Drawing Now Paris, le Salon du dessin contemporain

Drawing Now Paris, le Salon du dessin contemporain 2012 a encore franchi une étape

Drawing Now 2012

Un exposition passée.
Du 29 mars au 1er avril 2012, la 6e édition de DRAWING NOW PARIS I LE SALON DU DESSIN CONTEMPORAIN a rassemblé au Carrousel du Louvre, 82 galeries internationales, 400 artistes et près de 19 000 visiteurs, collectionneurs et amateurs d’art.
référence obligée dans les arts graphiques historiques, le salon du dessin montre des trésors et réjouit les amateurs et collectionneurs.
Agraphes, rubans, adhésifs, gommettes, radiographies, mircopliages, dessins animés,
plus que jamais, le dessin échappe à la feuille de papier et au crayon, allant jusqu’à fleurter avec la sculpture et l’installation. Lignes traits et contours restent les fils conducteurs de cet art aux frontières mobiles.
Mes coups de coeur se sont portés vers Iris Levasseur et son gisant, exposé hors-les- murs rue de Richelieu.
Iris Levasseur DDC 2012 graphite sur papier © Iris Levasseur et Galerie Ouizerman

Ainsi que l’ artiste sud-africain William Kentrifge avec son dessin animé – à prendre littéralement dans le texte, (encore hors-les-murs)
1er coup de coeur : Ernest Pignon Ernest
Ernest Pignon-Ernest Parcours Desnos "Louise Lame" étude 1 2011, pierre noire sur papier

Un bilan positif. Le bilan est plus que positif pour cette jeune foire qui se tenait pour sa 6e édition. Après des débuts itinérants, le salon se déroulait pour la 3ème fois seulement au Carrousel du Louvre.

Un nombre plus important de visiteurs. Dans un contexte économique et politique difficile et un environnement culturel fortement concurrentiel, DRAWING NOW PARIS I LE SALON DU DESSIN CONTEMPORAIN a réussi à attirer près de 19 000 visiteurs, soit une progression de 5% par rapport à l’année dernière. Sur ces 19 000 visiteurs, plus de 20% d’entre eux poursuivaient leur découverte par la visite du HORS LES MURS au 17 rue de Richelieu.
 
De nombreux collectionneurs ont eu également plaisir à revenir plusieurs fois afin de prendre le temps de découvrir les propositions variées des 82 galeries et pour un grand nombre de concrétiser leurs achats.
Un accrochage plus lisible, une foire de qualité. Les échos unanimes ont salué une foire qui s’affirme plus qualitative d’année en année. Les visiteurs ont apprécié le retour de galeries de renom et la qualité des one man show d’artistes reconnus ou à découvrir servis par un accrochage plus lisible que les années précédentes. Le secteur EMERGENCE avec 12 galeries de moins de 4 ans a, comme l’année dernière, suscité beaucoup d’intérêt.

Clément Bago schalk-jaune-2011-encre-sur-papier-calque-jaune 295x21cm

Avec 400 artistes présentés, 82 galeries dont 30 % de galeries étrangères et 40 % de nouveaux arrivants, ainsi que 12 oeuvres monumentales présentées au 17 rue de Richelieu, DRAWING NOW PARIS I LE SALON DU DESSIN CONTEMPORAIN a ainsi offert aux visiteurs un large panel de la création contemporaine des 50 dernières années.
Un climat d’affaires tendu mais finalement actif. L’ensemble de ces éléments ont contribué sans doute à un climat d’affaires finalement plus dynamique que prévu.
S’il a fallu attendre le week-end pour que les ventes se confirment, un grand nombre d’exposants (plus de 40 %) s’estiment très satisfaits de leurs ventes. Les exposants fidèles à DRAWING NOW PARIS ont été largement récompensés de leur implication par des ventes soutenues. Avec des œuvres vendues entre 500 € et 50 000 €, le salon a su prouver qu’il sait attirer de nouveaux amateurs comme des collectionneurs plus avertis.
La galerie Jean Fournier souligne le succès de cette édition, la meilleure pour elle depuis sa première participation : elle a ainsi vendu plus de 33 oeuvres dans une fourchette de prix allant de 600 à 8 000 €.
La galerie Eric Dupont a rencontré un vif succès avec Clément Bagot : elle a vendu tous ses dessins pour des valeurs de 1 000 à près de 30 000 €, ainsi que 10 dessins de Taysir Batniji, un Damien Cabanes à 10 000 €, et plusieurs dessins de Yazid Oulab et Didier Mencoboni.
De son côté, la galerie Lelong a vendu, entre autres : 3 aquarelles de Barthélémy Toguo à 5 000 € chaque, 2 dessins de Kiki Smith à 12 000 € chaque et une encre d’Alechinsky à 48 000 € vendue à un collectionneur étranger.
Kiki Smith - Birch Tr, 2011 Epreuve chromogène et encre sur papier Népal 40 x 40

 
Après sa première participation en 2010, ADN est revenu et a rencontré un vif intérêt de la part des collectionneurs pour 5 des artistes présentés : en cédant 3 oeuvres de Eugénio Merino, une de Kendell Geers, une de Federico Solmi, une de Bruno Peinado, et un dyptique d’Abdelkader Benchamma.
La galerie Jaeger Bucher / Jeanne Bucher s’estime satisfaite de sa première participation : elle a rencontré de nombreux professionnels et collectionneurs suisses, belges et allemands et a ainsi vendu, entre autres, 4 dessins de Hanns Schimansky, un dessin de Rui Moreira dans des prix allant de 7 000 à 12 000 €.
Les exposants soulignent unanimement la très bonne qualité de la foire et les très bons contacts pris tout au long du salon, nombreux sont ceux qui enchaînent par des rendez-vous en galerie dans les semaines qui suivent l’événement en vue d’acquisition.
Catherine Millet et son musée imaginaire.
Kiki Smith

Catherine Millet proposait cette année son « Musée imaginaire du dessin contemporain ». Sa proposition a permis aux visiteurs de découvrir des oeuvres de Marc Desgrandchamps, Erik Dietman, les dessins plus osés d’Otto Muehl, les dessins architecturaux de Tatiana Trouvé, des portraits de Bernard Dufour sans oublier Bernar Venet, Pierre Weiss, Pierre Klossowski, la féministe Kiki Smith, Berbard Ollier, Diogo Pimentão et Alberto Sorbelli.
 
Table ronde

Un intérêt certain pour les premières DRAWING TALKS. Organisées pour la 1ère fois par DRAWING NOW PARIS, trois tables rondes sur les thèmes «Du dessein au dessin», «Dessin ancien, dessin contemporain, des territoires partagés», et «Collectionner le dessin : une passion intégrale», modérées successivement par Sony Devabhaktuni, architecte et journaliste, Jean-Christophe Castelain, rédacteur en chef du Journal des Arts et Guy Boyer, rédacteur en chef de Connaissance des Arts, ont attiré un public nombreux qui a participé activement en posant des questions.

Une collaboration fructueuse avec le Drawing Center New York. Brett Littman, directeur du Drawing Center de New York, qui a conçu la programmation vidéo de la Project Room et participé à la table ronde «Dessin ancien, dessin contemporain, des territoires partagés», a rencontré des visiteurs très intéressés par l’approche vidéo du dessin contemporain.
Clément Bago craie-noire-12012-encre-blanche-sur-papier 25x18cm
Le prix DRAWING NOW pour le dessin contemporain a été remis mercredi 28 mars à l’artiste Clément BAGOT présenté par la galerie Eric Dupont. L’artiste s’est vu remettre une dotation de 5 000 € à travers le fonds pour le dessin contemporain soutenu par SOFERIM. Faber-Castell, associé pour la première au Prix DRAWING NOW, a remis en cadeau prestige le coffret édition limitée 250 ans Faber-Castell.
photos de l’auteur sauf les 1/3/7

 

Adel Abdessemed en regard de Matthias Grünewald – François Pinault prêteur

Entre « Crucifixion et Décor »

Adel Abdessemed Décor ©

Le Retable d’Issenheim est l’une des œuvres dont la fortune critique et artistique est sans doute la plus considérable dans le monde occidental depuis la fin du XIXe s. En 1993, le musée Unterlinden avait consacré une exposition à l’influence de la crucifixion de Grünewald dans l’art du XXe s. 20 ans après, force est de constater que les artistes poursuivent leur relecture de ce chef d’œuvre. Signalée par Jean Jacques Aillagon à Frédérique Hergott de la disponibilité d’une œuvre de l’artiste Adel Abdessemed directement inspirée du Christ en croix du Retable d’Issenheim, appartenant à la collection de François Pinault, le choc qu’elle éprouva, lui fit paraître évident qu’elle devait être exposée en regard du Retable. La vision des détails et de l’ensemble appelé Décor, au-delà d’une simple interprétation , extrayait l’essence du modèle d’origine. « arracher » le motif pour se l’approprier, créer une œuvre nouvelle.


A partir de la représentation du Christ en croix du Retable d’Issenheim, Adel Abdessemed pose la question sans réponse de la souffrance humaine. A la chair pénétrée par les épines chez Grünewald, il substitue un corps constitué de fils de fer barbelé acéré et tranchant, instrument et symbole contemporain de la violence et de la souffrance. L’artiste figure le crucifié comme une immense blessure, concentrant en un seul corps à la fois la torture et la cruauté.
Reproduite 4 fois, l’icône transformée en modèle d’anatomie décharné devient un sujet et la violence est annihilée par les effets esthétiques de la matière brute de l’ensemble savamment tressé. Reproduit 4 fois, ce corps constitue un décor au sens où il est l’arrière-plan devant lequel nous vivons. Au Christ lourd de Grünewald faisant ployer la poutre horizontale de sa croix A. Abdessemed oppose un corps décharné et en suspension. Au corps unique en putréfaction peint, il substitue « des corps » en 4 exemplaires parfaitement alignés, annihilant les effets dramatiques du premier dans une organisation stable et ornementale que trahit le titre de l’œuvre . En se référant à une icône religieuse et à un chef d’œuvre de l’histoire de l’art, en se saisissant du monde contemporain qui lui fournit la matière de son travail. A. Abdessemed  réalise par un savant montage d’éléments paradoxaux, une œuvre portée par une puissance esthétique, comme une réponse éclatante aux violences du monde contemporain.

Adel Abdessemed Décor détail

Après une première exposition à la galerie David Zwirner  (Chelsea) à New York, l’ensemble Décor ne pouvait être présenté pour la première fois en Europe, qu’à à un seul endroit, ici, à Colmar, au musée Unterlinden, dans une confrontation directe et sans artifices avec la figure du Christ de Grünewald. A l’heure où le musée célèbre le 500 e anniversaire du Retable d’Issenheim, ce rendez-vous ne devait être manqué. Adel Abdemessed avait confié à Frédérique Hergott que pour lui exposer Décor en regard du Retable était un rêve.
Texte Frédérique Goerig-Hergott

Adel Abdemessed  (Interview Adel Abdessemed) quitta l’Algérie en pleine guerre civile en 1994, il arriva en France âgé d’un peu plus de 20 ans. Il suivit des études à Lyon sous la férule de Giovanni Careri, Depuis il a tracé son chemin d’artiste, sans jamais se départir d’une volonté de prise en main de la réalité pesante du politique, mais sans omettre l’histoire de l’art. Ses œuvres émettent un engagement criant et une distance métaphysique.
(vu à la Dogana en 2011)

Un catalogue en vente au musée, aux Editions Xavier Barral, a été édité sur l’oeuvre « Décor » comprenant des textes de François Pinault, Jean Jacques Aillagon, Frédérique Goerig-Hergott, Eric de Chassey, Giovanni Careri « Baptisée Décor, l’oeuvre d’Abdessemed, récemment exposée à New York et achetée 2 millions d’euros par François Pinault, est prêtée par le collectionneur au Musée Unterlinden de Colmar jusqu’au 16 septembre, pour le 500e anniversaire du fameux retable d’Issenheim. Opération pilotée par Jean-Jacques Aillagon, ancien ministre de la culture, qui a repris du service auprès du mécène : « J’ai appelé la conservation du musée, ça s’est fait très rapidement, j’adore monter des coups comme ça », s’amuse celui qui a expliqué, dans Libération,  » extrait du Monde du 27 avril article de Florence Evin

photos de l’auteur

La Chine est éveillée

« Dieu a créé le monde, les chinois font le reste »
nous dit en riant Yubao, traduisez : Trésor de Jade, François guide pour les français
(pourtant il ne doit pas regarder Canal + en Chine … la chaîne, ainsi que facebook ne sont pas trouvables là-bas)

Yubao = Trésor de Jade alias François

En effet les enfants, puisque enfant unique, le couple n’a droit qu’à un seul enfant, d’autant plus précieux si c’est un garçon, sont les assurances vie de leurs parents, si ces derniers  ne touchent pas de retraite, en tant que paysans.
enfant chinois à Xi’an

Nos trois guides parlaient bien le français, alors que 2 d’entre eux n’avaient jamais quitté la Chine. La scolarité est dense pour les jeunes. Notre dernier guide affirmait qu’il n’avait vu que les rayons de la lune pendant toute sa scolarité, en effet la journée, commence très tôt, avec les exercices physiques, les cours, un déjeuner, une petite sieste, le dîner, puis encore des cours jusqu’à 21 h au moins.
Les paysans ont droit à 2e enfant, parce qu’il faut de la main d’œuvre solide pour  le travail de la ferme et de la terre.
Les anciennes demeures ont été démolies et remplacés par des immeubles impersonnels avec le confort, bâtis à l’extérieur des villes, ce qui les isolent totalement de la vie citadine et de leurs anciens voisins. Certains quartiers anciens sont classés monuments historiques par l’Unesco, – les Hutongs
Hutongs Pékin

Les chinois sont souriants, fiers de leurs enfants, ils les présentent pour des photos aux touristes. Ils aiment bien aussi se faire photographier à côté d’européens. Avec ma veste en lapin et mes cheveux à mèches, je me suis attirée des sourires, de francs éclats de rire, mais surtout des demandes de photos avec ma modeste personne.
Notre voyage depuis Roissy, en airbus A 340 (merci Patrick) arriva à Shanghai au bout de 11 h.
Le guide nous emmena immédiatement, puisque nous étions le matin – il y a 6 h de décalage en été, 7 en hiver – visiter le Central Lake, environné du quartier financier, où des immeubles se dressent comme à Manhattan. Quelques chinois s’adonnaient au plaisir du Chi Kong ou du taï chi chuan.
le Bund Shanghai

 
Suivi d’une visite sur   le bund, qui longe le Huangpu, une des  promenades principales de la ville, longue d’un 1.5 km bordée de bâtiments historiques, qui la nuit s’illuminent de mille couleurs.
Central Lake Shanghai

Puis ce fut la visite  du Jardin Yu. Curiosité de style classique chinois, la plus importante de Shanghai. Créé par un haut fonctionnaire à partir de 1559, le « jardin de satisfaction » pour le repos. Les bâtiments actuels ne virent le jour qu’au 18e et 19e siècle lorsque le jardin tombé en friche fut acheté par des guildes de marchands, qui y fondèrent leurs lieux de réunions et de résidence. Férus de tradition, toutes les représentations asiatiques (le mur aux dragons) témoignent du goût contemporain des marchands et inadéquat pour des amoureux de la littérature. Mais son caractère fondamental n’est pas concerné pour autant.
Jardin Yu Shanghai

Des rochers et de l’eau où pullulent par endroit des carpes roses, le jeu de la régularité et de la symétrie, la richesse de la forme des fenêtres et la division en petites parcelles générée par les promenoirs, les murs, les salles et les pavillons qui créent sur un espace étroit toute une série de décors variés. L’aventure commence déjà devant la porte : avec le chemin par le pont en zig-zag le long du salon de thé Huxinting.
Jardin Yu Shanghai

Derrière les salles des célèbres décors de jardin, puis au-delà un étang peuplé de carpes roses et de nénuphars, un rocher artificiel en pierres jaunes s’y élève, seul élément original datant du 16e s. En passant par des petits ponts devant un pavillon situé sur un socle élevé, la cour est décorée de trois pierres, dont celle du milieu appelée : « joyau de jade » est l’une des pierres les plus célèbres de Chine.
Shanghaï la Bund
photos de l’auteur
cliquez pour les agrandir

à suivre

Anne-Sophie Tschiegg au musée des Beaux Arts de Mulhouse

Anne-Sophie Tschiegg, – son site – la peintre lyrique, exposera ses dernière toiles au Musée des  Beaux Arts de Mulhouse du 14 avril au 10 juin 2012.

Le vernissage aura lieu le 13 avril 2012
 à 18 h.

Après l’espace Beaurepaire à Paris, ses expositions à Offenburg, à Stuttgart, à Art Karlsruhe, sa performance à la Nuit Blanche de Paris, elle présente ses dernières toiles. Des grands formats, aux « babies » en passant par les collages, les dessins de paysages et les nus, à la fois figurative et abstraite, c’est une symphonie de couleurs, qu’elle affiche sur les cimaises du musée des Beaux Arts de Mulhouse.
l’interview :

photo de l’invitation courtoisie Anne-Sophie Tschiegg
vidéo de l’auteur

Autres dates à retenir
Samedi 19 mai – Nuit des Musées / Nuit des Mystères n° 7 de 14 h à minuit
 
Samedi 12 et Dimanche  13 mai de 14h à 18h
Work in progress & rencontre avec Anne-Sophie TSCHIEGG
En écho à la nature évolutive de son travail pictural, Anne-Sophie TSCHIEGG se livre à une performance sous les yeux du public. A l’issue de ces deux après-midi de production picturale, la toile réalisée intègrera l’exposition à la manière d’une œuvre tout à la fois supplémentaire et complémentaire, métaphore du processus de peindre, du temps de « faire », de la superposition des gestes, de la reprise, du temps mort et de l’achèvement. Une rencontre à 16h entre l’artiste et les visiteurs permettra d’engager un échange sur la pratique picturale d’Anne-Sophie TSCHIEGG

Week End de l'Art contemporain en Alsace 2012 – suite

 

Suite de la visite à Stimultania à Strasbourg,

Norbert Ghisoland

NORBERT GHISOLAND Né en 1878 à La Bouverie, petite commune belge du Borinage, le photographe Norbert Ghisoland photographie ses habitants pendant près de quarante ans. Il réalise plus de 90 000 photographies sur plaques de verre dans son studio à Frameries où, en ce début de siècle, la ville vit au rythme de la mine. Seuls ou en groupes, des dizaines de milliers de gens passent devant son objectif : des bourgeois, des mineurs, des militaires, des religieux, des sportifs, des gens de tous âges, des chiens parfois. Norbert dirige les poses. Ils sont assis ou debout, les mains entrecroisées ou sur l’épaule, les visages graves. Ils ne sourient pas. Ils viennent du Pays Noir.
 » Ghisoland n’est pas le reproducteur du visage de la bourgeoisie. Ses clients sont des mineurs, de ces hommes au visage buté, impénétrables, à la fois fiers et modestes. Non pas photos d’identité sociale, mais photos-rêves et souvenirs pour lesquels on pose dans son costume favori, dans un costume d’emprunt qu’on ne remettra plus jamais, après avoir ciré ses chaussures, épinglé sa décoration au revers de sa boutonnière, et emmené son instrument de musique […]. » Hervé Guibert pour Le Monde
commissariat : Mary van Eupen et Marc Ghuisoland
Simultan au CEAAC de Strasbourg
 
«Les limites de ma langue sont les limites de mon monde»: c’est cette citation de Wittgenstein que Mladen Stilinovi  a choisie pour titre d’un entretien-conférence donné en 2011 dans le cadre de l’Académie d’été à la forteresse Hohensalzburg. En 1992, déjà, il avait peint sur une banderole l’inscription «An Artist Who Cannot Speak English Is No Artist» (Un artiste qui ne parle pas anglais n’est pas un artiste) – une affirmation qui, vu les bouleversements politiques en ex-Yougoslavie, pouvait sembler quelque peu dérisoire, mais n’en était pas moins vraie lorsqu’on la considérait dans le contexte du marché de l’art international.
Maden Stilinovitch

L’artiste a entre-temps réalisé plusieurs versions de ce travail, entre autres sous forme de tee-shirts distribués aux visiteurs de ses expositions. Le fait que cette oeuvre, née d’une situation historique donnée, n’ait rien perdu de son actualité s’explique par une plus grande sensibilisation à l’hégémonie croissante de l’anglais dans le contexte de la mondialisation.
C’est sous cette même hégémonie que doivent vivre les protagonistes de Shoum, une vidéo de Katarina Zdjelar, où l’on voit deux hommes d’âge moyen qui, sans la moindre connaissance de l’anglais, tentent de transcrire, puis de chanter les paroles de la chanson Shout de Tears for Fears. Musiciens occasionnels dans un bar de Belgrade, ils sont contraints d’inclure dans leur répertoire des chansons pop anglaises pour gagner leur vie. Sous le comique apparent de la situation perce la réalité sociale et économique des deux quadragénaires qui, à l’image de beaucoup d’hommes de leur génération, ont été contraints d’abandonner l’école prématurément en raison de la guerre dans l’ancienne Yougoslavie.
 
Dance Nº3 de Céline Trouillet montre une jeune femme sourde et muette en train d’inter-préter la chanson C’est la ouate en langage des signes. Avec son maquillage voyant et ses mouvements lascifs, elle reprend, en les persiflant, les clichés des clips de musique pop. Associé à l’expression chorégraphique, le langage des signes, grâce à sa polysémie, propose une forme ouverte de traduction simultanée des mots et des sons.

 
La grande salle d’exposition du CEAAC accueille un ensemble énigmatique de travaux de l’artiste galloise Bethan Huws. The Plant, un plant de menthe sur un socle, est un ready-made dont la véritable signification ne se dévoile qu’à celui qui comprend le gallois: le titre de l’œuvre signifie en effet «plante» en anglais et «enfants» en gallois. L’association de ce mot à la menthe, dont l’image évoque fraîcheur et jeunesse, articule un champ sémantique réservé à une minorité de spectateurs maîtrisant à la fois l’anglais et le gallois. Il en va de même pour une vitrine contenant le mot «LLWYNCELYN», formé au moyen d’un lettrage industriel blanc sur fond noir. Signifiant « bois de houx » en gallois, il demeure opaque à défaut d’être traduit en anglais, où il donne «Hollywood», terme riche en associations s’il en est. C’est à se demander ce qui, dans les oeuvres de l’artiste, est CERTAIN, pour reprendre le mot apparaissant en grandes lettres noires sur un rideau (curtain, en anglais), mais caché en partie par les plis du tissu. Pointant l’ambiguïté fondamentale du langage, les travaux de Bethan Huws traquent les significations et associations cachées derrière les mots et les choses.
Bethan Uws

La colonne filigrane réalisée par Albrecht Schäfer au moyen de dés dont les faces portent des lettres semble s’associer aux nombreux piliers de l’espace d’exposition. Les dés en bois de pin ont été choisis de manière à former les premières phrases d’un texte de Francis Ponge, Le Carnet du Bois de Pins1, puis mélangés et superposés dans le désordre. Ce faisant, l’artiste a transposé en sculpture la méthode formulée par l’écrivain, qui consiste à s’approcher de son sujet au moyen de variations sans cesse nouvelles : «Leur assemblée / De leur vivant / RECTIFIA ces arbres / à fournir du bois mort. Leur assemblée / à fournir du bois mort / De leur vivant / RECTIFIA ces arbres…»2
Gary Hill s’est intéressé à la transposition visuelle de textes dès les années soixante-dix. Dans sa vidéo Around & About, chaque syllabe d’un texte est associée à une image. Ecrit au lendemain d’une séparation, le récit lu en voix off s’adresse à un interlocuteur imaginaire, pendant que s’enchaînent les plans fixes de l’intérieur d’une pièce, soit en se succédant rapidement, soit en défilant dans le sens de la lecture d’un texte, remplissant l’écran ligne par ligne. L’association entre texte et images forme une sorte de monologue intérieur destiné à une autre personne, restant cependant sans réponse.
Le triptyque LastResort de Lidia Sigle est un relief en panneaux d’acrylique arborant une inscription gravée au laser en utilisant la police système du même nom. Ces fallback fonts, ou «polices de repli», désignent des ensembles de caractères permettant d’afficher «en dernier recours» (as a LastResort) des symboles qui ne sont disponibles dans aucune autre police. Généralement invisibles pour l’utilisateur, elles donnent ici lieu à un objet sculptural rappelant vaguement le relief d’une planche d’impression, dont le motif apparemment abstrait (car indéchiffrable pour nous) possède par ailleurs une qualité ornementale.
Lidia Sigle

Depuis qu’il habite en Allemagne, l’artiste suédois Erik Bünger ne cesse de s’étonner de la synchronisation des films étrangers au cinéma et à la télévision. Dans The Allens, il s’approprie cette pratique, peu répandue en Scandinavie, et la tourne en dérision en affublant Woody Allen de ses voix de synchronisation internationales, qui se succèdent dans un charabia digne de Babel. Soulignant ses interventions par des gesticulations, le célèbre acteur américain semble parler mille langues en même temps, évoquant le moine Salvatore dans Le Nom de la rose d’Umberto Eco. Toutes les langues du monde se confondent ainsi dans les multiples voix d’une personne.
Le petit globe terrestre d’Albrecht Schäfer a été créé en comprimant en une boule une édition complète du quotidien français Le Monde, tandis que Die Zeit, 29.05.2007, une séquence de tableaux monochromes en différentes nuances de gris, emprunte son titre à l’hebdomadaire allemand du même nom. L’artiste a transformé les pages d’une édition entière en pâtes à papier de couleur, qu’il a ensuite appliquées sur des toiles de la taille d’une page du journal. L’accrochage reprend les rubriques du journal – politique, économie, culture…
Albrecht Shäfer

L’installation vidéo sans titre (Simultan) de Christoph Keller s’intéresse à un personnage qui, d’habitude, travaille en coulisses : l’interprète ou traducteur simultané. L’artiste a réalisé un montage à partir d’un entretien mené avec Sebastien Weitemeier, interprète né à Berlin mais vivant en France. Dans cet entretien sont développées des réflexions sur le bilinguisme, sur le travail de traducteur simultané et sur les nuances sémantiques des deux langues maîtrisées à la perfection par l’interprète. La traduction simultanée française de ses propos est ensuite faite par Weitemeier lui-même. Les visiteurs de l’exposition peuvent choisir entre deux canaux audio correspondant respectivement aux versions allemande et française de l’entretien. Cette oeuvre, qui a été réalisée spécialement pour l’exposition, est une extension de l’installation Interpreters (2008). à l’instar de l’héroïne de Simultan,
le recueil de nouvelles d’Ingeborg Bachmann auquel l’exposition emprunte son titre, l’interprète exécute quotidiennement un périlleux exercice d’équilibriste entre différentes langues et cultures : «Quel drôle de mécanisme bizarre elle faisait, pas une seule pensée dans la tête, elle vivait, immergée dans les phrases d’autrui, et pareille à un somnambule, elle devait enchaîner aussitôt avec des phrases semblables mais qui rendaient un son différent, à partir de „machen“ elle pouvait faire to make, faire, fare, hacer et delat’, elle pouvait faire passer chaque mot six fois sur le même rouleau, elle devait seulement ne pas penser que machen signifiait vraiment machen, faire faire, fare fare, delat’ delat’, cela aurait pu mettre sa tête hors service, et il fallait bien qu’elle veille à ne pas se trouver un jour ensevelie sous ces masses de mots3.»
Bettina Klein
 
Répondant à la carte blanche proposée par La Chambre, Marie Prunier a décidé de développer son travail autour de la temporalité dans un esprit
« work in Progress » tout au long de la semaine de montage.
« Cette exposition se conçoit comme un temps de travail en lui-même. Ici l’accrochage appartient au temps de la création et devient, en partie, la matière de ce qui est à voir.
Mon projet est de jouer avec la chronologie des événements, faire cohabiter dans un même temps les différentes étapes de conception d’une exposition.
Ainsi les quatre jours qui précèdent le vernissage seront consacrés à la création, la production et l’installation des œuvres dans l’espace de la galerie.
« Nous ne pouvons sentir que par comparaison » a dit André Malraux.
Dans mon travail, je m’intéresse au hors-champ, à ce que l’on a pas coutume de montrer ou qui disparaît d’avoir été trop vu.
Marie Prunier

Si la photographie est toujours la copie d’une chose ; il y a toujours un avant, c’est cet espace particulier entre l’événement et sa reproduction qui m’intéresse.
Il s’agira ici de jouer avec les effets du dédoublement, les changements de rythme, d’échelle et de répétition pour faire dialoguer les images dans l’espace. »
Marie Prunier
photos des photos et copie de la vidéo par l’auteur

Week End de l’Art Contemporain en Alsace mars 2012

C’était une journée pleine de découvertes y compris sur le comportement des adultes en groupe.
En résumé l’art de la guerre en photos, avec tout de même une sculpture zen d’André Avril  mise en résonance des photos, un plongeon dans les années 1920/1940 avec NORBERT GHISOLAND, qui se situe dans la lignée des Cartier Bresson.
                                                                Jan Kopp Le tourniquet
Accompagné par Patricia Lemerson, performeuse
Fil Rouge « Une Journée et tellement plus avec Patricia Lemerson »
Patricia Lemerson est une femme pour qui tout va bien, elle cherche à rencontrer le plus de gens possible afin de se faire de nouveaux amis et de commencer avec eux une amitié durable. Elle est de bonne humeur, serviable, bien habillée. Elle ne veut plus être spectatrice du monde qui l’entoure et veut faire partie de chaque événement qu’elle croise.
Elle surprend par sa présence insolite, ses interrogations, mais aussi par ses faux élans vers l’autre, elle veut avoir la maîtrise de son jeu.

Départ de la Filature à Mulhouse où Emmanuel Walter, nous a présenté avec verve l’exposition « Obsessions », dans le cadre du Festival TRANS’ – visible jusqu’au 29 avril.

La Filature de Mulhouse Festival TRANS'


Federico Berardi, Laurence Bonvin, Thibault Brunet, Raphaël Dallaporta, Denis Darzacq, Leo Fabrizio, David Favrod, Andreas Gefeller, Oliver Godow, Éric Nehr, Marie Quéau, Philipp Schaerer, Shigeru Takato
une proposition de Nathalie Herschdorfer
« Il n’y a pas de faits, seulement des interprétations. »
Friedrich Nietzsche
La photographie est une question de point de vue. Nombre d’artistes aujourd’hui revendiquent une démarche proche du documentaire et pourtant leurs œuvres tendent vers la fiction. Dans un monde où les références sont mouvantes, les photographes optent pour la mobilité : ils voyagent, se déplacent, traversent les lieux, les thèmes et les genres, passant imperceptiblement de l’analogique au numérique. Ils explorent les territoires et par là même la notion d’identité, qui paraît bien précaire et fragmentée en ce début du 21e siècle. Leurs travaux les conduisent à des représentations souvent étranges et ambigües. L’exposition réunit le travail de treize photographes travaillant en Allemagne, en Suisse et en France.
Depuis Mulhouse, en passant par le Lézard de Colmar, en visitant l’exposition d’André Avril,  (billet) puis au vernissage du FRAC Alsace à Sélestat, pour
« Affinités déchirures & attractions », en présence des artistes : Clément Cogitore, Marcel Dinahet, Bertrand Gondouin, Jan Kopp, Émeric Lhuisset et Roy Samaha. Le vernissage était suivi d’une visite commentée de l’exposition par Olivier Grasser, commissaire de l’exposition. Conçue notamment à partir d’œuvres de la collection du Frac Alsace, cette exposition se propose d’interroger les modes de représentation du réel, et en particulier le rapport à l’actualité, du documentaire à la fiction, en dialogue critique avec la représentation produite par les médias.
Émeric Lhuisset - Théatre de la guerre 2011/2012 groupe de kurdes et d'iraniens

 
Strasbourg à suivre
photos et vidéo de l’auteur
 
 

Art Karlsruhe 2012 suite

Mes coups de coeurs :
Puis le spectaculaire  avec Jean François Rauzier ( école Lumière) dans ses
« Voyages extraordinaires à Barcelone » en hyper photos à la Villa del Arte Gallery de Barcelone. Le palais de la musique Catalane démultiplié et peuplé de spectateurs musiciens, compositeurs, un bel hommage musical dans un univers onirique et fantastique.

Jean François Rauzier Palais de la Musica Barcelone

 
Evi Gougenheim dans sa galerie parisienne Artplace expose un portrait à la Rembrandt par Léa Golda Holterman, ainsi qu’une installation « Memory room « , sculptures et des photographies après la catastrophe,  de Chung Kwang Wha.

 
Une autre galerie parisienne, la galerie Charlot,  Valérie Hasson-Benillouche
propose un espace à de jeunes créateurs, fraîchement sortis des écoles d’art européennes, ainsi qu’à des artistes confirmés peu exposés en France
En regard d’un travail ancré dans la tradition et la continuité , peinture, dessin, une place importante est dédiée à la vidéo et à l’art numérique. Elle veut ouvrir un dialogue entre les talents découverts et soutenus par elle, et les collectionneurs de demain.

extrait du dictionnaire des Arts Numériques
bloc-note :

les artistes français seuls présents dans le digital
De notre envoyé spécial à Karlsruhe
Si les artistes français n’étaient pas là, Art Karlsruhe et ses quatre grands halls d’exposition ne laisseraient aucune place à l’art numérique.C’est surtout la galerie Charlot qui donne l’exemple, avec des oeuvres nouvelles d‘Antoine Schmitt et de François Zajega.

François Zajega Généalogie 2011

Et même Pontus Carle, peintre pourtant au sens traditionnel, se sent pousser des envies d’aller un peu plus loin dans le jeu qu’il affectionne : des combinaisons de formes aléatoires, en informatisant le jeu et les règles de ces combinaisons (ce n’est encore qu’une inspiration parmi d’autres »
Les nouvelles oeuvres d’Antoine Schmitt jouent sur les entiers et leurs multiplications. Fidèle à ses jeux de pixels, en général souplement mobiles dans des environnements imposés, il les fait cette fois se multiplier dans un espace rectangulaire. Et, mystères de la théorie des nombres, tantôt cette multiplication prend une allure cahotique, tantôt, pour un instant plus ou moins bref, ils s’organisent en figure régulière. Jusqu’au terme, en PPCM (plus petit commun multiple) en quelque sorte, où l’on revient au germe initial.

Antoine Schmitt Ballet Quantique 2011

François Zajega est plus inspiré par le biologique, l’envahissement progressif d’un espace par une sorte de croissance semi aléatoire d’une forme de rhizome. C’est le genre d’oeuvre lente qui plaira plutôt aux méditatifs, ou à l’animation d’une salle où d’autres occupations densifient l’intensité des évènements. Heureusement, en tous cas dans la version présentée à Karlsruhe (une vidéo pour s’éviter les complications d’un calculateur pour faire jouer les algorithmes), il arrive qu’un bug ait été accepté par l’artiste : la lente croissance végétative est tout d’un troublée par de grandes diagonales et d’actifs groupements qui se superposent un instant à l’ensemble. Comme souvent dans les arts numériques (voir par exemple le point de vue de Jacques Perconte pour le traitement de la vidéo), les bugs sont quelquefois le meilleur de l’art, et c’est à l’artiste de s’en saisir et de les mettre au service de son projet. On verra dans l’avenir comment Zajega fera évaluer ses pratiques.
Jacques Perconte

Concluons donc par un coup de chapeau à Valérie Benillouche et à sa galerie Charlot, un des seuls endroits du monde où l’on peut voir, en permanence, l’art contemporain  « traditionnel » et l’art numérique présentés simultanément. Pierre Berger
J’étais revenue sur mes pas, pour voir cette galerie parisienne, une belle rencontre.
Des aquarelles d’Akiko Ozasa,
Akiko Osasa Lunge 2010

des séries de Gustavo Diaz Sosa,
Gustavo Diaz Sosa

Yuko Labuda à la Multibox de Hamburg
Muko Labuda

 

 

Lutz Wagner

Art Karlsruhe 2012 – sous l'oeil du collectionneur.

Guido Messer Einichkeit Persil bleibt Persil 1992/93 bronze émail

Il n’y a rien d’étonnant à ce que le salon-art KARLSRUHE, dont la neuvième édition a lieu du 8 au 11 mars 2012 soit une date majeure sur le calendrier des salons internationaux. Avec plus de 45 000 visiteurs, il compte parmi les grands marchés d’art, d’autant plus qu’il couvre un large champ, depuis l’art classique moderne jusqu’à l’art contemporain, et ce dans la quasi-totalité des disciplines plastiques : peinture, sculpture dessin, photographie, etc. Comme l’ explique Ewald Karl Schrade, commissaire et directeur du salon, les 222 galeristes participants en provenance de douze pays couvrent toute la gamme des genres artistiques et toutes les catégories de prix, depuis le multiple à quelques centaines d’euros jusqu’au tableau de plusieurs millions. Répartis dans quatre halls, séparés par de grands couloirs, l’organisation est parfaite. Dès la descente du train, un shuttle vous conduit au lieu et vous ramène à la gare.
Les œuvres exposées en provenance des collections Marli Hoppe-Ritter (Hommage au carré) et Gunter Sachs (Lichtenstein, Warhol et Wesselmann) ne sont pas à vendre.  Les deux expositions spéciales du neuvième salon-art KARLSRUHE ont en effet pour vocation d’inciter les 45 000 visiteurs attendus à constituer eux-mêmes leur propre collection. Pendant que la fondatrice du musée Ritter (à Waldenbuch près de Stuttgart) réunit dans le hall 4 des œuvres de Josef Albers, Max Bill, Rupprecht Geiger, Richard Paul Lohse, François Morellet, Günther Uecker, Timm Ulrichsou, Kurt Schwitters,Victor Vasarely sur le thème du carré dans les arts plastiques.

Museum Hoppe-Ritter Hommage au carré

 L’exposition du hall 1 surprend les visiteurs sur plus de 400 mètres carrés avec deux douzaines de tableaux du mouvement pop art collectionnés par Gunter Sachs, décédé en mai dernier. Les portraits multiples de Gunter Sachs et de Brigitte Bardot par Wahrol, d’Andy Wahrol, les fleurs,  Allen Jones (table esclave) et les secrétaires, les allumettes de Raymond Hains, l’expansion jaune de César Baldaccini, Mona Lisa par Tom Wesselmann, les plexi de Jean-Claude Farni, Leda et le Cygne par Roy Lichtenstein, et Wicky  et une expansion du même astiste, l’affiche de l’exposition Wahrol à Hambourg, dans la galerie de Gunter Sachs en 1972,

Dès l’entrée l’omniprésent Guido Messer ( Einigkeit Persil bleibt Persil), interpelle. L’argentin natif de Buenosaires a investi la foire avec ses sculptures en bronze : Sumotori, loups, hommes, femmes, gardes en parade.
ses installations rouges
Guido Messer gardes parade

La sculpture est partout, l’espace  aéré de la foire le permet, entrecoupé de lieus de pause brunch. Il faudrait citer Arne Quinz avec des fouillis rouges, René Dantez ses sculptures en acier.
Svenja Ritter sa mariée au loup et à l’agneau.
Svenja Ritter

Antonio Moran avec long Shot en résine et Ophélia.
Antonio Moran Ophélia

Martin Kraemmer avec ses footballers argentins. Christofers Kochs « Umwandler »
Une curiosité déstabilisante à la galerie Kunststiffung de Stuttgart Torstrasse de Christl Mudrak.
Christ Mudrak Torsstrasse

Michel Cornu à la galerie Rémy Bucciali, qui expose des aquatintes  de Titus-Carmel et
Tony Soulié.
Titus-Carmel, peinture œuvre sur papier,  que l’on peut voir aussi à la galerie
Chantal Bamberger
 de Strasbourg, qui expose Ann Loubert, et une photographie 1/6 de la série napolitaine d’Ernest Pignon Ernest  , avec le poète Mahmoud Darwich, ainsi que des estampes de Richard Serra, les cameras de Beate Knapp,
Jolanta Szalanska est présente dans la galerie Sybille Mang le l’île Lindau au milieu de ses nus et des séries de cathédrales gothiques

Jolanta Szalanska

Bérénice Abbot
 
Berenice Abbott





à suivre
photos de l’auteur

Anne-Sophie Tschiegg en avant première

Avant l’affiche officielle, vous avez la primeure de l’information.
Anne-Sophie Tschiegg, – son site – la peintre lyrique, exposera ses dernière toiles au Musée des  Beaux Arts de Mulhouse du 14 avril au 10 juin.
le vernissage aura lieu le 13 avril à 18 h.
 

Anne-Sophie Tschiegg au musée des Beaux Arts de Mulhouse

Kienholz: Les signes du temps

Rebelle, provocante, radicale: depuis ses débuts au milieu des années 1950, l’œuvre de Kienholz a toujours fait sensation. Seul pour commencer, Edward Kienholz (1927-1994) travaille à partir de 1972 avec sa femme Nancy Reddin Kienholz. Au cœur de ce travail se croisent la religion, la guerre, la mort, le sexe, les aspects sombres et conflictuels de la société. En abordant des thèmes tels que l’exploitation de la femme, la prostitution, le rôle des médias ou les retombées des luttes ethniques, ils mettent le doigt sur les failles des sociétés occidentales qui, jusqu’à aujourd’hui, restent béantes. En ce sens, ces œuvres n’ont rien perdu de leur actualité. Mais ce ne sont pas seulement les thèmes traités qui les rendent aussi actuelles; Kienholz est surtout considéré comme le précurseur des grands courants artistiques contemporains, tels qu’on les rencontre chez Paul McCarthy et Mike Kelley, mais aussi chez Jonathan Meese, Thomas Hirschhorn ou John Bock. L’exposition, qui se tient jusqu’au 13 mai 2012 au Museum Tinguely, constitue une vaste rétrospective présentant l’essence même de l’œuvre de Kienholz, à commencer par les premiers petits formats tridimensionnels et jusqu’aux gigantesques tableaux en passant par les œuvres conceptuelles.

Edward Kienholtz The Nativity 1961 ©

 
Edward Kienholz est né le 23 octobre 1927 à Fairfield, Washington, et décédé en 1994 à Hope, Idaho. À l’occasion de l’exposition The Kienholz Women à Berlin en 1981-1982, Edward Kienholz annonça publiquement que sa femme Nancy Reddin Kienholz était coauteur des œuvres réalisées depuis 1972, l’année de leur première rencontre. Edward Kienholz a étudié dans plusieurs écoles mais jamais aux Beaux-Arts. Grâce à ses différents jobs comme aide-soignant, marchand automobile, mécanicien (sa voiture portait l’enseigne «Ed Kienholz – Expert») et propriétaire de bar, il a pu découvrir les milieux les plus divers et recueillir des impressions et expériences qui lui ont servi plus tard dans son travail artistique. À partir de 1973, Edward Kienholz et Nancy Reddin Kienholz n’ont cessé d’aller et venir entre Hope, un lieu reculé de l’Idaho, et Berlin, où ils entretenaient des échanges intenses avec le monde de l’art en Allemagne.
Nancy Reddin Kienholz 2012

En 1953, Edward Kienholz s’établit à Los Angeles où, dès 1954, il réalise ses premiers reliefs en bois et des assemblages de matériaux de taille réduite. Deux ans plus tard, il organise des expositions à Los Angeles et ouvre en 1957, conjointement avec Walter Hopps, la Ferus Gallery. Ses travaux deviennent bientôt des tableaux à trois dimensions, des environnements et installations occupant tout l’espace. Son matériau puise principalement dans les objets et résidus quotidiens qu’il chine sur les marchés aux puces, ou aussi dans les déchets de la culture de consommation occidentale récupérés sur les tas de ferrailles ou dans les décharges : téléviseurs, pièces d’automobiles, lampes, haut-parleurs, meubles, aquariums, chaussures, panneaux, drapeaux, articles publicitaires, cigarettes, petits soldats, billets en dollars, auxquels s’ajoutent souvent des plâtres coulés de parents ou amis.
 
Edward et Nancy Kienholz The Pool Hall 1993 ©

Cette méthode, pour le moins radicale, reste inégalée dans l’histoire de l’art. Son langage formel est tout sauf élitiste, ses messages veulent être saisis par tous. Son œuvre se présente au spectateur comme quelque chose d’inhabituel, dont le réalisme évoque certes le quotidien mais tout en allant bien au-delà. Les petits-bourgeois américains des années 1960 avaient beau ressentir ces œuvres comme obscènes, ils se complaisaient aussi dans le scandale qui les entourait et se pressèrent par milliers à sa première grande exposition.
En 1962, Ed Kienholz et Jean Tinguely font connaissance à Los Angeles, où Tinguely expose à la Everett Ellin Gallery tandis que sa compagne, Niki de Saint Phalle, réalise au même endroit un «tableau de tir» le 4 mars 1962. Tinguely et Kienholz l’assistent, c’est le début de leur amitié. Dans les années suivantes, les deux artistes se rencontreront à maintes reprises. Un des moments forts est certainement la partie de chasse à l’automne 1965 qui donne le coup d’envoi à une œuvre commune, le « concept tableau» intitulé The American Trip (1966).
The American Triip Kienholz 1966 ©

«C’est une rage imprégnée d’adrénaline qui m’a poussé dans mon travail», déclara Edward Kienholz en remémorant ses débuts. Les raisons ne manquaient pas. L’époque était alors marquée par la Guerre Froide et la Maccarthysme, les voix critiques de cette génération partageaient un mépris ardent pour la vulgarité et l’injustice dans le monde. Dénonçant l’outrance consumériste, l’hypocrisie et l’étroitesse d’esprit, on cherchait des issues alternatives parmi les marginaux et tous ceux que la société rejetait. Dans le grand tableau The Eleventh Hour Final de l’année 1968, Kienholz célèbre le confort d’un salon bourgeois des plus quelconques et, ce faisant, l’anéantit d’un seul geste, avec un seul objet. Cet objet, c’est un téléviseur en béton: derrière l’écran, symbolisant les victimes de la guerre du Vietnam, on voit la tête coupée d’une poupée qui illustre les statistiques des décès apparaissant sur l’écran. Le fait même de mentionner cette liste symbolise l’absurdité de ces statistiques qui étaient présentées tous les soirs au dernier journal – auquel fait référence le titre de l’œuvre. La télévision devient monument, littéralement érigé à la «gloire» de la manipulation médiatique.
La confrontation du confort bourgeois avec la dureté du monde extérieur est également traitée dans le tableau The Jesus Corner de 1982-1983, dans lequel l’altérité, les marginaux et les anticonformistes, tous ceux qui sont hors de la société, sont abordés avec un esprit tolérant et ouvert. L’assemblage d’objets de dévotion chrétienne symbolise parfaitement le profond scepticisme que nourrit Kienholz face à la foi institutionnalisée, qui s’exprime dans son œuvre tantôt avec dérision tantôt avec une colère affirmée.
Edward Kienholz Nancy Reddin Kienholz, Claude Nigger Claude 1988 ©

Bon nombre d’œuvres s’attachent à concéder à chacun une juste part du rêve américain. Dans le travail Claude Nigger Claude de 1988, Edward Kienholz et Nancy Reddin Kienholz traitent du racisme ordinaire. Claude représente un Noir dans l’état de l’Idaho, où la population noire est de plus en plus minoritaire. The Potlatch, également de 1988, se consacre à la destruction de l’identité culturelle et sociale des populations indigènes. Avec Claude Nigger Claude et The Potlatch, les artistes, eux-mêmes habitants de l’Idaho, envisagent l’histoire du Nord-Ouest américain sous un angle qui leur est proche.
Edward Kienholz The Potlatch 1988 ©

D’autres travaux racontent le pouvoir et l’exploitation sexuelle. À l’utopie d’une sexualité libérée, ils opposent celle, marchandisée, des maisons closes. Des œuvres comme The Pool Hall (1993), The Rhinestone Beaver Peepshow Triptych ou The Bronze Pinball Machine with Woman Affixed Also (toutes deux de 1980) illustrent le commerce du sexe et l’affligeante banalité des images publicitaires qui se sont inscrites en profondeur dans l’inconscient social. Aujourd’hui, à l’heure du YouPorn et des images pornographiques accessibles à tous et à tout instant, le flipper comme exutoire évoquerait presque une période dorée. La vision de Kienholz a quelque chose ici de profondément protestant; elle oscille constamment entre le plaisir de montrer et le geste didactique.
 
Edward Kienholz The Ozymandias Parade 1985 ©

L’exposition culmine entre autres dans la spectaculaire installation The Ozymandias Parade et ses 687 ampoules clignotantes (elles sont rouges et blanches à Bâle, soit aux couleurs de la Suisse, puisque ces couleurs s’adaptent à chaque lieu de présentation). La nef des fous en forme de flèche à miroir apparaît ici comme une parade décadente qui symbolise les abus du pouvoir politique. Aux visiteuses et visiteurs de décider si le sombre président de la parade arbore un YES ou un NO sur le visage. En effet, c’est la réponse à un sondage qui se réduit à une seule question : «Êtes-vous satisfait de votre gouvernement ?» Une page Internet (www.tinguely.ch/jajaneinnein) a été mise en ligne deux semaines avant le début de l’exposition pour permettre aux visiteuses et visiteurs de participer à ce sondage. Les résultats ont  été affichés dès l’inauguration de l’exposition.
Kienholz: Les signes du temps est une exposition de la Schirn Kunsthalle de Francfort réalisée en collaboration avec le Museum Tinguely de Bâle.

Musée Tinguely | Paul Sacher-Anlage 2 | Case postale 3255 CH-4002 Bâle | Téléphone + 41 61 681 93 20 | Téléfax + 41 61 681 93 21

Horaires: Du mardi au dimanche 11 – 18 h | Fermé le lundi
photos de l’auteur et courtoisie du musée Tinguely (2 + 5)
texte presse.