leur collaboration, Gerda Steiner & Jörg Lenzlinger créent ensemble des
installations in situ, souvent immersives, sous forme d’univers
luxuriants où se côtoient autant d’éléments naturels que d’objets
manufacturés. Transformation, prolifération et cristallisation
fonctionnent comme des composantes à part entière de l’œuvre,
qui se métamorphose au fur et à mesure des réactions chimiques
ou organiques qui se développent au cœur de leurs créations.
Le spectateur est régulièrement invité à traverser un univers
fantastique formé de paysages bariolés ou encore à participer
à des expériences qui éveillent les sens et l’esprit.
Leurs installations, aussi enchanteresses qu’inquiétantes,
tissent des liens entre des mondes antagonistes et proposent
d’observer l’étrange laboratoire du vivant, sa biodiversité,
désormais aussi naturelle qu’artificielle, et de s’interroger
sur les notions de fertilité et de croissance. Pour cette première exposition revisitant vingt-cinq années
de pratique et englobant toute leur carrière, le duo d’artistes
a choisi de façonner l’espace d’exposition à la manière d’un labyrinthe spatio-temporel. Dès l’entrée, les visiteurs sont
invités à choisir entre trois portes, celles du passé, du présent
ou du futur. Chaque porte ouvre sur un chapitre différent de
l’univers des artistes, qui, à son tour, s’ouvre sur une
multitude de voyages potentiels, répartis en différentes
stations. C’est ainsi que le public pourra traverser une forêt
de branches, s’arrêter dans un salon de massage, faire un tour
en balançoire, verser une larme pour des besoins
esthético-scientifiques, converser avec des professionnels
de la beauté, exercer ses facultés physiques sur des machines
de fitness ou encore mesurer son endurance psychique face
à la puissance tellurique d’un météorite.
Si le visiteur s’aventure dans le passé, il sera amené à voyager
au cœur des créations les plus anciennes du duo. Cet univers
très ordonné s’apparente à une exposition des plus classiques,
avec une présentation d’objets, de vidéos et d’œuvres bidimensionnelles
qui suit les règles établies de la présentation muséale.
Après avoir traversé une cabane de jardinier remplie d’outils
en tout genre, le spectateur accède aux différentes collections
que les artistes ont accumulées au fil des années et notamment
leurs collections de graines
(Schlafende Samen, 2002, Samensammlung aus Mali, 2003).
La graine, embryon de toutes choses, représente aussi bien la fertilité
– cette énergie première dont découle toute forme de vie –
que les racines, celles qui nous relient à notre propre passé c
omme à l’histoire de l’humanité.
Plus loin, la vidéo The Logic of Beauty (2010) entraîne dans un
flux d’images hypnotiques dont les couleurs et dessins dégagent
une séduction magnétique, comme si les artistes avaient capturé
ici l’essence de la beauté.
La beauté est encore au rendez-vous dans les salles suivantes,
celles qui s’ouvrent derrière la porte du présent.
Chaque espace se présente comme une mini-fiction en trois
dimensions, avec son décor, ses acteurs, ses accessoires et
son atmosphère. Au spectateur revient le rôle principal,
celui d’activer l’ensemble, de lui donner vie. Dans chaque salle,
une expérience interactive autour de la notion de beauté
est proposée, tout à la fois scientifique, humoristique et
philosophique. Ici, il faut laisser sa timidité au vestiaire
et se laisser guider par les différents intervenants –
un-e secrétaire, un-e laborantin-e, un-e collecteur de
larmes et un-e personal trainer. Il s’agira, successivement,
d’observer des sécrétions oculaires au microscope et
s’émerveiller devant leurs minuscules circonvolutions,
de se coucher sous une lourde pierre suspendue, de faire
des exercices de concentration ou encore de se reposer
dans le calme.
Plus loin, c’est le futur, avec ses incertitudes, son chaos, son inachèvement.
Les dernières salles sont présidées par une majestueuse forêt buissonneuse
et foisonnante. Un réseau aérien de ramifications fleuries entremêle le
végétal et le factice pour évoquer le fourmillement du vivant.
Labyrinthes aériens et multicolores, les formes qui dansent dans
l’espace agissent comme des déclencheurs de rêves et d’imaginaire.
Cette forêt suspendue s’ouvre sur une salle de fitness dont les machines
sont malicieusement revisitées par les deux artistes, afin que l’exercice
du corps puisse aussi réjouir l’esprit.
Avec Too early to panic, c’est une invitation au voyage que nous
lance Gerda Steiner & Jörg Lenzlinger. Un voyage qui nous enjoint
à regarder le monde avec un émerveillement renouvelé. Steiner & Lenzlinger vivent et travaillent à Langenbruck, dans le
canton de Bâle-Campagne. Ils ont participé à Expo02 avec une gigantesque Heimatmaschine génératrice de plantes et de cristaux artificiels.
Lors de la Biennale de Venise en 2003, où ils ont représenté la Suisse,
ils créent une installation suspendue, cristalline et légère, flottant
dans l’espace de l’église San Stae. Leurs installations ont également été
montrées au Museum Kunst Palast de Düsseldorf, au Musée du XXIe
siècle à Kanazawa, dans la séculaire Stiftsbibliothek de Saint-Gall
ou encore à la Biennale de Séville, à la Biennale de Moscou,
et plus récemment au Kunsthaus Bregenz.
En 2012, ils reçoivent le Kulturpreis Basel.
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