Sommaire du mois de mai 2016

l’Anthax Collection Marx à la Fondation Beyeler + Collection Beyeler
l’Anthax Collection Marx à la Fondation Beyeler + Collection Beyeler

01 mai 2016 : Le Kunstmuseum Basel agrandi
04 mai 2016 : Helena Almeida, Corpus au Jeu de Paume
11 mai 2016  : Fondation Claude Monet – Giverny |
14 mai 2016 : Gérard Fromanger |
17 mai 2016 : ALISA RESNIK « ONE ANOTHER »
21 mai 2016 : 13 œuvres de l’Anthax Collection Marx sont arrivées à la Fondation Beyeler
25 mai 2016 : Marie Bovo, Philippe Cognée, Stephan Balkenhol à la Fondation Fernet Branca
 
 

Marie Bovo, Philippe Cognée, Stephan Balkenhol à la Fondation Fernet Branca

A la Fondation Fernet-Branca jusqu’au 9 octobre 2016
La Fondation peut accueillir des expositions à géométrie variable.
Après le septuor de Prendre le temps
Le trio de Métamorphoses
les muses de Didier Paquignon
Claire Morgan taxidermiste
Le duo Günter Umberg et Bernard Frize
Pierre‐Jean Sugier, Directeur de la Fondation Fernet‐Branca présente
3 artistes, qui ont chacun leur spécificité et leur singularité. Ils nous emmènent
dans un voyage généreux fait d’émotions, de découvertes, de sensations, d’insolite.
« Paradis des sculpteurs, mais aussi des photographes et des peintres, lieu inspirant, exceptionnel, un espace spacieux et lumineux, où les individualités des artistes tendent
vers l’universel de l’art » Stefan Balkenhol

Pierre Jean Sugier, Marie Bovo, Philippe Cognée, Stephan Balkenhol,
Pierre Jean Sugier, Marie Bovo, Philippe Cognée, Stephan Balkenhol,

Marie Bovo
La majorité de son travail se fait entre chien et loup, soit de la nuit vers le matin,
soit l’inverse, à la tombée du jour, juqu’à la nuit, en suivant les saisons.
Elle évoque son rapport à la lumière (crépuscule et aube) et à l’intime dans sa série photographique « Cour intérieure » réalisée à Marseille (Quai de la Joliette), série réalisée sur une période de 2 ans. Ces immeubles haussmanniens, très profonds, laissés à l’abandon, malgré tout habités,  où le ciel le ciel est enserré, sont reliés par un réseau très dense de fils où sont suspendus les vêtements des habitants. Selon les heures sont devine, l’occupation du moment des habitants.
Marie Bovo Marseille
Dans la série « Alger », dans un principe identique, elle développe cette représentation subtile en nous dévoilant ce que l’artiste veut nous dire de son propre monde intérieur sur l’extérieur, sur l’expérience de la ville, les émotions que celle‐ci ou le paysage peut lui évoquer.
Marie Bovo AlgerElle exclut toute anecdote, tout effet esthétique, pour se concentrer sur l’essentiel. C’est la construction d’une variation sur un même sujet. La série récente « En route » développe, dans le cadrage d’une porte d’un train polonais,  des paysages tous différents avec un horizon situé toujours à une même hauteur. Ici c’est l’intérieur qui s’ouvre vers l’extérieur, vers son horizon… un même intérieur pour une variation de paysages.
Marie Bovo, En route

La série « les grisailles », comme pour la série « cours intérieures », Marie Bovo renverse le regard pour nous donner des signes du temps. Ici, peu importe les lieux. Rares sont les indices qui apporteraient une localisation précise. Ce qui compte se sont les marques du temps et de la vie, un plafond qui s’écaille : « Grisailles montre des espaces dégradés de leur projet social initial, et qui pour cela échappent à l’architecture. » (Marie Bovo, Sitio, Editions Kamel Mennour, entretiens Régis Durand, page 10).

Marie Bovo les GrisaillesCe contraste intérieur / extérieur apporte une poétique d’une grande rigueur plastique.
de même que cette photographie d’un camp de roms, qui dorment aux marges de la ville.
Marie Bovo
Nous retrouvons cette même rigueur dans le travail vidéo que développe Marie Bovo. Ainsi deux vidéos seront présentées à la Fondation. Une création tournée à Marseille :
« La Voie Lactée » (2016)  laisse découvrir une ville par le biais d’une coulée laiteuse…la ville à ras le sol. La seconde vidéo est « Prédateur, la Danse de l’Ours (2008 – 2014) » qui nous parle autant de l’animal enfermé dans un espace réduit que de ce que parfois l’humain est capable de créer d’inhumain.
Marie Bovo  est née en 1967 à Alicante en Espagne. Elle vit et travaille à Marseille, elle est représentée par  la  galerie Kamel Mennour à Paris  et OSL contemporary, Oslo

 Philippe Cognée (vidéo)

Philippe Cognée et Stephan Balkenhol, revendiquent depuis les années 80 leur travail sur la figuration.  Leur travail s’impose en se positionnant à distance des contraintes mises en place par les artistes des mouvements minimal et conceptuel. Ils entretiennent tous deux un rapport au réel, au quotidien, au paysage, ou plus simplement à l’humanité dans son ensemble en lui donnant une distance et imposant un angle de vue qui rend l’image intemporelle.
Philippe CognéePhilippe Cognée, (vidéo) s’attache depuis plus de 30 ans à interroger le rôle de la peinture.
Son oeuvre est construite à partir d’images photographiques. Celles-ci sont devenues numériques. Toutes ces images sont omniprésentes, presque banales. Pour les transcender, il adopte une technique particulière à l’encaustique. Cette volonté de tendre vers l’abstraction par une peinture sur cire, chauffée et écrasée, fait de la technique même le sujet de la peinture traitant d’un objet : ce qui est montré. Car c’est bien de peinture dont il s’agit avant tout, et c’est elle qui donne à voir son sujet et la façon dont il est perçu.
Philippe Cognée
Ses toiles floues à la cire, chauffée puis écrasée, posent la question de l’épuisement de l’image et de la condition humaine dans son rapport à l’environnement urbain. L’artiste s’inspire de photos ou de vidéos d’autoroutes, de bâtiments, de vues aériennes …
Il présente les maisons de face comme des portraits. Chaque fois qu’il  peint une maison, cela le fait penser à Vermeer, il tente de faire scintiller les briques, avec des effets de soleil, comme lui. Il part d’images de Google qui lui servent de support, en leur faisant « subir » le même procédé, tels  des objets du quotidien, des souvenirs de vacances, des foules, des supermarchés. Traités en série, les thèmes ordinaires et familiers, Philippe Cognée jette sur la toile, aussi ces banalités sont magnifiées par le flou des tracés et des formes devenus la signature du peintre. Sa technique de la cire fondue nourrie une esthétique de la destruction et du chaos. La solitude, l’anonymat, l’abandon émergent de cette référence à la ruine.

Philippe Cognée
Philippe Cognée,  a arraché les pages de catalogues d’Art Basel, où il a puisé  1100 oeuvres d’artistes, il a peint  les images à l’huile, à plat, comme des îcones, puis les a posées sur une plaque de  métal . L’ensemble montré sur les cimaises de Fernet Branca, forme un immense drugstore. Il  nous propose de revisiter l’histoire de l’art,  de réviser nos connaissances et d’interroger notre mémoire, de partir à la découverte, en arpentant les murs de son « Super Marché ». Mais n’est-ce pas aussi un clin d’oeil au tournis qu’occasionne Art Basel, par la profusion des oeuvres présentées ?
Philippe Cognée
 
Mais aussi analogie avec une oeuvre présentée dans l’exposition, qui montre l’inhumanité,
de la consommation de masse, que ce soit en denrées ou en art à laquelle le monde est soumis.
Philippe Cognée
Né en 1957, Philippe Cognée vit et travaille à Nantes. Diplômé de l’Ecole des Beaux-Arts de Nantes, il a reçu le Prix de Rome en 1982 et a été Lauréat de la Villa Médicis en 1990. En 2004, il a été nominé pour le Prix Marcel Duchamp. Il enseigne à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris depuis 2005.
Il est représenté par la Galerie Daniel Templon, Paris – Bruxelles.
et la Galerie Pauli de Lausanne.
Stephan Balkenhol
C’est résolument un sculpteur d’images.
Né en 1957 à Fritzlar en Allemagne, Stephan Balkenhol vit et travaille à Karlsruhe et Meisenthal en Lorraine.
Depuis 1992, il est professeur de sculpture à la Staatliche Akademie der Bildenden Künste à Karlsruhe. Au-delà des expositions en institutions, l’artiste s’est fait connaître par des remarquables ensembles sculpturaux, à mentionner le monument en hommage à Jean Moulin à Metz ainsi que le monument en hommage à Richard Wagner à Leipzig.
Stephan BalkenholAprès des études à l’Académie des Beaux-Arts de Hambourg, Stephan Balkenhol développe, dès le début des années 80, un ensemble de sculptures figuratives en rupture avec le courant minimaliste en vogue à l’époque. Par ses créations, il cherche très rapidement à prendre également ses distances avec le style brut de ses illustres compatriotes Georg Baselitz et Jörg Immendorff. D’une grande simplicité de forme, les œuvres de Stephan Balkenhol sont pourtant riches de nombreux détails. Figures et socles sont taillés à partir d’un seul bloc de bois, à l’aide d’un ciseau et d’un maillet, de scies électriques et de  burins. Ils ne font qu’un. Ils ne sont ni polis, ni poncés, traversés par des fissures devenant balafres et se couvrent de craquelures provoquant autour d’eux comme une sorte de vibration.
Stephan BalkenholLeur immobilisme frappe également. Pourtant ses créations ne sont pas totalement privées de vie. L’artiste utilise en effet des bois issus d’arbres fraîchement abattus, dont le peuplier et le sapin Douglas fir, permettant à ses œuvres, une fois terminées, de connaître un processus de vieillissement progressif. Le bois a la possibilité en quelques sortes de s’exprimer en changeant subtilement d’apparence.
Stephan BalkenholStephan Balkenhol semble également jouer avec les échelles de ses statues, tantôt massives, tantôt minuscules. Leur sens s’en trouve métamorphosé. Le modèle masculin grandeur nature est ainsi tour à tour petit, fragile et vulnérable ou gigantesque et presque monstrueux, ou encore allongé  tel l’ hermaphrodite endormi du Louvre.
Sa ballerine, se dresse fièrement sur son socle, habillée par coquillage plissé.
Stephan BalkenholContrairement aux peaux laissées dans leur couleur naturelle, les vêtements, cheveux, bouches et yeux sont peints. Trois ou quatre couleurs, pas plus, appliquées avec minutie malgré toutes les bosses et tous les creux du bois. Elles ne semblent pas être choisies pour leur pouvoir symbolique mais simplement pour habiller les personnages, leur donner une identité, les ancrer dans la réalité. Ses œuvres sont peintes à l’exception des chairs, suivant ainsi la technique traditionnelle développée au Moyen-Âge de la sculpture en bois polychrome.
Stephan Balkenhol
Les panneaux auréolent tantôt un petit homme, ou encore servent de « toile de fond » à un duo énigmatique (fraternel, amical, combattant ?). Panneaux regardeurs ou bouches bienveillantes ?
Stephan Balkenhol est-il peintre ou sculpteur, la question se pose lorsque l’on regarde la Victoire de Samothrace ou  encore ce couple ou trio ? Il visite l’histoire de l’art avec  son amphore géante aux dessins érotiques. Il s’approprie le mot de Duchamp en le modifiant quelque peu « c’est le regardeur qui termine l’oeuvre »
Stephan Balkenhol
Stephan Balkenhol travaille entre autres avec les galeries Akinci (Amsterdam),
Deweer (Otegem), Mai 36
(Zurich), Nosbaum Reding (Luxembourg) et Thaddaeus Ropac (Paris – Salzbourg).
Ce qui lie les 3 artistes, c’est la dépersonnalisation, la solitude, l’indifférence, la déshumanisation du monde que l’on ressent après avoir parcouru les salles, tout en étant admiratif du travail de chacun
Fondation Fernet-Branca
2, rue du Ballon
68300 Saint-Louis/Alsace
T +33 3 89 69 10 77

13 œuvres de l’Anthax Collection Marx sont arrivées à la Fondation Beyeler

Jusqu’au dimanche 14 août 2016

Un ensemble de 13 œuvres de l’Anthax Collection Marx est arrivé à la Fondation Beyeler et y restera plusieurs années dans le cadre d’un prêt de longue durée.

Pablo Picasso Couple à l'oiseau, 1970 Huile sur toile, 130 x 162 cm Anthax Collection Marx, prêt de longue durée à la Fondation Beyeler, Riehen/Basel © Succession Picasso / 2016, ProLitteris, Zurich
Pablo Picasso
Couple à l’oiseau, 1970
Huile sur toile, 130 x 162 cm
Anthax Collection Marx, prêt de longue durée à la Fondation Beyeler, Riehen/Basel
© Succession Picasso / 2016, ProLitteris, Zurich 

Lors de la première présentation de ce prêt de longue durée à partir du dimanche 1er mai 2016, 9 toiles de Pablo Picasso appartenant à l’Anthax Collection Marx seront montrées aux côtés d’autres créations du peintre espagnol figurant dans la Collection permanente de la Fondation Beyeler. Cette exposition d’une vingtaine d’œuvres de Picasso restera en place jusqu’au 14 août 2016.
Pablo Picasso Tête de femme, 1944 Huile sur toile, 92 x 73 cm Anthax Collection Marx, prêt de longue durée à la Fondation Beyeler, Riehen/Basel © Succession Picasso / 2016, ProLitteris, Zurich
Pablo Picasso
Tête de femme, 1944
Huile sur toile, 92 x 73 cm
Anthax Collection Marx, prêt de longue durée à la Fondation Beyeler, Riehen/Basel
© Succession Picasso / 2016, ProLitteris, Zurich

Le portrait féminin, sujet favori du milieu du XXe siècle, domine l’ensemble des toiles. On peut en donner pour exemples Tête de femme, 2.12.1939 de l’Anthax Collection Marx, qui complète merveilleusement Buste de femme au chapeau (Dora), 30.11.1939, de la Fondation Beyeler.
Ces prêts viennent élargir de façon aussi impressionnante qu’exemplaire le centre de gravité de la Collection du musée, qui compte 34 œuvres de Pablo Picasso.
Ce prêt de longue durée comprend 9 toiles et 2 travaux sur papier de Picasso ainsi que des sculptures d’Alberto Giacometti et de Constantin Brancusi. C’est la première fois que les travaux de Picasso sont présentés au public sous forme d’ensemble.
Pablo Picasso Buste de femme au chapeau (Dora), 1939 Huile sur toile, 55 x 46,5 cm Fondation Beyeler, Riehen/Basel, Collection Beyeler © Succession Picasso / 2016, ProLitteris, Zurich Photo: Peter Schibli, Basel
Pablo Picasso
Buste de femme au chapeau (Dora), 1939
Huile sur toile, 55 x 46,5 cm
Fondation Beyeler, Riehen/Basel, Collection Beyeler
© Succession Picasso / 2016, ProLitteris, Zurich
Photo: Peter Schibli, Basel

La Fondation Beyeler intégrera désormais ces œuvres dans les présentations de sa propre collection, permettant ainsi aux habitants et aux visiteurs de Bâle de les admirer. La famille Marx a choisi la Fondation Beyeler pour la présentation publique de ces œuvres, car elle estime que celles-ci trouvent particulièrement bien leur place dans le programme de haute qualité du Musée. Par ailleurs, Riehen se trouve à proximité immédiate du lieu de naissance du collectionneur, le Dr. Erich Marx, Brombach à côté de Lörrach ; ses enfants ont fait leurs études secondaires dans des lycées bâlois et fréquenté l’université de Bâle. La famille a souhaité marquer ses liens privilégiés avec la région grâce à cette présentation publique des œuvres de l’Anthax Collection Marx, qui fait l’objet de négociations depuis 2013.
Pablo Picasso Tête de femme, 1939 Huile sur toile, 35 x 27 cm Anthax Collection Marx, prêt de longue durée à la Fondation Beyeler, Riehen/Basel © Succession Picasso / 2016, ProLitteris, Zurich
Pablo Picasso
Tête de femme, 1939
Huile sur toile, 35 x 27 cm
Anthax Collection Marx, prêt de longue durée à la Fondation Beyeler, Riehen/Basel
© Succession Picasso / 2016, ProLitteris, Zurich

 
Heures d’ouverture de la Fondation Beyeler :
tous les jours 10h00–18h00,
le mercredi jusqu’à 20h.

ALISA RESNIK « ONE ANOTHER »

 

Jusqu’au 10 JUILLET 2016
exposition en entrée libre à La Filature, Scène nationale – Mulhouse

 

ALISA RESNIK , photo Alisa Resnik
ALISA RESNIK ,
photo Alisa Resnik


en lien avec la Biennale de la photographie
« ONE ANOTHER » D’ALISA RESNIK
commissariat Laura Serani – courtesy Galerie Sit Down
Lauréate en 2013 du prestigieux European Publisher Award for Photography
et finaliste du prix Leica Oskar Barnack 2014, Alisa Resnik expose à La Filature.
Sa série « One Another » pourrait être l’histoire d’une nuit unique et interminable
qui unit Berlin et Saint-Pétersbourg.
One Another – par Laura Serani, commissaire
« Ici la nuit est immense » clame en grandes lettres rouges un tableau des 42h du loup de Sarkis. Intrigant oxymore qui peut sonner comme une promesse ou une menace.
One Another pourrait être l’histoire d’une nuit unique et interminable qui unit Berlin et Saint-Pétersbourg. Une nuit sans fin qui ne connaît pas la lumière de l’aube, qui s’étend sur des villes désertes et glisse dans des intérieurs aux moquettes et banquettes
usées où, sur fond de rideaux et papiers peints délavés, des personnages passent, ou bien posent, devant et pour Alisa Resnik.
ALISA RESNIK 2Parfois dans l’abandon ou l’absence, parfois défiant ou ignorant la caméra, les protagonistes semblent jouer  une pièce où se mêlent histoires déjà vues et énigmes policières. Défile alors une succession de solitudes, de visages marqués, de corps blêmes, seuls ou entrelacés, en équilibre au bord d’un abîme ou figés dans un cauchemar où la neuvième porte pourrait s’ouvrir d’un moment à l’autre.
ALISA RESNIK 3Alisa Resnik photographie la vie et son reflet, la fragilité, la grâce, la mélancolie, la solitude.
D’un univers qui respire inquiétudes et angoisses, elle restitue une image où l’on ressent surtout son empathie profonde avec les personnes et avec les lieux. Lieux dont elle affectionne, ou elle récrée en jouant de l’obscurité et de la pénombre, l’ambiance d’un vieux théâtre de quartier aux velours rouges ou les atmosphères à la David Lynch. Bars et couloirs d’hôtels vides, usines désaffectées, maisons qui semblent
inhabitées malgré les fenêtres éclairées, arbres couverts de neige ou de guirlandes, interrompent et rythment le cortège des portraits. Ses images, nettes, se passent du recours au flou, rare, pour devenir des visions étranges et poétiques.
One Another #30, 2012 © Alisa Resnik Courtesy Galerie Sit Down
One Another #30, 2012
© Alisa Resnik Courtesy Galerie Sit Down

Le monde d’Alisa Resnik s’est construit au fil du temps et résonne de ses voyages et de ses rencontres : entre Est et Ouest, entre avant et après la chute du mur de Berlin, en élaborant les expériences des workshops avec
Antoine D’Agata et Anders Petersen ou de la masterclass avec Giorgia Fiorio, ainsi que de sa rencontre avec la peinture classique en Italie. Le spectre chromatique d’Alisa Resnik est fait des couleurs de l’obscurité, des rouges et des verts sombres qui absorbent les rares lumières et rappellent les tons tragiques du Caravaggio.
ALISA RESNIK4
Ses damnés peuvent faire penser aux descentes aux enfers de D’Agata, son monde de la nuit renvoyer à celui du café Lehmnitz de Anders Petersen à Hambourg, repaire d’alcooliques, marins et prostituées, mais, au-delà des références, le plus important dans le travail d’Alisa Resnik est cette écriture photographique envoûtante
et capable de traduire une approche fusionnelle et tendre vers les personnes rencontrées et photographiées.
Ainsi, One Another ressemble au portrait d’un huis clos qui protège et rassure, plutôt qu’inquiète. Enfin, il ressemble à un portrait de famille, d’un cercle familial un peu maudit, peut-être, mais où les liens demeurent.
ALISA RESNIK 1
Rompre avec la solitude – par Alisa Resnik
« Le temps est un avion à réaction, il se déplace à toute allure » et dans son vol impétueux, les gens et les choses qui se précipitent sous nos yeux sont sûrs de cacher leur essence intérieure. Dans ce temps infini qui s’écoule nous errons, avides d’un simple moment de sincérité.
La photographie est le moyen d’arrêter un moment et d’avoir une chance de regarder plus profondément la réalité indicible, d’aller au-delà de cette dichotomie généralement douloureuse entre le sujet et l’objet. C’est la manière de construire un abri sûr de sensations sur les sables mouvants de la rationalité, de se sentir comme
chez soi en regardant par la fenêtre un train qui passe.
Paysages couleurs de plomb, usines en ruine, écho des salles vides, des vieilles pièces gardant toujours le subtil sentiment du passé, et les visages, les visages des gens… des regards furtifs, de petits gestes maladroits, des mains à la recherche d’un soutien, le chagrin ou la dureté dans le coin de l’oeil – ils sont tous comme des oiseaux
prêts à voler de leur propres ailes à la recherche de votre sympathie, dans l’espoir de sortir de la solitude.
Ces images se matérialisent dans les projections de nos souvenirs et commencent à vivre par elles-mêmes.
Elles nous racontent des histoires que nous pourrions avoir vu de nos propres yeux. Elles combinent les couleurs et les formes avec nos rêves et nos sentiments, devenant une partie de nous-mêmes, et nous sommes alors condamnés à y revenir encore et encore. De cette errance à travers le monde entier, nous sommes à la recherche de moments que nous pourrions arrêter et transformer en vision, à la recherche d’une révélation,
d’un miroir… toujours à la recherche d’un miroir…
Photos Alisa Resnik
Photos Alisa Resnik

ALISA RESNIK
Née en 1976 à Saint-Pétersbourg en Russie, Alisa Resnik part avec ses parents pour Berlin en 1990 au moment de la dissolution de l’Union soviétique. Elle étudie l’Histoire de l’art et la philosophie à l’université d’Humboldt à Berlin et à l’université de Bologne. Elle se lance dans la photographie en 2008, voyage à
travers l’Europe avant de revenir en Russie et en Ukraine. En 2009, elle suit un workshop en Toscane (TPW) avec Antoine D’Agata, en 2010 un workshop à Berlin avec Anders Petersen et, de 2010 à 2012, la Reflections Masterclass de Giorgia Fiorio.
Lauréate en 2009 du Winephoto en Italie et du Descubrimientos PHE au festival PhotoEspaña, elle remporte l’European Award for Photography en 2013 avec One Another publié en cinq langues chez cinq éditeurs (par Actes Sud en France sous le titre L’un L’autre).
www.alisaresnik.com
Du 15 au 19 juin 2016, la Galerie Sit Down présentera des oeuvres d’Alisa Resnik à Photo Basel.
www.sitdown.fr / www.photo-basel.com

RENDEZ-VOUS AUTOUR DE L’EXPOSITION
« Club Sandwich » jeudi 12 mai de 12h30 à 13h40
visite guidée le temps de la pause déjeuner avec pique-nique tiré du sac
gratuit sur inscription : T 03 89 36 28 34 ou heloise.erhard@lafilature.org
+ rencontres, rendez-vous dans le cadre de la Biennale de la Photographie de Mulhouse
www.biennale-photo-mulhouse.com

Gérard Fromanger

L’exposition se termine le 16 mai 2016
au centre Pompidou

Gérard Fromanger, Le désir est partout en Chine à Hu Xian 1974
Gérard Fromanger, Le désir est partout
en Chine à Hu Xian 1974

« Je pense que ce qui est le plus intéressant dans la vie, ce n’est pas l’impossible mais le possible, c’est l’amour des êtres, de l’énergie des choses… ça oui c’est moi. Comment est-ce que en peinture je peux parler de ça ? Comment est-ce que je peux dire ça ? »

Peut-être le tableau le plus célèbre de Fromanger, fait à partir d’une photo prise lors d’un voyage d’intellectuels et d’artistes français dans la Chine maoïste en 1974. Tout semble se passer comme si le regard des paysans-peintres chinois cherchait à croiser celui du spectateur pour mieux signaler leurs couleurs.

Au nom de Gérard Fromanger est attachée une série de motifs, de figures et d’événements qui tissent une histoire artistique, culturelle et sociale d’un demi-siècle : l’amitié de Jacques Prévert, Mai 68, des silhouettes rouges, des passants dans la ville, le jeu des couleurs, un film-tract culte réalisé avec Jean-Luc Godard, des textes de Gilles Deleuze, Michel Foucault et Félix Guattari, la figuration narrative, peinture et politique.

FromangerSi une pareille liste suffit à recomposer le décor, à recréer l’atmosphère dans lesquels l’œuvre de Fromanger gagne une large reconnaissance dans les années 1970, elle ne saurait toutefois définir le projet qui, par-delà les mutations fréquentes que l’œuvre a connues, affirme sa permanence : une peinture à la fois ouverte sur le monde et pleinement consciente d’elle-même. De 1964 à 2015, au travers d’une cinquantaine d’œuvres, dont certaines méconnues, l’exposition s’attache à rendre sensibles les différentes expressions de ce projet.
Gérard Fromanger
Le peintre appartient à une génération d’artistes français, que l’on pourrait qualifier de pop, et qu’un critique d’alors, Gérald Gassiot-­Talabot, baptisa en 1965 comme celle de la
« figuration narrative ». Il s’oppose au pop américain par son militantisme politique et social. Mai 1968 lui doit ses images les plus célèbres, produites à l’Ecole des beaux-arts de Paris en grève sous le nom du collectif L’atelier populaire. En retour à mai 1968 des amitiés et des appuis prestigieux, parmi le monde intellectuel , tels que les textes de Michel Foucault et Gilles Deleuze vont vers  Gérard Fromanger.
Gérard FromnagerIl entre à l’âge de 24 ans,  dans la prestigieuse galerie Maeght  avec Adami, grâce à son ami Jacques Prévert — l’amitié est pour ­Gérard Fromanger une composante essentielle de sa vie. La générosité est aussi l’une de ses qualités. Grand affichiste, puis la mode passe. Le marché et les institutions le délaissent. Dans les années 1980, une longue traversée du désert commence. Elle dure plus de vingt ans. Le marché bouge. Les cotes remontent. Des fondations privées, Leclerc (les hypermarchés) expose Monory puis Fromanger à Landerneau.
Beaubourg, enfin, lui ouvre le quatrième étage.
FromangerLa figuration narrative n’est pas un mouvement majeur, ni même innovant, de l’histoire de l’art. La plupart des artistes possèdent surtout un talent graphique. Ils décalquent les photographies, combinent les images et, pour beaucoup, les colorient en aplats. C’est parfois très percutant, comme la série de tableaux sur mai 1968 de Gérard Fromanger, où le peintre se montre grand affichiste. Sa toile monumentale De toutes les couleurs, peinture d’histoire (1991-1992) est sans doute son oeuvre la plus aboutie. Au-delà de ses qualités graphiques et de la complexité de sa composition, elle précise l’ambition secrète de Fromanger : être, à la manière des fresquistes du Moyen Age, un peintre pour le peuple, simplement.
Gerard FromangerCentrée sur les années 1960-70 et thématique, l’exposition d’une cinquantaine de pièces, montée par Michel Gauthier, commence par une évocation de l’importance de la couleur rouge dans l’œuvre de Gérard Fromanger. L’occasion de retrouver des tableaux peu vus comme ces acryliques sur bois découpé, qui posent avec humour la question de la matérialité de la peinture.
« Devenu le signe chaud d’une résistance de la vie contre la logique marchande qui s’empare de l’espace urbain », le rouge devient politique en mai 68. Fromanger colore en rouge les silhouettes des manifestants qu’il met en exergue dans ses affiches sérigraphiées réalisées au sein de l’Atelier populaire de l’École des Beaux-Arts.
Gerard FromangerAu milieu des années 1970, la série « Questions » s’attaque au rapport de l’art aux médias. Ainsi d’Existe, ce tableau où l’on voit des journalistes interroger un maelström incompréhensible de couleurs pures. Le côté séduisant de cette masse colorée fait oublier la dureté du sujet. Fromanger poursuit cette critique de la société de la communication avec l’immense toile De toutes les couleurs (1991), figurant la circulation accélérée des images et des informations.
Gerard Fromanger
Autoportrait de Gérard Fromanger, cette toile montre l’artiste projetant sur la toile un cliché de mutins sur le toit d’une prison. Suivant l’exemple d’un Michel Foucault ou d’un Jean-Paul Sartre, Fromanger choisit de s’engager dans des combats de société, ici la situation catastrophique de l’univers carcéral dans les années 1970.
La Grande Table sur France Culture : podcast
Gérard Fromanger : la passion picturale et le souci du monde

L’une des œuvres les plus radicales de cette rétrospective est Noir, nature morte évoquant le travail de Joseph Kosuth, qui fit en 1968 une œuvre d’art du simple mot art. Gérard Fromanger dresse ici une liste de noms d’artistes en une histoire de la peinture sans couleurs et sans images.
Gérard Fromanger
détail Noir, nature morte (1994-95),  « Gérard Fromanger »
Gérard Fromanger dans l’émission de Laure Adler sur France culture
Hors Champs


Gérard Fromanger, le Prince de Hombourgle rouge et le noir dans le Prince de Hombourg 1965

Gérard FromangerCorps à corps bleu, Paris Sienne (2003/2006)
(série Sens dessus sens dessous)

 
 

Fondation Claude Monet – Giverny

Ouvert jusqu’au 1ER NOVEMBRE 2016
La Fondation Claude Monet à Giverny

1966 – 2016 . Les 50 ans du legs  de Michel Monet
à l’académie des Beaux  Arts
Claude Monet Giverny
Le 3 février 1966, Michel Monet (1878-1966), le second fils du peintre et de
sa première épouse, Camille, décède lors d’un accident de voiture. Il a
institué l’Académie des Beaux-Arts sa légataire universelle, qui hérite dès
lors de la propriété de Claude Monet à Giverny et de la collection de
tableaux du peintre. Ce legs est salué à l’époque comme l’un des plus
importants jamais reçu par un musée. (près de 200 tableaux)
La collection de tableaux sera déposée au musée Marmottan Monet dont
l’Académie des Beaux-Arts est propriétaire depuis 1932.
Maison de Claude Monet © Fondation Claude Monet - droits réservés
À la fin des années 1970, la maison et le jardin de Claude Monet sont restaurés sous la
direction de l’académicien Gérald Van der Kemp (1912-2001), alors encore
conservateur en chef du château de Versailles, qui convainc les mécènes
américains réunis au sein de la Versailles Foundation ( qui devient Versailles
Foundation & Giverny inc. ) de soutenir financièrement ces travaux de
réhabilitation. Au printemps 1980, la Fondation Claude Monet à Giverny
ouvre ses portes au public. Gérald Van der Kemp puis Florence son épouse
en sont les conservateurs. Au décès de Florence Van der Kemp,
Hugues R. Gall, membre de l’Institut, leur succède en 2008.
Hugues Gall
Un nouvel ouvrage
« LE MUSÉE INTIME DE MONET À GIVERNY », SYLVIE PATIN
En coédition Editions Claude Monet Giverny et Gourcuff Gradenigo
La Fondation Claude Monet et la maison d’édition Gourcuff
Gradenigo se sont associées pour éditer un beau livre
racontant le musée intime de Claude Monet dans sa maison à
Giverny.
L’idée de cet ouvrage est née des recherches effectuées à
l’occasion de la restauration et de la reconstitution de l’atelier
salon et de l’appartement privé dans la maison du peintre
entre 2011 et 2013.
Sylvie Patin, Stéphane Guégan
Le travail approfondi de Sylvie Patin, Conservateur général du
patrimoine au musée d’Orsay, correspondant de l’Institut,
commissaire de l’exposition Claude Monet en 2010/2011,
apporte un éclairage nouveau sur le regard que Claude Monet
portait sur son oeuvre et sur celle de ses amis.
Préface de l’ouvrage par Hugues R. Gall,
extrait :

« Légataire de Claude Monet par la volonté de son fils Michel, l’Académie des beaux-arts possède une très importante partie de la collection personnelle du peintre, soit près de deux cents oeuvres du Maître auxquelles s’ajoutent des toiles et dessins que Monet avait acquis, oeuvres souvent majeures de ses amis dont il admirait le
talent.

Ses amis ? Boudin, et Jongkind, ses premiers guides vers ce qui allait devenir grâce à lui « l’Impressionnisme », mais aussi Renoir, son ami de toujours, Cézanne qu’il avait été l’un des premiers à soutenir, Caillebotte, Signac, Pissarro, Berthe Morisot et même… Degas ! Entre autres. Dans la maison de Giverny, louée dès 1883, enfin acquise en 1889, Monet avait peu à peu réparti ses trésors sur deux étages : au rez-de-chaussée, dans la salle à manger jaune et dans le petit studio bleu, les plus belles de ses estampes japonaises ; dans l’ancien atelier devenu salon-fumoir, des oeuvres personnelles uniquement,
chacune riche de souvenirs chers, témoins de sa vie familiale mais aussi de moments essentiels de sa vie de créateur.
Cuisine de Claude Monet
Monet était un homme bourru, non un misanthrope : sa maison, son jardin, un chef-d’oeuvre en soi, étaient tout à la fois son refuge affectif et son « lieu de travail » privilégié ; n’y étaient admis, hors sa famille souvent
tumultueuse, que des invités triés sur le volet de la confiance, de la connivence et de l’amitié, rarement de l’intérêt ; des peintres : Cézanne, Caillebotte ou Renoir ; un sculpteur : un seul, mais… le plus grand, Rodin ; et puis des écrivains : Zola, Mirbeau, Sacha Guitry bien sûr ! Un homme d’État, un seul, mais là aussi le plus grand, Georges Clemenceau, l’ami par excellence ; parfois aussi quelques marchands au premier rang
desquels Durand-Ruel, et puis certains collectionneurs de haut vol tels ces aristocrates japonais venus de si loin pour honorer un maître déjà célèbre dans leur pays.
Atelier de Claude MonetRépliques à l’identique des tableaux de Monet par la Galerie Troubetzkoy,
dans le salon-atelier de Monet, selon des photos d’époque
Tous ceux qui se succédaient à Giverny admiraient le jardin chaque fois renouvelé ; ils étaient parfois conviés à partager un savoureux repas dans la salle à manger aux parois jaunes rythmées par les estampes de l’Ukiyoe, témoins du génie d’Utamaro, d’Hokusai ou d’Hiroshige, dont Monet était un fervent admirateur.
L’on se retrouvait ensuite au salon où, encadrées ou non, les toiles du maître de maison racontaient l’une des aventures artistiques les plus importantes de l’histoire de l’art.
Mais la chambre du premier étage et le cabinet adjacent, où Monet gardait les chefs-d’oeuvre de ses amis, n’étaient accessibles qu’à de très rares intimes : là, aucune photographie, seuls les témoignages de Julie Manet ou de Geffroy permettent une reconstitution fidèle de l’accrochage original ; les dimensions de chaque toile
dictant certains emplacements avec la force de l’évidence.
Chambre à coucher de Claude Monet
Michel Monet avait vendu peu à peu certaines de ces toiles ; elles se trouvent éparpillées désormais, les unes au musée Marmottan Monet, d’autres au musée d’Orsay, les autres enfin dans le monde entier, accrochées aux
cimaises des plus grandes collections publiques ou privées.
DANS LES PAS DE CLAUDE MONET
Quelle expérience unique que de pénétrer dans ce prodigieux jardin qui s’offre telle une
extraordinaire peinture en mouvement. Jour après jour, les fleurs s’épanouissent en une palette aux teintes choisies par le peintre d’une saison à l’autre mais aussi, selon la course du soleil dans le ciel.
En se promenant dans les allées du Clos normand, puis au bord de l’étang du Jardin d’Eau avant de remonter vers la maison en suivant du regard la fameuse allée centrale qu’empruntait Claude Monet pour rentrer chez lui, le visiteur suit un itinéraire tant émotionnel que sensoriel. La vie réelle s’estompe et laisse place au rêve éveillé imaginé par Claude Monet.
© Fondation Claude Monet - droits réservés - Allée principale de capucines - Jardin Claude MonetTROIS FLEURS – TROIS SAISONS
Attendue après la grisaille de l’hiver, la renaissance du jardin voit le triomphe de la tulipe, puis, baigné de quiétude, le Jardin d’Eau s’apprête à célébrer le culte des nymphées avant que le dahlia ne prenne possession du Clos Normand. Chacune de ces trois plantes symbolise une saison du jardin mais aussi ce lien quasi spirituel entretenu par Claude Monet entre sa peinture et son jardin.
James Priest,
UN JARDIN EN MOUVEMENT
Depuis son arrivée en juin 2011, James Priest, le jardinier en chef, rétablit peu à peu l’équilibre entre les vivaces et les annuelles, entre les effets longue durée et courte durée. D’après les courriers « jardiniers » que Claude Monet échangeait volontiers avec ses amis Octave Mirbeau, Gustave Caillebotte et Georges Clemenceau ou encore à la lecture du compte rendu d’une visite publié par le pépiniériste Georges Truffaut, il est certain qu’il aimait et cultivait de nombreuses vivaces parmi lesquelles les delphiniums, les lupins, les pavots orientaux, les glaïeuls, les marguerites, les doroniques… Aujourd’hui, réintégrées en masses, elles permettent d’établir une transition douce entre la fin des floraisons des stars, comme les tulipes, et de patienter en attendant les floraisons suivantes comme celles des iris, des pivoines…
Jardin de Claude Monet
À l’instar des tableaux du maître, James Priest s’est également attaché à recréer la gestuelle du peintre en mélangeant les couleurs des floraisons par touches au plus près des peintures. Cette recherche s’est accompagnée d’un important travail d’études des tableaux de Monet mais aussi de sélection végétale pour ne retenir que les variétés les plus intéressantes en terme de pigments.
Giverny le bassin
FONDATION CLAUDE MONET GIVERNY
84, rue Claude Monet – 27620 Giverny
Tel 02 32 51 28 21 / Fax 02 32 51 54 18
www.claude-monet-giverny.fr
contact@fondation-monet.com
La fondation est ouverte tous les jours
du 25 mars au 1er novembre 2016
de 9h30 à 18h00 (dernière admission 17h30)

Helena Almeida, Corpus au Jeu de Paume

Jusqu’au 22 mai au Jeu de Paume.
Née en 1934 à Lisbonne, où elle vit et travaille, Helena Almeida a achevé un cursus en peinture au département des Beaux-Arts de l’Université de Lisbonne en 1955, exposant régulièrement depuis la fin des années 1960. Dès ses débuts, elle explore et remet en question les formes d’expression traditionnelles, la peinture en particulier, suivant un désir constant d’enfreindre l’espace délimité par le plan pictural.

 Pintura habitada [Peinture habitée] 1976 Helena Almeida Photographie noir et blanc, acrylique, 40 x 30 cm.  Coll. Fernando d’Almeida

Pintura habitada [Peinture habitée]
1976
Helena Almeida
Photographie noir et blanc, acrylique, 40 x 30 cm.
Coll. Fernando d’Almeida
Peu connue en France, Helena Almeida est considérée comme l’une des plus grandes artistes contemporaines portugaises. Sa longue carrière lui a permis de s’imposer comme l’une des figures majeures de la performance et de l’art conceptuel dès les années 1970, notamment par des participations aux grandes manifestations internationales telles que les Biennales de Venise de 1982 et de 2005.
Helena AlmeidaL’exposition « Corpus » présente un ensemble d’œuvres – peinture, photographie, vidéo et dessin – réalisées par l’artiste des années 1960 à nos jours dans lesquelles le corps enregistre, occupe et définit l’espace. Elle a une dimension rétrospective, rassemblant les différentes phases du travail de l’artiste, depuis ses premières œuvres datant du milieu des années 1960 jusqu’à ses productions les plus récentes.
Helena Almeida
Après ses premières oeuvres tridimensionnelles, Helena Almeida trouve dans la photographie un moyen de combattre l’extériorité de la peinture et de faire coïncider sur un même support l’être et le faire : « comme si je ne cessais d’affirmer constamment : ma peinture est mon corps, mon œuvre est mon corps ». Au-delà des lectures poétiques et métaphoriques que ces œuvres peuvent inspirer, elles sont des tentatives d’atténuation des limites des médiums, telles celles de la photographie, de la performance et de la sculpture.
Helena AlmeidaCes corps deviennent simultanément forme sculpturale et espace, objet et sujet, signifiant et signifié. Le travail d’Helena Almeida est un condensé, un acte soigneusement scénographié et hautement poétique. Les représentations de ces événements montrent également le contexte dans lequel l’artiste s’inscrit. Lors d’interviews, elle réfute que ses images soient des autoportraits. C’est toujours son corps qu’elle représente, mais c’est un corps universel.
Helena AlmeidaVêtue de noir, Helena Almeida intègre dans ses photos des éléments de son atelier. Elle prend des positions qu’elle a minutieusement chorégraphiées afin de créer des compositions complexes, souvent organisées en série. En 1969, pour la première fois, Helena Almeida se fait photographier par son mari, l‘architecte Artur Rosa, dorénavant lié à son œuvre en tant qu’auteur du registre photographique sous-jacent à cette forme médiatisée d’auto-représentation, qui devient dès lors une caractéristique de son travail.
Helena AlmeidaContrairement à d’autres artistes contemporains qui ont recours à l’autoportrait et à l’auto-représentation pour mettre en scène des personnages grâce à des décors et des poses élaborées – comme, par exemple, Cindy Sherman –, ici, le point de départ est toujours le corps de l’artiste. À travers la photographie, Helena Almeida crée une forte relation entre la représentation (l’acte de peindre ou de dessiner) et la présentation (de son propre corps en tant que « support » de cet acte). « Le corps concret et physique de l’artiste sera constamment égaré, défiguré, occulté par la tâche qui tantôt le prolonge, tantôt le recouvre, qui entre ou sort (vers ou depuis) l’intérieur de ce corps. »
Helena Almeida Ecoute-moi 1979
Helena Almeida
Ecoute-moi 1979


Les œuvres présentées par Helena Almeida à la Biennale de Venise (en 2005 pour le Portugal) dans l’exposition « Intus », sont des exemples de ses travaux récents, caractérisés par la relation du corps de l’artiste à l’espace (et non plus désormais au dessin ou à la peinture) et par le recours à la photographie (récurrente dans les œuvres composées de séries) pour retracer une performance de l’artiste au sein de l’espace privé de son atelier.
 Sem titulo (Sans titre) 2010 Helena Almeida Photographie noir et blanc, 125 x 135 cm. © Fundação de Serralves – Museu de Arte Contemporânea, Porto. Courtesy Galerie Filomena Soares, Lisbonne

Sem titulo (Sans titre)
2010
Helena Almeida
Photographie noir et blanc, 125 x 135 cm.
© Fundação de Serralves – Museu de Arte Contemporânea, Porto. Courtesy Galerie Filomena Soares, Lisbonne

Pourtant, la même question ne cesse d’habiter l’ensemble du travail d’Helena Almeida : comment un corps et le mouvement d’un corps (toujours celui de l’artiste) parviennent-ils à faire œuvre d’art ? L’intransigeance avec laquelle Helena Almeida traite ce sujet fait de son œuvre, comme le dit Isabel Carlos, « l’une des plus radicalement cohérentes de l’art portugais de la seconde moitié du XXe siècle ».
Commissaires : João Ribas et Marta Moreira de Almeida, Fundação de Serralves – Museu de Arte Contemporânea, Porto.
Exposition organisée par Museu de Arte Contemporânea de Serralves, Porto, en collaboration avec le Jeu de Paume et WIELS, Centre d’art contemporain, Bruxelles.
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Le Kunstmuseum Basel agrandi

Près de trois ans et demi après le début des travaux, le nouveau bâtiment conçu par le bureau d’architectes bâlois Christ & Gantenbein et le bâtiment principal partiellement rénové ouvraient leurs portes le 14 avril à la presse et ont été inaugurés le  week-end du 17 et 18 avril en présence d’Alain Berset, conseiller fédéral et de Guy Morin, président du canton.
Inauguration kunstmuseum Basel
Avec le Kunstmuseum Basel | Gegenwart, le Kunstmuseum Basel dispose désormais de trois espaces d’exposition. Le bureau d’architectes bâlois Christ & Gantenbein élu par voie de concours, parmi 200 architectes dont 5 détenteurs du prestigieux Pritzker Preis dont  Zaha Hadid (+) et Jean Nouvel auxquels il faut ajouter le projet de l’artiste chinois Ai WeiWei, est l’auteur de cette réalisation.
La grande exposition Sculpture on the Move 1946-2016 ainsi que l’exposition Barnett Newman – Dessins et gravures ouvraient leurs portes et étaient en accès libre.

Nouveau bâtiment du Kunstmuseum Basel photo Véronique Bidinger
Nouveau bâtiment du Kunstmuseum Basel
photo Véronique Bidinger

Espace d’exposition répondant aux standards les plus exigeants en matière de présentation d’oeuvres d’art, le nouveau bâtiment accueillera des expositions temporaires. Il offre davantage de surface d’exposition à la célèbre collection du Kunstmuseum Basel qui ne cesse de croître. Les trois espaces réunis représentent près de 10 000 mètres carrés de surface d’exposition. Grâce au nouveau bâtiment, la ville de Bâle s’enrichit également d’une nouvelle attraction culturelle et architecturale.
KunstmuseumLe bâtiment principal, partiellement rénové après environ 13 mois de travaux, est désormais doté de nouveaux espaces pour la librairie et l’atelier de médiation artistique, ainsi que d’un passage souterrain qui le relie au nouveau bâtiment.
Sa forme est un hommage à Malewitsch, universelle et hors du temps.
Un musée, 2 bâtiments. C’est un seul espace climatique, les portes restant ouvertes dans la journée. Il accueille des oeuvres de l’art européen du XVe siècle jusqu’à Picasso et Gerhard Richter. Au rez-de-chaussée, les salles en rez-de-jardin mettent à l’honneur l’art suisse avec une majorité d’oeuvres d’artistes bâlois.
Photo Julian Salinas
Photo Julian Salinas

Parlons un peu chiffres :
Le budget total des travaux de rénovation et d’agrandissement a été de CHF100 millions dont la moitié a été financée par la Fondation Laurenz de Maja Oeri , héritière des Laboratoires Roche , (dont vous pouvez trouver la généalogie sous le lien) en qualité de principale mécène , l’autre moitié par les fonds publics du Canton de Bâle-Ville. En 2001 , Maja Oeri avait déjà acquis puis offert, pour un million de Frcs CH la parcelle Burghof,  sans laquelle l’extension du  Kunstmuseum aurait été impossible.
Certains trésors du Kunstmuseum restent cachés au public, à 12 m de fond. Les titres des expositions sont affichés sur la façade en briques grises du Danemark à l’aide d’un bandeau de  LED, faite de lumière subtile et d’ombre.
Actuellement « Sculptures on the Move 1946-2016. »
Kunstmuseum, Sculpture in the mouvLes parquets de chêne font ressortir la solennité grise, industrielle, glacée des matériaux, acier, zingue pour les rampes d’escalier. Les lourdes portes de séparation entre les espaces muséaux, à l’image de celles d’une salle des coffres de banques suisses, béton, marbre, un langage architectural, nouveau, respectueux du passé et tourné vers l’avenir ( évoquant certains musées américains) créent un dialogue hétérogène entre un conteneur pour l’art et un palais baroque. Quatre étages d’exposition, sur 2 bâtiments, une surface totale de 9645 m2. Les immenses fenêtres s’ouvrant des 8 salles des 1er et  2ème étage, donnent sur la ville en contre-bas. La plus grande salle compte pas moins de 400 m2 de quoi accueillir facilement les immenses sculptures de Richard Serra et Henry Moore.
Henry Moore
Le nouveau bâtiment est dédié aux expositions temporaires et à des présentations de la collection avec des oeuvres de 1950 à 1990, notamment issues de l’art américain.
Situé au St. Alban-Rheinweg, à 5 minutes à pied du nouveau bâtiment, le Kunstmuseum Basel | Gegenwart présente essentiellement des oeuvres d’art contemporain de 1990 à nos jours.
La grande exposition temporaire Sculpture on the Move 1946–2016 est organisée dans le cadre de l’inauguration du Kunstmuseum Basel agrandi.
David Smith, Australia 1951
Elle en constitue le contrepoint curatorial, centré sur la discipline artistique de la sculpture depuis la fin de la 2e Guerre mondiale jusqu’à nos jours. La grande exposition organisée à l’occasion de l’inauguration du Kunstmuseum Basel agrandi a pour ambition de montrer l’extraordinaire dynamique par laquelle conception et forme classiques de la sculpture s’engagent dans un processus de transformation, deviennent plus abstraites, se rapprochent des objets banals du quotidien et transgressent leurs limites spatiales ou conceptuelles, mais se constituent aussi de nouvelle manière dans un retour à la tradition figurative. Grâce à des œuvres sélectionnées dans les collections du Kunstmuseum Basel et à des prêts importants en provenance de musées internationaux et de collections privées, l’exposition propose un panorama d’une densité et d’une richesse extraordinaire.
L’exposition commence dans les salles à éclairage zénithal conçues par Christ & Gantenbein Architekten, au deuxième étage du nouveau bâtiment, avec des œuvres tardives des artistes emblématiques du 20e siècle que sont Constantin Brancusi et Alberto Giacometti.
Kunstmuseum Sculpture Dans une chronologie envisagée au sens large et à partir de points de vue changeants, sont présentées des œuvres importantes à valeur d’exemplarité, issues des années 40 aux années 70, ainsi de Alexander Calder, Hans Arp, Max Bill, Henry Moore, Louise Bourgeois, Pablo Picasso, Eduardo Chillida, David Smith, Jean Tinguely, Claes Oldenburg, Duane Hanson, John Chamberlain, Donald Judd, Carl Andre, Joseph Beuys, Mario Merz, Bruce Nauman, Eva Hesse, Richard Serra et Robert Smithson.
Kunstmuseum rdc
Le parcours se poursuit au rez-de-chaussée du nouveau bâtiment avec des œuvres sculpturales des années 1980, entre autres de Peter Fischli et David Weiss, Robert Gober, Charles Ray, Mike Kelley, Jeff Koons, Katharina Fritsch, Franz West, et se termine au Museum für Gegenwartskunst par la présentation de démarches artistiques significatives des années 1990 à nos jours, telles que des sculptures de Gabriel Orozco, Matthew Barney, Absalon, Damien Hirst, Danh Vo, Monika Sosnowska et Oscar Tuazon.

Duane Hanson
Duane Hanson

Conçue par Bernhard Mendes Bürgi, elle a pour ambition de montrer la puissante dynamique de l’art sculptural par laquelle conception et forme classiques s’engagent dans un processus de transformation et s’éloignent de la représentation de la réalité visible pour atteindre l’abstraction, tout en se rapprochant de la banalité des objets du quotidien, en transgressant leurs limites spatiales ou conceptuelles et en se renouvelant à travers un retour à la tradition figurative. Cette exposition est installée à la fois dans le nouveau bâtiment et dans le Kunstmuseum Basel | Gegenwart.

Bernard Burgi
Bernard Burgi

Situé au sein du bâtiment principal du Kunstmuseum Basel, le Kupferstichkabinett présente l’exposition Barnett Newman – Dessins et gravures, dont la commissaire est Anita Haldemann.
Barnett Newmann
Barnett Newman

Les portes du Kunstmuseum Basel agrandi ont ouvert aux visiteurs pour la première fois, au mois d’avril, dans le cadre de l’évènement Open House,( l’entrée était gratuite pour les trois espaces d’exposition.)
Ne manquez pas la très belle exposition « Sculptures in the move » qui selon les salles, est un réel plaisir pour les yeux. Si les escaliers grandioses, vous rebutent, sachez qu’il y a des ascenseurs judicieusement aménagés dans les divers bâtiments.
Bruce Nauman
Bruce Nauman

Depuis mardi 19 avril, les musées appliquent leur règlement habituel avec des horaires d’ouverture et des tarifs identiques pour les trois espaces d’exposition.

Découvrez les publications parues à l’occasion de l’inauguration du
Kunstmuseum Basel agrandi :
Catalogues Basel Kunstmuseum

Ouverture

Mar, mer, ven, sam, dim 10–18h
Jeu 10–20h
Lundi fermé
Chaque jeudi soir, les visiteurs pourront désormais profiter d’une nocturne jusqu’à 20h.

Dimanche gratuit

Le premier dimanche du mois, l’accès à la collection et aux expositions est libre. Cette gratuité n’est cependant pas valable pour les expositions temporaires.

St. Alban-Graben 16
CH-4010 Basel
Tel. +41 61 206 62 62
Fax +41 61 206 62 52

Sommaire du mois d'avril 2016

 

Aurélie de Heinzelin // Eux // Deux nus avec flamme (2013) Galerie Jean François Kaiser
Aurélie de Heinzelin // Eux // Deux nus avec flamme (2013)
Galerie Jean François Kaiser

15 avril 2016 :Carambolages
17 avril 2016 : Anselm Kiefer au centre Pompidou
18 avril 2016 :François Carbonnier – Miroir de l’âme
19 avril 2016 : Entre sculpture et photographie, au musée Rodin – Paris
21 avril 2016 : Oncle Sam, Thomas Nast et Tomi Ungerer.
26 avril 2016 : Chefs-d’oeuvre de Budapest
27 avril 2016 :Seydou Keïta, au Grand Palais

Seydou Keïta, au Grand Palais

Seydou Keïta, Grand Palais, 31 mars –11 juillet 2016
« J’avais 14 ans, c’étaient mes premières photos et c’était le moment le plus important de ma vie. Depuis lors, c’est un métier que j’ai essayé de faire le mieux possible. J’ai tellement aimé la photographie. »

Seydou Keïta
Sans titre, 1959 (Autoportrait)
Tirage argentique moderne réalisé en 1994 sous
la supervision de Seydou Keïta et signé par lui.
60 x 50 cm
Genève, Contemporary African Art Collection
© Seydou Keïta / SKPEAC / photo courtesy
CAAC – The Pigozzi Collection, Genève

Seydou Keïta est né à Bamako vers 1921 et ouvre son studio de photographe portraitiste en 1948. Son oncle, qui lui a offert avant-guerre un appareil Kodak Brownie, a déclenché sa vocation. Autodidacte, il bénéficie des conseils de son voisin Mountaga Dembélé, photographe et instituteur malien de l’entre-deux-guerres, et de la fréquentation du magasin-studio photo de Pierre Garnier.

Seydou Keïta
Sans titre, 1949-1951
Tirage argentique moderne réalisé en 1998 sous
la supervision de Seydou Keïta et signé par lui.
180 x 120 cm
Genève, Contemporary African Art Collection
© Seydou Keïta / SKPEAC / photo courtesy CAAC
– The Pigozzi Collection, Genève

Situé sur la parcelle familiale, son studio se compose de sa pièce de vie d’une vingtaine de mètres carrés et de la cour, attenante, où il réalise le plus grand nombre de ses photographies à la lumière naturelle. Proche de la gare de Bamako et de nombreux lieux d’attraction de la ville, il sait bénéficier du flux de voyageurs de l’Afrique de l’Ouest et séduit très vite la jeunesse urbaine qui devient sa principale clientèle.

Seydou Keïta
Sans titre, 1959
Tirage argentique moderne
120 x 99 cm
Genève, Contemporary African Art Collection
© Seydou Keïta / SKPEAC / photo courtesy CAAC – The
Pigozzi Collection, Genève
17
Seydou Keïta
Sans titre, 17 juin 1953
Tirage argentique d’époque
17.5 x 12 cm
collection particulière
© Seydou Keïta / SKPEAC / photo François Doury
16
Cette célèbre photographie de Keïta, appelée « l’homme à la fleur », est souvent passée à tort pour un autoportrait. Keïta, qui le plus souvent ne connaissait pas l’identité de ses clients, se souvenait néanmoins de ce jeune homme handicapé, appelé M. Sissoko. Le veston blanc, la cravate, les lunettes (sans verres) le stylo ainsi que la fleur, faisaient partie des accessoires mis à disposition dans le studio du photographe.
L’élégance occidentale affichée ici est représentative de la classe des jeunes fonctionnaires citadins qui travaillaient pour l’administration coloniale, savaient lire et écrire, et que l’on appelait à l’époque des « évolués ».
Keïta devient rapidement célèbre grâce à son sens de la mise en scène, de la pose, et de la qualité de ses tirages. Il réalise l’essentiel de ses portraits en une seule prise, à la chambre 13 x 18, qu’il développe par contact au même format. Son succès tient également aux nombreux accessoires mis à disposition de ses clients dans son studio : costumes européens, chapeaux, cravates, montres, bijoux, stylos, Vespa, etc. Ils contribuent à la projection d’une identité visuelle et sociale, réelle ou idéalisée, émanant d’une société qui aspire à la modernité.

Seydou Keïta
Sans titre, 1949-51
Tirage argentique moderne réalisé en 1995
sous la supervision de Seydou Keïta et signé
par lui.
50 x 60 cm
Genève, Contemporary African Art Collection
© Seydou Keïta / SKPEAC / photo courtesy
CAAC – The Pigozzi Collection, Genève

La photographie de Seydou Keïta marque en effet la fin de l’époque coloniale et de ses codes de représentation pour ouvrir l’ère d’une photographie africaine qui affirme son identité. Là où les « indigènes » étaient représentés frontalement, en tant qu’échantillons anthropologiques d’une tribu ou d’une catégorie de population, Keïta privilégie les poses de trois-quarts et la diagonale pour magnifier des personnes et non pas des sujets. Ses clients devenant ainsi les modèles actifs de sa démarche artistique. Keïta, qui a réalisé plusieurs milliers de clichés, a inlassablement cherché à donner d’eux la plus belle image et est aujourd’hui considéré comme l’un des grands portraitistes du XXe siècle.
Cette exposition rétrospective présente pour la première fois un important ensemble de tirages argentiques modernes – réalisés de 1993 à 2011, et signés par Keïta – ainsi que des tirages argentiques d’époque. Le parcours est organisé chronologiquement, de 1949 à 1962, date de la fermeture de son studio, en tenant compte des divers fonds en tissu que Keïta utilisait et grâce auxquels il parvenait à dater ses photographies.

Seydou Keïta
Sans titre, 1958
Tirage argentique moderne réalisé en 1998
sous la supervision de Seydou Keïta et signé
par lui.
127 x 180 cm
Genève, Contemporary African Art Collection
© Seydou Keïta / SKPEAC / photo courtesy
CAAC – The Pigozzi Collection, Genève

« Quelqu’un qui n’a pas fait sa photo avec Seydou Keïta n’a pas fait de photo ! » ; C’est ce qui se disait à Bamako. »
Section «Vintages»
Les tirages d’époque, également appelés «vintages», présentés dans cette salle, sont réunis pour la première fois dans le cadre d’une exposition. Keïta a réalisé la plupart de ses portraits à la chambre 13×18 et tirait lui-même ses photographies dans son studio, par contact, à l’aide d’un châssis-presse, sans recourir à un agrandisseur.
Bien qu’autodidacte, Keïta s’était néanmoins perfectionné à la technique du tirage auprès de son aîné, Mountaga Dembélé, instituteur photographe, engagé dans l’armée coloniale, qui ouvrit un studio à Bamako après son retour au Soudan français
en 1945. Dembélé avait lui-même été initié à Paris par le professeur Houppé, inventeur du célèbre agrandisseur Imperator, et auteur de l’ouvrage,
Les secrets de la photographie dévoilés.

Keïta exposait aux murs de son studio des modèles de portraits de femmes, hommes, enfants, en buste, debout, assis ou allongés, et mettait à disposition divers accessoires, afin d’aider ses clients à choisir une pose. Ses « cartes », comme il les appelait, rencontraient ainsi beaucoup de succès à l’époque. Il lui arrivait exceptionnellement de réaliser des formats plus grands, à la demande de certains clients fortunés, tel ce vintage présenté ici au format 30×40.
Keïta conservait et classait minutieusement ses négatifs, mais n’avait pas gardé de tirages
d’époque dans son studio après sa fermeture. Ils ont été retrouvés pour la plupart, abandonnés ou oubliés par des clients, dans l’atelier de son encadreur, qui colorisait aussi, à la demande, les ongles, bijoux et coiffes sur certains portraits féminins. L’absence de précautions particulières dans la conservation d’un grand nombre de ces photographies, exposées au vent, à la poussière, à la chaleur et à l’humidité, explique l’état de certains portraits.
Exposition organisée par la Réunion des musées
nationaux – Grand Palais avec la participation de la
Contemporary African Art Collection (CAAC) – The
Pigozzi Collection.
les citations sont extraites du livre Seydou Keïta de
André Magnin et Youssouf Tata Cissé, pour les textes, et de
Seydou Keïta pour les photos. Ed. Scalo, Zürich, 1997

France culture la grande table à l’expo (podcast)
 France Culture la Dispute (podcast)

les Regardeurs (podcast)