Je vis au Japon depuis une quinzaine d’années. J’y ai construit un petit centre d’art indépendant du nom de « Palais des paris » dans une ville en périphérie de Tokyo. Je me suis rendu compte qu’il était difficile de transmettre les particularités de certains phénomènes sociaux, que ce soit depuis l’Europe vers le Japon ou inversement, sans transformer grandement leurs significations. Représenter la réalité dans une culture éloignée n’est pas chose aisée. Et quand il s’agit de parler de phénomènes appartenant à un monde très opaque, comme celui de l’art contemporain, c’est encore plus difficile de communiquer une analyse qui soit vraisemblable. Quand on aborde les questions de l’art, un abîme d’interrogations s’ouvre entre ce qui serait équivalent et ce qui serait différent.
La vidéo
J’ai produit cette vidéo pour tenter de transmettre ce qui me semble être représentatif de la réalité du monde de l’art contemporain japonais que je fréquente, cela sous le biais de son existence dans l’espace public. Cette vidéo débute par ces mots :
« Quand je raconte à quoi ressemble le monde de l’art japonais auprès d’interlocuteurs européens, ils ne me croient qu’à moitié. Souvent, l’on pense que j’exagère ou que mon témoignage est trop restreint ».
Après un avant-propos mettant en exergue quelques préalables portant sur les possibilités du jugement d’un événement d’art au Japon ou à l’international, je présente 3 contextes.
Ces trois exemples se situent dans des villes de la région de Gunma dans laquelle je vis : Takasaki, Maebashi, Nakanojo. Ces différentes municipalités forment une zone urbaine d’environ un million d’habitants. Plus précisément, ces contextes qui ont été filmés en 2023 sont : Art Projet Takasaki (APT), musée Arts Maebashi, Hotel Shiroya, Maebashi Galleria, biennale de Nakanokjo. Les images du début et de la fin proviennent du phare de Kadowaki et de la côte Jogasaki dans la région d’Izu.
Informations pratiques
Frédéric Weigel « Palais des paris » Independent Art Center in Japan, Takasaki. Résidence d’artiste. パレ・デ・パリ – アーティスト・イン・レジデンス – 高崎 – 北高崎
Liens pour le palais des paris : http://palaisdesparis.org/
DERNIERS JOURS ! Jusqu'au 15.9.2024, Kunstmuseum Basel | Bâtiment principal Commissaire de l'exposition : Dr Bodo Brinkmann
La Fondation Emanuel Hoffmann a le plaisir d’annoncer que les fresques de l’artiste Anri Sala (*1974, Tirana, Albanie), récemment acquises pour la collection, sont présentées au département des maîtres anciens du Kunstmuseum de Bâle du 30 avril au 15 septembre 2024.
Sont exposées six fresques réalisées en 2023. Sala y fait revivre l’art historique de la peinture en plein air, en relation avec des réflexions sur la temporalité et la narration, thèmes essentiels de son œuvre. La technique de la fresque a été perfectionnée par les maîtres italiens de la Renaissance, notamment Ghirlandaio, Raphaël et Michel-Ange. Anri Sala s’est intéressé à la peinture à fresque alors qu’il était encore étudiant à Tirana, sa ville natale. Il a toujours été fasciné par le temps limité de cette technique, en particulier en ce qui concerne son travail sur des supports temporels. Une fresque est réalisée en sections appelées « giornata », car chaque section doit être réalisée en une seule journée, ce qui nécessite une planification extrêmement minutieuse. Le travail se compose de deux étapes principales : d’abord, l’œuvre est dessinée en contours sur une couche de plâtre humide appelée « arriccio », puis une autre fine couche de plâtre, l’« intonaco », est appliquée pour la peinture elle-même. Les pigments ne peuvent être appliqués que tant que le plâtre est encore humide, ce qui permet aux pigments et au plâtre de se lier pendant le processus de séchage. Il n’est plus possible de modifier la surface une fois qu’elle est sèche.
Deux des six fresques exposées au Kunstmuseum appartiennent à la série Legenda Aurea Inversa . Le titre de Sala fait référence à une œuvre aux proportions gigantesques : La Légende de la Vraie Croix, un cycle du milieu du XVe siècle peint par Piero della Francesca dans la basilique San Francesco d’Arezzo. Cette importante fresque lui sert de point de départ : il sélectionne des sections, les fixe comme avec le viseur d’un appareil photo, puis les modifie considérablement. Dans les deux tableaux, il inverse les couleurs comme un négatif photographique. « Je prépare à l’avance ce qu’aurait été le négatif de l’image si la fresque de Piero della Francesca avait été une photographie en couleur. »
Les quatre fresques restantes sont issues de la série Surface to Air . La superposition typique de la peinture à fresque y est particulièrement visible. Les œuvres sont basées sur des photographies de nuages que Sala a prises depuis un avion. Il précise l’ambiance lumineuse en indiquant l’heure de la journée dans des sous-titres tels que Matin ou Après-midi .
Sala a intégré dans les deux séries des éléments en marbre, qui dépassent du plan pictural ou s’y intègrent parfaitement. Leur fonction est double : d’une part, ils prolongent le tableau et, d’autre part, ils constituent une charnière entre différentes époques dans la mesure où ils complètent des parties manquantes, comme celles que l’on trouve dans les peintures murales historiques. « Soudain, il y a cette dimension du temps qui m’intéresse beaucoup, lorsque les fragments de marbre insérés représentent ce qui aurait pu être les parties manquantes d’une ancienne fresque. »
Les fresques pourraient être interprétées comme un prolongement des réflexions d’Anri Sala sur la temporalité et la narration. Ces deux thèmes sont au cœur de ces nouvelles œuvres ainsi que de ses installations vidéo et sonores à grande échelle.
La Fondation Emanuel Hoffmann s’intéresse à l’art d’Anri Sala depuis sa première acquisition en 2004. Les fresques des séries Legenda Aurea Inversa et Surface to Air ont été acquises en 2023. Outre les six fresques, la Fondation conserve quatre dessins et trois grandes installations vidéo et sonores.
Biographie
Anri Sala (né en 1974, Tirana, Albanie) s’est jusqu’à présent surtout distingué dans les domaines de la vidéo, de la photographie et de l’installation. Dans nombre de ses oeuvres, les perturbations et les ruptures dans le langage, le temps et la musique sont des moyens d’interroger les histoires et les compositions. Basés sur le temps, ses récits se développent à partir d’un réseau dense de relations entre l’image, l’espace et le son. Après des études à l’Académie nationale des arts de Tirana, Sala a étudié l’art vidéo à l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris de 1996 à 1998 et la réalisation de films au Fresnoy – Studio national des arts contemporains à Tourcoing, dans le nord de la France, de 1998 à 2000. Sala fait partie de la génération d’artistes qui ont vécu l’effondrement du communisme et qui thématisent leur expérience de ce changement politique et culturel dans leurs travaux. Avec son travail vidéo « Intervista » (1998) dans le cadre de l’exposition « Voilà, le monde dans la tête » au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, l’artiste a attiré l’attention du monde entier. En 2004, les Deichtorhallen Hamburg et le MAMVP lui ont consacré l’exposition monographique « Entre chien et loup ». Depuis, son travail a été présenté dans des expositions solo à la Serpentine Gallery, Londres (2011) ; Centre Pompidou, Paris (2012) ; Haus der Kunst, Munich (2014) ; New Museum, New York (2016) ; Museo Tamayo, Mexico City (2017) ; Castello di Rivoli Museo d’Arte Contemporanea, Turin (2019) ; Mudam, Luxembourg (2019) ; Centro Botìn, Santander (2019) ; Buffalo Bayou Park Cistern, Houston (2021) ; Kunsthaus Bregenz (2021) ou Bourse de Commerce, Paris (2023). En 2001, Sala a reçu le Young Artist Prize de la Biennale de Venise, où il a représenté la France en 2013.En 2014, il a reçu le Vincent van Gogh Biennial Award for Contemporary Art in Europe. En 2023, les six fresques exposées ici sont entrées dans la collection de la Fondation Emanuel Hoffmann de Bâle. Depuis 2004, celle-ci s’intéresse au travail d’Anri Sala et procède à des achats. En plus des fresques, elle possède quatre dessins et trois installations vidéo et sonores qui occupent toute une pièce. Sala vit et travaille à Berlin.
Informations pratiques
Lu fermé
Ma 10h00–18h00
Me 10h00–20h00
Je–Di 10h00–18h00
Depuis la gare SBB tram n° 2, arrêt Kuntzmuseum
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Un choix d’oeuvres de la collection est exposé à l’occasion du passage de la flamme olympique à la Fondation Vuitton. Sont ainsi réunis de la galerie 9 à la galerie 11 les travaux de 6 artistes internationaux. Dans leur polyphonie, ils proposent un regard poétique et décalé autour de la thématique du sport.
Des kayaks à la Fondation ?
Roman Signers’approprie des objets du quotidien en les mettant en scène dans des installations ou des performances. «Installation mit Kajaks » met en valeur le kayak.
Habituellement synonyme de mouvement et de vitesse, l’embarcation suspendue au plafond est ici privée de toute utilité, mais acquiert alors un statut de sculpture qui la magnifie.
Blandine Pont, judokate classée 5e aux Championnats du Monde de Judo 2023 et vice-championne d’Europe lors des Championnats d’Europe de Judo 2024, partage avec nous son coup de cœur de l’exposition « La Collection, Rendez-vous avec le sport« , « Installation mit Kajaks » de Roman Signer.
Une nature grandiose
Dans « Engadin« ,Andreas Gurskyphotographie les montagnes suisses sous un ciel bleu intense. Une fine ligne de skieurs représente la présence humaine, qui paraît insignifiante face à la puissance de la nature, n’existant que par sa détermination à la défier.
Marcher sur les nuages avec Abraham Poincheval
Marie Patouillet, médaillé d’or olympique aux JOP Paris 2024, cycliste médaillée paralympique à Tokyo en 2021 et détentrice de médailles d’or et d’argent aux derniers Championnats du Monde, partage avec nous son coup de cœur de l’exposition « Walk on Clouds » (2019) de Abraham Poincheval.
L’artiste Abraham A.Poincheval, exposé à la Fondation dans le cadre de l’exposition « La Collection, Rendez-vous avec le sport« , présente son film « Walk on Clouds« , dévoile ses sources d’inspiration et explique ses méthodes de travail. La spectaculaire installation Walk on Clouds, 2019 [Marche sur les nuages, 2019], d’Abraham Poincheval montre, en Galerie 9, l’artiste arpentant la canopée des nuages. Suspendu dans le vide, il apparaît soutenu par une montgolfière munie de drones permettant de le filmer. Le film projeté résulte de cette performance. Celle-ci a exigé de l’artiste un engagement total de l’esprit et du corps, et une prise de risque telle que cette déambulation semble relever autant d’un rêve que d’un exploit sportif.
Olympic Rings
Le prêt de « Olympic Rings« , œuvre marquante de l’exposition « Basquiat x Warhol, à quatre mains », montrée en 2023 à la Fondation, a été exceptionnellement prolongé pour l’exposition. En 1985, Jean-Michel Basquiat et Andy Warhol détournent l’emblème officiel des Jeux dans la toile « Olympic Rings« . Warhol les utilise comme motif en ne respectant jamais l’ordre des couleurs d’origine et Basquiat impose un visage noir au centre de la composition.
Dans cette toile de 1983, Basquiat représente un combat de boxe marquant du XXe siècle : la défaite du boxeur afro-américain Joe Louis face à Max Schmeling, représentant de l’Allemagne nazie. Les combattants apparaissent dans la partie supérieure du tableau.
Dans le tiers inférieur, leurs noms répétés entourent un crâne qui se trouve au dessus du mot « crown », couronne d’une victoire politiquement sinistre.
Photographie de sport ou photographie d’histoire ?
La série de photographies “Diaspora” de Omar Victor Diop se déploie comme une galerie de portraits de figures africaines historiques que viennent détourner des accessoires de sports inattendus.
L’apparence codifiée de ces personnages historiques est alors perturbée par un ballon, un gant de football ou bien un carton rouge.
Informations pratiques
Fondation Louis Vuitton 8, Avenue du Mahatma Gandhi Bois de Boulogne, 75116 Paris
dimanche 10h – 20h Derniers accès 30 minutes avant la fermeture.
Lundi 11h – 20h Mardi Fermé
Accès Métro Ligne 1 Station Les sablons (950m)
Navette Toutes les 20 minutes environ durant les horaires d’ouverture de la Fondation Sortie n°2 de la station Charles de Gaulle Étoile – 44 avenue de Friedland 75008 Paris
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Ritual Inhabitual (Florencia Grisanti et Tito Gonzalez García) commissariat Sergio Valenzuela Escobedo coproduction La Filature, Scène nationale de Mulhouse ; Photoforum Pasquart ; Biennale de la Photographie de Mulhouse · avec le soutien du Centre national des arts plastiques (CNAP) ; du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) ; de l’Institut Français de l’Amérique Latine ; du Musée de l’Homme ; du Centro de estudios mexicanos y centroamericanos, Mexique (CEMCA) ; du musée du Quai Branly – Jacques Chirac ; de la Société des Amis du Musée de l’Homme, Paris (SAMNH) ; de la Société des amis du Muséum national d’Histoire naturelle et du Jardin des Plantes ; de Tamara Films. retrouvez cette exposition sur lafilature.org
Oro Verde est un mytho-documentaire qui retrace l’histoire de la révolution du peuple Purhépecha dans la région centrale de l’État du Michoacán au Mexique. Basé sur la revendication d’autodétermination des peuples indigènes qui placent la protection de l’environnement au centre de leur organisation politique, Ritual Inhabitual a élaboré un récit de la révolte en se concentrant sur un rituel que les Purhépecha entretiennent avec les abeilles sauvages des forêts qu’ils·elles protègent.
L’origine
Oro Verde est le nom donné par les Mexicain·es au marché de l’avocat qui est en partie aux mains d’organisations criminelles dans l’État de Michoacán, et dont la production intensive a causé d’importants dommages environnementaux dans cet État. En 2011, une révolte sociale initiée par les femmes de la communauté Puréhpechas dans le village de Cherán, réussit à expulser les narcotrafiquant·es, les partis politiques et les forces de l’ordre municipale. Depuis, les villageois·es ont fondé une communauté autonome qui place la protection de l’environnement au centre de leur organisation politique.
Le projet Oro Verde veut restituer à la révolution des Puréhpechas de Cherán un élément de l’imaginaire à travers une enquête photographique alliant documentaire et fiction. Mêlant à leur propre interprétation artistique, esthétique documentaire, mythologie locale, les artistes créent trois personnages fictifs en collaboration avec des sculpteur·rices locaux·ales, qui deviennent les sujets de scènes symbolisant des événements passés de Cherán. Depuis 2020, ils·elles ont réalisé trois voyages de plusieurs mois dans le village de Cherán pour mener leurs recherches, rassembler la documentation et commencer le travail avec les membres de la communauté. Le Prix pour la Photographie 2022 leur permettra de poursuivre ce travail à Cherán, et de réfléchir plus particulièrement sur la représentation photographique du rituel.
Ritual Inhabitual
Basé·es à Paris et d’origine chilienne, Florencia Grisanti et Tito Gonzalez García fondent le Collectif Ritual Inhabitual en 2013. En recourant à différents formats et dispositifs, leurs projets proposent une réflexion sur la place du rituel dans le monde contemporain. Ils·elles font émerger dans leurs récits des formes de représentation de la nature, qui deviennent langage et territoire pour différentes communautés humaines au centre de conflits environnementaux.
Leurs oeuvres ont été acquises par le Fonds d’art contemporain de Seine-Saint-Denis en France, la Fondation Rothschild en Suisse et des collections privées en Amérique du Sud. En 2021, le projet Oro Verde a été lauréat du fonds de soutien à la photographie documentaire du Centre national des Arts Plastiques (CNAP). Ils·elles sont finalistes du LUMA Rencontres Dummy Book Award. Leur précédent travail Forêts Géométriques, luttes en territoire Mapuche a été présenté aux Rencontres d’Arles en 2022 et a fait l’objet d’une publication aux éditions Actes Sud. www.ritualinhabitual.com
Sergio Valenzuela Escobedo
Né en 1983 à Santiago, vit et travaille entre Arles et Londres. Il est artiste chercheur et éditeur, mais aussi docteur en photographie de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles. Après un an à l’École nationale d’art de Johannesburg (NSA), il obtient son diplôme en photographie au Chili et termine son master en beaux-arts à la Villa Arson à Nice. Il est le commissaire des expositions Mapuche au Musée de l’Homme à Paris et Monsanto: A photographic investigation aux Rencontres d’Arles. Tuteur invité dans différentes écoles et institutions (Parsons Paris, l’ISSP et Atelier Noua), il est aussi collaborateur de
« 1000words » et cofondateur de « doubledummy », plateforme de réflexion critique autour de la photographie documentaire.
Biennale BPM
Biennale de la Photographie de Mulhouse 2024 MONDES IMPOSSIBLES 13 expositions à Mulhouse, Thann, Hombourg et Fribourg · en entrée libre du 13 sept. au 13 oct. 2024
La Galerie de la Filature du mardi au samedi galerie d’exposition 13h-18h + di. 14h-18h
Très bel hommage à Raymond Waydelich lors de ses obsèques ce jour en la Cathédrale de Strasbourg par Frédérique Goerig-Hergott, ancienne conservatrice au musée Unterlinden et actuelle directrice des musées de la ville de Dijon.
Avec son autorisation :
Ma première rencontre avec Raymond a eu lieu dans son atelier en 2009, il y a 15 ans, donc assez récemment en regard de son âge et de sa carrière. Il avait 71 ans, soit l’âge de mon père. En tant que conservatrice, j’étais intéressée par son parcours, curieuse de l’entendre me parler de son engagement et de son travail de mémoire. Il était très touché par le fait qu’une conservatrice s’intéresse à lui, m’avouant qu’excepté Roland Recht, j’étais la première professionnelle des musées à venir le voir.
Je voulais découvrir les premières œuvres de 1973 de REW consacrées à Lydia Jacob, une jeune apprentie couturière née en 1876 : Raymond avait trouvé son manuscrit au marché aux puces à Strasbourg et avait fait d’elle l’héroïne de ses œuvres dans son célèbre cycle Lydia Jacob Story.
Nous étions tous les deux à fouiller l’atelier, exhumant des pages du manuscrit de Lydia Jacob que REW avait retravaillées, ainsi que les premières boîtes-reliquaires que je cherchais. J’ai exposé dès 2010 et fait entrer une sélection de cet ensemble dans les collections du musée Unterlinden à Colmar pour garder la trace de celui que je considérais comme l’un des plus importants artistes alsaciens vivants.
Ce qui m’intéressait chez lui ? Le sujet de l’archéologie du futur, l’exploration de la disparition de civilisations imaginaires et aussi ses préoccupations écologiques et existentielles exprimées dès 1971 dans une exposition à l’Ancienne Douane à Strasbourg :
– que laissons-nous à nos enfants,
– quel regard porteront-ils sur nous à travers les vestiges de notre histoire ?
– quelle est la part d’interprétation des archéologues de notre civilisation disparue ?
A Paris, son travail ne passait pas inaperçu.
En 1976, Suzanne Pagé présente plusieurs œuvres de REW dans l’importante exposition « Boîtes » au musée d’art moderne de la Ville de Paris aux côtés de Kurt Schwitters, Marcel Duchamp, Max Ernst, Christian Boltanski et bien d’autres. Curieusement, cet épisode de sa carrière n’apparait pas dans les ouvrages qui sont consacrés à REW et pourtant cette exposition était un événement majeur.
En 1978, Jean-Jacques Lévêque choisit Waydelich pour représenter la France à la Biennale de Venise (20 ans après un autre alsacien : Hans Arp). REW y présente L’Homme de Frédehof, 2820 après J.-C. : immense environnement à sa mesure, une archéologie du futur qui renvoyait les visiteurs à leurs responsabilités face à l’avenir de notre planète.
C’était il y a 46 ans, 8 ans avant Tchernobyl. La galerie des Offices de Florence acquiert pour ses collections le personnage central de son installation : « Autoportrait contemporain ».
Cette œuvre sera le premier jalon marquant d’un vaste travail de mémoire où se mêlent présent et avenir, à travers le regard porté par l’artiste sur les traces de notre civilisation.
Depuis, REW n’a cessé de multiplier les brouillages archéologiques, les fossilisations du temps dans des entreprises parfois hors normes, mobilisant l’enthousiasme et l’intervention de ses contemporains, la population, l’administration et les entreprises.
En 1995, son site de Mutarotnegra, 3790 après J.-C. installé place du Château à Strasbourg offre le plus remarquable témoignage culturel de l’Alsace des années 1990. 320 m3 de terre ont été évacués pour installer 14 fûts étanches remplis d’objets dans un caveau de béton destiné à être ouvert le 23 septembre 3790. A l’intérieur des fûts, un cadeau fabuleux d’une parcelle de la mémoire de l’Alsace fait aux archéologues du futur : la collecte d’une impressionnante série d’objets issus de la vie quotidienne et des messages destinés aux lointains descendants. Le 23 septembre 1995 à 17h, le « Caveau du futur » fut scellé par une plaque de commémoration en fonte.
La créativité de REW était débordante, l’artiste était chercheur, inventeur, explorateur, collectionneur, partageur. Son œuvre est foisonnante, protéiforme. Il a participé à plus d’une centaine d’expositions en France et à l’étranger, entrainant avec lui d’autres artistes. Il n’a cessé de mettre sa créativité au service de la mémoire de son temps, de la culture, de la transmission, soutenant des associations caritatives et humanitaires.
REW aimait l’humour et la dérision, ne se prenait pas au sérieux. Il avait la gouaille d’un être aussi fulgurant que délicat, aussi bruyant que discret, aussi généreux qu’effacé.
Je crois qu’il souffrait du syndrome de l’imposteur : gêné parfois par son succès, il répétait qu’il était autodidacte et ne savait pas dessiner. Je lui répondais de ne pas s’en inquiéter : Picasso peignait à 15 ans comme Raphaël et avait cherché toute sa vie à se débarrasser de ses acquis pour parvenir à peindre avec la spontanéité d’un enfant. De ce fait, Raymond avait une chance et une liberté inouïes et une sacrée longueur d’avance.
REW n’a jamais trahi ses origines, ses rêves d’enfant bercés entre les aventures de Tarzan, de Zorro, de James Bond, les Westerns et ses lectures du journal Spirou. Les découvertes d’Heinrich Schliemann, pionnier de l’archéologie grecque, ont marqué toute sa vie et son œuvre. Parmi les artistes contemporains, il admirait Marx Ernst et vénérait Marcel Duchamp, qu’il qualifiait de génie universel.
REW était tout ce que j’aime chez un artiste : le talent spontané, l’inventivité débordante, l’intelligence créative et la générosité qui caractérise les génies.
Lorsqu’il a été élu Commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres, il a œuvré pour que Rémy Bucciali et moi-même recevions nos médailles d’Officier et de Chevalier en même temps que lui par Catherine Trautmann à l’Hôtel de Ville de Strasbourg.
En octobre prochain, il devait recevoir le Bretzel d’Or et nous devions nous retrouver.
J’ai aimé l’artiste, j’ai aimé l’homme. Il était un père, un frère, un ami. Il me manque, il nous manque, il manque à l’Alsace et à la Culture.
Je l’ai toujours défendu et je continuerai de le faire. J’espère que l’Alsace se mobilisera pour lui consacrer un musée et si je peux l’y aider, je le ferai.
Raymond, I love you. Help ! »
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L’Assomption de la Vierge, Charles Le Brun, XVIIe siècle
Comme chaque année, le 15 août,jour férié partagé par tous les Français, sonne le cœur de l’été. Pour célébrer ce jour de fête, certaines communes organisent souvent à cette date des festivités populaires : bals ou feux d’artifice.
Mais, savez-vous quel événement particulier est commémoré le 15 août et pourquoi cette date est particulièrement célébrée en France ?
Le 15 août est avant tout une fête chrétienne (sauf chez les protestants) qui célèbre l’Assomption de la Vierge Marie, corps et âme, vers le paradis.
Cette fête ne doit pas être confondue avec l’Ascension qui rappelle la montée au ciel de Jésus-Christ, célébrée 40 jours après Pâques.
La différence sémantique s’explique par la racine latine de ces deux termes : ascension vient du verbe ascendere (monter, s’élever) qui indique donc une action volontaire, tandis que le mot assomption vient du verbe assumere (assumer, enlever), qui indique que cette élévation vers le ciel est une volonté divine.
L’Église et la fête de l’Assomption
Tympan de la Dormition de la Vierge, portail sud de la Cathédrale de Strasbourg – vers 1200
Cette Assomption n’est pas mentionnée dans les textes des premiers temps de l’Église. Cependant, cette fête mariale trouve son origine dès les premiers siècles, dans les Églises orientales, où elle porte le nom deDormition de la Vierge. Les orthodoxes croient ainsi que Marie s’est comme « endormie », sans aucune peur, dans la mort.
D’abord célébrée mi-janvier, la montée au ciel de Marie est finalement commémorée le 15 août, selon le souhait de l’empereur romain d’Orient, Maurice (582-602).
C’est le pape Théodore (642-649), originaire de Constantinople, qui importe, en Occident, cette fête en l’honneur de la mère du Christ. Elle est finalement imposée à tous les chrétiens par le concile de Mayence en 813.
Il faut cependant attendre 1950 pour que le pape Pie XII proclame le dogme de l’Assomption de la Vierge Marie. Il réaffirme ainsi que « Marie, l’Immaculée Mère de Dieu toujours Vierge, à la fin du cours de sa vie terrestre, a été élevée en âme et en corps à la gloire céleste ».
Fêter l’Assomption durant le règne de
Louis XIII
L’Assomption de la Vierge par Nicolas Poussin, 1649-1650, conservée au musée du Louvre
Si pendant tout le Moyen Âge, l’Assomption est vue comme une fête religieuse banale parmi les nombreuses qui rythment le calendrier annuel du royaume, cela change sous le règne de Louis XIII.
En 1637, plus de vingt ans après son mariage avec Anne d’Autriche, le roi n’a toujours pas d’héritier. Il fait alors le vœu auprès de la Sainte Vierge de lui consacrer son royaume s’il obtient enfin un fils. La reine donne naissance à Louis-Dieudonné, futur Louis XIV, le 5 septembre 1638.
Pour remercier la Mère de Dieu de l’avoir exaucé, Louis XIII demande à tous ses sujets d’organiser, tous les 15 août, des processions en l’honneur de la Vierge. Le jour devient chômé pour faciliter l’organisation de ces célébrations. L’Assomption entre alors pleinement dans l’histoire de France.
Une fête nationale sous les Empires
Portrait de Napoléon Ier, Empereur, par François Gérard, conservé à Fontainebleau
Le calendrier républicain, instauré pendant la Révolution française, supprime de nombreuses fêtes catholiques comme l’Assomption.
Cela change avec Napoléon Bonaparte, Premier Consul, qui signe un concordat avec le pape en 1801. Cet accord autorise, notamment, le retour des grandes célébrations catholiques.
En 1806, Napoléon Ier, devenu empereur, réinstaure en France le calendrier grégorien. À cette occasion, il exhume un saint ayant vécu au IVe siècle, dont le nom Neapolis, serait l’antique forme de Napoléon.
Normalement fêté le 2 mai, l’empereur ordonne de le faire célébrer le 15 août, qui est également le jour de son anniversaire.
Cette date est ainsi érigée en fête religieuse, fête nationale et fête impériale.
Abandonnée pendant la Restauration et la Monarchie de Juillet, cette fête impériale redevient uniquement l’Assomption. Le 15 août est à nouveau adopté comme fêtenationalepar Napoléon III et célébrée durant tout le Second Empire.
Gravure figurant la fête du 15 août 1867 sur le Trocadéro
Pourquoi le 15 août est-il un jour férié ?
Avec l’avènement de la République, qui reconnaît toujours la Vierge Marie comme sainte patronne principale de la France, le 15 août retrouve sa vocation uniquement religieuse. Il reste férié pour permettre aux catholiques de célébrer cette fête majeure.
Aujourd’hui, cette fête donne toujours lieu à de grands rassemblements pour les croyants de l’église catholique. C’est le cas notamment à Lourdes, où le pèlerinage national français rassemble chaque année près de 10 000 pèlerins.
Pour les Français n’appartenant pas au culte catholique, ce jour férié est l’occasion de prendre un peu de repos, de prolonger les vacances d’une journée ou de participer à l’une des nombreuses fêtes organisées partout dans le pays.
Lire et voir ici une autre façon de voir l’Assomption
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Nom : Waydelich Prénom : Raymond âge : 85 ans naissance : Strasbourg résident : Hindisheim profession : Sculpteur, peintre, photographe signe particulier : représente la France à la Biennale de Venise en 1978 multi-primé multi-médaillé, blagueur
Décès
Vendredi 9 août en fin de journée à l’âge de 85 ans, à l’hôpital, à Strasbourg. C’était le dernier artiste alsacien à avoir représenté la France à la Biennale de Venise, en 1978. Depuis, Raymond-Emile Waydelich avait poursuivi un travail multiforme qu’habitaient ses mythologies et fictions.
Quelques extraits
Je rappelle ici mon billet lors de la remise de médailles à Mulhouse par l’Académie Rhénane du prix Europe 2022 par son président, Jean-Luc Seegmuller, et son vice-président Emmanuel Honegger officiaient ce jour-là au musée des Beaux Arts de Mulhouse. Le couronnement d’une carrière éclectique reliant le passé, le présent et le futur. Sculpteur, peintre, photographe, commandeur des arts et des lettres, l’artiste alsacien représenta la France à la Biennale de Venise en 1978. Après avoir exploré la mémoire du passé avec son travail sur la vie rêvée de Lydia Jacob, puis avoir en 1995 imaginé la mémoire future à travers sa grande exposition Mutaronegra, il donne aujourd’hui, en le sculptant, une vie nouvelle à son bestiaire merveilleux. (hommage vu à ST’ART 2021). Lesboites reliquaires de Lydia Jacob au musée Unterlinden
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Stature de bouc Règne de Trajan, début du 2e siècle de notre ère Marbre blanc
La plus grande collection privée de sculpture antique romaine conservée à ce jour – celle rassemblée par les princes Torlonia durant la seconde moitié du 19e siècle à Rome – se dévoile au public pour la première fois depuis le milieu du 20e siècle dans une série d’expositions-évènements. Et c’est au Louvre que les marbres Torlonia s’installent pour leur premier séjour hors d’Italie, dans l’écrin restauré qu’offrent les appartements d’été d’Anne d’Autriche, siège des collections permanentes de sculpture antique depuis la fin du 18e siècle et la naissance du musée du Louvre. Jusqu’au 11 novembre 2024 Les collections nationales françaises se prêtent volontiers à un dialogue fécond avec les marbres Torlonia, un dialogue qui interroge l’origine des musées et le goût pour l’Antique, élément fondateur de la culture occidentale.
Cette exposition met en lumière des chefs-d’oeuvre de la sculpture antique et invite à la contemplation de fleurons incontestés de l’art romain, mais également à une plongée aux racines de l’histoire des musées, dans l’Europe des Lumières et du 19e siècle. Née de l’amour pour la sculpture antique des princes de la famille, héritiers des pratiques nobiliaires de la Rome des papes, la collection Torlonia entendait, surtout avec l’ouverture du Museo Torlonia dans les années 1870, rivaliser avec les grands musées publics – du Vatican, du Capitole, du Louvre. Cette collection Torlonia, célèbre en Italie, fait l’objet depuis 2020 d’expositions-évènements qui proposent au public la redécouverte d’un ensemble de sculpture grecques et romaine de premier ordre, après la longue éclipse du musée aménagé par Alessandro Torlonia en 1876, fermé au milieu du 20e siècle. Les deux étapes romaine et milanaise, dont le commissariat fut assuré par Salvatore Settis et Carlo Gasparri sous la supervision de la Surintendance spéciale de Rome étaient construites autour d’une histoire à rebours de la collection.
Statue de la déesse Hygie assise musée du Louvre
L’exposition parisienne est née du souhait de présenter au public, dans un lieu chargé de l’histoire des musées de sculpture antique, cette collection méconnue en France. Elle propose une plongée esthétique et archéologique à la découverte des oeuvres exceptionnelles de la collection Torlonia, tout en saisissant l’opportunité d’un dialogue avec les collections du Louvre.
L’exposition au public d’une collection de sculpture antique de très haut niveau artistique, d’accès confidentiel jusqu’à une date très récente, dans un espace particulièrement marqué par la tradition palatiale de présentation de la sculpture, d’une signification historique de tout premier plan dans l’histoire des musées constitue ainsi un triple évènement en 2024. Soutenue par une sélection d’oeuvres de qualité exceptionnelle, l’exposition, bâtie avec les chefs-d’oeuvre de la collection Torlonia, porte l’accent sur une présentation des genres emblématiques de la sculpture romaine, et des styles artistiques riches et divers que celle-ci révèle. Portraits, sculpture funéraire, copies d’originaux grecs fameux, oeuvres au style rétrospectif nourries au classicisme ou à l’archaïsme grecs, figures du thiase et allégories dévoilent un répertoire d’images et de formes qui fait la force de l’art romain. Par ailleurs, un dialogue s’instaure entre deux collections soeurs, en mettant en regard les sculptures du Louvre et celles du musée Torlonia du point de vue de l’histoire des collections.
Le Louvre accueille dans ses murs une collection très peu connue du public car difficilement accessible depuis plusieurs décennies. Appréciée et célébrée par les spécialistes, elle est considérée comme la plus grande collection privée au monde dans le domaine de la sculpture antique. Elle est pour le Louvre l’occasion de mettre en valeur un lien historique avec les ensembles de sculptures romaines du département des Antiquités grecques, étrusques et romaines. Celles-ci sont en cours de réaménagement et invisibles pour le moment.
La présentation
La collection Torlonia est présentée dans un espace très particulier. La rotonde qui aujourd’hui encore y donne accès forme la charnière entre l’aile Denon, dans laquelle vous vous trouvez, et l’aile Sully qui débute une salle plus loin.
L’enfilade qui suit est aujourd’hui composée de cinq salles axées vers le sud et la Seine. Elle constitue un des espaces historiques important du Louvre, tout comme la salle dite « des Empereurs » placée perpendiculairement à leur extrémité. Si ces salles ont été remaniées parfois de manière importante depuis leur création, elles conservent, pour certaines, une partie de leur décor d’origine et sont un écrin idéal pour les sculptures romaines normalement présentées ici. La restauration des lieux étant à présent achevée, le choix de ces salles décorées par un peintre romain du 17e siècle pour présenter les statues de la collection Torlonia n’est donc certainement pas le fruit du hasard et renoue avec les origines des antiques du Louvre.
L’appartement d’été d’Anne d’Autriche
Les cinq premières salles de l’exposition constituent l’enfilade de l’appartement d’été de la reine Anne d’Autriche, épouse de Louis XIII et mère de Louis XIV. Celle-ci se plaignant de la chaleur épouvantable de son appartement principal placé au rez-dechaussée de l’aile sud du palais et tourné vers le midi, son fils commande à Louis le Vau la construction de ces espaces. L’aménagement est fait entre 1655 et 1658.
L’appartement comporte six salles à l’origine, les deux dernières sont à présent rassemblée en une seule. Si les cloisonnements ont disparu entre 1798 et 1800, les plafonds des cinq salles peintes par l’artiste romain Giovanni Francesco Romanelli sont conservés. Les sujets sont empruntés à la mythologie, à l’histoire antique ou moderne, à la Bible. Le décor est complété de stucs réalisés par le sculpteur Michel Anguier.
Les fresques de Romanelli constituent un ensemble décoratif du 17e siècle de première importance. L’artiste a séjourné deux fois à Paris, on lui doit aussi le décor de la galerie Mazarine sur le site Richelieu de la Bibliothèque Nationale de France, un ensemble restauré lui aussi il y a peu de temps. C’est dans les salles de l’ancien appartement d’été et au rez-de-chaussée de l’aile sud de la cour Carrée que seront présentés, sous le Premier Empire, les plus beaux antiques rassemblés par les agents napoléoniens dans toute l’Europe.
Les portraits
La collection Torlonia abrite essentiellement des oeuvres découvertes à Rome. Elles sont pour beaucoup d’entre elles des copies d’après des oeuvres grecques, d’autres sont des créations romaines originales et témoignent de l’importance du foyer culturel qu’est Rome à la fin de l’époque républicaine et au début de l’époque impériale. Il est un domaine dans lequel les sculpteurs romains ont excellé, c’est celui du portrait.
La « fanciulla » de Vulci
Ce portrait de Fanciulla, jeune fille ou fillette, est l’un des chefs-d’oeuvre de la collection Torlonia et l’un des plus importants portraits datant de la fin de l’époque républicaine, au premier siècle avant notre ère. Sa provenance de Vulci, grande cité d’origine étrusque située à 100 km au nord-ouest de Rome n’est pas certaine mais est souvent proposée. Le buste, fixé à l’origine sur un haut piédestal, montre en effet des influences italo-étrusques importantes dans la précision du travail, l’aspect très métallique de la technique et le grand réalisme des traits.
C’est une toute jeune fille qui est figurée, le regard porté vers le haut, la tête légèrement tournée. Sa peau lisse et sans défaut contraste avec la ligne très marquée de ses sourcils, son visage reste pourtant calme et réfléchi. Ses yeux étaient à l’origine incrustés et des éléments de métal aujourd’hui perdus lui donnaient un aspect sans doute bien plus animé : des boucles étaient fixées à ses oreilles et des éléments de métal sans doute dorés complétaient sa coiffure particulièrement élaborée qui s’achève en chignon à l’arrière du crâne. L’usage d’éléments rapportés dans des matériaux autres, parfois précieux, est bien connu dans la sculpture antique. Aucun contexte archéologique connu ne permet de préciser le cadre d’origine de présentation du buste.
Portrait d’un viel homme Milieu du 1er siècle Marbre blancBuste-portrait de Lucius Verus Fin du 2e siècle Marbre blanc
COPIES D’OEUVRES GRECQUES ET OEUVRES D’INSPIRATION
Après l’annexion par la République romaine de la Grèce à partir de 146 avant notre ère, un pillage sans précédent dirige vers Rome les chefs d’oeuvre de la statuaire antique qui ornaient alors sanctuaires et bâtiments publics des villes du monde hellénique. La presque totalité des oeuvres transférées disparaitra par la suite, en particulier de nombreux bronzes monumentaux fondus ou détruits. Les grandes familles romaines souhaitant décorer villas et jardins avec des oeuvres grecques, une multitude de copies sont réalisées, en général en marbre. Elles sont travaillées directement en Grèce ou dans des ateliers de Rome. On connait grâce à elles certaines oeuvres disparues car des dizaines de copies romaines de qualité plus ou moins grandes, en sont parfois conservées. L’intérêt de ces oeuvres est qu’elles gardent le souvenir et l’image de chefs-d’oeuvre qui sinon seraient irrémédiablement perdus.
Statue de divinité en péplos dite « Hestia Giustiniani »
Si beaucoup d’oeuvres copiées dans les ateliers romains font référence à des sculptures d’époque classique ou hellénistique réalisées entre le 5e et le 3e siècle avant notre ère, certaines sont associées à des temps plus anciens, antérieurs au 5e siècle.
C’est de toute évidence le cas pour cette figure de Hestia, déesse grecque du feu sacré et du foyer. La statue de la collection Torlonia est datée du 2e siècle de notre ère et copie un original datant d’environ -470/-460. Conservée auparavant dans la collection Giustiniani, la figure a connu une grande célébrité parmi les visiteurs étrangers des 17e et 18e siècles, étonnés par le rendu particulier de ses drapés. Le contraste entre la partie supérieure du vêtement, presque lisse mais qui souligne les lignes de la poitrine d’un côté, le lourd plissé monumental du péplos qui couvre les jambes de l’autre, est étonnant. C’est aussi le cas pour l’attitude générale assez figée et austère ainsi que la gestuelle limitée.
Buste de satyre ivre, réplique du type Herculanum Début de l’époque impériale Marbre de Dokimeion
STATUES ROMAINES, RELIEFS ET SARCOPHAGES
Les artistes romains nous ont laissé un grand nombre de reliefs sculptés qui forment un corpus hors norme. Le décor monumental de certains édifices et le travail de sarcophages ornés constituent un apport essentiel de Rome à l’histoire de l’art antique. Ses répercussions se feront sentir dans l’art occidental jusqu’au 20e siècle. Constituée à Rome, la collection Torlonia abrite un grand nombre de reliefs plus ou moins fragmentaires
Relief avec scène de boutique 1ere moitié du 2e siècle de notre ère Marbre de proconèse
mais aussi un groupe impressionnant de sarcophages sculptés qui comptent parmi ses plus grands trésors. Ce sont des reliefs de ce type qui auront une grande influence sur les peintres et les sculpteurs de la première Renaissance.
Sarcophage figurant les travaux d’Héraclès
Information pratiques
Musée du Louvre Présidente-Directrice du musée du Louvre : Laurence des Cars
Horaires Le musée est ouvert 9h to 18h lundi, jeudi, samedi et dimanche 9h to 21h mercredi et vendredi Fermé mardi
Métro 1 station Palais Royal musée du Louvre
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Jusqu'au 8 septembre 2024, à la Fondation Cartier pour l’art contemporain Commissaire de l’exposition : Juliette Lecorne Chargée de projets artistiques : Alessia Pascarella
La Fondation Cartier pour l’art contemporain présente la première exposition institutionnelle de Matthew Barney en France depuis plus de 10 ans. Les visiteurs peuvent ainsi découvrir la dernière installation vidéo de l’artiste américain, intitulée SECONDARY, aux côtés d’oeuvres spécialement créées pour l’occasion. Pour accompagner l’exposition, la Fondation Cartier propose également une programmation exceptionnelle d’événements et de performances.
L’exposition investit l’ensemble des espaces de la Fondation Cartier et présente pour la première fois une sculpture en terre cuite représentant un power rack [équipement conçu pour la pratique de l’haltérophilie]. Cette oeuvre évoque la chorégraphie matérielle de SECONDARY, dans laquelle le métal, la céramique et le plastique sont manipulés par les interprètes en temps réel. Ces matériaux suggèrent des qualités de force, d’élasticité, de fragilité et de mémoire, et chacun, à sa manière, incarne un personnage.
L’exposition comprend par ailleurs une sélection des premières oeuvres vidéo de Matthew Barney, intitulées DRAWING RESTRAINT, commencées en 1987 alors qu’il était encore en école d’art. Inspiré par les principes d’entraînement de résistance musculaire, l’artiste imposait des contraintes à son corps pendant qu’il dessinait, exposant ensuite, comme des installations in situ, les dessins et vidéos qui en résultaient, ainsi que les équipements utilisés. Cette série a lancé Matthew Barney dans son exploration des limites du corps et de la relation entre contrainte et créativité. Il s’agit de l’oeuvre la plus ancienne de l’artiste, qui a notamment jeté les bases de la création de SECONDARY.
À l’occasion de cette exposition, Matthew Barney réalise également DRAWING RESTRAINT 27, la dernière vidéo de sa série éponyme, qu’il filmera dans les espaces de la Fondation Cartier. Cette performance in situ sera réalisée par Raphael Xavier dans le rôle du joueur des Oakland Raiders, Jack Tatum. Elle sera ensuite diffusée dans l’exposition.
SECONDARY
Filmée dans le studio de sculpture de Matthew Barney à Long Island City, New York, aux États-Unis — où elle a été dévoilée pour la première fois au printemps 2023 —, l’installation SECONDARY se compose de cinq vidéos tournées sur un terrain de football américain reconstitué. Pendant 60 minutes, onze performeurs — principalement des danseurs aux corps vieillissants, parmi lesquels on retrouve aussi l’artiste — représentent l’action qui se joue sur le terrain.
L’intrigue de SECONDARY gravite autour du souvenir de l’incident survenu lors d’un match de football américain professionnel le 12 août 1978 : un impact violent entre le défenseur des Oakland Raiders, Jack Tatum, et le receveur de l’équipe des New England Patriots, Darryl Stingley, causant la paralysie à vie de ce dernier. Rediffusé en boucle dans les médias sportifs, cet événement tragique restera gravé dans les esprits des fans de football américain et du jeune Barney, lui-même quarterback débutant à l’époque.
Cette nouvelle oeuvre montre la superposition complexe de la violence réelle et de sa représentation, de même que sa célébration dans l’industrie du divertissement sportif. Elle examine ce jeu et la culture qui lui est associée à travers une sémantique du mouvement développée en collaboration avec les performeurs, le chorégraphe David Thomson et Barney lui-même.
Le résultat est une étude intensément physique et corporelle qui porte sur chaque élément du jeu, des exercices aux rituels d’avant-match en passant par les moments d’impact et leurs replays diffusés au ralenti.
Matthew Barney
Né à San Francisco, en Californie, et ayant grandi à Boise, dans l’Idaho, vit et travaille aujourd’hui à New York. Artiste polymorphe, sa pratique englobe le film, la performance, la sculpture et le dessin. Il est célèbre pour ses longs métrages The Cremaster Cycle (1994-2002), River of Fundament (2014) et Redoubt (2019), ainsi que sa série de vidéos DRAWING RESTRAINT (depuis 1987). En tant que sculpteur, Barney travaille avec des matériaux tels que la vaseline, le bronze, les polymères contemporains et, pour la première fois avec SECONDARY, la terre cuite, afin de créer des objets et des installations intrinsèquement liés à son univers cinématographique. Matthew Barney a présenté des projets d’envergure dans le cadre d’expositions individuelles à la Fondation Cartier pour l’art contemporain (1995), au Guggenheim, New York (2002), au 21st Century Museum of Contemporary Art, Kanazawa, Japon (2005), au Morgan Library and Museum, New York (2013), au Haus der Kunst, Munich, Allemagne (2014), à la Yale University Art Gallery (2019) et au Schaulager, Bâle, Suisse (2010 et 2021). Matthew Barney a reçu le prix Aperto à la Biennale de Venise (1993), le Hugo Boss Prize (1996), le Kaiser Ring Award à Goslar, en Allemagne (2007), le Golden Gate Persistence of Vision Award lors de la 54e édition du Film Festival de San Francisco (2011) et a été élu à l’Académie américaine des Arts et des Lettres (2024).
MÉDIATION CULTURELLE
Au plus près de la création contemporaine et des visiteurs de tous horizons Au coeur du bâtiment iconique de Jean Nouvel, les médiatrices et médiateurs culturels de la Fondation Cartier créent avec les visiteurs un dialogue singulier et continu autour de la création contemporaine. Ces échanges sont nourris par la diversité de leurs parcours, leur enthousiasme et leur connaissance fine des artistes et des thématiques de la programmation. Leur engagement et leur sensibilité permettent d’offrir aux visiteurs une expérience unique de partage et de transmission. À l’occasion de l’exposition SECONDARY, Matthew Barney, le programme de médiation culturelle s’étoffe. Les médiatrices et médiateurs culturels accompagnent le public à la découverte de Matthew Barney et de sa dernière installation vidéo. VISITES TOUT PUBLIC détail ici
Les Soirées Nomades de la Fondation Cartier proposent une programmation spéciale autour de l’exposition, présentant notamment le travail de certains des artistes impliqués dans la réalisation de SECONDARY comme le compositeur Jonathan Bepler et les performeurs Wally Cardona, David Thomson, Shamar Watt et Raphael Xavier.
Jacquelyn Deshchidn Chant de l’hymne national
Elle comprend des premières oeuvres, des compositions musicales et une variété d’oeuvres chorégraphiques couvrant les vocabulaires du mouvement postmoderne, de la danse-contact-improvisation, du krump et du break. Cette exposition présentée à la Fondation Cartier fait partie d’une série d’expositions autour de SECONDARY programmées en 2024, dont notamment : SECONDARY: object replay à la Gladstone Gallery, New York (16 mai – 26 juillet) ; SECONDARY: light lens parallax à Sadie Coles HQ, Londres (24 mai – 27 juillet) ; SECONDARY: commencement à Regen Projects, Los Angeles (1er juin – 17 août) ; SECONDARY: object impact à la Galerie Max Hetzler, Paris (7 juin – 25 juillet).
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