La Fondation Beyeler à Riehen près de Bâle consacre une vaste exposition à Jenny Holzer, une des artistes les plus importantes de notre temps. Intégrant des textes que l’artiste a écrit depuis la fin des années 70, cette exposition présente des oeuvres majeures des différentes phases de sa carrière, tout en mettant l’accent sur des réalisations récentes, certaines jamais montrées en Europe jusqu’à ce jour.
De la lumière, des textes, des lettres, des mots, comme des repaires que le spectateur doit suivre, où le mène t’il ?
Depuis plus de trente ans, JH transforme les paysages extérieurs et intérieurs en paysages textuels.
Jenny Holzer : une partie de mon travail est porté par le texte, d’autres informations sont transmises par l’interaction entre l’installation et le bâtiment.
Mais l’ensemble de l’œuvre ne se révèle qu’en pénétrant dans les salles obscures de la Fondation. On est très vite intrigué par toutes ces lumières clignotantes. Ces textes défilent de façon continue, sur des bandes électroniques sur des tableaux – écrans, pour propager des idées politiques.
Le texte, le message est toujours au centre. Elle aime jouer sur les contrastes, à côté des textes qui défilent, elle présentent des textes gravés sur des bancs. Mais elle veut que le visiteur prenne position. Ses textes, maximes appelés « truismes », comme les artistes grapheurs, veulent faire prendre conscience et montrer le caractère manipulable de la publicité. Ils ne sont pas toujours d’elle, car elle estime qu’ils ne sont pas suffisamment fort pour intéresser les gens et y associe d’autres auteurs. Elle souhaite qu’ils aient une portée universelle, accessible au plus grand nombre.
Elle veut que les visiteurs sentent ses installations dans tout leur corps.
Elle utilise des technologies de pointe. Des peintures et des sculptures côtoient ses célèbres installations à LED, associant de façon impressionnante des effets visuels grandioses et des textes mémorables, qui s’inscrivent dans le registre de la poésie, de la critique sociale et de la politique.
Cette présentation est complétée par une sélection d’œuvres que l’artiste a choisi dans la collection Beyeler. Au-delà de l’espace du musée, l’exposition s’étend également à l’extérieur, dans des lieux publics. De spectaculaires projections lumineuses sur des bâtiments publics, de Bâle et Zurich ont eu lieu certains soirs, ainsi qu’un projet unique utilisant le téléphone portable, développé pour la Fondation que l’on peut trouver sur leur site.
Hands, 2008
Cette installation montre des empreintes de mains censurées, de soldats américains, accusés de crimes de guerre au Moyen Orient. Avant leur publication, ces empreintes ont été noircies par les censeurs. Holzer a utilisé un procédé sérigraphique pour transférer ces reproductions
sur toile. Agrandies et reproduites en noir et blanc, elles produisent un effet implacable, juxtaposées avec la création Purple (2008) le contraste est saisissant entre les toiles immobiles et les textes en Led qui défilent à une allure vertigineuse. Les textes sont présentés tels qu’elle les a trouvé, avec leurs passages censurés, relatant des rapports d’autopsie, provenant du Moyen Orient et de Guentanamo.
A travers JH met en lumière au sens propre ce qui était gardé secret.
For Chicago, 2007
C’est l’une des plus récentes œuvres de ce type. Elle contient des extraits de l’ensemble de ses treize textes qui dénoncent avec précision des sujets comme la guerre, la violence, la mort, la sexualité, le pouvoir. Les textes défilent souvent en opposition discordante, qui ne permettent pas de les lire intégralement, les fragments s’accumulent pour en former une autre possibilité de sens (Red Yellow Looming 2004)
Lustmord Tables 1994,
Monument commémoratif érigé pour protesté contre la violence faite aux femmes.
C’est une réaction de l’artiste aux cruautés de la guerre, dans l’ex-Yougoslavie, où le viol et l’assassinat de femmes et de jeunes filles a été une tactique systématique. L’installation se compose d’os humains, des 2 sexes ; disposés, comme des artsfacts sur des tables de bois de récupération. Certains de ces os sont entourés de rubans métalliques gravés de fragment de texte par Jenny Holzer.
Redactions paintings, 2005-09
Ils utilisent des documents provenant du gouvernement américains, rapport d’autopsie réalisés sur des détenus morts dans les prisons américaines, et qui montrent des extraits de correspondance concernant les méthodes d’interrogatoire de l’armée.
Monuments, 2008
C’est une des installation de LED les plus spectaculaire, son titre fait allusion à la tour révolutionnaire de Vladimir Tatline Monument à la Troisième Internationale (1919)
Des panneaux semi-circulaires forment une immense colonne de lumière en vibration. Tout l’espace flamboie et englouti le spectateur. Les textes se gravent dans notre esprit sous forme d’image. Cette œuvre rayonne d’intimité, de promesse, de menace, de sublimité. Elle forme un contraste saisissant avec les bancs aux textes immobiles gravés.
Jusqu’au 24 janvier.
photos et vidéos de l’auteur sauf la photo 1
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