Le Parc Jean-Jacques Rousseau

Une belle découverte

Parc Jean Jacques Rousseau
Le Parc Jean-Jacques Rousseau est l’un des premiers jardins paysagers et des plus beaux exemples de parc à fabriques du XVIIIe siècle en France. Jardin idéologique par excellence, il a été conçu comme lieu de déambulation du corps et de l’esprit, rendant hommage à toutes les formes d’art comme à la philosophie, et incluant des préoccupations philanthropiques dans un cadre exceptionnel, de jardins sauvages à l’anglaise.
Parc Jean Jacques Rousseau
C’est le Marquis René-Louis de Girardin qui composa autour de son château, des jardins d’un nouveau genre, qu’il se plaisait à nommer des jardins philosophiques.
Admirateur de Rousseau, il s’inspire de la Nouvelle Héloïse, pour y recréer des tableaux issus de l’imaginaire de son auteur. Il y convia Jean Jacques Rousseau.
Malheureusement Rousseau n’y passa  que les  six dernières semaines de sa vie (1778), il y décéda et y fut enterré.
Parc JJ Rouseau l'Ile aux Peupliers
Son séjour marqua profondément le paysage. Son corps est inhumé sur l’île des peupliers, puis malgré le transfert des cendres, 16 ans plus tard au Panthéon, les jardins d’Ermenonville sont devenus au 18e s, un lieu de pèlerinage romantique et littéraire.
Les têtes couronnées d’Europe, n’avaient pas attendu la mort du philosophe, pour admirer les jardins du marquis. Après sa mort rousseauphiles et révolutionnaires y affluèrent.
Le choix du Département de l’Oise de valoriser ce patrimoine l’a engagé à mener une campagne de restauration importante des fabriques et des cheminements, mais aussi à proposer un projet de développement culturel qui lui a valu de voir le parc labellisé Centre culturel de rencontre en 2012.
Parc JJ Rousseau
C’est ainsi que vous pouvez flâner sur le sentier des écrivains, celui des philosophes, explorer la grotte des Naïades, le Dolmen, philosopher devant l’Autel à la Rêverie,
contempler le Temple de la philosophie volontairement inachevé, vous recueillir sur la Tombe du jeune inconnu, vous asseoir sur le Banc de la Reine,  admirer le Jeu d’Arc, et ainsi découvrir les messages livrés par les fabriques. 60 hectares de bonheur champêtre, de réflexion, de sérénité, d’élévation de l’esprit et de l’âme. Des plantes rares poussent et fleurissent dans le parc, surveillées attentivement par le jardinier-paysagiste Vincent Lahache, formé à l’école de Versailles.

Parc JJ Rousseau, la Fritillaria meleagris ou fritillaire pintade
Parc JJ Rousseau, la Fritillaria meleagris ou fritillaire pintade

Ce projet artistique et culturel poursuit l’objectif de rendre lisible l’héritage considérable de ce parc conçu dans l’esprit des Lumières, tant au point de vue patrimonial que pour l’écho qu’il établit dans la vie contemporaine et d’en rendre ainsi lisible les différentes dimensions, à la croisée des arts, de la philosophie et de la nature. Avant de pouvoir déployer pleinement ce projet à l’horizon 2015, le Parc propose un programme culturel qui préfigure ses activités futures, avec un agenda de manifestations et l’association d’artistes de toutes disciplines à ses activités par des résidences et des productions d’œuvres.
Parc JJ Rousseau tombe du jeune inconnu
Jardin pittoresque, livrant à la vue une succession de tableaux paysagers et à la lecture une succession d’extraits poétiques et philosophiques, le parc Jean-Jacques Rousseau est aussi conçu dès le 18ème siècle pour accueillir des spectacles comme des manifestations, tout en valorisant les progrès prônés par les Lumières. La promenade se veut autant celle des sens que celle de l’esprit, en stimulant sensibilité, connaissance, et imaginaire. Avec une vocation nouvelle d’allier création contemporaine à l’héritage historique, le parc propose plusieurs manifestations dans l’année liées aux arts contemporains dans toute leur diversité et leur développement les plus récents. Les résidences d’écrivains et d’artistes viennent enrichir le programme par des productions d’oeuvres inédites qui donnent à lire le jardin sous des angles toujours renouvelés.
Parc JJ RousseauTemple de la Philosophie Moderne
Parc JJ Rousseau Temple de la Philosophie Moderne

Un programme culturel pour la saison artistique 2014 est à consulter sur le site.
www.parc-rousseau.fr/

C’est en « poète et en peintre » que le Marquis de Girardin a conçu les jardins d’Ermenonville au XVIIIème siècle, donnant à lire une conception entièrement renouvelée du paysage. Partisan des idées des Lumières, avec le soutien d’artistes et l’inspiration rousseauiste, le marquis fait l’éloge dans sa création d’une société moderne en parsemant son jardin de fabriques et de citations, faisant du lieu le témoin privilégié de l’engouement du siècle pour tous les domaines de la connaissance. Dédiés à la sensibilité, l’imagination et la connaissance, pleinement connectés à leur environnement, ces jardins offrent, au-delà de la promenade du corps, celle des yeux et de l’esprit. A l’époque contemporaine, le jardin continue d’offrir fidèlement à l’esprit de son créateur, un riche programme ouvert à toutes et tous, consacré aux arts, à la philosophie et aux arts du paysage, et matière à sentir, penser, et réinventer notre monde.
Parc JJ Rousseau, le Tir à l'Arc
Parc JJ Rousseau, le Tir à l’Arc

Pour la saison artistique deux artistes en résidence
Jean-Charles Massera
Célia Houdart

Les activités à ciel ouvert
Le festival des Fabriques
La nuit des étoiles
Informations & réservations
Parc Jean-Jacques Rousseau
1 rue René de Girardin
60950 Ermenonville
Tél. + 33 3 44 10 45 75
Mél. info@parc-rousseau.fr<
Direction : Corinne Charpentier
www.parc-rousseau.fr/
Venir au parc depuis…
• Paris (47 km) > en voiture par l’A1, sortie n°7 (Saint- Witz, Ermenonville, La mer de sable), puis N330, direction Ermenonville, centre. > par le train au départ de la Gare du Nord – arrivée gare du Plessis-Belleville (à 7 km du parc)
• Lille (182 km) > en voiture par l’A1, sortie n°8 (Ermenonville, Senlis, Chantilly, Meaux), puis N330, direction Ermenonville, centre.
• Senlis (14 km) > en voiture par la D1324, puis la N330 au
Tarifs
• Plein tarif : 5 €
• Tarif réduit : 3 € (étudiants, militaire, seniors, demandeurs d’emplois ) • Gratuité : enfants (-18 ans) et personnes handicapées • Groupes : tarif réduit à partir de 15 personnes
• Tarifs billet jumelé : Parc Rousseau + musée abbaye de Chaalis : 10€
• Adhésion annuelle au parc : 20€
Horaires d’ouverture
Du 1er avril au 30 septembre
Tous les jours de 10h à 19h
Du 1er octobre au 31 mars
Tous les jours de 11h à 17h30
(Clôture de la billetterie 45 mn avant la fermeture du Parc)

Giacometti, Marini, Richier, La figure tourmentée

Il ne reste que 2 jours
Jusqu’au 27 avril 2014 au
MUSÉE CANTONAL DES BEAUX-ARTS DE LAUSANNE

Commissaire de l’exposition :
Camille Lévêque-Claudet, conservateur

BA Lausanne

Alors qu’ils prennent leurs distances avec la représentation académique du corps et avec la tradition figurative illusionniste, Giacometti, (1901 Borgonovo -1966 Coire ) Marini (1901, Pistoia -1980, Viareggio)  et Richier (1902, Grans FR – 1959, Montpellier) réfléchissent à des modes nouveaux de figuration, pour exprimer et rendre leur vision de l’être humain.
Le Suisse Alberto Giacometti, l’Italien Marino Marini et la Française Germaine Richier débutent leur cursus académique dans leur pays respectif avant d’être attirés – comme de nombreux artistes – par Paris qui, dans l’entre-deux-guerres, conserve encore son statut de capitale intellectuelle et artistique mondiale. De leurs années d’apprentissage jusqu’à celles de leurs dernières créations, aussi bien dans le domaine de la sculpture que dans ceux des arts graphiques et de la peinture, la figure demeure l’objet principal de leurs recherches. Modeler têtes et corps est pour eux source de préoccupations et de difficultés. Pourtant, dans un contexte dominé par l’abstraction – dont ils auraient pu emprunter la voie –, Giacometti, Marini et Richier vont persister dans leur refus de renoncer à la figuration.

L’exposition souhaite montrer, à partir d’exemples choisis dans la production sculptée de chacun des artistes, comment Giacometti, Marini et Richier, confrontés à l’impossibilité de persévérer dans une représentation traditionnelle de la figure, proposent de
«nouvelles images de l’homme».

Alberto Giacometti, La Cage (première version), 1949-1950, bronze, 90,6 × 37,6 × 34,3 cm. Riehen/Basel, Fondation Beyeler. Épreuve Fondation Ernst Beyeler. © Succession Alberto Giacometti / 2013, ProLitteris, Zurich Photo: Robert Bayer, Basel
Alberto Giacometti, La Cage (première version), 1949-1950, bronze,
90,6 × 37,6 × 34,3 cm. Riehen/Basel, Fondation Beyeler.
Épreuve Fondation Ernst Beyeler.
© Succession Alberto Giacometti / 2013, ProLitteris, Zurich
Photo: Robert Bayer, Basel

Pour restituer l’espace créé entre son oeil et ce qu’il voit, Alberto Giacometti positionne ses têtes et ses figures sur des socles surdimensionnés ou superposés, puis sur des plateaux ou dans des cages. L’artiste associe ici figure et tête dans un rapport d’échelle nouveau, faisant fi de la perspective traditionnelle. S’il fait coexister les personnages dans un même espace, ceux-ci semblent cependant s’ignorer, spatiale interrogation du rapport entre les êtres.

Ces images, ils les modèlent dans la terre ou dans le plâtre, à partir des formes et des genres classiques de la tête, du buste, de la figure en pied et, dans le cas de Marini, du portrait équestre. De l’Homme qui chavire d’Alberto Giacometti au Cri de Marino Marini, en passant par l’Orage de Germaine Richier, l’exposition présente les réponses que les trois artistes ont pu proposer aux questions de la perception du corps, de l’expression de l’échelle, de la traduction du mouvement, ou encore du rapport entre les figures et l’espace.

 

À une époque où domine l’esthétique du lisse, l’emploi de formes arrondies, et parfois transparentes, cette exposition invite à réévaluer leurs propositions plastiques et à faire expérience du combat qu’ils mènent avec la matière, une matière repoussée ou arrachée, qui conserve l’empreinte du doigt ou de l’outil.
Giacometti, Marini, Richier. La figure tourmentée est l’occasion de voir réunies à Lausanne 70 sculptures et oeuvres graphiques de ces trois artistes d’importance internationale, en provenance de prestigieuses collections publiques et privées, suisses et européennes.
Giacometti, Marini et Richier ne peuvent plus représenter l’homme comme le firent leurs prédécesseurs. L’enseignement de Bourdelle, les recherches des avant-gardes auxquelles il s’est essayé, ne permettent pas à Giacometti de restituer dans la matière ce qu’il voit.
Les certitudes de Marini et de Richier sont ébranlées par l’anéantissement de l’image de l’homme après le cataclysme de la Seconde Guerre mondiale. Comment, dorénavant, représenter l’homme «que je vois» ?
Telle est la question posée par ces trois artistes à travers leurs oeuvres où se lisent tâtonnements, recherches et expérimentations, rarement en abandonnant la figuration et presque toujours à partir des formes traditionnelles de la sculpture. L’abstraction ne pouvait être pour eux la solution.
Giacometti en avait fait l’expérience et en avait perçu les limites. Marini et Richier ont mené quelques tentatives de géométrisation des formes frôlant l’abstraction, mais ils ne s’aventurent pas dans une voie aussi radicale. Pour la première, le modèle est trop important pour qu’elle puisse y renoncer; quant au second, concevant son art comme lié au monde contemporain, il ne peut se passer des corps et des têtes dans lequel celui-ci se reflète. La quête de Giacometti est plastique: sa figure naît du rapport entre son oeil, sa main et l’espace dans lequel elle lui apparaît.

Alberto Giacometti, Femme de Venise V, 1956, bronze, 110 × 13,5 × 31 cm. Wuppertal, Von der Heydt-Museum. Épreuve 6/6. © Succession Alberto Giacometti / 2013, ProLitteris, Zurich Photo : Von der Heydt-Museum Wuppertal
Alberto Giacometti, Femme de Venise V, 1956, bronze,
110 × 13,5 × 31 cm. Wuppertal, Von der Heydt-Museum.
Épreuve 6/6.
© Succession Alberto Giacometti / 2013, ProLitteris, Zurich
Photo : Von der Heydt-Museum Wuppertal

À l’occasion de la XVIIIe Biennale de Venise, Alberto Giacometti crée une série de figures féminines élancées et frontales, selon un prototype mis en place dans la seconde moitié des années 1940. À la fois épaisses vues de face et fines vues de profil, poussées vers l’avant par leurs pieds triangulaires et aussi tirées vers le haut, dans un équilibre précaire, elles semblent le jouet de forces contraires.

Celle de Marini et Richier est philosophique: ils fouillent la matière pour trouver l’essence de l’homme.
Que voit notre oeil de spectateur ? Un être hybride, une tête minuscule, une figure élancée, un corps tourmenté, des traits déchirés: un homme dont l’essence, l’identité, la matérialité, la taille et la place dans l’espace sont repensés.

Germaine Richier, La Fourmi, 1953, bronze, 99 × 88 × 66 cm. Musée de Grenoble. © 2013, ProLitteris, Zurich Photo : Musée de Grenoble
Germaine Richier, La Fourmi, 1953, bronze, 99 × 88 × 66 cm.
Musée de Grenoble.
© 2013, ProLitteris, Zurich
Photo : Musée de Grenoble

Pour donner vie et réalité à l’espace compris entre les extrémités et les articulations de certaines de ses sculptures, Germaine Richer a imaginé un système de fils qui les relient. Ces fils soulignent le mouvement et le retiennent tout à la fois. Surtout, ils invitent le spectateur à prendre conscience de l’espace qu’ils balisent.

Pendant leur formation académique et auprès du maître à l’atelier, les trois artistes copient et modèlent le corps humain d’après nature. Germaine Richier introduit dans son travail des notes discordantes, notamment par un traitement irrégulier des surfaces dans des oeuvres plus proches des nus sculptés d’Edgar Degas que des corps lisses et froids d’Aristide Maillol. Alberto Giacometti multiplie les aller-retour entre travail de mémoire et d’après modèle tout en mettant les courants d’avant-garde au service de sa quête: représenter l’homme tel qu’il le voit. L’expression du mouvement est très importante dans les oeuvres de Germaine Richier, notamment dans ses figures hybrides où le mouvement est matérialisé par un savant et original système de fils métalliques. Dans l’oeuvre d’Alberto Giacometti L’homme traversant une place par un matin de soleil, la figure est en mouvement, avançant dans l’espace. Déstabilisé, renversé ou perdant l’équilibre, l’Homme qui chavire est interrompu dans sa marche par la chute. Alors que dans les années 1930 les figures équestres de Marino Marini avancent dans un mouvement sûr et régulier, dans les années de l’après-guerre cavaliers et montures sont inexorablement déstabilisés par le poids des évènements. Alberto Giacometti, Marino Marini et Germaine Richier abandonnent très vite les surfaces lisses et les formes cernées. La belle matière est mise à mal. Comme leurs contemporains Fautrier ou Dubuffet, ils se confrontent physiquement avec les matériaux. Les trois artistes fragmentent le corps.

Germaine Richier, La Mante, 1946, bronze, 158 × 56 × 78 cm. Genève, Galerie Jacques de la Béraudière. © 2013, ProLitteris, Zurich Photo : Droits réservés
Germaine Richier, La Mante, 1946, bronze, 158 × 56 × 78 cm.
Genève, Galerie Jacques de la Béraudière.
© 2013, ProLitteris, Zurich
Photo : Droits réservés

Des épaules, un torse et des hanches féminines auxquels s’accrochent des membres terminés par des pattes crochues: l’association et la combinaison des ces éléments fonctionnent d’autant mieux – ou dérangent d’autant plus – qu’individuellement ils existent dans la nature. Dans une situation d’attente, son mouvement retenu, La Mante s’apprête à attaquer.

Alors que chez Richier la fragmentation se fait mutilation violente, chez Marini il s’agit d’une approche plus esthétique, reflet de son intérêt pour les restes archéologiques. Avec le fragment, Giacometti s’engage dans une nouvelle étape de sa quête, lui qui, lorsqu’il est confronté à la vision d’une figure proche, ne peut plus voir simultanément toutes les parties du corps et n’en perçoit plus que les détails. Contrairement aux groupes équestres de Marino Marini et à l’Homme qui chavire d’Alberto Giacometti, L’Orage et L’Ouragane de Germaine Richier sont solidement ancrés dans le socle.

Germaine Richier, L’Orage, 1947-1948, bronze, 190 × 77 × 55 cm. Humlebæk, Louisiana Museum of Modern Art, don de la famille Richier. © 2013, ProLitteris, Zurich Photo : Droits réservés
Germaine Richier, L’Orage, 1947-1948, bronze, 190 × 77 × 55 cm.
Humlebæk, Louisiana Museum of Modern Art, don de la famille
Richier.
© 2013, ProLitteris, Zurich
Photo : Droits réservés

Germaine Richier propose ici d’emprunter au rayon des phénomènes météorologiques. La face brute, le visage fendu, le corps écorché, la figure revient-elle, tâtonnante, de toutes les catastrophes naturelles ou sort-elle de la terre dont, de la paume de ses mains, elle puise les forces ?

Toutefois, les jambes des deux êtres semblent bien minces pour supporter des corps aussi massifs, déportés vers l’arrière. Leur équilibre paraît précaire, comme celui des Femme de Venise de Giacometti, figures élancées transperçant l’espace, poussées vers l’avant par leurs pieds triangulaires. Le Jongleur de Marini est, lui, dans une position encore plus instable: son corps, en partie désarticulé, n’est plus retenu que par la pointe de ses pieds. Combien de temps va-t-il encore parvenir à tenir cet équilibre ?
Cette question constitue le fil conducteur entre ces oeuvres.
Pendant la guerre, Germaine Richier est à Zurich, où elle a installé son atelier. Elle continue à travailler sur l’irrégularité de la matière et crée ses premières oeuvres hybrides. Marino Marini ne se réfugie dans le Tessin qu’à la toute fin de l’année 1942, après le bombardement de Milan. En Suisse, le sculpteur multiplie les Pomone en plâtre, qu’il exposera à Bâle en 1944 et à Berne en 1945. C’est très certainement à son ami Marini que Richier emprunte le motif de ses Pomone. Dans les années 1950, Alberto Giacometti dessinera un corps féminin par-dessus une reproduction de l’une des Pomone de l’artiste italien, une figure comme il les voit, fine, élancée, les pieds rapprochés.

En décembre 1941, Alberto Giacometti quitte Paris pour Genève, où il restera jusqu’en septembre 1945. Dans sa chambre-atelier de l’Hôtel de Rive, il travaille à de toutes petites sculptures. Depuis plusieurs années, l’artiste avait tendance à diminuer toujours plus la taille de ses têtes et de ses figures pour retrouver et restituer la distance avec laquelle il les avait observées, une démarche indissociable de sa quête: rendre la réalité de sa vision. Pour voir une figure dans sa totalité, Giacometti ne parvient plus à faire autre chose que se tenir au loin. Trop proche, il ne voit que les détails. Lorsqu’il travaille à un portrait, Alberto Giacometti s’attache à rendre son modèle tel qu’il lui apparaît. Saisir les caractéristiques physiques et psychologiques s’avère un objectif très vite abandonné, car impossible à atteindre.

Marino Marini, Cavaliere [Cavalier], 1953, bronze, 137,5 × 83 × 101 cm. Florence, Museo Marino Marini. © 2013, ProLitteris, Zurich Photo : Mauro Magliani
Marino Marini, Cavaliere [Cavalier], 1953, bronze,
137,5 × 83 × 101 cm. Florence, Museo Marino Marini.
© 2013, ProLitteris, Zurich
Photo : Mauro Magliani
Fasciné lors d’un voyage en Allemagne en 1934 par le Cavalier de la cathédrale de Bamberg, Marino Marini fait de la figure équestre l’un de ses thèmes de prédilection. Après la Seconde Guerre mondiale, l’artiste charge cavaliers et montures d’une tension exacerbée jusqu’au déséquilibre et à la chute. Ces images sont l’expression toute personnelle de l’expérience du chaos de la guerre, et de l’absence de foi envers l’avenir.
Marino Marini traque lui aussi la qualité de présence du modèle, et non son apparence extérieure. Toutefois, contrairement à Giacometti, sa démarche s’accompagne de la volonté de pénétrer la psychologie de l’individu. Alors que pour Marini le portrait témoigne de son époque, Giacometti dégage ses modèles de toute temporalité. À la différence de Giacometti qui, à force de les sculpter, finit par ne plus reconnaître ses proches, Richier parvient, elle, à rendre le caractère et les traits de son modèle. Pour restituer l’espace entre son oeil et ce qu’il voit, Alberto Giacometti positionne ses sculptures sur des socles imposants, puis sur des plateaux ou dans des cages. Giacometti utilise de telles structures afin de contenir ses formes dans des espaces clairement définis. Au contraire, lorsqu’il supprime ces structures, il laisse la figure s’imposer dans l’espace du spectateur. Chez Germaine Richier, les fonds peints créent un nouvel espace, avec lequel la sculpture interagit de manière différente. C’est une autre proposition faite par l’artiste pour matérialiser l’espace, tout comme l’utilisation de fils métalliques tendus entre les extrémités des membres de ses figures.
Marino Marini, Il Grido [Le Cri], 1962, bronze, 76,8 × 125,3 × 66,5 cm. Pistoia, Fondazione Marino Marini. © 2013, ProLitteris, Zurich Photo : Mauro Magliani
Marino Marini, Il Grido [Le Cri], 1962, bronze, 76,8 × 125,3 × 66,5 cm.
Pistoia, Fondazione Marino Marini.
© 2013, ProLitteris, Zurich
Photo : Mauro Magliani
Avec Il Grido, Marino Marini pousse au plus loin la tension entre
l’homme et le cheval. Les corps ne se fondent plus, les formes se
brisent. De ces décombres surgit une figure hybride, un nouveau
centaure, construction précaire de plaques de métal qui viennent
s’entrechoquer.
Les figures équestres de Marino Marini transpercent elles aussi l’espace, créant des lignes dynamiques, métaphores des tensions entre l’homme et la monture. En 1950, Giacometti réunit plusieurs figures sur des plateaux. Elles semblent pouvoir être déplacées comme les pièces d’un jeu d’échec pour créer de nouvelles interactions entre elles et avec l’espace. Richier provoque cette même dynamique interactive quand elle dispose ses formes sur l’espace virtuel d’une table figée dans le bronze. Marino Marini disloque les formes et traite le bronze comme des plaques de métal grossièrement découpées, dont les angles viennent s’entrechoquer. La géométrisation des formes ne relève pas ici d’une simplification esthétisante. Elle traduit la vision cauchemardesque d’un passé dévasté par le conflit, et d’un avenir dans lequel il est devenu difficile pour l’artiste d’avoir foi. Alberto Giacometti dissout quant à lui la forme dans la matière. Il établit un continuum entre une masse de glaise et le visage qui en émerge.
Musée cantonal des Beaux-Arts, Lausanne
Palais de Rumine, place de la Riponne 6
CH-1014 Lausanne
Tél.: +41 (0)21 316 34 45 Fax.: +41 (0)21 316 34 46
info.beaux-arts@vd.ch
www.mcba.ch
Horaires
ma-me: 11h-18h je: 11h-20h ve-di: 11h-17h
Vendredi saint: 11h-17h
Lundi de Pâques: 11h-17h
Tarifs
adultes: CHF 10.-
retraités, étudiants, apprentis: CHF 8.-
jeunes jusqu’à 16 ans:
gratuit premier samedi du mois: gratuit
 
 

Lee Bae à la Fondation Fernet Branca

Dix ans après Lee Ufan, la Fondation Fernet-Branca à Saint Louis accueille l’oeuvre de l’artiste coréen Lee Bae, sous le commissariat de Jean-Michel Wilmotte, architecte de renommée internationale et grand connaisseur de la culture coréenne.
« Ma façon de peindre relève d’une sorte de performance… » Lee BAE

Lee Bae, Paysage M, charbon de bois sur toile 1992
Lee Bae, Paysage M, charbon de bois sur toile 1992

Proposant une lecture inédite d e l’oeuvre  de l’ artiste, l’exposition présente plus de 80 peintures, dessins, sculptures et vidéos réalisées de 1997 à aujourd’hui. Quatre installations monumentales et des séries anciennes comme les graphites, les agrafes, les tableaux en charbons de bois sont pensés autant, comme une performance que, comme des oeuvres in situ toujours liées à l’espace. Elle aspire ainsi à rendre sensible à la fois un travail construit autour de la forme et de la diversité des matériaux et une quête spirituelle où l’artiste cherche à révéler un paysage intérieur.
Des matériaux pour l’expression du mouvement, du temps et de la vie. Entre formes et matériaux, temporalité et attitude, corps et nature, son geste est synonyme de vitalité, de force et d’énergie. C’est un savant mélange entre la diversité des matériaux qu’ il emploie et le monde tel qu’ il le perçoit.
« Lorsque je travaille avec un pinceau et avec mon corps, je travaille avec le temps. Le geste, c ’est le temps…comme je fais un seul passage à chaque étape de la réalisation, c’est une manière de garder le temps, de suspendre un moment dans l’espace de la toile ».
Un lien ténu avec le temps transcrit à la fois l’ impossibilité de réécrire ce qui a été fait et le souci d’ immortaliser le geste. Un travail sur le noir et le blanc. Une alchimie où la forme devient une attitude. Depuis 2000, l’artiste utilise majoritairement l’acrylique sur ses toiles. Sur une peinture blanche posée avec de larges coups de brosse, il trace de larges et grands traits noirs, fixés avec de la résine. Cette forme crée une impression visuelle très pure, dépouillée, qui invite à la méditation et la contemplation. Lee BAE ne se préoccupe pas de savoir si sa représentation est figurative ou non. Elle est juste le résultat de la confrontation de ce qui fait qu’ il est un homme ; d’où il vient, où il vit, ce qu’ il construit, de son passé et de son présent. La forme nait de cette attitude, de l’ instant, et fait oeuvre dans son intention d’universalité.
Lee Bae, Acrylique et charbon de bois noir sur toile
Lee Bae, Acrylique et charbon de bois noir sur toile

Artiste majeur de la scène contemporaine coréenne, LEE BAE est né en 1956. Il vit et travaille à Paris. Il est représenté par la galerie RX en France et par la galerie Hakgojae en Corée du Sud . Arrivé en France en 1990, il devient l’assistant de Lee Ufan, considéré aujourd’hui comme le plus grand artiste international coréen. Il en est d’une certaine manière un véritable successeur, notamment dans leur approche semblable de la performance et de l’engagement de l’artiste.
Le 10 décembre 2013, Lee Bae reçoit le prix de l’Association nationale des critiques d’art de Corée du Sud.
Lorsque Lee Bae est arrivé à Paris, dans les années 1990, l’artiste a choisi de se servir de morceaux de charbon de bois comme médium principal de création, certes pour des raisons économiques, mais pas seulement. En lisant un journal, il découvre une publicité d’un magasin général qui vendait des sacs de charbon de 10kg pour 5 francs :
« J’aurais pu travailler avec du plâtre ou du métal. Mais le charbon de bois était lié à ma propre culture et à ce moment-là, j’avais besoin de garder un lien fort avec mes propres origines. J’étais parti de Corée pour quitter mes racines, mais arrivé ici, je me sentais étranger, très loin de chez moi, et le charbon de bois me permettait de retrouver l’univers de l’encre de Chine, de la calligraphie, l’ambiance de la construction des maisons que j’avais connue enfant. Dans la tradition coréenne, en effet, lorsqu’on creuse les fondations, le charbon de bois est la première chose qu’on dispose. De même lorsqu’un enfant nait, on le signale à la porte en accrochant du charbon de bois à une corde. Donc ce charbon de bois, symboliquement fort m’était familier. Il m’a permis de replonger dans ma propre culture ».
Lee Bae, Masse de charbon de bois, élastique noir tendu,
Lee Bae, Masse de charbon de bois, élastique noir
tendu

Son rapport au charbon est ainsi plus complexe et existentiel qu’il n’ y paraît, et se trouve implicitement lié au thème du feu. Le feu est plein d’énergie, le charbon permet de transcender cette énergie. C’est la valeur symbolique qui intéresse ici l’artiste et sa capacité à transmettre une énergie, une vibration. Il manifeste la recherche non seulement d’un dialogue sensible entre matière et forme mais aussi d’une quête spirituelle où l’artiste cherche à révéler un paysage intérieur.
Cette exposition se nourrit de ces deux composantes – matérielle et immatérielle, et tend à révéler la dimension philosophique et spirituelle de l’oeuvre de Lee Bae. L’artiste aime à rappeler que le charbon nait de la main de l’homme et de sa capacité à transformer cette matière naturelle. Pour les Coréens, l’arbre, et en particulier le pin (base du charbon qu’ il utilise) est symboliquement l’image de l’âme coréenne. Pour se faire, le parcours de l’exposition montre l’évolution de l’oeuvre de Lee Bae, au cours des deux dernières décennies, qui procède d’un subtil équilibre entre des pratiques artistiques ancestrales et contemporaines et la recherche d’expressions formelles, conceptuelles, symboliques et culturelles.
Lee bae
Lee bae

Le visiteur découvre les différentes étapes en comparant des oeuvres anciennes marquées par l’emploi du charbon de bois à des oeuvres plus récentes utilisant des nouveaux matériaux industriels – chimiques ou technologiques – tels que le carbone ou le médium acrylique. Il découvre aussi la cohérence de son travail élaboré à la fois sur des thèmes éternels – le temps, le souffle, le feu, l’ eau, la terre, et sur des concepts de mouvement, d’énergie, de pureté et de vitalité, et animé par ce désir d’expression pure.
« En 2000, je me suis aperçu que le matériau en lui-même, sa présence physique ne m’étaient plus nécessaires et que j’avais dorénavant uniquement besoin de son image ».
L’ artiste opère un changement lent, mais irrémédiable, d e transformation d’une matière concrète à une image de cette matière, libère le champ pictural, isole les formes pour mieux les imposer dans l’espace, introduit de subtils nuances dans les blancs pour renforcer le noir. Nourri par les notions traditionnelles de la culture coréenne, l’oeuvre de Lee Bae procède de la volonté de donner une certaine vision extérieure du monde qui laisse place petit à petit à la révélation d’ un paysage intérieur – point commun avec les oeuvres des artistes du « Dansa ekhwa »,  mouvement peu connu en France
qui regroupe quatre générations d’artistes coréens. Né au début des années 70’, ce mouvement regroupe des grandes figures de l’art contemporain coréen tels que
Lee Ufan, Parc Seo-bo, Kwon Young-woo, Yun Hyong- Keun Ha et Chong-hyun.
Il a ainsi développé une recherche fondamentale et expérimentale, sorte d’espace de réflexion, fondée sur le rapport harmonieux de l’homme avec la nature, à l’égal des mouvements « Monoha » japonais et de « l’Arte Povera » italien, dans une dimension méditative,  qui sollicite le corps :
Lee Bae
« Ses créations se situent dans une perspective écologique, cosmologique et terrestre diamétralement opposée, à celle, formaliste, des Occidentaux », souligne le professeur Yoon, spécia liste de c e mouvement coréen. Sans y être enfermé , Lee Bae appartient à la seconde génération, celle des années 80’ s, aux côtés d’artistes comme Park Ki-Won, Lee In-Hyeon ou Jang Seung-Taik. Chacun avec son propre style a développé une abstraction non-occidentale qui s’exprime sous la forme d’une peinture monochrome. Il revendique ainsi cette capacité à la fois de s’affranchir des influences japonaises et oc cidentales et de mettre l’oeuvre d’art au coeur de la relation de l’homme à la nature.
Lee Bae, Cheongdo, 2000 Crayon sur papier, 51 x54 cm
Lee Bae, Cheongdo, 2000
Crayon sur papier, 51 x54
cm


Un cabinet de dessins dont la sublime oeuvre « Cheongdo » réalisée en 2000, et composée d’une 100e de dessins juxtaposés les uns à côté des autres. Le sujet principal est un
« kaki », fruit tombé naturellement au sol que l’artiste a ramassé et a dessiné sous toutes ses formes et sous tous les angles possibles. C’était pour l’artiste un magnifique exercice de style, qui lui a permis à l’époque de montrer sa capacité à dessiner de manière classique. Lee Bae fut professeur de dessin en Corée. Pour lui donner un peu plus d e profondeur, l’artiste a l’idée d ’ajouter sur le dessin une résine de type fixateur. L’ effet a été spectaculaire. Le rendu graphique associé au médium acrylique qui accentue l’effet réaliste donne l’illusion, à s’y méprendre, d’une prise de vue photographique hyperréaliste. D’autres dessins, ceux-ci inédits, sont également présentés.
Lee Bae, Insectes collectés, 1998. Agrafes sur panneau, 50 x 40 x 5cm c haque
Lee Bae, Insectes collectés, 1998.
Agrafes sur panneau, 50 x 40 x
5cm chaque

Parallèlement sa ns abandonner le charbon de bois, l’ artiste développe une pratique innovante autour de l’agrafe. De 1996 à l’an 2000, l’artiste réalise des tableaux avec des agrafes. Pour créer la forme, l’artiste utilise deux méthodes originales. Pour certains, les agrafes sont placées derrière le bois. Pour d’autres, l’artiste les pose directement sur le bois. Ce travail autour de l’agrafe est né alors que l’artiste était l’assistant de Lee Ufan. Son travail consistait à l’époque à tendre les toiles du maître avec les agrafes sur le châssis. « En les fixant,je m’ étais aperçu qu’elle formait un trait métallique comme un trait de crayon à la mine de plomb. Dans ses Insectes collectés, l’artiste s’amuse à faire dialoguer deux mondes, l’ un naturel par l’ image du bestiaire et l’autre industriel par l’utilisation de l’agrafe.
Lee Bae
La présentation d’une installation vidéo et sonore sur le thème du feu, en sous-sol, est un autre moyen utilisé par l’artiste pour aborder la notion de transformation du matériau. C’est une nouvelle manière d’affirmer son engagement, de montrer son attitude, et de rappeler le positionnement de l’homme par rapport à la nature. Pour lui, le feu est essentiel. Ce n’est pas un matériau. C’est une p artie intégrante de la culture humaine, c’est la nature par excellence. Avec cette installation vidéo, l’artiste entame une nouvelle exploration symbolique de la matière.
Fondation Fernet Branca
2, rue du Ballon 68300 Saint-Louis
tel : +33 3 89 69 10 77 fax: +33 3 89 67 63 77
email : contact@fondationfernet-branca.org
Directeur: Pierre-Jean Sugier
03 89 69 52 37
Ouverture
Tous les jours, de 14h00 à 18h00 sauf lundi et mardi
Catalogue : Lee Bae
Fondation Fernet Branca
Editions de St Louis
 
 
 


Robert Mapplethorpe 2 expositions à Paris

« En fait je suis obsédé par la beauté, je veux que tout soit parfait. »
Robert Mapplethorpe

Robert Mapplethorpe, Self-portrait (Autoportrait), 1988, © Affiche Rmn-Grand Palais, Paris 2014
Robert Mapplethorpe, Self-portrait (Autoportrait), 1988, © Affiche Rmn-Grand Palais, Paris 2014

La RNM et le musée Rodin, nous propose deux expositions complémentaires sur un artiste hors du commun : Robert Mapplethorpe
Si vous aimez le Caravage, Rodin, Michel Ange, le clair obscur, les reliefs, et les fleurs, ces événements sont pour vous.
Je me suis laissée guider par le livre de Patti Smith « Just Kids » et ceux de Judith Benhamou-Huet,
«  Dans la vie noire et blanche de Robert Mapplethorpe » et Mapplethorpe, vivant – réponses à des questions.
Quelques podcasts sur les antennes de diverses radios, où Jérôme Neutres commissaire de l’exposition du Grand Palais, raconte ses recherches pour le montage de l’exposition, puis  les autres commissaires : Joree Adilman, directrice de la fondation Robert Mapplethorpe, Hélène Pinet, conservatrice au Musée Rodin, Judith Benhamou-Huet, journaliste.(vidéo)

Ma première rencontre avec les photos de RM a été avec celle de l’homme au
costume en polyester, « Man In Polyester Suit » (dont je vous laisse découvrir la description faite par Monique Younes, en compagnie de Judith Benhamou-Huet , sur RTL ), dans un cours d’histoire de l’art.
Le modèle, dont on ne voit pas la tête est Milton Moore, il a été un body friend important de RM.
Selon Edmund White, écrivain, il purgeait une peine de prison pour meurtre au moment du décès de RM.

Robert Mapplethorpe - Ken Moogy-Robert Sherman, 1984

Ken Moody et Robert Sherman

Au Grand Palais l’exposition est chronologiquement décroissante, d’emblée le ton est donné avec le self portrait de fin de vie, RM, le visage creusé, brandit sa canne tête de mort. On est loin, du visage angélique, de la jeunesse, aux boucles folles, sensuelles, proche de l’amour victorieux du Caravage ou encore de son Bachus. Mapplethorpe, avant d’être photographe, est artiste. Ses images viennent d’une culture picturale où l’on retrouve Titien (Le Supplice de Marsyas / Dominick et Elliot), David, Dali, et même et d’abord les grands de la Renaissance italienne, Michel-Ange, Piero della Francesca, Le Bernin…
Robert Mappelthorpe, Plaroïd Patti Smith et Judy Linn 1973
La sélection couvre toute la carrière de photographe de Mapplethorpe, des polaroids du début des années 1970 aux portraits de la fin des années 1980, en passant par les nus sculpturaux, les natures mortes, le sadomasochisme… L’exposition s’attache à révéler toutes les facettes de cette oeuvre au-delà des clichés dans lesquels elle a longtemps été enfermée. Par exemple, un focus autour de ses deux muses Patti Smith et Lisa Lyon permet d’aborder le thème de la femme et de la féminité et de voir un aspect moins connu de l’oeuvre du photographe. L’enjeu de cette exposition est de montrer que Mapplethorpe est un grand artiste classique, avec une problématique de plasticien, qui a utilisé le medium de la photographie comme il aurait pu utiliser la sculpture.
Robert Mapplethorpe Lisa Lyon Rodin
Pour apprécier l’art de Mapplethorpe, il faut aussi le replacer dans le contexte socio- culturel du New York arty des années 70 et 80, d’une part, et de la culture de l’underground gay de ce même espace-temps. Deux univers perméables et aussi radicaux l’un que l’autre.
Pour mesurer l’explosion libertaire de cette époque il faut visionner Flesh, le film de Warhol avec Joe Dalessandro, qui narre 24 heures de la vie d’un jeune prostitué newyorkais ; Midnight cowboy, véritable « chef d’oeuvre » aux yeux de Mapplethorpe. Pour comprendre la violence et la passion de la sexualité gay pour les jeunes newyorkais d’une époque répressive qui combattent pour leur libération, il faut lire The Beautiful Room is Empty, d’Edmund White (en français : La Tendresse sur la peau), itinéraire d’un jeune gay dans les années d’émeutes et de manifestations, mais aussi d’émancipation extrême ; Dancer from the dance de Andrew Holleran (1978), pour se transporter dans les explorations sexuelles du Fire island des années 70.
L’exposition vise à montrer au plus large nombre le travail exceptionnel de cet artiste, reconnu par les amateurs comme l’un des plus grands photographes.
Robert Mapplethorpe, Thomas et Dovanna, 1986, poièce unique
Les photos sont d’une beauté saisissantes, le noir appelle le blanc, les corps sont sublimés, les contrastes, les ombres sont merveilles comme dans une toile classique ou dans une sculpture. RM est peintre et sculpteur, perfectionniste.
C’est le défilé de ses amants-modèles, de ses amies, de ses muses, Patti Smith, Lisa Lyon, de la génération Mapplethorpe.
RM est un magicien de la photo. Quand on se replace dans l’époque de sa production,
les appareils sophistiqués n’existaient pas, la minutie, le regard inouï de l’artiste subjugue.
Le travail de RM est à l’image de sa vie en noir et blanc.
Robert Mapplethorpe selfportrait
J’ai tenté d’identifier les personnages photographiés, qui ont traversé la vie brève et
sulfureuse de RM (1946/1989). Patti Smith, sa compagne des débuts est très présente en photos et vidéo. Ses compagnons les plus importants comme David Croland, premier compagnon, avec lequel se révèle son homosexualité, Sam Wagstaff, mécène et compagnon le plus célèbre, conservateur de musée, collectionneur de photographies sous l’influence de RM.
RM hérita de sa fortune après son décès.
Mapplethorpe - Sam Wagstaff 1973
John McKendry, ami qui lui permet de connaître le fond de photographies anciennes du Moma. C’est ainsi qu’il étudie l’art de la photo, et cela explique en partie, la minutie avec laquelle, il photographia ses modèles. John McKendry lui a offert son premier appareil photo  polaroïd, et avait négocié avec la firme Polaroïd afin qu’il bénéficie de pellicules gratuites.
Sa déclaration «  si j’étais né il y a cent ou deux cents ans, j’aurais été sans doute sculpteur, mais la photographie est une façon rapide de regarder, de créer une sculpture »
Ses natures mortes, ses fleurs sont superbes, quoique présentées de manière glacée.
Pour Les fleurs, images sexuelles magiques, en couleur, il faut faire abstraction du mur hétéroclite qui lui fait face. Sur ce mur, l’ensemble demande à être regardé individuellement.

RMN
RMN

En effet le visiteur passe rapidement sans même la voir, devant la boîte, « Madonna » une des premières créations de RM, pour le Noël du jeune couple, composée d’un mouton trouvé dans une poubelle par Patti Smith, et d’un dessin de RM qui en tapisse le fond.
Au dessus de la boîte un crucifix, en tapis blanc, « White Carpet cross » une photo  de Lisa Lyon nue avec un crucifix posé entre les seins, un autoportrait de RM montrant un bras, l’aisselle et, l’épaule et une partie du visage, puis une photo de fleur.  Sur le même mur, un Christ crucifié, la tête couronnée d’épines de Jack Walls dernier compagnon de RM, un crâne, un compotier garni de pommes.
RMN
RMN

Sur un grand mur sont réunies les photos des personnes que RM a photographié soit par amitié, soit sur commande, autour de celle d’Andy Warhol en majesté.
RMN
RMN

« Le sexe est magique. Si vous le canalisez bien, il y a plus d’énergie dans le sexe que dans l’art … »
Robert Mapplethorpe Embrace
Cela résume vers quoi tendait RM, le sexe et la perfection de son art.
La chapelle Sixtine de Mapplethorpe est le corps : le cou, la gorge, le nombril, l’aisselle… font autant partie de son vocabulaire photographique que les têtes, les jambes ou les sexes qu’il montre sans gêne comme un élément physionomique et architectural comme les autres, à un détail près.
Dans un lieu en retrait, où est apposée une mise en garde pour les visiteurs âgés de moins de 18 ans, se trouvent les photos dites proprement sexuelles. On y voit des collages, des sexes masculins en érection, des scènes de sadomasochisme, de bondage, un autoportrait de RM assez cocasse, où il nous toise tout en s’introduisant un fouet dans l’orifice de son postérieur. Tout ceci parait tellement posé, étudié, clean, au point que cela ne soulève aucune émotion, ou pulsion. Les géométries et les pièces uniques apportent davantage d’admiration devant la perfection des images et des compositions telles que
« Thomas and Dovanna, 1986 » ci-dessus.
À la fin de l’exposition, sont exposés les polaroïds de ses débuts, où le classicisme est
déjà apparent, montrant ses amis dont certains ont disparus comme lui, fauchés par la même maladie.
« Je vois les choses comme des sculptures, comme des formes qui occupent un espace ». Robert Mapplethorpe
Le temps d’une exposition, le musée Rodin confronte deux formes d’expression – Sculpture et Photo-graphie – à travers l’oeuvre de deux artistes majeurs :
Robert Mapplethorpe et Auguste Rodin.
Bénéficiant de prêts exceptionnels de la Robert Mapplethorpe Foundation, cette exposition présente 50 sculptures de Rodin et un ensemble de 102 photographies dont l’audacieux dialogue révèle la permanence des thèmes et sujets chers à ces deux grands créateurs. Tout semble opposer ces deux personnalités même si Mapplethorpe n’a eu de cesse de sculpter les corps à travers son objectif et que la photographie a accompagné Rodin tout au long de sa carrière. Robert Mapplethorpe est à la recherche de la forme parfaite, Rodin tente de saisir le mouvement dans la matière. Rien n’est spontané, tout est construit chez Mapplethorpe, alors que Rodin conserve les traces de l’élaboration de l’oeuvre et cultive celles de l’accident. L’un fut attiré par les hommes, l’autre par les femmes et tous deux jusqu’à l’obsession.
Mapplethorpe Orchid, 1985 - Rodin, Iris messagère avant 1894
Cela n’a pas empêché Mapplethorpe de photographier des nus féminins et Rodin de modeler de nombreux corps masculins. Pourtant la confrontation entre ces deux artistes se transforme instantanément en un dialogue inattendu.
Sept thèmes ont été retenus par les commissaires, servant de fil rouge aux rapprochements qui sont à la fois formels, thématiques et esthétiques.
Mouvement et Tension, Noir et Blanc/Ombre et Lumière, Erotisme et Damnation sont quelques-unes de ces grandes problématiques traversant l’oeuvre des deux artistes. Cette exposition est une invitation à questionner le dialogue établi par les commissaires et à faire sien les rapprochements. Cette vision
« sculpture et photographie » est inédite au musée Rodin car jamais un tel face à face n’avait été réalisé, renouvelant le regard sur la photographie comme sur la sculpture.
Mapplethorpe, Lucinda Childs - Rodin mains n° 2 plâtre
Deux carrières sans rapport entre elles, deux hommes que tout oppose, deux techniques dissemblables. Pour surprenant a priori que puisse paraître le rapprochement entre Mapplethorpe (1946-1989) et Rodin (1840-1917), il laissera pourtant à chaque détour le spectateur interloqué. Pour deux raisons. La première est une apparente banalité : tous deux, par des moyens différents, appréhendent le corps humain et en font le medium quasi-unique de leur expression. Mais au-delà de cette évidence, au-delà des aspects provocateurs ou érotiques des images, du caractère parfois ténébreux de leurs poétiques ou de leurs obsessions, c’est paradoxalement une approche ardue et radicale qui s’impose chez l’un comme chez l’autre : compositions toujours impérieuses par le refus du superflu comme par la puissance formelle, aux limites de l’abstraction. Non seulement rien de trop, mais uniquement le nécessaire. Science des lignes, nuance des valeurs, plénitude des volumes. C’est pourquoi sans doute, entre Mapplethorpe le perfectionniste et Rodin le passionné, les effets d’écho stupéfiant émergent, comme entre White Gauze (1984) et le Torse de l’Âge d’airain drapé (vers 1895-1896).
White Gauze (1984) et le Torse de l’Âge d’airain drapé (vers 1895-1896).Derrière la manière de contenir la sensualité chez l’un, ou de lui donner un exutoire chez l’autre, affleurent deux sensibilités à fleur de peau, peau du grain photographique ou peau de l’épiderme de plâtre, qui vibrent dans une tension extrême, aux limites de la rupture ou de l’éclatement. La deuxième nous introduit à la véritable dimension de leur création : l’un comme l’autre débordent les frontières des domaines par lesquels ils s’expriment, des techniques qu’ils utilisent : la photographie se fait sculpture, la sculpture devient le moyen de révéler des images, au point que, dans les face-à-face présentés dans le catalogue, on confondra volontiers photographie et sculpture. Certains duos semblent presque des dominos conçus comme tels pour se répondre, comme un effet de négatif / positif entre L’Homme qui marche (1907) et Michael Reed (1987). Dans les deux cas, le vrai medium est la lumière, le vrai enjeu, de la sculpter, de la mettre en espace, dans une quête paradoxale de l’immatériel.
Photographies et sculptures fonctionnent finalement – c’est ce qui crée leur communauté d’esprit – comme des pièges à lumière. Impeccable ou morcelée, contrastée ou impalpable, brutale ou douce, celle-ci décline d’infinies variations de la manière d’habiter l’espace du corps, des formes, du monde.
extrait de Catherine Chevillot Conservateur général du patrimoine Directrice du musée Rodin ÉDITORIAL
Les commissaires et Dimitri Levas
Ces expositions sont réalisées par la RMN – GP, avec la coopération de la Fondation Robert Mapplethorpe, New YorkCommissaire général : Jérôme Neutres, conseiller du président de la Réunion des musées nationaux – Grand Palais / Commissaires associées : Joree Adilman, conservateur de la fondation Robert Mapplethorpe, Hélène Pinet, conservatrice au Musée Rodin et Judith Benhamou-Huet, journaliste critique d’art
Deux catalogues :
Catalogues
« Mapplethorpe Rodin »
Auteurs : Hélène Pinet, Hélène Marraud, Jonathan Nelson, Judith Benhamou-Huet
Éditions du musée Rodin / Actes Sud. 256 p., 250 ill. 40 €.
Catalogue officiel de l’exposition Robert Mapplethorpe, Grand Palais, Champs Elysées, du 26 mars 2014 au 13 juillet 2014.

Auteur : Jérôme Neutres, Conseiller du président de la Réunion des musées nationaux – Grand Palais, commissaire général de l’exposition

MUSEE RODIN jusqu’au 21 septembre 2014

Fabrizio Plessi à la Fondation François Schneider

La Fondation François Schneider de Wattwiller
invite à découvrir jusqu’au 1er juin, l’un des chefs de file de l’art contemporain:
Fabrizio Plessi
.

Niki de St Phalle Star Fountain
C’est l’un des artistes contemporains les plus connus au monde.
De Venise à Berlin, de New York à Madrid, de Paris à Pékin, en passant par New Dehli, Londres, Budapest, Hong Kong ou Moscou, du Centre Pompidou au Guggenheim, les plus grandes villes et les plus grands musées ont célébré les forces de la nature qu’il met en scène, le bouillonnement de ses torrents, le murmure de ses forêts et toujours l’originalité de ses créations.
En effet j’ai rencontré ses œuvres à la biennale de Venise 2011, à la Fondation Peggy Guggenheim de Venise, plus récemment à Art Karlsruhe.
Sur l’autoroute du Brenner, un important musée porte son nom et lui est intégralement dédié. Fabrizio Plessi fait partie des rares artistes qui de leur vivant se voient ainsi consacrés.
L’exposition présente plusieurs oeuvres articulées autour du thème de l’eau de l’artiste italien Fabrizio Plessi, né en 1940.
voir ici la vidéo de TV Doller
Fabrizio Plessi, Foresta Sospesa, 1999
Foresta Sospesa, 1999
Six troncs d’arbres évidés, de 6 m de haut, qui sont accrochés aux poutres de la charpente du centre d’art, offrant le spectacle d’une forêt suspendue. Sous les troncs, des animations visuelles et sonores nous plongent dans l’atmosphère d’une forêt sous la pluie. Chaque tronc pèse 250 kg, l’installation est particulièrement spectaculaire à la tombée de la nuit. Il fait penser à son compatriote Giuseppe Penone. L’artiste par cette installation, juxtapose la technologie et la nature, l’ancestral et la modernité, le temps éternel et le temps suspendu (Bill Viola au Grand Palais et Robert Cahen  au MAMCS)
• Videoland, 1987
Quatre structures en fer rouillé, utilisées comme des puits magiques.
A l’intérieur est projetée en boucle la vidéo d’un cercle d’eau bleue où tombent des pierres. Les sons se font écho d’un cône à l’autre en une sorte de concerto.
.Water Wind, 1984
Cette structure en Corten de 4 mètres de long intègre à ses extrémités un souffle de vent et d’autre part un écran vidéo. Le vent anime l’eau qui se trouve en mouvement sur la vidéo.
Fabrizio Plessi
. Water Circles, 1981
Deux cercles de fer, comme 2 soleils primitifs, nous dit Fabrizio Plessi. Deux serpents venus du fons des âges qui se mordent la queue. Deux formes géométriques qui s’effleurent à peine. L’eau de des cercles, toujours la même, dans un mouvement à contresens, nous la rend multiple et changeante, pour faire disparaitre cette notion de mouvement de notre perception.
• Water Trees, 1984
8 dessins de Videoland, 1987
Fabrizio Plessi Violand
Digital stones, 2006
Fabrizio Plessi
dans la salle au sous-sol est projetée une vidéo de Fabrizio Plessi
 
LE JARDIN DES SCULPTURES
En plus de l’exposition temporaire, la Fondation dispose d’une collection dans laquelle se trouvent en particulier une fontaine de Pol Bury et une « Nana » porteuse d’eau de Niki de Saint-Phalle.
Ces oeuvres sont exposées au public de manière permanente.
• Lorella Abenavoli, née en 1966 : Défaut originaire, 1999 (première version 1996)
• Clément Borderie, né en 1960 : Wall Piercing, 2008-2013
• Pol Bury, (1922 – 2005) :17 sphères dans une sphère, 1985
• Ilana Isehayek, née en 1956 : Toupies d’eau, 1998
• Sylvie de Meurville, née en 1956 : Le Mont d’ici, 2010 •
Niki de Saint-Phalle (1930 – 2002) : Star Fountain, 1999 1940,
voir ma Vidéo du Jardin des sculptures

Fabrizio Plessi, qui se consacrait depuis 1962 à la peinture, explore à partir de 1968 de nouveaux moyens d’expression (performances, installations, photographies, films, bandes vidéo); simultanément l’eau devient le thème central de son travail.
Partout présente dans la ville de Venise où il a étudié puis s’est installé, I’eau sera envisagée par Plessi dans toutes les dimensions, manifestations et fonctions qui la définissent, et sera le motif essentiel d’un dialogue poétique entre nature et technique, artifice et réalité.
En 1977, Acquabiografico rassemble 250 projets relatifs à l’eau; les Water works series (1975 -1977) en compileront mille autres sous diverses formes graphiques. Les projets et actions des années soixante-dix (scier un lac, couper un filet d’eau avec des ciseaux, percer des trous à la surface de l’eau, repasser les vagues, réguler les variations du niveau de la mer dans la lagune vénitienne grâce à d’énormes éponges…) constituent des tentatives ludiques et dérisoires de transformer et maîtriser cet élément insaisissable par essence, à la fois vital et menaçant, qu’est l’eau. L’environnement Geometria Liquida (Kiel, 1977) consiste ainsi à « découper » la surface de la mer selon d’énormes gabarits de forme géométrique, à filmer l’action, et à projeter simultanément sur un écran les « formes de l’eau » obtenues. Les années soixante-dix et quatre-vingts voient Plessi multiplier les expériences perceptives sur les états et mouvements de l’eau, sur la physique des fluides (Acqua communicante, Il mare Yerticale, 1975), les notions de contenant et de contenu, et les caractères optiques de l’élément liquide (couleur bleue, scintillements, réflexion…). Le thème du reflet inspire de nombreuses œuvres telle Reflecting Water, réalisée à Duisbourg en 1979 (monumentale installation où le mot WATER composé de très hautes lettres en néon bleu se réfléchit sur les eaux troublées d’un lac) ou Liquid Movie, un film présenté lors de la Mostra de Venise en 1981. L’affinité entre l’eau et la lumière détermine Plessi à utiliser le médium vidéo et l’image électronique, bleue, vibrante et fluide. Water Art ou Water (1981-1984) proposent des reflett aquatiques artificiels, tandis que d’autres œuvres opèrent la transmutation des éléments (dans Water Fire une flamme traitée en couleur froide et renversée apparaît aussi fluide que son antithèse) ou simulent des relations entre des composantes naturelles et artificielles (les deux moniteurs semblables à des hublots à demi-immergés de Mare Orizzontale (1976 -1984); la mer électronique des cent moniteurs de Mare di Marmo, 1985). Dans les sculptures-vidéo des années quatre-vingts et quatre-vingt-dix, Plessi prolonge sa réflexion sur la relation de l’homme à son environnement, en intégrant des images d’eau dans des constructions plus « terrestres » de pierre et de bois. Parallèlement aux installations, il poursuit une activité picturale et graphique, jamais abandonnée, et conçoit des scénographies électroniques pour des ballets et des opéras.
Fondation François Schneiderr
Informations
Tarifs
Tarif normal : 7€ Tarif réduit : 5€ (enfants de 12 à 18 ans, étudiants,
séniors, public handicapé, carte CEZAM, groupe de plus de 10 personnes)
Gratuité : Museums-PASS-Musées et enfants de moins de 12 ans
Horaires d’ouverture
Du mercredi au dimanche et jours fériés : 10h – 18h
Fermeture le 1er mai 2014
A venir
Exposition des « Talents Contemporains » Du 11 Septembre au 22 décembre 2014
Photos et vidéos de l’auteur

Daros Latinamarica à la Fondation Beyeler

jusqu’au 27 avril 2014 à la Fondation Beyeler
voir ici la vidéo
Avec « Daros Latinamerica », c’est l’une des plus importantes collections d’art contemporain latino-américain qui est l’invitée de la Fondation Beyeler.
On pourra découvrir une sélection concentrée d’oeuvres s’inscrivant dans la création actuelle d’artistes réputés, originaires de différents pays du continent latino-américain. Dans son oeuvre, le peintre argentin Guillermo Kuitca se consacre inlassablement à des espaces architecturaux et géographiques qu’il transpose en images et dont il donne sa propre interprétation poétique. On trouve notamment des relevés topographiques à toutes les échelles, qui vont de cartes géographiques et de plans de villes jusqu’à des élévations et des plans d’édifices vénérables.

« La carte a été pour moi un moyen de me perdre, pas de me trouver »
(Guillermo Kuitca, 2006).
Par le choix des couleurs, le contraste, en repeignant ou en effaçant certaines parties, l’artiste donne en même temps à une carte géographique l’aspect d’une étoffe ou d’un réseau de veines. Kuitca intensifie cette ambiguïté de la localisation et de l’imagination dans une série de toiles qui prennent des matelas pour support pictural. L’artiste reconnaît ainsi également le lit, ou plus exactement le matelas, comme territoire immédiat qu’il occupe et habite.

Le thème des interactions entre lieux, objets et personnes se retrouve dans les sculptures de l’artiste colombienne Doris Salcedo. Tables, armoires et tables sont extraites de leur contexte utilitaire originel, elles sont emmêlées, empilées ou même remplies de béton pour donner naissance à de nouvelles structures sculpturales. Bien que privés de leur fonction, ou précisément pour cette raison, ces objets mobiliers hybrides multiplient les associations avec l’idée d’un foyer et d’une patrie perdus ou détruits.
Dans leurs travaux sur Mexico, des artistes spécialisés dans la vidéo comme
Santiago Sierra ou Melanie Smith se sont consacrés au phénomène des empiètements de l’urbanisation et des relations physiques, fonctionnelles et sociales qui en découlent. Leurs oeuvres sont présentées dans un des deux programmes de films.

Les vidéos d’Ana Mendieta de Cuba sont au centre du second programme. Ses performances novatrices traitent de la présence du corps dans sa fugacité.
Une installation de l’artiste brésilien Cildo Meireles constitue le point culminant de cette exposition. Sur le sol d’une tente noire praticable s’amoncellent des milliers et des milliers de pièces de monnaie au centre desquelles une fragile colonne d’hosties s’élève jusqu’à un plafond d’os de boeuf. Le caractère sacré de cet espace est un commentaire sur l’histoire tragique de la christianisation du continent. Par leur teneur symbolique évidente, les os et les pièces évoquent en outre les images pénétrantes d’un génocide et de la rapacité, ajoutant ainsi une actualité politique à cette oeuvre.
Voici ce qu’en dit Meireles :
« J’ai eu l’idée de construire une oeuvre dans laquelle on puisse entrer et nouer immédiatement une relation avec la synthèse de cette équation : puissance matérielle + puissance spirituelle = tragédie. »

Cette exposition présente des peintures, des sculptures, des vidéos et une installation.
Elle a pour commissaires Sam Keller (directeur, Fondation Beyeler), Dr. Hans-Michael Herzog (directeur artistique, Daros Latinamerica) et Ioana Jimborean (associate curator, Fondation Beyeler).
Les artistes Juan Carlos Alom (né en 1964 à la Havane, Cuba, où il vit et travaille) Guillermo Kuitca (né en 1961 à Buenos Aires, Argentine, où il vit et travaille) Jorge Macchi (né en à Buenos Aires, Argentine, où il vit et travaille) Cildo Meireles (né en 1948 à Rio de Janeiro, Brésil, où il vit et travaille) Ana Mendieta (née en 1948 à La Havane, Cuba ; décédée en 1985 à New York, États-Unis) Oscar Muñoz (né en 1951 à Popayán, Colombie ; vit et travaille à Cali, Colombie) Wilfredo Prieto (né en 1978 à Sancti Spíritus, Cuba ; vit et travaille à La Havane, Cuba) Miguel Angel Ríos (né en 1943 à Catamarca, Argentine ; vit et travaille à Mexico, Mexique, et à New York, États-Unis) Miguel Ángel Rojas (né en 1946 à Bogotá, Colombie, où il vit et travaille) Doris Salcedo (née en 1958 à Bogotá, Colombie, où elle vit et travaille) Santiago Sierra (né en 1966 à Madrid, où il vit et travaille ; a travaillé plusieurs années à Mexico, Mexique) Melanie Smith (née en 1965 à Poole, Grande-Bretagne ; vit et travaille à Mexico, Mexique)
Daros Latinamerica

Daros Latinamerica est une institution artistique fondée en l’an 2000 par la Suissesse Ruth Schmidheiny. Elle a son siège à Zürich et se consacre à la constitution et à l’entretien d’une collection d’art contemporain d’Amérique latine. Avec une intense activité d’expositions internationales, de nombreuses publications, la plus grande bibliothèque européenne spécialisée sur le sujet et un réseau international en constante expansion, Daros Latinamerica crée les conditions préalables d’un dialogue durable entre l’art et les artistes d’Amérique latine et un public international.
Depuis mars 2013, après avoir pendant 10 ans monté des expositions avec un grand succès à l’espace Löwenbräu de Zurich, Daros Latinamerica a déplacé le point central de ses activités publiques à la Casa Daros de Rio de Janeiro. La Casa Daros sert de tribune aux arts et à la culture et de plaque tournante entre Rio de Janeiro, le Brésil, l’Amérique latine et le reste du monde. Au-delà de toutes contraintes politiques et sociales, la Casa Daros cherche à établir un champ de gravitation cohérent et permanent où puissent se dérouler, aux niveaux les plus divers, des débats passionnants, féconds et durables avec l’art. Parallèlement à ses activités d’exposition à Rio de Janeiro, la Daros Latinamerica Collection est présentée dans le cadre de nombreux projets de collaboration dans des musées et des institutions de toute la planète.
Photos courtoisie de la Fondation Beyeler
Ouvert tous les jours, 10 h 18 h
le mercredi jusqu’à 20h

The Night of the Great Season

Alina Szapocznikow-Autoportrait II
The Night of the Great Season à la Kunsthalle de Mulhouse, jusqu’au 11 mai 2014
L’exposition s’articule autour du surréalisme polonais, retraçant les influences historiques en art, théâtre et littérature de ce mouvement plutôt méconnu. Elle s’attache également à décrypter une tendance observée dès les années 2000 chez une jeune génération d’artistes polonais, à la fois influencée par les techniques des surréalistes du début du XXe siècle, telles que la représentation des rêves ou l’écriture automatique, et se plaçant en opposition avec les générations artistiques polonaises précédentes, celles de l’art critique et du réalisme des années 1990.
Les artistes présentés dans l’exposition sont à l’origine d’oeuvres conçues en creux de la réalité, souvent basées sur le hasard et le subconscient, où dominent le fantastique, la magie et l’imaginaire, d’une manière souvent sombre et parfois dérangeante. L’incipit de l’exposition présente des dessins de Bruno Schulz (Drohobycz 1892 – 1942),
Bruno Schulz-Groteska. Kataryniarz na podwórku
artiste de l’avant-garde juive polonaise dans les années 1930-40, qui combine un humour surréaliste à une attention réaliste aux détails, infusant son oeuvre graphique et littéraire d’un sens aiguisé de la vie quotidienne.
Assassiné en pleine rue par un officier nazi en 1942, il laissa derrière lui des dizaines de dessins et nouvelles, dont Les Boutiques de Cannelle et Le sanatorium au croque-mort.
Le tracé poétique et mystérieux de sa plume comme de son crayon reflète une vie de village polonais d’avant-guerre où chaque élément semble avoir été transformé et glorifié en rêves par l’imagination de son auteur. Les années de l’immédiat après-guerre sont marquées en Pologne par une nécessité de se détacher du souvenir traumatique de la Seconde Guerre Mondiale, autant que de la rigidité du nouveau régime qui vient d’être instauré.
C’est dans ce contexte que s’opère dans les milieux artistiques une fuite vers l’imaginaire, incarnée par la formation du groupe de Cracovie, dont feront notamment partie
Tadeusz Kantor et Erna Rosenstein.
Personnalité majeure de la création polonaise de l’après-guerre, peintre, scénographe, poète, acteur, auteur de happenings proche de Dada, Tadeusz Kantor (Wielopole Skrzyńskie 1915 – Cracovie 1990), qui expliquait l’absence du surréalisme polonais par la prévalence du catholicisme, acquit une renommée mondiale en tant qu’homme de théâtre. Son action théâtrale consista en une illustration visuelle des mécanismes de la mémoire au travers de séquences successives d’images irréelles, de bribes de souvenirs, de scènes obsessionnelles et de situations absurdes, transformant personnages et objets au gré de son imaginaire. D’origine juive polonaise, Erna Rosenstein (Lvov 1913 – Varsovie 2004) a survécu à l’Holocauste.
Erna Rosenstein-Stan Sie
Éduquée à Lvov puis ayant vécu à Cracovie, elle est très marquée par le concept de l’abject lié à l’excès et à la dégradation des éléments, cher à Georges Bataille. Ses oeuvres graphiques suggèrent un engagement féministe incluant corporalité, sensualité et sens de la différence, tout en évoquant l’écriture automatique. Le corps féminin et la tragédie de la Seconde Guerre Mondiale sont autant de thèmes développés par la sculptrice et photographe Alina Szapocznikow (Kalisz, Pologne 1926 – Passy, France, 1973) qui élabora des moulages de parties de corps transformés en objets du quotidien tels que des lampes ou des cendriers, exprimant un lignage avec l’importance du fétichisme érotique de l’objet chez les surréalistes, autant que ses sculptures et photographies rappellent la volonté de ces derniers de bousculer la hiérarchie du corps et de désorienter le spectateur face au statut de l’objet et de l’image. (voir ci-dessus)
Agnieszka Polska
Agnieszka Polska (1985, vit et travaille à Varsovie et Amsterdam), ses animations et photographies sont des collages visuels d’images piochées dans des magazines d’art et des journaux des années 1960 qui confèrent à sa pratique un aspect documentaire. Elle revisite souvent le modernisme polonais en recyclant des matériaux historiques et des photographies d’archives qu’elle transforme en travaux narratifs et mélancoliques. Sa série de photocollages Arton (2010), faisant référence à l’artiste conceptuel et performeur polonais Włodzimierz Borowski, figure un assemblage organique et presque fantastique de fragments d’éléments biologiques et d’élégantes sculptures faites de branches et de boue.
Jakub Juiolkowski - Planet
Enfin, l’exposition présente des tableaux et dessins de deux jeunes artistes polonais
Jakub Julian Ziółkowski (1980, vit et travaille à Zamość) et Tomasz Kowalski (1984, vit et travaille à Cracovie). Le premier dépeint des paysages hallucinatoires à la végétation surnaturelle et aux figures humaines sombrement inquiétantes, proches du fantastique de Jérôme Bosch comme du grotesque de Robert Crumb. Le second manie la mise en abyme avec détail, en faisant référence aux mannequins et marionnettes de Schulz et Kantor, aux expériences enfantines et à la mémoire fragmentée.
Tous deux viennent de la région de Galicie, au sud-est de la Pologne, où s’est développée une culture teintée de splendeur baroque, de poésie éclatante et d’une certaine forme de spiritualité qui semble les avoir fortement marqués. C’est aussi de cette même région qu’était originaire Bruno Schulz, auquel les deux jeunes artistes semblent porter intérêt et admiration.
Thomas Kowalski  et Martha Kirzenbaum
La commissaire Martha Kirszenbaum (née en 1983) est commissaire d’exposition indépendante basée à Paris et à Los Angeles. Elle a travaillé au Département Media and Performance Art du Museum of Modern Art à New York (2006- 2007), au Cabinet de la Photographie du Centre Pompidou (2007) et comme assistante de recherche au New Museum à New York (2008-2010). Elle est depuis janvier 2014, directrice et curatrice de Fahrenheit, un nouveau centre d’art et programme de résidences à Los Angeles. Elle contribue régulièrement à Kaleidoscope et à d’autres publications, et a animé un séminaire sur les pratiques curatoriales à l’Université Paris VII et Parsons Paris. Jakub Julian
Visites guidées
Visites guidées de l’exposition
les samedis, dimanches à 15h – entrée libre
Pour les groupes, renseignements et réservations au 03 69 77 66 47
Visites enfants renseignements au 03 69 77 66 47
Adresse
La Kunsthalle Mulhouse
Centre d’art contemporain La Fonderie 16, rue de la Fonderie
68093 Mulhouse Cedex
Tél. : +33 (0)3 69 77 66 47
kunsthalle@mulhouse.fr
www.kunsthallemulhouse.com
Les rendez-vous
Tutti de Zahra Poonawala : jusqu’au 4 avril

Tutti Zahra Poonawala

Installation sonore interactive proposée en partenariat avec Mulhouse Art Contemporain.
Entrée libre, hall de la Fonderie.
Kunstapéro : jeudi 3 avril à 18h00
Des œuvres et des vins à découvrir : visite guidée suivie d’une dégustation de vins, en partenariat avec l’association Mulhouse Art Contemporain et la Fédération Culturelle des Vins de France. Participation de 5 € / personne, inscription au 03 69 77 66 47 ou
kunsthalle@mulhouse.fr
Journée de découverte des métiers des arts visuels :
jeudi 10 avril de 8h00 à 12h00 et de 13h00 à 17h00
L’occasion pour les étudiants et demandeurs d’emploi d’entrer dans les coulisses des métiers des arts visuels, de découvrir la mécanique d’une exposition et de rencontrer des professionnels. Un parcours de 2h (départ toutes les heures), en partenariat avec la HEAR (Haute Ecole des Arts du Rhin) et Sémaphore.
Renseignements et inscription obligatoire auprès de Sémaphore 03 89 66 33 13
Kunstprojection : jeudi 10 avril à 18h30
Une sélection de films expérimentaux issus de la collection de l’espace Multimédia gantner de Bourogne présentée en écho à l’exposition.
Entrée libre
RDV famille : dimanche 13 avril à 15h00
Une visite – atelier proposée aux enfants et à leurs parents.
A partir de 6 ans Gratuit sur inscription au 03 69 77 66 47 / kunsthalle@mulhouse.fr
 
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autres photos de l’auteur
 

le jour du poisson

JJ Delattre
« Quand la vie croise mon objectif, je tente de la restituer dans sa plénitude; cette vie dans ma photo, traduit alors ce bonheur qui m’a traversé, qui pourrait faire dire de moi que je suis un photographe épicurien »
Jean Jacques Delattre
 

Sommaire de mars 2014

 

l'Entre Robert Cahen
l’Entre Robert Cahen

01 mars 2014 : L’odeur du Crime par Bernard Fischbach
04 mars 2014 :  Week end de l’art contemporain
05 mars 2014 : Bill Viola sculpteur du temps
08 mars 2014 : Objets ludiques au musée Tinguely
09 mars 2014 : JR à Baden Baden chez Frieder Burda
17 mars 2014 :  Robert Cahen, Entrevoir au MAMCS
22 mars 2014 : James Ensor, les masques intrigués.
24 mars 2014 : Hélène Sturm, son roman Walter au salon du livre de Paris 2014
27 mars 2014 : Baselworld 2014.

Hélène Sturm, son roman Walter au salon du livre de Paris 2014

 
 
du 21 au 24 mars 2014
le salon du livre de Paris 2014
Hélène Sturm Walter
Les cinq axes thématiques de l’édition 2014
Outre « l’Argentine à l’honneur » et
« Shanghai, ville invitée « , le Salon du livre 2014 met en avant trois autres grands thèmes.
Un axe se penche sur la question du Savoir et connaissances, donnant l’occasion à des chercheurs et scientifiques de toutes disciplines de donner des conférences passionnantes autour de sujets de réflexion qu’inspire notre époque : le pouvoir, le travail, les technologies, l’environnement.
La femme est-elle l’avenir de la littérature ?
La question est posée à l’occasion d’un quatrième axe sur les rapports entre littérature et féminin, interrogeant aussi bien la place des femmes dans la littérature que l’existence d’une littérature féminine.
Enfin, un dernier axe thématique se penche sur le cas de ces livres coups de cœur qui peuvent bouleverser une vie. L’occasion de penser le livre sous l’angle de l’émotion et de l’intime. Tout un programme.
Hélène Sturm Et Joëlle Losfeld
Hélène Sturm remplit doublement les 2 critères, le coup de cœur et la place des femmes dans la littérature. Hélène se définit comme auteur, à la rigueur comme auteure pour vous faire plaisir. Elle présente son nouveau roman, Walter, après nous avoir enchantés avec le premier, Pfff en 2011, aux éditions Joëlle Losfeld, Gallimard
Hélène Sturm, Walter
Voir ici la critique de la cause littéraire  🙂

une biographie dans la Garde-Adhéma
Hélène