Ronan Barrot

“Je peins des sujets de peinture.”
ronan-barrot-le-carre.1246540744.JPGRonan Barrot, mon premier coup d’œil à l’exposition qui lui est consacrée au Centre d’Art Contemporain Fernet Branca, a été désastreux. D’une salle, l’autre des toiles immenses, des couleurs, sombres, parsemées de bleu, de rouge, des crânes. J’ai fait rapidement le tour de peur d’être happée par un pessimisme évident. Les gardiens interloqués me voyant ressortir aussi rapidement, me disent : vous n’êtes pas la première à être choquée par ces peintures.
Moi : est-il suicidaire ?  Et bien non, car lors d’une des soirées consacrées au 10 ans du pass-musées, j’ai suivi la visite guidée, animée par Gusty Vonville,  passionné par l’œuvre de cet artiste. C’est là que j’apprends que Ronan Barrot est plutôt bon vivant (je cite GV), passionné d’histoire de l’art, effectivement dans ses peintures on retrouve des références à Goya, la grille, à Manet les déjeuners, à Courbet par la magnificence des ocres, à Rembrandt et Soutine – le bœuf écorché par l’émotion et la douleur dégagées, Cezanne pour les portraits et paysages, les références sont multiples. Ronan Barrot peint avec frénésie, la douleur, la guerre, la mort, avec lui c’est « crimes et châtiments »  dans l’exubérance des pigments et de la matière.
Pourquoi tous ces crânes dans la plupart de ses compositions ? Une manière de nous ramener à la préhistoire ai-je lu dans le catalogue, grâcieusement offert par Fernet Branca, ou vanité et memento mori.
On ne peut rester insensible devant « l’outrage » (Guantanamo), ronan-barrot-loutrage.1246540419.JPGun homme vêtu de rouge les deux mains liées,  entre deux poteaux, qui si l’on y regardent de plus près forment une croix dans le haut, les barbelés, n’étant plus que des volutes sur ses jambes, la tête inclinée sur la poitrine, tel un pendu, deux hommes de part et d’autres, une crucifixion avec les 2 centurions,
Un ciel de fin du monde, tout y est.
A ma question : Comment Ronan Barrot est-il perçu dans le monde de l’art contemporain, en tant que peintre figuratif, alors que l’air du temps veut qu’après l’holocauste on ne peint plus d’images d’où le passage  à l’abstrait ? Auguste Vonville évoque cette histoire :
Onze ans auparavant, en 1998, une conversation de  Denis Monfleur avec Yves Michaud, alors directeur de l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris, tourne court
Cette conversation sort droit de l’imagination de l’enthousiaste Gusty, cette conversation sort droit de l’imagination débridée de mon lecteur enregistreur….donc acte…… Denis Monfleur n’ayant jamais rencontrer Yves Michaud, en dehors de ses lectures, mais elle aurait pu exister … aussi les guillemets se justifient d’autant plus…

 » Nous parlons de l’exposition consacrée aux diplômés de l’école, avec félicitations du jury. Je lui dis toute mon admiration pour les oeuvres d’un jeune peintre, Ronan Barrot, et lui ne cesse de vanter les qualités d’un autre artiste, François Durif, obsédé par les dessins chirurgicaux et offrant aux visiteurs des chapeaux en papier qu’il fabrique sur place car il s’est installé une chambre dans la salle d’exposition et ne quitte plus le lit. Barrot, lui, se contente de peindre : des crânes, des joueurs de foot, un autoportrait. J’épelle : Ro-nan Bar-rot, mais le directeur-philosophe, malgré toute sa bonne volonté, ne voit pas de qui je lui parle. »

Les deux témoignages ne coïncident pas tout à fait. Barrot affirme que le jury de l’Ecole des beaux-arts détestait ses tableaux, qu’il s’apprêtait à lui refuser son diplôme de fin d’études ou, au mieux, à le lui donner sans félicitations, lorsque, tel Zorro arrivant sur son fier destrier, » l’un des membres du jury, le peintre Yan Pei-Ming, sauva la situation en déclarant qu’il voulait lui acheter une des oeuvres – ce qui impressionna ses compères et les incita à se ranger à son avis. Plus mesuré, Yan Pei-Ming prétend que les autres jurés n’étaient pas hostiles à l’oeuvre du jeune peintre et qu’il n’eut aucun mal à les convaincre de le féliciter. » Selon que l’on aime ou pas le romanesque, on choisira l’une ou l’autre version. Admettons, la version de Yan pei-Ming ….
Autre toile avec une dédicace au dos « à Julien Coupat » dansronan-barrot-nous-viendrons-vous-chercher.1246540595.JPG « Nous viendrons vous chercher » un paysage de désolation, sur une terre rouge, surgissent des arbres dont on aperçoit que les troncs, au premier plan, un couple de squelettes accroupis contre le tronc, puis un homme assis parterre, de trois quart, accoudé, puis une ombre silhouette, indéfinie, loup-garou, diable, mercenaire, menaçant, tout ceci sur fond de cabanes en bois. Un ciel gris achève le côté menaçant du tableau, mais un semblant de fenêtre encadrant un bleu à la Barrot y met une touche d’espoir.
Il faudrait parler de « la main, la rencontre, les portraits, le Carré, le Cheval, Même les chiens ont faim, du honteux 17 octobre 1961,  etc… » Une exposition à voir jusqu’au 16 août.
photos de l’auteur
 

Katharina Fritsch

Au Kunsthaus de Zurich (jusqu’au 30 août), vous êtes  accueillis, par un cuisinier jaune, vêtu impeccablement,  présentant un plat de côtellettes, de pommes de terre et de pois sur un  fond en  image d’une auberge noire, une sculpture lumineuse de  Katharina Fritsch, sur une sérigraphie sombre de l’auberge «Schwarzwaldhaus. Dans un angle se trouve un petit Rattenkönig (Le Roi de Rats) qui est le résultat d’une expérience tout-à-fait ordinaire, mi-dégoût, mi-fascination, vécue par l’artiste à la sortie de service d’une institution d’art new-yorkaise. Elle se trouva face à un trou à rats. Cela lui suggéra la légende et les contes parlant d’une pelote trônant au croisement de queues de rats noyés, foyer d’infection et pullulement démoniaque. »
 Un cœur immense formé d’un tapis de pièces de monnaie évoque d’emblée l’idée de commerce.
katharina-fritsch-la-tablee.1245964543.jpg Le musée serait-il devenu auberge où l’on consomme sans mesure, idée confirmée par la
 « Tischgesellschaft, 1988 » ou une tablée de 32 clones, vêtus de noir à la peau blanche, les mains posées sur une nappe à losanges rouges et  blancs vous restitue une curieuse perspective, presque vertigineuse. Le rendu est tellement parfait qu’il me fallut vérifier, à l’insu du gardien j’ai touché, ce sont bien des sculptures en polystyrène et bois, il n’y a que la nappe qui est en coton. La sensation confuse d’un imaginaire mêlant humour et consommation se confirme avec « Warengestell mit Madonnen, » 1987/89, (poussez jusqu’à 3/3) le présentoir des madones en gips peintes en jaune, telle une marchandise en promotion pour lieux de pèlerinage. Joue-t’elle  sur les croyances populaires, les peurs, telle cette Sainte Catherine noire, au cœur très visible, sur fonds de sérigraphie verte.
Dans la salle voisine, Mary Poppins, “Frau mit Hund, Schirme und Paris-Postkarten, 2004 » katharina-fritsch-frau-mit-hund-schirme-und-paris-postkarden.1245964721.jpgconstitué de pétales de roses, d’après le catalogue, qui ressemblent plutôt à des coquilles St Jacques, la forme du visage très connotée, qui  évolue gracieusement dans un paysage de sérigraphies, monochromes, de Tour Eiffel, de Champs Elysées, de café-croissants, de bouteille de vin. Le caniche blanc est à son image,  la queue a la forme d’un escargot, les ombrelles accrochées au plafond semblent flotter dans un passé révolu et donnent un aspect léger et aérien à cet espace.
Puis il y a le géant blanc avec sa massue devant une vallée verdoyante qui évoque la naissance des mythes.
Puis on croise l’éléphant vert sur socle, qui n’a rien a envier par sa taille à ceux que j’ai vu au musée de la nature à New York, à part que celui-ci est unique.
Dans l’un des derniers groupes Katharina Fritsch invite dans une chambre à coucher. Il y a un grand lit blanc décoré avec des confettis, dit «lit français». Comme si un époux, créateur dans l’attente,  avait posé des confettis colorés en forme coeur, à la place des yeux et de la bouche sur le couvre-lit. Au mur des sérigraphies monochromes de playboys, sur la plage d’ Ibiza, à la plastique avantageuse, nus ou à peine vêtus.
La table de nuit, avec un lapin et Donald, un papier peint avec des dynosaures et des tableaux encadrant des oiseaux.
Fantasme de l’artiste ou souvenirs du passé?
Toujours dans la continuité de consommation, le frigo bardé d’autocollants.
Puis la pièce la plus surprenante une superbe pieuvre orange sur son socle, tenant dans une tentacule, un tout petitkatharina-fritsch.1245964893.jpg homme vêtu de son scaphandre, ayant l’air de se débattre en vain, à côté d’un crâne coiffé d’un haut de forme, suprème vanité. Tentation de manipuler l’autre, l’homme ?
 Si l’on se réfère aux sérigraphies environnantes, KF. Se serait inspiré d’un fait divers qui se serait passé au zoo de Londres, un boa avalé par un python, puis passager précipité d’un bateau, un dame dans son lit affublée d’une chauve souris et un autre trio de dames pratiquant la fumette, tout cet assemblage sorti du cerveau blanc sur socle de l’artiste ? Onirique, déroutante, l’exposition des figures et des objets est présentée comme dans la décoration soignée d’une vitrine de grand magasin. Toutes ses sculptures et petits éléments sculpturaux à caractère d’objet ne sont cependant pas des copies de productions de masse glanées dans le commerce, mais des artefacts lissés, purifiés, idéalisés.

Art Basel suite 4

jake-et-dinos-chapman-no-women-no-cry.1245635495.JPGA Bâle Jake et Dinos Chapman présentent «  No woman, no Cry » 2009« . Un charnier, corps torturés, sanguinolants, l’horreur absolue. Le public se masse autour de l’œuvre, mu par la curiosité, visiblement très peu choqué, j’ai noté un enfant tout sourire, il prenait cela visiblement pour l’illustration d’un jeu virtuel, matérialisé ici dans sa cage de verre. C’est le même attroupement que l’on voit lors d’un accident, la même curiosité avide anime le public,
Les 2 plasticiens britanniques étaient assistants de Gilbert & George. Est-ce par opposition à leur père professeur d’art, qu’ils produisent des œuvres cyniques, qui ne visent qu’à choquer. La guerre le sexe, le capitalisme sont les thèmes récurrents de leur travail. Ils jouent sur le second degré et la controverse.
Ils se font remarquer par la critique en 1991, pour une oeuvre intitulée « Désastres de la guerre », réalisée à partir de figurines en plastique et inspirée directement des gravures de Goya. jake-et-dinos-chapmant-1.1245635814.JPG
On peut dire que leur oeuvre la plus ambitieuse est Hell, qu’ils réalisent en 1999, représentant diverses scènes, notamment l’Holocauste, et qui a été détruite lors d’un incendie. Elle était composée d’un grand nombre de mini-figurines de nazis.
Ils réalisent des sculptures avec des mannequins d’enfants assemblés et pourvus d’organes génitaux placés au hasard.
En octobre 2008, lors de la Foire Internationale d’Art Contemporain de Paris, Jake et Dinos Chapman vendent, après les avoir retouchées, onze aquarelles réalisées par Adolf Hitler, pour la somme de 815 000 euros. Sur ces peintures, représentant des paysages désolés, Jake et Dinos Chapman ajoutent des arcs-en-ciel et des formes de couleur.
L’oeuvre, intitulée « March of the Banal », littéralement « La Marche de l’ordinaire », suscite immédiatement une polémique. Certains n’hésitent pas à parler de « révisionnisme cool ».
En mai 2008, les frères Chapman avaient déjà exposé à la White Cube de Londres une première série de treize aquarelles de Hitler repeintes : If Hitler Had Been a Hippy How Happy Would We Be, littéralement « Si Hitler avait été hippie, comme nous serions heureux ».
Ils étaient dans la liste des nommés au Prix Turner en 2003. Moi aussi j’ai cédé à la curiosité morbide en ayant pris des photos et une vidéo.

Art Basel Public Art Project 2 (suite 3)

art-basel-inconnue.1245324129.JPGUne concurrence sérieuse pour Eva et  Adèle , artistes omniprésentes dans le monde de l’art contemporain ? Elle avait une telle renvie d’être vue et photographiée, qu’ici elle trouvera sa minute de célébrité
En jouant sur l’ambiguïté du titre “Hard-Pressed Cable” (2008), la contribution de Gabriel Kuri
gabriel-kuri.1245323547.JPG(Galleria Franco Noero, Turin) dévoile en grande partie la dimension du contenu de ce travail. D’une part, le titre évoque la façon dont la langue des initiés de l’industrie de la communication désigne un message instantané urgent, et d’autre part, il joue directement sur la compression physique. La sculpture se compose d’un mur d’affiches grand format vide installé sur le sol, muni de spots de lumière fluorescente contre lesquels une boîte de jus de fruits tropicaux broyée est compressée à l’aide d’une longue poutre de bois. Le contraste entre le poids physique réel de la structure et la légèreté de la boîte de jus de fruits est saisissant. Les fonctions commerciales et publicitaires du mur d’affiches subissent un processus d’appropriation artistique afin que l’image en appelle à une oasis lointaine qui repose à plat sur la ligne de fuite de sa surface. Enfin, c’est ce que j’ai lu dans la description …
La sculpture “Untitled” (2009) de Mathieu Mercier (Mehdi Chouakri, Berlin) ressemble à une ligne monochrome mathieu-mercier.1245323706.JPGmonumentale issue de recherches scientifiques sur notre sens de la vue: en observant l’espace environnant, l’œil saute de point en point, de détail en détail et ne perçoit pas d’un coup l’ensemble de la structure. A la frontière entre architecture et design, les objets-sculptures de Mercier sont profondément reliées à nos schémas de comportement habituels. cela renvoie à la ligne indéterminé de Benoît Venet.
David Zwirner, New York, présente la nouvelle installation “Liftoff” (2009) de John McCracken, une sculpture constituée d’un pilier en angle droit en acier inoxydable. john-mc-cracken.1245323826.JPGMcCracken, qui peut être rattaché aux Minimalistes de la Côte Ouest, appelle ses objets “blocs, plaques, piliers, planches. De belles formes neutres basiques”. Par leur effet de miroir sur la Place de la Foire, mais aussi sur le spectateur, les surfaces lisses et pleines de couleurs confèrent elles aussi à l’œuvre une toute nouvelle dimension.
Les passants ne manquent pas de s’y prendre en photo, peu de gens résistent à cette mise en abîme.
Ken Price (Matthew Marks Gallery, New York) présentera “Bulgogi” (2009), sa première sculpture extérieure de format monumental qui dépasse deux mètres de haut. Cette installation permettra ken-price.1245323949.JPGau spectateur d’avoir une vision complètement différente de l’œuvre de l’artiste. Elle est composée d’éléments en terre cuite recouverts de nombreuses couches de peinture très colorée. Ces couches poncées donnent à la surface des aspects très variés.
Photos de l’auteur

Art Basel suite 2


Fondée par un groupe de galeristes bâlois dont Ernst Beyeler,
Art Basel eut lieu pour la première fois en 1970. Rapidement, ce rendez-vous qui réunit toutes les formes d’expression artistique s’imposa comme un must. Aujourd’hui, pour la 40e édition, plus de 60.000 artistes, collectionneurs (l’aéroport est le rendez-vous des jets privés), galeristes, commissaires d’expositions et amateurs d’art se précipitent à Bâle tous les ans en juin. Pour retenir 280 galeries, ils n’ont que l’embarras du choix dans plus de 1100 dossiers de candidature…
Même si tout cela est très feutré, les galeries du monde entier se battent pour entrer dans ce  saint des saints du marché de l’art. Car Art 40 Basel est tout simplement la plus importante foire d’art au monde. Autrement dit, on ne fait pas mieux sur la planète dans le domaine de l’art moderne et contemporain.
Moins d’oeuvres monumentales délirantes, y compris dans la section baptisée Art Unlimited (art sans limite). Moins de prise de risque, et un retour à des talents plus sûrs, des artistes confirmés plutôt que des jeunes vedettes lancées à grand renfort de bouche-à-oreille.
brad-pitt.1245104138.jpgQuoique invitée au « First Choice » parmis la quantité de collectionneurs, j’ai manqué Brad Pitt, chemise blanche, jeans, casquette et lunettes de star, traqué par les caméras, dévalisant la galerie de la milanaise Rossana Orlandi. Il a rempli son charriot en achetant des pièces d’un tout jeune designer, Nacho Carbonell, pour un total de 84 000 dollars, et trois installations de l’atelier Van Lieshout, dont celle se trouvant à l’entrée de la foire, la Mini Capsule Hotel, qu’il destine, selon The Art Newspaper, à servir de cabine sur sa plage privée de Santa Barbara. Il aurait acquis, pour environs 1 million d’euros, une toile intitulée « Etappe » de l’artiste allemand Neo Rauch.neo-rauch-etappe.1245104648.jpg
Suivait la directrice du Garage de Moscou,  Dasha Zhukova, ayant dans son sillage, un habitué d’Art Basel, le multi-milliardaire Roman Abramovitch,qui souhaitait un Warhol pour sa nouvelle maison. Roman Abramovitch  y  faisait  ses emplettes.
Karl Lagerfeld déambulait tel un monarque tout de noir vêtu, suivi d’une cohorte de jeunes éphèbes tout en blanc .
Pour ma part, j’ai retenu Anish Kapoor, plasticien indien, dans ses oeuvres d’acier scintillantes, étincellant comme un rubis ou comme une émeuraude, présent chez quelques galeristes,  il faisait la joie des invités lors du vernissage, c’était à qui s’y mirait le mieux en une myriade d’exemplaires, comme un ciel étoilé.


Giuseppe Penone très présent aussi, avec ses toiles, aux épines d’acacias, sur cuir, ou soie, ou ses arbres sculptés, dans lesquels il incorpore du bronze. Son œuvre se caractérise par une interrogation sur l’homme et la nature, sur le temps, penone.1245107197.JPGl’être, le devenir, l’infini, le mouvement, et par la beauté affirmée de ses formes et de ses matériaux. Convaincu que le paysage est chargé de signes inscrits dans la mémoire des matières végétales, organiques et minérales, il tend dans ses œuvres à révéler une présence humaine, à l’intérieur de ces sculptures qui rappellent une virginité, une pureté de la nature. Il veut y intégrer cette sensibilité, cette culture humaine comme s’il ne faisait que la découvrir, la révéler, et il tente de la provoquer, de l’extraire, en créant des empreintes liant étroitement humanité et pureté de la nature. (par les moulages, sculptures..). Ainsi, le geste de l’artiste met en évidence dans les espaces sans culture (humaine), des signes profonds de la présence, voire du destin de l’homme. Son œuvre montre aussi la métamorphose que le temps produit sur la matière.
Pipilotti Rist avec son installation vidéo « calme à travers  le mur », l’artiste suisse incorpore dans ses vidéos des effets cinématographiques. Elle met à profit les « défauts » de l’image et utilise le brouillage, le flou, les renversements pipilotti-rist.1245107625.JPG( l’image peut se retrouver inversée ou sur le côté comme dans l’une de ses vidéos où le spectateur est invité à se coucher pour la regarder Art Basel 2008), le rythme, les plans rapides, les couleurs, les sons et la musique.
A la galerie Landau de magnifiques Giacometti homme qui marche, tête, toile, invitation à l’exposition de la Fondation Beyeler.
Un magnifique dessin de 1878 au crayon graphite sur papier, représentant un moine hindou, d’une finesse, propre à Georges Seurat.
Au premier étage The Simple Things (2008), une pièce sous vitrine et facile à trouver : il y a un agent de la Securitas qui ne la lâche pas d’un œil…
Une pièce née de la rencontre de Pharrell Williams, musicien, chanteur, star du rap et… amateur de bijoux ostentatoires et du plasticien japonais Takashi Murakami. L’Américain a choisi sept objets de son quotidien (une boîte de Coca, un paquet de chips, du lait de bébé, un préservatif, une basket…) qui ont été recouverts d’or blanc et de diamants et placés dans la « gueule » d’un murakami-the-simple-thing.1245107930.JPGmonstre coloré qui les défend…
« Beaucoup vont se déchaîner avec un énorme plaisir contre cette pièce, imagine Emmanuel Perrotin, galeriste, mais pour moi c’est de la culture, pas du bling. En ces temps de crise, le cynisme voudrait qu’aujourd’hui, on ne montre que des choses pas chères… »
Et le galeriste d’oser une comparaison :  » Un orchestre symphonique, ce serait bling et un guitariste qui fait du folk tout seul, de la culture …. « 
Photos 3/4/5 et vidéo 2 de l’auteur

Art Basel Public Project 1

Public Art Project 1
Dans l’ensemble, j’ai trouvé les installations un peu faibles par rapport aux années précédentes.
valentin-caron.1244807951.JPGLa Galerie Eva Presenhuber,  de Zurich, présente l’installation “Fosbury Flop” (2009) de l’artiste suisse Valentin Carron, une gigantesque croix en bois qui soulève des questions quant à la sublimation des objets symboliques que l’artiste trouve dans son environnement immédiat. Cette croix est une sculpture publique à laquelle se mêlent des connotations religieuses universelles, mais elle représente aussi, avec ses deux lignes entrecroisées, un relief abstrait qui renvoie à des valentin-caron-2.1244808057.JPGstratégies artistiques abstraites. Pointant vers le ciel rougeoyant à la sortie du vernissage, on peut y trouver un côté romantico-nostalgique.
A la fois objet d’art et oeuvre d’art, l’installation “AIDS sculpture” (1989) évoque la fin des années
80 et le début des années 90, qui ont vu l’épidémie de sida faire partout la manchette des journaux.La sculpture en métal laqué atteint presque deux mètres de haut. Elle a été réalisée en 1989 par AA Bronson, Felix Partz et Jorge Zontal, des artistes qui appartenaient au groupe General Idea (présenté par Esther Schipper, Berlin; Galerie Mai 36, Zurich; Galerie d’Art Contemporain Frédéric Giroux, Paris) – à une époque où peu d’œuvres d’art avaient spécifiquement pour objet le sida. Inspiré par l’oeuvre célèbre de l’artiste américain genral-idea-aids.1244809983.JPGRobert Indiana, General Idea a remplacé le mot LOVE traduit sculpturalement, par le mot AIDS, en comprimant les lettres sur deux rangées, à l’intérieur de contours formant un carré parfait. Exposée dans divers lieux depuis 1989, la sculpture a été recouverte au fil de ses pérégrinations d’une épaisse couche de graffitis qui sont devenues partie intégrante de l’œuvre, et que l’on rencontrerait plus facilement dans une banlieue que sur la sélecte place de la Foire.
Mark Handforth (Galerie Eva Presenhuber, Zurich) a intégré dans son installation “Platz” (2007)mark-hardforth.1244808183.JPG
des maillons de chaîne de taille gigantesque qui s’entrelacent et composent une forme quasiment organique. Dans son installation sculpturale, Handforth déplace des objets familiers dans un environnement inconnu pour montrer d’une nouvelle façon comment ces objets existent et fonctionnent dans notre vie quotidienne. Il les représente ainsi métamorphosés dans une nouvelle forme d’allégorie physique. Pour moi gourmande cela me fait penser à un gigantesque sorbet mangue-framboise.
“Loop Bench” (2006) de l’artiste danois Jeppe Hein (Johann König, Berlin) est une oeuvre inspirée d’un simple banc public dans sa forme initiale. De taille absurdement surdimensionnée, le banc forme une longue boucle constituée de bancs avec des lignes croisées et courbes sur lesquelles
jeppe-hein.1244808450.JPGle visiteur peut s’asseoir. Ce banc possède en même temps sa propre qualité sculpturale. Son trait caractéristique repose sur la réaction ou l’interaction qu’il suscite de la part du spectateur, et sur la manière dont cette réaction se propage et place ainsi l’installation au centre de rencontres inopinées. Selon l’heure il est tristement vide, mais surtout dès que le soleil pointe et que le public afflue il prend toute sa fonction de possibilité de communication. jeppe-hein-2.1244808862.jpgJe m’y suis posée en observatrice, je constate que les contacts entre les personnes se font plus facilement en virtuel qu’en live. Brassens était dans le vrai pour les amoureux, mais pour les solitaires point de salut, dans la vie réelle.
photos de l’auteur
à suivre

Anselm Kiefer

On a appris mi-mai le départ de l’artiste allemand Anselm Kiefer, installé depuis 1993 dans le Gard, qu’ aujourd’hui il est contraint de poursuivre l’aventure au Portugal.
Les raisons qui poussent aujourd’hui Anselm Kiefer à quitter l’ancienne filature de soie de Barjac qu’il avait transformée en un gigantesque atelier-musée de 35 hectares, devenu mythique, sont d’une tout autre nature. En janvier 2008, son atelier est cambriolé, l’une de ses sculptures volée (le préjudice est estimé à près d’un million d’euros), et l’artiste est régulièrement victime des aigreurs d’une partie de la population locale.
Comment peut-on laisser s’échapper, un artiste majeur comme Kiefer, qui faisait pourtant l’objet d’une rétrospective monumentale en 2007 au Grand Palais ? Un artiste vivant, dont les oeuvres ont pénétré dans le Louvre. Pire, la France, contrairement à d’autres scènes comme Londres ou Berlin qui attirent sans cesse des artistes venus du monde entier, peine à fournir à une nouvelle génération d’artistes français et étrangers les conditions nécessaires à leur maintien sur le territoire (ateliers, bourses, visibilité).
Heureusement qu’en Alsace, le collectionneur et industriel allemand Reinhold Würth lui fait la part belle. En 2004, il lui a consacré une exposition dans sa Kunsthalle Schwäbishe Halle.
Elève de Joseph Beuys son œuvre est défini par la volonté de définir une identité d’après guerre. Kiefer, donne l’impression d’un formidable iconographe et régisseur des mythes, en leur donnant une visibilité et une lecture. Né en 1945, à Donaueschingen, il s’emploie à scruter l’histoire allemande et par certains sujets fait le parallèle avec l’histoire des religions. Kiefer travaille concrètement sur les archétypes. Il y introduit la plus-value du débris, la fascination pour le désastre. Quiconque s’y trouve confronté sait que la peur dont il est question est plus qu’une peur existentielle subjective, c’est une peur fondée sur un plan politique et en dernière instance, anthropologique.
Dans l’exposition inaugurale d’ouverture, intitulée un monde à part, le musée Würth d’Estein, nous a présenté Querelle iconoclaste (1977/1988) et les Erinyes (1995/1998).
Dans l’exposition actuelle  Coups de cœur  il présente :
anselm-kiefer-berenice.1244464083.JPGBérénice, (2003) dans la tragédie de Racine, une photo retouchée avec des collages des cheveux et du plomb, le plomb de Saturne, où il exprime cette tristesse majestueuse de celle-ci, lorsque Titus lui annonce, qu’il ne peut l’épouser et doit la renvoyer, et qu’elle refuse son sort, ou encore dans les histoires extraordinaires d’Edgar Poe, il évoque le mystère d’Iris ou encore Véronique ou Bérénice, personnage de la tradition chrétienne, femme pieuse qui a donné son voile pour que le Christ y essuie son visage, dans le fondu enchaîné de l’image.
Tannhauser, (1991) sculpture avec livres et branche d’aubépine.anselm-kiefer-tannhauser.1244464264.JPG
Sa fascination pour les livres, non seulement fait référence à sa grande culture de l’histoire et de l’histoire de l’art, mais évidemment aux autodafés, où il exprime son jugement implacable sur la guerre et l’art d’après guerre. Aucun autre artiste de sa génération a entretenu un rapport aussi permanent aux livres, jusqu’à considérer le livre égal à la toile. Et pourtant lorsque nous ouvrons ces grands formats, nous nous heurtons à l’énigme des pages illisibles, à l’effacement de ce que les livres contiennent ordinairement. De son propre aveu s’il n’avait été peintre, il aurait été écrivain. La littérature est d’ailleurs un territoire inépuisable pour l’artiste qui trouve dans ses lectures de divers auteurs (Rainer Maria Rilke –prononcez ce nom juste pour le plaisir- Jean Genet, Paul Ceylan très présent dans Monumenta sous la voûte du Grand Palais, Velimir Khlebnikov, Louis Ferdinand Céline, entre autres) le choc émotionnel et spirituel nécessaire à la production de ses créations plastiques, à la frontière entre objet sculptural et peinture. Ce qui distingue les sculptures, des livres souvent réalisées à base du plomb qu’il racheta à la cathédrale de Cologne, c’est que le poids et la matière les rendent impropres à toute manipulation. Des bibliothèques entières sont à l’occasion composées de ces sculptures massives dont dépassent des plaques de verre qui viennent de manière aléatoire se briser au sol. Le végétal en étant le complément indispensable pour illustrer le côté éphémère de toute chose. Le livres est pour Anselm Kiefer à la fois, source de savoirs, objet plastique et symbole culturel.
anselm-kiefer-claudia-quinta.1244464440.JPGPuis il y a Claudine (2004), toile qui présente Claudia Quinta, jeune vestale romaine injustement accusée d’avoir trahi son obligation de chasteté, et dont la vertu fut miraculeusement prouvée, selon le récit de Aurelius Victor . A la fin du voyage de la pierre sacrée de Cybèle de Pessinonte (Phrygie) à Rome (205-204 av. J.-C.), le navire la transportant s’enfonce dans la vase du Tibre. Les hommes essayent de le remorquer avec une corde mais il ne bouge pas. La consultation des Livres Sibyllins indiqua que seule une femme très chaste pourrait le déplacer. Claudia Quinta prie alors la déesse de la suivre, si elle est bien chaste : elle attache sa ceinture au navire et le remorque à elle seule. La déesse prouve ainsi la pureté de la jeune femme. Tacite rapporte que la statue représentant Claudia Quinta échappa par deux fois à la fureur des flammes et fut consacrée dans le temple de la déesse Cybèle.
photos de l’auteur prise au musée Würth d’Erstein (67)

Armures & Robes de soirée au musée Tinguely

s-bastian.1242509711.JPGLa demeure du « métallier » éclairé Jean Tinguely ouvre ses portes à la haute école et l’extraordinaire artisanat des robustes armures en plaques, avec une exposition sur la « mode » masculine en acier pour la guerre, le tournoi et la parade. L’art du vêtement féminin moderne est représenté par des modèles du couturier Roberto Capucci, roberto-capucci.1242509357.JPGet des œuvres d’Eva Aeppli et Niki de Saint Phalle et des figurines d’Oskar Schlemmer apportent le composant existentiel à ce théâtre du monde. Tout sous le regard de divers « engins de guerre » de Tinguely, Luginbühl et Spoerri, de même la bande dessinée « Apocalypse » de M. S. Bastian – un survol de la culture, vacillement entre étonnement et parodie, frayeur et envoûtement.
La majorité des armures proviennent de l’Arsenal de Graz en Styrie, auxquelles se joint une délégation Suisse de Soleure les deux derniers arsenaux historiques d’Europe. Pour couronner ces quelques soixante armures, douze exemples d’apparat prêtés par la Hofjagd- und Rüstkammer Vienne, dialoguent avec douze robes sculptures de Roberto Capucci, couturier italien qui a souvent puisé son inspiration dans ces « robes » masculines en métal, telles une « seconde peau ».
landfraf-von-hessen.1242509601.JPGUne mise-en-scène inhabituelle transforme le musée en scène de théâtre.
L’exposition montée par l’Arsenal d’État de Graz autour des armures de Styrie, Autriche,  a été conçue de manière tout à fait nouvelle et adaptée pour la station bâloise, où les armures historiques et leur fonctionnalité technique sont mises en rapport avec des œuvres de Jean Tinguely.
L’Arsenal fut établi à l’origine comme dépôt d’armes et de matériel de guerre de l’État de Styrie face à la menace de l’Empire Ottoman. Vers le milieu du 18ème siècle, sur la demande des États, il fut décidé de maintenir l’Arsenal d’État en monument à la bravoure de la Styrie. L’Arsenal de Graz est ainsi devenu une des collections d’armures les plus imposantes et complètes au monde.ava-aeppeli.1242509488.JPG
L’exposition à Bâle ne traite pas les circonstances historiques qui ont poussé à constituer un tel dépôt de guerre à la frontière du sud-est de l’Empire Habsbourgeois au 16ème siècle pour contrer la menace ottomane. Les armures seront traitées au-delà de leur fonction initiale de protections pour le corps humain surtout comme vêtements qui, à la manière de leurs modèles en étoffe, obéissaient aussi aux courants de la mode. Il en ressort clairement combien la volonté d’esthétisme surmontait les exigences techniques tout en s’en servant. D’une part, l’armure retient son attribution fonctionnelle qui, tout en garantissant une haute protection, doit offrir à qui la revêt la mobilité ; d’autre part, plusieurs détails dont la teinte, la gravure de la surface dure de l’acier trahissent l’inspiration du modèle en étoffe. robert-capucci-2.1242510091.JPG
 Des panneaux dans l’exposition expliquent les processus du travail du métal pour une meilleure compréhension de l’art de l’armurier.
Eros et Tanatos,  opposé à l’univers male et froid de l’homme de fer, l’élément féminin, tendre et sensuel, est représenté par des modèles du couturier Florentin Roberto Capucci. Ce dernier conçoit ses robes tel des sculptures, elles se prêtent donc particulièrement à un dialogue avec des armures historiques, puisque leur douce enveloppe en étoffe correspond tout en contrastes à la dure coque en acier des armures. Cette antithèse est à la base d’un principe humain trouvé déjà dans la mythologue antique qui donnait pour époux à Vénus, la sensuelle déesse de l’amour, l’habile forgeron Vulcain – un thème repris dans de nombreux tableaux représentant Vénus dans la forge de Vulcain.
oskar-schlemmer.1242510258.JPGIl y a plus de dix ans eut lieu déjà à Vienne une exposition demeurée célèbre par l’audace de sa mise en scène qui confrontait des créations de Capucci à des armures de parade historiques. La relation entre l’éclat de l’acier poli et le drapé soyeux des robes du soir accentue dans le cas présent le caractère festif de la présentation, tout en reliant les armures aux machines fantastiques de Jean Tinguely, tel « hannibal » par leur côté fonctionnel. Ainsi, les deux rôles essentiels d’une armure, tant vêtement de parade que carapace protectrice, ouvrent une nouvelle perspective sur les arsenaux historiques, dont la Suisse aussi en possède quelques uns.
Jusqu’au 30 août 2009.
   photos de l’auteur

New Museum of Contempory Art de New York

new-museum-new-york.1240535970.jpgCe musée  dédié à l’art contemporain, situé auparavant dans Chelsea, a défrayé la chronique lors de son déménagement à Bovery. Le nouveau bâtiment dessiné par le groupe d’architectes japonais SANAA est une petite merveille : un empilement de blocs décentrés, aux proportions inégales, recouvert d’une peau métallique. L’effet visuel est saisissant, mais la vraie surprise est ailleurs. Ce curieux système d’emboîtement a permis de créer des espaces d’exposition inédits, fluides, éclairés par les espaces dégagés grâce au décrochements des structures imbriquées. C’est très astucieux et efficace.
Au rez – de chaussée ce qui correspond au first floor chez les américains (au bout de quelques errements ont fini par comprendre)
 « Urban  China : informal Cities »
C’est une exploration multiforme de la manifestation physique de Terre magazine urbain en Chine.
Fondée en 2005, en milieu urbain en Chine il est le seul magazine consacré aux questions de l’urbanisme et publié au sujet de la Chine.urban-china-new-museum.1241802262.JPG
Urban Chine utilise le terme « informalisme » comme un terme fourre-tout qui combine les notions de l’économie informelle ou souterraine, de l’économie populaire avec, en langue vernaculaire des modes de refaire les objets, les bâtiments, et la vie. L’idée de l’économie informelle est particulièrement consécutif à la lumière de la rigueur avec laquelle l’ordre des villes chinoises ont toujours été planifiée et contrôlée.
Au 1e étage, j’entre dans une salle, un groupe de personne discutent de façon très informelle. Il s’agit de :
Jeremy Deller: It Is What It Is: Conversations About Iraqjeremy-deller-about-iraq.1241801585.jpg
Conversations à propos de l’Irak, une nouvelle rencontre de l’artiste britannique Jeremy Deller. Dans un effort visant à encourager le public à débattre de la situation actuelle en Irak, un carrefour où s’expriment les participants, dont des anciens combattants, des journalistes, des universitaires et des ressortissants iraquiens qui ont une connaissance dans un domaine particulier de la région et / ou une expérience de première main de l’Irak. Ils ont été invités à s’installer dans la galerie dans le but d’encourager la discussion avec les visiteurs du Musée. Mon anglais étant trop sommaire je m’éclipse.
Au 2e étage, de grands coussins sur lesquels on s’allonge vous accueillent dans une salle obscure. La Projection de « Minotaur » de Daria Martin représentant un duo chorégraphié par la légendaire pionnière de la danse et du mouvement Anna Halprin, basée sur la sculpture du Minotaure de  1886 d’Auguste Rodin.daria-martin.1241801874.jpg Martin a juxtaposé soigneusement les mouvements des deux danseurs avec les images de la sculpture de Rodin. Un danseur, d’âge mûr, très beau et une jeune femme, liane. Des images de la sculpture dans un livre, un point de vue de l’extérieur boisée de Halprin, du nord de la Californie, où le studio de danse se trouve, et les plans de tournage de Halprin. Ce faisant, elle crée un complexe multicouches et la synthèse des diverses formes d’art, le cinéma, la danse et la sculpture, tout en méditant sur le processus par lequel l’art est fait, et l’évolution de la dynamique sexuelle entre les hommes et les femmes tel que consacré dans la sculpture et dans la performance imaginée par Halprin. C’est d’une beauté et d’un érotisme torride.
Au 3 e étage « Musée de Hub »: au New Museum est guidée par trois grands thèmes directionnel: Imagined Past, Present Imagined et Imagined avenir.michael-blum-exodus-2048.1241801646.jpg
 Michael Blum, dans l’installation de l’Exode 2048 transforme le musée en tant que centre d’espace pour la durée de l’exposition, ce qui représente un futur imaginaire où le musée lui-même comme une fiction d’un camp israélien pour les réfugiés. L’imaginaire actuel est représenté dans Lidwien van de Ven, la liberté d’expression, à l’origine d’une installation au Van Abbemuseum et recréé ici comme un poster dans le Musée. Une représentation particulière et le dépistage organisé par l’artiste pour examiner la question de l’islamophobie, des nouveaux modes de pensée de droite en Europe, et la politique de la citoyenneté et l’immigration.vue-new-museum-bovery.1241802922.jpg
Au (4)e cinquième étage une vue panoramique sur downtown permet une autre vision par rapport aux grands buildings luxueux de la 57e  à la 43e rue.
photos 1 & 6 de l’auteur

Les fenêtres au musée Würth d’Erstein

 

collection-wurth-henry-moore.1240531895.JPGDepuis les années soixante, Reinhold Würth a constitué l’une des plus importantes collections d’entreprise d’art moderne et contemporain. Aujourd’hui, la collection Würth basée en Allemagne, compte près de 12000 œuvres : peintures, sculptures et dessins. Elle reflète autant les coups de collection-wurth-hoflehner.1240532479.JPGcœur de l’amateur d’art que les grands mouvements artistiques du XXe et du début du XXIe siècle.

Traversant les courants de l’art moderne avec des œuvres néo-impressionnistes, expressionnistes et surréalistes (Camille Pissarro, Alfred Sisley, Paul Baum, Heinrich von Zügel, Max Liebermann, Edvard Munch, Ernst Ludwig Kirchner, Gabriele Münter, Emil Nolde, Max Beckmann, Max Ernst, René Magritte et André Masson), la collection permet également de parcourir les évolutions de l’abstraction géométrique et de l’abstraction lyrique avec des œuvres notamment de Serge Poliakoff, Alberto Magnelli, Auguste Herbin, Aurélie Nemours, Sonia Delaunay-Terk, Victor Vasarely, Jean Dewasne, Jean Deyrolle, André Heurtaux, František Kupka, Hans Hartung, Max Bill, Josef Albers, Henryk Stazewski, Robert Jacobsen. 
collection-wurth-jacobsen.1240532031.JPG 

Riche en outre d’un bel ensemble d’œuvres de tendance néo-figurative, la collection comprend de nombreuses œuvres des artistes Markus Lüpertz, Georg Baselitz, Anselm Kiefer, Bernd Koberling, Rainer Fetting, Jörg Immendorff, Helmut Middendorf ou Dieter Hacker.

 

 

La collection qui compte de très nombreuses peintures, accorde néanmoins une place importante à la sculpture. Elle présente ainsi des pièces significatives d’artistes aussi divers que Jean Arp, Horst Antes, Anthony Caro, Henry Moore, Eduardo Chillida.
 
Par ailleurs, toujours attentif aux créateurs de son temps, Reinhold Würth s’intéresse particulièrement à des parcours singuliers : il noue ainsi une relation privilégiée avec Alfred Hrdlicka, Christo & Jeanne-Claude, José de Guimarães et Robert Jacobsen, dont il suit le travail en mécène convaincu.
Le Musée Würth France Erstein est situé immédiatement à côté du siège social de Würth France, collection-wurth-178.1240531150.JPGaux abords du parc paysager de l’entreprise.
Une confrontation entre les deux bâtiments sous-tend le programme architectural des cabinets lyonnais de Jacques et de Clément Vergély : la transparence du vaisseau de verre du siège exprime un contrepoint à l’opaque géométrie des murs de béton brut du Musée.
 
collection-wurth-wortuba-torse.1240532638.JPGLa grande variété de la collection Würth a déterminé le projet. L’édifice abrite trois salles adaptées à l’hétérogénéité des dimensions des œuvres : une nef monumentale au rez-de-chaussée, et à l’étage deux beaux espaces, pour une surface d’exposition totale de 800 m2. La conception technique de l’éclairage, conçue par Marc Fontoynont, maître d’œuvre notamment de la mise en lumière de la salle de la Joconde au Louvre, privilégie l’apport optimal de la lumière naturelle dans les salles.

 

collection-wurth-arp.1240532264.JPGCe sont les ouvertures vers l’extérieur qui sont aussi une grande réussite de ce musée. Tableaux incorporant le paysage, avec une telle évidence, véritables mises en valeur, en lumière, quelquefois diffuse des œuvres, pour une bonne conservation, un bonheur infini pour le regard.