SMITH, artiste interdisciplinaire

Jusqu’au 7 mai 2022 à la Galerie de la Filature de Mulhouse

Les images impalpables de SMITH, photographe et plasticien, ont une qualité obsédante : portraits silencieux à l’identité trouble ou paysages pâles, ils sont d’autant plus forts qu’ils se réclament d’une certaine « fadeur ». Ce premier volet d’une exposition dédiée au jeune artiste, aujourd’hui très plébiscité, revient sur plus de 10 ans de création. 

PREMIER VOLET D’UNE EXPOSITION DE SMITH

« Des corps, des visages, des espaces, des teintes plus que des couleurs, de la poésie bien plus que du constat, de l’évocation et non du récit, des questionnements, beaucoup, et énormément de poésie. On ne peut réduire l’oeuvre de SMITH à ce qui en fait son contenu affirmé autour du genre, de l’identité, de la relation au cosmos car, même s’il se confronte en permanence à ces interrogations fondamentales qui l’amènent logiquement à des collaborations avec des artistes d’autres domaines et à des scientifiques de toutes disciplines, les dépasse par les enjeux esthétiques qu’il met en oeuvre.
Dans cette première étape d’une présentation qui se poursuivra avec Désidération, c’est la photographie et un peu de vidéo qui sont en oeuvre, avant l’installation. Une photographie qui questionne les codes de genres établis – portait, paysage – et les normes de la perception en confrontant une palette fragile et vibrante, presque estompée, aux tonalités affirmées et plus graphiques de ce que l’oeil humain ne perçoit pas mais que la caméra thermique révèle. Révélation, liée à autobiographie, ce sont peut-être là les mots qui conviennent le mieux au travail de SMITH« .
Christian Caujolle, commissaire de l’exposition

SMITH

Né à Paris en 1985, SMITH est diplômé de l’École nationale supérieure de la photographie (Arles) et du Fresnoy (Studio national des arts contemporains).
Photographe, cinéaste, plasticien et doctorant en esthétique, son travail transdisciplinaire s’appréhende comme une observation des constructions, déconstructions, délocalisations et mues de l’identité. À travers l’hybridation des techniques, des médiums, l’utilisation des nouvelles technologies et de nombreuses collaborations avec des scientifiques et philosophes, SMITH développe une poétique de la métamorphose. Explorant les figures transgenres du fantôme, du fantasme et de la transformation posttraumatique, l’artiste donne corps à des processus de subjectivation qui agissent en creux ou en négatif, à même l’effacement, l’altération ou la blessure de l’identité.
Ses travaux ont été présentés sous la forme d’expositions personnelles aux Rencontres de la photographie d’Arles, à la galerie Les
filles du calvaire, au Palais de Tokyo à Paris, au musée de la Photographie d’Helsinki, mais aussi dans de nombreux pays d’Europe
(Suisse, Suède, Autriche, Luxembourg, Allemagne, Espagne, Italie), d’Asie (Chine, Cambodge, Corée du Sud), d’Amérique latine
(Mexique, Chili, Uruguay) ainsi qu’aux USA.

La photographie comme une langue maternelle 

SMITH est tombé dans la marmite de la photographie dès l’enfance:
« Les images les plus anciennes sont issues de la série Löyly , réalisées à la sortie de l’adolescence », dit-il. « Je tenais une sorte de journal photographique, mes parents étaient photographes, l’appareil était un outil familier, presque une langue maternelle pour communiquer avec le reste du monde. Ce sont des photos prises toujours dans les mêmes conditions, des images spontanées, sans réflexion. 
Quand j’étais à court de matériel, j’utilisais leurs vieilles pellicules, qui donnaient parfois un résultat surprenant »
C’est plus tard que SMITH a appris à analyser, à construire sa pensée, quand il a intégré l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles.

Parutions

Sa première monographie, Löyly, paraît aux éditions Filigranes en 2013, suivie de Saturnium aux éditions Actes Sud et d’un livre d’entretiens avec l’historienne de l’art Christine Ollier aux éditions André Frère en 2017. Paraissent ensuite ses livres de photographie : Astroblème (éd. Filigranes, 2018), Valparaiso (si tu pleux) (éd. André Frère, 2019), Désidération (prologue) (éd. Textuel, 2021) et Desiderea Nuncia (éd. Ateliers du Palais, 2021). En 2021, la revue The Eyes publie Transgalactique, qui donne  pour explorer le thème
« Photographie, genre, transition ».

Courts-métrages Spectrographies

Ses courts-métrages Spectrographies (2014), TRAUM (2015) et Les apocalyptiques (2020) ont été diffusés au cours de festivals
et en salles en Europe et aux USA. Ses performances artistiques et chorégraphiques ont été présentées au Centre Georges-Pompidou, au théâtre de la Cité internationale avec le soutien de la Fondation Hermès – New Settings, au Centre national de la danse (Pantin), au musée de la Danse (Rennes) et au Centre chorégraphique national de Montpellier, sous la direction de Christian
Rizzo.

La cellule Cosmiel

« La désidération, c’est se sentir orphelin des étoiles » SMITH

SMITH fonde en 2018 la cellule Cosmiel avec l’écrivain Lucien Raphmaj et l’astrophysicien Jean-Philippe Uzan. En collaboration avec les architectes du studio DIPLOMATES, des musiciens et des performeurs, ils développent le projet Désidération qui explore la porosité des pratiques artistiques, scientifiques, de la philosophie et des narrations spéculatives, et propose une
autre mythologie du spatial, à travers la pensée d’une humanité interstellaire en quête de nouvelles alliances avec son cosmosoriginaire.
Exposé pour la première fois à la galerie Les filles du calvaire en 2019, puis aux Rencontres de la Photographie d’Arles en 2021, le projet Désidération fera l’objet d’un deuxième volet de l’exposition de SMITH à La Filature du 24 mai au 24 juillet 2022.

En 2012, avec son projet Cellulairement, l’implant d’une puce sous-cutanée RFID dans le bras permet à l’artiste de ressentir, grâce à une caméra thermique infrarouge, les ondes de chaleur de traces de corps absents: Smith appelle ces images spectrales des « thermogrammes».

SMITH, ARTISTE COMPLICE DE LA FILATURE, SCÈNE NATIONALE DE MULHOUSE
Depuis 2020, La Filature, Scène nationale accompagne l’artiste SMITH dans sa recherche et sa création.

SÉRIES EXPOSÉES

Spree, 2008
Löyly, 2009
Sub Limis, 2010
C19H28O2 (Agnès), 2011
Hear us marching up slowly, 2012
Spectrographies, 2012
Traum, 2016
Saturnium, 2017
♄ (suite saturnienne), 2018
Valparaiso, 2017

Informations

Exposition en entrée libre jusqu’ au 7 mai 2022
VISITES GUIDÉES sur rendez-vous
edwige.springer@lafilature.org ou 03 89 36 28 34
LA FILATURE, SCÈNE NATIONALE DE MULHOUSE
20 allée Nathan Katz 68100 Mulhouse · 03 89 36 28 28 · www.lafilature.org

À VENIR

Résidence de recherche-création pour le développement du projet Désidération, du 4 au 8 avril 2022
Accueil d’un nouveau volet de l’exposition Désidération, du 24 mai au 24 juillet 2022 en partenariat avec la Biennale de la Photographie de Mulhouse
Production et accueil d’une exposition sur le thème « genre, transition » sur une proposition de SMITH et Nadège Piton au printemps 2023
Production et accueil d’une forme performative de Désidération au printemps 2023

Auteur/autrice : elisabeth

Pêle-mêle : l'art sous toutes ses formes, les voyages, mon occupation favorite : la bulle.