Foire européenne d’art contemporain et de design
Parc des expositions, Strasbourg
Du 25 au 27 novembre 2022
Un nouvel écrin pour ST-ART
Le 24 novembre 2022, ST-ART a soufflé sa 26ème bougie. Après avoir fêté son quart de siècle, elle profite du plus beau des cadeaux : une implantation dans le
tout nouveau Parc des expositions de Strasbourg, au pied des rives de l’Aar. Une oeuvre en soi signée Kengo Kuma l’architecte japonais, gagnant du prestigieux
Global Award for Sustainable Architecture.
Les exposants ont unanimement apprécié ce nouvel écrin
« lumineux et aéré, aux espaces de circulation plus spacieux« .
BILAN
- 55 exposants dont
- 46 galeries
- 14 galeries étrangères
- 15 exposants du territoire alsacien
- 25 exposants qui revenaient
- 30 nouveaux exposants
- Près de 250 artistes présentés
- Plus de 600 oeuvres exposées
Des retours enthousiastes
Les exposants ont salué « une très bonne édition » et se sont montrés satisfaits de leur participation.
Une foire tremplin
ST-ART est synonyme de démarrage, de tremplin et c’est ce qui lui a valu sa réputation : c’est à Strasbourg que tout peut commencer, pour une galerie, un artiste ou une collection.
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Le secteur First Call rassemblait cette année 30 nouvelles galeries, soit plus de la moitié des exposants. Une façon d’affirmer plus que jamais sa mission de foire précurseur.
Une galerie nomade Yannick Kraemer, collectionneur presque compulsif,qui met en vente une partie de sa collection, dont une toile signée Combas affichée à 280 000 €. La coiffure peut mener à la peinture, Yannick Kraemer a monté une chaîne de salons de coiffure à succès.
photo Robert Cahen -
Le soutien et l’adhésion de la Ville de Strasbourg à ST-ART ont permis également d’appuyer cette position de foire tremplin en mettant en scène cette année des artistes récemment diplômés de la HEAR – Haute Ecole des Arts du Rhin de Strasbourg, et la Gedok Haus de Stuttgart, dont les structures célèbraient 70 ans de collaboration
Martina Geiger-Gerlach photo elisabeth itti -
L’édition 2022 initiait une collaboration inédite avec l’école CAMONDO et dévoilait son regard totalement innovant autour de l’Intelligence Artificielle.

Les événements de cette 26e édition
Une exploration des liens entre cinéma et photographie
ST-ART a souhaité, pour sa 26ème édition, croiser les pratiques artistiques et explorer les liens entre cinéma et photographie. Cette thématique a été portée par :
• l’association inédite avec « Strasbourg art photography » ou Mois de la photographie, qui avait lieu pour la 1ère fois au mois de novembre (et non au printemps) et dont la foire était la clôture.
Ryo Tomo – la séparation 2021 photo EI
• la présentation, au coeur de la foire, d’un projet d’exposition intitulée
« Cinéma et photographie, un lien si sensible » porté par Ryo Tomo, directeur du festival Strasbourg art photography.
Photo EI
Installation La Belle captive – coup de coeur
Sur une proposition de Ryo Tomo, le couple d’artistes strasbourgeois Dool présente son installation
Conçue et réalisée par Dool (Diane Ottawa et Olivier Lelong), l’installation
« La belle captive » s’inspire de l’oeuvre de Magritte et du film d’Alain Robbe-Grillet. Il s’agit ici d’une installation à média mixtes, principalement composé de photographies numériques et de vidéo.
photo EI
La belle captive chez Magritte représente une mise en abîme dans laquelle il est possible de plonger, et nous donne à penser les liens qui existent entre différents niveaux de représentations dans la peinture, le roman, le cinéma et la photographie.
• une exposition vidéo avec l’invitation de Patricia Houg à l’artiste
Tim White-Sobieski.
Le projet, qui rend hommage à l’oeuvre En attendant Godot de Samuel Beckett, comprend une installation vidéo synchronisée à 4 canaux avec trame sonore
et musique de Henry Purcell et Giovanni Battista Pergolesi.
L’intrigue de la pièce implique deux personnages qui attendent quelqu’un qui ne vient jamais.
photo EI
Waiting for Godot est une pièce absurde qui explore les thèmes de la philosophie existentialiste. Le vide et le caractère aléatoire de l’intrigue amènent le public à se demander si quelque chose va se produire et s’il y
a un sens quelconque dans la pièce – ou dans la vie.
Le film Waiting for the God transcende les frontières géographiques et ethniques et est de nature cosmopolite. Elle interpelle les coeurs et les esprits de tous parce qu’elle soulève les questions fondamentales de l’esprit humain :
Qui sommes-nous ? Où allons-nous ? D’où venons-nous ?
• la création d’un secteur dédié aux galeries présentant des photographes contemporains ou historiques.
Hommage à Jean Greset
Jean, l’art brut et l’art singulier
Jean Greset, un fidèle acteur de ST-ART nous a quitté au mois d’avril 2022.
Sur une initiative de la Direction du salon et de son comité de sélection, porté par Georges- Michel Kahn et Rémy Bucciali, un hommage lui est rendu par la foire. C’était une référence majeure sur le territoire français en la matière.

Une oeuvre monumentale pour la Nef
Une oeuvre monumentale, de l’artiste Angela Glajcar, vous accueillait dans la Nef du Parc des Expositions. Artiste exposée par la galerie Stream Art Gallery

– Stream Art Galery – Angela Glajcar – Photo: lfdd
Une performance
Une performance de Simon Berger a été présentée par la Galerie Mazel le soir du vernissage. Au cours de cette performance, l’artiste a réalisé une oeuvre de 150 x 150 cm sur du verre. Briser du verre est généralement considéré comme une mauvaise action, plus souvent
comme un acte de vandalisme. Mais que diriez-vous si cette destruction pouvait en
fait se révéler d’une beauté éclatante ?
Cet artiste suisse nous montre comment nous pouvons briser le verre et trouver de nouvelles façons de percevoir des matériaux du quotidien.
Après trois ans de recherche et de tentatives, Simon Berger a découvert le moyen de fissurer le verre sans le briser, transformant ainsi des vitres ordinaires de ce matériau fragile en de remarquables portraits.
Les galeries exposant à ST-ART sont sélectionnées par un comité de sélection,
composé pour cette édition de :
REMY BUCCIALI
Officier des Arts et des Lettres.
Né en 1952 à Rueil-Malmaison, il étudie la photographie et
les arts plastiques à Paris et entre en 1972 à l’atelier RIGAL
à Fontenay aux Roses. Nommé taille-doucier en 1975, il
travaille jusqu’en 1976 sous la direction du Maître Gaston
Gerbault.
En 1977 il ouvre son propre atelier à Paris avant d’ouvrir
en 1983 un atelier à Colmar. Depuis lors, de nombreux
artistes internationaux sont édités dans son atelier. Editeur de gravures contemporaines depuis 1989 sous le label «
Editions Rémy Bucciali », il collabore avec de nombreuses galeries françaises et étrangères : Paris, Barcelone, Berlin, Copenhague, Cologne, Rotterdam, Stockholm, Düsseldorf.
Il participe également à de nombreuses foires internationales, telles que Art Paris, Art Elysées, ST-ART, Düsseldorf, Francfort, ART Karlsruhe, London Print Art Fair et AAF Bruxelles.
GEORGES-MICHEL KAHN
Après 20 ans dans une entreprise de prêt porter, et déjà collectionneur de l’abstraction des années 50/60 française et européenne, Georges-Michel Kahn a ouvert en 1997 une galerie à Strasbourg sur la place du Musée d’Art Moderne
et Contemporain. Après 7 ans à Strasbourg, il a ensuite ouvert un show room à Paris et depuis 2006 s’est installé à l’île de Ré.
La galerie édite tous les ans des multiples d’artistes et participe à l’édition de livres d’artistes.
Les 2 galeristes ont présenté ST’Art 2022 en l’absence de Patricia Houg, à la presse. ( les 2 photos Robert Cahen)
La SAAMS
La Société des Amis des Arts et des Musées de Strasbourg a fait éditer un livre pour marquer les 190 ans de la société.
Le 28 e prix Théophile Schuler a été remis par la main de son président Bertrand Alain Gillig à Hélène Thiennot à la foire ce samedi.
L’artiste est diplômée de l’Ecole Supérieure d’Art de Lorraine de Metz. Photographe et dessinatrice elle montre « Souches » dessin à l’encre noire,
des troncs d’arbres coupés, sa manière de montrer l’impact de l’homme sur la nature. La dotation est de 3000 €
Galeries alsaciennes
Valérie Cardi revient cette année avec une diversité d’artistes, aux médium différents, dont sur la photo, Bernard Latuner et Yves Bingert

photo EI
Withoutart Galerie, Marc Sun met l’accent sur les oeuvres de deux artistes taiwanais, Pan Hsinhua et Wu Ichien.
L’un et l’autre, à travers leurs peintures, touchent à la question de la mémoire collective et à la transmission entre les générations.
En parallèle à cela, WITHoutARTgalerie propose une vue d’ensemble des artistes de la galerie :

photo EI
La calligraphie contemporaine à travers les oeuvres de André Kneib, artiste ayant participé au renouveau de l’art de la calligraphie en Chine.
AEdaen propose Francesca Gariti

Photo EI
Jean Pierre Ritsch-Fisch
Le galeriste a passé la main à Richard Solti qui présente toujours de l’art brut
Stéphane Spach photo EI
photo EI
Beaucoup de galeries présentent des artistes venant d’Asie.
Le discours des artistes nous rappelle la pandémie qui leur a permis de se concentrer à leur domicile pour créer des oeuvres, tout en dénonçant la société de consommation.
Rendez-vous à l’année prochaine. Si vous souhaitez en savoir plus, vous pouvez consulter l’excellent blog de la Fleur du dimanche
Partager la publication "ST-ART 2022, 26e édition"


Les surréalistes se passionnent pour les cabinets de curiosité et collectionnent un bestiaire insolite ou bariolé, chiné dans les marchés aux puces et brocantes. Dans La Maison de la peur de Leonora Carrington, les gravures de Max Ernst révèlent des personnages mi-homme-mi-cheval tandis que Rachel Baes invite les visiteurs de son exposition avec une image de chauve-souris, son portrait métaphorique.
Claude Cahun multiplie les mises en scène où le déguisement et le travestissement lui permettent d’interroger la question du genre. De jeunes artistes femmes, comme Leonora Carrington, Alice Rahon ou Gisèle Prassinos, sont même surnommées du nom de l’héroïne de Lewis Carroll. Cela traduit l’attachement du groupe à ce personnage à la fois réel et fictionnel. À la muse, la diabolique, ou à l’incarnation d’Eros, ils ajoutent la femme-enfant, amie des animaux et de la nature. Leonora Carrington et Dorothea Tanning réagissent chacune à leur manière à cette personnification, plaçant la femme-enfant dans un univers plus angoissant que merveilleux. Au jeu des faux-semblants, le miroir de Lewis Carroll prodigue aux surréalistes, à commencer par Aragon, un formidable instrument de dédoublement et de déformation du corps, mais aussi de réflexion sur la volatilité du réel et de ses représentations.
Magritte et Paul Nougé exploitent ses effets subversifs, confondant le reflet du réel, ses systèmes de représentation et ses apparences. Enrico Baj utilise des brisures de miroir comme autant de ruptures dans l’intégrité du corps. Le miroir, objectivation de la présence, sera aussi du côté de l’inconscient et la traversée du miroir est synonyme de mise en évidence des zones cachées de l’inconscient et de la psychanalyse et notamment dans la figure du rétracté de Brauner.
L’ÉCOLE DES MODERNITÉS À L’INSTITUT GIACOMETTI
Victor Brauner, le poichat qui navole 1964
Roland Topor Alice à la Neige – Marcel Duchamp le Trébuchet
n’hésite pas à placer Alice et ses amis dans une improbable classe de neige tandis que Marcel Duchamp conçoit le Trébuchet, qui n’est qu’un portemanteau mural posé à même le sol, pour induire la chute du visiteur distrait. Le titre et l’objet jouent ensemble de double-sens, de quiproquos drôles et ludiques à la manière des mots-valises de Carroll.

Aujourd’hui, le Collège des Bernardins mobilise un collectif de chercheurs – explorateurs de cette nouvelle terre – autour d’une nouvelle chaire de recherche – action – pédagogique. Leur mission est de contribuer à renouveler nos paradigmes, nos imaginaires, nos affects afin d’apprendre à 
Des phénomènes étranges caractéristiques de son travail (nuages, rochers en lévitation, flammes) semblent avoir traversé l’écran pour envahir les vastes architectures voutées représentées sur les peintures.
Une sculpture en bronze montre un enfant portant un renard. Avec la silhouette mince du personnage et ses traits simplifiés, elle rappelle les pâtres des crèches de Noël, venant offrir leur présent, muet mais terriblement évocateur.




’une emprise plus forte encore que la violence physique, elle modèle les comportements, s’inscrit comme un invariant se transmettant de génération en génération. Si la haine entre les communautés a façonné l’identité nord-irlandaise elle a aussi durablement marqué le territoire. La vie s’est créée autour des peace lines, les « murs de la paix », apparus après août 1969. Présents dans les villes, ils séparent les habitants d’un même quartier, parfois d’une même rue.
», les messages peints avertissent le visiteur qu’il pénètre dans le fief des républicains ou des unionistes. Les murs parlent. Les tags marquent l’appartenance à des groupes dissidents, témoignent des soutiens aux emprisonnés, ou dénoncent le sentiment de colonisation ressenti : Brits out! (Les britanniques dehors !).
Stephen Dock a par ailleurs rassemblé dans un livre trente-six images d’une même cellule de prison – de ses quatre murs auxquels le regard se heurte et de son espace exigu d’enfermement qui témoigne de façon implacable des conditions de détention. Le livre 36 sortit en novembre 2022.
Dans le podcast ci-dessous en écoutant l’entretien de Raymond Stoppele avec Michel Forne. – Esquisse et dialogue autour d’une oeuvre. –
En quatrième et cinquième année, aux Beaux-Arts, j’ai fréquenté l’atelier dit de gravure avec comme finalité, le Diplôme National des Beaux-Arts que j’ai obtenu en 1976.

J’aime depuis toujours le papier, tous les papiers. C’est donc mon principal support. Toutes mes peintures sont réalisées à la peinture acrylique. Avec ma façon de travailler, j’ai besoin d’une peinture qui sèche vite, donc surtout pas de peinture à l’huile.
J’ai commencé à montrer mon travail alors que j’étais encore étudiant en école d’Art. Il y a eu ensuite une période assez longue, presque vingt ans, pendant laquelle tout en continuant à pratiquer, je n’ai plus rien montré. Je n’en éprouvais pas la nécessité.
J’ai l’immense chance depuis de nombreuses années de me rendre dans cette ville que l’on appelle « laSerenissima », Venise. Cela a commencé en 1978. J’ai été durant cinq années, l’assistant de mon maître d’atelier, Robert Simon qui enseignait la lithographie à la Scuola Internazionale di Grafica di Venezia durant les cours d’été. C’était à chaque fois, trois semaines de travail et d’échanges intenses avec de nombreux stagiaires qui venaient aussi bien d’Europe, comme des États-Unis, du Brésil, du Japon.
Lithographie 3 couleurs
bibliothèque Grand Rue










Peintre, mais aussi écrivain, dramaturge et poète, Oskar
(1904-1916) Prônant l’unité des arts, les artistes de la Sécession et de la Wiener Werkstätte (1903-1932) inventent alors à Vienne des formes douces et végétales, qui prolifèrent aussi bien en art qu’en architecture. L’irruption d’Oskar
En 1919, il obtient un poste de professeur à l’Académie des beaux-arts,
proximité des musées de Dresde. Cela lui vaut la réprobation d’artistes Dada
L’artiste tente de concrétiser ainsi un fantasme, par ailleurs


réalisent des sculptures saisissantes de réalisme grâce à des procédés techniques complexes. Le haut degré de réalisme atteint par leurs œuvres crée une illusion d’authenticité physique, et l’effet produit est si convaincant qu’il nous semble faire face à des alter ego en chair et en os. Les œuvres de ces artistes ont eu par la suite une influence déterminante sur les développements qu’a connu la sculpture au cours des cinquante dernières années. Des artistes comme Daniel Firman se sont inscrits dans le fil de cette pratique et l’ont perpétuée. Véritables miroirs de la condition humaine, ces œuvres révèlent la perception changeante de l’image de l’humain aux XXe et XXIe siècles.
La sculptrice américaine Carole A. Feuerman dont les célèbres nageuses, introverties et volontaires, semblent avoir atteint une parfaite harmonie intérieure, fait œuvre de précurseur. Par la suite, dans les années 1990, de nombreux artistes se sont mis à utiliser le style hyperréaliste de manière inédite et personnelle. Au lieu de créer l’illusion d’une corporéité parfaite, prise dans son entièreté,
ils se sont concentrés sur des parties spécifiques du corps, s’en servant pour véhiculer des messages à tonalité humoristique ou dérangeants, comme c’est le cas par exemple dans l’œuvre de Maurizio Cattelan où des bras tendus, pris isolément du corps, font référence à des événements politiques de l’histoire récente.
Vu sous un certain angle, le buste de Lily semble être un portrait entier mais lorsque nous changeons de perspective, on découvre qu’il s’agit en réalité d’un fragment. Les sculptures de Jamie Salmon, réalisés avec une minutie surprenante de détails, jouent avec l’idée d’inachevé et introduisent une rupture par rapport à l’esthétique du réalisme. À l’ère du numérique, ses corps fragmentés mettent en lumière la difficulté de distinguer ce qui est réel de ce qui ne l’est pas.
En créant de grands portraits sculptés d’artistes de renom tels qu’Andy Warhol ou Frida Kahlo, l’artiste japonais Kazu Hiro crée un rapport de forte intimité avec ses personnages emblématiques. Hiro sculpte les couches de silicone de l’intérieur vers l’extérieur, et réussit ainsi à faire affleurer les émotions enfouies de ses personnages. Le piédestal supportant l’immense tête de Warhol est porteur d’une part d’ambiguïté. La stabilité et la résistance de son matériau sont altérés par sa forme, la sculpture se dissout en effet dans sa partie inférieure en un amas fluide.
Dans les années 1990, l’artiste australien Ron Mueck révolutionne la sculpture figurative avec ses œuvres aux formats inhabituels. En jouant sur l’échelle de ses personnages de manière radicale, il place l’accent sur des thèmes existentiels tels que la naissance ou la mort. Des artistes tels que Sam Jinks et Marc Sijan capturent quant à eux la fragilité de la vie à travers leurs représentations de la physionomie humaine – représentations qui, bien que de taille réduite, n’en sont pas moins incroyablement réalistes. En revanche, les œuvres surdimensionnées de Zharko Basheski produisent un effet de distanciation, qui nous force à adopter une nouvelle perspective.
Au cours des dernières décennies, les innombrables progrès scientifiques et les nouvelles perspectives induites par les communications numériques ont conduit à un changement radical de notre compréhension de la réalité. Influencés par la réalité virtuelle, des artistes comme Evan Penny et Patricia Piccinini se sont mis à observer les corps en partant de perspectives déformées. Tony Matelli quant à lui a choisi de défier les lois de la nature, tandis que Berlinde De Bruyckere questionne la mort et le caractère éphémère de l’existence humaine en présentant des corps contorsionnés. La valeur de la vie et le sens profond qui lui est attaché sont au cœur de l’approche hyperréaliste de la sculpture.
De quoi sera fait l’avenir de la sculpture hyperréaliste ? Quel pan du mouvement sera-t-il à même d’appréhender l’essence de la frontière toujours plus perméable entre l’homme et la technologie ? Dans le flot continu d’images numériques se reflètent les nouvelles formes de construction de l’identité, qui aboutissent dans les One Minute Sculptures d’Erwin Wurm, à la reproduction perpétuelle par le visiteur ou au modèle de postures défiant la raison. Des visions fictionnelles ou des réalités absurdes se substituent aux sujets issus du quotidien et permettent de mieux comprendre ce nouveau monde de l’entre-deux« hypernaturel » et jusqu’alors inconnu.

Vies silencieuses pastel
La pandémie a permis à Jacques Thomann de se poser, de réfléchir, de mettre à jour 3 ouvrages ordonnant plus de 50 années de dessins, peintures, carnets de voyages. Un travail rétrospectif qui rend compte d’une forte liberté de l’écriture picturale, de la couleurs, ainsi que des sujets des plus éclectiques. (catalogue)
Le Parlement


L’exposition du Musée Würth s’ouvre sur les origines, avec de nombreuses productions anonymes provenant pour beaucoup de fonds privés de médecins et des documents du début du XXe siècle touchant à la folie. Le corps, sujet douloureux et complexe, y est particulièrement interrogé – ce qui ne sera pas sans influencer les artistes modernes comme Georg Baselitz, ici présenté par le tableau Ira, particulièrement inspiré par les distorsions anatomiques fréquentes dans l’art brut et par certains artistes internés. Encre, mine de plomb, crayon de couleur et aquarelle sont les matériaux privilégiés.
Emil Nolde – premier artiste à intégrer la Collection Würth, dans les années 1960 – dialogue quant à lui avec des travaux art brut de Paul Goesch,(Dieu le père) victime du programme d’extermination des malades mentaux T4 mis en vigueur sous le IIIe Reich, et Theodor Wagemann (dit Theo). Cette mise en regard, qui se voulait humiliante et répressive lors de l’exposition Art dégénéré en 1937, montre ici toute la magnificence et de l’un et des deux autres.
Elle souligne la place d’importance qu’occupe la manifestation nazie dans l’histoire de l’art brut : ce fut elle qui mit pour la première fois sur le même plan des oeuvres d’aliénés, autodidactes et ignorés de tous, et des oeuvres d’artistes d’avant-garde reconnus.
Dubuffet fut celui qui sortit l’art brut des hôpitaux psychiatriques en élargissant le champ de ses prospections extra muros et en rendant visibles ses découvertes. La deuxième section de l’exposition, placée sous son nom, embrasse toute la diversité des voix à la fois uniques et marginales adoubées par le collectionneur lors des premières expositions dans l’immédiat après-guerre, et ouvre sur les générations futures. On y trouvera de nombreux tableaux : des personnages hauts en couleur d’Aloïse Corbaz, une série de Benjamin Bonjour, plusieurs pages de la saga de Henry Darger, des copies de médailles d’Émile Josome Hodinos, des silhouettes de Carlo Zinelli, et encore Sylvain Fusco, Eugène Gabritschevsky, Giovanni Battista Podestà.
En France, il admire les productions de Guillaume Pujolle, d’Auguste Forestier, d’Augustin Lesage et de Fleury Joseph Crépin. Il fait également la connaissance de Gaston Chaissac, dont la durable amitié et la relation épistolaire seront fondamentales pour sa pensée. Le projet initial de publication – un calendrier précis dès 1947 prévoit de traiter l’art autodidacte, asilaire, médiumnique, populaire, primitif, le dessin d’enfant, le tatouage et le graffiti – se transforme en une ébauche de collection, qui prendra au fil du temps valeur d’inventaire d’un art qui se cherche. Dubuffet ne sait pas encore, en allant à la rencontre des « hommes du commun à l’ouvrage », qu’il va constituer un véritable musée expérimental, personnel, proche du cabinet de curiosités regorgeant d’objets trouvés. Des objets que leurs auteurs eux-mêmes n’auraient pas imaginé conserver et réalisent sans conscience même de leur valeur artistique.
