Jean-Jacques Lequeu – Bâtisseur de fantasmes

Le Petit Palais présente pour la première fois au public
jusqu’au 31 mars 2019
un ensemble inédit de 150 dessins de
Jean-Jacques Lequeu (1757-1826), artiste hors du
commun.L’oeuvre graphique de ce dessinateur méconnu est
l’une des plus singulières de son temps. Elle témoigne,
au-delà des premières étapes d’un parcours d’architecte,
de la dérive solitaire et obsédante d’un artiste fascinant.
Cette exposition est réalisée avec le concours de la Bibliothèque
nationale de France qui conserve la quasi-totalité des
dessins de l’artiste.Jean-Jacques Lequeu, originaire d’une famille de menuisiers
à Rouen, reçoit une formation de dessinateur technique.
Très doué, il est recommandé par ses professeurs et trouve
rapidement sa place auprès d’architectes parisiens dont
le grand Soufflot. Celui-ci, occupé par le chantier
de l’église Sainte Geneviève (actuel Panthéon), le prend sous
son aile. Mais Soufflot meurt en 1780. Dix ans plus tard,
les bouleversements révolutionnaires font disparaître la riche
clientèle que Lequeu avait tenté de courtiser.
Désormais employé de bureau au Cadastre, il tente en vain
de remporter des concours d’architecture.
Il doit se résigner à dessiner des monuments et des «fabriques»
d’autant plus étonnants que l’artiste, pressentant que ces
constructions ne sortiront jamais de terre, se libère des
contraintes techniques.
Le parcours thématique de l’exposition retrace cette trajectoire
atypique et aborde les différentes facettes de
son oeuvre. L’exposition ouvre sur une série de portraits,
genre si en vogue au XVI I Ie siècle.
Lequeu se portraiture à de nombreuses reprises et réalise
des têtes d’expression témoignant de sa recherche sur
le tempérament et les émotions des individus.
En parallèle, il propose des projets d’architecture
qui n’aboutissent pas ou sont interrompus. Alors, fort
de sa technique précise de l’épure géométrique et du lavis,
Lequeu, à défaut de réaliser ses projets, décrit
scrupuleusement des édifices peuplant des paysages
d’invention. Ce voyage initiatique au sein d’un parc
imaginaire, qu’il accomplit sans sortir de son étroit
logement, est nourri de figures et de récits tirés de ses
lecture d’autodidacte tel Le Songe de Poliphile.
Il conduit ainsi le visiteur de temples en buissons,
de grottes factices en palais, de kiosques
en souterrains labyrinthiques.
L’exposition se termine sur une série de dessins érotiques
oscillant entre idéalisation héritée de la statuaire
antique et naturalisme anatomique.
Ainsi pour Lequeu, il s’agit de tout voir et tout décrire,
avec systématisme, de l’animal à l’organique, du fantasme
et du sexe cru à l’autoportrait, et par-delà de mener
une véritable quête afin de mieux se connaître
lui-même.
En 1825, six mois avant de disparaître dans le
dénuement et l’oubli, il donne à la Bibliothèque royale
l’ensemble de ses feuilles livrant l’une des oeuvres les
plus complexes et curieuses de cette période. Au XXe
siècle, des recherches ont permis de redécouvrir
peu à peu l’artiste, mettant en lumière ses dessins
les plus déconcertants mais jamais une rétrospective
n’avait été organisée sur ce génie si singulier.

Il est libre, 1798-1799, plume et lavis d’encre, BnF,
département des Estampes et de la photographie.
Commissariat :
Corinne Le Bitouzé, conservateur général, adjointe
au directeur du département des Estampes et de
la photographie de la BnF ;
Laurent Baridon, professeur à l’université de Lyon II ;
Jean-Philippe Garric, professeur à l’université Paris
1 Panthéon-Sorbonne ;
Martial Guédron, professeur à l’université de Strasbourg ;
Christophe Leribault, directeur du Petit Palais,
avec le concours de Joëlle Raineau, collaboratrice
scientifique au Petit Palais.
Podcast France culture
PROGRAMMATION CULTURELLE
19 mars
De chair et de pierre : l’imaginaire analogique de Lequeu
par Laurent Baridon, professeur d’histoire de l’art à
l’Université Lumière Lyon 2
26 mars
La Révolution sexuelle a-t-elle eu lieu ?
Par Pierre Serna, professeur d’histoire de la Révolution
française et de l’Empire à l’Université de Paris 1
Panthéon-Sorbonne, membre de l’Institut d’Histoire
de la Révolution Française
CONCERT
Dimanche 17 mars à 16h (durée 1h)
Par le Kairos Reed Quintett (Michaela Hrabankowa,
hautbois; Pascal Rousseaud, saxophone; Sophie
Raynaud, basson; Rémy Duplouy, clarinette basse et
Angelica Retana, clarinette).
Quintette en C minor KV 406 de W A Mozart (extraits).
Sonate pour 2 clarinettes de F. Poulenc. Les tableaux
d’une exposition de M. Moussorsky (extraits).
Epigraphes antiques de C.Debussy et Trio d’Anches de G.Auric.

Comme un souvenir…

C’est une exposition pensée par Anne Immelé,
en résonance visuelle avec l‘univers de Tarkovski
Invitée par Pierre Jean Sugier directeur de la
Fondation Fernet Branca,
où elle dialogue avec les photos de Dove Allouche
(Le temps scellé, Collection du FRAC Alsace),
et le sculpteur Pierre-Yves Freund,
Exposition visible jusqu’ au 05.05.19

Le temps et la mémoire sont deux aspects majeurs
du cinéma d’Andreï Tarkovski.
l’image est nécessairement poétique, elle a pour vocation
d’exprimer la vie à travers le passage du temps.
La dimension contemplative du rapport au paysage,
l’importance de l’eau sous toutes ses formes, l’imbrication
de différentes temporalités et l’errance sont autant
d’éléments que l’on retrouve dans la pratique photographique
d’Anne Immelé.

L’exposition s’articule en 3 parties, en référence à trois films
du cinéaste russe.
La 1ere partie est introduite par la projection d’un extrait
de Solaris de Tarkoski,
C’est le noir et blanc qui domine, une alternance de photos
de paysages, certaines nouvelles, certaines collées à même le mur.
Des images pleines de poésie, à la mélancolie douce.
Le lac gelé, symbolise le temps arrêté, retenu, les craquelures
renvoient à l’évolution du temps.
Pierre-Yves Freund, montre une installation, en rapport
avec l’eau miroitante de Solaris. Dans une cuve du thé noir,
une peau se crée en surface, elle s’évaporera au fil de l’exposition.
Le temps semble retenu dans la substance du liquide, comme
dans la photographie.

Pierre-Yves Freund, Presque

Une 2e partie de photos extraites de la série Wir
Anne Immelé mélange les photos noir & blanc
avec la couleur, la gamme chromatique est liée aux films
de Tarkovski et au travail de PY Freund, des sculptures
en plâtre teinté, contenues dans des bas en nylon, en un geste
répété, où il donne à chaque fois une forme différente,
avec l’empreinte de ses mains.
« Un instant imaginé à nos yeux »

Un rapport à l’éphémère , à l’instantanéité, mis en relation
avec les photos d’Anne Immelé.
Dans 2 petites salles toujours les photos d’Anne Immelé
bien agencées, pour garder une respiration, certaines produites
dans l’atelier.Le film de Tarkoski, le Miroir, autobiographique,
u
n flux d’images raconte son enfance, la guerre d’Espagne.
Anne Immelé y associe des images d’enfants, mais aussi
l’idée du rêve, des couleurs douces, on ne sait pas si on se trouve dans
la réalisation ou dans la fiction.
L’image de l’affiche, est entre la photo fixe et le mouvement,
une certaine idée du travelling, du flux. Une impression
que l’arbre bouge, on en sent le frémissement.


Une sélection de photos produites pour l’exposition
par rapport à la nature, pour rechercher des ambiances
créer du mystère, en rapport avec son cinéaste de prédilection.

Les photos de Dove Allouche sont en lien direct avec
Stalker de Tarkovski. Il est retourné sur les lieux du tournage
du film, pour en photographier les endroits.
La hauteur des images a été définie par l’artiste, afin
que l’on s’approche d’elles pour en voir les détails
et y retrouver les éléments forts du film.

Docteur en art, Anne Immelé exerce une activité de
commissariat d’exposition, qui prend appui sur les
recherches théoriques, engagées depuis son Master en
Arts Visuels à l’Université Laval de Québec, Canada (1997).

Elle a développé une réflexion sur la mise en espace de la
photographie et sur le médium de l’exposition en lui-même.
Ses recherches curatoriales font suite à une thèse de
Doctorat en Arts, soutenue en 2007 à l’Université
de Strasbourg,
parus sous le titre
« Constellations photographiques » chez
Médiapop éditions. Sa recherche sur les enjeux de la
photographie contemporaine se traduit aussi par des
publications d’articles dans la revue Art Press.
Anne Immelé, vit et travaille dans l’espace Rhénan,
elle enseigne à la HEAR, Haute école des arts du Rhin.
Fondation Fernet Branca
2, rue du Ballon
68 300 Saint-Louis – Alsace
+33 3 89 69 10 77
www.fondationfernet-branca.org
Horaires d’ouverture :
du mercredi au dimanche de 13 heures à 18 heures
 

VIA CRUCIS de Stéphane PENCREAC’H

Jusqu’au 10 mars 2019
L’Espace d’Art Contemporain André Malraux
accueille pour ouvrir cette nouvelle saison, l’exposition
Stéphane PENCREAC’H, qui a choisi de présenter un
ensemble de peintures, de sculptures et de dessins
qui non seulement font écho au
Retable d’Issenheim et à l’art médiéval
mais répondent également à une de ses premières œuvres
symbolisant un chemin de croix.

Golgote

L’œuvre de Stéphane PENCREAC’H est éminemment
empreinte d’Humanité, elle questionne notre temps,
elle revisite les mythes fondateurs en les mettant en
perspectives avec les grands maux du Monde,
avec rudesse, avec poésie, avec profondeur.
Trois Minutes

En outre, « VIA CRUCIS » est, la première
occasion de mettre en évidence la complémentarité
possible entre l’Art Contemporain et les grands
classiques de l’Art dit ancien.
Cette exposition réalisée en partenariat avec le
Musée Unterlinden accueille deux sculptures
en plâtre dans l’espace de la Piscine du Musée.
Le dernier stratège

Cette exposition sur deux sites invite donc à la
déambulation, tisse et renforce les liens entre
les acteurs culturels colmariens.
2 lieux d’exposition :
Espace d’Art Contemporain André Malraux
– 4 rue Rapp à Colmar et
Musée Unterlinden – Place Unterlinden
à Colmar
Pencréac’h confronte des travaux sur papier de petite
dimension, faits à l’encre et à la tache de café, et des toiles
de grand format, comme Epitaphios mesure six mètres de long.
Du fond de l’Antiquité, il fait ¬revenir l’Artémis d’Ephèse,
dite « polymastos » – à multiples seins –, androgyne et dont le
crâne est celui d’un alien en ivoire, pierre, argent et diamant.
Figure surplombante

Elle est opposée à Figure surplombante n° 2,
en cire d’abeille, bois et métal.
Il intègre à son œuvre les mythologies actuelles et leurs figures,
en ¬provenance du cinéma, les contes cruels pour enfants,
mais aussi des vanités, la passion du Christ.
Louve

Une oeuvre qui interpelle par sa brutalité, sa violence,
Son travail est imprégné d’érotisme et de sensualité,
très sensible aux cultures et aux contradictions de l’
époque. Elle se situe aux frontières d’un expressionnisme
revisité de façon très personnelle.
Déposition

Espace d’Art Contemporain André Malraux
– 4 rue Rapp à Colmar et
Musée Unterlinden – Place Unterlinden
à Colmar

Fernand Khnopff, le maître de l’énigme

Le Petit Palais  présente jusqu’au 17 mars 2019
une exposition inédite dédiée
à Fernand Khnopff grâce au soutien exceptionnel des
Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique.
Artiste rare, le maître du Symbolisme belge n’avait
pas bénéficié de rétrospective à Paris depuis près
de quarante ans. L’exposition du Petit Palais rassemble
des pièces emblématiques de l’esthétique singulière
de Fernand Khnopff, à la fois peintre, dessinateur,
graveur, sculpteur et metteur en scène de son oeuvre.
L’exposition évoque par sa scénographie le parcours
initiatique de sa fausse demeure qui lui servait
d’atelier et aborde les grands thèmes qui parcourent
son oeuvre, des paysages aux portraits d’enfants,
des rêveries inspirés des Primitifs flamands aux
souvenirs de Bruges-la-morte, des usages complexes
de la photographie jusqu’aux mythologies personnelles
placées sous le signe d’Hypnos.

Près de 150 oeuvres dont une large part provient
de collections privées, offrent un panorama inédit de
l’oeuvre de Fernand Khnopff.
À la fois point de départ et fil rouge de l’exposition,
la maison-atelier de Khnopff est un véritable
« temple du Moi » au sein duquel s’exprime pleinement
sa personnalité complexe. À travers une scénographie
qui reprend les couleurs de son intérieur – bleu, noir,
blanc et or, le parcours évoque les obsessions et les
figures chères à l’artiste : du portrait aux souvenirs
oniriques, du fantasme au nu.
Après une salle introductive recréant le vestibule
de son atelier et évoquant l’architecture de sa demeure,
le parcours débute avec la présentation de peintures

de paysages de Fosset, petit hameau des Ardennes belges
Fernand Khnopff passe plusieurs étés avec sa famille.
De ces paysages de petit format, saisi sur le vif, on perçoit tout
de suite chez l’artiste un goût pour l’introspection et la solitude.
Une autre facette de son oeuvre, beaucoup plus connue du grand
public, est son travail sur le portrait. Khnopff représente des
proches comme sa mère, des enfants qu’il dépeint avec le sérieux
d’adultes, parfois des hommes. Mais le plus souvent,
il s’agit de figures féminines, toute en intériorité et nimbées
de mystère. Sa soeur Marguerite avec qui il noue une secrète complicité
devient son modèle, sa muse.
C’est elle encore que l’on retrouve représentée sept
fois dans un grand pastel intitulé Memories qui en raison de
sa fragilité n’a pu voyager pour l’exposition.
Il est évoqué à travers des esquisses et des études de détail ainsi
que par un dispositif multimédia.

Marguerite est également le sujet de nombreux portraits
photographiques. Khnopff va en effet s’intéresser à ce medium
avec beaucoup d’intérêt. L’artiste utilise ce procédé moderne
au service de son art afin d’étudier la pose et la gestuelle de
son modèle favori qu’il déguise en princesse de légende
ou en divinité orientale. Il fait également photographier
un certain nombre de ses oeuvres par un professionnel
de renom, Albert Edouard Drains dit Alexandre, et
retravaille les tirages par des rehauts de crayon, d’aquarelle
ou de pastel.
Comme d’autres peintres symbolistes, l’artiste est fasciné
par les mythes antiques. Parmi les obsessions de Khnopff,
la figure d’Hypnos, le dieu du Sommeil apparaît de manière
récurrente.
La petite tête à l’aile teintée en bleu, couleur du rêve,
est représentée la première fois en 1891 dans le tableau
I Lock My Door Upon Myself. Hypnos est l’objet de
plusieurs tableaux tout comme la Méduse ou bien
encore OEdipe qui esquisse dans le tableau
Des caresses un étrange dialogue avec un sphinx à
corps de guépard.

On retrouve également une série de dessins et de tableaux
de nus sensuels exaltant la féminité. Ces femmes à la chevelure
rousse, vaporeuse, au regard insistant, représentées dans
un halo semblent tout droit sorties d’un songe.
Mais, contrairement aux héroïnes de Klimt peintes à la même époque,
elles ne paraissent aucunement en proie aux tourments de la chair.
Elles sont plutôt des représentations de l’«éternel féminin ».

En fin de parcours, le visiteur retrouve plusieurs tableaux
de Bruges, ville, elle aussi énigmatique, où Khnopff vécut
jusqu’à l’âge de six ans. La nostalgie de ces années d’enfance
mêlée à une admiration pour les primitifs flamands lui fait
associer certaines de ses vues de Bruges à un portrait de
femme ou à un objet symbolique renvoyant à la cité des Flandres

Ce parcours s’accompagne de dispositifs de médiation innovants
permettant au public de mieux comprendre l’oeuvre de
Khnopff ainsi que le Symbolisme européen. En effet, en
référence aux diffuseurs de parfum présents dans sa maison-atelier,
quatre stèles audio-olfactives ponctuent l’exposition et
permettent de sentir un parfum et d’entendre en simultané
une musique et un poème liés aux oeuvres exposées,
recréant ainsi cette atmosphère de résonances entre les arts
et les sens, chères aux symbolistes.

Les visiteurs sont également invités à s’installer dans le
« salon symboliste » qui propose des livres, des photographies,
une stèle audio-olfactive, des animations littéraires, théâtrales
et musicales évoquant les liens tissés entre les différents arts
à cette époque.
Podcast France culture
Connaissance des Arts
PETIT PALAIS
Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris
Avenue Winston-Churchill – 75008 Paris
Tel: 01 53 43 40 00
Accessible aux personnes handicapées.
Transports
Métro Champs-Élysées Clemenceau
Métro Franklin D. Roosevelt
RER Invalides
Bus : 28, 42, 72, 73, 83, 93

Sommaire du mois de Février 2019

Banksy en me
musée Frieder Burda de Baden Baden

01 février 2019 : 1518, LA FIÈVRE DE LA DANSE
03 février 2019 : Sigmund Freud, du Regard à l’Ecoute
05 février 2019 : Le jeune PICASSO – Périodes bleue et rose
10 février 2019 : Tomi Ungerer
14 février 2019 : Clément Cogitore
17 février 2019 : Roots Canal avec Cyprien Gaillard
20 février 2019 : Gina Folly au Kunsthaus Baselland
25 février 2019 : La Brique, The Brick, Cărămida
27 février 2019 : Banksy @ Museum Frieder Burda

Banksy @ Museum Frieder Burda

Love is in the bin
Jusqu’au 03 mars 2019


Le Musée Frieder Burda présente pour la première fois
au public en février 2019 « Love is in the Bin », œuvre
de Banksy récemment acquise aux enchères chez
Sotheby’s à Londres par une collectionneuse européenne.
Elle est exposée pendant quatre semaines durant lesquelles
s’est tenu également un colloque.
Début octobre, l’autodestruction partielle de cette oeuvre devant
un public médusé, juste après son acquisition pour
1,042 million de livres (1,185 million d’euros) chez
Sotheby’s à Londres, avait jeté le trouble dans le marché de l’art.
Cette oeuvre en peinture acrylique et aérosol, l’une des plus
célèbres de Banksy, montrait une petite fille laissant s’envoler
un ballon rouge en forme de coeur.
Le mystérieux artiste de Bristol, qui maintient l’anonymat avait
revendiqué ce pied de nez au marché de l’art, voulant dénoncer
sa « marchandisation ». L’acheteuse de la toile, une
« collectionneuse européenne », avait ensuite confirmé
sa décision
d’acquérir la nouvelle oeuvre créée ce soir-là »,
avait annoncé Sotheby’s.
Depuis qu’existe l’art conceptuel, les artistes se sont à
plusieurs reprises essayé à la disparition de l’existence
même de l’œuvre d’art, voire à sa destruction, en vue de
saper sa valeur vénale ou de la transférer dans un
autre système de valeurs.

L’autodestruction du tableau de vidéo
Banksy, « Girl with Balloon », daté de 2006,
a sans nul doute permis à cette stratégie artistique
d’atteindre une apogée radicale et nouvelle, et a fait
grand bruit dans le monde entier. En quelques secondes
ce travail acquérait le statut d’œuvre de renom
international – et ce dans un monde pratiquement
submergé par les images.

Le musée a prévu une mise en scène toute concentrée
sur le tableau lui-même, nouvelle icône mondiale, et
visant parallèlement à rendre plausibles les motivations
et intentions contenues dans l’œuvre de Banksy – tout
comme à questionner le contexte dans lequel évolue un
monde artistique qui autorise, ou plutôt génère à lui- seul
la possibilité d’une pareille évolution, pour ne pas dire
explosion, des valeurs et références.

Les conditions d’entrée sont aménagées – dans un esprit
conforme aux propres convictions de Banksy– de façon
à ce que la visite soit accessible au plus grand nombre.
Torpiller les stratégies du marché de l’art – tout en leur
insufflant une forte dynamique : une série de discussions
a permis en accompagnement de se pencher sur cette
question fondamentale, sur la stratégie subtile de Banksy.

Y ont  participé notamment Elke Buhr, rédactrice en chef
de Monopol, Wolfgang Ullrich, chercheur en sciences de
la culture, ainsi que le
spécialiste de Banksy, Ulrich Blanché.
La mise en scène de « L’amour est dans la poubelle »
dans le musée a reçu beaucoup de popularité.
Elle s’appuyait entièrement sur la photo, la nouvelle
« icône mondiale », comme cela a souvent été mentionné
dans la vaste couverture nationale et internationale.
Dans le même temps, elle a essayé sous une forme
concentrée de rendre plausibles les arrière-plans et
les intentions du travail Banksy et de remettre en
question les conditions dans un monde de l’art.

Un monde de l’art qui rend possible un tel développement,
voire une explosion de valeur, en premier lieu.
Les conditions d’admission étaient – délibérément orientées
sur les croyances de Banksy – conçues délibérément
pour que la visite d’un maximum de personnes soit possible:
Au lieu d’admission, un don à un organisme de bienfaisance
a été demandé.

Des fans de Banksy du monde entier sont venus rendre visite.
La foule de visiteurs, 60 000, dont 7000
le dernier week end,

qui ont visiblement apprécié l’atmosphère détendue autour
de l’image comprenait de nombreux jeunes, des familles
et des classes entières.
« J’étais là »: d’innombrables selfies avec le travail
de Banksy constituent le document de fond sur la rencontre
totalement amusante avec l’art.
À compter du 7.3.2019, la Staatsgalerie Stuttgart intégrera
sous forme de prêt permanent l’image de
«L’amour est dans le bac» (de la poubelle ? 🙄 ) de Banksy
et en discutera ainsi l’importance pour l’histoire de l’art.

La Brique, The Brick, Cărămida

Une exposition présentée dans le cadre de la
Saison France – Roumanie
Curateur : Ami Barak
Jusqu’au 28 avril 2019  à la Kunsthalle de Mulhouse


Pusha Petrov, Marsupium, 2010 | Courtesy de la
collection privée d’Ovidiu Șandor
Dans le cadre de la Saison France-Roumanie 2019,
La Kunsthalle propose La Brique, The Brick, Cărămida,
une exposition d’oeuvres contemporaines roumaines.
Cette exposition fait suite au souhait du collectionneur

et mécène de Timișoara, Ovidiu Șandor de partager ses
choix et sa passion pour l’art dans cette ville française
jumelée avec la sienne, Mulhouse.
L’occasion est offerte ainsi d’entrouvrir les portes d’un
monde intime, d’avoir un aperçu sur un pan du récit moderne
et contemporain roumain et de mieux comprendre l’histoire
complexe de ce pays. Cette exposition présente une scène
artistique engagée et créative depuis l’aube du 20ème siècle
à nos jours.
Le titre de l’exposition est emprunté à une oeuvre
emblématique d’Ana Lupaș, effigie iconique des
avant-gardes
de l’après-guerre et incontestablement
une découverte majeure des plus grands musées du
monde. Elle pose, ainsi, une brique à un édifice
qui se veut l’acte fondateur d’une entreprise culturelle
ambitieuse.

Sont à (re)découvrir à La Kunsthalle de Mulhouse, les figures
de proue d’un panthéon universel telles Constantin Brâncuși,
Andrei Cădere, Ana Lupaș ou encore Geta Brătescu…
mais aussi des personnalités marquantes du monde
contemporain comme Adrian Ghenie, Victor Man,
Ciprian Mureșan, Mircea Cantor, Ioana Nemeș ou
Andra Ursuța.

Mircea Cantor

La nouvelle génération, qui commence à se faire connaître
hors des frontières nationales, s’avère remarquable.
L’exposition est également l’occasion d’inviter deux artistes roumains,
Pusha Petrov et Alex Mirutziu, à produire et présenter de nouvelles
oeuvres. Leurs deux projets, conçus pour l’occasion, rejoindront
l’ensemble constitué de la collection et renforceront la présence
d’une jeune scène roumaine.
Pusha Petrov

La Kunsthalle est un établissement culturel de la Ville de Mulhouse.
La Kunsthalle bénéficie du soutien du Ministère de la Culture
et de la Communication-DRAC Grand Est et du Conseil
départemental du Haut- Rhin. Elle fait partie des réseaux d.c.a /
association française de développement des centres d’art,
Arts en résidence – Réseau national, Versant Est et Musées
Mulhouse Sud Alsace.
Alex Mirutziu

LES ARTISTES
Ion Bârlădeanu, Ioana Bătrânu, Marius Bercea, Horia Bernea,
Ștefan Bertalan, Ion Bitzan, Constantin Brâncuși, Brassaï,
Geta Brătescu, Victor Brauner, Michele Bressan, Andrei Cădere,
Mircea Cantor, Roman Cotoșman, Constantin Flondor,
Adrian Ghenie, Ion Grigorescu, Marcel Iancu, Pavel Ilie,
Mi Kafchin, Ana Lupaș, Victor Man, Dan Mihălțianu, Alex Mirutziu,
Florin Mitroi, Ciprian Mureșan, Gellu Naum, Paul Neagu, Ioana Nemeș,
Miklós Onucsan, Andrei Pandele, Dan Perjovschi, Pusha Petrov,
Lea Rasovszky, Diet Sayler, Șerban Savu, Decebal Scriba,
Arthur Segal, Sigma, Liviu Stoicoviciu, Mircea Suciu,
Doru Tulcan, Andra Ursuța
Andra Ursuța

Journal de l’exposition à télécharger
Evènements programmation
(Kunstapéro-visites guidéesweek end de l’art contemporain)
Vue de l’exposition la Brique

Conférence Marges et co-temporanéité.
Situations d’avant-garde de l’art en Roumanie par Bogdan Ghiu :
jeudi 21 mars à 18h30 à La Kunsthalle
La situation géopolitique des différentes zones de la Roumanie,
pays « frontalier » (une des plus complexes et intéressantes
étant la région de Timisoara), inclue les citoyens et les
artistes roumains dans plusieurs histoires à la fois,
en interdisant, dans la modernité locale, l’Histoire unique,
le principal paradoxe dont notamment l’art a joué dans ce
pays étant celui de la marge, qui pourrait mener à
une re-interprétation globale du contemporain comme
co-temporanéité (ou « collage ») d’identités, situation de
plus en plus caractéristique du monde mondialisé.

Gina Folly au Kunsthaus Baselland

Pour le projet annuel du Kunsthaus Baselland 2019,
l’artiste Gina Folly (* 1983, Zurich), établie entre
Bâle et Paris, a créé une nouvelle œuvre de plus de
huit mètres, située sur la façade, à l’avant du Kunsthaus,
au cœur de l’espace urbain.

Pendant de nombreuses années, Gina Folly s’est largement
concentrée sur le support photographique, qu’elle
a développé et complété par de nouvelles formes
et possibilités de présentation.
Les plantes, les animaux
ou même les choses du quotidien et les situations avec
lesquelles elle réfléchit et analyse avec précision
son environnement immédiat peuvent jouer un rôle
essentiel dans son travail d’installation.
L’homme dans son environnement créé par lui
– entre naturel et artificialité, dans la création
constante de chaque concept de vie – sont d’autres
sujets qui intéressent l’artiste.
Les événements et phénomènes politiques, économiques,
culturels, sociaux, ainsi que les questions écologiques,
avec lesquelles elle reflète et analyse précisément son
environnement immédiat, peuvent jouer un rôle essentiel
dans son travail d’installation.

Pour le projet annuel 2019 Mode, Sexe et Mort – Science –
Sports, jardins et consommations, c’est une immense
bibliothèque composée de ses livres et auteurs préférés,
qu’elle a classé selon des critères très particuliers,
en apposant des étiquettes trouvées dans une brocante (?)
Il restera présent dans l’espace public pendant les 12 prochains
mois, 24 heures par jour, permettant, changeant, irritant et
s’inscrivant dans un vaste espace extérieur.

Dienstag – Sonntag

11–17 Uhr

Roots Canal avec Cyprien Gaillard

Au Musée Tinguely de Bâle
Que ce soit avec ses films, photographies ou sculptures,
Cyprien Gaillard
(né en 1980, Paris) évoque la perpétuelle destruction,
préservation ou reconstruction des villes. Les oeuvres présentées
jusqu’au 5 mai 2019 dans l’exposition «Roots Canal» traduisent
l’incessante transformation du paysage urbain et celle,

conjointe, de la nature et des hommes. Au bord du basculement,
les oeuvres de l’artiste évoquent l’imminence, ou l’avènement,
d’une métamorphose. Elles interceptent le moment de la chute,
ou restent suspendues dans l’instabilité d’un devenir. Dressée au
coeur du Musée Tinguely et présentée pour la première fois
en Europe, une série de têtes d’excavatrices incarne précisément
ce moment de suspension. Métaphore de la voracité
des hommes, ces outils caractéristiques des grands chantiers
se muséifient ici pour devenir les fossiles d’un temps futur.
En contre-point, un vol d’oiseaux exotiques au-dessus
d’une ville européenne en mutation, des polaroïds en voie
d’effacement et une immersion hallucinatoire dans une nuit
citadine emplie de souvenirs.De ces fragments disparates, voire antagonistes, l’artiste
recompose un univers où le macrocosme et le
microcosme, l’outil et son objet, la ville et ses habitants,
la machine et la nature, cohabitent dans un équilibre aussi
parfait que fragile.
Destruction, préservation, reconstruction :
le travail de Cyprien Gaillard met en scène notre rapport
ambigu à la ruine, à la disparition.
En grand voyageur, il sillonne le monde, en collecte des échantillons
et utilise ces artefacts pour raconter l’inéluctable et
incessante métamorphose du paysage urbain et celle, conjointe,
de la nature et des hommes.
Dans le cadre de l’exposition « Cyprien Gaillard. Roots Canal »
le Musée Tinguely présente une série de têtes d’excavatrices.
Ces outils caractéristiques des grands chantiers sont
disposés dans l’espace en deux rangées qui se font face, dressés tels
des soldats. Présentés à l’arrêt et dans un contexte muséal, ces outils
silencieux se font statues.
Avec la patine accumulée au fil de leur vie mécanique, leurs couleurs
délavées et leurs marques d’oxydation, ces machines devenues
statues évoquent des monuments archéologiques
surgis des profondeurs de la terre. Sous leurs airs archaïques,
ces lourds éléments métalliques, issus de la révolution industrielle,
sont pourtant profondément contemporains.

Ils incarnent la promesse du changement, celle de nouvelles
constructions, celle d’une urbanité sans cesse réinventée.
Les Diggers de Cyprien Gaillard nous font ainsi voyager dans
un va-et-vient entre préhistoire et temps présent.
Les barres d’onyx et de calcite qui les parent reflètent encore ce
saut temporel : entre les roches translucides et extrêmement
fragiles, et l’outil massif qui aura servi à les excaver,
il y a non seulement jusqu’à cinq tonnes d’écart, mais aussi
quelques millions d’années.

Avec cette pièce, et comme dans toute son oeuvre,
Cyprien Gaillard souligne que les notions de construction et
de destruction ne sont pas en opposition: elles s’inscrivent
toutes deux dans un mouvement, celui du temps.
Pour bâtir de nouveaux édifices, il est nécessaire
d’entériner la disparition de ce qui a auparavant existé,
que ce soit un paysage, un monument ou un no man’s land.
La construction ne peut être envisagée que par la
destruction d’un état précédent.

Dans la même salle, les images de Sober City (2015-2018)
prolongent encore cette réflexion.
En contrepoint visuel aux têtes d’excavatrices, des photographies
Polaroïds apparaissent à intervalles irréguliers sur les murs
adjacents. Les images de taille modeste offrent un arrière plan
citadin aux têtes d’excavatrices. Résultats d’une double exposition,
les Polaroïds présentent des vues de New York altérées.
Ces vues se superposent à une première image,

celle d’un fragment d’améthyste du Musée américain d’histoire
naturelle de New York. Suite à l’imbrication des deux motifs et
au traitement d’exposition double, l’image apparaît
diffractée, comme sous le prisme d’une neige argentée.
Edifice, bus, sculpture ou arbres, les éléments urbains sont à peine
reconnaissables. Ils semblent se cristalliser peu à peu, à la
manière du conte de science-fiction de
J. G. Ballard, The Crystal World, où la nature et les
hommes se transforment progressivement en cristaux sous
l’effet d’un mystérieux phénomène. Par l’emploi du Polaroïd,
support fragile, éphémère et voué à l’effacement, et le
choix des motifs, les Sober Cities reflètent l’idée de métamorphose
continue de la ville. Cette ville qui, entre préservation du patrimoine
bâti et nouvelles constructions – notamment
grâce aux excavatrices –, n’échappe pas à la notion d’entropie,
ce désordre de la matière, cette inéluctable détérioration.
Une idée chère à Cyprien Gaillard dont les oeuvres traitent
précisément de ce lent basculement d’un état à un autre et de la
tension – physique, esthétique, sociale ou politique – entre
renouveau et dégradation.

Le parcours continue avec KOE (2015), une projection grand format
sur toute la largeur de la salle suivante. La caméra suit le vol répété
d’oiseaux exotiques au-dessus des plus célèbres
rues marchandes de Dusseldorf. Les volatiles, originaires d’Asie,
filent le long des magasins prestigieux, entre les architectures
modernes et le chantier constant qu’est le centre-ville. Le
vert de leur plumage trace ses lignes anachroniques au coeur
du monde hyper-esthétisé de la cité du futur, celle des enseignes de luxe,
des bâtiments éthérés, du shopping omniprésent. Cet oiseau, la perruche
à collier, échappé de sa cage domestique, a trouvé dans
certaines villes européennes un abri de choix. Son aspect séduisant
pourrait faire oublier qu’il s’agit d’une espèce invasive mettant en
danger les écosystèmes autochtones.

Nightlife (2015) entraîne le.la visiteur.se dans une transe
hypnotique. Plongé en apnée dans une nuit citadine aux couleurs
saturées, on suit une succession de scènes sans lien apparent.
La vidéo s’articule sous la forme d’une mosaïque d’éléments
disparates où l’on croise Le Penseur d’Auguste Rodin devant
le musée d’art de Cleveland, le ballet halluciné de

genévriers – une autre espèce invasive – à Los Angeles,
le stade olympique de Berlin illuminé de feux d’artifices extravagants
avant de se retrouver à nouveau à Cleveland, sous
les branches d’un arbre particulier puisqu’offert par les nazis
au champion olympique Jesse Owens en 1936. Les images, sculptées
par la technologie 3D et magnifiées par le travail de
lumière, proposent l’expérience déroutante et enivrante d’une
perception exaltée.
L’immersion visuelle et sensorielle est encore renforcée par
la bande son de l’oeuvre – un sample réalisé par l’artiste des refrains
de deux morceaux du musicien rocksteady Alton Ellis.
Ici, comme dans toute l’exposition, Cyprien Gaillard imbrique
des fragments hétérogènes, voire antagonistes, pour recomposer
un récit où l’anecdote se mêle à la grande histoire, et où
la ville, la nature et l’homme cohabitent dans un espace-temps
non-linéaire.
Commissaire de l’exposition
« Cyprien Gaillard. Roots Canal » : Séverine Fromaigeat
Evènements
Horaires : mardi – dimanche, 11h-18h
Accès
Gare centrale de Bâle CFF
/ Gare SNCF :
tram no. 2 jusqu‘au « Wettsteinplatz »,
puis bus no. 31 ou 38 jusqu’à « Tinguely Museum ».
Gare allemande (Bad. Bahnhof) : bus no. 36.
Autoroute: sortie « Basel Wettstein/ Ost ».
Parking à coté du musée ou au Badischer Bahnhof.

Clément Cogitore

Clément Cogitore (site) (* 1983, Colmar), le
Kunsthaus Baselland
présente la première exposition
personnelle en Suisse, de l’actuel lauréat
du Prix Marcel Duchamp 2018.
Exposition en deux temps.

Dans son travail, qui prend de l’ampleur au fil des ans,
le cinéaste et photographe français discute en détail
de la question du rôle des images issues de la publicité,
du divertissement, des réseaux sociaux ou même des rituels,
des secrets et des mondes illusoires, qui jouent un rôle actif
dans la construction des modes de vie.
Clément Cogitore, nous accueille avec une photographie
minimaliste,
(Photographie, C-print contrecollé sur aluminium, 110×60 cm
Courtesy de l’artiste, de la galerie Eva Hober (FR)
et de la galerie Reinhard Hauff (DE))
une fenêtre (romane ?) qui préfigure sa curiosité et son
esprit ouvert porté sur l’observation du monde,
son goût pour l’iconographie religieuse, le théâtre, le baroque.
Conteur, poète, manipulateur, cet ancien pensionnaire de la
Villa Médicis, aime confronter et mélanger le passé et le présent.


Puis avec Élégies, 2014 (vidéo)
(Vidéo HDCAM – couleur – 6 min
Courtesy de l’artiste, de la galerie Eva Hober (FR)
et de la galerie Reinhard Hauff (DE))
nous sommes plongés dans une ambiance étrange, signe
des temps, les téléphones ont remplacés les briquets.
Des centaines de petits écrans lumineux flottent au-dessus
d’une marée humaine : le public d’un concert (secret)
photographie à l’aide de téléphones portables une scène hors-champ.
Comme les sous-titres d’un chant absent, ou de la voix intérieure
d’un narrateur invisible, des vers des
Elégies de Duino” de R.M Rilke rythment ce gigantesque
élan collectif aux airs de liturgie numérique.
Puis dans un court film couleur qui tourne en boucle de 45 secondes
Sans titre
(Courtesy de l’artiste, de la galerie Eva Hober (FR) et de la galerie
Reinhard Hauff (DE))
Le matériel de départ pour cette vidéo est un plan d’archive
de la grotte Lascaux réalisé dans les années 1980.
Ce court film montre des fresques aujourd’hui disparues ou
gravement dégradées par les champignons. Ces images sont
ensuite projetées dans une petite serre contenant une centaine
de papillons de différentes tailles avec un écran disposé au fond.
Les ailes des papillons se déploient dans la lumière du faisceau
de projection, pour accrocher l’image film au rythme de leur
battement, saisi par la pellicule. Dans cet étrange bestiaire ou
cohabitent traces et images de prédateurs millénaires et insectes
éphéméroptères, plusieurs temporalités s’entrechoquent.
extrait du texte de
Léa Bismuth, Critique d’art et commissaire d’exposition
Digital Désert


Courtesy de l’artiste et de la galerie Eva Hober.
Pour cette série, l’artiste nous propose une nature morte,
déposée en plein-air. Les différentes photographies nous
rapprochent plus ou moins des éléments photographiés.
On y découvre alors le dépôt au sol d’uniformes militaires,
dans un environnement désert. Inspiré du motif militaire
de camouflage américain « digital desert », Clément Cogitore
confond la matière des uniformes et celui du paysage.
Puis, ils se distinguent finalement par l’agrandissement du
grand format, capable de confondre la matière du paysage
et des vêtements dans une surface indéterminée constituée
des pixels.
Il interroge ainsi les questions de la visibilité
et de camouflage grâce à une représentation d’un conflit
moderne et non une image documentaire.
Le motif des uniformes militaires permet aux soldats
de ne pas être repérés par les drones.

GHOST_HORSEMAN_OF_THE_APOCALYPSE_IN_CAIRO
_EGYPT, 2017
Il s’agit d’une photographie de foule réunie sur la Place Tahrir,
lors de la révolution égyptienne qui symbolise à elle seule cette
capacité que possède le cerveau humain à créer ses propres récits
et narrations. Cette image, capture d’écran tirée d’une vidéo d’une
chaîne d’informations a circulé sur la toile pendant plusieurs jours
car certains internautes y avaient vu en son centre une figure
trouble, un halo lumineux prenant la forme d’un homme sur
un cheval et devenu soudainement sur les réseaux sociaux le
quatrième cavalier de l’Apocalypse.
La cause est simple et technique : là où certains ont détecté
rapidement un « facteur de flare », illusion optique produite
par une diffusion de la lumière à l’intérieur d’un objectif de
caméra, d’autres ont laissé courir leur imagination, teintée
du plus grand mysticisme.
extrait de Léa Chauvel-Lévy, Critique d’art
Cette image est à l’origine d’une tapisserie confectionnée
par les Tapisseries d’Aubusson, livrée cet été.
Les Indes Galantes

Cette vidéo est une confrontation de plusieurs univers dont
la symbiose offre un univers intemporel. Il s’agit de l’adaptation
d’une partie du ballet Les indes galantes de Jean-Philippe Rameau,
avec le concours de danseurs de Krump et de trois chorégraphes :
Bintou Dembele, Grichka et Brahim Rachiki.
Le Krump émerge aux Etats-Unis à la suite des émeutes raciales
de 1992. Les mouvements du Krump sont des éléments inspirés
des arrestations policières ; pacifique, le Krump est, pour ses créateurs,
un don de Dieu. Déposé sur cette musique baroque, le ballet captive
et envoute le regard.
La première séquence de l’exposition donne un aperçu de son
travail des dernières années avec différentes œuvres,
tandis que dans la seconde partie, à partir de la mi-mai,
sa nouvelle œuvre The Evil Eye, pour laquelle il a reçu
le prix Marcel Duchamp en 2018, fera pour la première fois
l’objet d’une présentation institutionnelle.

Après des études à l’Ecole supérieure des arts décoratifs
de Strasbourg, et au Fresnoy – Studio national des arts
contemporains, Cogitore développe une pratique à mi-chemin
entre art contemporain et cinéma. Mêlant films, vidéos,
installations et photographies son travail questionne les modalités
de cohabitation des hommes avec leurs images.
Il y est le plus souvent question de rituels, de mémoire collective,
de figuration du sacré ainsi que d’une certaine idée de la perméabilité
des mondes.
Clément Cogitore a été récompensé en 2011 par le
Grand prix du Salon de Montrouge, puis nommé pour
l’année 2012 pensionnaire de l’Académie
de France à Rome-Villa Médicis. Ses films ont été sélectionnés
et récompensés dans de nombreux festivals internationaux
(Cannes, Locarno, Telluride, Los Angeles, San Sebastian…).
Son travail a également été exposé et projeté dans de nombreux
musées et centre d’arts (Palais de Tokyo, Centre Georges Pompidou
– Paris, ICA Londres, Museum of fine arts – Boston, MoMA New-York…).
En 2015 son premier long-métrage « Ni le ciel, Ni la terre »
a été récompensé par le Prix de la Fondation Gan, au Festival de
Cannes – Semaine de la critique, salué par la critique et nominé
pour le César du meilleur premier film. La même année il reçoit
le Prix BAL pour la jeune création. L’année 2016, il reçoit le
Prix Science Po pour l’art contemporain et le 18° Prix de la
Fondation d’Entreprise Ricard pour l’art contemporain.
En 2018, le Prix Marcel Duchamp lui est décerné par
l’ADIAF (Association pour la Diffusion Internationale de
l’Art Français).
Pour célébrer son 350ème anniversaire, l’Opéra National de
Paris a confié à Clément Cogitore la mise en scène
de l’intégralité de l’opéra-ballet Les Indes galantes
de Jean-Baptiste Rameau. La première représentation
aura lieu en septembre 2019.
Sur une invitation de José-Manuel Gonçalvès, Clément Cogitore
devient artiste associé au 104 pour l’année 2018-2019.
Le travail de Clément Cogitore est présent dans de nombreuses
collections publiques : Centre Georges Pompidou, Musée national
d’art moderne, Fonds national d’art contemporain, Fonds
d’art contemporain de la Ville de Paris, FRAC Alsace, FRAC
Aquitaine, FRAC Auvergne, MAC VAL, Musée d’art moderne
et contemporain de Strasbourg, Daimler Art collection et
de nombreuses collections privées.
Né en 1983 à Colmar, Clément Cogitore vit et travaille entre
Paris et Strasbourg.
Représenté par la Galerie Eva Hober (Paris) et la
Galerie Reinhard Hauff (Stuttgart)