Boltanski – Personnes – à Monumenta


L’artiste français Christian Boltanski a investi la nef du Grand Palais pour la troisième édition de Monumenta avec une installation glaciale : « Personnes ». Il nous en explique les raisons. « Monumenta 2010. Christian Boltanski. Personnes » a lieu sous la Nef du Grand Palais, avenue Winston Churchill, 75008 Paris. Renseignements : http://www.monumenta.com/
De nombreux articles et vidéos lui sont consacrés. Moi-même j'ai créé un groupe sur l'artiste sur facebook. L'intérêt du groupe est de rassembler de façon non exhaustive, tout ce qui est publié sur le Web, ce qui se dit et s'écrit pour l'évènement, de permettre à ceux qui le souhaitent d'y apporter leur contribution.



Voici le lien du groupe  où vous pouvez nous rejoindre si le coeur vous en dit.
Afin de mieux cerner le personnage et de comprendre sa démarche,je vous recommande "la vie possible de Christian Boltanski",
 au Seuil, Catherine Grenier et Christian Boltanski
Je vais visiter l'exposition sous peu, mais je crois que tout a été dit et
écrit à ce sujet.

Nuit des Musées bâlois du 22 janvier 2010

 Rappel

img_2266-medium.1264208663.jpg

clic

Changez la nuit en jour ou encore votre nuit sera plus belle que vos jours !

museumsnacht.1263299201.jpg

Plus de 30 musées et quelques institutions culturelles offrent un programme passionnant et varié.
«Comment l’araignée tisse-t-elle sa toile ?
Que racontent les enfants placés ?
Les poissons économisent-ils l’énergie ?
Une bataille de boule de neige est-elle du sport ?
Et que sert-on au juste dans un bar du cœur ?»
img_2150.1264208127.jpgSous forme d’expositions, de visites guidées, de conférences, de concerts, d’ateliers, de jeux et de récits, plus de trente musées et huit institutions culturelles de la région de Bâle répondront à ce genre de questions le vendredi 22 janvier 2010 de 18h à 2h du matin.
Pour plus d’infos www.museumsnacht.ch ou www.museenbasel.ch
il y a des programmes spécifiquement en français, mais l’art n’est-il pas international ?
il ne reste plus qu’à la météo à se conformer à nos désirs de fête … -;)
eiffel.1264012448.gif
Vendredi prochain le 22 janvier, à 20h et 22h et 24h au Museum der Kulturen, à Bâle la grande écrivaine franco-sénégalaise Fatou Diome lira des extraits de son roman Ketala (2006) (en français avec lecture de quelques passages de la traduction allemande). Elle y conte l’histoire de Memoria, immigrée en France où elle tombe malade, qui rentre au Sénégal pour y mourir. Lors du partage de l’héritage (Ketala), ses possessions personnelles témoignent de sa vie mouvementée. Dans le cadre de la nuit des musées, où le musée propose également des visites guidées en français de l’exposition Beau et raffiné à 20h30 et à 22h30. www.mkb.ch Autres animations de la nuit des musées en français : Visite guidées de l’exposition Jenny Holzer à la Fondation Beyeler à 19h,  du musée Tinguely à 18h30 et 23h30, du Vitra Design Museum à Weil-am-Rhein (le site et sa présentation de mobilier) à 19h, 20h, 21h, et sur le site de fouilles de l’Archäologisches Bodenforschung de Bâle sur le Kleines Münsterplatz présentation d’une « trouvaille strasbourgeoise » par une équipe du Musée Historique de la Ville de Strasbourg qui présentera les dernières découvertes archéologiques locales.  img_2167-medium.1264208587.jpg

Samedi 23 janvier à 15 heures à l’Espace d’art contemporain Fernet-Branca à Saint-Louis, déambulation en musique à travers l’exposition Olivier Debré avec la Bande de hautbois L’Ill aux roseaux de Mulhouse. Concert de hautbois, de Haendel à Debussy en passant par Mozart. www.museefernetbranca.or

organisation suisse IMPECCABLE
20CHF/14€, (10CHF/6,50€ avec le pass Musés du Rhin Supérieur, gratuit pour les enfants et jeunes adultes jusqu’à 25 ans). Prévente dans tous les musées participants et à l’Office de Tourisme de Mulhouse
photos de l’auteur

Jenny Holzer à la Fondation Beyeler

jenny-holzer.1263942272.jpgLa Fondation Beyeler à Riehen près de Bâle consacre une vaste exposition à Jenny Holzer, une des artistes les plus importantes de notre temps. Intégrant des textes que l’artiste a écrit depuis la fin des années 70, cette exposition présente des oeuvres majeures des différentes phases de sa carrière, tout en mettant l’accent sur des réalisations récentes, certaines jamais montrées en Europe jusqu’à ce jour.
De la lumière, des textes, des lettres, des mots, comme des repaires que le spectateur doit suivre, où le mène t’il ?
Depuis plus de trente ans, JH transforme les paysages extérieurs et intérieurs en paysages textuels.

Jenny Holzer : une partie de mon travail est porté par le texte, d’autres informations sont transmises par l’interaction entre l’installation et le bâtiment.

 Mais l’ensemble de l’œuvre ne se révèle qu’en pénétrant dans les salles obscures de  la Fondation. On est très vite intrigué par toutes ces lumières clignotantes. Ces textes défilent de façon continue, sur des bandes électroniques sur des tableaux – écrans, pour propager des idées politiques.
Le texte, le message est toujours au centre. Elle aime jouer sur les contrastes, à côté des textes qui défilent, elle présentent des textes gravés sur des bancs. Mais elle veut que le visiteur prenne position. Ses textes, maximes appelés « truismes », comme les artistes grapheurs, veulent faire prendre conscience et montrer le caractère manipulable de la publicité. Ils ne sont pas toujours d’elle, car elle estime qu’ils ne sont pas suffisamment fort pour intéresser les gens et y associe d’autres auteurs. Elle souhaite qu’ils aient une portée universelle, accessible au plus grand nombre.
Elle veut que les visiteurs sentent ses installations dans tout leur corps.
Elle utilise des technologies de pointe. Des peintures et des sculptures côtoient ses célèbres installations à LED, associant de façon impressionnante des effets visuels grandioses et des textes mémorables, qui s’inscrivent dans le registre de la poésie, de la critique sociale et de la politique.
Cette présentation est complétée par une sélection d’œuvres que l’artiste a choisi dans la collection Beyeler. Au-delà de l’espace du musée, l’exposition s’étend également à l’extérieur, dans des lieux publics. De spectaculaires projections lumineuses sur des bâtiments publics, de Bâle et Zurich ont eu lieu certains soirs, ainsi qu’un projet unique utilisant le téléphone portable, développé pour la Fondation que l’on peut trouver sur leur site.
Hands, 2008 jenny-hand-sholzer.1263941432.JPG
Cette installation montre des empreintes de mains censurées, de soldats américains, accusés de crimes de guerre au Moyen Orient. Avant leur publication, ces empreintes  ont été noircies par les censeurs. Holzer a utilisé un procédé sérigraphique pour transférer ces reproductions
sur toile. Agrandies et reproduites en noir et blanc, elles produisent un effet implacable, juxtaposées avec la création Purple (2008) le contraste est saisissant entre les toiles immobiles et les textes en Led qui défilent à une allure vertigineuse. Les textes sont présentés tels qu’elle les a trouvé, avec leurs passages censurés, relatant des rapports d’autopsie, provenant du Moyen Orient et de Guentanamo.
A travers JH met en lumière au sens propre ce qui était gardé secret.
For Chicago, 2007
C’est l’une des plus récentes œuvres de ce type. Elle contient des extraits de l’ensemble de ses treize textes qui dénoncent avec précision des sujets comme la guerre, la violence, la mort, la sexualité, le pouvoir. Les textes défilent souvent en opposition discordante, qui ne permettent pas de les lire intégralement, les fragments s’accumulent pour en former une autre possibilité de sens (Red Yellow Looming 2004)
Lustmord Tables 1994,
Monument commémoratif érigé pour protesté contre la violence faite aux femmes.
jenny-holzer-lustmord.1263941721.JPGC’est une réaction de l’artiste aux cruautés de la guerre, dans l’ex-Yougoslavie, où le viol et l’assassinat de femmes et de jeunes filles a été une tactique systématique. L’installation se compose d’os humains, des 2 sexes ; disposés, comme des artsfacts sur des tables de bois de récupération. Certains de ces os sont entourés de rubans métalliques gravés de fragment de texte par Jenny Holzer.
jenny-holzer-24.1263941924.JPG Redactions paintings, 2005-09
Ils utilisent des documents provenant du gouvernement américains, rapport d’autopsie réalisés sur des détenus morts dans les prisons américaines, et qui montrent des extraits de correspondance concernant les méthodes d’interrogatoire de l’armée.
Monuments, 2008
C’est une des installation de LED les plus spectaculaire, son titre fait allusion à la tour révolutionnaire de Vladimir Tatline Monument à la Troisième Internationale (1919)
Des panneaux semi-circulaires forment une immense colonne de lumière en vibration. Tout l’espace flamboie et englouti le spectateur. Les textes se gravent dans notre esprit sous forme d’image. Cette œuvre rayonne d’intimité, de promesse, de menace, de sublimité. Elle forme un contraste saisissant avec les bancs aux textes immobiles gravés.
Jusqu’au 24 janvier.
photos et vidéos de l’auteur sauf la photo 1

Decko – Voyage à travers la matière


Decko, non ce n’est pas d’une publicité pour décorer votre maison, dont je vais vous entretenir, je vais vous parler d’un artiste totalement atypique. André Baldeck, connu sous le pseudo de Decko est un personnage arrêté dans le temps, resté fidèle à son art. Son oeuvre s’inscrit dans une démarche d’englobement, de quête d’un universel. Comme il le dit lui-même,  »tout est dans tout » de l’infiniment petit à l’infiniment grand, de l’être intérieur à l’homme universel.

melodies-cosmiques.1262814650.jpg

 Depuis sa première exposition, dans son village en 1972 alors qu’il était encore élève des Beaux-arts, l’artiste a parcouru un long chemin.  A bicyclette pour commencer, avec des oeuvres basées sur la performance dans les années 1980. A cette époque, Decko a parcouru 12 000 kilomètres, sous forme de voyages en portant un message de paix aux peuples, dans des endroits où on n’a pas l’habitude d’aller seul, dans  des pays  européens en 84, le tour de la Méditerranée en 86. Pendant 3 mois, la Libye et le Liban exceptés, d’Alexandrie, un passage de Jordanie en Israël, passage négocié par les militaires d’Aman à Jérusalem, à la Grèce etc,  son message de paix porté dans les capitales,  son intention ambitieuse était, de relier les communautés judéo chrétiennes et musulmanes qui s’opposent.
La démarche solo reconnaît-il permet d’être ouvert et d’avoir le contact plus facilement. Son corps étant son matériau, sa machine, son outil, c’est ainsi qu’il a effectué sa performance.
carnet-de-route-decko.1262814263.jpgA son retour il a travaillé ses voyage sous forme de traces de pneu,  des bouts de caoutchouc sculptés réalisés
sous forme de structure. Il a reporté les traces qui collent à la roue, sur des grands et petits formats, en y incluant des noms, des jeux de mots, le nom des capitales traversées, le mot de paix en écriture grecque, cyrillique, arabe, avec des signes, comme la croix,  qui se transforme en T, l’Ank égyptien, arabe,  l’étoile de David, des petits signes chinois ou japonais, des petits hommes, une bicyclette etc… une sorte de bande dessinée, un phylactère, un télétexte. decko-2-medium.1262814588.jpgUn autre aspect de son travail, consiste à peindre, à remettre en scène des paysages,  comme des nacres,  sans accorder une réelle importance aux couleurs, elles trouvent leur accord d’elle-même, ce qui oblige le regard à rentrer dans les détails. Toiles d’encre et  d’aquarelle, travail délicat, spontané, comme une fleur, monde minéral, végétal, des volutes infinies, des toiles fleurs. Pour les petits formats il se sert de plume de bécasse comme les moines copistes,
La peinture à l’huile,  il la considère comme un travail parallèle,(1982), acrylique (2002), il passe invariablement selon les moments de l’huile à l’acrylique.
Decko, un personnage, discret, secret, charismatique à découvrir absolument.

photos et vidéo de l’auteur sauf la photo 1 courtoisie de Decko, que je remercie pour son aimable accueil

Ordre hasard et déchirures – Gérard Blériot

L’ordre c’est l’histoire de l’art à laquelle on n’échappe pas. C’est l’œuvre picturale dans son organisation, sa composition. C’est en particulier l’abstraction géométrique dans sa rigueur.
Le hasard c’est celui des rencontres, des rapprochements infinis d’images, de l’œil qui se pose et retient ce qu’il sélectionne.
La déchirure c’est le geste, l’expression des égratignures, des écorchures, des agressions de la réalité actuelle.
Les collages présentés à la bibliothèque  municipale tentent de concilier les trois choses.

gerard-bleriot.1261357184.jpg

C’est par ces termes que nous accueille Gérard Blériot au 1er étage de la bibliothèque, Grand’ Rue de Mulhouse et ceci jusqu’au 31 décembre 2009.
Originaire de la région de Compiègne, issu d’une famille de tisserands, attiré par le dessin dès l’enfance, il s’est orienté vers l’apprentissage de l’architecture. Après un passage dans un cabinet d’architecture, il se consacre à l’enseignement et devient professeur d’arts plastiques au lycée Schweitzer de Mulhouse.
Lorsque l’on regarde ses collages, sa formation d’architecte saute aux yeux. C’est l’évidence même dans le rythme, la sensibilité à l’espace et à la composition. Le choix des couleurs peut être assimilé au lyrisme, mais il se défend d’être un vrai lyrique. Pour GB, cela est l’expression de ce que l’on voit actuellement, tout le monde est en noir, mais aussi l’expression d’une réalité, de la société qui est la nôtre.gerard-bleriot-5.1261358274.jpg
Il découpe ses sujets dans des revues d’art, dans des catalogues, récupère dans les affiches du métro, récupère de la publicité. L’affichage sauvage étant devenu quasiment inexistant, tout est réglementé, alors que des artistes comme Villeglé ou Hains, pouvaient se contenter d’arracher des affichages existants, en les arrangeant quelque peu.
gerard-bleriot4.1261358090.jpgL’exposition d’Andreas Gursky au Kunstmuseum de Bâle l’a notamment inspiré pour ce collage, où il a introduit des photos de bijoux précieux, et intercalant au milieu de la trame, un espace représentant une grotte aux couleurs chaudes.
A côté d’une peinture acrylique, abstraite et géométrique, un collage détourné de Soulages en référence à l’exposition actuelle au MAMCS.
Un autre encore où il met en opposition le luxe de la société actuelle avec la lutte ouvrière dont on devine les lettres, avec une belle dame voluptueuse luxueusement vêtue d’une robe noire.
geard-bleriot-lutte.1261357715.jpgUn autre collage allie des carreaux de la place St Marc à Venise à des couleurs, ou l’ange de Simon Vouet dont il a gardé l’oblique des ailes et du bras, toujours dans sa recherche de géométrie.
Un autre encore nous montre des personnages de Fernand Léger, débarquant sur la lune.
Il allie le jeu des rythmes aux images d’orfèvrerie, à la géométrie, au jeu des couleurs, en modifiant grattant, déchirant, pour obtenir un ensemble qui puisse satisfaire son besoin de structure architecturale.
Une exposition de cette série de collage est prévue pour les 11/12/13 juin 2010, à St Jean aux bois près de Compiègne (vernissage le vendredi 11/6).

Grand merci à Gérard Blériot pour m’avoir accordé son attention.


photos de l’auteur avec la difficulté de la réverbération

Regionale 10 FABRIKculture de Hegenheim

L’exposition de la Régionale 10 à FABRIKculture s’articule autour de la notion de passage. La situation même d’Hégenheim, près de la frontière avec Bâle et la vocation transfrontalière de FABRIKculture donnent à ce thème toute sa raison d’être.

fabrikulture-hegenheim-2-medium.1260803151.JPG

Depuis sa création en 2003 l’association FABRIKculture devient progressivement un pôle d’expérimentation pour la création artistique contemporaine pluridisciplinaire dans la  RegioTriRhena.
Les travaux des 19 artistes sélectionnés évoquent de près ou de loin le dépassement des frontières, le changement de lieu de vie, d’environnement, de paysages, d’identité culturelle.
L’idée de passage devient un fil conducteur qui offre au visiteur la possibilité de découvrir les différents liens entre les oeuvres exposées.
Avec son architecture industrielle si caractéristique et les dimensions de sa halle, FABRIKculture se démarque sans conteste des autres lieux de la région frontalière et offre au public et aux élèves des écoles une approche différente de l’
art contemporain.
mathieu-boisaden-fabrikulture-hegenheim.1261274715.JPG
Fabrikculture se veut un espace laboratoire et lieu de production et de diffusion artistique. Sa mission est de promouvoir la jeune création en organisant des expositions et en accueillant des artistes en résidence au milieu de plus de quinze ateliers occupés par des artistes de la Regio. Tout ceci sous la houlette de Laurence Blum  présidente de l’association.
A l’entrée de la halle, le visiteur est confronté à l’installation de Pawel Ferus qui rassemble au sol 30 pièces d’enseignes lumineuses au titre évocateur «Exit».fabrikulture-hegenheim-22-medium.1260801521.JPG Il devra contourner cette
«anti-chambre» pour pouvoir appréhender l’ensemble de l’exposition.
Les petits groupes de moutons en papier, grandeur nature, de Barbarella Meier nous incitent à nous frayer un chemin à travers l’espace. Aux murs les paysages de fabrikulture-hegenheim-45.1260805952.JPGStephan Hauswirth, Mathieu Boisadan, Iris Hutteger, Hans Rudolf Fitze, Christian Schuler, Anne Wicky, se succèdent, nous offrant des approches très contrastées dans l’appropriation du thème de la nature entre fiction et réalité; tandis que la série de «Key West» de Dadi Wirz,dadi-wirz-key-west-2000.1260804725.JPG propose une vision réductrice d’un paysage topographique.
Notre regard passe d’un travail à un autre et constate l’absence de représentation d’être humain. Chez Anne Marie Catherine Wieland, Simone Wyss et Maukje Knappstein, même si le corps est à l’origine de leurs travaux, il apparaît plus fantomatique que réel. Cette impression de «présence-absence» se retrouve de manière plus sensible encore chez Lara Gysi et Andrea Hartinger qui toutes deux, en prenant le matelas comme motif, traitent de l’espace intérieur, de ce lieu de vie intime si difficile à représenter.
marion-ritzmann-wegweiser-ii-2008.1260806369.JPGIl ne s’agit pas d’abstraction mais bien souvent d’une volonté chez ces artistes de décontextualisation: Marion Ritzmann plante une pancarte au milieu de la forêt et nous autorise à faire de la publicité. Celia Sidler dans son installation au mur réunit de nombreux matériaux d’emballage de produits de consommation de provenances diverses pour niveler les identités culturelles en créant une atmosphère et en leur donnant un nouveau contenu.
On retrouve un questionnement semblable dans la série «sculpture sociale» de Corps étranger, présent au Kunstverein  de Fribourg,  (où on peut voir, au premier étage, bien en retrait sur un mur, l’image de Françoise de Robert Cahen, qui a l’air bien désorientée dans ce lieu…)
Chacune de ces photos représente l’artiste en veston, allongé dans différents contextes urbains. Ces images comme le disent leurs auteurs «interroge[nt] aussi l’identité des lieux et notre capacité à nous identifier à un lieu et à faire corps avec lui, au point de ne plus nous en distinguer.»
Et la question se repose… : Et si la Régionale était un pays?
Commissaire : Laurence Blum
Visite :
Sa/sa, 19.12., 16:00 In Anwesenheit der Künstler/en présence de quelques artistes
Adresse
60, rue de Bâle, F-68220 Hégenheim, www.fabrikculture.net, info@fabrikculture.net
Öffnungszeiten/Heures d’ouverture
Fr/ve – So/di, 11:00 – 17:00
25/26.12.2009 und/et 01.01.2010 geschlossen/fermé
photos 1 + 2 de l’auteur
3/4/5 courtoisie de la FABRIKculture

Regional 10 – Ausstellungsraum Klingental Basel (CH)

regionale-klingenthal-basel-14-medium.1260753482.jpg

Cette année, l’Ausstellungsraum Klingental organise une mise au
rebut («Entsorgung»). De nombreux artistes se séparent d’une de
leurs oeuvres en la mettant dans des bennes préparées à cette
occasion. En plus, ils ou elles donnent une explication de leur
choix. Ce qui, en général, se déroule dans le silence des ateliers –
la mise au rebut pour des raisons intellectuelles ou pragmatiques –
est rendue public par cette action.Leur action ne se veut point
iconoclaste, au contraire, elle veut donner une idée des procédés
créateurs et déclencher un discours au sujet de la créativité et la
matérialité, de l’éphémère et du marché.  Tous les jours des oeuvres arrivent pour être détruites. Elles sont acceptées jusqu’au 4 janvier 2010. L’autodafé est prévu pour le début janvier.
 regionale-klingenthal-basel-75-medium.1260753586.jpg
Artistes
Entsorgungen und Statements von:/Mise au rebut et motivations par:
Ammon Peter | Arnold Véronique | Aurich Elke | Baldinger Fritz | Becher Nathalie |
Bendele Florian | Bezzola Corina | Bombsch Reinhard | Borer Kathrin |
Brolly Claire-Marie | Brugger Daniela | Buess Anne & Weber Gabi |
Bugg Barbara | Carl Jan Sven | Cheynet Eléonore | Dyminski Daniel |
Faller Wolfgang | Ferus Pavel | Flieger Katja | Florido Navarro Eloisa |
Frick Andreas | Fritsch Luise | Früh Eva | Fürst Peter |
Gasser Nicolas | Gerhard-Choi Hyun-Bi | Gisler Pia | Grundmann Klaus |
Hagenbach Andreas | Herzner Katrin | Knüfer Ute | Kunz Lukas | Laufer Daniel |
Linsi Raphael | Maier Barbarella | Menzel Michaela | Mueller Yvonne |regionale-klingenthal-basel-74-medium.1260753738.jpg
Munsch Olivier | Pakery Paula | Ramolet Sylvain | Raz-Goldau Brigitte |
Rechsteiner Jay | Rodgers Megan | Rodrigo Christina | Romanini Letizia |
Rosenstiel Eva | Saxer Urban | Schneider Andreas | Schnell Sabine Dorothea |
Schuler Peter | Schwarz Stephan | Stampfli Ursula | Steier Christel Andrea |
Stein Johanna | Storti Barbara | Strässle Manuel | Streit Florian |
Streun Andreas | Strubel Dominique-Paul | Tiemann Heidrun | Underwood Erika |
van der Post David | Varela Carlos | Vessa Michael | Völkle Gerhard |
vom Endt Alexandra | Vulic Darko | Weber Selma | Wiedemer Reinhard |
Yun Hyeyoung | Ziegler Johanna u.a.

 regionale-klingenthal-basel-73-medium.1260753649.jpg
Manifestations
FINISSAGE, Abtransport der Mulden: Mo. 4.1.2010, ab 15.00
Visites guidées
Jeweils Fr/ve + Sa/sa, 14:00 – 17:00. Die Projektverantwortlichen sind im
Ausstellungsraum anwesend und geben Auskunft über das Projekt.
Adresse
Kasernenstrasse 23, 4058 Basel, T +41 (0)61 681 66 98, www.ausstellungsraum.ch,
info@ausstellungsraum.ch
Heures d’ouverture
Di/ma – Do/je, 15:00 – 18:00 | Fr/ve – So/di, 11:00 – 17:00 | Geschlossen/fermé: 25./26.12.2009/1.1.2010
Prix d’entrée
Entrée libre
Transport public
Tram 8direction Kleinhüningen, arrêt «Kaserne». Au rez-de chaussée de la Klingentalkirche,
dans la cour  du Kasernenareals, hofseitiger entrée avec la rampe (côté du Rhin)
 
photos de l’auteur

Colin-maillard à la Kunsthalle de Mulhouse

affiche-regionale-10.1260658265.jpgEt si la Regionale était un pays, à quel pays appartenez-vous ?
La Kunsthalle propose différentes manières pour aborder la Regionale, soit classiquement, avec le vernissage force Kougelhoupf et vin blanc, visites guidées classiques avec une guide.
Les Kunstapéro, visites guidées suivies d’une dégustation, qui permet de discuter autour d’un verre, avec une participation de 5 € (7 janvier 2010 à 18 h)
Puis une expérience  inédite « Colin maillard » proposée  par Joël Henry de Latourex (laboratoire de tourisme expérimental) Entrée libre, inscription au 0369776647
L’exposition de la Kunsthalle souhaite mettre en avant la place du code, de la mesure, de l’organisation et de la structure. Où se situent les frontières d’un espace ? Ce sont des séries de références, un principe de codification qui marquent les convergences et définissent les appartenances. A travers, des installations, du son, de la peinture, des photographies et des sculptures l’exposition dessinera un espace, un territoire qui lui est propre.
Commissaires de l’exposition : Sandrine Wymann directrice de la Kunsthalle Mulhouse et Bertrand Lemonnier artiste enseignant à l’Ecole d’art du Quai à Mulhouse.
Colin-maillard
 Pouvez-vous nous présenter l’œuvre exposée ?
Nous nous sommes retrouvés au bas de l’escalier de la Kunst, par couples.kunsthalle-colin-maillard-12-dec-09-3.1260656207.jpg
Le principe étant que l’un des personnages du couple fasse le guide, décrive les œuvres présentées, la 2e personne le visage recouvert d’un loup, la suit « aveuglement », tente de comprendre les explications, et pose des questions, pour parfaire sa compréhension de ce qui est décrit. Ensuite après une pause on  échange les impressions des couples, puis nouvelle visite de l’exposition cette fois sans le bandeau pour voir les œuvres et les confronter aux explications données par le guide occasionnel. C’est ainsi que je me suis prêtée à faire le guide de mon « aveugle » Mariana.
Grimper les escaliers de la Kunst est déjà une aventure, combien de marches ? attention au tournant, rentrer dans l’espace d’exposition, en évitant à son aveugle de se cogner au montant de la porte. Puis nous voici dans le vif du sujet, décrire les oeuvres au plus juste, trouver les mots, le matériau, la couleur,  sans jargonner, être objectif, éviter de marcher sur les œuvres à même le sol, sans oublier que le thème fédérateur ici est le code.
Voici comment j’ai décrit mon David par Michel Ange sous bulle :kunsthalle-mulhouse-21.1260643605.JPG

Michel Ange, c’est la place de la Seigneurie à Florence, le David, la taille de la scuplture, son arrogance, la beauté du corps, le papier bulle, les alvéoles colorées, de noir, de gris, de blanc, pour former le visage, les bras, les aisselles, le pubis, les muscles des jambes. Je ne sais même plus si j’ai prononcé le nom de David, tellement cela me semblait évident.
Voici ce qu’en dit l’artiste Barbara Bugg :
Si la Regionale était un pays, je me sentirais du pays  « Regionale ». Ce pays serait pour ainsi dire un pays artistique artificiel, exempt de tout sentiment d’appartenance à une nation.
Le plastique bulle est un matériau courant d’emballage.
Partant de l’idée qu’une sculpture ou un objet ait été emballé avec du plastique bulle, puis déballé, apparaissent alors sur la feuille des traces et des empreintes de cet objet.
L’empreinte se compose de points (pixels) – chaque point est important, mais ce n’est que dans leur totalité qu’ils produisent un sens (l’image).
Le plastique bulle, donc le matériau d’emballage, devient le véritable objet d’art, et obtient de ce fait une surprenante importance.Un premier ensemble est formé d’oeuvres qui font appel à l’image informatisée ou à l’utilisation d’internet. Qu’elle soit « re-codées », comme le Retour aux sources de Bertrand Gondouin, déconstruite à la manière de Without you baby, There ain’t no us de Comenius Roethlisberger et Admir Jahic ou qu’elles imposent une lecture conditionnée de l’image comme Matrix Hype 8 de Ildiko Csapo (3D), David de Barbara Bugg (pixel) ou le travail de Chloé Dugit-Gros (image virtuelle d’un dessin), toutes ces oeuvres ont pour convergence de nous mener à une lecture
empreinte de références informatiques.kunsthalle-colin-maillard-12.1260749633.jpg

Star Wars kids me laisse perplexe, pourquoi tout le monde exploite cette vidéo alors que cela a rendu le jeune garçon malade au point de ne plus sortir de chez lui, et moi je me joins à la meute pour en parler sur mon blog. perçoit-on l’idée de dénonciation de la surconsommation des images et duWeb ? Des images, 600 dessins visibles ou non visibles de youtoube reproduites sur des planches encadrées, 22 dessins en largeur x 7 en hauteur soit 154 dessins en tout qui sont accrochées au mur du fond de la Kunsthalle, puis par une série de lots devant le mur, chaque image étant une séquence de la vidéo la plus visionnée sur Youtoube. Voici ce qu’en disent les 2 plasticiens :kunsthalle-colin-maillard-12-dec-09-star-wars-kids.1260657284.jpg
Comenius Roethlisberger : une installation contemporaine sortie de ses gonds.
Admir Jahic : peindre d’après les numéros. Ils ont dessiné les 40 dernières secondes (15 dessins par seconde) de la vidéo,
reproduit et encadré les images
Youtoube de Star Wars Kid, » Nos travaux sont des surfaces de projection. Dans des mises en scènes énigmatiques, nous réfléchissons sur tous les aspects et contextes possibles de l’identité.Nos travaux sont des surfaces de projection. Dans des mises en scènes énigmatiques, nous réfléchissons sur Star Wars Kid est né il y a plusieurs années grâce une personne s’étant volontairement filmé en train de faire semblant de se battre à la « star-wars » avec un balai, devant des rideaux et le type est vraiment à fond dans ce qu’il fait, très sérieux, très concentré …
C’est justement ce qui rend cette vidéo unique … et ça ne s’arrête pas là puisqu’ayant eu la maladresse de laisser la vidéo dans la caméra, des camarades ont diffusé la vidéo sur la toile.
Voilà que des dizaines de personnes se sont misent à la trafiquer en y ajoutant des effets spéciaux, musiques et faisant même des parodies de films, le résultat est vraiment hilarant et est devenu en quelque temps un véritable phénomène du même genre que :  all your base belong to us,  ou le chinois !!!kunsthalle-colin-maillard-1.1260657157.jpg « Une autre approche, un autre ensemble, nait d’une attention portée à la forme. Lifeboat de Bruno Steiner est un carton animé, tourné et retourné et qui laisse toujours apparaitre sa forme première. La série Blickwinckel de Gianin Conrad, bas-reliefs géométriques construits à partir du mètre en bois du bricoleur est contrainte par l’utilisation du matériau. On retrouve également le Matrix Hype 8 d’Ildiko Csapo qui construit une oeuvre en volume et renvoie ainsi à la représentation de la matière, à la construction moléculaire.
Les repères historiques liés à une mémoire partagée ou transmise sont également représentés. Le David de Barbara Bugg mais aussi la Chambre d’écoute d’Emanuel Strassle qui introduit dans l’espace un ronflement, un bourdonnement faisant référence à un univers industriel.kunsthalle-colin-maillard-12-dec-09-8-medium.1260793068.jpg
Certaines oeuvres ont pour point commun de venir perturber notre bon sens de l’espace. Anita Kuratle s’inscrit dans cette approche de même que Katja Flieger. Avec ses Ground painting, elle mène à l’absurde les conventions de signalétique urbaines prescrites et respectées. Selma Weber et sa série Ein Moment trifft die Welt engage une réflexion sur les clichés et les conventions qui sont les nôtres en matière de représentation vestimentaire.
Un autre vecteur de reconnaissance est le signe, utilisé comme moyen de communication, detransmission. kunsthalle-colin-maillard-1-dec-09.1260656472.jpgChristina Schmid l’utilise dans ses Audioguides, canevas brodés de messages sténographiées en anglais …, avec une traduction sur l’envers. Andreas Frick, dans Bérénike, extrait des pages imprimées, les termes relatifs à la couleur et à son évocation. Les mots transmettent alors une information chromatique susceptible à son tour de mener à une nouvelle définition de pays.
Et ainsi de glissement en glissement, de lecture en relecture des oeuvres, se dénombre une multitude de pays possibles qui tour à tour ou conjointement pourraient s’appeler la Régionale.

Barbara Bugg, Gianin Conrad, Ildiko Csapo, Chloé Dugit-Gros, Katja Flieger, Andreas Frick,
Bertrand Gondouin, Anita Kuratle, Comenius Roethlisberger et Admir Jahic, Christina Schmid,
Bruno Steiner, Emanuel Strassle, Selma Weber.

kunsthalle-colin-maillard-pause.1260657346.jpg

photos Emilie George Elisabeth Itti

La confusion des sens à l'espace Vuitton

Indissociable du monde du voyage, la Maison Louis Vuitton à Paris
se plaît à traiter de cette thématique dans les expositions qu’elle organise, au sein de son espace culturel. Pour sa dixième exposition, elle en propose une nouvelle approche, qui change un peu la donne, puisqu’elle invite, cette fois-ci, son spectateur à un voyage intérieur.

Un parcours dans lequel ses sens se troublent, bouleversant ainsi son rapport à la réalité pour une remise en question absolue de son existence et du monde qui l’entoure. Un périple au coeur des méandres d’une intériorité déstabilisante, puisque sans repères. Une

img_0656-medium.1260467345.JPG

 » confusion des sens « ,

comme l’indique le nom de l’événement, provoquée par la mise en scène de huit oeuvres d’artistes contemporains, toutes surprenantes. La commissaire de l’exposition est Fabienne Fulcheri que vous pouvez trouver dans sa présentation sur le site de l’exposition.

C’est une invitation à plonger à l’intérieur de nous-même, à être à l’écoute de notre corps et de nos sens afin de mieux nous comprendre, mais peut-être aussi de mieux saisir la complexité du monde qui nous entoure. Elle constitue une expérience à vivre et à éprouver qui bouscule notre perception autant que nos certitudes.

Le point de départ de cette exposition sensorielle est l’œuvre de l’artiste Olafur Eliasson, créée à l’occasion de l’inauguration de l’Espace culturel Louis Vuitton dans l’ascenseur central. Intitulée «Votre Perte des Sens», Olafur Eliasson a voulu pousser son exploration de la perception individuelle et du sens de soi avec «une chambre d’entropie sensorielle». Cet ascenseur, qui enveloppe le visiteur d’une obscurité totale, prend pleinement son sens dans cette exposition et en constitue la porte d’entrée autant réelle que symbolique.traumatheque-berdaguer-et-pejus.1260466954.JPG

A travers les créations de huit artistes, «La Confusion des Sens» trace un parcours qui amène le spectateur à prendre conscience de son corps, de sa place dans l’espace mais aussi à développer ses propres images mentales. Accueilli dès la vitrine par une nouvelle œuvre de Didier Fiuza Faustino, le visiteur découvre en prologue un texte qui semble s’arracher du mur avec une force à la fois violente et contenue. Le parcours se poursuit dans le hall, l’ascenseur puis l’espace d’exposition avec un ensemble d’œuvres qui redessine la géographie des lieux dans des contrastes lumineux allant du noir profond au blanc le plus aveuglant. Conjuguant abstraction et approche sensible du réel, les installations de Renaud Auguste-Dormeuil, Céleste Boursier-Mougenot, celeste-boursier-mougenot-elisabeth-itti.1260467079.JPGVéronique Joumard et Laurent Saksik nous invitent à nous perdre pour mieux nous retrouver,  l’approche plastique créant la distorsion nécessaire pour révéler l’invisible, appréhender l’insaisissable. Plus directement lié au corps, à ses dysfonctionnements et à sa «mécanique»  interne, le travail de Berdaguer & Péjus nous propose d’expérimenter une nouvelle version de leur Traumathèque. Laurent Grasso, enfin, présente une série inédite de tableaux qui interroge notre rapport à l’espace et au temps mais constitue aussi une relecture de son propre travail.veronique-joumard.1260466792.JPG

De l’ascenseur obscure d’Olafier Eliasson, au texte frappant de Didier Fiuza Faustino, en passant par la Traumathèque de Berdaguer et Péjus, le tout orchestré par des contrastes lumineux, le spectateur se perd, inconditionnellement. Mais s’il se perd, c’est pour mieux se retrouver.

Un parcours initiatique, une véritable quête de soi, à expérimenter à l’espace culturel de la Maison, 101 avenue des Champs-Elysées, jusqu’au 10 janvier 2010. Le catalogue de l’exposition m’a été gracieusement offert.

Sens de la fête et du plaisir, une occasion de profiter de la vue sur les Champs Elysées pendant la période de l’Avent.

champs-elysees.1260466500.JPG

Sur le site vous pouvez écouter les interviews des artistes, ainsi que la présentation par eux-mêmes de leurs oeuvres.

Un système de parcours par audio-guide par dédection dans l’espace permet un parcours facile, initiatique, déconcertant.

photos Elisabeth et JR Itti

Anish Kapoor à la Royal Academy of Arts de Londres

C’est une fascinante symphonie d’illusions qu’Anish Kapoor a composée à la Royal Academy de Londres. Considéré comme l’un des plus grands sculpteurs vivants au monde, ce Britannique d’origine indienne y rassemble ses créations des dix dernières années, jusqu’aux plus récentes, inédites. Pigments impalpables et implacables, antres qui gardent leur secret, tragédies de cire rouge…

C’est en ces termes que nous annonce, Emmanuelle Lequeux,  l’exposition d’Anish Kapoor  dans Le Monde.

Je  ne pouvais manquer cela. Forte de mes expériences passées et munie de multiples conseils de mes amis et ennemis pour affronter la sécurité de Gatwick, je m’y suis rendue.
expo-anish-kapoor.1260461221.jpg
L’immense grotte qui accueille le visiteur dès ses premiers pas : un monstre ovoïde d’acier rouillé, percé d’une large fente menant vers une obscurité impénétrable. Il semble la matrice de tous ses congénères, nés dans le silence pour interroger la possibilité d’un sublime contemporain. Parfois organiques, parfois minimales, les sculptures créent une véritable machinerie à perception, une machination où se perdre. Comme c’est joliment exprimé, moi je pensais en m’en approchant un peu plus, à un anus géant, ma foi vertical, menant vers l’inconnu, l’obscure mystère de l’après. Autre est cette vulve mandorle – Slug – géante au bout d’une circonvolution d’intestins qui se dessine dans l’espace.anish-kapoor-slug.1260461432.jpg
La suite le confirme Est-ce ce qu’il a voulu nous rappeler avec ses sculptures les plus récentes, créées spécialement pour l’exposition ? Dans ce contexte plein de superbe, elles ne manquent pas de surprendre. Nouilles grises, intestins blanchâtres, larves ou excréments bruns s’y accumulent pour former des rectangles de béton ouvragé, conçus à l’aide d’un logiciel ultrasophistiqué. C’est un rien dégoûtant, mais drôle, le public, se complait  et se repaît à déambuler au milieu des sculptures Il semblerait que Kapoor, qui a su faire de la séduction un art, s’en lasse soudain pour revenir à une laideur originelle. Marre d’être trop poli ?
Polis les miroirs et particulièrement déstabilisante, une autre salle réunit de nombreuses sculptures en miroir. Courbes, concaves, convexes, ronds ou cubiques, dorés à la feuille ou argentés, ils inversent et métamorphosent le monde alentour en un labyrinthe de reflets.  Ici le public est plus timide et ose à peine s’approcher, les photos sont interdites, dommage car les effets sont particulièrement intéressants, mais je me débrouille …. anish-kapoor-miror.1260461597.jpg
Jean de Loisy, commissaire de l’exposition londonienne,:
 « Anish Kapoor atteint des interrogations métaphysiques à travers des moyens matériels. Ses miroirs composent comme un drame cosmique, un jardin philosophique. Hier comme aujourd’hui, il continue de nous emmener dans un temps non humain. »

L’artiste lui-même insiste sur l’ambiguïté de ses oeuvres :
 « Comme dans le monde baroque, confie-t-il, l’apparence est décorative, tout en surface, mais en dessous se cache un sombre secret ; la décadence et l’entropie ne sont jamais bien loin. »

Envahissant une des cimaises, une profonde lacune jaune d’or joue de l’illusion : est-elle en volume ou en creux ? Trompe l’œil ? Absence ou présence ? il faut s’en approcher pour voir sous l’œil amusé du gardien que c’est un creux.
 Même trouble devant ce mur littéralement enceint, la bulle blanche qui en surgit sur fond blanc, me semblait tout d’abord, un oubli, une erreur, une maladresse d’un visiteur de fin d’exposition, elle  s’efface tout d’abord, pour s’imposer au regard après quelques instants, elle se mérite.
Les sculptures taillées dans le pigment, les plus anciennes de l’exposition, ramènent aux origines de l’oeuvre, dans les années 1980. Tour de Babel vrillée, arbres schématisés, pics crénelés : de leur poudre rouge, noire ou jaune, ces objets dessinent un paysage au zen malmené. Impossible de concevoir comment ces formes pulvérulentes tiennent debout, architectures impalpables. Une envie : caresser leur peau fragile, mais interdiction formelle des gardiens.
anish-kapoor-svayambh.1260462094.jpgDans une autre salle les visiteurs sont amassés devant un canon. On a beau s’y attendre après avoir observé les gestes méticuleux et solennels d’un pseudo-artificier tout de noir vêtu, avec une coupe de cheveux que j’arborais il y a 20 ans,  qui a pris tout son temps pour chauffer le canon, y introduire la cire couleur lie-de-vin puis l’armer, la puissante détonation qui s’ensuit fait immanquablement sursauter. Et c’est exactement l’effet recherché par Anish Kapoor dont l’exposition est ainsi ponctuée toutes les vingt minutes par les tirs sporadiques de ce canon, comme l’était chaque journée passée dans les avant-postes de l’empire britannique.
Une pensée qui fait sourire l’artiste originaire de Bombay, surtout quand on lui demande si le fait de tirer à boulets rouges sur les murs d’une des vénérables institutions de Sa Majesté ne serait pas pour lui une façon de régler ses comptes avec l’Histoire :

« Je reconnais que cette exposition est une manière pour moi de titiller un peu l’Establishment britannique, si c’est bien ce que représente ce bâtiment de la Royal Academy ! Mais j’espère surtout que c’est une provocation qui a trait à l’espace et ce qu’il est possible de faire avec un bâtiment, mais aussi en sculpture. L’aspect politique est présent ici, mais ce n’est pas là-dessus que j’ai voulu mettre l’accent »,

rétorque d’une voix douce Anish Kapoor. Exit donc l’aspect revanchard de cette œuvre intitulée Shooting in the corner, qui est d’ailleurs ordinairement exposée au Musée des arts appliqués de Vienne, et que l’artiste voudrait plutôt voir interprétée comme une fable sur la naissance de la peinture.
Clou de l’exposition, un majestueux wagon arpente lentement cinq des salles de l’institution. Façonnée dans une cire rouge et grasse, la sculpture se laisse bouleverser à la vitesse d’un glacier par les murs et les arches qui s’y frottent ; elle change peu à peu de forme, en une transformation qui évoque la force du destin. C’est ici l’architecture qui fait oeuvre, plus que l’artiste.
Espiègle, Anish Kapoor, après nous avoir déstabilisés dans ses miroirs baroques, nous fait plonger dans l’inévitable destruction physique et fin pas très ragoûtante de l’existence,  avec des vanités et autre memento mori.anish-kapoor-1.1260462337.jpg
Belle exposition, se situant dans un magnifique cadre et dans un superbe quartier de Londres, avec des boutiques sous les Arcades de Burlington et au-delà…..
Au retour la sécurité n’a pas manqué de me  palper, examiner minutieusement mon sac et tout son contenu, me faire quitter mes chaussures pour les faire repasser au détecteur de mensonges.
photos de l’auteur et scan du catalogue
se termine le 11 décembre 2009