Sigmar Polke, Alchimie et Arabesques

Exposition à Baden-Baden jusqu’ au 25. Juin 2017
« Un des traits de méchanceté (dans mes tableaux)
les plus anodins, c’est que les méchancetés de taille
soient passées sous silence. Une des méchancetés de
taille, c’est de rire de celles qui sont les plus anodines.
D’ailleurs un tableau est à lui seul une méchanceté
en soi (…). »
Sigmar Polke 1984, entretien avec Bice Curiger
(extrait du catalogue).

Sigmar Polke Nach Altdorfer 1986 The Estate of Sigmar Polke Koeln

C’était un magicien des formes et des techniques doublé d’un cynique
dans son rapport à la réalité: dans ses tableaux aux multiples facettes,
les aspects picturaux, éléments dessinés, tissus et motifs, photos et trames,
sont superposés, assemblés en collages et contrastes, tandis que,
simultanément, ses univers picturaux invitent à une réflexion critique sur
les univers sociaux et politiques dans lesquels nous vivons –
son ironie était mordante et cruelle. Souvent, un fin linéament est posé
sur la surface du tableau, et il ajoute une dimension supplémentaire à celles
de la surface et de l‘espace. La ligne réunit, réconcilie et souligne, mais
elle barre aussi, supprime et modifie.
Sigmar Polke d’après Durer

Disparu en 2010, Sigmar Polke est sans nul doute l’un des plus grands
inventeurs d’images, et l’un des peintres majeurs parmi les artistes allemands
des dernières décennies.
Intitulée Alchimie et Arabesques, l’exposition du Musée Frieder Burda
met l’accent sur les «raisons mystérieuses» qui présidèrent à sa peinture
et sur les compositions tout en lignes qui forment un élégant contraste.
Des prêts prestigieux provenant de la succession de l’artiste,
de collections et de musées internationaux, complètent ici de
nombreuses pièces de la Collection Frieder Burda, qui découvrit
très tôt l’oeuvre de Sigmar Polke et en fit l’un de ses piliers.

Le commissaire Helmut Friedel, déclare, en parlant de sa conception
de l’exposition qui réunit plus de 100 oeuvres:
«la ligne, c’est-à-dire le dessin, reste indépendante, même au regard
de la surface peinte dont elle va jusqu’à rester légèrement distante,
menant sa propre vie fragile. Sans doute Sigmar Polke aimait-il
profondément cet état de flottement, d’inachevé, de réversible,
de possible, car ce dernier réapparaît constamment dans son oeuvre
sous diverses formes, presque comme un leitmotiv.
En mettant l’accent sur les arabesques, nous proposons à
nouveau une approche inédite, révélatrice autant que passionnante,
de l’oeuvre de Polke

Frieder Burda ajoute: «Aux côtés de Gerhard Richter,
Sigmar Polke est de toute évidence une des figures centrales
de ma collection. C’est pourquoi je me félicite tout particulièrement
de voir, dix ans après notre rétrospective, une nouvelle exposition
être consacrée à ce merveilleux artiste, hélas aujourd’hui disparu.»
Plus loin: «Sigmar Polke était un artiste maîtrisant parfaitement
les techniques, un bon peintre et un dessinateur remarquable.
Son humour et son ironie subtile, sa profusion d’idées et sa capacité
à se moquer de soi-même restent inégalés. Mais c’est surtout sa
curiosité d’enfant, son plaisir à s’aventurer sur des terrains nouveaux
qui me fascinent et que nous avons voulu mettre en lumière dans
cette exposition. Parfait connaisseur de Polke, Helmut Friedel
a suivi les boucles et arabesques qui mènent aux gouffres et

abysses qu’abritent ses tableaux, et permet ainsi de regarder
son travail une fois encore sous un autre angle.»
Les lignes dans les tableaux de Polke sont «obtenues» des plus
diverses manières qui soient: Bandes adhésives, images prises
comme modèles, coulées de peinture, ou même reprise des
merveilleuses arabesques de Dürer ou Altdorfer. Les fonds
des tableaux sont animés par le choix du matériau, tels les tissus,
films transparents et trames, et également par des processus
chimiques «magiques», mélanges de divers produits chimiques,
laques ou même sèves végétales. Des oppositions «voulues»
ou plutôt «aléatoires» s’interpénètrent et se superposent
constamment, tandis que l’origine de la force dominante
reste toujours dans le flou. Les tableaux de tissus et de laques
vont alors comme tendre les bras vers les représentations linéaires
– lignes des mains, lignes de beauté et tableaux d’entrelacs
– qui leur font face.

Sigmar Polke (*13 février 1941 à Oels, Basse Silésie, †
10 juin 2010 à Cologne) était un peintre et photographe allemand.
Dans ses premiers travaux et sous l’inspiration du pop art
américain, Polke se penche sur la société de consommation
qui marque l’Allemagne d’après-guerre. Avec ces tableaux
employant la trame photographique et les tissus, il crée un univers
pictural absolument unique, se refusant systématiquement
à toute classification stylistique. L’ironie est très présente dans
son attitude face à la peinture. Sigmar Polke participe à
plusieurs reprises à la documenta (1972, 1977 et 1882),
en 1986 il occupe le pavillon allemand à la Biennale de Venise.
Il recevra de nombreuses distinctions internationales parmi
lesquelles le Prix de peinture à la XIIIe Biennale de São
Paulo (1975),
le Lion d’or à la Biennale de Venise pour
l’ensemble de son oeuvre (1986),
le Goslaer Kaiserring,
prix d’art de la ville de Goslar (2000), le Praemium Impériale
à Tokyo (2002)
et le Prix Rubens de la ville de Siegen (2007).
En 2015, le Musée Ludwig de Cologne lui consacrera une grande
rétrospective à titre posthume – en collaboration avec le MoMA
de New York et la Tate Gallery de Londres.

Le catalogue d’exposition:
«Sigmar Polke. Alchemie und Arabeske» réunit des textes
de Helmut Friedel et Barbara Vinken ainsi qu’un entretien entre
Bice Curiger et Sigmar Polke. Editions Schirmer/Mosel.
(en allemand)
Museum Frieder Burda · Lichtentaler Allee 8b · 76530 Baden-Baden
Telefon +49 (0)7221 39898-0 · www.museum-frieder-burda.de

Pass-musée

Horaires

Mar – Dim, 10h – 18h Fermé le lundi, excepté jour férié.
Accès – Museum Frieder Burda

Liaison directe par autobus depuis la gare de Baden-Baden :
Lignes comportant l’arrêt « Musée/Museum Frieder Burda »
(notamment lignes 201, 216 et 243).

 

Thibaut Cuisset – « Campagnes françaises »

Il ne portera plus son regard harmonieux sur les
paysages de la planète. Thibaut Cuisset est mort à 59 ans,
alors que la fondation Fernet-Branca de Saint-Louis lui
a consacré une exposition monographique.
Elle lui a rendu hommage le 11 février dernier.

« Pour moi photographier c’est voyager », disait Thibaut Cuisset,
mort le 19 janvier 2016.
Son goût de l’exploration lui avait permis de dresser un état des lieux
de paysages dans le monde entier. Des paysages sereins, contemplatifs,
qui ressemblaient à cet homme discret, presque timide résidant à
Montreuil (93) dans la banlieue de Paris.

Thibaut Cuisset a fait découvrir ses photos durant l’été 1991,
et ce fut un choc. Des images de la montagne suisse, exposées
à Lausanne.
Le jeune homme, né le 19 mars 1958 à Maubeuge (Nord) avait 33 ans,
une voix aussi douce que sa palette de couleurs. Mais il bousculait
le genre.
Il disait qu’un paysage peut être beau sans être une jolie carte
postale inerte. Qu’il était vivant, habité même vide.
Qu’il bougeait.
Le public était déboussolé. « Les couleurs sont trop pâles »,
s’indignait un patron de Kodak. « C’est ce que j’ai vu »,
répondait-il.
S’il choisit la couleur, rejetée par ses pairs, car considérée
alors comme vulgaire, c’est que sa culture au départ est forgée
par le cinéma et la peinture de Corot ou de Cézanne. Cuisset suit
ses intuitions, et n’en démord pas.
Il arpente le monde, l’Australie, la Suisse, l’Italie, l’Espagne,
le Japon, la Russie, la Namybie, l’Islande, et bien sûr la France.
Quand il s’intéresse à un pays, il entre en campagne, occupe
le territoire de façon systématique, à l’affût d’endroits cachés
susceptible de révéler les lieux qu’il fouille du regard au volant
d’une voiture, ou à pied, consacrant à ses repérages jusqu’à
dix heures par jour.

Réalisées avec des appareils moyen format sur trépied, ses photos
sont prises à midi, à l’heure où le soleil se trouve au zénith ou par
temps couvert pour éviter les ombres qui dramatisent les scènes.
Son sens des lumières donnent à ses photos
des rendus pastels aussitôt reconnaissables que lui seul
parvient à trouver.
Il écarte systématiquement les rouges qui attirent trop
le regard. Les courbes, les contre-courbes, les diagonales,
les verticales, tout s’harmonise, dans ses prises de vue, grâce
à son oeil.

Pensionnaire de la villa Médicis à Rome en 1992, et lauréat du prix
de l’académie des Beaux Arts en 2009, Thibaut Cuisset s’inscrit
dans le mouvement de la new topography des années 1970.
Parti des Etats-Unis ce mouvement rompt avec le paysage romantique
et s’emploie à décrire la beauté des lieux considérés
comme banals. En 1983, la démarche fut reprise en France
par la mission de la DATAR avec de grands photographes
internationaux comme Raymond Depardon.

A travers une philosophie zen, il ne portait pas de jugement,
il documentait par ses travaux, les paysages que les hommes
ont modelés. Un poésie froide sans anecdotes, ni romantisme,
que ce soit dans l’harmonie d’un champ ou le chaos d’un corps
de maison égaré en zone industrielle

La campagne en France, voilà ce qui l’intéresse depuis toutes
ces années. Pas une campagne pittoresque ni une campagne
exotique, une campagne plus proche de nous, peut‐être
plus ordinaire et familière, mais encore bien vivante, où les
choses bougent parfois lentement comme dans le pays de
Bray en Normandie, et d’autres fois très rapidement avec le
développement des lotissements en milieu périurbain autour
des villages de l’Hérault par exemple. Les paysages plus
patrimoniaux ou monumentaux tels les hautes montagnes
des Alpes et des Pyrénées ou le littoral Corse ne sont
pas non plus en reste.

La Fondation a réalisé une commande spécifique
de photographies sur le territoire des Trois frontières.
Des salles ont été consacrées à la première présentation de ce travail.
Regarder des lieux laissés de côté qui n’ont rien de spectaculaire, mais qui font nos
campagnes. Regarder autrement des sites plus remarquables.
Un montage vidéo crée par Laurent Troendle permet de
circuler dans les
salles ici
Avoir un regard “d’ici et maintenant” sans patriotisme, sans nostalgie
non plus ou s’il y en a une, ce serait alors dans la chose elle‐même.
Ces lieux, dont on nous dit peu, mais qui font bien partie de cette grande
diversité du paysage que l’on observe en France.
Tous ces paysages qui sont le fruit d’un façonnement perpétuel,
il s’évertue donc à les citer, les authentifier, les représenter comme
un pur effet du temps en traitant le plus justement
possible de leurs équilibres et leurs bouleversements.
Il a publié une dizaine de livres, souvent des bijoux, portés par des
textes de complices bien choisis – Jean-Christophe Bailly,
Jean-Luc Nancy, Philippe Lacoue-Labarthe, Gilles A. Tiberghien,
Jean Echenoz

Commissariat de l’exposition : Pierre Jean Sugier,
directeur de la Fondation Fernet Branca
Thibaut Cuisset en 6 dates
19 mars 1958 Naissance à Maubeuge (Nord).
1991 Expose au Musée de l’Elysée, à Lausanne (Suisse).
1992 Est à la villa Médicis à Rome
1992 Est aux Rencontres photographiques d’Arles.
2010 A l’Académie des Beaux-Arts de Paris.
19 janvier 2017 Mort à Villejuif (Val-de-Marne).
Un catalogue est édité pour l’occasion sur la commande
de la Fondation Fernet‐Branca « Les Trois‐Frontières »
en vente à la Fondation

L’OEil du collectionneur

Le MAMCS présente jusqu’au 26 MARS 2017
L’exposition « L’OEil du collectionneur.
Neuf collections particulières
strasbourgeoises »
propose, au sein du
Musée d’Art moderne et contemporain, MAMCS,
une série de portraits de collectionneurs strasbourgeois,
à travers la présentation de leurs oeuvres.

Focus 1 : du 17 septembre au 20 novembre 2016 :
« Être et à voir », Collection J+C Mairet
« La Possibilité d’une collection », Collection G et M Burg
« Passages », Collection privée, Strasbourg et Collection G et M Burg

Gilles Barbier, Vielle femme aux tatouages collection J+C Mairet

Focus 2 : du 10 décembre 2016 au 26 mars 2017 :
« Le désir est partout », Collection Lionel van der Gucht
« Collectionner les formes », Collection privée, Strasbourg
« Comme une respiration », Collection Madeleine Millot-Durrenberger
« Voies de la peinture figurative contemporaine », Collection Jean Brolly et Collection privée, Strasbourg
Des oeuvres des collections de J + C Mairet et G et M Burg sont
également exposées du 17 septembre au 26 mars dans les salles
d’art moderne et contemporain du musée.
791 OEuvres dont 435 pour le focus 1 et 356 pour le focus 2 / 226 artistes
L’année 2016 était consacrée à un ensemble de manifestations
dédiées au thème des collections publiques et privées et
regroupées sous le nom de Passions Partagées, au coeur des
collections.
Olafur Eliasson (1967, Copenhague), The descent series, 2004.
9 c-print, 22×33 cm. Collection privée, Strasbourg

Ces neuf collectionneurs et collectionneuses ont accepté
de dévoiler au Musée d’Art moderne et contemporain de
Strasbourg
une partie des oeuvres qu’ils accumulent, conservent
et font dialoguer dans l’intimité de leur domicile depuis des années.
Des personnalités d’horizons très différents se confrontent
à l’exercice – voire au jeu – de l’exposition et  présentent au public
les plus belles pièces issues de leur « jardin secret ».
Ces collectionneurs ont en commun d’avoir « une histoire »
avec le musée, dont ils sont donateurs, déposants ou ambassadeurs
de la première heure ; cette série d’expositions entend,
non seulement rendre hommage à leur engagement, mais aussi
s’intéresser à d’autres pratiques que celles admises dans les
institutions patrimoniales.
Affaire de passion ou de névrose, impulsive ou raisonnée,
la collection privée relève exclusivement du regard d’un
individu. Les choix qui la construisent : ses méandres,
éventuellement ses contradictions,
prennent sens pour celui qui opère, libre de toutes contingences.
Mur de Berlin, Wolf Vostell

À l’opposé, la collection publique ne fonctionne pas au
« coup de coeur », elle est l’objet d’échanges entre une
multitude d’acteurs qui garantissent le bon usage des
deniers publics et entre, ad vitam æternam, dans le patrimoine
collectif. Confronter l’art qui habite les intérieurs à
celui qui s’expose dans les musées constitue une
entreprise audacieuse et jubilatoire pour les
deux parties.
C’est ce que propose « L’OEil du collectionneur » qui, au fil
de deux séries d’accrochages successifs, montre différents espaces
du MAMCS investis par autant de collections
de toutes envergures. Mettant, ou non, en avant une période,
un mouvement, un medium, ces ensembles d’oeuvres issus
de choix personnels sont à lire comme autant de portraits
en creux de leurs créateurs, ouvrant l’hypothèse de la
collection comme expression d’une forme d’art à
part entière. Ce projet atypique rappelle que les collections
publiques et les collections privées sont unies par des liens
forts faits d’inspirations réciproques, de regards complémentaires,
du plaisir de célébrer et partager l’art avec le plus grand nombre.
Xavier Veilhan, les Poissons 3, 1990 collection Lionel Van Der Gucht

La Collection Lionel van der Gucht
C’est lors d’une vente à l’Hôtel Drouot, il y a 30 ans, que Lionel
van der Gucht entre dans le jeu des enchères et débute sa
collection. Il retient un lavis d’Édouard Pignon qui donne le ton
de cette accumulation, une oeuvre qui traduit déjà une
sensibilité aiguë à la couleur et une attention toute particulière
à l’expression de l’instant.
La collection, pour Lionel van der Gucht,
s’envisage comme une mise en danger pour celui qui la
développe et dont l’espace intime se voit lourdement impacté
par une addition infinie d’oeuvres et d’objets dont il est
seul à connaître la clé. Anonymes et artistes reconnus,
pièces rares et objets sauvés des marchés aux puces,
tous concourent à dessiner une collection qui échappe
à tout carcan : elle est ancienne et moderne à la fois, embrasse
tous les médias, séduit et irrite parfois et n’en finit pas d’étonner
celui qui la rencontre. Pour la première fois, le collectionneur
livre au regard trois décades passées à pister ou à saisir
lorsqu’elle se présente de façon inattendue, l’oeuvre qui vient
poursuivre ce projet décrit comme « une fatalité ».
John Armeleder CP

Après une première salle conçue avec la complicité
avec Madeleine Millot-Durrenberger,
l’exposition Le désir est partout s’ouvre avec un ensemble
d’oeuvres liées à la personnalité du poète, critique d’art et
ami des Surréalistes, Alain Jouffroy (1928- 2015).
Ainsi, l’ouvrage, Le Peintre et le Modèle (1973) conçu avec
l’artiste Gérard Fromager, se voit intégralement déployé
sur les murs où il offre une plongée dans la couleur.
Une possible suite dans ce parcours sans
direction imposée consiste en la découverte d’une salle
peuplée de personnages étranges dont la vision peut
éventuellement susciter le malaise.
Créatures imaginaires (La Chimère de Jean Désiré
Ringel d’Illzach), fragments d’individus (masque de Maurice
Rollinat), matière en fusion ou en décomposition
(céramique de Johan Creten), planches d’anatomie…
les habitants de cet espace semblent appartenir à un
inter-monde qui brouille leurs traits et les fait tendre du côté
du monstre. Au sortir de cette approche tératologique
de l’oeuvre d’art, c’est un autre sens qui
est sollicité, l’ouïe.
Dans un espace intime, isolé derrière
de grands rideaux noirs, le visiteur est
invité à prendre place pour éprouver l’écoulement du
temps au son du chuchotement de la voix de Roman Opalka.
L’artiste égrène les chiffres dans sa langue natale,
le polonais, allant de milliers en centaines de milliers,
atteignant et dépassant le troisième million dans un même
souffle. Cette salle présente également des oeuvres de
Jean Bazaine et Daniel Dezeuze, fragiles dessins qui
s’imposent néanmoins discrètement dans une semi-obscurité.
La salle suivante rompt avec l’épure pour offrir, quasiment
jusqu’à saturation de l’oeil, une photo de la création alsacienne
depuis un siècle, non seulement en matière de
peinture (Jean Benner, Robert Heitz, Jean-Jacques Henner,
Daniel Schlier, Gustave Stoskopf, Tomi Ungerer,…),
Daniel Schlier, avec Pauline collection Jean Brolly

mais aussi dans le domaine de la pensée avec la présence
modeste, mais ô combien chargée, de la brochure
De la misère en milieu étudiant considérée sous ses aspects
économique, politique, psychologique, sexuel et notamment
intellectuel et de quelques moyens pour y remédier, publiée
en 1966 à Strasbourg par l’Internationale Situationniste
et dont on connaît l’influence sur les événements de mai 68.
Voici, là encore, une invitation à un pas de
côté de la part du collectionneur.
Sarah Morris, 2002 cp

Une dernière salle fait la part belle au design, assénant s’il en est
besoin que « Le désir est partout » et que la jouissance liée
à l’appréciation du dessin, de la couleur, des formes et des
matières ne souffre aucune hiérarchie entre Art et arts appliqués.
Une bibliothèque (Charlotte Perriand), un grand miroir lumineux
(Ettore Sottsass) et une série de chaises (Dixon, Prouvé,
Gehry, Faustino…), parmi d’autres objets, entrent en dialogue
avec des quilts tendus au mur dont les motifs évoquent l’art
géométrique des années 1920.
Tout au long de l’exposition, le sculpteur Jean-Gabriel Coignet
aura installé ses oeuvres jouant avec la géométrie et l’équilibre,
créant un fil qui peut être remonté de nouveau, à l’envers.
En exclusivité avec le Museums-PASS-Musées
Soirée exclusive au Musée d’Art Moderne et Contemporain
de Strasbourg 17/03/2017
Cliquez ici pour plus d’informations

Week-end de l’art contemporain.
Dimanche 19 mars à 15h et 17h
En partenariat avec le TJP CDN d’Alsace Strasbourg
Corps noir
Installation- Performance d’Aurélien Bory
pour Stéphanie Fuster / Cie 111

Durée : 45 mn

 

Anders Zorn

Jusqu’au 17 décembre 2017
Le Petit Palais présente une grande rétrospective consacrée à
Anders Zorn (1860-1920), grande figure de la peinture
suédoise. Pourtant reconnu et admiré à Paris au tournant des
XIXe et XXe siècles, Zorn n’a pas été célébré dans la capitale
depuis 1906 ! Près de 150 oeuvres permettent de retracer le
parcours de ce grand artiste, ami et rival de Sargent, Sorolla,
Boldini et Besnard, à la fois aquarelliste virtuose, peintre
talentueux et graveur de génie. Cette exposition devrait
marquer le retour en grâce d’un maître resté très populaire
en Scandinavie et célébré avec succès à San Francisco et New
York en 2013 et 2014.
Anders Zorn connut une vie digne des meilleurs romans, celle d’un
garçon né dans une famille pauvre, abandonné par son père, qui à
force de travail, a connu la gloire et la fortune. Après une formation à
l’Académie royale des arts de Stockholm, il quitte à vingt ans sa Suède
natale pour sillonner l’Europe : l’Espagne d’abord, puis Londres et
Paris. Suivront la Turquie, l’Italie, la Grèce, l’Afrique du Nord et des
séjours triomphaux aux États-Unis. Ce cosmopolite suscite très tôt
l’admiration pour ses grandes aquarelles. Sa virtuosité s’exprime
pleinement dans son art de représenter l’eau.
Ce motif deviendra récurrent dans son oeuvre :
archipel de Stockholm, côte nord-africaine,
lagune vénitienne, port de Hambourg, vagues de l’Atlantique…
Zorn saisit comme personne le mouvement perpétuel des flots.
Lors de ses nombreux séjours à Paris, Zorn alterne
l’aquarelle avec la peinture à l’huile et se spécialise dans
l’art du portrait. Son style qui mêle élégance et sophistication
est très apprécié de ses commanditaires. Son sens inné du cadrage
et sa maîtrise de la lumière font de chaque oeuvre un
grand moment de peinture et d’élégance.
Aux États-Unis, les banquiers, magnats de l’industrie, présidents
et autres hommes politiques s’arrachent ses portraits.
Il devient en quelques années l’un des peintres mondains les
plus respectés et les plus demandés. Zorn connaît alors
un succès phénoménal. Artiste complet, il est également
un graveur de génie très inspiré de Rembrandt dont il
collectionne les estampes.
À la fin du XIXe siècle, Zorn s’installe avec son épouse
à Mora en Suède, dont l’atelier-maison se visite toujours
aujourd’hui. Sa peinture magnifie la nature et les traditions
populaires suédoises. Le Bal de la Saint-Jean, véritable
déclaration d’amour à sa région, la Dalécarlie,
et à ses longues nuits d’été est devenu un classique de
l’histoire de l’art en Suède.
Le parcours et la scénographie rappellent cette vie
multiple à travers des ambiances très différentes.
Des agrandissements de photographies de Zorn, pour
la plupart inédites, ponctuent également la visite.
L’exposition bénéficie des plus belles pièces du musée
Zorn à Mora et du Nationalmuseum de Stockholm,
tous deux partenaires du projet.
D’importants prêts d’autres institutions scandinaves et
françaises complètent la présentation, notamment
la Bibliothèque nationale de France.
COMMISSARIAT :
Johan Cederlund : directeur du Zornmuseet, Mora
Carl-Johan Olsson : conservateur au Nationalmuseum de Stockholm
Christophe Leribault : directeur du Petit Palais
Dominique Morel : conservateur général au Petit Palais


ART / DESIGN / INNOVATION
Les débuts : entre Suède, Espagne et Londres
Zorn est issu d’un milieu modeste.
Il passe son enfance à Mora, en Dalécarlie, au centre de
la Suède dans une région très rurale. Son habileté
à dessiner et sculpter le fait toutefois remarquer et à l’âge
de 15 ans, il est envoyé à l’Académie des Beaux-Arts de Stockholm.
En désaccord avec son directeur, il en démissionne en 1881
et part se former à l’étranger. Il se rend en Espagne en passant
par Londres et Paris.
« Ici, il fait chaud et il y a du soleil, des jolies filles et des
mendiants pittoresques. Un vrai paradis pour les peintres »,
écrit-il.
À l’automne 1882, il s’installe à
Londres, dans le quartier à la mode de Mayfair. Il acquiert
très vite une réputation d’excellent portraitiste et reçoit de
nombreuses commandes.
Il retourne en Suède en 1885 pour épouser Emma Lamm,
jeune femme issue de la haute bourgeoisie de Stockholm
avec laquelle il s’était fiancé secrètement en 1881.
Sa situation économique est désormais
suffisamment assurée pour lui permettre de fonder
un foyer, la position sociale de sa belle-famille lui apportant
de plus une nouvelle clientèle.
Les grandes aquarelles qui lancent sa réputation :
effets d’eau, d’Istanbul à Saint Ives
Très tôt, Zorn est reconnu comme un aquarelliste de talent.
En 1880, il expose à l’Académie de Stockholm son aquarelle
En deuil qui suscite l’admiration générale.
Au contact du peintre suédois Egron Lundgren
(1815-1875), il apprend à utiliser toutes les ressources de
la peinture à l’eau, du glacis le plus léger jusqu’aux
applications les plus couvrantes qui ne laissent pas transparaître
le blanc du papier. Les aquarelles de Zorn, souvent d’un format
monumental, rendent compte des itinéraires
d’un peintre voyageur qui, d’Ouest en Est et du Nord au Sud,
égrène les villes étapes : Constantinople, Alger, Saint Ives en
Cornouailles, Hambourg, sans oublier la lagune vénitienne,
ni l’archipel de Stockholm.
Dans ces vues de ports, dans ces marines, Zorn excelle à rendre le
mouvement de l’eau,
« à mettre – selon son expression – les vagues et les clapotis en
perspective
».
Souvent les personnages sont réduits au rôle
de faire-valoir et ne sont là que pour souligner la grandeur
et la beauté de l’élément liquide.

PARCOURS DE L’EXPOSITION
La décennie parisienne
En 1888, Zorn s’installe à Paris pour exécuter le portrait du banquier
Ernest May et celui de ses enfants. Par son intermédiaire, il fait la
connaissance de personnalités du monde politique et artistique :
Antonin Proust, Armand Dayot, la danseuse Rosita Mauri,
l’acteur Coquelin cadet, ses futurs clients et amis. La même année,
l’État lui achète pour le musée du Luxembourg
Un pêcheur à Saint-Ives
qu’il vient d’exposer au Salon. D’abord établi rue Daubigny,
Zorn emménage durablement boulevard de Clichy.
Il envoie sept oeuvres à l’Exposition universelle de 1889.
Peu après, il est nommé chevalier de la  Légion d’honneur.
En 1890, Zorn participe en tant que sociétaire étranger au
nouveau Salon de la Société nationale des Beaux-Arts.
En même temps, il expose dans des
galeries privées, chez Georges Petit et chez Durand-Ruel.
Il triomphe au Salon de 1891 en envoyant pas moins de
douze oeuvres. En 1892, il y présente
son tableau Omnibus qui le fait passer pour un «révolutionnaire»
et, en 1893, il doit retirer de l’exposition sa Vénus de la Villette,
jugée choquante. En 1895, Zorn participe aux côtés de plusieurs
de ses amis, Rodin, Whistler, Besnard, Thaulow au premier
salon de l’Art Nouveau à la galerie Bing.
En moins de dix ans, Zorn est devenu une figure très
en vue de la vie artistique parisienne avec laquelle il va
toujours rester en contact.
Les portraits de société
Aux côtés de Sargent, de Carolus Duran et de Boldini,
Zorn est l’un des portraitistes les plus recherchés de la fin
du XIXe siècle. Sa technique spontanée et instinctive
doit beaucoup à sa pratique de l’aquarelle. Il
utilise des couleurs abondamment diluées et les
applique d’un pinceau rapide et léger sans avoir dessiné
le motif au préalable.
Il préfère peindre ses portraits chez
ses commanditaires plutôt que dans son atelier
de façon à mieux saisir la personnalité et la psychologie de chacun
de ses modèles. Le décor et les accessoires jouent d’ailleurs un rôle
important pour définir et caractériser le sujet représenté.
Un grand nombre de portraits de Zorn ont été exécutés en
Amérique, au cours des sept voyages qu’il y effectua.
Banquiers, magnats de l’industrie, hommes politiques –
dont trois présidents des États-Unis – tous
étaient disposés à dépenser des sommes colossales
pour se faire tirer le portrait par Zorn. Tout en fréquentant la
haute société internationale, Anders Zorn demeure marqué
par la modestie de ses origines.
«Zorn reste toujours un paysan aux bras musclés pour étreindre
la réalité nue», remarque un critique.
Un graveur à succès
En 1882, Zorn fait la connaissance à Londres d’un compatriote
Axel Herman Haig qui l’initie à l’art de la gravure. Arrivé
à Paris en 1888, il expose régulièrement à la Société des
peintres-graveurs français, qui joue un rôle déterminant dans
le renouveau de l’eau-forte originale. L’exposition
organisée en 1906 à la galerie Durand-Ruel consacre définitivement
Zorn comme un maître de l’estampe. Il est alors le graveur le plus
cher et ses planches atteignent des prix records en vente
publique de
Paris à New York. Au total, l’oeuvre gravé
de Zorn comporte 288 numéros,
essentiellement
des portraits et des nus.
Zorn grave vite et fort, sabrant la
planche de tailles posées en diagonales.

Le portrait de Marcellin Berthelot aurait été réalisé en moins
de vingt minutes et le dessin préparatoire au portrait de Renan
en moins d’une heure. Parmi les influences qui transparaissent
dans son oeuvre, celle de Rembrandt – dont il collectionna les
gravures – se révèle évidente.
Il rejoint le maître hollandais dans son goût pour l’esquisse et
pour l’improvisation, affectionne les contrastes d’ombre et de lumière
et prend plaisir à se représenter lui-même. Enfin, comme Manet,
un autre exposant de la Société des peintres-graveurs, il n’hésite
pas à reprendre en gravures ses compositions peintes, parfois
en les modifiant et en les adaptant.
Zorn à la Bibliothèque nationale de France
Célèbre ébéniste et antiquaire, Alfred Beurdeley (1847-1919)
fut un des premiers amateurs et admirateurs de Zorn.
Il lui confia d’ailleurs le soin d’exécuter son portrait peint.
En 1906, il présida le comité de l’exposition
Zorn organisée à la galerie Durand-Ruel.
À l’issue de l’exposition, il donna à la Bibliothèque nationale
99 estampes de l’artiste
.
Le même jour, Zorn, lui-même, fit don de 40 estampes.
Ces dons furent complétés en 1943 par les 68 pièces de
la collection
Curtis. Américain d’origine mais établi en France
depuis 1904, Atherton Curtis (1863-1943) légua par testament à la
Bibliothèque 
nationale sa collection. Il possédait un bel
ensemble de gravures de Zorn parmi lesquelles les portraits
de Renan
, d’Anatole France, du roi Gustave V de Suède et une série
de baigneuses.
Au total, sur les 288 estampes de Zorn répertoriées par
Karl Asplund
dans son catalogue publié en 1920,
212 figurent dans le fonds de la Bibliothèque

nationale de France, ce qui en fait une des collections de
référence, ses gravures ayant été chacune tirées à peu
d’exemplaires et soigneusement signées par l’artiste.

La Suède traditionnelle
En 1896, Zorn et sa femme quittent Paris pour retourner s’installer à
Mora. Situé dans la province de Dalécarlie, au bord du lac Siljan, Mora
est alors un village même s’il a servi de théâtre à plusieurs événements
historiques fédérateurs pour l’histoire de la Suède : c’est à l’abri de ses
monts que se réfugie au XVIe siècle le roi Gustave Vasa, avant
d’entreprendre la reconquête de son pays.
Zorn apprécie de pouvoir mener à Mora une vie simple et authentique
au contact de la nature, ainsi qu’à Gopsmor, à une vingtaine de
kilomètres, dans une autre maison de bois plus isolée que sa belle
demeure de Mora qui deviendra plus tard un
musée. Il va d’ailleurs réunir progressivement un ensemble
de bâtisses anciennes qui forment au bord du lac un musée de
plein air dédié à la vie paysanne. Il trouve dans la réalité
quotidienne les sujets  de nombreux tableaux

: la vachère dans la forêt, le violoneux ou les femmes
de Mora vaquant à leurs occupations. La peinture dont il était
peut-être le plus fier, Danse de la Saint-Jean (1897), n’est pas
seulement une déclaration d’amour à la Dalécarlie et à ses
longues nuits d’été, elle est également devenue un classique
de l’histoire de l’art suédois.
Nus et baigneuses
À la fin des années 1880, Zorn commence à peindre sur le motif des nus
en plein air. Sans travestissement ni prétexte mythologique quelconque,
il représente des femmes au naturel se baignant dans le vaste archipel
de Stockholm. Il peut étudier à loisir l’effet de la lumière sur le corps
humain. Les nus de Zorn ont parfois été comparés à ceux de Renoir
qui expose en 1887, à la galerie Georges Petit, ses Grandes baigneuses,
lesquelles ont peut-être donné l’idée à Zorn de peindre l’année suivante
ses premiers nus.
« Les modèles de Zorn sont des gaillardes, mais
femmes aussi, femmes par la qualité de la chair, comme les femmes de
Renoir, mais d’une structure plus élancée et d’un plus
élégant athlétisme», écrit Henri Focillon en 1922.
À la fin de sa vie, Zorn multiplie les dessins et estampes de nu
dans une quête érotique effrénée. L’accent est beaucoup moins
porté sur le lieu et sur l’atmosphère que sur la peau
des corps nus. L’asservissement au réel qu’implique
l’abondant usage qu’il fait des clichés photographiques peut
expliquer ce changement de perspective.
C’est un beau complément à lexposition l’art du pastel du
Petit Palais

De la Tête aux Pieds, dans la collection Würth

DE LA TÊTE AUX PIEDS.
La figure humaine dans la Collection Würth
Le musée Würth d’Erstein  présente
cette exposition jusqu’au 10 septembre 2017.
Elle est composée de 9 sections, divisées en
8 thématiques

Dans Par-delà bien et mal, Friedrich Nietzsche écrit :
« En l’homme s’unissent créature et créateur : en l’homme,
il y a de la
matière, du fragment, de la profusion, de la glaise,
de la boue, de l’absurdité, du chaos ; mais en l’homme, il y a aussi
du créateur,
du sculpteur, de la dureté de marteau », c’est-à-dire
des forces créatrices et des capacités artistiques
.
extrait du catalogue ( texte Beate Elsen-Schwedler)

Marc QUINN AAA GTATA GGCAG 2009 Bronze et matières plastiques Collection Würth - Inv. 13583
Marc QUINN
AAA GTATA GGCAG
2009
Bronze et matières plastiques
Collection Würth – Inv. 13583

L’exposition propose à travers 130 peintures, dessins,
sculptures et installations issus de la Collection Würth
un propos passionnant sur la représentation de la figure
humaine dans l’art. Le nombre important d’oeuvres
présentées, de la fin du 19ème siècle jusqu’à aujourd’hui,
comprend des pièces majeures de la collection Würth,
ainsi que de récentes acquisitions.
vidéo Gilles-Dan MOYAL de la télévision locale
d’Erstein à visionner ici

Jonathan Green, Pride 1990
Jonathan Green, Pride 1990

Depuis toujours les représentations de la figure humaine
ne se sont pas seulement attachées à représenter une
réalité physiologique, mais ont cherché aussi à interroger
la nature humaine de manière formelle. Sujet essentiel
et universel dans l’histoire de l’art occidental – notamment
à travers l’art du portrait et du nu -, la figure humaine
consacre l’artiste dans son rôle de « créateur » au sens littéral
du terme et lui permet d’interroger sa place dans le monde.
Du corps idéalisé de la statuaire grecque au corps-objet
d’expérimentation dans l’art contemporain, cette représentation
n’a cessé d’évoluer à travers l’histoire : après les
débordements d’un XXème siècle meurtrier et la montée
en puissance de la société de consommation, un nouveau
rapport de l’homme au monde se manifeste, se traduisant
par une nouvelle perception du corps : un corps contemporain
envisagé comme une option modulable.
Antony Gormley
Antony Gormley

Aujourd’hui les possibilités de traitement numérique
et chirurgical ont rendu floues les frontières entre ce qui
est naturel et ce qui est transformé par la main de l’homme.
De plus en plus de gens ne considèrent plus leur corps
comme un cadeau divin ou naturel qu’il convient d’accepter,
mais comme une masse évolutive – un objet de consommation
– qu’on peut manipuler à souhait,
en fonction de son porte-monnaie ou du talent d’un chirurgien.
Les diktats et les normes sociales actuelles relatives à
l’apparence sont telles que l’indice de masse corporelle (IMC)
semble avoir pris le pas sur le bien-être réel.
Katsura Funakoshi
L’exposition aborde des thématiques aussi variées que le corps
idéal, son impermanence, le corps fragmenté, le portrait
et l’autoportrait, l’éternel féminin, etc., à travers les oeuvres
de près de 100 artistes différents, de Pablo Picasso à
Georg Baselitz, en passant par Andy Warhol, A.R. Penck,
Marc Quinn, Jaume Plensa, Magdalena Abakanowicz ou
Gilbert & George.
Mark Quinn, Hoxton Venus, béton 2006
Mark Quinn, Hoxton Venus, béton 2006

Le corps idéal
Pour Mark Quinn, la mutation du corps est un questionnement
récurrent dans son travail. Entre corps idéal et mutation,
le putto en bronze, en couches, avec des jouets à ses pieds,
entouré d’une chaîne ADN, et la femme enceinte.
On se souvient de l’athlète handicapée, enceinte
exposée à la 53 biennale de Venise et les jeux paralympique

de Londres 2012

Jawlensky, Tête mystiqie 1918
Jawlensky, Tête mystiqie 1918

La galerie des portraits
Pour Alexej von Jawlensky, on peut
constater l’évolution dans la manière de
présenter la figure humaine dès 1918
de façon moderne, puis en 1935 de manière
presque abstraite.
Jawlensky, Méditation 1935
Jawlensky, Méditation 1935

L’Eternel féminin ou les métamorphoses d’Eve
Tantôt Madone, cocotte, mère, triste, mélancolique,
Claude Émile SCHUFFENECKER Nu accoudé - Femme nue assise sur un lit 1885 Huile sur toile Collection Würth - Inv. 14229
Claude Émile SCHUFFENECKER
Nu accoudé – Femme nue assise sur un lit
1885
Huile sur toile
Collection Würth – Inv. 14229

Le corps de l’artiste
C’est la question de l’identité, mais aussi de la multiplicité
des taches que le corps peut exécuter et que la société peut
lui demander. C’est le même personnage Martin Liebscher
qui se trouve au sein de la rédaction de son journal.
Martin Liebscher, Redaktion, 2002
Martin Liebscher, Redaktion, 2002

Les surpeintures d’Anulf Rainer, qui poursuivent en un processus pictural
permanent la dissolution du tableau d’origine, prennent bien souvent
le propre Moi pour sujet et se transforment alors en un acte relevant
de la performativité. Ce travail autocentré systématique sur son propre visage
ou son propre corps ne trouve toutefois pas ses racines dans le narcissisme.
Bien au contraire : l’existence artistique devient le seul moyen de légitimer
l’art à l’ère de sa fin. Ces tableaux deviennent ainsi l’expression d’une certaine
absence de parole :
arnulf-rainerLes mannequins et doubles artificiels
L’œuvre plastique de Tadeusz Kantor est fortement influencée par la Pologne et son contexte politique. Les sujets récurrents en sont l’enfance (durant la guerre 1940-45), son village natal de Wielopole, la mort… Il aborde des thématiques comme le pouvoir et ses abus, la violence, et la permanence des souvenirs. Ici, la Classe morte

Thadeusz Kantor
Le corps en écho
Des corps qui se touchent, qui se tiennent de manière presque
parallèle, statique.

Alberto Magnelli, les Mariés, 1914
Alberto Magnelli, les Mariés, 1914

Les citations et affinités
Certains artistes pour rendre hommage à leurs aînés,
se sont inspirés de leurs oeuvres  emblématiques
Christof Kohlhöfer, the Ensor Girl, 2006
Christof Kohlhöfer, the Ensor Girl, 2006

C’est une exposition très riche en oeuvres, qui est assortie d’un
grand nombre d’évènements :
Des ateliers, des conférences, des visites guidées gratuites
le dimanche à 14 h 30
dont vous trouverez la liste ci-dessous
des concerts

HORAIRES
Du mardi au samedi de 10h à 17h
Le dimanche de 10h à 18h
Fermé tous les lundis

Stephen Cripps. Performing Machines

Au Musée Tinguely de  Bâle jusqu’au – 1er mai 2017
Le Musée Tinguely présente la première grande exposition
monographique de l’artiste britannique d’exception
Stephen Cripps (1952-1982).

Stephen Cripps, Floating Fire Machine, 1975 Crayon, encre noire et bleue, fusain sur papier 29,5 x 41,8 cm © The family of Stephen Cripps/Leeds Museums and Galleries (Henry Moore Institute Archive)
Stephen Cripps, Floating Fire Machine, 1975
Crayon, encre noire et bleue, fusain sur papier
29,5 x 41,8 cm
© The family of Stephen Cripps/Leeds Museums and Galleries
(Henry Moore Institute Archive)

Dire que Stephen Cripps est dans la pure lignée de Tinguely
est un euphémisme. Il a ce même goût pour les machines
qui s’autodétruisent, les performances pour le fun,
pour la mécanique et sa fabrication.
STEPHEN CRIPPS. PERFORMING MACHINES
rassemble plus  de 200 oeuvres, parmi lesquelles quelques films
et « Sound Works », de nombreux dessins et collages, le tout donnant
une vue d’en-semble sur le riche univers de l’artiste et ses idées hors
du commun. Cripps s’intéresse au départ pour les sculptures et
machines cinétiques, mais aussi pour les feux d’artifice et le potentiel
poétique de la destruction ainsi que pour de nouvelles formes de musique,
et c’est à travers tout cela, notamment dans les champs performatifs,
qu’évolue sa pratique artistique hautement expérimentale.
Les performances de Cripps constituent des expériences radicales
et limites qui seraient aujourd’hui inconcevables compte tenu des risques
qu’elles représentent pour le public et leur environnement.
Bon nombre de ses idées sont retransmises via le dessin et bien souvent
n’ont pas été réalisées. L’art de cet artiste prématurément décédé (1982)
portait surtout sur l’expérimentation sonore.
En montrant toutes les facettes et médias du travail de Cripps,
le Musée Tinguely donne à le (re)découvrir pleinement.

Stephen Cripps, sans titre, (Machine Carrying Hot Air Balloon), 1970 – 1976 Crayon et gouache sur papier ligné 25,1 x 20,2 cm © The family of Stephen Cripps/Leeds Museums and Galleries (Henry Moore Institute Archive
Stephen Cripps, sans titre, (Machine Carrying Hot Air Balloon), 1970 – 1976
Crayon et gouache sur papier ligné
25,1 x 20,2 cm
© The family of Stephen Cripps/Leeds Museums and Galleries
(Henry Moore Institute Archive

Vie et oeuvre
La pratique artistique de Cripps échappe délibérément à toute
catégorisation. Il ne s’est en effet jamais fixé sur un médium donné.
Dans sa brève phase de création, depuis sa formation à la
Bath Academy of Art à Corsham (de 1970 à 1974) jusqu’à sa mort
prématurée (à l’âge de 29 ans), il a construit des machines et
installations interactives et réalisé des performances pyrotechniques.
Il a réalisé des sculptures cinétiques et mécaniques, il a produit des
Sound Works, il a expérimenté dans le domaine du film, mais il
a surtout aussi dessiné et effectué des collages.

Stephen Cripps, Collage, sans titre, (plangeur dans missile), 1970–1980 Papier, gouache et cire blanche sur carton 42 x 29,7 cm © The family of Stephen Cripps/Leeds Museums and Galleries (Henry Moore Institute Archive)
Stephen Cripps, Collage, sans titre, (plangeur dans missile), 1970–1980
Papier, gouache et cire blanche sur carton
42 x 29,7 cm
© The family of Stephen Cripps/Leeds Museums and Galleries
(Henry Moore Institute Archive)

Très souvent, Cripps associait toutes ces pratiques. L’éphémère,
le provisoire et l’expérimental sont les composantes majeures de son travail.
Chemin faisant, il a contribué à faire sortir l’art de ses limites,
selon le processus entamé dans les années 1960.

Le vaste éventail des projets artistiques de Cripps comprend des
« environments », qui proposaient alors de revoir notre notion de jardin
en tant que lieu de détente et faisaient ainsi résonner, notamment,
des bruits de tondeuses ou des aboiements de chiens. Au moyen d’un rotor
d’hélicoptère, l’artiste a fabriqué une machine qui attaquait l’espace
de la galerie tout en se détruisant elle-même. Il a également conçu
des installations impliquant une participation active des visiteurs,
comme par exempleStephen Cropps
Shooting Gallery : avec un pistolet arrangé, le public pouvait tirer sur
des cymbales, un xylophone et autres objets sonores. D’après les
descriptions de l’époque, ses performances pyrotechniques constituaient
des expériences multisensorielles, souvent aussi dangereuses non seulement
pour le lieu d’exposition mais aussi physiquement pour le public.
L’art de Cripps a évolué dans un milieu artistique propice aux échanges
et à la collaboration, notamment dans des endroits comme le
Butlers Wharf ou l’Acme Gallery qui offraient suffisamment d’espaces aux
inventions les plus radicales.

Stephen Cripps
Cripps et Tinguely
Cripps fut fortement inspiré par les sculptures-machines de Jean Tinguely,
ainsi que par ses actions avec des oeuvres d’art se détruisant elles-mêmes,
notamment l’Homage to New York (1960). Son mémoire de fin d’études
portait d’ailleurs sur « Jean Tinguely ». Le travail de l’artiste britannique
présente ainsi de nombreux liens avec son artiste modèle : l’aléatoire,
la destruction ou encore l’influence des éléments comme concept
esthétique sont des thèmes qui sous-tendent toute l’oeuvre des deux artistes.

Stephen Cripps, (Missile) Organ, 1970 – 1982 Collage avec papier, encre noire, crayon et crayon de couleur sur papier brun 29,5 x 65 cm © The family of Stephen Cripps/Leeds Museums and Galleries (Henry Moore Institute Archive)
Stephen Cripps, (Missile) Organ, 1970 – 1982
Collage avec papier, encre noire, crayon et crayon de couleur sur papier brun
29,5 x 65 cm
© The family of Stephen Cripps/Leeds Museums and Galleries
(Henry Moore Institute Archive)

Exposition
Les oeuvres de Cripps étaient extrêmement éphémères et, en grande partie,
n’existent plus aujourd’hui. Faites de feu et de lumière, d’écho et de fumée,
elles se dissipaient bien souvent en pleine réalisation. Et même ses machines performatives n’ont jamais eu le caractère d’objets immuables,
mais ont été adaptées selon les contextes ou reconstruites à chaque fois.

En combinant des travaux sur papier, du matériel audio, des films et
des médias de documentation, l’hybridité qui caractéristique la pratique
performative multiple de Cripps (en termes de médias et de sensorialité)
est transposée dans l’exposition. Le dessin et les enregistrements sonores,
les éléments visuels et acoustiques se complètent pour donner un tout
s’adressant en même temps à l’oeil et à l’ouïe.

Stephen Cripps
Le travail de Cripps est présenté dans un groupement thématique qui
veut éviter les catégorisations strictes et laisser de l’espace aux
correspondances et associations.
L’exposition STEPHEN CRIPPS. PERFORMING MACHINES,
en mettant l’accent sur les dessins, entend placer au centre la notion
de multiplicité évoquée plus haut.

09_sc_drawignsandperformances_1980-19_450
Inconnus jusque-là, les Sound Works résonneront pour la première fois
au Musée Tinguely. Cripps collectionnait également des bruits, comme
ceux de tondeuses ou d’avions de chasse, qui étaient d’abord envisagés
comme du matériau artistique et devaient fournir le fond sonore
nécessaire à la conception de ses univers mécaniques.
Les recoupements cacophoniques qui en résultent correspondent
au caractère fondamental de son art, et à la fois au contexte bruyant
et parfois stressant du monde industrialisé et moderne,
qui sous-tend souvent le travail de Cripps.

Stephen Cripps
Montage de l’exposition et catalogue
Avant que le projet d’exposition ne prenne forme, deux années ont
été consacrées à l’étude et la classification des archives conservées au
« Stephen Cripps Archive ». Ce travail a été mené sur place par
le Musée Tinguely, en collaboration étroite avec le Henry Moore Institute, responsable de la succession de Cripps.

Stephen CrippsPublication
Le catalogue accompagnant l’exposition retrace le travail de Cripps
et la place notamment dans son contexte culturel et artistique immédiat
qui est le Londres des années 1970 et 1980. Cette publication, qui paraît en allemand et en anglais, comprend des contributions de Lisa Le Feuvre, Dominic Johnson,
Sandra Beate Reimann, David Toop et Jeni Walwin, ainsi que
interviews inédites et des échanges en galerie.

Stephen Cripps
Ce premier grand ouvrage scientifique sur l’oeuvre de Stephen Cripps en fera une référence pour l’approche et les recherches ultérieures à ce sujet.
En vente en boutique du musée et en ligne pour 48 CHF, ISBN : 978-3-9524392-8-9 (allemand) / ISBN : 978-3-9524392-9-6 (anglais),
Verlag für moderne Kunst
La commissaire de l’exposition est Sandra Beate Reimann et a été réalisée
en collaboration avec le Henry Moore Institute, Leeds. En outre, sont
présentés des documents du Acme Studio Archive.

Sommaire de janvier 2017

Fontaine Tinguely03 janvier 2017 : Fantin-Latour, À fleur de peau
07 janvier 2017 : Cy Twombly
13 janvier 2017 :  Cours Publics 2017
16 janvier 2017 :  La Traversée des apparences – Bruno Boudjelal
18 janvier 2017 : «Magritte. La trahison des images»
19 janvier 2017 :  Hervé Di Rosa et les arts modestes
22 janvier 2017 :  Rembrandt intime
24 janvier 2017 :  « ICONOMANIA » au MAIF SOCIAL CLUB
26 janvier 2017 :  Claude Monet, Lumière, Ombres et réflexion
 

Claude Monet, Lumière, Ombres et réflexion

En 2017, la Fondation Beyeler fête son 20e anniversaire
avec des expositions consacrées à Claude Monet, (1840/1926)
Wolfgang Tillmans, Paul Klee
et à sa collection permanente
Les visiteurs de moins de 25 ans seront accueillis
gratuitement au musée
toute l’année 2017
Que dire encore sur un des plus grands artistes du monde,
l’un des plus appréciés aussi, Claude Monet ?
« Je poursuis un rêve. Je veux l’impossible »
-Claude Monet

 
Monet, Fondation Beyeler
Cette exposition, véritable fête de la lumière et des couleurs,
éclaire l’évolution artistique de ce grand peintre français, depuis

l’impressionnisme jusqu’à sa célèbre oeuvre tardive. Il est
aussi l’un des principaux artistes de sa collection permanente.
Elle montre ses représentations de paysages
méditerranéens,
de la côte sauvage de l’Atlantique et du cours de la Seine,
ses prairies fleuries, ses
meules de foin, ses nymphéas,
ses cathédrales et ses ponts dans la brume. Mêlant reflets et ombres,

Monet crée des atmosphères magiques.
Claude Monet a été un grand pionnier, qui a découvert la clé du
jardin secret de la peinture moderne et
a permis à tous d’ouvrir
les yeux sur une nouvelle vision du monde.

Exposition Monet
Le commissaire Ulf Küster a réuni pour cette exposition
62 toiles provenant des  plus grands musées d’Europe,
des États-Unis et
du Japon, parmi lesquels le Musée
d’Orsay de Paris,

le Metropolitan Museum de New York, le Museum of
Modern Art de New York, le Museum of Fine Art
de Boston et la Tate de Londres. S’y ajoutent, chose
exceptionnelle, 15 toiles appartenant à des particuliers
qui ne sont présentées au public que très
rarement et n’ont plus été montrées depuis
longtemps dans le cadre d’une exposition consacrée à
Monet.Monet
Lumière, ombre et réflexion
Après la mort de sa femme Camille, en 1879, Monet s’engage
dans une phase de réorientation. Sa période de
pionnier de l’impressionnisme est achevée ; son importance
artistique est certes encore loin d’être universellement
reconnue, mais grâce à son marchand, il accède à une certaine
indépendance économique dont témoignent ses nombreux
voyages. Ceux-ci lui permettent notamment de s’intéresser
pour la première fois à la lumière de la Méditerranée,
et donnent de nouvelles impulsions à son oeuvre.
Son art se fait plus personnel et s’affranchit du style strictement
« impressionniste ».
monet_jean-pierre-hoschede-and-michel-monet-on-the-banks-of-the-epte_lac_237x300mm
Mais surtout, ses oeuvres semblent prendre pour thème de façon
croissante la peinture elle-même. Sans doute faut-il interpréter
en ce sens la réflexion qu’il fit à son futur beau-fils, Jean Hoschedé,
selon laquelle c’était moins le motif qui l’intéressait que ce
qui se passait entre le motif et lui. Les réflexions
de Monet sur la peinture doivent être compris aux d
eux sens du terme.
La répétition des motifs par le
biais des réflexions, qui trouvent leur apogée
et leur conclusion
dans les toiles des bassins
aux nymphéas, constitue en même temps

une réflexion durable sur les possibilités de la peinture,
réflexion
dont témoignent la représentation et
la répétition d’un motif dans le tableau.

Monet se livre, à travers la représentation d’ombres,
à une autre exploration des possibilités de la
peinture. Les ombres sont à la fois reproduction
et inversion du motif, et leur forme abstraite prête au
tableau une structure qui semble remettre en question la simple
illustration du motif. C’est ce qui a conduit Wassily Kandinsky,
lors de sa célèbre découverte du tableau

Monet, la Meule au Soleil 1891
Monet, la Meule au Soleil 1891

d’une meule de foin à contre-jour réalisé par Monet
(Kunsthaus Zürich et dans la présente exposition),
à ne même plus reconnaître le sujet en tant que tel :
la peinture en soi avait pris une signification nettement supérieure
à la représentation d’un motif traditionnel.
Les mondes picturaux de Monet
Cette exposition est un voyage à travers les mondes picturaux
de Monet. Elle est regroupée par thèmes.
Elle se consacre d’abord, dans une grande salle, aux nombreuses
et diverses représentations de la Seine. On remarquera tout
particulièrement le portrait rarement exposé de la compagne et future
épouse de Monet, Alice Hoschedé, assise dans le jardin de Vetheuil
juste au bord de la Seine.
Monet, Terrasse à Vetheuil, 1881
Monet, Terrasse à Vetheuil, 1881

Une salle suivante célèbre la représentation des arbres de Monet :
un hommage caché à Ernst Beyeler,
qui avait consacré en 1998 toute une exposition au thème des arbres.
Inspiré par des gravures sur bois colorées japonaises, Monet a
inlassablement traité les arbres sous des éclairages différents,
s’intéressant à leurs formes et à la projection de leurs ombres.
Ses tableaux prennent ainsi souvent une structure géométrique,
particulièrement visible dans les séries.
Claude Monet, les Peupliers au bord de l'Epte 1891
Claude Monet, les Peupliers au bord de l’Epte 1891

Les couleurs éclatantes de la Méditerranée sont illustrées
par un ensemble de toiles que Monet a peintes dans les années 1880.
Il évoque dans une lettre de cette période la « lumière féerique »
qu’il a découverte dans le Sud.
Monet, Antibes vue de Salis, 1888
Monet, Antibes vue de Salis, 1888

En 1886, il écrit à Alice Hoschedé qu’il est littéralement fou de la mer.
Une importante partie de l’exposition est consacrée au littoral
normand et à Belle-Île ainsi qu’aux ambiances lumineuses
constamment mouvantes de la mer.
Monet, Port-Dormois, belle île, 1886
Monet, Port-Dormois, belle île, 1886

On ne peut qu’être fasciné par
la succession de vues et d’éclairages changeants dont fait l’objet
la cabane d’un douanier (1882) sur une falaise, tantôt présentée sous
un soleil éblouissant, tantôt plongée dans l’ombre.
Quand on l’observe de plus près, l’ombre paraît composée de
myriades de couleurs.
monet_house-of-the-customs-officer_lac_244x300mm
Un calme contemplatif émane des toiles qui présentent
des atmosphères matinales au bord de la Seine :
le motif peint est ici répété sous forme de reflet peint,
de sorte que la ligne de séparation entre
la réalité peinte et son reflet peint semble se fondre dans la brume
qui se lève. Le motif est intégralement répété sous forme de reflet,
ce qui empêche de définir clairement le haut et le bas du
tableau. Autrement dit : la convention indiquant comment regarder
un tableau est abrogée et laissée à la subjectivité du spectateur.
On a l’impression que Monet s’approche ici du fondement même de la
nature, du « panta rhéi » de la modification constante.
En effet, il ne peint pas seulement le changement de lumière entre
la nuit et le jour, il représente aussi l’opiniâtreté de la confluence de
deux cours d’eau.
monet_le-parlement-de-londres_lac_223x300mm
Monet aimait Londres, une ville qui lui avait déjà servi d’asile
pendant la guerre franco-allemande de 1870/1871.
Devenu un peintre prospère et déjà très connu, il y retourna
à la charnière des deux siècles et peignit des vues célèbres
des ponts de Waterloo et de Charing Cross, ainsi que
le parlement britannique sous des luminosités diverses,
dans la brume surtout, qui rend toutes les formes plus
floues et les met en scène comme des phénomènes atmosphériques.
Un hommage au grand modèle de Monet, William Turner,
mais aussi une révérence à la puissance mondiale de la
Grande-Bretagne, qui reposait sur son parlement et sur
son commerce, constructeur de ponts.
Monet, les Nymphéas
L’oeuvre tardive de Monet est presque exclusivement
marquée par son intérêt pictural pour son jardin et
pour le jeu des reflets dans ses bassins aux nymphéas.
La Collection Beyeler en contient de
remarquables exemples.
La dernière salle de l’exposition offre une échappée
sur les tableaux du jardin de Monet à Giverny.
au Sous-sol :
Sous l’influence de Claude, Vincent, Paul… et les autres
L’influence de la peinture impressionniste sur le jeune cinéma français
L’installation cinématographique de Matthias Brunner a été créée
pour la Fondation Beyeler à
l’occasion de l’exposition « Monet ».
Elle dure 30 minutes et est accompagnée musicalement par la
Symphonie n° 4 d’Arvo Pärt.
Heures d’ouverture de la Fondation Beyeler :
tous les jours 10h00–18h00,
le mercredi jusqu’à 20h.
jusqu’au 28 mai 2017

Conférence de Marie-Paule Vial
« Au bord de la Méditerranée :
Monet à l’épreuve de l’autre lumière ».

Mercredi 22 février, 2017
18h30-19h30 

Marie-Paule Vial, conservatrice et ancienne directrice
du Musée de l’Orangerie, parle de la lumière
dans l’œuvre de Monet.
En collaboration avec l’Alliance Française de Bâle et
la Société d’Études Françaises de Bâle.

 

« ICONOMANIA » au MAIF SOCIAL CLUB

MAIF SOCIAL CLUB est un nouvel espace inédit de 1000 m2
installé au sein d’un ancien bâtiment industriel du XIXème
(ancien séchoir à éponges) dans le quartier historique du Marais.
Véritable laboratoire d’innovation sociétale, MAIF SOCIAL CLUB
est un lieu de rencontres et d’échanges en faveur d’une société
collaborative.
Ouvert à tous, le lieu offrira une programmation culturelle éclectique
et gratuite tout au long de l’année : expositions trimestrielles,
conférences, ateliers…
MAIF SOCIAL CLUB ICONOMANIA
MAIF Social Club : un lieu pensé par la MAIF
Site Internet : www.maifsocialclub.fr
Accès libre : 37, rue de Turenne 75003 Paris – M° Saint-Paul
Contact : maifsocialclub-paris@maif.fr – Tél. : 01 44 92 50 90
Miguel Chevalier
Jusqu’ au 31 mars 2017, MAIF SOCIAL CLUB,
accueille sa première exposition : IconoMania.
Cette exposition interroge la place et le traitement
de l’image dans nos sociétés contemporaines.
Près d’une quinzaine d’artistes internationaux sont
réunis pour l’occasion.
Iconomania
L’exposition IconoMania questionne l’image d’aujourd’hui,
ses formes et ses symboliques, à travers le champ
expérimental des nouvelles technologies.
Dans cette relation « art et science »,
l’exposition s’intéresse aux problématiques
de transformation (innovation et information),
de transmission (communication et médias),
et de représentation (sociale individuelle et collective).
Ces problématiques constituent les trois volets de ce
parcours.
La commissaire Florence Guionneau-Joie a réuni
une quinzaine d’artistes internationaux qui interrogent
la question de l’image :
Cécile Babiole
Sous chaque nom vous avez accès à la pratique de chacun
Cécile Babiole,
vue à la Filature et à la Kunsthalle  de Mulhouse
Aram Bartholl, Samuel Bianchini,
Emilie Brout & Maxime Marion, Miguel Chevalier,
l’obsédé du pixel à l’espace Malraux de Colmar
Philippe Cognée,
dont vous avez pu voir l’exposition
à la Fondation Fernet Branca
IOCOSE, Martin Le Chevallier,

Iconomania
Laurent Mignonneau & Christa Sommerer,
Cyprien Quairiat, Jean-Claude Ruggirello,
Charles Sandison, Scenocosme, Julia Varga,
Jeremy Wood, Du Zhenjun.
Près de seize oeuvres sont exposées sous la verrière
de cet ancien bâtiment
industriel du XIXème au coeur du Marais.
Philippe Cognée
Ainsi les villes réinventées de Philippe Cognée,
les oeuvres tactiles de Scenocosme
ou encore les jeux
vidéos interactifs de Martin Le Chevallier
permettent
de sensibiliser les visiteurs sur la façon dont
les nouvelles technologies façonnent l’environnement
et notre rapport au monde.
Iconomania
Afin d’élargir la réflexion, de nombreux ateliers et
conférences accompagnent cette exposition :
« Comment les images augmentées profitent elles à
la société ? », « Image likée : nouveau moyen d’exister ? »…

Rembrandt intime

L’exposition Rembrandt intime, au musée Jacquemart André
se termine le 23 janvier.
Si vous ne craignez pas la foule et la promiscuité des salles
du Musée Jacquemart,
n’hésitez pas, ce sont des chefs d’oeuvre

Rembrandt Harmenszoon van Rijn dit Rembrandt (1606 - 1669) Les Pèlerins d’Emmaüs
Rembrandt Harmenszoon van Rijn dit Rembrandt (1606 – 1669) Les Pèlerins d’Emmaüs

les commissaires de l’exposition, Peter Schatborn,
conservateur en chef émérite du Cabinet national des estampes
au Rijksmuseum, Emmanuel Starcky, Directeur des musées
nationaux et domaine de Compiègne et Blérancourt.
Génie au talent multiple, Rembrandt tient une place à part
dans l’histoire de l’art et dans les collections du musée
Jacquemart-André, qui abritent trois chefs-d’oeuvre

incontestés du maître. C’est autour de ces trois tableaux majeurs,
qui éclairent chacun
une période clé de la carrière de Rembrandt,
que l’exposition est  construite,
sur l’artiste et sur l’homme.
Au-delà des épreuves qui ont rythmé sa vie,

 Titus lisant Vers 1656 - 1658 Huile sur toile 71,5 cm x 64,5 cm Vienne, Kunsthistorisches Museum, Gemäldegalerie © KHM-Museumsverband

Titus lisant
Vers 1656 – 1658
Huile sur toile
71,5 cm x 64,5 cm
Vienne, Kunsthistorisches
Museum, Gemäldegalerie
© KHM-Museumsverband

Rembrandt a toujours porté un regard tendre et généreux
sur le monde qui l’entourait,
et en particulier sur ses proches,
liant intimement le fil de son oeuvre à celui de sa vie.

Des oeuvres du tout jeune Rembrandt, aussi foisonnantes
que surprenantes,
aux portraits vibrants de sa maturité,
l’exposition explore les moments forts de la vie de

l’artiste pour révéler toutes les facettes d’un talent qui n’a cessé
de se renouveler.rembrandt-dessins
Peintre
magistral, Rembrandt fut aussi un immense
dessinateur et un graveur hors-pair : maîtrisant

à la perfection ces trois techniques, il en a exploré toutes
les possibilités en virtuose
et créé un jeu d’échos entre ses
peintures, ses dessins et ses gravures. Fidèle à cette

démarche, l’exposition du musée Jacquemart-André fait
aujourd’hui dialoguer tableaux
et oeuvres graphiques du
maître pour mieux entrer dans l’intimité de son processus créatif.

Portrait de la princesse Amalia van Solms 1632 Huile sur toile 68,5 x 55,5 cm Paris, Musée Jacquemart-André – Institut de France © Paris, musée Jacquemart-André Institut de France / Studio Sébert Photographes
Portrait de la princesse Amalia van Solms
1632
Huile sur toile
68,5 x 55,5 cm
Paris, Musée Jacquemart-André – Institut
de France
© Paris, musée Jacquemart-André
Institut de France / Studio Sébert
Photographes


Édouard André et Nélie Jacquemart
achetèrent trois tableaux
de Rembrandt
qui restent de nos jours incontestés :
Le Repas des pèlerins d’Emmaüs (1629),
le Portrait de la princesse Amalia van Solms
(1632), et le Portrait du Docteur Arnold Tholinx (1656).
Chacune de ces trois oeuvres illustre une époque différente
et fondamentale de la création de Rembrandt.

Portrait du docteur Arnold Tholinx 1656 Huile sur toile 76 x 63 cm Paris, Musée Jacquemart-André – Institut de France © Paris, musée Jacquemart-André - Institut de France / Studio Sébert Photographes
Portrait du docteur Arnold Tholinx
1656
Huile sur toile
76 x 63 cm
Paris, Musée Jacquemart-André –
Institut de France
© Paris, musée Jacquemart-André
– Institut de France / Studio Sébert
Photographes

Habité par un pouvoir créatif qui force l’admiration,
Rembrandt touche à l’universel, tout en s’attachant
à représenter son cercle intime.
Ses proches, comme ses parents et sa femme Saskia
(Paris, Bibliothèque nationale de France et Fondation Custodia),
font l’objet de nombreuses études.
L’artiste va aussi, tout au long de sa vie, se représenter lui-même
et porter l’art de l’autoportrait à ses sommets
(Berlin, Kupferstichkabinett; Paris, Petit Palais et musée du Louvre).

Rembrandt, Saskia
Rembrandt, Saskia

Lorsqu’il réalise vers 1629 le
Repas des pèlerins d’Emmaüs, Rembrandt a acquis une
parfaite maîtrise de la technique picturale à laquelle il allie une
grande compréhension psychologique des sujets qu’il traite.
Tout comme Saint Paul assis à sa table de travail
(Nuremberg, Germanisches Nationalmuseum) qui lui est contemporain,
le chef-d’oeuvre de la collection Jacquemart-André permet
d’affirmer que Rembrandt atteint
alors un premier sommet de son art. Il a alors seulement 23 ans.

rembrandt-st-paul
Lorsqu’arrivent les années 1650-1660, la renommée de Rembrandt
s’étend jusqu’en Italie – il reçoit d’ailleurs la visite de Côme III de Médicis,
grand-duc de Toscane, en 1667. Loin de se contenter de ses succès,
Rembrandt poursuit une quête artistique qui l’amène à dépasser
les limites du réel et à accéder à une vision de la vie qui transcende
les apparences, alors même que les épreuves s’accumulent.
Saskia est morte en 1642, il vend sa maison et ses collections
en 1656 pour échapper à la faillite, puis perd successivement sa
compagne Hendrickje Stoffels et son fils Titus. Pourtant,
habité par l’art, il surmonte toutes les difficultés et
développe un nouveau style.
rembrandt-jeune-fille-a-sa-fenetre
Chef-d’oeuvre pictural, la Jeune fille à sa fenêtre de 1651
(Stockholm, Nationalmuseum), est considérée comme la première
oeuvre à illustrer ce changement. Le modèle, d’une présence presque
palpable, semble sortir de la toile et témoigne de l’émotion
de l’artiste devant cette jeune femme. Le style de Rembrandt
devient très libre et rapide, puis heurté et presque abstrait.
En 1656, quand il réalise le Portrait du docteur
Arnold Tholinx (Paris, Musée Jacquemart-André) autour
duquel sont rassemblées les oeuvres de cette
dernière salle, Rembrandt est capable de dire la nature profonde
de l’être, comme le montre également le
rembrandt-henrikePortrait d’Hendrickje Stoffels, sa dernière compagne
(Londres, National Gallery).