Haïti au Grand Palais

Deux siècles de création artistique jusqu’au 15 février 2015
Voir ici la vidéo du vernissage en présence de Christiane Taubira
Une exposition différente des blockbuster actuels, à la dimension limitée, pour éviter un trop plein, qui peut même éveiller une certaine frustration.
Haïti
Cette exposition est dédiée à la création artistique haïtienne, du XIXe siècle à aujourd’hui. Autour d’un noyau d’oeuvres contemporaines, certaines réalisées spécifiquement pour l’occasion, elle présente selon un parcours non chronologique, des temps forts de l’histoire de l’art haïtien, et propose de porter un nouveau regard à cet art insuffisamment connu en France.
Expo haïti
L’exposition a pour objectif de dépasser les stéréotypes de la peinture naïve et de transcender la vision magico-religieuse et exotique trop souvent associée de manière restrictive à l’art haïtien. Sans écarter les influences syncrétiques des symboles chrétiens, maçonniques et vaudou sur l’imaginaire collectif, l’exposition rend compte de l’extraordinaire vitalité de la création artistique, où tout se métamorphose en toutes circonstances, où se côtoient de manière singulière le « pays réel » et le « pays rêvé ».
Depuis la fin du XXe siècle, la concentration urbaine à Port-au-Prince et l’effervescence qui parcourt la société haïtienne a favorisé l’émergence d’une esthétique contemporaine à travers la peinture, le dessin, l’installation, la vidéo, la sculpture d’objets recyclés…
JM Basquiat
Autour de sept sections, dont un Duo avec Jean-Michel Basquiat et Hervé Télémaque, la scénographie laisse une large place aux artistes contemporains de toutes générations vivant en Haïti (Mario Benjamin, Sébastien Jean, André Eugène, Frantz Jacques dit Guyodo, Céleur Jean-Hérard, Dubréus Lhérisson, Patrick Vilaire, Barbara Prézeau, Pascale Monnin…), en France (Hervé Télémaque, Elodie Barthélemy), en Allemagne (Jean-Ulrick Désert), en Finlande (Sasha Huber), aux États-Unis (Edouard Duval Carrié, Vladimir Cybil Charlier), au Canada (Marie-Hélène Cauvin, Manuel Mathieu).
Hervé Télémaque

À l’extérieur du Grand Palais, les visiteurs sont accueillis par une sculpture monumentale d’Edouard Duval Carrié.
Aux lendemains de l’Indépendance d’Haïti, au début du XIXe siècle, des académies de peinture sont créées par les dirigeants de la première République noire du monde. Animées pour la plupart par des peintres européens, elles donnent naissance à l’art du portrait (Colbert Lochard, Séjour Legros, Edouard Goldman), consacré essentiellement aux hommes et femmes de pouvoir confrontés à la nécessité de se construire une identité historique.
Cette tradition du portrait officiel sera ensuite interprétée, sous forme de satire, pour témoigner du climat politique tourmenté d’Haïti. Fondé en 1944, le Centre d’Art de Port-au-Prince, devient le lieu emblématique de la vie artistique haïtienne. Avec une rare puissance évocatrice, les artistes populaires font irruption dans la ville et forcent à la reconnaissance de leurs sensibilités (Hector Hyppolite, Philomé Obin, Préfète Duffaut, Wilson Bigaud, Robert Saint-Brice…).
Expo HaïtiEn forme de dissidence, les années 50 voient naître un nouvel élan créatif avec l’ouverture du Foyer des arts plastiques, puis de la galerie Brochette. Des artistes, parmi lesquels Lucien Price, Max Pinchinat, Roland Dorcély… en quête de nouveaux paradigmes, explorent alors les voies de l’abstraction et du surréalisme dans un contexte d’échanges permanents avec les artistes ou les intellectuels américains et européens.
Avec près de 60 artistes et plus de 160 oeuvres provenant de collections publiques ou privées haïtiennes (Musée du Panthéon national haïtien, Musée d’art haïtien du Collège Saint-Pierre, Bibliothèque des Pères du Saint-Esprit, Loge L’Haïtienne du Cap-Haïtien, Fondation FPVPOCH / Marianne Lehmann, Fondation Culture Création), françaises (Château de Versailles, Musée d’art moderne de la Ville de Paris, Musée d’art contemporain de Marseille), américaine (Milwaukee Art Museum), l’exposition présente une création artistique dégagée de tout cadre rigide, mêlant sans difficulté poésie, magie, religion et engagement politique. Ces oeuvres d’une extraordinaire richesse qui n’ont cessé de jaillir au coeur du destin agité d’Haïti – certaines restaurées après le séisme de janvier 2010 – sont en grande partie présentées pour la première fois en France.
commissaires : Régine Cuzin, commissaire indépendante, fondatrice de l’association OCEA, Paris et Mireille Pérodin-Jérôme, directrice des Ateliers Jérôme, Port-au-Prince scénographie : Sylvain Roca et Nicolas Groult

Peter Doig à la Fondation Beyeler

A la Fondation Beyeler jusqu’au 22 mars 2015
 

Peter Doig
Peter Doig

Peter Doig est chez lui dans de nombreux univers.
Né à Edimbourg en 1959, il n’avait que deux ans quand sa famille est partie pour Trinidad avant de déménager une nouvelle fois cinq ans plus tard, au Canada, cette fois. Aujourd’hui, Doig partage sa vie entre Trinidad, Londres et New York, tout en enseignant à la Kunstakademie de Düsseldorf. C’est un artiste extrêmement polyvalent, qui maîtrise différentes techniques et multiplie les expériences, notamment dans son oeuvre gravée. Ses toiles, généralement de grand format, séduisent par la densité de leur atmosphère en même temps que par l’intensité de leurs couleurs et de leur luminosité.
Peter Doig Gasthof zur Muldentalsperre, 2000-2002 Huile sur toile, 196 x 296 cm Collection privée, donation partielle et promise à l‘Art Institute de Chicago en l‘honneur de James Rondeau © Peter Doig. All Rights Reserved / 2014, ProLitteris, Zürich
Peter Doig
Gasthof zur Muldentalsperre, 2000-2002
Huile sur toile, 196 x 296 cm
Collection privée, donation partielle et promise à l‘Art Institute de Chicago
en l‘honneur de James Rondeau
© Peter Doig. All Rights Reserved / 2014, ProLitteris, Zürich

Peu d’artistes contemporains savent aussi bien que Peter Doig jeter un pont entre l’art moderne et l’art contemporain tout en anticipant l’avenir. Doig est particulièrement à l’écoute des sensibilités de notre monde, qu’il exprime à travers son art. Dans ses tableaux, le temps paraît s’écouler à un autre rythme que dans la vie réelle, il semble se dérouler plus lentement, s’arrêter même, se rapprochant ainsi du rêve, de l’hallucination, de la méditation ou des effets spéciaux du cinéma. Cette impression est encore renforcée par les différents états de fluidité qu’adopte sa peinture.
Peter Doig Figures in Red Boat, 2005-2007 Huile sur toile, 250 x 200 cm Collection privée, New York © Peter Doig. All Rights Reserved / 2014, ProLitteris, Zürich
Peter Doig
Figures in Red Boat, 2005-2007
Huile sur toile, 250 x 200 cm
Collection privée, New York
© Peter Doig. All Rights Reserved / 2014, ProLitteris, Zürich

De même, ce qui se passe dans les tableaux de Doig n’est pas facile à définir temporellement. Le rapport au présent s’estompe dans la déperdition de soi des personnages, dans le jeu des reflets dans l’eau et dans l’intemporalité de la nature. Le plus souvent, les idées picturales de Peter Doig se rattachent à des fragments de notre présent – photographies de famille, coupures de presse, images de films. Ceux-ci donnent l’impulsion à des toiles qui réalisent un collage si habile d’éléments qu’il en résulte une composition cohérente et pleine de tension, se dérobant à toute tentative d’élucidation.
Ses toiles, aux dimensions souvent imposantes, créent une impression à la fois familière et mystérieuse, tout en restant indécises, évoquant des séquences oniriques ou cinématographiques concentrées.
Peter Doig 100 Years Ago (Carrera), 2005-2007 Huile sur toile, 229 x 359 cm Centre Pompidou, Musée national d’art moderne / Centre de création industrielle, Paris © Peter Doig. All Rights Reserved / 2014, ProLitteris, Zürich
Peter Doig
100 Years Ago (Carrera), 2005-2007
Huile sur toile, 229 x 359 cm
Centre Pompidou, Musée national d’art moderne / Centre de création industrielle, Paris
© Peter Doig. All Rights Reserved / 2014, ProLitteris, Zürich

Les oeuvres de Peter Doig sont autant d’expéditions fantastiques dans un monde merveilleux. La nature qui s’y épanouit en couleurs somptueuses est peuplée de créatures étranges – humains, figures de carnaval ou êtres fabuleux. Malgré cette beauté ensorcelante et cette mélancolie onirique, il ne s’agit pas ici de l’ébauche d’un Paradis. Partout se dissimulent des ombres et des abîmes, en même temps que la solitude, le lugubre, le danger, la peur et l’égarement qui menacent les individus dans leur prétendue idylle. Cet art associe étroitement réalité et absurde, et l’on y perçoit parfois le frémissement sous-jacent d’un souffle d’ironie typiquement britannique.
La peinture aussi mystérieuse que magistrale de Peter Doig en fait l’un des artistes les plus intéressants de notre temps.
Doig est parfaitement conscient de la grande tradition dans laquelle il s’inscrit : il se réfère à des peintres tels que Gustave Courbet, Edvard Munch, Pierre Bonnard, Francis Bacon et plus particulièrement encore Paul Gauguin, la représentation de paysages tropicaux n’étant pas le seul point commun qui le lie à ce dernier.
La profonde connaissance qu’il a de cet héritage pictural se révèle notamment dans la composition de ses tableaux, le choix des couleurs ou ses techniques picturales. Ce qui n’empêche pas Doig d’être fermement ancré dans le présent.
L’exposition de la Fondation Beyeler présente un choix d’oeuvres réalisées par l’artiste entre 1989 et 2014. Cet aperçu de la création de Peter Doig n’est pas ordonné chronologiquement mais en fonction de centres d’intérêt, le traitement de la couleur, tout à la fois moyen esthétique et matériau, occupant en l’occurrence le premier plan. Le parcours s’ouvre sur ses tableaux emblématiques et nostalgiques de mondes exotiques, dont les représentations de canoë constituent des illustrations exemplaires.
Ses tableaux reproduisant une peinture murale et construits de manière géométrique et tectonique nous rappellent que peindre, c’est travailler avec la surface du fond pictural.
Peter Doig Blotter, 1993 Huile sur toile, 249 x 199 cm National Museums Liverpool, Walker Art Gallery, donation John Moores Family Trust, 1993 © Peter Doig. All Rights Reserved / 2014, ProLitteris, Zürich
Peter Doig
Blotter, 1993
Huile sur toile, 249 x 199 cm
National Museums Liverpool, Walker Art Gallery, donation John Moores Family Trust, 1993
© Peter Doig. All Rights Reserved / 2014, ProLitteris, Zürich

Les oeuvres dominées par le traitement de la couleur blanche dépassent la représentation de scènes hivernales. Ce sont également des tentatives pour débattre avec sa propre existence, « pour comprendre ce que vivre dans son propre univers de représentation veut dire », comme l’a formulé Doig à propos de l’oeuvre centrale qu’est Blotter (1993).
Le blanc, qui se pose tel un rideau sur un fond qui n’est que partiellement visible, fait l’effet d’une trame empêchant le spectateur de se repérer dans l’image. En même temps il se dégage une impression de solitude, Narcisse, dans le miroir de l’eau que Doig récuse.
Les très célèbres tableaux de la série Concrete Cabin de la première moitié des années 1990 constituent peut-être un des meilleurs regards rétrospectifs peints sur l’art moderne : le spectateur a l’impression d’observer à travers l’écran d’une forêt, autrement dit d’une structure naturelle, la structure technique de la modernité architecturale, l’« Unité d’Habitation » de Le Corbusier à Briey, en Lorraine.
Peter Doig Concrete Cabin II, 1992 Huile sur toile, 200 x 275 cm Courtesy Victoria and Warren Miro © Peter Doig. All Rights Reserved / 2014, ProLitteris, Zürich
Peter Doig
Concrete Cabin II, 1992
Huile sur toile, 200 x 275 cm
Courtesy Victoria and Warren Miro
© Peter Doig. All Rights Reserved / 2014, ProLitteris, Zürich

Des représentations d’apparitions quasi spectrales, constituées de différentes couches de couleur diluée et dont l’effet est absolument monumental (Man Dressed as Bat, 2007), sont placées en vis-àvis de travaux plus récents, dont l’intensité chromatique est encore accrue. (Spearfishing, 2013).
En outre, l’oeuvre gravée expérimentale de Doig est ici présentée pour la première fois dans le cadre d’une exposition. Ces créations revêtent une fonction majeure dans son processus de travail, dans la mesure où elles naissent souvent avant les peintures proprement dites. Doig teste dans ces estampes les différentes ambiances qu’il cherche à transmettre dans ses grands formats. Le tableau achevé constitue ainsi en quelque sorte le dernier état d’une estampe.
Peter Doig
Doig est un homme d’une infinie curiosité, qui associe ses souvenirs d’observations personnelles à des archives photographiques considérables comprenant aussi bien des scènes de tous les jours que des innovations esthétiques. Observations quotidiennes, archives iconographiques et expérience pratique à l’atelier : ces trois voies d’exploration se fondent dans l’art de Doig.
Sa curiosité lui inspire d’étranges expériences visuelles : il recouvre ainsi des couleurs éclatantes de lasures sombres, noirâtres (Concrete Cabin, 1991/92) ou applique de fines couches blanches, qui assourdissent paradoxalement l’atmosphère générale de la toile (Ski Jacket, 1994).
Doig est un observateur incroyablement concentré, et souvent ironique : en tant qu’auteur de ses inventions visuelles, il y occupe évidemment une position centrale. Ce qui ne l’empêche pas de se poser en même temps en spectateur étranger, en marge, ouvert aux effets de surprise que recèle la couleur diluée par des solvants ou épaissie en une pâte couvrante. Il suit le déplacement du centre optique, tout en le gouvernant : il accorde une attention égale au « caractère » d’une figure, aux dessins muraux décoratifs ou aux voiles lumineux végétaux et atmosphériques, qui prêtent à ses environnements picturaux des qualités tout à fait singulières. Doig remarque que la réaction sensorielle, instinctive même, à telle ou telle toile peut varier selon les personnes, car la contemplation d’une peinture est un processus complexe qui ne se limite pas à une action unique : Le peintre souligne que ce qui compte pour lui, ce n’est pas
« peindre quelque chose de figé mais représenter le mouvement de l’oeil. L’oeil ne voit jamais une “image immobile”. »
En raison de son aspect primaire – de sa « matérialité » fondamentale –, la sphère de sensation de la peinture s’étend au-delà de chaque image, et même au-delà des images technologiquement au point et  diffusées à l’infini de notre temps. Après des milliers d’années d’histoire, la peinture conserve un lien originel avec toute la gamme des sentiments humains, de l’intelligence et de l’évolution de l’homme. Quant à nous, spectateurs, nous perdons le fil narratif en regardant ses oeuvres. Nous perdons notre place dans la culture, notre monde de significations secondaires, détournées, même si nous conservons les bases de l’association conceptuelle. Cette perte est un gain : nous gagnons l’accès à l’expérience originelle, quand bien même celle-ci continue à se dérober à notre connaissance.
Peter Doig
Peter Doig réalise spécifiquement pour cette exposition et pour la Salle Renzo Piano de la Fondation Beyeler une peinture murale monumentale avec la collaboration de ses élèves. Elle repose sur House of Pictures (Carrera) de 2004, une oeuvre qui traite du thème de la vision ou ouvre des aperçus imaginés sur un monde imaginé avec, à l’arrière-plan, la silhouette de l’île prison de Carrera, située au large de Trinidad.
Dans le bas circulent des herbes qui font penser à Dürer.
Urs Küster commissaire
Heures d’ouverture de la Fondation Beyeler :
tous les jours 10h00–18h00, le mercredi jusqu’à 20h00

Sommaire de novembre 2014

Exposition Haïti
Exposition Haïti

04 novembre 2014 : DENIS DARZACQ
Vacances
20 novembre 2014 : Le jardin Majorelle à Marrakech
23 novembre 2014 : ST’ART 19e 2014
Paris
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Fondation Vuitton

ST’ART 19e 2014

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ST-ART est devenue, au fil de ses 18 éditions, une vitrine de l’art contemporain sous toutes ses formes et un rendez-vous culturel majeur, incontournable pour les collectionneurs et les amateurs d’art à la recherche d’oeuvres marquantes , à Strasbourg.
C’est la 2e foire française en ancienneté, après Paris, ouverte sur l’Europe et sur le monde, elle est un moment privilégié de rencontres et d’acquisition d’oeuvres.
Foire d’Art Contemporain à taille humaine, adaptée aux 30 000 visiteurs qui s’y rendent, ST-ART continue à construire son caractère unique et son rôle au milieu de la scène internationale.
 St'Art
Un peu moins conceptuelle, avec quelques traits belligérants, 90 galeries participantes,ST-ART est le rendez-vous avec des galeristes provenant de : Allemagne, Belgique, Espagne, Italie, Luxembourg s’ajoutent ponctuellement celles originaires des Pays Bas, de Suède, de Hongrie, de Suisse, du Danemark, de Turquie, de Roumanie, de République Tchèque ou encore de Corée du Sud et du Japon Cette année, la Foire d’Art Contemporain innove et crée un espace dédié où chaque galerie pourra exposer une oeuvre à moins de 1 000 € permettant ainsi à un public plus large d’accéder à l’art sous toutes ses formes. De plus, pour la première fois cette année, une quinzaine de galeries ont été invitées à présenter, au delà de leur stand, un focus sur un artiste (one man show), un concept ou encore un espace consacré au dessin Galeries participantes : Galleria Punto Sull’Arte, Galerie Phylactère, Galerie Lazarew, Galerie Mario Bermel, Ergastule, Galerie Virginie Barrou Planquart, Radial art contemporain, Galleria Forni, Xavier Ronse Gallery
 

Silvi Simon, série de Lunes, Galerie Yves
Silvi Simon, série de Lunes, Galerie Yves Iffrig

 
La foire présente tous les ans les ouvres d’un collectionneur, cette année, c’est tout à fait original et non classique :
Madeleine Millot-Durrenberger (vidéo)
Elle met en regard des photos d’artistes, d’oeuvres connues, originales, datées et signées, avec un cartel explicatif, se donnant le rôle de passeur, en proposant un JEU, comme un exercice d’admiration et d’observation, qui aurait le courage de toucher au sacré de certaines icônes de notre mémoire collective.
Mes choix, coups de cœur et focus, arbitraires et subjectifs :
Galerie Chantal Bamberger – Strasbourg,
 Gérard Titus-Carmel
Gérard Titus-Carmel

Peintre, dessinateur et graveur, Gérard Titus-Carmel s’est formé à la gravure et à l’orfèvrerie à l’École Boulle à Paris de 1958 à 1962 et réalise depuis une oeuvre très liée à l’écriture, la poésie et la littérature. Travaillant par série autour d’un objet ou d’un thème, ce qui l’amène à concevoir des installations où c’est un objet qui se dégrade.
Gérard Titus-Carmel vient d’être couronné, le 19 novembre 2014, du Grand Prix artistique (Peinture) de la Fondation Simone et Cino del Duca en 2014, par l’Académie des Beaux Arts de Paris.

« Ces derniers temps, une flore inconnue s’est sournoisement développée dans l’espace de l’atelier. Des conditions particulièrement favorables ont sans doute aidé sa forte croissance, presque monstrueuse : palmes souples et alanguies, feuilles acérées achevant un fouillis de tiges tordues qu’on devine élastiques et difficilement cassantes, bouquets épineux et buissons fous sont montés à l’assaut des murs, les couvrant déjà à demi. Il s’agit maintenant d’élaguer, d’étêter, de couper et d’égaliser : je ferai, me dis-je, une haie droite et bien taillée de cette forêt sans âge et si peu respirable que l’envie de border de bandes de couleur, en haut et en bas, ces grands fusains noirs, afin d’en contenir l’expansion, m’est naturellement venue à l’esprit. Comme s’il s’agissait d’intimer à cette touffeur l’ordre de s’en tenir là, à une hauteur qui n’est pas à dépasser et, du même coup, d’en estimer la formidable vitalité à la seule échelle de mon corps. Autrement dit, j’ai pris mesure de mon corps à toiser cet exubérant jardin. « 

Feuillées Le Temps qu’il fait 2004
On se souvient de son travail sur le retable d’Issenheim

Gérard Titus-Carmel
Françoise Pétrovitch
L’ESGAA propose sur son stand une exposition consacrée à l’artiste Françoise Pétrovitch. L’installation de 5 à 7 cages en verre, où des coeurs, des petites créatures, des parties du corps, sont emprisonnés ou prêts à s’évader.  Les oeuvres sont  réalisées avec la collaboration du Centre International d’Art Verrier de Meisenthal.

Françoise Pétrovitch
Françoise Pétrovitch

et la jeune chinoise Huiyu YAN créant des roses, des sculptures en verre, travaillant sur la transparence, les reflets, des splendeurs
Huiyu YAN
Huiyu YAN

Galerie Bertrand Gillig – Strasbourg,
Laure ANDRE
Elle se définit elle-même comme plasticienne, car elle exerce son art sur tous types de médias, dont les plus incongrus, comme des pétales de monnaies du pape, des hosties, des boites d’entomologie, des napperons, des robes, etc … elle a même réalisé des oeuvres en moulage de chocolat. Son propos s’architecture autour de la mémoire : souvenirs des défunts, des objets qui leur ont appartenu, de la trace qu’ils ont laissée de leur passage sur terre, et notamment l’entretien de celle-ci à travers les actes de dévotion. De ceci découle aussi un travail sur la mort et sur la peur de la blessure et de l’accident. Sans oublier son évocation, sur Oradour sur Glanes à partir d’archives, trouvées dans un grenier de la famille.
Merveilleux travail tout de finesse et de délicatesse.
Laure André
Laure André

Galerie Arnoux – Paris,
A l’écart des modes passagères la Galerie Arnoux s’est donné pour vocation, depuis bientôt 30 ans, de faire découvrir ou redécouvrir les avant-gardes abstraites des années 50. Parallèlement au « deuxième marché », elle se consacre essentiellement à des expositions ou rétrospectives de peintres ou sculpteurs, le plus souvent en exclusivité, dont elle soutient le travail à long terme.! L’abstraction des années 50 est sans aucun doute l’un des principaux mouvements d’avant-garde du siècle dernier. Il commence enfin à prendre la place qu’il mérite auprès des collectionneurs avertis heureux de trouver, notamment à la galerie, des oeuvres historiques à des conditions financières encore abordables.
Arnoux Galerie
Galerie Pascal Gabert (vidéo)
Galerie Christophe Fleuroy
avec ses fidèles Waydelich, Montanaro etc ..

Christophe Fleuroy
Une galerie coréenne
« Les œuvres ne sont pas à vendre ».
La peintre coréenne Hwang Eun Sung en habit d’apparat explique :
« Les œuvres appartiennent à une fondation, qui nous a fait venir ici. Je souhaite juste me faire connaître et partager mes émotions. Je suis chrétienne, très pratiquante, et peindre est comme prier pour moi. Vous voyez cette ligne verticale dans la peinture ? Cela traduit le moment où la foi me touche. »
Oeuvres assez hermétiques, mais je vais me plonger dans le catalogue remis par son fils, et commenté par le critique d’art Patrick Gilles Persin présent dans la galerie
Hwang Eun Sung
Hwang Eun Sung


L’Estampe – Strasbourg,
présente ses dernières éditions de Erro, Adami, Klasen, Villeglé, et Hervé Di Rosa, mais continue de présenter et de soutenir activement des artistes d’autres mouvements comme Tony Soulié ainsi que des artistes régionaux tels que Christophe Hohler, Roger Dale et Raymond Waydelich.
ERRÓ
Influencé par la culture populaire autant que par la BD, nous retrouvons dans les oeuvres qu’il nous propose une palette d’images inscrites dans l’histoire de l’art sous forme de référence à Fernand Léger, Lichtenstein, Picasso… La technique de l’aquagravure contribue à donner une nouvelle forme à ses compositions hautes en couleurs et en références.
Erro et Di Rosa
 
Un émule de Tinguely, Jacques Leblanc
récupérant la ferraille pour créer des oeuvres hétéroclites, essentiellement des navires et des grues.
Jacques Leblancphotos de l’auteur
vidéos Ouvre tes yeux
Ouvretesyeux

Le jardin Majorelle à Marrakech

En 1919 le peintre français Jacques Majorelle (1886-1962) (fils du célèbre ébéniste artiste décorateur art nouveau Louis Majorelle de Nancy) s’installe dans la médina de Marrakech (durant le protectorat français au Maroc) dont il tombe amoureux.
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En 1922 il achète une palmeraie en bordure de celle de Marrakech, au nord-ouest de la médina, et en 1931, il fait construire par l’architecte Paul Sinoir sa villa style architecture mauresque / art déco d’une étonnante modernité, inspirée de l’architecte Le Corbusier. Il y aménage son habitation principale au premier étage et un vaste atelier d’artiste au rez-de-chaussée pour peindre ses immenses décors.
Jardin Majorelle
Amoureux de botanique, il crée son jardin botanique inspiré de jardin islamique avec la luxuriance d’un jardin tropical autour de sa villa, « un jardin impressionniste », « une cathédrale de formes et de couleurs », structuré autour d’un long bassin central, avec plusieurs ambiances variées, où se nichent des centaines d’oiseaux.
 
Majorelle jardin Ce jardin est une œuvre d’art vivante en mouvement, composé de plantes exotiques et d’espèces rares qu’il rapporte de ses voyages dans le monde entier : cactus, yuccas, nénuphars, lotus, nymphéas, jasmins, bougainvillées, palmiers, cocotiers, bananiers, bambous, caroubiers, agaves, cyprès … et orné de fontaines, bassins, jets d’eau, jarres en céramique, allées, pergolas …
Jardin Majorelle
En 1937 l’artiste crée le bleu Majorelle, un bleu outremer / cobalt à la fois intense et clair dont il peint les murs de sa villa, puis tout le jardin pour en faire un tableau vivant qu’il ouvre au public en 1947.
Suite à un accident de voiture, Majorelle est rapatrié à Paris où il disparaît en 1962. Le jardin est alors laissé à l’abandon durant plusieurs années.
Jardin Majorelle
Yves Saint Laurent et Pierre Bergé découvrent le Jardin Majorelle en 1966, au cours de leur premier séjour à Marrakech :
« nous fûmes séduits par cette oasis où les couleurs de Matisse se mêlent à celles de la nature ».
Ils achètent le jardin Majorelle en 1980 pour le sauver d’un projet de complexe hôtelier qui prévoyait sa disparition ; ce sera la troisième acquisition du couple dans la ville de Marrakech. Les nouveaux propriétaires décident d’habiter la villa de l’artiste, rebaptisée Villa Oasis, et entreprennent d’importants travaux de restauration du jardin pour
« faire du jardin Majorelle le plus beau jardin, celui que Jacques Majorelle avait pensé, envisagé ».
Jardin Majorelle, entrée musée Berbère
L’atelier du peintre est transformé en un musée berbère ouvert au public et dans lequel la collection Yves Saint Laurent et Pierre Bergé est exposée.
Disparu le 1er juin 2008 à Paris, les cendres d’Yves Saint Laurent sont dispersées dans la roseraie de la villa Oasis et un mémorial, composé d’une colonne romaine ramenée de Tanger posée sur un socle où une plaque porte son nom.
Jardin majorelle, mémorial St Laurent
Le 27 novembre 2010, la princesse Lalla Salma, épouse du roi du Maroc Mohammed VI, inaugure l’exposition Yves Saint Laurent et le Maroc en même temps que la création de la rue Yves Saint Laurent.
Jardin Majorelle
Le 3 décembre 2011, le musée berbère est inauguré au rez-de-chaussée de la villa en présence du ministre de la culture française Frédéric Mitterrand, et la maison où vivait Yves Saint Laurent est labellisée Maisons des Illustres. À ce jour, le jardin, entretenu par une vingtaine de jardiniers, est un des sites touristiques les plus visités de Marrakech et du Maroc avec plus de 600 000 visiteurs annuels.
La villa n’est pas visible, ni  visitable

DENIS DARZACQ

Comme un seul homme
Denis Darzacq
Les images de Denis Darzacq me sont familières, vues des Vosges maintes fois arpentées, paysages de sous bois romantiques, de forêts paisibles renvoyant à des artistes classiques tels que Corot, Watteau, de neige entachée (Courbet), de brouillards mystérieux (Robert Cahen), plutôt  classiques et neutres. Elles sont judicieusement accrochées aux cimaises de la Galerie de la Filature, Scène Nationale de Mulhouse.
Denis Darzacq
En fait, le projet de l’artiste est de mettre en images de façon symbolique, le fossé qui existe entre la jeunesse d’aujourd’hui et celle sacrifiée de la guerre 1914/1918, d’allier l’histoire de l’art et l’histoire commune. Il offre à cette jeunesse, de s’approprier cette mémoire, en les conduisant sur les lieux même de ces batailles, mais aussi de participer de façon active à la vidéo. Toutes les photos présentées sont des évocations des lieux de batailles, comme le fort de Douaumont, la région de Béthune, Arras.
Un bosquet un trou d’obus, la glace qui font, symbole de réconciliation entre Allemands et Français, le vieil arbre, le vieux grognard par opposition aux jeunes arbres, le renouveau, images symboliques qui font sens.
Denis Darzacq
En retrait, la vidéo. (11 mn)
Sur une idée de Denis Darzacq et Fabrice Rozié (co-auteur de l’exposition et attaché culturel au consulat de France à Chicago) produit par Denis Darzacq et Martin Bertier  « Comme un seul homme «  donne à entendre un texte écrit à partir de lettres inédites de soldats français, anglais et allemands, dans la bouche de jeunes d’aujourd’hui en visite sur les lieux de mémoire de la Grande guerre. Lettres d’origine,  elles sont toutes traduites en Français.
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À travers leur manière de le dire, faite d’enthousiasme, d’hésitation, d’indifférence, de soumission à l’exercice ou d’implication profonde, se dessine le portrait d’une génération en écho de celle qui monta à l’assaut des tranchées au même âge. La vidéo présentée est le fruit de son travail mené avec des lycéens du Nord-Pas de Calais, d’Île-de-France et d’Alsace sur trois sites de grandes batailles (dans l’Artois, à Verdun et au Hartmannswillerkopf, mémorial du Linge).
A Mulhouse où Denis Darzacq a été en résidence à la Filature, c’est le Lycée d’Enseignement Général et Technologique Michel de Montaigne, les élèves de la classe Patrimoine, qui a été associé aux visites et à l’évènement, depuis 2013.
Rejoignez l’événement
CLUB SANDWICH
visite de l’exposition le temps d’un pique-nique tiré du sac
jeudi 6 novembre de 12h30 à 13h40

Club sandwich
VISITE GRATUITE
sur inscription : Héloïse Erhard 03 89 36 28 34 ou heloise.erhard@lafilature.org
EXPOSITION À LA MEP À PARIS EN 2015
le projet Comme un seul homme de Denis Darzacq, coproduit par La Filature, sera présenté à la Maison Européenne de la Photographie du 14 avril au 14 juin 2015.
SITE :  www.denis-darzacq.com
Seul inconvénient, les reflets dus aux vitres apposées pour protéger  les photos.
photos 1 et 3 de l’auteur
autres photos courtoisie de la Filature
 

Sommaire d'octobre 2014

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03 octobre 2014 : Hokusai le « fou de dessin » au Grand Palais
06 octobre 2014 : L’art en ville: parcours de découverte
09 octobre 2014 : Nuit Américaine à la Filature de Mulhouse
10 octobre 2014 : Il s’en est fallu de peu, Kunsthalle de Mulhouse
12 octobre 2014 : Les Borgias et leur temps au musée Maillol
15 octobre 2014 : Prendre le temps à la Fondation Fernet Branca
19 octobre 2014 : Caspar Wolf et la conquête esthétique de la nature
21 octobre 2014 : Talents contemporains 2012
24 octobre 2014 : La poésie de la métropole. Les Affichistes
29 octobre 2014 : Paul Durand-Ruel, Le pari de l’impressionnisme

Paul Durand-Ruel, Le pari de l’impressionnisme

Pierre-Auguste RENOIR (Limoges, 1841 – Cagnes-sur-Mer, 1919) Paul Durand-Ruel 1910 Huile sur toile. H. 65 ; l. 54 cm Collection particulière
Pierre-Auguste RENOIR (Limoges, 1841 – Cagnes-sur-Mer, 1919)
Paul Durand-Ruel
1910
Huile sur toile. H. 65 ; l. 54 cm
Collection particulière

« Sans Durand, nous serions morts de faim, nous tous les impressionnistes. Nous lui devons tout » : au soir de sa vie, le peintre Claude Monet rendait ainsi hommage à celui qui fut son principal marchand au XIXe siècle.

une belle plongée dans l’impressionnisme

Paul Durand-Ruel (1831-1922) a le premier fait le pari de l’impressionnisme au début des années 1870, à l’heure où la « Nouvelle Peinture » de la vie moderne, vibrante et colorée, de Manet, Monet, Renoir, Degas, Sisley, Pissarro, Cassatt et Morisot, rencontrait l’incompréhension.

Paul Durand-Ruel naît à Paris, le 31 octobre 1831. Ses parents dirigent alors un magasin qui est à la fois une papeterie et un commerce de fournitures pour artiste. Progressivement ils se consacrent à une autre activité : le commerce de tableaux. Ils exposent alors les oeuvres d’artistes comme par exemple Eugène Delacroix. Leur boutique devient rapidement un point de rencontre pour les artistes et les collectionneurs. Leur succès est tel qu’en 1856, ils s’installent dans un des plus luxueux quartiers du nouveau Paris au 1, rue de la Paix. Bourgeois typiques du Second Empire, les Durand-Ruel offrent à leur fils de solides études. Paul souhaite s’orienter vers une carrière militaire ou religieuse. Mais pour des raisons de santé, il ne peut poursuivre ses études à l’école de Saint-Cyr dont il avait pourtant réussi le concours d’entrée. Il travaille alors auprès de ses parents. Là, il fait la connaissance de nombreux artistes et collectionneurs qui viennent du monde entier et passent par la galerie au moment des Salons, ces expositions officielles.

C’est  la vue de la toile de Delacroix, « l’Assassinat de l’Evèque de Liège » exposée lors de l’exposition universelle de 1855, qui lui ouvrit définitivement les yeux et où  il découvre sa vocation pour l’art vivant. Sa passion pour cet artiste l’amène à s’intéresser aux « peintres de la Belle Ecole de 1830 » (Delacroix, Rousseau , Corot,
Courbet, Daumier, Millet).

Paul Durand comprend le potentiel de ces peintres en rupture avec les tenants de l’académisme et prend des initiatives en signant avec certains d’entre eux des contrats d’exclusivité, se réservant la vente de l’intégralité de leur production.
Pour soutenir les artistes dont il vend les oeuvres, il crée la
« Revue internationale de l’art et de la Curiosité ». Les affaires marchent bien.
En juillet 1870, la France déclare la guerre à la Prusse et Durand-Ruel décide alors, de mettre son stock de tableaux à l’abri à Bruxelles et à Londres. Il y poursuit son commerce, les collectionneurs anglais trouvent rapidement le chemin de sa galerie.
Là, le marchand organise des expositions dédiées à l’art français dans lesquelles il mélange habilement tradition et nouveauté et le succès est au rendez-vous. La période de guerre tant redoutée aura finalement eu des effets positifs importants sur le développement international des galeries Durand-Ruel et sur les peintres qui y seront exposés.
Il y rencontre en effet deux figures majeures de la peinture impressionniste :
Camille Pissarro (vidéo) et Claude Monet (vidéo). Grâce à eux, de retour en France, il fera la connaissance de deux autres futurs grands noms du mouvement :
Alfred Sisley (vidéo) et Pierre-Auguste Renoir (vidéo). Ce dernier deviendra d’ailleurs l’un de ses amis les plus proches. Actuellement à voir l‘exposition qui lui est consacrée à la Fondation Gianadda
« Durand-Ruel était un missionnaire. C’est une chance pour nous que sa religion ait été la peinture. »
Pierre-Auguste Renoir

Renoir, Danse à Bougival, 1883
Renoir, Danse à Bougival, 1883

Convaincu par le talent de ces artistes, Paul Durand-Ruel achète rapidement une partie de leur ancienne production. C’est un peu plus tard qu’il fera la rencontre de Manet (vidéo) et Degas (vidéo).
Ainsi en quelques années, Durand-Ruel est-il devenu le principal défenseur de l’Impressionnisme naissant. Il fallait bien du courage à ce marchand alors que, pratiquement toute la société ne voyait que du barbouillage dans ce nouveau mouvement artistique !
« Hormis ceux de ses artistes, il n’est pas un nom qui soit davantage lié à l’histoire de l’impressionnisme que celui de Paul Durand-Ruel », déclarait en 1943 l’éminent historien de l’art John Rewald. À ses yeux, Durand-Ruel était bien plus qu’un marchand d’art, un ami loyal, un défenseur enthousiaste et le « patron » courageux des impressionnistes, qui acheta quelque mille cinq cents Renoir, plus de mille Monet, huit cents Pissarro, plus de quatre cents Degas, près de quatre cents Sisley, autant de Cassatt, ainsi que deux cents Manet. Une exposition consacrée à Durand-Ruel et à ses relations avec Monet, Renoir, Pissarro, Sisley, Manet, Degas, Morisot, Cassatt et Cézanne invite donc à une véritable plongée dans l’impressionnisme et offre la chance d’étudier de façon concrète la contribution d’un marchand d’exception à ce mouvement.
Berthe Morisot Femme à sa toilette 1875-80 et Mary Cassatt Le bain de l’enfant 1893
Berthe Morisot Femme à sa toilette 1875-80 et Mary Cassatt Le bain de l’enfant 1893

Cette exposition est la première consacrée au grand marchand des impressionnistes, Paul Durand-Ruel (1831-1922), également considéré comme le « père du marché de l’art moderne ».
La plupart des grandes collections impressionnistes publiques et privées se sont en effet constituées auprès de la galerie Durand-Ruel au tournant du XXe siècle. Encore aujourd’hui, nulle vente impressionniste qui n’ait lieu sans que des tableaux autrefois passés par la galerie n’y figurent. De sa découverte de l’impressionnisme au début des années 1870 jusqu’au succès du début du XXe siècle, Paul Durand-Ruel a acheté, vendu, exposé des milliers d’oeuvres de Manet, Monet, Renoir, Degas, Pissarro, Sisley, Morisot et Cassatt.
Durand-Ruel, le pari de l'impressionnisme
Cette histoire ne s’est pas déroulée sans heurts et, s’il est maintenant salué comme un marchand visionnaire, Durand-Ruel a bel et bien fait le pari de l’impressionnisme. Au fil du temps, les artistes sont en effet de plus en plus agacés par le principe novateur mis en place par le marchand : le monopole, c’est-à-dire la position d’exclusivité sur l’oeuvre d’un artiste. L’artiste bénéficie d’une sécurité financière, mais cela a une contrepartie : le marchand est libre de fixer les prix. Or ils aimeraient bien faire jouer la concurrence pour les négocier, ces fameux prix. C’est ce chapitre de l’histoire de la galerie et du parcours d’un homme que l’exposition, comme son catalogue entendent montrer et étudier grâce à de nouvelles recherches. Reflétant le rayonnement international de la galerie au XIXe siècle, cette exposition évoque avec Paul Durand-Ruel une figure centrale de l’impressionnisme.
vue de l'appartement de Paul Rurand-Ruel
Afin d’offrir une vision alternative de l’art de son époque, le marchand ouvrait son appartement à la visite. L’évocation de cet «appartement-musée» constitue le point de départ de l’exposition qui aborde au fil de cinq autres sections, le goût du marchand pour la « Belle Ecole de 1830 » (Delacroix, Rousseau, Corot, etc…), ses premiers achats aux impressionnistes et à Manet, à Londres et à Paris, les années de crise à travers l’exemple de l’exposition impressionniste de 1876, la promotion des artistes avec l’essor des expositions particulières autour du cas de Monet en 1883 et en 1892, pour se clore sur la diffusion de l’impressionnisme aux Etats-Unis et en Europe, avec un accent sur l’exposition historique des Grafton Galleries à Londres en 1905, encore à ce jour le plus important rassemblement de tableaux impressionnistes. Les collections des musées d’Orsay, de Londres et de Philadelphie comptent près de 200 oeuvres passées par sa galerie. L’exposition réunit plus de 80 tableaux et des documents, provenant de musées et de collections particulières du monde entier. Elle retrace entre fin des années 1860 et 1905, les moments-clés d’une autre histoire de l’impressionnisme, où la réception des oeuvres, leur diffusion, leur circulation sont considérées comme un élément de leur meilleure compréhension.
Monet, Sysley, Pissaro, tryptique
Cette exposition prend place dans les salles du Musée du Luxembourg qui abritait au temps de Paul Durand-Ruel le musée des artistes vivants, où les impressionnistes ont été difficilement et lentement acceptés.
A 89 ans, quelques années avant sa mort, Paul Durand-Ruel réalise qu’
« Enfin les maîtres impressionnistes triomphaient comme avaient triomphé ceux de 1830. Ma folie avait été sagesse. Dire que si j’étais mort à soixante ans, je mourais criblé de dettes et insolvable, parmi des trésors méconnus… ».
Il a risqué 2 fois la faillite à 15 ans de distance, d’une part à cause du crack boursier, d’autres part à cause de l’éveil de la concurrence. Son succès avait fait des émules.

Cette exposition est organisée par la Réunion des musées nationaux – Grand Palais en collaboration avec le musée d’Orsay, la National Gallery, Londres et le Philadelphia Museum of Art.
Elle sera présentée à la National Gallery de Londres du 4 mars au 31 mai 2015, puis au Philadelphia Museum of Art du 24 juin au 13 septembre 2015.
Paul Durand-Ruel
Le pari de l’impressionnisme
ouvrage collectif sous la direction scientifique de Sylvie Patry
L’exposition est accompagnée d’un catalogue réunissant des essais et des notices des oeuvres exposées faisant le point sur les relations entre Durand-Ruel et les impressionnistes à la lumière de recherches inédites, favorisées par la collaboration des Archives Durand-Ruel.
En dehors d’une biographie de Pierre Assouline chez Gallimard, il n’existait à ce jour aucune publication sur Durand-Ruel. (Que grâce lui soit rendu)
Paul Durand-Rue, Le pari de l’impressionnisme 9 octobre 2014 – 8 février 2015
Musée du Luxembourg 19 rue de Vaugirard, 75006 Paris

La poésie de la métropole. Les Affichistes

Musée Tinguely, Bâle :  jusqu’au 11 janvier 2015

À partir des années 1950, une des approches les plus radicales, et à la fois les plus poétiques, de la réalité est due aux « Affichistes » : François Dufrêne, Raymond
Hains et Jacques Villeglé qui, comme Jean Tinguely, comptaient parmi les
« Nouveaux Réalistes ». Dans un esprit commun, leur art rejoignait celui de
Mimmo Rotella et Wolf Vostell.

Jacques Villeglé
Jacques Villeglé

 

L’exposition « Poésie de la métropole. Les affichistes », conçue conjointement par
le Musée Tinguely et la Schirn Kunsthalle Francfort, traite un courant artistique qui, à part en France, n’a guère été traité ailleurs, ni en Suisse ni en Allemagne.
En Suisse, c’est la toute première fois que les affichistes sont montrés dans leur ensemble. L’exposition est organisée sous forme de parcours présentant l’espace
urbain comme lieu de flânerie et d’inspiration multiple, comme lieu de rencontre aussi pour les inventions radicales de ces cinq artistes, qu’il s’agisse de leurs
décollages ou de leurs expérimentations filmiques, photographiques et poétiques.

les Affichistes Musée Tinguely
Dufrêne, Hains et Villeglé, rejoints plus tard par Rotella, s’associèrent avec Arman, Yves Klein, Martial Raysse, Daniel Spoerri et Jean Tinguely pour former les « Nouveaux Réalistes » selon le manifeste établi en 1960 par Pierre Restany.
Certes, le champ artistique était ainsi circonscrit autour du plus petit dénominateur commun, autrement dit les « nouvelles approches perceptives du réel ».
Or, dans le cas des affichistes, ce regroupement ne tient pas compte du fait que, vers 1950 déjà, ils furent d’importants précurseurs d’un nouveau mode de pensée qui permit par la suite, vers 1960, d’élargir les champs de création et d’action artistique. Ce n’est pas par hasard que certaines idées majeures du premier manifeste des
« Nouveaux Réalistes » (1960) renvoient à un texte que Jacques Villeglé avait publié en 1958, Des réalités collectives. Les affichistes ne commencèrent toutefois à exposer que plus tard, et en rapport avec les « Nouveaux Réalistes », lors de la Première Biennale de Paris en 1959 puis, toujours à Paris, avec des expositions monographiques à la Galerie J, dont Restany était proche.
En ce sens, la formation des « Nouveaux Réalistes » eut pour la réception et le succès des affichistes une signification qu’il ne faut pas sous-estimer.

Raymond Hains, Cet homme est dangereux, 1957 Affiche lacérée, marouflée sur toile, 94 x 60,5 cm ahlers collection © 2014 ProLitteris, Zurich; Photo: Lisa Rastl
Raymond Hains, Cet homme est dangereux, 1957
Affiche lacérée, marouflée sur toile, 94 x 60,5 cm
ahlers collection
© 2014 ProLitteris, Zurich; Photo: Lisa Rastl

Avant de collaborer, de se dédier mutuellement des oeuvres ou de se produire ensemble en public, les cinq artistes présentés avaient des origines et évolutions des plus différentes. Ils avaient néanmoins un point commun, leur mode de pensée et d’action touchant à toutes les disciplines possibles : performances, poésie, onomatopées, théâtre, happening, photographie, film, autant de domaines qui prirent forme à travers le procédé et médium du décollage. En même temps, leurs oeuvres – allant de toutes petites études aux gigantesques formats – renferment un potentiel pictural dont l’aspect et figuratif et abstrait semble relever aussi bien de l’évidence que du hasard.
François Dufrêne, A Raymond Hains, 1960 Dessous d'affiches marouflées sur toile, 92 x 73 cm Collection G. Dufrêne © 2014 ProLitteris, Zurich; Basel; Photo: Marc Domage
François Dufrêne, A Raymond Hains, 1960
Dessous d’affiches marouflées sur toile, 92 x 73 cm
Collection G. Dufrêne
© 2014 ProLitteris, Zurich; Basel; Photo: Marc Domage


François Dufrêne
était à l’origine créateur de mots et de sons, lettriste et ultra-lettriste, et quand il s’appropriait des affiches, c’était pour jouer sur les formes et les mots, pour en donner une interprétation qui obscurcisse et éclaire à la fois des fragments formels abstraits, mais aussi parce qu’il était fasciné par la temporalité, l’empreinte et le procédé archéologique de la stratification, comme en attestent ses versos d’affiches détachées.
Avec Raymond Hains, il partageait le plaisir de pousser à l’absurde la déformation/reformation du langage et de l’image, même si Hains était davantage tourné vers le ludique, le hasard pur et l’association libre et que, pour lui, la ville était source de perles infinies d’actions poétiques.
Raymond Hains, Jacques Villeglé, Ach Alma Manetro, 1949 Affiches lacérées collées sur papier marouflé sur toile, 76,2 x 273 x 7,5 cm Centre Pompidou, Paris Musée national d'art moderne / Centre de création industrielle © 2014 ProLitteris, Zurich; Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Photo: Christian Bahier / Philippe Migeat
Raymond Hains, Jacques Villeglé, Ach Alma Manetro, 1949
Affiches lacérées collées sur papier marouflé sur toile, 76,2 x 273 x 7,5 cm
Centre Pompidou, Paris
Musée national d’art moderne / Centre de création industrielle
© 2014 ProLitteris, Zurich; Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Photo: Christian Bahier / Philippe Migeat

Dès la fin des années 1940, Hains réalisa avec Jacques Villeglé les premiers décollages d’affiches, dont celui sans doute le plus connu, Ach Alma Manetro (1949), marque le début de l’exposition.
À partir de 1950, dans un procédé complexe de transformation au moyen de distorsions optiques et de médias changeants, ils conçurent le film Pénélope, qui illustre, comme les décollages, leur méthode conceptuelle consistant à trouver plus qu’à inventer. Pour Villeglé, quant à lui, l’affiche est un fonds se renouvelant sans fin, une mine du
présent qui conserve au fil du temps son esthétique et temporalité spécifique, mais aussi son « lieu historique ».
Mimmo Rotella
Tout ce matériau met la métropole, dans une « productivité autopoétique », à disposition du promeneur attentif et réceptif – Paris pour Dufrêne, Hains, Villeglé et même Vostell, ou bien Rome pour Mimmo Rotella. Rotella, qui rallia le cercle des « Nouveaux Réalistes » après avoir fait la connaissance de Restany, expérimenta les décollages de son côté dès 1953, indépendamment des autres Affichistes. Après des collages plus anciens encore, apparaissent dans une certaine ressemblance formelle ses premiers décollages et dos d’affiches qui, en tant que véritables images matérielles, traitent également d’archéologie et révèlent la qualité particulière du papier altéré par les intempéries ainsi que du support sur l’envers. Contrairement à Hains et Villeglé, Rotella intervient cependant aussi directement dans la surface pour faire ressortir certaines structures, motifs et
accumulations.
Wolf Vostell, Décollage sur panneau dur, 160 x 200 cm Leihgabe der Bundesrepublik Deutschland – Sammlung Zeitgenössische Kunst / Haus der Geschichte © 2014 ProLitteris, Zurich; Bonn; Photo: Axel Thünker

Wolf Vostell,
Décollage sur panneau dur, 160 x 200 cm
Leihgabe der Bundesrepublik Deutschland – Sammlung Zeitgenössische Kunst / Haus der Geschichte
© 2014 ProLitteris, Zurich; Bonn; Photo: Axel Thünker

Après 1960, ses décollages portent sur d’autres objets et il s’intéresse désormais surtout aux produits bariolés que propage le monde de la consommation et aux affiches de films. Sur ce point, il rejoint Villeglé qui éprouve la même fascination pour les images populaires de la publicité, et ils deviennent ainsi des pionniers du pop art.
Ce n’est pas seulement en rapport avec les affiches arrachées que Wolf Vostell emploie pour sa part la notion de « dé-coll/age » comme terme artistique global pour souligner le principe de déconstruction comme procédé de création. Il a ainsi utilisé des affiches lacérées dans son premier happening de 1958 Le théâtre est dans la rue, au cours duquel le public était appelé à citer des fragments de textes ou à reproduire des gestes fractionnés. Chez Vostell, l’actionnisme et ses éléments de traitement ou de recouvrement (par le public) complètent le processus de la sélection et de l’appropriation.
Jacques Villeglé
L’exposition Poésie de la métropole couvre la période de 1946 à 1968, et porte une attention particulière sur les tout débuts des affichistes, sur leurs expériences et collaborations dans les domaines de la photographie, du film et de la poésie. La présentation de ces cinq artistes par leurs oeuvres majeures n’a été rendue possible que grâce à un grand nombre de prêteurs qui ont très généreusement soutenu notre projet, ce qui, compte tenu de la fragilité des « travaux sur papier », n’allait pas de soi. Cette présentation est conçue à la manière d’un espace-ville dans une organisation chronologique et thématique ; les grands formats abstraits et décollages figuratifs y sont ainsi mis en valeur, tout comme le thème des affiches politiques et la fascination pour le texte, la texture, la structure.
Dans le cadre de cette exposition est proposée à Bâle une riche programmation de concerts, films et manifestations poétiques et littéraires, qui remet dans le présent le caractère accidentel de cette fascinante forme artistique.
Commissaires
L’exposition est curatée par Roland Wetzel, directeur du Musée Tinguely, et Esther Schlicht, conservatrice à la Schirn Kunsthalle de Francfort.
L’exposition est une collaboration entre le Musée Tinguely, Bâle et la Schirn Kunsthalle de Francfort où elle sera exposée du 5 février – 25 mai 2015.
Publication
À l’occasion de l’exposition paraît un catalogue publié par Snoek Verlag, richement illustré et avec des contributions de Bernard Blistène, Fritz Emslander, Esther Schlicht, Didier Semin, Dominique Stella et un entretien entre l’artiste Jacques Villeglé et Roland Wetzel, version allemande/anglaise, 280 pages, prix à la boutique du Musée : 42 CHF, ISBN : ISBN: 978-3-9523990-8-8

Museum Tinguely

Paul Sacher-Anlage 2, Case postale 3255, CH-4002 Bâle
Tél.: +41 61 681 93 20, Fax: +41 61 681 93 21
Informations générales :
Horaires d’ouverture :
tous les jours, sauf le lundi, de 11h à 18h
Horaires spéciaux :
Mercredi, 24 décembre 2014, 11–18h
Jeudi, 25 décembre 2014, fermé
Vendredi, 25 décembre 2014,  11–18h
Mercredi, 31 décembre 2014, 11–16h
Jeudi, 1er Janvier 2015, 11–18h
Tarifs :
Adultes : 18 CHF
Tarif réduit (Scolaires, étudiants, apprentis, IV):
12 CHF Groupes (à partir de 12 personnes) : 12 CHF (par personne)
Enfants de moins de 16 ans : gratuit
Photos courtoisie du musée Tinguely

Talents contemporains 2012

Cela s’est passé en 2013, pour le cru 2012, mais présenté en 2014.
la Fondation François Schneider,   qui désire soutenir la création contemporaine, propose un concours international « Talents contemporains » dédié au thème de l’eau et présentées dans son centre d’art à Wattwiller.
Le Concours « Talents contemporains » proposé chaque année,  invite les artistes à porter un regard singulier et sensible sur le thème essentiel de l’eau.
Les oeuvres des artistes primés par ce concours sont acquises par la Fondation et présentées dans le centre d’art à Wattwiller. Chaque année, la dotation globale des Talents contemporains s’élève à 300 000 €.
Nour Awada,et Hicham Berrada,Talents contemporains
Quatre comités d’experts, ont pour mission d’identifier parmi toutes les oeuvres ou projets reçus, les 40 qui seront présentés au Grand Jury International, sous la présidence de Jean-Noël Jeanneney.
L’édition de 2012
Le jour de l’inauguration du centre d’art le 16 mai 2013, Jean-Noël Jeanneney, Président du Grand Jury international, a proclamé les lauréats des
« Talents Contemporains 2012 » : 3176 artistes originaires de 104 pays répartis sur les 5 continents se sont portés candidats. Les 40 finalistes sélectionnés par les 4 comités d’experts ont été présentés au Grand Jury International qui a eu pour mission de choisir les 7 lauréats.
Les oeuvres primées des lauréats 2012 :

Jessie Brennan, née en 1982
The Cut, 2011, crayon sur papier, 29,7 x 504 cm
The Cut fait référence à l’histoire du canal de la rivière Léa dans l’Est de Londres, appelé Hackney Cut. Nourrie par des témoignages de personnes vivant ou travaillant le long du canal, l’oeuvre s’inspire également des bouleversements urbanistiques de ce quartier, liés à la préparation des jeux olympiques de 2012.

Jessie  Brennan
Claire Chesnier, née en 1986
Diptyque CCIX – CCVIII, 2012, encre sur papier, 134 x 120 cm et 137 x 117 cm
Valère Coste, né en 1974
Dark Rain, 2012, aluminium, moteurs, bacs en silicone, eau, 118 x 36 x 86 cm
Dark Rain,  produit l’effet d’une mousson miniaturisée. Cependant, nulle pluie ne tombe du ciel, Valère Costes inversant ici la spatialité habituelle. Apparent, le système mis au point consiste en une structure orthogonale de fines tiges métalliques venant alimenter par le bas de petits moules en silicones remplis d’eau. Du parallélisme rigoureux de leurs trajectoires – sorte de figuration graphique de la pluie – résulte pourtant l’apparition aléatoire des gouttes. Cette pluie est déclenchée à l’approche du spectateur curieux venu chercher son reflet dans l’eau sombre.
Valère Costes
Hicham Berrada, né en 1986
Arche de Miller-Urey, 2012, aquarium, acier, eau, nucléotides, 120 x 70 x 20 cm
D’une double formation artistique et scientifique résultent des paysages éphémères que l’artiste considère comme de véritables créations picturales.
Comme Valère Costes, il interroge la science et la nature, en utilisant des molécules chimiques qui interagissent entre elles, formant des paysages marines abstraits en métamorphose, rapprochement étonnant avec les excroissances peuplant les paysages d’Yves Tanguy ou de Max Ernst.
hicham berrada
Rahshia Linendoll-Sawyer, née en 1976
We are not made of wood, 2012, ensemble de 3 épreuves, série de trois photographies numériques sur dibond, 60 x 40 cm et 40 x 60 cm
Rahshia Linendoll Sawyer, We are not made of wood, 2012 (2)
On ne peut s’empêcher de penser et comparer aux différents personnages de  Bill Viola flottant, s’élevant, dormant.
Évoluant en dispositifs sériels, l’oeuvre de la photographe américaine Rahshia Linendoll-Sawyer questionne la condition humaine et son ambiguïté.
Dans We are not made of wood, l’artiste propose à travers le motif d’une figure flottant dans des environnements liquides, une réflexion sur l’acte de mourir. Le spectateur y est confronté à un corps sans visage dans un lieu abstrait. L’eau et les mouvements souples de ce corps enveloppé dans un drap blanc symbolisent cet état en suspens, entre la vie et la mort.
Nour Awada, née en 1985
Les Ruisselantes, 2012, vidéo HD, 16’47 min
Les Ruisselantes met en scène un corps féminin convulsant dans un champ sous un rideau de pluie glacée. L’eau ruisselle sur une chape de terre noire recouvrant le haut du corps la décomposant progressivement. Ce n’est qu’en s’approchant de l’écran que le spectateur s’aperçoit de la souffrance du corps exposée à cette épreuve physique. Il devient témoin, voyeur et otage d’un tableau vivant d’une étrange brutalité.
Nour Awada, les Ruisselantes
Mehdi Meddaci, né en 1980 – France
Murs, 2011, installation vidéo, 44 min, dimensions variables
les personnages de ces oeuvres sont en errance profonde, exprimant l’expérience de l’exil.
Murs, une installation vidéo-sonore conçus pour cinq écrans, apparaît comme un paysage, un territoire. Les situations et les gestes, saisis dans ce qu’ils ont de plus véridique, à la limite du document, forment le contexte nécessaire à une histoire : à un défilement du temps. Tentant de montrer obsessionnellement l’écroulement de la fiction, l’installation élargit la vision et propose des ellipses de certaines séquences. L’éclatement de la durée se propose alors comme un flux, érigeant la fragilité d’un évènement réel : la trajectoire inversée d’un exil sur l’image d’Alger.
Mehdi Meddaci, Murs 2011

Commissaire d’exposition : Viktoria von der Brüggen
Muséographie : Jean-Claude Goepp

Le Centre d’art contemporain
Fondation François Schneider

27 rue de la Première Armée
68 700 Wattwiller
Tel : + 33 (0)3 89 82 10 10
Mail : info@fondationfrancoisschneider.org
www.fondationfrancoisschneider.org
Tarifs
Tarif normal : 7 €
Tarif réduit : 5 € (enfants de 12 à 18 ans, étudiants, séniors, public handicapé, carte CEZAM, groupe de plus de 10 personnes)
Gratuité : Museums-PASS-Musées et enfants de moins
de 12 ans
Horaires d’ouverture
du mercredi au dimanche : 10h-18h
Photos courtoisie de la Fondation François Schneider