Thomas Houseago Almost Human

Le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris présente
jusqu’au 14 juillet 2019

la première rétrospective en France de Thomas Houseago.
Figure majeure de la scène artistique internationale,
Thomas Houseago est un sculpteur et peintre né à Leeds
(Royaume-Uni) en 1972. Il vit et travaille à Los Angeles depuis
2003, et son oeuvre est présente dans de nombreuses
collections publiques et privées.
Utilisant des matériaux comme le bois, le plâtre, le fer ou
le bronze, il s’inscrit dans la lignée de sculpteurs qui, de
Henry Moore à Georg Baselitz et Bruce Nauman, se concentrent
sur une représentation de la figure humaine dans l’espace.
L’exposition est présentée dans les salles monumentales
des collections du musée, qui sont, pour l’artiste, parties
prenantes de la scénographie.

Le bâtiment, les bas-reliefs d’Alfred Auguste Janniot réalisés
en 1937, la Tour Eiffel, permettent également à l’artiste
d’ancrer son oeuvre dans l’environnement architectural
du musée. Souvent monumentales, ses sculptures conservent
les vestiges du processus de fabrication et oscillent entre force
et fragilité.
Almost Human retrace les différentes évolutions du travail
de l’artiste, de ses oeuvres des années 1990 jusqu’à ses
dernières réalisations. Le parcours, principalement
chronologique, s’articule autour de quatre salles, qui croisent
à la fois les grandes étapes géographiques de la vie de l’artiste,
mais aussi son rapport intrinsèque aux matériaux.
Une imposante oeuvre en bronze, intitulée

Striding Figure II (Ghost),
est également installée dans le bassin de l’esplanade du musée.
L’exposition s’ouvre sur les sculptures anthropomorphes des
débuts de l’artiste et reprend l’équilibre et l’aspect brut
du plâtre est parfois teinté de couleur.
La deuxième salle de l’exposition est pensée autour de
sculptures hybrides et expérimentales. Elles servent de
passerelle entre les oeuvres figuratives du début de sa carrière
et les ensembles architecturés et immersifs, qui constituent
la plus grande partie de la production actuelle de

Thomas Houseago.
La troisième salle, la plus monumentale, est consacrée
au gigantisme et à la noirceur où se répand le sentiment
troublant d’isolement et d’introspection. L’Homme pressé,
imposant colosse de bronze prenant possession de la
verticalité des lieux, est contré par l’horizontalité de la
sculpture couchée Wood Skeleton I (Father) et de la longue
frise murale de la série « Black Paintings ».

La quatrième salle est un espace immersif dédié à la présentation
de l’oeuvre Cast Studio (stage, chairs, bed, mound, cave,
bath, grave), réalisée spécialement pour l’exposition.
Accompagnée d’un film et de photographies retraçant
sa conception, cette sculpture – moulée dans l’argile –
retranscrit physiquement l’atelier de l’artiste à travers ses
mouvements et actions, et marque ainsi son retour à la
dimension performative de ses premières oeuvres.

Les formes et les assemblages qu’il réalise échappent à
toute classification culturelle : ses références à Picasso et
à la sculpture africaine dialoguent avec sa passion pour
la science fiction. Souvent maladroites et grossièrement
ébauchées, les sculptures de Houseago laissent un goût
d’inachevé et donnent une sensation à la fois de vulnérabilité
et de puissance
Certaines de ses œuvres ont été présentées à la Biennale
de Venise à la
Punta della Dogana lors de l’exposition ‘Eloge du doute’
(2011-13) et à Palazzo Grassi pour
‘Le Monde vous appartient’ (2011-12).
Podcast France culture la Dispute d’Arnaud Laporte 😯
Un catalogue bilingue, réalisé sous la direction de l’artiste,
est publié aux éditions Paris Musées.
Avec le parrainage de Thomas Houseago
Accès au musée pendant les travaux côté Seine.

VASARELY, LE PARTAGE DES FORMES

photo en exergue  Vasarely, Vega Päl, musée Unterlinden

Le Centre Pompidou présente jusqu’au 6 mai 2019,
la première grande rétrospective française consacrée à
Victor Vasarely (1906-1997).


À travers quelque 300 pièces, l’exposition retrace le parcours
du père fondateur de l’art optique, et remet en scène ces
abstractions vibrantes et déstabilisantes qui ont tant
imprégné la société des années 1960-1970. Elle en dévoile
le processus de création, basé sur la science, le langage de
la communication et celui de l’informatique, voire la
cybernétique. Elle en révèle aussi les conditions de production
et de diffusion par lesquelles Vasarely cherchait d’une nouvelle
manière à briser la séparation entre l’art et la vie.
Une occasion unique de découvrir toute l’envergure et
la logique de son œuvre restées jusqu’ici mal connues…


VASARELY, EN QUELQUES MOTS
Un parcours à la fois chronologique et thématique
vous emmène parmi toutes les facettes de son œuvre
foisonnant, depuis sa formation dans les traces du
Bauhaus jusqu’aux dernières innovations formelles :
peintures, sculptures, multiples, intégrations architecturales,
publicités, études…

Vasarely Belle-Isle

Au travers de trois cents œuvres, objets et documents,
on peut explorer le « continent Vasarely » et la manière
dont il a marqué la culture populaire de l’époque,
s’inscrivant pleinement dans le contexte scientifique,
économique et social des années 1960-1970, et soulignant
la place cardinale de l’artiste dans l’imaginaire des Trente
Glorieuses.
Né en 1906 en Hongrie, Victor Vasarely se forme aux
Beaux-arts de Budapest, puis au Muhëly, annexe hongroise
de l’école du Bauhaus. Lorsqu’il s’installe à Paris en 1930,
il travaille d’abord comme graphiste publicitaire.
Ce n’est qu’au lendemain de la 2nde guerre mondiale
qu’il se consacre entièrement à la peinture.

Au milieu des années 1950, Vasarely pose les principes
de ce qui sera consacré une décennie plus tard,
aux États-Unis, comme l’Op art (art optique) :
des compositions abstraites, basées sur des formes géométriques
élémentaires, associées d’abord au noir et blanc puis
à un nuancier de couleurs, propres à créer d’elles-mêmes
des effets d’animation. Les tableaux vibrent ou clignotent.
Une forme sitôt saisie par le regard se transforme en une
autre sans jamais se stabiliser ; sa perception exige du temps.

Ainsi Vasarely, comme ses contemporains tenants de l’art
optique et cinétique (du grec kine, le mouvement),
interroge-t-il la vision habituellement statique et
fugace que nous avons du monde et de la réalité.
« Ce que j’appelle de mes vœux c’est un ‹ folklore
planétaire › où chacun, au sein même de la règle,
pourrait exprimer sa diversité. »

Une fois défini son « alphabet plastique universel »
et les conditions de sa reproductibilité sous forme
de combinatoires programmables, Vasarely s’emploie
à le diffuser le plus largement possible, y compris et
surtout hors du strict contexte institutionnel.

Le multiple et les arts appliqués notamment lui
permettent cela. On retrouve ses formes déclinées sous forme
de sérigraphies, de petites sculptures ou de posters,
mais encore dans les journaux de mode et les vitrines,

sur la pochette d’un disque de David Bowie comme
sur le plateau de télévision de Jean-Christophe Averty.
Même sur les murs des villes, particulièrement de
l’architecture de masse et industrielle
(la gare Montparnasse, l’université de Jussieu,
la station RTL à Paris…)
L’immense succès populaire que le « plasticien »
Vasarely rencontre dans les années 1960-1970 a sans
doute dépassé ses propres espoirs…
En 1982, cinq sérigraphies sont même emportées par
le spationaute Jean-Loup Chrétien à bord de la station
spatiale orbitale Saliout 7, donnant à l’œuvre vasarélienne
le cadre intersidéral dont elle rêvait…

Vasarely, Vega Päl, musée Unterlinden

Podcast France culture l’art est la matière

Talents Contemporains 7ème édition

Jusqu’au 21 avril 2019 à la Fondation François Schneider
à Wattwiller
Ils sont marcheurs dans l’immensité montagneuse, consignent
la nature en sculpture, plongent dans les océans, résident avec
les populations réfugiées. Ils sont encore dessinateur d’algorithme,
photographe ethnologue, peintre de la désolation ou plasticien
de la fragilité. La cuvée 2017 du concours Talents
Contemporains est composée de 8 lauréats,
Edouard Decam, Cristina Escobar, Sara Ferrer, Claire
Malrieux, Camille Michel, Maël Nozahic, Benjamin Rossi et
le collectif Sandra & Ricardo.
Initié en 2011 dans une démarche philanthropique, le concours
Talents Contemporains soutient la création contemporaine et
des artistes de tous horizons géographique, générationnel et
aux pratiques diverses. Sur le thème de l’eau, envisagé de maintes
façons, les artistes explorent les problématiques pouvant être
environnementales, sociétales, plastiques, philosophiques,
anthropologiques et une quantité infinie de sujets.
6 à 8 lauréats sont récompensés chaque année.
Peu à peu une collection originale s’est dessinée, rassemblant

vidéo, installation pérenne, peinture, dessin, sculpture,
photographies, art numérique. Elle présente des moutons
embarqués, des poissons sculptés, des larmes de cristal,
des océans de mots.
Si les artistes peuvent nous accompagner dans des voyages
infinis, inviter à l’introspection ou la dénonciation ils sont
souvent préoccupés, et le questionnement sur la notion de trace pourrait bien être
le trait d’union entre chacun des lauréats de la 7ème édition.


Arpenteur infatigable dans les extrémités des Pyrénées,
Edouard Decam
enregistre les architectures que
l’homme laisse sur son passage, notamment des barrages à la
structure fascinante.

Cristina Escobar raconte la trajectoire d’hommes et de femmes
réfugiés en Italie, ils tracent sur une carte de la Méditerranée
leur voyage. Elle matérialise le chemin de chacun avec 40 objets
de marbre, leurs « trophées ».

Au moyen d’une installation minimaliste, Sara Ferrer dénonce
les conséquences de la pêche de masse et la surconsommation.

Les excès provoqués par la modernité et l’industrialisation
questionnent également Camille Michel. Ses photographies
documentent les métamorphoses du Groënland et le quotidien des
populations d’Uummannaq au nord-ouest du territoire.
(vue à la Filature de Mulhouse)

Avec Waterscape oeuvre générative, Claire Malrieux
fouille la notion d’anthropocène, l’impact de l’homme sur notre
écosystème.
Benjamin Rossi remonte encore plus loin dans l’histoire de
l’humanité, son terrain d’étude est l’actuelle forêt de Fontainebleau
autrefois occupée par la mer Stampienne. L’artiste en tire une
empreinte dont le négatif en verre soufflé évoque cette période.

Le collectif Sandra & Ricardo inspiré par le passage de l’eau
dans la vallée de Coa au Portugal, réputée pour ses gravures
rupestres paléolithiques, crée un bassin de milliers de sac emplis
d’eau, métaphore de la naissance de la civilisation.

Le loup qui se reflète dans une mare chez Maël Nozahic est quant
à lui le seul vestige vivant d’un monde figé.
Chacune des oeuvres exposées porte la trace ambivalente de l’homme,
et son action sur notre environnement, dans une forme de désespoir
lyrique. La sélection des artistes est le reflet d’une interrogation
plus globale sur les désastres écologiques omniprésents.
Le Grand Jury International de la 7ème édition était composé de :
Jean-Noël Jeanneney – Président du Jury ;
Daniel Lelong – Galerie Lelong (Paris & New York) ;
Rosa Maria Malet – Directrice de la Fondation Joan Miró (Barcelone) ;
Ernest Pignon-Ernest, Artiste plasticien,
dessinateur, photographe ; Fabrizio Plessi – Artiste représentant
l’Italie à la 42ème Biennale de Venise en
1986 ; Roland Wetzel – Directeur du Musée Tinguely (Bâle, Suisse).
Entrée et tarifs
Exposition du 9 février au 21 avril 2019
Le centre d’art contemporain est ouvert :
Mars – Septembre : du mercredi au dimanche de 11h à 18h
Octobre – Février : du mercredi au dimanche de 11h à 17h
Visites guidées pour les groupes sur demande
Fondation François Schneider
27 rue de la Première Armée
68700 Wattwiller – France

Rouge. Art et utopie au pays des Soviets

Rouge. Art et utopie au pays des Soviets

Jusqu’au 1er juillet 2019 au Grand Palais galeries nationales. Cette exposition est organisée par la Réunion des musées nationaux – Grand Palais et le Centre Pompidou

commissariat : Nicolas Liucci-Goutnikov, conservateur, assisté de Natalia Milovzorova, chargée de recherche, Musée national d’art moderne, Centre Pompidou scénographie : Valentina Dodi et Nicolas Groult

Kouzma Petro-Vodkine Fantaisie St Peterbourg Musée d’état russe

En 1917, la révolution d’Octobre provoque un bouleversement de l’ordre social dont les répercussions sur la création artistique s’avèrent déterminantes. De nombreux artistes adhèrent au projet communiste et veulent participer par leurs oeuvres à l’édification de la société nouvelle. Conduits pour la plupart par d’authentiques convictions, à l’instar de Maïakovski, ces artistes s’opposent dans la définition de ce que doit être l’art du socialisme. Mais dès la fin des années 1920, les débats sont clos par la mise en place du régime stalinien. Celui-ci entraîne l’instauration progressive du réalisme socialiste, doctrine esthétique qui régit peu à peu tous les secteurs de la création. Dans les pays capitalistes, ces débats sont suivis avec attention : de multiples échanges artistiques se nouent avec la jeune Russie soviétique, qui attire intellectuels et artistes curieux de découvrir la « patrie du socialisme ».

Boris Koustodiev Le Bolchevik

Quarante ans après la mythique exposition Paris-Moscou au Centre Pompidou, c’est cette histoire, ses tensions, ses élans comme ses revirements, que relate l’exposition à travers une série d’oeuvres majeures prêtées par les grands musées russes et le Centre Pompidou ; une histoire où innovations plastiques et contraintes idéologiques, indissociablement liées, posent la question d’une possible politisation des arts.

Isaac Brodsky
devant le cercueil du chef

L’art dans la vie : le productivisme
La première partie de l’exposition met en exergue les débats qui animent avec vigueur la scène artistique soviétique au lendemain de la révolution et se prolongent durant les années 1920 : que doit être l’art de la nouvelle société socialiste ? Le parcours s’articule autour du projet porté par une large part des avant-gardes : abandonner les formes d’art jugées « bourgeoises » au profit d’un « art de la production » susceptible de participer à la transformation active du mode de vie. Le design, le théâtre, le photomontage et le cinéma s’affirment comme les médiums privilégiés de cette entreprise radicale, autour de figures-clefs comme Gustav Klutsis, Vladimir Maïakovski, Lioubov Popova, Alexandre Rodtchenko ou Varvara Stepanova. L’architecture constructiviste invente de nouvelles typologies de bâtiments – clubs ouvriers, habitats collectifs – et rêve de villes idéales.

Vladimir Lebedev, le Fantôme rouge du communisme

Cette utopie artistique de fusion de l’art dans la vie est rapidement contrariée par l’hostilité croissante du pouvoir bolchevique vis-à-vis des avant-gardes. Ceux-ci favorisent un art « compréhensible des masses », reflétant les transformations en cours de la société, tandis que sont organisées sur le territoire soviétique de grandes expositions consacrées à l’art révolutionnaire des pays capitalistes, notamment allemand (1924).

La vie rêvée dans l’art : vers le réalisme socialiste

La concentration des pouvoirs entre les mains de Staline, totale à partir de 1929, entraîne la fin du pluralisme défendu jusqu’alors par Trotski ou Boukharine. Alors que la répression s’abat sur l’art de gauche, accusé de « formalisme bourgeois », un consensus s’établit autour de la figuration, considérée comme la plus apte à pénétrer les masses et à leur présenter les modèles du nouvel homme socialiste.
Un groupe d’artistes modernistes, formés à l’école des avant-gardes, joue un rôle central dans la lente définition des fondements picturaux du réalisme socialiste : la Société des artistes de chevalet à Moscou – avec Alexandre Deïneka ou Youri Pimenov – et le Cercle des artistes à Leningrad – Alexandre Samokhvalov ou Alexeï Pakhomov – proposent une peinture monumentale célébrant des héros idéalisés, dont l’exposition rend compte par grandes sections thématiques consacrées notamment au travail ouvrier, au corps et à l’avenir radieux.

Fondation Louis Vuitton / La Collection : Le parti de la Peinture Nouvelle sélection d’oeuvres

Jusqu’au 26 août 2019
Sur les trois derniers niveaux et la terrasse de la
Fondation Louis Vuitton est présentée une nouvelle
sélection de 70 oeuvres de sa collection
(réalisées par 23 artistes internationaux),
des années 1960 à nos jours.
La peinture en est le thème.

Elle est abordée dans toute sa diversité : figurative ou abstraite,
expressive ou distanciée. Des oeuvres en volume sont mises
en regard. Des salles consacrées à Joan Mitchell, Alex Katz,
Gerhard Richter, Ettore Spalletti, Yayoi Kusama, Jesús Rafael Soto
alternent avec des ensembles thématiques, autour de l’abstraction,
de l’espace et de la couleur. Cet accrochage montre de quelle
manière la peinture ne cesse de se réinventer et d’enfreindre
ses propres règles, puisant dans les techniques de reproduction
actuelles.
Depuis son inauguration en 2014, la Fondation présente
régulièrement un choix d’oeuvres de la Collection.
Les premiers accrochages étaient conçus autour des lignes
sensibles retenues pour la collection :
Contemplation, Expressionnisme, Popisme et Musique/Son
(2014-2016).

Alex Katz

Des ensembles ont par la suite été montrés dans le cadre
de manifestations spécifiques, dédiées à la Chine (2016)
et à l’Afrique (2017). Enfin, la collection a été abordée
selon un axe thématique, interrogeant la place de
l’Homme au sein du monde vivant dans l’exposition
« Au diapason du monde » (2018).

Infinity Mirror Room (Phalli’s Field) 1965/2013
est un des tous premiers environnements de
Yayoi Kusama. Immergé dans ce paysage psychédélique
de formes organiques dont il devient un élément,
le spectateur est dans un univers hypnotique, peinture dans
l’espace qui s’étire à l’infini par le jeu de miroirs.
Il vous faut grimper aux étages pour
Jesús Rafael Soto
(1923-2005)
Pénétrable BBL bleu, 1999

Par la répétition de formes et de couleurs, Soto crée un
environnement optique qui augmente la sensation
vibratoire et dynamique.
A travers la présentation de ces deux expositions simultanées,
La Fondation Louis Vuitton réaffirme ainsi,
une nouvelle fois, sa volonté d’ancrer son engagement
pour la création actuelle dans une perspective historique.
Un audioguide gratuit sur votre smartphone peut vous
accompagner durant la visite.

La Collection Courtauld, Le parti de l’impressionnisme

« La Collection Courtauld. Le parti de l’impressionnisme »
réunit quelque 110 oeuvres dont une soixantaine de peintures
et des oeuvres graphiques, majoritairement conservées
à la Courtauld Gallery ou dans différentes collections publiques
et privées internationales. Elle permet au public français de
découvrir à Paris, soixante ans après leur première présentation
en 1955, au Musée de l’Orangerie, quelques-unes des plus grandes
peintures françaises de la fin du XIXe siècle et du tout début du XXe,
tel que Un Bar aux Folies Bergère (1882) de Manet,
La Jeune Femme se poudrant de Seurat (1889-90),
Les Joueurs de cartes de Cézanne (1892-96), Autoportrait à
l’oreille bandée de Van Gogh (1889),
Nevermore de Gauguin (1897)

ainsi qu’un ensemble de dix aquarelles de J.M.W. Turner
qui ont appartenu au frère de Samuel Courtauld,
Sir Stephen Courtauld.

Turner aquarelle Dawn after the Wreck 1841

Les liens qu’entretient Samuel Courtauld avec la France sont
déterminants dans les motivations et l’esprit de sa collection.
Sa famille, originaire de l’île d’Oléron, immigre à Londres
à la fin du XVIIe. D’abord orfèvres, ses ancêtres créent une
entreprise de textile en 1794 qui deviendra avec l’invention
de la viscose, fibre synthétique révolutionnaire, une des plus
importantes entreprises de textile au monde au tout début
du XXe siècle. Samuel Courtauld accède à sa présidence en 1921
et accompagne son développement jusqu’en 1945.
Francophile, il se rendra régulièrement à Paris, notamment
pour acheter des oeuvres auprès des marchands français,
conseillé entre autres par l’historien d’art et marchand
Percy Moore Turner.
La Loge d’Auguste Renoir

Sa collection, constituée entre 1923 à 1929, en moins de
10 ans, en parfaite concertation avec sa femme Elizabeth,
est d’abord montrée dans leur demeure néoclassique de
Home House, construite  par l’architecte Robert Adam
en 1773-1777, située à Portman Square, au centre de Londres.
Le cercle amical des Courtauld réunit alors des personnalités
la croisée du monde de l’art, de la musique, de la littérature,
de l’économie, des membres du Bloomsbury Group tel
l’économiste John Maynard Keynes et l’historien d’art,
peintre et critique Roger Fry, un des premiers promoteurs
de l’impressionnisme. L’engagement social du couple
s’exprime également chez Elizabeth par un soutien déterminé
à la musique classique et aux Courtauld-Sargent Concerts
donnés au Queen’s Hall.
Cézanne la Ste Victoire

Samuel Courtauld joue un rôle fondamental dans la
reconnaissance de Cézanne au Royaume-Uni, en
rassemblant
le plus grand ensemble du peintre,
dont la Montagne Sainte-Victoire au grand pin
et l’une des cinq versions des Joueurs de cartes.
Seurat constitue l’autre point fort de la collection
avec un ensemble significatif de quatorze oeuvres,
dont La Jeune Femme se poudrant.

Georges Seurat jeune femme se poudrant

Sur la base d’une conception « humaniste » de l’art, les
Courtauld vont développer un objectif philanthropique
et la volonté de partager avec le plus grand nombre.
Leur générosité se manifeste à travers une collection
qui sera bientôt accessible au public et grâce à un fonds
– le Courtauld Fund – spécialement affecté aux institutions
nationales. C’est ainsi qu’ont pu être acquis pour la
National Gallery le fameux tableau

Une baignade, Asnières de Seurat – désormais indéplaçable
–, La Gare Saint-Lazare de Monet, Champ de blé,
avec cyprès de Cézanne, Café-Concert de Manet,
La Yole de Renoir, Le Chenal de Gravelines de Seurat.

En 1931, la volonté de Samuel Courtauld de donner au public
un accès à l’histoire de l’art et aux oeuvres se poursuivra
à travers la création de l’Institut Courtauld, abrité dans la
demeure familiale de Home House. Il ajoute à ce don celui
de la moitié de sa collection, soit soixante-quatorze oeuvres
(peintures, dessins, estampes) parmi lesquelles les étudiants
circulent librement. Le reste de la collection, augmentée de
quelques oeuvres acquises ultérieurement, sera transmis
au moment de sa mort à lInstitut Courtauld.

La grande originalité de l’Institut est de conjuguer la collection,
la recherche et un enseignement qui, à côté de l’histoire de l’art,
s’ouvre aux techniques de conservation et de restauration des
oeuvres. Ce haut-lieu de la culture a acquis et conservé une
réputation internationale. Il peut s’enorgueillir d’un fonds
de documentation exceptionnel – en architecture notamment
– et d’archives remarquables.

En 1989, la Courtauld Gallery a quitté Home House
pour s’installer sur son site actuel, Somerset House,
– construit par Sir William Chambers entre 1176 et 1796,
ancien siège londonien des expositions de la Royal Academy of Art.
La fermeture temporaire de la Courtauld Gallery pour
rénovation, à partir de septembre 2018, rend possible cette
exposition. L’opération menée sur plusieurs années, appelée
Courtauld Connects, verra la transformation du
Courtauld Institute of Art and Gallery et notamment la
restauration de la Great Room, construite par Sir William Chambers
entre 1776 et 1779, pour les expositions annuelles organisées
par la Royal Academy of Arts jusqu’en 1836, où ont exposé
Reynolds, Gainsborough, Constable, Turner.

L’exposition de la Collection Courtauld incarne la volonté
de la Fondation Louis Vuitton de valoriser la place des
collectionneurs emblématiques dans l’histoire de l’art dans
la lignée de précédentes expositions organisées par la
Fondation réunissant des chefs-d’oeuvre significatifs de
la Modernité, rassemblés par de prestigieuses institutions
publiques : « Les Clefs d’une passion » (2014-2015),
« Être Moderne : Le MoMA à Paris » (2017-2018) et des
collectionneurs éclairés : « Icônes de l’art moderne.
La Collection Chtchoukine » (2016-2017).
Podcast France culture

Premier avril 2019

Exposition Rouge
Art et utopie au pays des Soviets
Grand Palais jusqu’au 1 juillet 2019

Sommaire du mois de mars 2019

Robert Cahen Vidéos 1973 – 1983

Robert Cahen, artiste, poète aux semelles de vent, expose
pour un mois à la  Galerie La pierre large,
(
sorte de caverne de Platon Jean Louis Hess)
25 rue des Veaux à Strasbourg
des vidéos de la période 1973-1983
Jusqu’au 20 avril 2019 du mercredi au
samedi de 16h à 19h.

son site ici
Robert Cahen, vidéaste international, parle
de ses vidéos :
L’invitation au voyage

L’invitation au voyage repose sur l’association
d’images souvenir : sur un plan technique, cela se
traduit par des photos en fondus enchaînés de paysages
solarisés (Truqueur Universel du Service de la Recherche de
l’ORTF) et une scène filmée au ralenti
(caméra grande vitesse 200 images secondes).
« Je considère aujourd’hui L’invitation au voyage comme
le travail d’un jeune auteur. Un jeune auteur qui découvre
un nouveau langage auquel il applique sa propre poétique.
J’ai mis toutes les choses gui m’ont ému.
J’ai choisi des photos, celles des gens que j’aime,
d’un voyage en Italie très important pour moi,
je les ai colorisées à l’aide d’un truqueur. J’ai mis une partie
de mon existence, de mon histoire et j’ai essayé d’en faire
quelque chose, mon premier essai. »
(Robert Cahen, L’image dans l’espace.
Entretien avec Robert Cahen, Nicolas Thely, 01/09/1998)
Trompe l’oeil

Dans le film « Amarcord » de F.Fellini, un paquebot
surgit de la nuit et des brouillards de l’eau,
apparaît comme un monstre mystérieux,
passe comme un rêve.
« Je souhaitais réaliser un film vidéo sur cette idée
de « passage » irréel et de surprise spectaculaire
qu’il contient. » (Robert Cahen)
Prix Spécial au Festival Vidéo de Tokyo 1980.


Horizontales couleurs


France, 1979, 14′, vidéo, muet
Production, sujet, réalisation : Robert Cahen
Exploration des possibilités du Spectron.
L’entr’aperçu

Musique : Robert Cahen
L’idée d’entr’aperçu détermine le sens de ce film.
Des scènes cachées, à peine révélées, se succèdent
comme des apparitions vivantes et signifiantes,
agissant sur le désir de voir, de savoir ce qui est donné
comme « entr’aperçu » et pouvant être vu.
Construit comme un court métrage dans un parti pris
d’une succession de plans rapides, « l’entr’aperçu » rend
compte de l’entretien mystérieux de deux personnages
« masqués » dans un monde où un rideau reste à déchirer.
Prix spécial du Jury au Festival Vidéo de Tokyo 1981
Artmatic

Bande-son : Robert Cahen
Réalisé avec les appareils de l’Ecole Polytechnique,
Paris Premier
En retenant l’empreinte de certains mouvements
comme ceux des pages d’un livre ou de la main de l’artiste,
une caméra – la première en France construite au
Lactamme-École Polytechnique – numérise l’image
toutes les 3 ou 5 secondes et la colorise, permettant
des effets de glissements de matières et de couleurs
qui happent le regard. Cette numérisation des images
dès 1980 constitue une prouesse technologique.
Prix « Arts et Informatique », Paris, 1980

Juste le temps

Parenthèse d’un moment de voyage où des paysages
transformés deviennent des acteurs à part entière
d’une histoire qui, en filigrane, raconte la possible
rencontre entre deux êtres. Les limites entre !e paysage
extérieur et l’intérieur, entre le sommeil et l’état de veille,
entre les bruits et le silence, et même entre les personnages
s’atténuent au point de s’effacer. La notion de passage,
si bien illustrée par le voyage en train, imprègne l’histoire
toute entière.
(Sandra Lischi, ll respiro dei Tempo, ETS, 1995)
Premier Prix au Festival de San Sebastian, et à celui
de Grenoble, 1983,
Juste le temps fait partie des collections
du Museum of Modern Art de New York,
du Künsthalle de Zurich, du Musée d’Art Contemporain
d’Amsterdam, du « Medialogo» de la Provincia di Milano.
Présenté à « Documenta », Kassel, 1987
 
 

Les Nabis et le décor

Jusqu’au 30 juin 2019 au Musée du Luxembourg
19 rue Vaugirard, 75006 Paris
Bonnard, Vuillard, Maurice Denis…
13 artistes présentés dans l’exposition.
Aucune exposition en France n’a encore été consacrée
à l’art décoratif des Nabis. Il s’agit pourtant
d’un domaine essentiel pour ces artistes qui voulaient
abattre la frontière entre beaux-arts et arts appliqués.
Dès la formation du groupe, à la fin des années 1880,
la question du décoratif s’impose comme principe fondamental
de l’unité de la création. Cette conception qui n’était pas entièrement
nouvelle, tirait ses origines de la pensée de William Morris
qui fut avec John Ruskin l’initiateur du mouvement Arts & Crafts
en Angleterre dans les années 1860.

Paul Serusier

Le mouvement parti d’Angleterre essaima en Espagne avec
le modernisme catalan, en Belgique avec Victor Horta,
Van de Velde et Paul Hankar, en France puis dans toute l’Europe.
L’art décoratif des Nabis s’inscrit dans un courant
global de renouveau défendu et popularisé par Siegfried Bing
dans sa galerie de l’Art nouveau.
Paul Ranson

Il constitue une expérience spécifique d’art total basée sur un
dialogue entre les artistes et une admiration commune
pour l’art du Japon.
L’intérêt des Nabis pour l’ornemental occupe une place
importante dans leur création en leur permettant d’élargir
leurs expériences techniques dans le domaine de la peinture
– de chevalet mais aussi sur paravent et éventail -, de l’estampe,
de la tapisserie, du papier peint, du vitrail.
Marguerite Sérusier

Fascinés par les estampes japonaises qu’ils découvrent à l’occasion
d’une exposition organisée en 1890 à l’Ecole des beaux-arts de Paris,
ils s’inspirent de ces images expressives pour mettre au point
une nouvelle grammaire stylistique. En proscrivant l’imitation
illusionniste et en affirmant la planéité naturelle du support,
les Nabis ont développé un art aux formes simplifiées, aux
lignes souples, aux motifs sans modelé, destiné à agrémenter
des intérieurs contemporains.
Leurs compositions se distinguent par l’emploi de couleurs vives,
de lignes ondulantes, de perspective sans profondeur avec
des motifs soulignés d’un cerne pour mieux les détacher du fond.
Véritables pionniers du décor moderne, Bonnard, Vuillard,
Maurice Denis, Sérusier, Ranson, ont
défendu un art en lien direct avec la vie permettant d’introduire
le Beau dans le quotidien. Ils prônent une expression originale,
joyeuse, vivante et rythmée, en réaction contre l’esthétique du
pastiche qui était alors en vogue.
Marguerite Sérusier

« Notre âge ne hait rien tant que les répétitions, affirmait
Roger Marx, les recettes héritées du passé, il est tourmenté par
l’appétence de l’interdit, il convoite le frisson nouveau ;
échapper à la hantise du ressouvenir, bannir ce qui est voulu,
enseigné, telle est son ambition, sinon sa règle. »

Vuillard

L’exposition au musée du Luxembourg permet de
reconstituer des ensembles décoratifs qui ont été démantelés
et dispersés au cours du temps. Parallèlement à la peinture,
elle consacre une part significative aux créations des Nabis
dans le domaine de la tapisserie, du papier peint,
du vitrail et de la céramique.
Maurice Denis (esquisse)

Son parcours articulé en
quatre sections ( les jardins publics-
Intérieurs – l’Art nouveau –
Rites Sacrés) aborde le sujet à travers des
thèmes importants comme l’association symbolique
de la femme et de la nature dans les oeuvres de jeunesse
de Bonnard, Maurice Denis,
Vuillard et Ker-Xavier Roussel,
ou encore le
thème des intérieurs chez Vuillard. Y est également évoquée la
contribution de ces artistes aux innovations encouragées par
Bing dans sa galerie de l’Art nouveau. L’exposition se conclue
sur la présentation de décors à thèmes sacrés évoquant
l’engouement de certains Nabis pour l’ésotérisme et le spirituel.

commissariat :
Isabelle Cahn, conservatrice générale des peintures au
musée d’Orsay ;
Guy Cogeval, directeur du Centre d’études des Nabis et
du symbolisme
scénographie :
Hubert Le Gall, assisté de Laurie Cousseau
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