La révolution est morte. Longue vie à la révolution !

Il ne reste que quelques jours pour voir les 2 expositions
jusqu’au 9 juillet 2017

Pour commémorer le centenaire de la Révolution russe,
le Kunstmuseum Bern et le Zentrum Paul Klee organisent
une double exposition
La révolution est morte. Longue vie à la révolution !
et enquêtent sur l’héritage artistique de la Révolution
de 1917.
Tandis que l’exposition du Zentrum Paul Klee, conformément à
son sous-titre « De Malevitch à Judd », est consacrée à l’impact
de l’avant-garde russe et de l’art non-fiurative en tant qu’idée
artistique, le Kunstmuseum Bern présente, sous le titre
De Deineka à Bartana, des oeuvres du Réalisme socialiste
dont elle montre les répercussions au fil de l’évolution de l’art
jusqu’à aujourd’hui.
Avec la distance historique, on s’interroge : comment juger cet
événement qui a profondément marqué son époque? Comment
évaluer ses répercussions sur la sphère artistique? Comment
la révolution sociale et politique en Russie, qui avait été précédée
par une révolution esthétique avec le Carré noir de Kasimir
Malevitch (1915), pouvait-elle déboucher sur une tendance
telle que le Réalisme socialiste? Comment comprendre une
orientation esthétique décriée jusqu’après la Guerre froide et
généralement considérée comme « propagande » et comme
« kitsch », représentant une dictature totalitaire et n’étant devenue
obsolète qu’en 1991 avec la dislocation de l’Union soviétique ?

Comment évaluer les prétentions de cette tendance
de l’art à « façonner la réalité », c’est-à-dire non seulement à
refléter la réalité du socialisme mais aussi à construire celle-ci
en la représentant, quand on songe à la façon dont on utilise
actuellement les mondes virtuels et les technologies numériques
de l’image ?

Qu’est-ce qui a changé dans le postulat idéologique de la vérité
en art ? Existe-t-il un art qui ne soit pas récupéré par l’idéologie
et puisse, aujourd’hui encore, prétendre être « révolutionnaire » ?
Voilà les questions qui ont inspiré l’idée de cette exposition La
révolution est morte. Longue vie à la révolution !
Le titre choisi, dérivé de l’expression française
« Le roi est mort. Vive le roi ! », résume les bases
mêmes de la problématique :
à une révolution succède toujours la suivante.

La Révolution russe de 1917 s’est, elle aussi, annoncée
dans de nombreux événements révolutionnaires qui l’ont
précédée. Le sujet se révèle d’une grande actualité dans
la mesure où le terme de révolution, comme désir de
bouleverser l’ordre économique et social existant, a
bénéficié d’un nouvel élan ces dernières années.
Dans le monde, les protestations contre les inégalités
sociales et économiques se multiplient ; l’idée de révolution
au sein même de l’art a d’ailleurs fait l’objet d’une nouvelle
attention, comme on a pu le voir, par exemple, dans
l’exposition «Soulèvements » présentée à Paris en 2016.
Et la nécessité qu’a l’art de se renouveler sans cesse implique
une proximité avec ce qui est « révolutionnaire ».

En 1917, année de la révolution russe, un besoin impérieux
de liberté conduisit au renversement du régime, ce qui permit
à la population, avec l’aide des bolcheviks, de se libérer de
conditions sociales injustes et de l’oppression des tsars. Il se
forma aussitôt un gouvernement révolutionnaire de conseils,
les soviets, qui opposa au régime autocratique une alternative
socialiste. Le mouvement de cette société révolutionnaire vers
le socialisme a été marqué par une industrialisation galopante.
L’évolution brutale conduisant d’un pays agricole à une nation
industrielle est passée par l’expropriation massive de la population,
dépossédée de ses terres et de ses biens, et par la
privation des droits civils. La collectivisation des campagnes,
organisée à la fin des années 1920 (regroupement des paysans
en kolkhozes) fut un désastre, dont le pays ne se releva
jamais. Des millions de familles furent expulsées et dispersées
dans toute l’Union soviétique. Cette population nomade devint
un réservoir de main d’oeuvre pour la révolution industrielle
soviétique. Elle remplit les grandes villes ainsi que les chantiers
et les camps du Goulag. Dans le même temps, le premier
plan quinquennal (1928–1932) provoqua la pire famine due à
l’homme, entraînant la mort de près de huit millions de paysans.

On se basa sur les doctrines de Marx, Engels et Lénine pour
réorganiser toute une nation. Mais cette révolution s’étendit
en réalité sur une centaine d’années. Elle avait commencé en
1891, lorsque la population, affamée, s’opposa pour la première
fois au gouvernement du tsar, et se termina en 1991 avec la
chute du régime soviétique.
dans l’ordre : Malewitsch, Rodtchenko, Kandinsky, Klee, Itten, Tatline
Accès par transports publics
Bus ligne 12 (direction Zentrum Paul Klee)
Jusqu’au terminus; l’arrêt est situé près du Restaurant Schöngrün
et de l’entrée nord du Zentrum Paul Klee.
De la gare de Berne (Hauptbahnhof) au Zentrum Paul Klee
par Käfigturm, Zytglogge, la partie basse de la vieille ville,
Nydeggbrücke, Bärengraben (la fosse aux ours) et Grosser Muristalden
(point de vue sur la vieille ville de Berne).
Durée du trajet: env. 15 minutes de la gare de Berne (Hauptbahnhof).
La ligne de bus 12 dessert le Zentrum Paul Klee tous les soirs jusqu’à 24 heures.

Sommaire du mois de juin 2017

Robert Cahen et son galeriste Jean François Kaiser à Art Basel 2017

03 juin 2017 : Wolfgang Tillmans engagé
05 juin 2017 : Hebdoscope sous la baguette de Valérie Cardi
17 juin 2017 : Art Basel 2017
20 juin 2017 : Otto Freundlich, Communisme cosmique
22 juin 2017 : Cézanne révélé
27 juin 2017 : Wim Delvoye

Wim Delvoye

 Wim Delvoye
« Nous naissons entre les excréments et l’urine » 
dans cette phrase attribuée à St Augustin, toute empreinte
d’humilité, se reflète le pan entier de l‘oeuvre de Wim Delvoye,
celui de traduire l’origine de l’existence humaine par la
trivialité de sa corporéité.
Au Musée Tinguely de Bâle jusqu’ 1er janvier 2018
L’exposition a été réalisée en collaboration avec le
MUDAM Luxembourg.
Commissaire de l’exposition: Andres Pardey

En 2017, le Musée Tinguely consacre à l’artiste belge
Wim Delvoye sa première rétrospective en Suisse.
Depuis la fin des années 1980, Delvoye est connu pour
des oeuvres qui mêlent avec un humour subtil le profane
et le sublime. La tradition croise l’utopie, l’artisanat devient
high-tech.
Ses oeuvres les plus célèbres sont les Cloacas : ces machines
digestives qui reproduisent le processus de l’élimination
par le corps humain rendent visible et tangible une constante
de notre existence. Ses dernières reproductions de machines
de construction et de poids lourds, tout empreintes d’ornementation
gothique, révèlent l’engouement de l’artiste pour
l’expérimentation esthétique et le monumental.
L’exposition à Bâle, conçue en collaboration montre
tout ce que Wim Delvoye a réalisé depuis ses débuts
jusqu’aux oeuvres les plus récentes.

Au début figurent des dessins d’enfant, que l’on peut
tout à fait interpréter comme le fondement d’un travail
ultérieur. Franchise, curiosité, folie des grandeurs,
goût de l’altérité – autant d’aspects qui caractérisent jusqu’à
aujourd’hui l’oeuvre et la nature de Wim Delvoye.
Son art porte la marque des Flandres : tradition, artisanat,
technique, le tout associé à une ouverture au monde,
à l’imaginaire et l’utopie, ce en quoi il rejoint des artistes
comme James Ensor, Paul Van Hoeydonck ou Panamarenko.
En même temps, Delvoye est en plein dans le monde, il
travaille avec des artisans d’Indonésie, de Chine ou d’Iran –
les frontières semblent ne pas exister.

L’écusson de sa patrie se trouve sur les Ironing Boards (1990),
tandis que les 18 Dutch Gas-Cans (1987 – 1988) sont ornés de
peintures de la porcelaine de Delft.

Les imposants tubes d’acier de Chantier V (1995) sont
soutenus par des pieds en porcelaine spécialement conçus ;
la bétonneuse et les barrières de Chantier I (1990 – 1992)
sont en revanche délicatement taillées dans le bois.
Les procédés se mélangent, les matériaux entretiennent une
tension créative. Le banal devient ornement artistique,
l’art populaire devient muséal.

C’est en 2001 que Delvoye crée Cloaca, dont suivront
neuf autres jusqu’en 2010. Ces machines complexes
reproduisent dans des conditions de laboratoire la digestion
humaine au moyen d’enzymes et autres substances.
L’être humain, ou plus précisément son organe le plus important –
le tube digestif de la bouche jusqu’à l’anus – est reconstitué à
part et rendu ainsi visible. Ce n’est pas la forme des organes qui
compte ici, mais uniquement leur fonction.

Les premières Cloacas, comme la deuxième Cloaca-New
& Improved
(2001) montrée au Musée Tinguely, sont encore
conçues comme des machines de laboratoire strictement
scientifiques. Cloaca Quattro (2004 – 2005) déjà, présentée
pour la première fois en 2005 dans l’exposition
La Belgique visionnaire (2005), renonce à la froideur du
« look de laboratoire » : avec ses machines à laver et ses moteurs
ouverts, elle est plus un assemblage de machines.
Cloaca Travel Kit
(2009 – 2010) rompt quant à elle avec
le sérieux de l’affaire ; montée dans une valise, elle est
utilisable à tout moment partout dans le monde.

La rupture ironique est un procédé que Delvoye emploi
souvent et volontiers. La confusion ainsi suscitée chez
l’observateur fait partie de son répertoire artistique.
Ainsi à Bâle, lors de l’inauguration de l’exposition et
du salon ART Basel, où il a présenté Tim (2006 – 2008),

le Suisse qui a vendu sa peau d’abord à l’artiste pour
la faire tatouer puis à un collectionneur :
là, l’artistique pose forcément la question de l’éthique.
On ne peut s’empêcher de poser des questions –
auxquels il revient à chacun d’apporter sa réponse.

Cement Truck (2012 – 2016), un camion à ciment de taille normale,
est « garé » dans le Parc Solitude qui jouxte le Musée Tinguely.
L’engin est constitué de plaques d’acier Corten découpées
au laser de manière à évoquer des ornements gothiques.
Cette même esthétique est reprise dans Suppo (2010), une forme
de cathédrale néogothique tout en longueur, contorsionnée,
ne représentant qu’un clocher ornementé.

L’exposition entraîne les visiteurs à la découverte du travail
d’un artiste qui ne cesse de se réinventer.
Le plaisir de la nouveauté et de la surprise y est partout sensible.
Et en même temps, sculptures et dessins proposent une
magnifique réflexion sur l’art, sur la vie, sur notre monde.

Wim Delvoye est né en 1965 àWervik, Belgique.
Il vit et travaille à Gand et Brighton.
À l’occasion de l’exposition paraîtra chez
Somogy éditions d’art, Paris un catalogue richement
illustré en allemand et en anglais avec des textes par
Sofia Eliza Bouratsis, Michel Onfray, Tristan Trémeau
ainsi qu’une préface par Roland Wetzel et Enrico Lunghi.
En vente en boutique du musée et en ligne pour 48 CHF.

Accès
Gare centrale de Bâle CFF / Gare SNCF :
tram no. 2 jusqu‘au « Wettsteinplatz »,
puis bus no. 31 ou 38 jusqu’à « Tinguely Museum ».
Gare allemande (Bad. Bahnhof) : bus no. 36.
Autoroute: sortie « Basel Wettstein/ Ost ».
Parking à coté du musée ou au Badischer Bahnhof.
Horaire
Mardi – dimanche, 11h – 18h
Tinguely Tours | Wim Delvoye
12h30 Brève visite guidée en allemand
13h Brève visite guidée en anglais
Coûts: billet d’entrée, sans inscription
pass-musées accepté
Il y a des cartels en français dans chaque salle

 

Cézanne révélé

Du carnet de croquis à la toile au Kunstmuseum
de Bâle, Neubau jusqu’au 24 septembre 2017
sous le commissariat de Anita Haldemann
Avec 154 feuillets, le Kunstmuseum Basel abrite la plus
vaste et la plus significative collection de dessins
de Paul Cézanne (1839–1906).

Cet ensemble constitue le point de départ d’une exposition
d’envergure réunissant 213 oeuvres qui illustrent
l’importance du dessin dans la création de Cézanne,
en partant des esquisses et des études jusqu’au peintures,
en passant par les aquarelles.

Blatt: 17.8 x 23.7 cm; Bleistift und schwarze Kreide auf weissem Zeichenpapier; verso: Bleistift und schwarzer Stift; Inv. 1934.162

En 1934 et 1935 déjà, le Kunstmuseum Basel a fait
l’acquisition auprès du marchand d’art Werner Feuz
de deux importants lots de dessins totalisant 141 oeuvres
issues du fonds d’atelier de Paul Cézanne.
Cet ensemble va être complété par des achats auprès de
particuliers, au premier rang desquels le couple de
collectionneurs Martha et Robert von Hirsch.

Le Kunstmuseum Basel a ainsi été la première institution
à reconnaître l’importance de l’oeuvre dessinée alors
largement méconnue, ce faisant il a aussi empêché que
l’ensemble des carnets soit davantage éparpillé.

Les dessins de Cézanne, contrairement à ses aquarelles,
ont été peu exposés, en raison de leur fragilité. Ils ont été en
outre – ce qui est plus surprenant – très peu étudiés.
111 feuillets du lot appartenant au cabinet des estampes
du Kunstmuseum
proviennent de cinq carnets divisés,
qui furent autant que possible reconstitués.

Dans l’exposition Cézanne révélé des feuillets provenant
d’autres collections complètent ces carnets, accompagnés
par des aquarelles et des peintures du  fonds du musée,
mais aussi d’autres collections institutionnelles et privées.
101 x 65 cm; Öl auf Leinwand

Les pages de carnets, comme point de départ et coeur du
processus artistique, révèlent un aspect particulièrement
généreux de la création cézannienne, car ils permettent
un coup d’oeil par dessus l’épaule de l’artiste et une
confrontation immédiate avec sa pratique quotidienne
du dessin. Les esquisses et les études montrent ainsi
quelles oeuvres l’artiste copie au Louvre, mais aussi qu’il
ébauche des portraits dans son atelier, qu’il observe les
arbres en Provence et qu’il dessine sa femme et son fils
à la maison.
Tandis qu’il s’essaie à toutes les thématiques dans
sa jeunesse, il en vient par la suite à se concentrer sur
quelques motifs : les natures mortes, les paysages,
les baigneurs et les portraits.
34,5 x 49,5 cm; Bleistift, Aquarell und Gouache auf Papier

De petit format, ces carnets de croquis garantissent
une vision intime, car il n’ont jamais été pensé pour
un public. Ils documentent un processus d’expérimentation
et de recherche sans contrainte. A l’abri des regards,
Cézanne remet profondément en question le dessin et sa
fonction, dans la mesure où il ne respecte pas les règles
courantes et escamote les usages. Des séries entières
d’études d’après nature ou de copies des maîtres anciens,
de l’antiquité à Eugène Delacroix, montrent comment
la confrontation répétée avec un motif donné pousse
Cézanne à développer toujours de nouvelles options
de représentation.

Dans ses aquarelles, Cézanne a complétement repensé
le rapport entre ligne et couleur. Ainsi, le dessin n’est
souvent pas uniquement préparatoire, Cézanne retravaille
son motif avec du graphite après la pose de la couleur,
de telle manière à ce que ligne et couleur s’entremêlent
dans un jeu dynamique. Dans d’autres aquarelles,
Cézanne renonce complètement au graphite et trace
des traits à l’aide d’un pinceau fin. Sur ce point aussi,
l’exposition Cézanne révélé montre combien le peintre
se soucie peu des conventions, et permet de nouveaux
et captivants regards sur une oeuvre pourtant célèbre.

Le fonds du Kunstmuseum Basel est complété par 53 prêts
de premier ordre, pour l’essentiel, des peintures et des
aquarelles issues de collections privées renommées
d’Europe et des Etats-Unis, mais aussi de musées,
dont la Fondation Beyeler (Riehen/Basel), la Kunsthalle Bremen,
The Art Institute of Chicago, la Staatliche Graphische
Sammlung München, The Metropolitan Museum of Art
(New York), The Museum of Modern Art (New York),
le Musée d’Orsay (Paris), le Princeton University Art
Museum, le Museum Boijmans Van Beuningen (Rotterdam),
la Grafische Sammlung Albertina (Wien), le Kunsthaus Zürich u.a.

Un catalogue (allemand ou anglais)paraît à l’occasion de l’exposition
aux éditions  Prestel Verlag avec des contributions de Oskar Bätschmann,
Anita Haldemann, Henrike Hans, Fabienne Ruppen, Annegret Seger,
Richard Shiff et Matthew Simms.
Il est illustré des oeuvres présentées dans l’exposition.
L’exposition est placée sous le haut patronage de l’ambassade
de France en Suisse
.

Kunstmuseum Basel | Neubau, Foyer 1er sous-sol,
veuillez entrer par le Hauptbau.

Otto Freundlich, Communisme cosmique

Otto Freundlich, Communisme cosmique
Jusqu’au 10 septembre 2017, au
Kunstmuseum Basel
| Neubau

sous le Commissariat de :
Julia Friedrich, du Museum Ludwig Köln
Otto Freundlich (1878–1943) connaissait tout et tout le monde.
Personnellement j’ignorai son existence, jusqu’à ce jour où j’ai
au le plaisir de voir ses oeuvres sur les cimaises du Kunstmuseum.

Peu d’artistes de la première moitié du XXe siècle se sont confrontés
avec autant d’intelligence et de passion aux différents courants
de l’art de leur temps. Des rapports intimes, souvent de vraies
amitiés, le rattachent aux principaux artistes de toutes les avant-gardes
– expressionisme, fauvisme, cubisme, orphisme, dadaïsme,
De Stijl, Bauhaus et enfin l’art abstrait. Les influences vont dans
les deux sens, de lui à eux et d’eux à lui. Pour autant Freundlich a
poursuivi sa voie propre, que ce soit avec ses sculptures, ses peintures
ou ses peintures sur verre.

L’exposition Otto Freundlich – communisme cosmique
souhaite retracer la carrière comme la vie intime d’Otto Freundlich
et analyser l’évolution de sa pensée artistique et philosophique.
Elle se penche sur l’oeuvre de cet artiste à qui les Nazis ont déclaré
la guerre: une partie importante de son oeuvre fut d’ailleurs
détruite par eux, lui-même ayant été assassiné dans un camp
d’extermination.
Son oeuvre la plus célèbre est aujourd’hui la sculpture
«Grosse tête» (1912); jadis bien visible sur la couverture du guide
de l’exposition «Art dégénéré» organisée par les Nazis.
La rétrospective démontre que non seulement les Nazis avaient
transformé le titre de l’oeuvre, mais aussi la sculpture elle-même:
au cours d’une des étapes en tout cas de l’exposition itinérante

«Art dégénéré», l’oeuvre présentée était une réplique lourdingue.
Aussi actif politiquement et déterminé qu’il fût, Freundlich n’a
pas suivi les combat de son temps, il n’a fait que proposer de pures
utopies. Ce qui détermine son oeuvre, c’est un universalisme total
qu’il a baptisé «le communisme cosmique».
La persécution qui s’est acharnée contre Freundlich en Allemagne
a pour conséquence qu’une grande partie de ses importantes
oeuvres de jeunesse est perdue. Lors des actions menées contre
«l’art dégénéré», ce ne sont pas moins de 14 de ses oeuvres qui
furent confisquées.

L’exposition, conçue par le Museum Ludwig de Cologne et
présentée au Kunstmuseum Basel, rassemble quelques
50 oeuvres. Cette rétrospective, la plus complète à ce jour, présente
les résultats parfois fascinants des recherches les plus récentes,
et permet de retracer l’évolution de l’oeuvre de Freundlich de
1909 à 1940.

Otto Freundlich et Bâle
Le soutien sans doute le plus fidèle d’Otto Freundlich était une
enseignante bâloise, Hedwig Muschg, qu’il avait rencontrée à Paris
en 1927. Hedwig Muschg était la demi-soeur de l’écrivain
Adolf Muschg. Sans relâche, avec ses modestes moyens, elle a envoyé
de l’argent à l’artiste dans le besoin et a tenté de vendre ses oeuvres
en Suisse. En signe de reconnaissance, Freundlich lui a envoyé
des travaux qu’elle a vendu après sa mort. C’est ainsi qu’une gouache
(aujourd’hui chez un particulier) s’est retrouvée dans la collection
personnelle du directeur du Kunstmuseum Basel de l’époque,
Georg Schmidt
, tandis qu’une grande peinture fut achetée
pour le Kunstmuseum Basel. Par la suite, le musée a hérité d’une
tempera sur bois et d’un pastel issus de la donation
Marguerite Arp-Hagenbach.
La vie d’Otto Freundlich
Otto Freundlich venait d’une famille juive assimilée de Stolp,
Poméranie (aujourd’hui en Pologne). Après un apprentissage
commercial à Hambourg, il a étudié trois semestres d’histoire
de l’art entre Berlin et Munich. Vers 1906, il crée ses premières oeuvres.
En 1908, il se rend à Paris. Dans les années suivantes, on retrouve
Freundlich entre Paris, Hambourg, Munich, Berlin et Cologne.
Il était ami avec un nombre inouï de personnalités du monde de l’art
et tout particulièrement avec des artistes.

81 x 65 cm; Pastell auf Karton

Ses principaux soutiens aux côtés de Hedwig Muschg,
étaient le collectionneur de Cologne Josef Feinhals ainsi que le directeur
du musée de Hambourg, Max Sauerlandt, qui a fait l’acquisition
d’oeuvres importantes, confisquées en 1937 et longtemps considérées
comme perdues jusqu’à leur redécouverte récente.
Après 1924, Freundlich a habité essentiellement à Paris.
Lorsque les Nazis ont envahi la France, l’artiste a fui dans les Pyrénées.
A l’âge de 65 ans, il fut dénoncé et déporté. S’il n’est pas mort déjà
durant sa déportation, on considère qu’il fut assassiné au camp
d’extermination de Sobibór.
24 x 163 cm; Glasgemälde

A l’occasion de l’exposition paraît aux éditions Prestel Verlag
un catalogue richement illustré de 250 illustrations avec des
contributions de Geneviève Debien, Christophe Duvivier, Julia
Friedrich, Verena Franken, Otto Freundlich, Adolf Muschg entre autres.
« Une exposition du Museum Ludwig Köln en coopération
avec le Kunstmuseum Basel. »

Kunstmuseum Basel | Neubau, Foyer 1er sous-sol,
veuillez entrer par le Hauptbau.

Art Basel 2017

L’épreuve de philo du Bac 2017 proposait le sujet suivant
 pour la SÉRIE ES :
 Une œuvre d’art est-elle nécessairement belle ?
La réponse est clairement non, ensuite on peut
disserter et s’appuyer sur Art Basel 2017.


Art Basel 2017, 48e édition qui se déroule tous
les ans  en juin met en scène les plus prestigieux spectacles d’art
du monde, des travaux d’art moderne et contemporain,
rassemblant 291 premières galeries à partir de 35 
pays du monde entier. Sur 16 000 m2 dans  le hall 1
réservé aux œuvres de grande dimension, les galeries
présentent 76 œuvres, dont le commissaire est
pour la sixième année consécutive par Gianni Jetzer, 
Si on ne peut pas parler de beauté,
on peut en constater parfois  leur originalité, leur gigantisme,
l’inventivité de la conception, tant au niveau des sculptures,
installations, peintures, vidéos, photos.
Pendant une semaine, c’est le plus grand musée
au cœur de l’Europe, sous la direction de  Marc Spiegler
et avec la participation de 4000 artistes.
 L’artiste suisse Claudia Comte a d’entrée donné le ton
sur la Messe Platz avec son installation « NOW I VON »
un immense terrain de jeux , ses baraquements  proposent un
mini booling , un mini dance-floor , un mini-golf et d’autres
activités du même style. Elle en respecte le concept de foire.
Si vous réussissez le grand chelem une œuvre de l’artiste  en est
le trophée.
Les festivités se poursuivent avec les Conversations
conférences de commissaires et d’artistes dans les salons.
Le Parcours avec 22 œuvres d’art présentées au alentour
de la place de la cathédrale.
Avec des Films, dont 34 films et vidéos sous la houlette
du commissaire égyptien Maxa Zoller.
Les galeries  sont   institutionnelles,  triées  par  un comité
sévère.
à la galerie Krinzinger de Vienne


Le baiser d’ Urs Fischer à la galerie Sadie Coles de Londres
Camille Henrot chez Kamel mennour, Paris, dont  le film Grosse Fatigue,
a remporté le
Lion d’argent de la 55ème Biennale de Venise.
Pour Unlimited dans le hall 1
2  installations dont celle de Subodh Gupta, Cooking the World, qui dans sa maisonnette de casseroles, invitent gratuitement les visiteurs à s’assoir et
à goûter aux plats rituels,

Une autre performance très visuelle par Donna Huanca, consiste
en un tableau vivant , ‘BLISS (REALITY CHECK 2017) ‘(1980) d’accessoires, d’éléments peints et d’acteurs, conçus pour surprendre.

La dernière œuvre de Chris Burden  Ode to Santos Dumont
prend son envol par moment
Une vidéo qui a retenu mon attention, montre l’illustration d’une procession
fantôme des victimes de la guerre de Corée, Citizen’s Forest 2016 de
Park Chan-Kyong

L’installation de film «Anubis» (2016), filmée à l’aide de la vision nocturne de l’artiste israélien Michal Rovner (en 1957), rappelle les images de surveillance militaire, dramatise les scènes innocentes et les animaux qu’elle documente dans les régions rurales d’Israël. L’installation par Sue Williamson intitulée Messages du passage de
l’Atlantique. le L’installation est basée sur les enregistrements accumulés
des deux côtés de l’Atlantique de L’histoire de l’esclavage du XVIe
au 19e siècle. Les téléspectateurs sont confrontés Avec cinq filets de
pêche en corde suspendus au plafond, remplis de verre gravé Bouteilles,
chacune inscrite avec un nom d’esclave, un pays d’origine et d’autres détails,
Représentant les 12,5 millions d’individus africains qui ont été expédiés au Nouveau Monde Entre 1525 et 1866.

«Sauver la sécurité» (2017) par l’artiste cubain Carlos Garaicoa
(vers 1967) a l’intention de s’attaquer au domaine financier et aux tensions
que cela a causé ces dernières années. L’image symbolique et puissante
de la banque est reproduite dans une série de sculptures dorées à petite
échelle, chaque miniature étant installée séparément à l’intérieur
du coffre-fort d’une banque réelle.

L’ambiance est festive, tout le monde est collectionneur si ce n’est que de
photos. Il y avait aussi des oeuvres à la vacuité criante dont je n’ai pas
compris l’opportunité de leur présence dans une foire aussi
prestigieuse….
Art Basel ne peut pas se vivre sans les inconditionnelles performeuses
Adèle & Eva, dont vous pouvez lire le motif de leur présence mondiale,
ici,qui me permettent de faire la conclusion.
Art Basel vous donne rendez-vous à Hong Kong, Miami,
et à Basel du 14 au 17 juin 2018
 
 

Hebdoscope sous la baguette de Valérie Cardi

C’est un anniversaire biculturel
Pour les vingt ans d’Hebdoscope sous la baguette de
Valérie Cardi, la Commanderie de Rixheim accueille
du 3 au 5 juin l’exposition « Art dans la serre »
sous les signatures de

Daniel Depoutot, Anina Gröger et Eléna Androuais.
Vingt ans, ça se fête ! Voici deux décennies que
Valérie Cardi a pris la tête du magazine franco-allemand
Hebdoscope. Depuis, le périodique installé confortablement
dans le sillon du bilinguisme a ajouté une corde écologique
à son engagement en faveur du dialogue culturel.
Rien donc de plus naturel de fêter l’anniversaire à
travers une exposition franco-allemande déroulée
sur le fil rouge de la nature. Cela explique que l’on peut
croiser Valérie Cardi dans les allées de
l’Eco-musée d’Alsace, où elle est active.

Organisée en partenariat avec la ville de Rixheim
et les Rencontres de la Commanderie, la Fête de la
biodiversité, la ville de Karlsruhe en
collaboration avec l’association BBK Bezirksverband
Bildender
Künstlerinnen und Künstler,
l’exposition ambitionne d’inscrire une
action concrète dans le cadre du partenariat franco-allemand.
Se partagent ainsi l’affiche Daniel Depoutot, artiste plasticien à
l’univers bien particulier, collaborateur de l’ hebdoscope
depuis deux ans, la plasticienne et illustratrice allemande
Anina Gröger et la jeune designer strasbourgeoise
Eléna Androuais

Daniel Depoutot est le dessinateur des planches
publiées dans le magazine. Cela dit, il faut l’avoir
rencontré dans son atelier du  Port-du-Rhin.
C’est un déferlement, avant tout sonore,
de sa création, le crayon est remplacé par la
scie électrique.
Il découpe, assemble des déchets, des rebuts,
pour livrer des oeuvres qui interpellent, amusent,
séduisent, déroutent, par leur ingéniosité,
mais aussi par leur laideur. Ses automates
trouvent leur place dans les musées.

A la commanderie, il  expose des  dessins et
ses personnages  facétieux, sortis de ses mains
expertes et de son imagination.
Quelques oeuvres à son actif, parmi d’autres :
l’horloge du millénaire à Strabourg
Raides boules au Musée Würth
Le concert apocalyptique d’un artiste jubilatoire

Anina Gröger , artiste allemande native de  Pforzheim
est de plein pied avec le thème de la nature. Ses toiles
sur papier d’architecte éclatent de couleurs.
Elle les applique à la main, au pinceau, avec un mouchoir
parfois, ce qui leur donne ce resplendissement mat, un
jeu de couleurs infini, délicat. Ses grandes toiles suspendues
dans la serre, jouent avec les reflets du soleil,
et ont des allures de paravents, mais aussi de vitraux.
La superposition des pigments à l’huile donne un
résultat impressionniste à ses oeuvres.
Certaines aquarelles montrent un « sfumato »
étrange, dont elle a le secret, paysages de rêve,
nuages ?
Rien d’étonnant dans ce cas à son étroite
collaboration avec le musée des bijoux de
Pforzheim, dont l’éclat de son travail ne peut
que magnifier ceux-ci.

Eléna Androuais
, est tout droit sortie de
l’école de design de Strasbourg
c’est par la communication visuelle et
par l’éco-design qu’elle présente un cycle
de vie, qui est universel et qui s’inscrit
tout à fait dans le thème de la nature.
Voici une petite vidéo que vous pouvez
visionner en cliquant ici
 

Wolfgang Tillmans engagé

Wolfgang Tillmans jusqu’au 1er octobre 2017
à la Fondation Beyeler

« Tout est une question de regard, d’un regard
ouvert et sans peur »


En tee-shirt et bermuda, il répond avec cordialité à nos questions.
Dans l’ascenseur il m’a spontanément serré la main, en riant
parce que j’ai affirmé au traducteur, que son français était parfait.
C’est un des photographes que l’on dit le plus passionnant du moment.
Dans tous les classements ce natif de Remscheid, dans la Ruhr,
RFA, est en tête. On peut voir ses oeuvres à la Tate galerie de Londres
et depuis quelques jours à la Fondation Beyeler, près de 200
travaux photographiques réalisés entre 1986 et 2017, ainsi qu’une
nouvelle installation audiovisuelle.
« J’aime la photographie et j’utilise ce médium depuis 30 ans,
non pas parce que je veux être absolument un photographe,
mais parce que cela donne des possibilités
illimitées de produire de nouvelles images. »

Ici il n’y a ni règles, ni chronologie, ni hiérarchie, de la vision
Tillmans veut faire une expérience.
Ses accrochages ressemblent à des performances,
les portraits et les natures mortes, de l’accessoire et
du fondamental, du figuratif et de l’abstrait,
tout se vaut.

Wolgang Tillmans, Tilda Switon 2009

Rien ne le laisse insensible. Tillmans est faiseur d’images
et musicien.
C’est l’art en général et surtout les images qui l’intéressent,
il se voit dans une continuité de 30 000 ans, depuis que
des hommes ont commencé à faire des images, la photographie
n’est qu’un tout petit domaine dans l’histoire totale des images.
Ces photographies intimes et attentives le font connaître
au début des années 90.
Il documente l’ambiance des clubs et le style de vie de
la jeunesse londonienne, le feeling de la contre-culture.
Ces images se présentent comme une membrane
entre la sphère du privé et celle du public.
Ce sont particulièrement les images du début
des années 90 qui manifestent une préoccupation
sociétale. Il était tout à fait conscient que ce n’était
pas juste une plaisanterie superficielle, c’était amusant,
certes, mais il était clair pour lui qu’il s’agissait de
développement et de progrès sociaux, le privé et le politique
sont pour lui indéniablement liés. Les libertés dont
il profite ont été acquises de haute lutte politiquement.
Il ne parle pas du fait de pouvoir exister en tant qu’homosexuel,
mais de pouvoir vivre en démocratie.

Après avoir vécu à New York, il vit a Londres où il reçoit le
Turner Prize, en tant que photographe et surtout premier
photographe non britannique à l’âge de 32 ans.
En 2015, on lui a décerné l’International Award in
Photography
de la Hasselblad Foundation, Göteborg.
Prix acceptés avec humilité, en s’excusant.
Il veut montrer le monde à sa façon.

Parfois quelque chose se développe, tout d’un coup
il y a le bon dosage de mise en scène, de trouvailles et
de vérité qui se manifestent. Il fait des photos pour intervenir
pour faire de l’effet sur la société. Ce n’est pas que de
l’art pour l’art, pour se positionner dans ce
domaine, il voudrait changer les choses, conscient que
cela ne représentera presque rien.
Mais son énergie le pousse dans ce sens. Prendre position
est son credo d’artiste et de citoyen, comme sa dernière
campagne d’affiches contre le Brexit.

Il ne voit pas la limite entre la politique et la vie, mais il ne voit
pas non plus la nécessité de tout regarder sous l’angle politique.
Certaines choses ont lieu et existent tout simplement,
elles deviennent des natures mortes du fait du hasard.
Le drapé de vêtements jetés négligemment par hasard,
devient une nature morte, comme une peinture.

Le tee-shirt se métamorphose en sculpture. L’éclipse totale du
soleil capté avec son vieil appareil analogique.
Des scènes de rue, des façades de maisons, des groupes de
personnes, des panneaux publicitaires, des voitures,
des couloirs d’aéroport, des ciels étoilés, des vues d’avion.
(Concorde)
Il a rapidement élargi son champ de vision et a exploité
les expériences de la photographie pour inventer un nouveau
langage iconographique. Ainsi sont nés des travaux recourant
ou non à l’appareil photo ainsi qu’à la photocopieuse.

Chaque exposition de Tillmans est une oeuvre en soi.
Il n’aligne pas une suite de succès, elle demande à être
regardée avec attention, car il mélange les formats,
le banal avec le sensationnel, l’ordinaire avec l’émouvant.
Il arrive toujours à surprendre, par exemple avec
des images qui naissent sans passer par l’objectif d’une caméra,
en travaillant le papier photo avec la lumière ou
des produits chimiques.
Il rend le non vu, visible.
Il illustre sa perception du monde. Selon lui tout est
fonction du regard ouvert et exempt de peur.
C’est un regard sur la liberté de voir de faire ou de jouer
et c’est finalement aussi un comportement politique.

« Il ne faut pas tout particulièrement dans les temps
que nous vivons, cette époque remarquablement étrange,
se laisser déposséder de la curiosité visuelle et de la liberté
inaliénable de l’art » .
C’est au Schaulager que la commissaire Theodora Vischer
tente une correspondance de son travail pour la première fois
dans lexposition de Holhein à Tillmans
À l’invitation de la Fondation Beyeler, l’artiste avait déjà aménagé
dès 2014 une salle avec des peintures et des sculptures de la collection
permanente, auxquelles il avait ajouté deux de ses propres
travaux. Cette exposition Tillmans constitue cependant la
première réflexion approfondie à laquelle se livre la
Fondation Beyeler sur le médium photographique
Informations pratiques
Heures d’ouverture :
Tous les jours 10h00–18h00, le mercredi jusqu’à 20h00
Pendant la semaine d’Art Basel
10–18 juin 2017, 9h00–19h00
Prix d’entrée de l’exposition :
Adultes CHF 25.-
Pass-musées accepté
Entrée gratuite pour les moins de 25 ans
(sur présentation d’une pièce d’identité à la billetterie)
et membres de l’Art Club
Accès
Tram 2 direction Eglisee
descendre à Messe Platz
puis tram 6 direction Grenze
arrêt Fondation Beyeler
Renseignements ici

 

Sommaire du mois de mai 2017

Ludwig Kirchner expo Zurich Kunsthaus

01 mai 2017 : Fête du travail
02 mai 2017 : Pierre Mercier. Rien n’a jamais cessé de commencer
03 mai 2017 : Talents Contemporains 5e édition
12 mai 2017 : Ernst Ludwig Kirchner – Les années berlinoises
29 mai 2017 : Cold Wave

Cold Wave

 Jusqu’au 2 juillet 2017

Elles sont au nombre de trois, comme les trois grâces,
elles ont en commun le goût, pour le froid,
d’où le titre ( vague froide ou vague de froid), pour l’aventure, les extrêmes.
Par cette chaleur estivale vous pouvez vous rafraichir
en visitant cette très belle exposition.

Elles sont surtout photographe, exposées sur les cimaises,
de la Galerie de la Filature, grâce à l’œil connaisseur
d’Emmanuelle Walter, commissaire de l’exposition.
Aurore Bagarry, Camille Michel,  sorties de l’Ecole d’Arles,
Anna Katharina Scheidegger, a fait ses études à l’École
Nationale  Supérieure des Arts Décoratifs de Paris et au
Fresnoy, studio national des arts contemporains à Tourcoing.
Trois femmes photographient les glaciers des Alpes et paysages
du Grand Nord pour souligner la beauté mais aussi la fragilité
de ces lieux menacés de disparition.

Les paysages qu’elles photographient appartiennent à
une double tradition, celle  de la description poétique et
intimiste du paysage, et celle qui considère le paysage
d’un point de vue  scientifique et précis. Entre exploration
plastique et démarche documentaire, leurs images sont le
fruit d’une expérience – de la randonnée glaciaire dans
les Alpes ou de l’expédition en embarcation entre la Gaspésie
et le Groenland. Les couleurs et les matières sont celles
des lieux extrêmes : banquises s’évanouissant dans le ciel,
reliefs des moraines, pointes des glaciers.
Aurore Bagarry, Camille Michel et Anna Katharina Scheidegger
semblent révéler à notre regard la profondeur
de la terre engendrant la surface, épiderme du monde
dont le spectacle nous brûle et nous agite.

Aurore Bagarry
www.aurorebagarry.com

Aurore Bagarry est une photographe et vidéaste française.
Née le 2 juin 1982 au Mans, elle vit à Saint-Brieuc.
Aurore Bagarry est représentée par la Galerie Sit Down
www.sitdown.fr
Aurore Bagarry est diplômée de l’École Nationale de la
Photographie d’Arles et des Gobelins de Paris, l’École
de l’image en Photographie, option traitement des images.
Son travail appréhende la relation entre la photographie
et le document. Cette exploration a pris plusieurs
formes : le portrait en studio (série Quelle histoire !, 2008),
la pratique de l’errance (Journal Japonais, 2012),
l’archéologie (Louqsor 2030, 2008-2013) et plus  récemment
la photographie de montagne (Glaciers, 2012-2017).
Aurore Bagarry courtoisie

Ses recherches ont été soutenues par le prix LVMH en 2008,
le ministère des affaires étrangères en 2009 et le
Centre National des Arts Plastiques en 2013 et 2015.
Pour Aurore Bagarry, la carte n’est pas l’objectif mais le
point de départ d’une exploration contemporaine.
C’est à un inventaire photographique des glaciers qu’elle
procède.Elle restitue l’emplacement des fleuves gelés
et reporte les points de vue photographiques comme
cela se faisait au 19e siècle.
Courtoisie Aurore Bagarry

Le recours à la chambre photographique, l’infinie qualité
de détails et la totale maitrise technique des rendus
de lumière et de couleur, renvoient aux approches
documentaires les plus exigeantes. Le style en est adopté
mais les choix de points de vue, de lumière et de cadrage
troublent l’impression de « déjà vu ». Ces glaciers ne
ressemblent ni à ceux, actuels, issus de la conquête sportive,
ni à ceux enregistrés par les glaciologues  contemporains,
ni encore aux images « noir et blanc » des glaciers d’albumine,
de collodion ou de gélatine qui  ont pâli avec le temps.
La vision est revitalisée ici, via la couleur, dans la rencontre
extrême et sensible entre une jeune femme photographe et
des sites qui, s’ils ne sont plus considérés comme maudits,
n’en restent pas moins fascinants.
CAMILLE MICHEL
www.camillem.net

Camille Michel est une photographe française.
Née le 27 mars 1988 à Aulnoye-Aymeries, elle vit et
travaille à Paris.
Elle est lauréate du Prix Filature mulhouse015,
biennale de la jeune création contemporaine.
Depuis 2015, son travail est représenté par le studio
Hans Lucas www.hanslucas.com

Camille Michel est une photographe française ayant
étudié les arts à Paris 8 et la photographie à
l’École Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles.
Ses photographies constituent des documentaires poétiques.
Dans son travail elle s’intéresse à la relation entre l’homme
et l’environnement, et à leurs impacts respectifs,
dans les sociétés proches de la nature. L’influence
d’une nature, parfois hostile, sur le mode de vie de l’homme
mais aussi les dommages humains sur l’environnement.
Quelles relations entretiennent l’homme et la nature au
21e siècle ? Que reste-t-il de la culture traditionnelle ?
Quel est l’impact de l’industrialisation ? Elle documente
avec la photographie la vie quotidienne de populations
et de communautés en période de bouleversements.
On imagine à peine cette jolie jeune femme partant en
expédition dans le grand nord, s’embarquant avec des
scientifiques.

Dans l’exposition Cold Wave, Camille Michel livre
le portrait d’un Groenland contemporain, tiraillé
entre tradition et modernité. Uummannaq est un documentaire
sur un village au Nord. Stories from the Sea résulte
d’un voyage sur un bateau d’expédition le long de la côte Ouest.
Sur l’île, les modes de vie et de consommation s’occidentalisent.
La pêche s’industrialise. Les chiens de traîneaux ne sont
plus beaucoup utilisés. Ils cohabitent maintenant sur la
banquise avec les voitures, les quads et les scooters.

Pack of dogs on ice looking for someone Camille Michel courtoisie

Les téléphones portables et les réseaux sociaux
sont à la mode ! Des infrastructures modernes marquent
le paysage : supermarchés, café, station-service.
Les importations de nourriture industrielle et
de produits européens permettent de rendre la vie
plus simple mais génèrent des problèmes de santé comme
le diabète et aussi une importante pollution.
Dans le village, tous les déchets sont brûlés en plein air.
Uummannaq, Greenland, 2015. Camille Michel courtoisie
Uummannaq, Groenland, 2015.

D’inquiétantes traces de dioxine ont été relevées dans
les eaux du lacs. La santé des habitants et la sécurité
alimentaire sont menacées. Beaucoup d’habitants partent
vers Nuuk la capitale ou le Danemark à la recherche de
travail et d’une vie plus confortable.
Le changement climatique est-il plus responsable
des problèmes que la course à l’économie globale moderne
qui transforme désormais la société Groenlandaise en
une société matérialiste ?
Anna Katharina Scheidegger
www.annakatharina.org


Anna Katharina Scheidegger pratique la photographie,
le film et la vidéo.
Née en 1976 en Suisse, elle vit et travaille à Paris.
Anna Katharina Scheidegger a fait ses études à
l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris
et au Fresnoy,
studio national des arts contemporains à Tourcoing.
Elle était membre de l’Académie de France à Madrid et est
actuellement artiste en résidence au MAC VAL (Musée d’Art
Contemporain du Val-de-Marne) et à la Cité internationale
des Arts à Paris.
Anna Katharina Scheidegger courtoisie

Ses oeuvres nous font découvrir des phénomènes urbains, le lien
passé et futur entre l’architecture, le pouvoir et la société.
Avec la photographie et la vidéo, elle affirme la primauté
du documentaire. Son travail l’amène progressivement vers
des sujets pesants, difficiles. Elle travaille de plus en plus
souvent sur des gens à la marge de la société, attirés par ces
extrêmes, s’approchant au bord de l’envergure des modèles
de vie possibles.
Anna Katharina Scheidegger courtoisie

Les glaciers suisses se sont considérablement réduits
durant le 20e siècle, avec un affaissement atteignant une
vingtaine de mètres au cours des quinze dernières années.
Pour les protéger du réchauffement climatique, les scientifiques
ont entrepris une opération audacieuse : chaque été, ils emballent
les glaciers les plus vulnérables dans des kilomètres de bâche
isolante pour les mettre à l’abri des rayons du soleil.
Témoignant de cette lutte acharnée, les images
d’Anna Katharina Scheidegger dégagent une esthétique
tragiquement extraordinaire.

Les villageois de la vallée de Fiesch en Suisse, dépendants
de la nature et du tourisme, s’arrangent avec Dieu, les esprits
et les projets scientifiques sans qu’aucun ne puisse exclure
l’autre, avec comme unique but de conserver le fondement
de leur communauté autant identitaire qu’économique,
le coeur de leur existence : le glacier d’Aletsch.
Dans cette vallée du bout du monde, entre mythes et sciences,
l’écologie et la tradition se fondent dans une avancée
imperturbable vers l’avenir.
Anna_Katharina Scheidegger courtoisie

Anna Katharina Scheidegger est lauréate de nombreux prix tels
que le prix Artiste-Air Suisse et le prix de la Photo de Berne.
Ses oeuvres font, entre autres, partie de la collection du CNAP
et de la Maison européenne de la photographie
rencontre, visite guidée en présence de Camille Michel
samedi 10 juin 11h
dans le cadre de mulhouse017 biennale de la jeune
création contemporaine
entrée libre en galerie
www.mulhouse.fr/fr/mulhouse-017
LA GALERIE DE LA FILATURE, SCÈNE NATIONALE
Galerie en entrée libre
du mardi au samedi de 11h à 18h30
les dimanches de 14h à 18h et les soirs de spectacles
20 allée Nathan Katz – 68090 Mulhouse cedex
T +33 (0)3 89 36 28 28 – www.lafilature.org
La Filature, Scène nationale, est membre de Versant Est
Réseau art contemporain Alsace http://versantest.org
et de la Régionale