Fantastic à la Gare St Sauveur

Toujours dans la veine de Lille « Fantastic » La Gare Saint Sauveur avait pris
des allures de fête foraine fantastique. Fête foraine détournée et réinventée sur le monde du fantastique.
 

Gare St Sauveur Lille Fantasticity

 

On pouvait y découvrir des installations interactives reprenant les codes des
manèges et des attractions et y participer activement : le train fantôme  (ouvrir le son) de
Sophie Pérez et Xavier Boussiron, train que les visiteurs guettaient et qui n’arrivait jamais, celui de Leandro Erlich, le labyrinthe de lumière Y de Carsten Höller
 
Cartsen Höller, Y

 
 et Rêve d’une tour de Stéphane Thidet, (vu au CRAC d’Altkirch) le tir à la carabine de Mark Dion, le labyrinthe de Michelangelo Pistoletto,
 
Michelangelo Pistoletto

 déjà vu à Art Basel, l’installation de Numen, For Use, Tape Installation, un labyrinthe en scotch,
 
Numen

 
 Bruce Nauman, Pulling Mouth et aussi : Olivier Dollinger, Barnaby Gunning, Robert Morris Portland Mirrors,
 
Robert Moris Portland Mirors

 
ou tout le monde s’essayait à la meilleure photo, Oscar Munoz, (Narcisse) Pierrick Sorrin.
La chambre burlesque de Georges Mélies et des films burlesques.

photos de l’auteur
 
 

Fables du paysage flamand au XVIème siècle – Bosch, Brueghel, Bles, Bril

Le Palais des Beaux-Arts de Lille a accueilli l’exposition «Fables du paysage flamand au XVIème siècle – Bosch, Brueghel, Bles, Bril» dans le cadre de FΔNTΔSTIC / lille 3000

Jérôme Bosch La méditation de St Jérome

 Cette exposition révèle le caractère merveilleux et fantastique des paysages flamands qui suscitent aujourd’hui encore fascination, effroi ou questionnement.
A l’aube du courant maniériste, le paysage s’impose comme le véritable sujet de la peinture, devant la figure ou le récit biblique, relégués au second plan par la volonté de montrer l’invisible, de produire une impression d’infini. Les artistes flamands inventent une nouvelle manière de peindre, attachante et inventive, aux frontières du réel et de l’imaginaire. La nature devient le lieu d’accueil de mythes et de fables sacrées et profanes. Dans ces mondes hybrides se dessine pour le spectateur un chemin de vie ; le paysage flamand est le support d’une expérience visuelle et méditative qui pousse le spectateur à s’engager dans une réflexion, il devient le lieu de passage entre la réalité sensible et le monde spirituel.
L’exposition présente une centaine d’oeuvres où le paysage devient le véritable sujet de la peinture. L’originalité du paysage flamand du XVème et du XVIème siècle est de pousser la spiritualisation de la nature jusqu’à la métamorphose.

Dans ces images où se mêlent la foi chrétienne et les superstitions populaires, où se rencontrent le Beau et le bizarre, le merveilleux et le monstrueux, la nature s’écrit dans un langage symbolique dont nous ne détenons plus tous les codes, et nous conduit vers des espaces qui nous dépassent, cosmiques, légendaires et infinis. Conçus comme des compositions monumentales en dépit de leur taille, les tableaux de l’exposition « Fables du paysage flamand au XVIe siècle – Bosch, Brueghel, Bles, Bril» reproduisent à l’échelle du microcosme l’incessant travail des forces du monde.
Ces oeuvres, signées par des maîtres immenses tels que Bosch, les Brueghel, Met de Bles, Bril ou Patinir, mais aussi par des artistes moins connus mais néanmoins brillants comme Jan Mandijn, ou Kerstiaen de Keuninck, perdurent dans le monde moderne, et n’ont jamais cessé de produire du sens. Elles peuvent être essentielles pour appréhender le monde qui nous entoure.
«Fables du paysage flamand au XVIème siècle – Bosch, Brueghel, Bles, Bril»
exposition d’envergure internationale -a été réalisée grâce aux prêts de nombreux musées d’Allemagne, de Belgique, des Pays-bas, d’Italie, de Grande -Bretagne , d’Autriche, d’Espagne et de Suisse.
Une exposition rythmée par 4 thèmes
Le chemin de vie :
Le paysage, en tant que représentation merveilleuse ou fantastique du monde, n’imite pas tant la nature qu’il ne l’organise suivant une écriture symbolique. Grâce à l’intellectualisation du paysage, le tableau se situe entre la sensation et la pensée, entre la perception et le modèle. D’abord support esthétique, l’oeuvre d’art peut alors se muer pour le spectateur en chemin de vie dont le symbole dans le paysage est la croix du Christ. Citons par exemple Saint Christophe portant l’enfant Jésus de Jan Mandijn (Musées d’Art et d’histoire de La Rochelle)

 
Le monde fantastique (la part du diable et les lieux de dissemblance) :
La Renaissance privilégie l’accidentel sur la norme des lois naturelles. Cette catégorie désigne le bizarre, l’extravagant, le monstrueux, sans pour autant occulter la recherche de l’esthétisme dans la composition picturale. Cette veine du paysage ouvre la voie à la peinture de l’enfer, des monstres et des associations imprévisibles dont la figure de proue est Jérôme Bosch avec des œuvres comme La vision de Tondal ( Madrid, Muséo Nazoro Galdiano).

Fables profanes, fables sacrées :
Cette section illustre les sens du mot fable comme « récit de fiction exemplifiant un sens moral », récit fondé sur des éléments de la réalité quotidienne pour rendre compte d’une vérité générale, histoire mensongère, ou encore récit merveilleux de l’Antiquité.
Les paysages de cette section. (Enée conduit par la sibylle aux enfers de Jan Brueghel I, Galerie Colonna, Rome) font écho à la manière dont les auteurs de cette époque ont utilisé et défini le mot fable, qui est considérée comme une fiction dont il faut ôter l’écorce pour voir l’intention et qui signale aussi le parallèle entre fable profane et fable sacrée.

« Le monde merveilleux, De la variété du monde à la cosmologie sacrée  » :
L’imitation de la nature dans sa diversité se traduit par des compositions reproduisant l’incessant travail des forces du monde, selon l’ambition du peintre qui est d’imiter la Création du monde par Dieu dans son principe de variété. Exemple La tour de Babel de Tobias Verhaecht (Musée royal des Beaux Arts d’Anvers).

Commissaire de l’exposition
Alain Tapie, Conservateur en chef du patrimoine
Co-commissariat
Michel Weemans, Historien de l’Art, Professeur à l’école nationale supérieure
d’Art de Bourges
Paul Huvenne, Administrateur-général du Musée Royal des Beaux-Arts
d’Anvers
Manfred Sellink, Directeur des musées municipaux de Bruges
Paul Vandenbroeck, Conservateur, Musée Royal des Beaux-Arts d’Anvers
exposition terminée le 14 janvier 2013
Images de presse
 
 
 

Phantasia au Tri Postal dans le cadre de Lille "fantastic"

Pour poursuivre en beauté notre séjour Lillois, nous nous sommes rendu au Tri Postal, une référence en terme de création contemporaine depuis Lille 2004 Capitale Européenne de la Culture.

Claire Morgan

Place au rêve et à la magie dans le cadre de l’exposition Phantasia !
On pousse ici les portes d’un royaume imaginaire peuplé de créatures étranges, où triomphent les simulacres et le faux-semblant. Les artistes se font tour à tour démiurges et maîtres de l’illusion. Avec Phantasia, une imagination débridée règne au Tripostal.
Folkert de Jong

Les artistes tiennent le visiteur en dehors du réel et l’ordinaire au cours d’une déambulation menant dans des mondes où se succèdent l’inexplicable, le féérique et le fictif.
Borre Saethre

Les oeuvres sont souvent immersives et théâtrales pour semer le trouble dans notre perception du temps et de l’espace. Un regroupement d’oeuvres baroque, poétique et hautes en couleur signés par les artistes Nick Cave, Leandro Erlich, Carsten Höller, Paul Mc Carthy, Théo Mercier, Robert Monis, Michelangelo Pistoletto, Yohyi Yamamoto…

Théo Mercier

photos de l’auteur

Huang Yong Ping et Wu Zei

Une étrange ménagerie a cherché refuge au Musée de l’Hospice Comtesse, dans le Vieux Lille.

Huang Yong Ping, Wu Zei

en est l’initiateur. Installé en France depuis la célèbre exposition « Magiciens de la terre » réalisée par le centre Pompidou en 1989, l’artiste chinois réalise depuis des oeuvres qui parlent de migration et de déplacement de territoires en confrontant des univers culturels contradictoires. Pas étonnant qu’il se soit inspiré de l’Arche de Noé pour imaginer ce rassemblement, superbe et incongru. Point d’être humain sur ce navire gigantesque, mais des animaux dont certains sont morts ou bien mal en point : l’artiste met ainsi en scène le paradoxe d’une arche qui transporte la vie, mais aussi la violence inhérente à toute société.
Huang Yong Ping

Non loin, Wu Zei, complète ce bestiaire. Parmi les autres présences inquiétantes, sous le jubé et dans la chapelle, une pieuvre immense de 25 mètres de large et de 8 mètres de haut, recouvre notamment le plafond de ses tentacules déployées…
Walking up language

Dans la chapelle, Pharmacy évoque une nature qui, à l’image de la médecine, peut être tantôt remède, tantôt poison.
 
photos de l’auteur

Lille "Fantastic"

 
Quelques « Métamorphoses » Urbaines

Nick Cave Surrational – Gare Lille Europe

Ross Lovegrove Ufo Gare Lille Flandres

 

François Schuiten Dentelle Stellaire rue Faidherbe

Jean François Fourtou La Maison tombée du ciel

Fujiko Nakaya – Nuage de mer et Yoko Kusama – les Tulipes de Schangaï

Lilian Bourgeat Le Dîner dz Gulliver au Tri Postal

 
Pierre Delavie à Contre Pierre Facade de l’hôtel des Postes

 
François Schuiten Facade de la Voix du Nord

 
Subodh Gupta Gol Hungry église Ste Marie Madeleine

AES+F – Parade des Anges gare St Sauveur

 
Robert Cahen -une des Cartes Postales -Paysages Urbains Mur Euralille


ainsi que MuMo déjà vu à Mulhouse
photos de l’auteur

Edward Hopper au Grand Palais

 

Edward Hopper Captain’s Upton House 1927

Edward Hopper est certes un grand peintre, malgré les critiques, parfois très inspirées entendues de-ci de-là. Sans avoir vu la rétrospective, tout le monde est familiarisé par des affiches, par des photos, par la reprise d’autres artistes, avec l’image de 3 personnages attablés au bar, les pompes à essence violemment éclairées de stations services,
l’ouvreuse pensive, prostrée et tellement seule dans ce cinéma de New York, la femme seule assise sur un lit regardant vers la fenêtre, cette autre assise sur un lit, lisant une lettre, consultant un guide voyage selon certains commentateurs, l’homme le visage pensif,  tournant le dos à la femme, et l’inverse, toujours dans une chambre, le couple quoique ensemble et semblant si distant, la maison oubliée,  au bord d’une voie ferrée, qu’Hitchcock a reprise dans Psychose. Il y a aussi ces femmes en voyage, en train, dans une salle d’attente, au bureau, au restaurant,  que l’on regarde de façon presque indiscrète. Toutes ces toiles ambigües expriment la solitude, la culpabilité.
Edward Hopper paysage

Hopper réussit mieux que personne à exprimer ce sentiment d’étrangeté, un peu inquiétante, avec des images nettes et précises, révélant nostalgie, mélancolie, un sentiment trouble de déjà vu pourtant.
Ses peintures figurent la rue, la contemporanéité, l’urbanisme, décrit avec détails, dès les années 1925.
La femme en robe verte, l’homme prostré,  le chien aux aguets seul exprimant un intérêt pour le monde. Des pièces vides où la recherche de la lumière est évidente.
Jo Hopper

Son épouse Jo, seule quasi modèle de ses toiles, peinte sans complaisance, est omniprésente, Un sentiment désabusé, transpire partout, mésentente du couple ? ennui, dépression de l’artiste ?
Il n’y a personne dans les espaces, les personnages restent immobiles, regardent vers la mer, tournés vers l’attente dont on ignore tout, les lignes sont très composées, l’architecture est très ordonnée. Son passé de dessinateur de presse, lui permet cette dextérité. L’horizontalité des objets est mise en valeur, un lit, une table, un comptoir, des routes, un parapet, le gazon, une scène de cabaret, le sol, une fenêtre ouverte, coupé par une verticalité, permettant le reflet des ombres.
Edward Hopper Stations

D’aucuns lui reprochent de mal « peindre » (de la confiture étalée) les disproportions des membres, une carnation pas très flatteuse, la chair triste, sans attrait, excluant le désir,  une texture décevante.
Ma visite de l’exposition en 2010 à la Fondation de l’Hermitage de Lausanne.
L’exposition au Grand Palais est différente, une autre approche, plus complète pour la connaissance de l’artiste.
Edward Hopper Compartiment C

Elle se termine par un rayon de lumière jaune dans une chambre bleue, la fenêtre ouverte sur le bleu de la mer. J’y ai vu : Edward Hopper un peintre solitaire et solaire, avec des images qui restent dans la mémoire.
Prolongée jusqu’au  28 janvier 2013
 

Sommaire de décembre 2012


01 décembre 2012 : Anne-Sophie Tschiegg à la Chapelle des Annonciades de Haguenau
05 décembre 2012 : Ça vous regarde
09 décembre 2012 : Marcel Imsand et la Fondation Gianadda
18 décembre 2012 : Cours Publics – Thème 2013 : L’ART IMMATERIEL
23 décembre 2012 : Joyeux Noël
26 décembre 2012 : Le retable de Konrad Witz
 
 

Le retable de Konrad Witz,

Le retable de Konrad Witz, œuvre majeure du patrimoine genevois, est de retour au Musée d’art et d’histoire (MAH). Depuis juillet 2011, cette pièce de 1444 a été soustraite au regard du public pour bénéficier d’importants travaux de restauration et de conservation.
 

 
Je rappelle ici ma visite au conservateur du Retable à Genève, Victor Lopez et de son équipe  en 2011.
Cette œuvre, d’autant plus exceptionnelle qu’elle date d’avant la Réforme, elle  a marqué l’histoire de la peinture, a rappelé jeudi le conseiller administratif en charge de la culture Sami Kanaan. L’un de ses quatre panneaux, la Pêche miraculeuse.
A cette occasion K.Witz, déplaçant la scène des bords du lac de Génésareth à ceux du Lac Leman, réalise le premier portrait d’un paysage connu. Il est d’ailleurs encore possible aujourd’hui, grâce au panorama de montagnes et au sommet enneigé du Mont-Blanc, de resituer la position exacte qui fut celle du peintre face à lui.
C’est ainsi que l’on distingue à gauche le mont Voirons, en face le Môle avec à l’arrière plan les Alpes et sur la droite le mont Salève.
Cette représentation  exceptionnelle pour son époque K.Witz l’a sciemment dotée d’une inscription latine sur le cadre. Il y a fait figurer son nom, son lieu d’origine, Bâle, et l’année à laquelle il a terminé l’œuvre, 1444.
C’est la seule oeuvre datée et signée de la main de Witz, et jouit donc d’une position clé dans la recherche sur son activité artistique. Grâce à son style propre, l’artiste s’est imposé comme novateur et précurseur du paysage dans la peinture occidentale. Les peintures ont permis de redécouvrir la personnalité du peintre de le situer par rapport aux autres génies de la Renaissance :
 Konrad Witz : 1400 – 1445
Léonard de Vinci 1452 – 1519
Albrecht Dürer  1471 – 1528
Mathias Gothard Nithart Grünewald 1475- 1528
« Le travail fantastique de l’équipe de restauration a permis de redécouvrir totalement l’icône du musée, une réalisation essentielle, très fragile », s’est réjoui Jean-Yves Marin, directeur du Musée d’art et d’histoire. Œuvre de référence, le retable du peintre bâlois est toujours cité et très demandé, a-t-il expliqué. « Le musée est sollicité environ une fois par semaine pour un prêt. » Le retable a en effet miraculeusement traversé les siècles. Initialement placé dans le maître-autel de la cathédrale Saint-Pierre, il a en grande partie échappé à l’iconoclasme protestant qui s’est abattu sur la ville dès 1535.

Konrad Witz – visage du Christ lacéré détail MAHG ©

Marqués par les années, ayant connu des restaurations plus ou moins heureuses, les quatre volets du retable ainsi que leurs cadres devaient être restaurés. L’aspect structurel posait notamment problème, avec pas moins de 29 fissures. Les restaurateurs se sont penchés sur l’œuvre avec les plus grandes précautions, documentant au fur et à mesure toutes les étapes de leur travail.
 
Aujourd’hui le retable est à redécouvrir, au musée d’art et d’histoire de Genève, avec sa nouvelle chromatique et des éléments mis à jour. Sa restauration, d’un montant de 200 000 CHF (166 000 €), a été réalisée grâce au soutien de la Fondation Hans-Wilsdorf.
 
Photos courtoisie du conservateur et restaurateur Victor Lopez du  MAHG
 
 

Joyeux Noël

Le Caravage ‘ Le repos pendant la fuite en Egypte Galerie Pamphili Rome

Réflexions de Michel Serres

Marcel Imsand et la Fondation Gianadda

« L’alchimie qui se passe entre deux êtres n’appartient pas forcément à l’ordre des sens. C’est un climat qui naît de confiances réciproques et instantanées. (…) Sans cette alchimie, il n’y a pas de bon portrait. » (Confidences, 2006) Marcel Imsand

Calvignac, 1985 © Marcel Imsand, Fondation Pierre Gianadda

Tout commence avec Auguste Rodin. Mis au défi par
Léonard Gianadda, Marcel Imsand présente sa première exposition personnelle à la Fondation en 1985.
Il enchaîne en interprétant, avec son regard, les sculptures de Giacometti, exposées en 1986. Des liens étroits se tissent. Marcel Imsand devient un familier des lieux, croque les moments forts des vernissages et des concerts, fixe pour la postérité les artistes qui défilent à Martigny et, surtout, capte une atmosphère, une ambiance. Devant son objectif, les Anne-Sophie Mutter, Isaac Stern, Barbara Hendricks, ou Teresa Berganza traversent les jardins et le parc de sculptures sur un petit nuage ; ils font vibrer les milliers de spectateurs venus les applaudir à la Fondation.

Concert d’Anne-Sophie Mutter à la Fondation Pierre Gianadda, 5 septembre 1986 © Marcel Imsand, Fondation Pierre Gianadda

Et, à chaque fois, Marcel offre à son ami Léonard une série de tirages si caractéristiques dont il a le secret et qu’il réalise dans la pleine maîtrise de son art.
En 1996, le photographe, a de nouveau les honneurs des cimaises de la Fondation.
Pour les grands anniversaires de la Fondation, Marcel Imsand offre à Léonard et Annette ce qu’il pouvait donner de meilleur. Il commence, pour les vingt-cinq ans, avec la série originale des photographies de Luigi le berger ; il poursuit, pour les trente ans, avec les originaux des reportages effectués durant trois décennies sur leur ami commun, Maurice Béjart.
En souvenir d’Annette, Marcel remet à Léonard une collection qui reflète les préoccupations d’une vie d’artiste et qui est constituée de quatre séries : Paysages, Portraits, Artistes, Les vieux amis.
Au total, plus de 500 chefs-d’oeuvre ont trouvé le chemin de la Fondation Pierre Gianadda ; les plus représentatifs y sont  présentés et mis en scène.
L’EXPOSITION EST ORGANISÉE AUTOUR DES GRANDES COLLECTIONS OFFERTES :
vue d’ensemble de l’exposition Marcel Imsand

En rouge, les séries offertes en 2003 :
1.  Luigi le berger (1989-1991) 87 photographies en 2003, dont 50 photos exposées ;
2. Maurice Béjart (1975-1995), 63 photographies en 2009 ;
dans la salle Franck
3. Giacometti (1984-1986), 56 photographies en 2011 ;
En blanc avec des tirages numériques
4. Reportages sur les vernissages et les concerts (1982-1992), 100 photographies données
au fur et à mesure des événements ;
En vert, les photographies offertes à Léonard Gianadda en souvenir de son épouse Anette décédée en 2011.
5. Collection personnelle (1960-2000), quatre séries remises en 2011-2012.
L’ensemble constitue un témoignage d’une amitié indéfectible  de 30 ans, et surtout, un condensé d’une oeuvre artistique de premier plan.
LE COMMISSARIAT de l’exposition est assuré par Jean-Henry Papilloud et Sophia Cantinotti.
Marcel Imsand Lénoard Gianadda et les commissaires

LE CATALOGUE DE L’EXPOSITION Marcel Imsand et la Fondation Pierre Gianadda reproduit les
photographies exposées. Egalement disponibles : Luigi le Berger et Maurice Béjart. Prix de vente
CHF 45.– (env. € 37.50.–).
LA VIE ET SES SURPRISES
Entre Marcel Imsand et Léonard Gianadda, c’est une longue histoire. Une histoire jalonnée de rencontres amicales, de nombreuses lettres, dont on peut en voir quelques unes dans la salle Frank, et évidemment de photographies.
On connaît avant tout le photographe vaudois pour ses célèbres portraits de
Paul et Clémence, Les Dailles© Marcel Imsand, Fondation Pierre Gianadda

Paul et Clémence (1982), Luigi le berger (1991), Les Frères (1996), mais également pour ses longues amitiés avec Barbara, Maurice Béjart ou Jorg Donn, pour les « Instantanés » publiés dans la Feuille d’Avis de Lausanne, puis dans le Sillon Romand ; sans oublier ses collaborations avec le C.I.O., le Grand Théâtre de Genève ou le Théâtre de Beaulieu.
Fils d’un ouvrier socialiste et d’une couturière habitant Broc, un petit village de Gruyère, rien ne prédestinait Marcel Imsand à embrasser une carrière de photographe. A quinze ans, désireux de voler de ses propres ailes, il entre dans la vie professionnelle comme livreur de pain à Lausanne.
Puis, après un début d’apprentissage de pâtissier à Vevey, il s’oriente finalement vers la mécanique de précision et part pour Neuchâtel. C’est là qu’il découvre la joie de voir apparaître une photo dans le bac du révélateur. Quinze ans plus tard, Marcel sait qu’il désire vivre de la photographie.
Couvent de Géronde © Marcel Imsand, Fondation Pierre Gianadda

Léonard Gianadda, lui, est connu pour ses nombreuses constructions à Martigny, mais surtout pour la célèbre Fondation Pierre Gianadda, ouverte en 1978, en souvenir d’un frère trop tôt disparu. Une fondation visitée par des centaines de milliers de personnes chaque année : pour ses expositions et ses concerts prestigieux, son parc de sculptures unique en Suisse, son musée de l’automobile.
Fils d’un entrepreneur italien, petit-fils d’un émigré piémontais, qui aurait pu imaginer que Léonard Gianadda serait un jour un mécène et un entrepreneur culturel disposant d’un réseau de relations et de contacts envié par tous les responsables de musées ?
Curieusement, c’est lorsque la carrière photographique de l’un s’arrête que celle de l’autre prend son envol. A la fin des années 1950, après huit années de reportages passionnants, Léonard laisse de côté ses appareils photo et investit toute son énergie dans son métier d’ingénieur et d’architecte. A l’inverse, en 1964, Marcel démissionne de son poste de chef d’atelier dans une usine de moteurs de camions pour s’adonner entièrement à la photographie, un pari fou pour un jeune père de famille. Comme s’il suffisait souvent d’oser un grand pas pour que tout se mette en marche, et que l’impensable devienne réalité.
MARCEL, ARTISAN DU NOIR ET BLANC
Secondé par sa femme Mylène, Marcel peut enfin s’adonner à une passion qui occupait
auparavant ses nuits et ses week-ends. Très rapidement, osant s’aventurer dans les coulisses du Théâtre de Beaulieu, il réussit à tirer le portrait de grands artistes de passage (Rubinstein, Brassens, Brel, Barbara, Béjart…). Son audace, mais également les hasards de la vie lui ouvrent peu à peu des portes : il trouve un atelier, Rue de l’Ale 9 à Lausanne, publie un premier livre, Lausanne 1000, décroche un contrat avec La Feuille d’Avis de Lausanne pour publier chaque jour un instantané, devient le photographe officiel du Grand Théâtre de Genève. Dans les années 1970, sa carrière photographique est en plein essor : il est le photographe attitré de l’Encyclopédie illustrée du Pays de Vaud en douze volumes, il expose dans des galeries et publie des livres qui font sa renommée.
Maurice Béjart, Lausanne© Marcel Imsand, Fondation Pierre Gianadda

RENCONTRE
En février 1982, Marcel Imsand expose à Lausanne les tirages de Paul et Clémence. Série
photographique marquante, il y dévoile une profonde amitié tissée durant douze ans avec deux personnes âgées qui vivent retirées dans une ferme vaudoise, aux Dailles. Un livre paraît en décembre. Le succès est tel que l’ouvrage doit déjà être réédité en janvier 1983.
Si quelques images de reportage indiquent la présence de Marcel à la Fondation Pierre Gianadda en septembre 1983, à l’occasion d’un concert de la pianiste Brigitte Meyer, ce n’est qu’en novembre que la véritable rencontre entre Léonard et Marcel a lieu, lors d’un repas chez un ami commun.
Marcel Imsand et Léonard Gianadda, 1989 © France Vauthey Brun, Fondation Pierre Gianadda

Entre les deux hommes, le courant ne passe pas d’emblée. Seraient-ils de caractères trop
différents pour réussir à s’apprécier ? Et pourtant, quelques mois plus tard, Léonard Gianadda demande à Marcel Imsand de photographier les oeuvres présentées à Martigny dans l’exposition Rodin, afin d’en tirer des posters et des cartes postales. Marcel relève le défi avec brio. Le succès de la manifestation donne à la Fondation sa stature internationale et les cartes de Marcel sont dans toutes les mains.
Cette réussite encourage sans doute Léonard à programmer, avec les oeuvres de Marcel Imsand, la première exposition de photographies à la Fondation Pierre Gianadda. Du 7 novembre au 15 décembre 1985, l’artiste présente plus de cent oeuvres en noir-blanc. Le public est au rendez-vous et l’accueil de la presse est enthousiaste, à l’exemple de la Gazette de Lausanne qui note le 16 novembre :
Romont 1978 © Marcel Imsand, Fondation Pierre Gianadda

« A travers ces nombreuses photographies se révèle une fois de plus la magie Imsand, cette mystérieuse et inimitable touche qui fait que l’on reconnaît son style, sans pouvoir vraiment expliquer pourquoi. C’est une mélange de poésie intimiste, de pudeur tendre, de sensibilité esthétique raffinée ».
A partir de cet instant, les deux hommes vont collaborer régulièrement. Entre eux s’établit un lien de confiance nourri par une admiration mutuelle. Leur sensibilité, leur curiosité, leur soif de rencontres et de partage sont finalement à l’unisson et constituent autant de portes ouvertes sur un monde où les miracles ne sont pas exclus.
Vernissage de l’exposition Toulouse-Lautrec à la Fondation Pierre Gianadda, 16 mai 1987 © Marcel Imsand, Fondation Pierre Gianadda

Avec son Leica, discrètement, Marcel suit plusieurs fois par année les vernissages et concerts de la Fondation Pierre Gianadda, sans oublier les soupers d’après-concert. Il en rapporte des photographies de qualité et les transmet au fur et à mesure à Léonard. C’est ainsi qu’une collection de tirages originaux prend corps et s’étoffe au fil des années. On y retrouve le vernissage Alberto Giacometti, les concerts d’Anne-Sophie Mutter et Barbara Hendricks en 1986, la prestation des danseuses du Moulin-Rouge de Paris à l’occasion du vernissage de Toulouse-Lautrec, la venue de Yehudi Menuhin et de Teresa Berganza en 1987, la présence d’Isaac Stern en 1988, pendant Les Trésors du Musée de São Paulo… Des moments inoubliables sont interprétés par un des plus grands photographes suisses. Au-delà de l’aspect documentaire de ces clichés, c’est la force des moments partagés, des émotions vécues qui est transmise, restituée dans les tirages de Marcel :
Salle Louis et Evelyn Franck Fondation Pierre Gianadda Alberto Giacometti Marcel Imsand

« La grâce est un déclic. Comme si tu allumais une allumette, il y a une lumière.
Donc quelque chose s’allume en toi, tu es ému, tu es touché, tu es bouleversé. C’est un moment bref et il faut être conscient qu’il ne dure pas. Ce sont des instants d’étincelles […] Tant de rencontres ont été belles » confie-t-il à sa fille Marie-José.
En novembre 1996, dix ans après la première exposition, la Fondation met à nouveau à l’affiche des oeuvres de Marcel Imsand. Quatre séries de photographies, fruit d’un travail de plusieurs années, se déploient autour du temple gallo-romain : Les Frères, Luigi le berger, la vie dans les couvents, Maurice Béjart en création.
« Ce sont des années de travail qui m’ont permis d’arriver à cela, dit alors Marcel Imsand à Philippe Dubath du Matin, et je constate en regardant ces photos que ce travail n’était pas vain. Parce que je me retrouve totalement dans ces sujets, parce que dans ces photos, oui, il y a ma foi à moi. Je la montre comme je la ressens. »
Luigi le berger, © sur la route, 1990 Marcel Imsand Fondation Pierre Gianadda

La plupart des tirages exposés intègreront la collection de la Fondation Pierre Gianadda : Luigi le berger (résultat d’une des plus belles aventures du photographe), en 2003 ; Maurice Béjart en 2008 ; puis, en 2011 et 2012, la collection Giacometti, les négatifs de tous les vernissages et concerts suivis à Martigny, ainsi que quatre séries de portraits et de paysages. Au final, ces donations successives représentent un ensemble fort et cohérent de plus de cinq cents photographies, témoignage d’une amitié indéfectible et, surtout, condensé d’une oeuvre artistique de premier plan.
« Il est troublant, l’amour que ce paysage inspire, mais il faut aller plus loin. Pouvoir le partager ! C’est à cela qu’on rêve. » (Confidences, 2006)
Partager une émotion, un instant, un regard… voilà un des mots-clés de Marcel, mais également de Léonard, pour qui il était devenu évident qu’une large sélection de cette grande collection photographique devait être montrée au public. Ce sera chose faite dès le 7 décembre prochain.
Présentées deux fois aux côtés d’autres artistes, en 1985 et 1996, les oeuvres de Marcel Imsand occupent cette fois-ci toutes les cimaises de la Fondation, comme si le moment était enfin venu de dévoiler à tous une fidélité, une générosité et une amitié réciproques qui durent depuis trente ans.
Sophia Cantinotti
Jean-Henry Papilloud
Commissaires de l’exposition

FONDATION PIERRE GIANADDA
Rue du Forum 59
1920 Martigny, Suisse
RENSEIGNEMENTS
Tel : + 41 27 722 39 78
Fax : + 41 27 722 52 85
Contact : info@gianadda.ch
site : www.gianadda.ch
HORAIRES DE L’EXPOSITION
Tous les jours : 10h à 18h
à l’invitation de la Fondation Gianadda, texte et photos courtoisie de la Fondation
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