Un frenchy à New York

L’art est-il un luxe ou encore  un frenchy aux States.
french-connection-creative.1255896067.jpg
Beaucoup d’entre vous, caressent le projet d’aller à New York, de courir musées et galeries, de flâner à Chelsea ou à Soho, Brooklyn, Harlem, de se plonger dans l’atmosphère si particulière de cette ville. Il y a, of course,  les grands classiques comme le Moma, le Met, le Guggenheim, le New Museum, la Collection Frick, de côtoyer le monde de la politique et de la diplomatie internationales à l’ONU, mais avant d’aborder toutes ces richesses, vous pouvez suivre l’information en direct et trouver des réponses dans les interviews que présente sur son blog  :
THIBAUT ESTELLON, qui vit à New York auquel je laisse la parole :

« The French Creative Connection ».
lien en blogroll dans la partie droite du blog

Que ce soit dans les arts visuels, la musique, le cinéma, la mode, le spectacle vivant et les arts de la scène, la littérature, le design ou bien encore l’architecture, nombreux sont les français qui s’expatrient aux Etats-Unis pour travailler dans les milieux créatifs et artistiques. Voici donc une série d’interviews de ces personnes qui font bouger New York en version française !

Moi je suis très impatiente d’y retourner, il y a tant d’endroits qui excitent ma curiosité.

Robert Cahen Passaggi

Je ne peux que reprendre le texte de Norbert Corsino, rédigé en mars 1993, tant il est représentatif du personnage :
Boucles blanches, yeux bleus, Robert Cahen ne touche pas le sol : il a quelque chose d’un ange. Parfois il faut se retourner sur son passage pour voir s’il a des ailes ou non. Des ailes du type « omoplates » ou « chevilles »  on n’en voit point. Et pourtant il vole. Plus exactement il flotte dans l’air : à la fois suspendu au gré du temps et migrateur comme certains oiseaux, sachant où il va, sachant quand il revient. Les traces de ses envolées sont visibles. Son œuvre vidéo est là pour nous montrer ses voyages dans l’imaginaire. La vidéo-ailée de Robert C. ralentit le passage du temps. Sa pâte originelle de musicien renvoie à une mémoire sonore dans la manière d’entretenir les images.
n705852017_2220488_6149137.1256936068.jpgLa rétrospective qui lui est consacrée à Lucca en Toscane, à la Fondazione Ragghianti (23 octobre 2009 – 10 jan 2010) nous présente les installations et vidéos acquises par le Frac Alsace en 1997.
Dans le cadre de sa mission de formation et de sensibilisation à l’art contemporain, le Frac Alsace propose des prêts d’œuvres issues de sa collection auprès de collèges ou lycées, institutions ou entreprises, maisons des arts ou musées….
C’est la plus grande exposition d’installations vidéo de l’auteur en Italie. Il présente 13 oeuvres de 1979 à 2008: 11 installations et 2 vidéos (ces 2 œuvres  sont spécialement «installées» pour l’occasion).
Ce lieu avec son cloître est absolument magique, proche du jardin botanique et des remparts, la façade ne laisse pas deviner les trésors qu’elle abrite.
En avançant plus en avant dans l’exposition, vous pénétrer dans l’univers onirique du magicien qu’est Robert Cahen.
Le voyage, la contemplation du paysage, la métamorphose du regard, mais aussi un temps lent et méditatif, la pensée sur l’idée de paysage, le temps de la vie, la mémoire, la rencontre avec l’autre.
C’est ainsi que de salles en salles vous pouvez rêver et contempler :
Tombe (avec les objets) , expliqué par RC lui-même dans mon montage vidéo (mais oui j’ai osé …)
Intimiste, Robert Cahen, est intéressé par  la vérité des êtres, cette passion des hommes qui le faisait déjà s’intéresser aux passants rencontrés en Chine. Dans les films qu’il compose minutieusement, Robert Cahen travaille sur le temps, sa marche inexorable, par exemple ces Paysages-passage. fondation-ragghianti.1256936184.jpg
7 visions (qui étaient à la Chapelle St Jean de Mulhouse), Robert Cahen dispose des caissons où le regard est mis en conduite forcée pour recueillir des images saisies au vol pendant son voyage en Chine. Vus de loin, ces caissons de bois écru ressemblent fort à des cercueils.
Suaire,
C’est encore le thème de la mort, une mort si douce qu’elle n’est plus que la trace quasi-immatérielle de ce tissu flottant, qui s’expose, ralentie, dans une image fragile et comme transparente sur le Suaire. Le visage surgit imperceptiblement, fixe, puis s’anime par un lent mouvement de paupière, jusqu’à sa disparition, image en suspension, passage de la vie à la mort, qui subsiste dans la mémoire
Paysages-passages
Robert Cahen invite le passager en partance à entrer dans la couleur des sons, le bruit des vagues, le sifflet d’un train. Il colore les quais de la gare du Montenvers de couleurs extrêmement vives et crues, révélant délicatement le kitsch du tourisme familial de la Vallée blanche.
il y a Attention ça tourne, Tombe avec les mots (italiens)
accrochés dans une pièce sombre, des objets de toute sorte -jouets, ustensiles, vêtement- tombent inexorablement dans une installation intitulée…Tombe !robert-cahen-videos-7.1256937131.JPG
Françoise en mémoire
Les mots semblent prolonger le portrait, ils passent au travers de l’écran, viennent de ce visage pour se fondre dans l’espace environnant. Les mots qui flottent devant le visage de Françoise sont comme une clé. Ce visage si proche, qui nous fait face, nous le regardons avec ces mots. Cette femme, nous la comprenons avec ses mots, nous partageons les mêmes mots.
Presque une photographie. À la limite entre image fixe et image animée. La pose est simple, le sujet est assis, le cadrage rapproché. Presque un portrait photographique.
Dans cette installation, pas de paysages, pas de pays lointains, pas d’effets sur l’image, pas de son, et pas de mouvement de caméra, un long plan fixe. Presque rien ne bouge. En tout cas dans la partie filmée. Car il y aussi ces mots, ces mots qui passent, lentement et miroitent au sol, comme provenant de l’autre écran, celui qui représente Françoise. Avec un flottement proche d’installations comme Tombe de 1997 ou Tombe (avec les mots) de 2001.
Ce ne sont pas seulement deux projections simultanées que l’on voit ici, c’est évidemment la relation qui se tisse entre les deux parties de l’œuvre, entre les deux écrans qui importe. Pour Robert Cahen « on ne peut pas regarder deux choses à la fois », il précise là que notre regard doit faire un choix, une suite de choix. On regarde un écran, sachant que l’on perd en partie ce qui se déroule sur l’autre. On pourrait dire : quand on regarde l’un, on voit l’autre ; et voir n’est pas regarder… Robert Cahen choisit régulièrement, dans d’autres œuvres, de présenter plusieurs images en même temps, L’île mystérieuse (1991), ou Paysages-passage (2000).
Une image comme flottante, un visage comme suspendu dans l’espace d’une part, des mots en mouvement de l’autre. Les deux projections passent en boucle, elles sont proches sans être pour autant synchronisées. Ainsi, ce n’est pas un lien de cause à effet que Robert Cahen a voulu tisser entre ces deux projections qui composent l’installation. Ce sont deux boucles parallèles, tout à fait autonomes, mais intimement reliées, articulées. Comme deux mondes parallèles interconnectés. D’une part le visage silencieux, dans le temps dilaté cher à Robert Cahen, légèrement ralenti, aux mouvements parfois imperceptibles mais bien présents. D’autre part le monde des mots, ces mots qui glissent au sol, qui flottent lentement comme dans de l’eau, ou comme sous l’eau, donc aussi assourdis, filtrés, vus au travers de quelque chose qui fait jouer la lumière.
robert-cahen-catalogue.1257036991.jpg Comme des mots oubliés qui ressurgissent, à la manière des « vieux rêves » dans le roman, La fin des temps d’Haruki Murakami (1985, Japon). Dans cette installation de Cahen les mots sont des bribes, comme des fragments de mondes épars, sans phrases ni histoires précises : mon enfant, silence, métamorphose, disparition, le vent, l’autre… Dans le livre de Murakami, le narrateur arrive dans une ville murée, qui n’est autre qu’un espace construit dans son propre cerveau. Dans ce monde très organisé, il a pour tâche la lecture des « vieux rêves ». Il travaille à la mémoire d’un monde, le sien en fait ; il scrute et sonde sa propre histoire, qui lui échappe…
Dans l’installation de Cahen, les mots concernent la mémoire de Françoise, mais peut-être aussi celle de nous tous.
Chez Murakami, la seule issue à ce monde fermé sur lui-même est la rivière qui traverse la ville : y plonger pour passer sous l’enceinte et découvrir l’inconnu, au-delà.
Les reflets et le mouvement fluide des mots silencieux qui glissent devant Françoise me font penser à cette rivière de la Fin des temps : ils sont l’accès à une connaissance, ils semblent signifier le passage entre la mémoire et le monde, entre un monde intérieur et notre espace de spectateur-lecteur.
Un des premiers films de Robert Cahen, Karine (1976), est un portrait qui se construit dans le temps (l’artiste photographie l’enfant du jour de sa naissance jusqu’à l’âge de six ans et le film se construit de ces photographies). De la naissance à l’enfance. Avec Françoise en mémoire, c’est une femme âgée qui nous fait face, cette fois dans un temps suspendu, presque arrêté, ralenti. Ce temps dilaté, qui nous rend sensible au moindre changement d’expression, au moindre battement de paupières, au moindre souffle. Alors ces deux œuvres, Karine et Françoise… se répondent, enfance et vieillesse, temps concentré et temps suspendu, apprentissage de la parole et mémoire questionnée par les mots, nous rappelle Stéphane Mroczkowski
Enseignant-chercheur en arts visuels à l’Université de Strasbourg, artiste
et
Sanaa Passage en noir, capitale du Yemen,
Horizontales couleurs,
Voici ce que RC dit pour les cartes postales :robert-cahen-videos-31.1256937009.JPG
Les cartes postales, c’est un rêve d’enfant qui se réalise: tenir en main une photographie et la voir tout à coup prendre vie. Voir ce qui s’est passé après l’instant fixé sur la pellicule. Pour faire les Cartes Postales, on choisit de se rendre dans des endroits dont on rêve, des endroits connus, typiques, révélateurs d’une ville ou d’un pays. On filme en plan fixe en guettant ce qui peut se passer d’intéressant, en essayant de capter l’esprit de l’endroit. De retour de tournage, on choisit les moments où quelque chose d’inattendu, de drôle s’est produit. Au besoin, on l’accentue par des effets spéciaux ou par le travail du son. Le but est de faire « feuilleter » au spectateur une collection d’images devant laquelle il va se demander: Que va-t-il se passer cette fois-ci ?
Les cartes postales ont été réalisées par Robert CAHEN, Stéphane HUTER et Alain LONGUET en totale collaboration à tous les stades du travail, entre 1984 et 1986. La collection regroupée sur trois bandes de 13.30 minutes chacune comporte 450 Cartes Postales: Rome, Alger, Lisbonne, Paris, New York, Londres, l’Egypte, l’Islande, le Canada, la Côte d’Azur, la Normandie…
Certaines  de ses vidéos, ne m’étaient pas inconnues, elles avaient donné lieu à des expositions, dans divers endroits de la région, (Alsace – Suisse) mais le fait de les voir rassembler dans ce lieu prestigieux, propice à la méditation et à la contemplation, non seulement permet d’avoir une approche d’ensemble, de l’oeuvre abondante, de la démarche poétique et fantastique de l’artiste, mais font ressortir toute sa puissance émotionnelle. Un moment fort, puissant et très émouvant.
Comment ne pas citer ce commentaire de J.-P. Fargier dans Le Monde du 23 avril 1996 : C’est un frémissement intérieur, le rythme des couleurs vidéos, le mouvement arrêté du temps Tous ces effets auraient pu le conduire à l’abstraction. Il n’en n’est rien. La cinquantaine d’œuvres réalisées par l’auteur depuis 1971 procède en fait d’une technique mixte : fidélité au sujet autant qu’à la matière, réalisme intimiste, lyrisme et narration… Robert Cahen n’hésite pas à assembler des  » micro-histoires  » jouant de tous ces éléments avec beaucoup d’humour. Minutieusement et sans concession, le vidéaste a construit une œuvre qui s’est donnée à voir et à entendre, avec quel plaisir, plaisir partagé.

grande ringraziamento a Elena Fiori e il suo interprete, per avermi accolto e guidato attraverso questa bella mostra

photos extraites du catalogue de l’exposition, sauf la photo 3, montage vidéo de l’auteur

Le jardin aux sentiers

Après la Notte, c’est encore Lorenzo Benedetti, qui  est aux commandes pour la seconde fois à la « Kunsthalle » Fonderie.
kunsthalle.1255381041.JPG
Le jardin aux sentiers qui bifurquent, la nouvelle de Jorge Luis Borges, le mène à interroger les possibles d’une oeuvre
et le rapport au temps dans un processus de création puis d’exposition.
Il choisit de présenter des artistes qui puisent des formes et des matières dans l’objet existant, le paysage contemporain et qui, par leurs regards et leurs interventions, les mènent à l’état d’oeuvres. chambaud-la-danse.1255380733.jpeg
Par ailleurs, Lorenzo Benedetti questionne le principe de l’exposition en se penchant sur la combinaison oeuvre-espace,
sur la tension qui émane de certains rapprochements et qui induit une métamorphose sans cesse renouvelée des lieux investis.
Sept artistes sont invités à participer à cette exposition. Issus de la jeune scène internationale, ils représentent une nouvelle génération de plasticiens qui à travers leurs oeuvres soulèvent des questions formelles dans un contexte à la fois physique, social ou historique.
La relation entre l’espace et la forme est fondée sur une dialectique systématique dans laquelle les éléments ont pour
fondement la transformation. L’exposition tente de définir les éléments du changement qui naissent par tension entre les
espaces et les formes qui y sont contenues. Dans l’exposition « Le jardin aux sentiers qui bifurquent » le sujet est lié à l’espace en tant que forme et à sa dynamique de métamorphose.
La multiplicité des combinaisons et transformations questionne perpétuellement l’espace d’exposition, tentant de le définir, tout en visant à dépasser ses limites, de définir son abstraction ou de redécouvrir les formes toutes faites qui s’accordent avec les conditions sociales ou historiques.chambaud-atlas.1255381748.jpg
C’est ainsi que l’on peut voyager et annuler les distances avec les cartes des années 40, aplaties, mais trouées, « Atlas »  du mulhousien Etienne Chambaud, pour remplir éventuellement la marqueterie  de son roman les « pages blanches » absence et potentiel devant une œuvre litteraire  dans la lumière d’une fenêtre où intervient par moment la rature, Il nous fait  rêver devant le collage de la « danse » (Irma Duncan à Grünewald, Anonyme, vers 1910)
Raphaël Zarka avec ses sculptures, les 2 cônes en aluminium, et 3 sculptures en bois.  Nous explique qu’on peut les travailler aujourd’hui, comme on travaille la photographie documentaire. C’est la relation qu’il tient à avoir avec la sculpture abstraite.
Il s’est ingénié à la  reconstruction d’objets qui ont existés, décrits par un scientifique anglais Abraham Sharp au 18 e siècle,  qui avait découvert une méthode pour découper des polyèdres. Ce dernier a écrit un livre, La géométrie Improv’d, publié en 1718, riche en polyèdres, en particulier ceux avec des visages tétragonaux. Le livre montre comment couper ces nouveaux solides à partir de cubes de bois .zarka-bille-sharp.1255381340.jpg
Il s’est inspiré de 2 planches de gravure que Sharp n’a jamais réalisées, et  il a ainsi réalisé ses polyèdres, semi-réguliers,
Généalogie formelle, qui viennent d’un autre rayon du musée d’histoire de la science et qui le fascinent.
Pour Benoît Maire, c’est une tête de méduse en bronze qui regarde une autre tête de méduse, une peinture, qui pose la question de la dialectique entre 2 méduses, elles sont là pour pétrifier ceux qui la regardent. (Méduse dont la tête, pourtant, changeait en pierre ceux qui la regardaient).
Benoît Maire pose la question de savoir ce qui se passerait  si les 2 se regardaient, mais aussi est évoqué,  la position de la sculpture par rapport à la peinture. (la solution de Volterra ?)maire-meduse2.1255382196.jpg
Protélèmene – images  pliées, sont des  Sérigraphie sur 3 plaques de zinc qui se regardent et se replient sur elles-mêmes, une origine de la représentation idéale.
C’est une exposition austère, conceptuelle qui demande de la réflexion. A cet usage sont organisées tous les 1er jeudi du mois, des visites guidées.
Jusqu’au 15.11 2009
photos courtoisie Kunsthalle sauf la photo 1 de l’auteur

La Punta Della Dogana et le Palazzo Grassi

Mon coup de cœur va à la Punta della Dogana.

La Pointe de la Dogana est une pensée de pierre, qui fait éprouver à qui la contemple, d’où qu’elle soit regardée, la certitude qu’il existe pour chacun une juste place en ce monde, qu’il est possible de découvrir sa place, et que ce jour-là la vie deviendra aussi simple, évidente et sereine que l’est son triangle.  (extrait du catalogue)


 

Benoni (1677) a construit un bâtiment destiné au travail, au commerce, à la circulation des marchandises et de l’argent. Au contraire ces symboles vénitiens du pouvoir, de la fête et de la foi, ses murs demeurent presque exempts d’ornementation superflues, de statues, d’allégories. La fortune sculptée par Bernardo Falconi a aussi le sens de la « tempête »
Grâce à François Pinault et son architecte Tadao Ando, (2008) elle est un trait d’union plein de charme entre passé et futur. Tout en respectant la structure du bâtiment il a créé, au sein du bâtiment un endroit remarquable pour les expositions d’art contemporain.
La lumière naturelle, secondée par un système  ingénieux permet un éclairage judicieux des œuvres.
Par les fenêtres, on peut avoir des points de vue remarquables sur la place San Marco, ou sur les îles.
La sobriété du lieu, permet une mise en valeur formidable des œuvres exposées. Même si pour beaucoup d’entre elles, je les ai  croisées comme les frères Chapman, Ty Twombly, Maurizio Cattelan, Sigman Polke, Cindy Sherman, Fischli et Weiss, Paul McCarthy et Jeff Koons et j’en oublie à Art Basel, ou ailleurs, j’ai pris un plaisir infini à visiter autant la Dogana que le Palazzo Grassi.
Les photos y sont interdites, mais en cliquant sur les liens, vous aurez un large aperçu des oeuvres exposées.
Je vous renvoie au texte et aux vidéos (un mélange de biennale et de Dogana) qui parlent d’elles-mêmes.

Venise la Biennale 53 e

biennale.1254068134.JPGUn peu étrange en effet : la 53e Biennale de Venise manque de cohérence. Intitulée « Construire des mondes », vaste programme, mais qui n’engage à rien. La sélection opérée par son directeur, Daniel Birnbaum, laisse perplexe : ni préférences nettes, ni directions établies, ni nouveautés. Tout cela est de l’ordre  du déjà vu à Art Basel dans les différentes sections, souvent en mieux et en primauté, ou ailleurs. Mais allons y voir de plus près et ne boudons pas notre plaisir.

Les Giardini rassemblent  30 pavillons, que je n’ai pas tous visités. Le lieu est plaisant loin de la grande foule de San Marco ou du Rialto où se déverse en fin de semaine, la foule des visiteurs du week-end et où les paquebots crachent leurs passagers, qui déambulent, guides en tête à la quête d’un maximum de choses à photographier en un minimum de temps. Surtout qu’un temps fabuleux était de la partie.
J’ai commencé par le pavillon espagnol, présentant  des peintures et de belles céramiques de Miquel Barceló.miguel-barcelo1.1254063231.JPG Puis j’ai pris le temps d’apprécier les installations multimédias de Fiona Tan au pavillon néerlandais, avant de me perdre dans la première grande monstration « Fare Mondi » du Palazzo delle Esposizioni.
L’installation à la fois « florale » et vidéo de la Suédoise vivant à Berlin, Nathalie Djurberg, m’a rappelé celle qu’elle présentait à Art Basel, tout aussi « gore » que l’installation “The Rhinoceros and the Whale” (2008) . Elle se compose d’une structure en bois sur laquelle sont projeté des films d’animation “. Ces  films ont des affinités et présentent des similitudes, dans le traitement de la féminité et tous ses tracas.
J’ai été séduite par les installations de Hans-Peter Feldmann (Allemagne) qui, à partir de petits manèges tournants, projette sur le mur des ombres oniriques, par le biais de petits projecteurs.
La gigantesque installation cosmogonique et filaire de l’Argentin Tomas Saraceno, ne surprend plus, car elle a été reproduite dans tous les magazines, quoique je me sois amusée à y pénétrer.tomas-saraceno.1254068354.JPG
Aucune surprise en ce qui concerneTobias Rehberger qui a choisi de complètement transformer, radicalement et géométriquement, la cafétéria-restaurant du Palazzo delle Esposizioni, ce qui lui a valu de recevoir le Lion d’Or du meilleur artiste. Il a fait la même « customisation » à la Kunsthalle de Baden Baden, vue 2 mois auparavant.
tobias-rehberger.1254068472.JPGJ’ai zappé Jussi Kivi autour et sa thématique des pompiers,
J’ai un peu regardé la méditation très picturale (tableaux, films, photos) de Péter Forgács autour du regard ou d’actes dominants que l’on peut porter ou exercer sur l’Autre, les pistes se brouillant avec l’interférence d’images de prisonniers de guerre, lors de la Seconde Guerre mondiale, mais zappé le pavillon israélien présentant des acryliques de Rafi Lavie, récemment disparu.
Le Danemark, la Finlande, la Norvège et la Suède ont laissé carte blanche à Michael Elmgreen et à Ingar Dragset. Pour le curieux projet « The Collectors ». Le visiteur est mis dans la peau d’un acheteur potentiel d’une étrange maison contemporaine avant d’être autorisé à pénétrer dans un second espace, très vaste, où sont présentées diverses œuvres d’art très connotées, dont du design, comme il se doit. En sortant, un cadavre flotte dans la piscine, pause photo obligée pour tous et reproduite partout.
Le pavillon russe présente « Victoire sur l’avenir » en ayant invité sept jeunes artistes russes. Alexei Kallima a imaginé un match de football entre le fameux Chelsea et un club tchétchène, Terek. D’impressionnants panneaux muraux, soumis à des jeux de lumière percutants. Anatoly Shuravlev a reproduit en un format minuscule les effigies de ceux qui ont fait l’histoire et les a disséminées, dans un nuage de petites billes de verre suspendues au plafond,
claude-leveque.1254068550.JPGPuis j’ai « emprisonné » JR dans la grand-messe « grillagée » et quelque peu funèbre de Claude Levêque. Le drapeau noir flotte sur « Le grand soir » Il ne faut pas oublier le pavillon vénitien avec sa superbe installation colorée.
A l’Arsenale je me suis amusée avec les miroirs brisés de Pistoletto, déjà vus à Art Basel il y a 2 ans.
Pour les installations parsemées dans la ville, il vaut mieux se reporter à d’autres blogs, j’ai préféré me consacrer aux autres beautés artistiques de Venise.

pavillon-venitien.1254070112.JPG
Dominique L. Il ne faut jamais hésiter devant une envie de voyager et de découvrir.
Si ton mari est aussi ton amoureux, emmène-le avec toi, dans la ville des amoureux par excellence. Si tu veux mettre ton ménage en péril pour aller voir juste la biennale, ne te fies pas à mon appréciation, je te renvoie à l’à propos en haut de mon blog «  dilettantisme ne veut pas dire compétence. »
La prochaine fois, j’irai juste pour me consacrer à la biennale.

Nuit de l'art contemporain à Strasbourg

Le 11 septembre de 18 h30 à 23 h
vous aurez l’embarras du choix
opening-night-2009.1251981039.jpg
Téléchargez et imprimez : Opening Night
TRANS RHEIN ART – réseau art contemporain Alsace
vous invite à une programmation nocturne qui vous
conduira de lieux d’art en lieux d’art.


Parcourez la ville ce 11 septembre 2009 et assistez
aux différentes performances, expositions, projections
vidéos ou vernissages programmés spécialement
pour l’occasion. Les artistes et professionnels seront
présents tout au long de cette soirée pour vous
accompagner dans vos parcours.


opening NIGHT est un moment unique fait de
multiples découvertes et rencontres qui vous permettra
également de (re)découvrir de nombreux espaces
associatifs ou institutionnels qui font vivre au quotidien
une scène artistique strasbourgeoise ouverte sur
l’Europe et sur le monde.


opening NIGHT avec Accélérateur de Particules,
le CEAAC, La Chambre, l’ESAD, le Frac Alsace, le
MAMCS / Auditorium des musées de Strasbourg,
Polart, Stimultania et le Syndicat Potentiel.

Invités * : Vidéo Les Beaux Jours et la Galerie Riff Art
Projects.

www.artenalsace.org
ÉVÉNEMENTS
Accélérateur de Particules
EXPOSITION / PERFORMANCE / CONCERT
20 h 30 : Performance de Pierre Aouston et vernissage
de l’exposition collective d’Isabelle Anthony et Yann
Weissgerber, Pierre Aouston, Olivia Benveniste, Peter
Bond, Sarah Bourdarias, Ildiko Csapo, Clémentine
Margheriti, Angela Murr
21 h 30 : Concert de Fuchigami to Funato
Espace Apollonia
12, rue du Faubourg de Pierre / 67000 Strasbourg
www.accelerateurdeparticules.net
CEAAC / Centre Eur. d’Actions Artistiques Contemporaines
EXPOSITION / INSTALLATION / RENCONTRE
18 h 30 : Visite commentée de l’exposition « Braun Braun
Braun-Bad Beuys Entertainment 1999-2007 »
20 h 00 : Rencontre-Échange avec le Collectif Bad Beuys
Entertainment
7, rue de l’Abreuvoir / 67000 Strasbourg
www.ceaac.org
La Chambre
PHOTOGRAPHIE / MUSIQUE
18 h : Vernissage de l’exposition d’Estelle Hoffert
18 h – 21 h : Apéro-mix !
27, rue Sainte Madeleine / Entrée par le 2, rue du Fossé
des Orphelins / 67000 Strasbourg
www.chambreapart.org
photographies © Sonia Poirot / graphisme © Stimultania / imp. int. CUS
L’ESAD / École Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg
s’associe au Frac Alsace et au CEAAC

EXPOSITION / PERFORMANCE
18 h 30 : Vernissage de l’exposition « de-ci de-là /
Media », 2007-2009 / Trois années d’échanges culturels
entre Alsace et Basse-Silésie : Younes Baba-Ali , Vincent
Bernat, Dorota Hartwich, Sonia Poirot, Anna Plotnicka,
Arnaud Tanguy, Maja Wolinska, Jacek Zachodny.
L’exposition se tiendra au niveau 2 de l’ESAD
19 h 30 : Performance d’Arnaud Tanguy (durée 90 min)
1, rue de l’Académie / 67000 Strasbourg
Exposition « Foul Rain » de Paul van de Eerden jusqu’à
22 h 30 à la Chaufferie / galerie de l’ESAD
5, rue de la Manufacture des Tabacs / 67000 Strasbourg
www.esad-stg.org
MAMCS / Musée d’art moderne et cont. de Strasbourg
CONFÉRENCE / PERFORMANCE
19 h : « Anamnèse ou catamnèse ? », conférence-performance
d’Eric Duyckaerts à l’Auditorium des musées
1, place Hans Jean Arp / 67000 Strasbourg
www.musees-strasbourg.org
Association Polart / Échanges Artistiques
INSTALLATION / GRAVURE / PHOTOGRAPHIE / VIDÉO
19 h : Ouverture de l’exposition « Légendes Urbaines-
La Cité : espace public, espace poétique ». Exposition
urbaine avec Matylda Salajewska, Natalia Kabiesz, Klara
Beck, Katarzyna Kozaczyk, Marta Caradec et Walter
Vogelbaum
Infos et détails des lieux et horaires www.polart.asso.fr
Stimultania
PHOTOGRAPHIE / RENCONTRE / MUSIQUE / GAUFRES PARTY
18 h – 22 h : Vernissage de l’exposition « Le Regard des
Aveugles » de Georges Pacheco
20 h : Visite guidée de l’exposition en présence de l’artiste
22 h – 00 h : DJ / Mr Miette : groovy music for funky people
Et toute la soirée : gaufres party!
33, rue Kageneck / 67000 Strasbourg
www.stimultania.org
+++ La Maison de l’image / Vidéo les Beaux Jours *
VIDÉO
18 h 30 – 22 h : Regards de cinéastes sur le monde
des aveugles « L’enfant aveugle, 1 » de J. Van der Keuken,
« Le monde du bout des doigts » de D. Fritsch, « Visités
de C. Cogitore »
31, rue Kageneck / 67000 Strasbourg
www.videolesbeauxjours.org
Syndicat Potentiel Strasbourg
INSTALLATION / ÉCHANGE / CONCERT
21 h : Vernissage de l’exposition « I Haven’t Seen The
Place I’ve Looked At », Deborah Farnault et Emmanuelle
Giora
21 h – 00 h : Construction d’une collection d’objets en
échange d’impressions numérotées avec les visiteurs.
Projections et oeuvres ponctuelles d’artistes invités
22 h 30 : Concert / Thomas Joseph (Herzfeld)
13, rue des Couples / 67000 Strasbourg
syndicatpotentiel.org
+++ Galerie Riff Art Projects *
PROJECTION
18 h – 00 h : « Movimentum » 1 soir, 10 artistes, 10 vidéos
1b, rue du Puits / 67000 Strasbourg
www.galerieriffartprojects.com
Bientôt … opening NIGHT Colmar le 6 novembre
2009, vernissages communs à partir de 18 h 30
à l’Espace Malraux et à l’Espace Lézard.

La petite fille au ruban bleu

Suite à la projection sur France 5, je remonte mon article de 2009, sur le portrait d’Irène Cahen d’Anvers peint par Renoir en 1880.

J’ai été émue, mais aussi très admirative, de ce portrait croisé à la fondation Bürhle à Zurich. J’ai tenté par mes lectures d’en remonter l’histoire.

Voici ce qu’en disait Henri Michaux :

« Dans le visage de la jeune fille est inscrite la civilisation où elle naquit. Elle s’y juge, satisfaite ou non, avec ses caractères propres. Le pays s’y juge encore plus, et si l’eau y est saine, légère, convenablement minéralisée, ce qu’y valent la lumière, le manger, le mode de vie, le système social…Le visage des filles, c’est l’étoffe de la race même, plus que le visage des garçons…Le visage est leur oeuvre d’art, leur inconsciente et pourtant fidèle traduction d’un monde…visages mystérieux portés par la marée des ancêtres… visage de la jeune fille à qui on n’a pas encore volé son ciel… visage musical qu’une lampe intérieure compose plus que ses traits et dont le visage de madone serait l’heureux aboutissement »

Le portrait de Mademoiselle Irène Cahen d’Anvers, peint par Renoir en 1880, aujourd’hui unanimement reconnu comme un pur chef-d’œuvre. Traduisant avec délicatesse la rêverie mélancolique d’une jeune fille, ses grands yeux ingénus, sa chevelure rousse déployée sur le dos et ses mains sagement posées sur les genoux – « peu d’œuvres ont réussi comme celle-ci à capter tout ce qui nous demeure inaccessible du monde intérieur d’un enfant », écrit à son propos Pierre Assouline –, ce tableau n’eut pourtant pas une vie facile. Dès sa conception, l’œuvre déplaît fortement à la famille Cahen d’Anvers, et plus encore à la jeune Irène, qui déteste ce portrait d’elle-même et le détestera toute sa vie. Le chef-d’œuvre, comble d’infamie, sera relégué dans un placard, avant d’être recueilli, en 1910, par la propre fille d’Irène, Béatrice, offert par sa grand’mère la Comtesse Cahen d’Anvers.
Renoir et les Cahen d’Anvers se séparèrent dans de mauvaises conditions. Mécontents du travail de l’artiste, ils firent accrocher ces 2 tableaux (le pendant étant les 2 sœurs Elisabeth et Alice – Rose et Bleu) dans les communs de leur hôtel. On ne pouvait être plus méprisant, il mirent du retard à régler Renoir, d’autant plus qu’aucun prix n’avait été fixé par avance. Finalement avec mauvaise grâce, ils lui firent remettre 1 500 francs (1880). C’était plus qu’il n’avait jamais touché, mais nettement moins que ce qui se pratiquait ailleurs. D’autant plus que les Cahen d’Anvers étaient parmi les commanditaires présentés les plus riches.
Fort déçu de tant de pingrerie Renoir en eut des accès de mauvaise humeur antisémite que seule put tempérer la présence du portrait d’Irène dans une expositionà la galerie Durand-Ruel deux ans après.
Pour la petite fille au ruban bleu ce fut le début d’une presque légende.
Irène Cahen d’Anvers se laissa épouser par le comte Moïse de Camondo, à 19 ans le 15 octobre 1891. Elle se sépara du comte Moïse de Camondo, se convertit au catholicisme pour épouser celui qui avait entraîné les chevaux des écuries des Camondo, le comte Charles Sampieri.
C’est ainsi que la toile retourna dans la famille Cahen d’Anvers.
Trois décennies plus tard, la guerre s’abat sur les Cahen d’Anvers et les nazis raflent familles et tableaux. Le portrait de Mademoiselle Irène Cahen d’Anvers, dont la valeur, entre-temps, est devenue inestimable, (tombe entre les mains de Goering, qui le cède à un certain Georg Bührle), riche industriel suisse d’origine allemande, pourvoyeur d’armes lourdes pour la Wermacht et gros acheteur de tableaux volés. Léon Reinach époux de Béatrice de Camondo tente en vain de récupérer le tableau.
Mais à la Libération, Irène Cahen d’Anvers, ex-de Camondo et désormais comtesse de Sampieri, découvre dans l’exposition
« Chefs-d’œuvre des collections françaises retrouvés en Allemagne » une liste d’objets d’art pillés, la trace de son Renoir, et entreprend de le récupérer. La spoliation est manifeste, pour un tableau aussi connu et maintes fois exposé, et dont les légitimes propriétaires, Béatrice et Léon Reinach, ont disparu dans les camps. Aussi Irène héritière de sa fille, récupère-t-elle son tableau, mais c’est pour s’apercevoir qu’il lui déplaît toujours autant..
L’ex-épouse de Moise de Camondo, Irène devenue catholique et comtesse de Sampieri, divorcée du compte Sampieri, échappa aux nazis. Elle récupéra la fortune des Camondo par l’héritage Reinach après la guerre, et la dilapida.
Pauvre Renoir ! Rarement œuvre fut plus haïe par son modèle ! En 1949, elle le met en vente dans une galerie parisienne. Un amateur, aussitôt, s’en porte acquéreur. C’est… Georg Bürhle. Le portrait reprend le chemin de la Suisse, en toute légalité cette fois, et c’est ainsi qu’il se trouve aujourd’hui à Zurich, à la Fondation Bührle.
Dans le film que je viens de voir sur France 5, la cession par Goering à Bührle semble moins sûre.

D’après les dernières informations connues, il semblerait que c’est Irène Cahen d’Anvers qui aurait mis elle-même son  portrait en vente. Ce serait à  cette occasion que Monsieur Emil Bührle s’en est porté acquéreur. Il aurait aussi rendu les oeuvres spoliées à leurs propriétaires ou héritiers.

Kunsthaus, la Collection Emil Bührle

En 2021, à l’occasion de l’ouverture de l’extension du Kunsthaus, la Collection Emil Bührle, collection privée de renommée internationale, entrera au Kunsthaus. Le projet prévoit de placer les 166 tableaux et 25 sculptures de cette collection près de la section consacrée à l’art moderne afin d’offrir au public une continuité temporelle dans la présentation, dans un espace d’environ 1000 m2 spécialement conçu pour elles. Le regroupement des collections du Kunsthaus et de la Fondation Bührle dans un seul espace donnera naissance au plus important pôle européen de peinture impressionniste française après Paris.

Pour Zurich et la Société zurichoise des beaux-arts, la participation active d’Emil Bührle aux destinées du Kunsthaus a toujours été précieuse. Des dons comme les monumentaux tableaux de nymphéas de Claude Monet ou la Porte de l’Enfer d’Auguste Rodin sont désormais des incontournables de la collection. En finançant l’aile destinée aux expositions, Emil Georg Bührle a permis dans les années 1950 la naissance d’une plateforme dédiée à des événements originaux, où aujourd’hui encore, le public entre directement en contact avec l’art. Le travail de médiation culturelle auquel cette spectaculaire collection privée donnera lieu abordera bien sûr l’histoire de l’art, mais envisagera également la problématique des recherches de provenance, en replaçant les activités de l’entrepreneur et collectionneur Emil Georg Bührle (1890-1956) dans le contexte de l’histoire suisse.

Art Basel Unlimited 1

Cette année, l’exposition Art Unlimited, qui est déjà la dixième édition de ce secteur ,a  présenté
59 artistes de 24 pays. La liste des artistes qui participent à cette exposition prestigieuse, généreusement soutenue par UBS, se lit comme un gotha de la scène actuelle de l’art contemporain. De nombreux travaux exposés dans la Halle 1 ont été spécialement réalisés pour cette plate-forme. En plus de l’exposition dans la halle d’Art Unlimited, le secteur Art Statements  révèle cette année 27 expositions individuelles de jeunes artistes. Les sections Artists Books, Artists Records, une vidéothèque, Art Lobby et une librairie complètent le programme.
miss-art-basel.1247416632.jpg La conception de l’exposition de cette année, qui repose sur des propositions des exposants et correspond aux éditions précédentes quant au nombre d’artistes et au niveau qualitatif, a de nouveau bénéficié de la collaboration du Genevois Simon Lamunière, un commissaire d’exposition chevronné.
En plus de la diversité impressionnante des œuvres présentées dans les secteurs principaux de l’exposition, Art Unlimited réserve encore bien d’autres découvertes passionnantes aux visiteurs. Sur 12 000 m2, Art Unlimited offre aux artistes et aux galeries une plate-forme capable d’accueillir des créations qui dépassent les limites usuelles d’un salon d’art traditionnel, notamment des sculptures, projections vidéo, installations, peintures murales, séries de photos et performances qui trouvent ici un cadre à leur mesure.
sigmar-polke.1247415621.JPGAu cours de plus de quarante années de carrière, Sigmar Polke (Michael Werner Gallery, New York) n’a cessé de redéfinir le sens et la nature de la peinture à travers une approche radicalement personnelle des matières et procédés. Tout le parcours de l’artiste est caractérisé par l’exploration des liens qu’il laisse sous-entendre avec des “êtres supérieurs” et d’autres mondes, par le recours à des matériaux insolites comme la poussière de météorites, du graphite magnétique, du violet pur, du cinabre et des oxydes d’argent, pour n’en citer que quelques-uns. Au début des années 1990, il débuta une série monumentale de tableaux, les “Wolkenbilder” (1992), dont les séquences exposées à Art Unlimited représentent l’unique installation du genre de Polke. Ces créations reflètent le mystère et la magie d’un créateur extraordinairement vivant au sommet de son art.
“The Ballad of Sexual Dependency” (1973–1986) est la réalisation maîtresse de l’œuvre nani-goldin.1247415870.jpgde Nan Goldin (Matthew Marks Gallery, New York). Après avoir débuté en 1979 dans une boîte de nuit new-yorkaise pour une performance improvisée d’un soir, “The Ballad of Sexual Dependency” fut amené à sa forme actuelle au début des années 1980, avant d’évoluer au fil des ans vers une présentation de diapositives comprenant plus de 700 tableaux. Le portefeuille initial de tirages de la publication
ayant formé ce chef-d’œuvre n’avait jamais été exposé au public en Europe avant Art 40 Basel.
roni_horn.1247415955.jpeg“a. k. a.“ (2008/09), la dernière installation de photos de Roni Horn (Hauser & Wirth Zurich, Zurich/Londres), prolonge la ligne de travaux de portraits que Horn a définie au fil des ans dans le contexte élargi de son oeuvre. Dans chacune de ses créations, l’observateur est intégré comme un deuxième thème. La composition de paires et le dédoublement sont, depuis de nombreuses années, un leitmotiv de l’oeuvre de Roni Horn, et “a. k. a.“ illustre les dernières expressions de cet intérêt.
Quatre cubes transparents, en noir, blanc, jaune et bleu, sont disposés sous nos yeux comme un jeu d’esprit auquel Mondrian aurait lui aussi aimé jouer s’il avait eu accès à ces matières translucides. L’artiste vénézuélien Jesús Rafael Soto (Galerie Hans Mayer, Düsseldorf) s’est rendu célèbre par ses contributions à l’Op Art, ses sculptures cinétiques ainsi que par les liens qui l’unissaient à Jean Tinguely et Victor Vasarely. Mais il doit avant tout sa renommée à ses sculptures “pénétrables”, interactives, raphael-soto.1247416112.JPGqui se composent d’une succession de carrés réalisés à partir d’un accrochage de tubes étroits. L’oeuvre “Untitled” (1970) est présentée pour la première fois dans le cadre d’Art Unlimited
depuis une exposition en 1970 au Kunstverein de Mannheim.
Dans “Universum” (2008), une nouvelle œuvre complexe majeure, Stephan Balkenhol (Mai 36 Galerie, Zurich; Galerie Löhrl, Mönchengladbach; Stephen Friedman Gallery, Londres: stephan_balkenhol.1247416241.jpegGalerie Thaddaeus Ropac, Paris / Salzbourg) présente cinq immenses reliefs sculpturaux et architectoniques. En rassemblant des niveaux bi et tridimensionnels, l’artiste combine les sculptures sur bois et reliefs de son “homme ordinaire” avec des paysages, des scènes urbaines, la nature et des motifs détaillés.

Robert Cahen – Sanaa



Robert Cahen a été primé pour sa vidéo Sanaa, passages en noir, 2007
Production : Boulevard des Productions Strasbourg, montage effets speciaux Thierry Maury
reçoit  le prix du  » documentaire le plus innovatif  » du Festival  SOLE LUNA , Festival  International du documentaire sur la Méditerranée et sur  l’Islam. Palerme, Italie
Sanaa, capitale du Yemen, où 2 femmes  voilées, silhouettes noires, passent, se fondent, croisent un personnage indifférent, sur fonds d’un extrait de la passion selon St Jean, de Jean Sebastien Bach. La vidéo n’est pas sans évoquer, chose très rare à l’heure actuelle, des religieuses de nos régions se rendant à l’office. Ceci pour mettre en exergue le commandement de la charia qui oblige les femmes à se couvrir.
En cliquant sur son nom vous pouvez écouter son explication.
La vidéo de Robert Cahen, a été projetée à la Filature de Mulhouse pendant le Festival Transes.
vidéo courtoisie de Robert Cahen

Cellula au collège des Bernardins

cellula-brevet-rochette-bernardins.1247406048.jpgDans le collège des Bernardins, édifice exceptionnel du XIIIe siècle, restauré depuis 2008 sont organisés quatre axes complémentaires : l’art, les rencontres débats, la formation, le pôle de recherche. C’est un lieu vivant où il est bon de faire une étape, voire une pause.
Nathalie Brevet et Hugues Rochette y travaillent ensemble depuis 2001.
Ils produisent une œuvre intéressante multiple, en utilisant différents supports, des objets en les détournant de leur sens premier pour en obtenir un langage visuel qui leur est propre.
Les artistes se réapproprient cet espace en s’inspirant de son histoire et de son architecture. Cellula est imprégné à la fois des strates des différentes transformations du bâtiment, et interrogent la polysémie du mot « cellule » grâce à un vocabulaire plastique riche d’interprétations diverses.
Nathalie Brevet et Hughes Rochette réinvestissent ainsi l’ancienne sacristie en y installant un « sur-sol » éphémère qui crée un cadre modifiant la perception du lieu. Le visiteur est amené à expérimenter physiquement l’espace recomposé par un dessus-dessous et où s’instaure un dialogue entre extérieur et intérieur. L’absence de mouvement comme le déplacement dans l’espace intervient aussi dans la relation que le visiteur tisse avec le lieu. Le visiteur doit affronter d’abord, les presque ténèbres du dessous de la sacristie envahit par un échafaudage , où se trouve une pierre tombale,
Si la curiosité le pousse, il gravit l’escalier, pour arriver au « sur-sol » où il est accueilli par la luminosité du lieu, où tout contribue à l’élévation, de manière physique et symbolique, les fils électriques s’élevant vers la voûte gothique,  la vue de la rue depuis les hautes fenêtres de la sacristie,  les chapiteaux avec des anges, tout est à votre portée, chose impossible en tant normal.cellula-brevet-rochette.1247406393.JPG
Une installation électrique qui s’éteint dès que vous vous déplacez, inversion de l’application classique, vous invite à la perception de l’espace, du mécanisme lumineux, inversion du néon »18″ qui en change la lecture. Des lustres installés pendant la rénovation du bâtiment, seuls 18 câbles restent suspendus dans l’espace.  Invitation à rester immobile, à la réflexion, au calme, à la contemplation, au recueillement, comme dans  la cellule d’un moine, première destination du lieu, ou encore à l’isolement comme dans le milieu carcéral, référence faite à l’ancien usage du collège pendant la révolution. La structure lumineuse est visible de jour comme de nuit, mais entre en action seulement en l’absence de mouvement. A l’extérieur du bâtiment, sur la facade, une forme en néon rouge représente le 18. Ce numéro est à consonance géographique et historiquee l’ancienne sacristie, il s’agit du numéro de la rue et fait référence à ce qui fut l’une des occupations du bâtiment quipendant 150 ans accueillit une caserne de pompiers. Basculé à 90 ° sur le côté, ce chiffre composé de petits cercles ou plutôt de deux petites cellules prend un autre sens en laissant cellula-de-nuit-bernardins.1247408334.jpgapparaître la forme d’un infini où la couleur rouge s’entremêle avec l’idée d’urgence.
Une étudiante, si vous le souhaitez, vous accompagne pour vous rappeler les différentes déclinaisons de la cellule qui est le mot clé des 2 artistes , et l’application évidente qui en est faite dans ce lieu.
· en biologie, la cellule est l’unité vivante de base de tous les êtres, principal sujet d’étude de la biologie cellulaire ;
· une case dans une feuille de calcul d’un tableur ;
· en entomologie, une partie des ailes d’un insecte ;
· en avionique, l’habitacle est l’endroit à l’intérieur duquel les pilotes dirigent l’avion ;
· dans certains partis et mouvements politiques, une cellule est un petit groupe de militants (exemple : cellule terroriste) ; · en optique, une cellule photoélectrique est un dispositif composé d’un capteur photosensible ;
· en électricité (haute tension), armoire contenant un appareil de coupure ;
· en automatisme pneumatique, petit élément permettant d’effectuer une fonction logique.
· en géométrie et en topologie, polyèdre tridimensionnel jouant le rôle de « face » pour un objet quadridimensionnel ou plus (voir cellule (géométrie));
· dans le ciel, cumulo-nimbus (structure orageuse, pour les chasseurs d’orage).
  Déclinaison de l’humain, de l’intelect, de manière  très imaginative.