Sommaire du mois de septembre 2018

01 septembre 2018 : Balthus à la Fondation Beyeler
12 septembre 2018 : 150 ans du zoo de Mulhouse, Cinq regards – Robert Cahen
17 septembre 2018 : The Music of Color – Sam Gilliam, 1967–1973
19 septembre 2018 : Nagasawa Rosetsu – D’un pinceau impétueux
23 septembre 2018 : Mondes intérieurs au Kunstmuseum de Bâle
26 septembre 2018 : Alphonse Mucha
28 septembre 2018 : Eblouissante Venise au Grand Palais

Eblouissante Venise au Grand Palais

Jusqu’au 21 janvier 2019 au Grand Palais
L’exposition semble un peu sombre lorsqu’on y pénètre,
mais c’est pour mieux révéler les splendides toiles vénitiennes
que l’on peut découvrir au long du parcours. Si on a de la
chance, des musiciens du conservatoire vous accompagnent
en musique.
Héritière d’une tradition multiséculaire, la civilisation
vénitienne brille de tous ses feux à l’aube du XVIIIe siècle,
dans le domaine des arts plastiques autant que dans ceux
des arts décoratifs, de la musique et de l’opéra.

Francesco Guardi

Grâce à la présence de très grands talents, parmi lesquels,
pour ne citer qu’eux, les peintres Piazzetta et Giambattista Tiepolo,
le vedutiste Canaletto, les sculpteurs Corradini et Brustolon,
Venise cultive un luxe et une esthétique singuliers.
La musique y vit intensément à travers les créations de
compositeurs comme Porpora, Hasse, Vivaldi, servies par
des chanteurs de renommée internationale comme le castrat
Farinelli ou la soprano Faustina Bordoni.
Farinelli

Au sein des « Ospedali » les jeunes filles orphelines ou pauvres
reçoivent une éducation musicale approfondie et leur virtuosité
les rend célèbres dans toute l’Europe.
Dans la cité, pendant le Carnaval, le théâtre et la farce sont
omniprésents, la passion du jeu se donne libre cours au
« Ridotto » .
Francesco Guardi

La renommée internationale des peintres et sculpteurs vénitiens
est telle qu’ils sont invités par de nombreux mécènes
européens. La portraitiste Rosalba Carriera, Pellegrini,
Marco et Sebastiano Ricci, Canaletto, Bellotto, voyagent
en Angleterre, France, dans les pays germaniques et en Espagne
où ils introduisent un style dynamique et coloré qui prend
la forme de la rocaille en France, du Rococo dans les pays
germaniques et contribuent à former de nouvelles générations
de créateurs. L’immense chef d’œuvre de Giambattista Tiepolo,
la voute de l’escalier d’honneur de la Résidence de Wurzbourg
est exécuté entre 1750 et 1753.

Cependant la situation politique et économique de Venise
devient de plus en plus fragile et un essoufflement se fait
sentir à partir de 1760 même si la Sérénissime demeure la
destination privilégiée des voyageurs du grand tour qui constitue
une clientèle attitrée pour les « Vedute » de Canaletto,
Marieschi et Francesco Guardi.
Pietro Longhi

Tout au long du XVIIIe siècle, le mythe de Venise, cité unique
par son histoire, son architecture, son mode de vie, sa vitalité festive,
se développe peu à peu. De grands peintres s’expriment encore,
dans la ville elle -même et sur la terre ferme.
Canaletto

Avec Giandomenico Tiepolo et Pietro Longhi, la peinture
incline progressivement vers la représentation plaisante d’un
quotidien vivant, coloré, sonore, peuplé d’étranges figures masquées.
Le carnaval bat son plein et Goldoni restitue par le théâtre
sous forme comique, les travers et les contradictions de la société
contemporaine. De plus en plus, derrière les fastes des cérémonies publiques, l’organisation oligarchique de l’Etat et l’économie se sclérosent
dangereusement. L’intervention de Napoléon Bonaparte
provoque la chute de la République en 1797.

L’exposition est un hommage à cette page d’histoire artistique
de la Serenissima, en tout point remarquable, par le choix des
peintures, sculptures, dessins et objets les plus significatifs
ainsi que par la présence de comédiens et musiciens se produisant
in situ.
Marionette Brighella

Un pas de côté!
Macha Makeïeff a imaginé des espaces à la fois pour un récit
vivant de cette Venise éclatante mais aussi pour une traversée
de sensations et d’étonnements : échos de musique, de danse et
de scène, rendez-vous nocturnes réguliers pour un public désireux
de remonter le temps dans la lagune (programme détaillé à venir).
Week-end à Venise avec Macha Makeïeff
podcast France culture
Antonio Corradini, Allégorie de la Foi

Avec la complicité du Conservatoire national supérieur de musique
et de danse de Paris, des théâtres Gérard Philipe à Saint-Denis
et de La Criée à Marseille, et du Pavillon Bosio, école supérieure
d’Arts plastiques de la Ville de Monaco, qui se prêtent au jeu
des mélanges heureux.
Podcast L’art est la matière France culture
Venise l’Insolente Arte

Alphonse Mucha

Jusqu’au 27 janvier 2019 au Musée du Luxembourg
19, rue Vaugirard, 75006 Paris
Alphonse Mucha (1860-1939) est un artiste à la fois célèbre
et méconnu. Célèbre pour avoir parfois donné son nom à
l’Art nouveau, dont il fut sans doute le représentant le plus
populaire. Méconnu pour son immense ambition de peintre voué
à la cause nationale de son pays d’origine, qui ne s’appelait pas
encore la Tchéquie, et des peuples slaves.

L’exposition du Musée du Luxembourg, la première consacrée à
l’artiste dans la capitale depuis la rétrospective du Grand Palais
en 1980, se propose donc de redécouvrir le premier Mucha et de
découvrir le second, de redonner à cet artiste prolifique toute sa
complexité artistique, politique et spirituelle.
Né en 1860 en Moravie, Mucha arrive à Paris en 1887 et
commence une carrière d’illustrateur.

Alphonse Mucha reste indissociable de l’image du Paris 1900
En décembre 1894, c’est sa rencontre avec la grande tragédienne,
Sarah Bernhardt, qui lance sa carrière d’affichiste. Il réalise pour
elle l’affiche de Gismonda, une pièce de Victorien Sardou,
première d’une longue série d’affiches publicitaires, ou simplement
décoratives, variant à l’infini un répertoire de figures féminines
entremêlées de fleurs et de volutes graphiques, qui lui apporteront
une immense notoriété et l’amitié d’artistes comme Gauguin ou
Rodin. Il est parallèlement sollicité pour des travaux de décoration,
par le joaillier Georges Fouquet, ou d’illustration pour des livres.
Mais dès 1900 et à l’occasion de l’Exposition universelle,
il entreprend de concevoir un projet qui dépeint l’histoire et la
civilisation du peuple tchèque et des peuples slaves.

On passe d’un artiste décoratif, à un artiste spirituel et politique.
Au travers de toutes ces œuvres, c’est la figure d’un homme
qui se dessine, mystique et visionnaire, animé d’une véritable
pensée politique, à l’heure du renouveau national tchèque et
de l’éclatement de l’Empire austro-hongrois.

Tout le travail préparatoire pour L’Épopée slave qui l’occupe
entre 1911 et 1928 témoigne de son attachement à son pays
natal et de son rêve d’unité entre les peuples slaves.
Au-delà du maître de l’Art nouveau, c’est donc l’œuvre
foisonnante et la personnalité singulière de cet artiste
que l’exposition entend révéler aux visiteurs.

Cette entreprise, teintée d’une philosophie humaniste,
franc-maçonne, va l’occuper les trente dernières années
de sa carrière et le conduire à peindre des toiles gigantesques,
pour lesquelles il produit une abondante quantité d’études
préparatoires au dessin virtuose.

Cette rétrospective montre donc non seulement les affiches qui
ont fait sa gloire, mais aussi ses merveilleuses planches d’illustrateur,
ses peintures, ses photographies, bijoux, sculptures, pastels
qui permettent aux visiteurs de découvrir toute la diversité
de son art.
commissaire : Tomoko Sato, conservateur de la Fondation Mucha,
Prague

Mondes intérieurs au Kunstmuseum de Bâle

Mondes intérieurs
Donation Betty et Hartmut Raguse-Stauffer

Jusqu’au 6 janvier 2019,
au Kunstmuseum Basel | Hauptbau, entresol

Hartmut Raguse-Stauffer et la commisaire Anita Haldemann

Depuis 2014, le Kupferstichkabinett du Kunstmuseum Basel
a accepté environ 300 oeuvres sur papier des domaines de
l’expressionnisme et de l’art contemporain pour l’essentiel,
dans le cadre d’une généreuse
donation de Betty et Hartmut Raguse-Stauffer.
Une sélection de ces oeuvres est présentée pour la première fois
au public.
La donation de Betty et Hartmut Raguse-Stauffer
reflète une remarquable activité de collectionneur longue
de quarante ans.
Emil Nolde

Celle-ci témoigne non seulement d’un attachement
inconditionnel à l’art, d’une expertise confirmée et d’une
intuition fine pour la qualité, mais elle est aussi l’expression
de la relation profonde entre deux individus qui ont mené
une existence commune durant de longues années.
Donation Betty et Hartmut Raguse-Stauffer s’attache
à honorer l’engagement généreux de ce couple de collectionneurs
et rend hommage à Betty Raguse-Stauffer disparue en 2015.
Betty et Hartmut Raguse-Stauffer acquièrent
leur première oeuvre un dessin de A.R. Penck
à l’occasion de leur mariage en 1976.
A.R. Penck Ohne Titel, ca. 1970 Aquarell
Blatt: 29.5 x 21 cm
Kunstmuseum Basel / Geschenk Betty und Hartmut Raguse-Stauffer

L’année suivante, l’acquisition d’une eau-forte d’Emil Nolde marque
l’entrée d’une seconde oeuvre dans la collection qui sera suivie
d’autres, nombreuses. Dès les premières années, les deux intérêts
principaux des collectionneurs se profilent : ils montrent un attachement
pour les artistes expressionnistes, en particulier Emil Nolde, qui comme
Hartmut Raguse est originaire du Nord de l’Allemagne ;
Emil Nolde, Paysage 1942

d’autre part, ils suivent les développements de l’art contemporain
et se passionnent pour des artistes figuratifs tels que A.R. Penck,
Jonathan Borowski, Marlene Dumas et Rosemarie Trockel.
Jonathan Borofzsky, 1942

Le couple de collectionneurs apprécie également les artistes suisses
des années 1980 comme Silvia Bächli, Miriam Cahn et
Josef Felix Müller dont il fait donation à
l’Aargauer Kunsthaus d’Aarau
où nombre d’entre elles furent
présentées dans l’exposition Wild Thing à l’hiver 2017-2018.
Betty et Hartmut Raguse ne s’attachaient pas à collectionner
certains artistes ou courants artistiques en particulier. En revanche,
ils accordaient de l’importance à l’oeuvre elle-même et au motif
qui reflétait leurs sensibilités et intérêts : les expériences humaines
existentielles telles que l’amour et la mort, la religion et la
spiritualité, ainsi que la musique.
Jonathan Borofzky

Dans le choix des feuilles transparaissent la profession
de Hartmut Raguse, théologien et psychanalyste, mais aussi
sa passion pour la musique, de même que le métier de sa femme,
psychanalyste.
Le lien émotionnel avec une oeuvre, sa force
expressive et le contexte de la collection ont toujours
constitué des fils conducteurs.
Helmut Middendorf Sensenmann, 1987 Aquarell

Grâce à leur enthousiasme et ténacité,
Betty et Hartmut Raguse-Stauffer ont acquis une
impressionnante collection au long des années.
Depuis 2014, le Kupferstichkabinett
du Kunstmuseum Basel
a bénéficié d’une donation
de 126 dessins, 157 gravures, 9 livres et 18 photographies
provenant de cette collection
.
Dans cette exposition le Kunstmuseum présente une sélection
d’environ 70 dessins et aquarelles issus de ce fonds abondant
et varié.

Commissaires : Anita Haldemann, Ariane Mensger

Horaires d’ouverture
Hauptbau & Neubau
Lundi fermé Ma 10.00–18.00
Me 10.00–20.00 – Je–Di 10.00–18.00
A partir de la gare CFF (Bahnhof SBB)

Tram n°2 en direction de «Eglisee/Badischer Bahnhof»,
descendre à l’arrêt «Kunstmuseum» (environ 4 min.)

Kunstmuseum Basel
St. Alban-Graben 8
CH-4010 Basel
Tel. +41 61 206 62 62

Nagasawa Rosetsu – D’un pinceau impétueux

Le tigre le plus célèbre du Japon – et, avec lui,
un temple tout entier
– est l’hôte exclusif du
Musée Rietberg à Zurich
pendant huit semaines.
Jusqu’au 4 novembre 2018

Muryoji_tiger
Tigre
Nagasawa Rosetsu (1754-1799). Détail d’une série de six panneaux coulissants; encre sur papier,

En 1786, au cours d’une seule et même nuit, l’artiste japonais
Nagasawa Rosetsu (1754–1799) aurait peint ce tigre
monumental et son pendant – un dragon – sur les
panneaux coulissants du temple Muryōji à Kushimonto, préfecture
de Wakayama.
Les remarquables peintures murales du temple ainsi que
d’autres chefs-d’oeuvre tout aussi époustouflants de Rosetsu sont,
pour la première fois, présentées hors du Japon.
L’exposition «ROSETSU – D’un pinceau impétueux» donne un
aperçu du travail fascinant de cet artiste japonais peu conventionnel.
Nagasawa Rosetsu, considéré comme l’un des artistes les plus
excentriques et novateurs du début de l’art moderne nippon, a réalisé
au cours de sa courte carrière de très nombreuses peintures qui
restent mémorables en raison de leur caractère visionnaire.
Les oeuvres originales de Rosetsu, visuellement fascinantes et
hautement fantasques, échappent à toute classification.
Il a su effectuer simultanément différentes techniques picturales
dans une variété de formats et changer fréquemment de style de
peinture au cours de sa courte carrière. Rosetsu a peint des
images remplies de dynamisme et d’humour à coups de pinceaux
virtuoses ou de ses doigts nus, mais aussi des compositions délicates
et élégantes tracées au pinceau fin trempé dans des pigments de
couleurs vives.
La sélection des oeuvres proposées offre une vue d’ensemble sur
ses motifs préférés et sur le large éventail de son répertoire
stylistique et formel. Les tableaux, quelques fois extraordinairement
réalistes, d’autres fois étonnamment modernes et presque abstraits,
mettent en lumière sa biographie entourée de légendes et son lien
avec le bouddhisme zen.
L’exposition nous emmène dans un voyage sur les traces de
Rosetsu à travers un Japon pré-moderne, jusqu’ici peu
connu, et qui reste étonnamment proche de notre époque.

L’exposition au Musée Rietberg comprend près de
60 travaux issus de multiples temples et de musées renommés
au Japon, en Allemagne et aux États-Unis. Un grand nombre
des pièces exposées sont enregistrées en tant que
«biens culturels importants» [patrimoine culturel du
Japon]
ou «oeuvres majeures»
[trésors nationaux du Japon].

Outre des peintures d’oiseaux et de fleurs riches en détails et
hautes en couleurs, ou encore des portraits de dames distinguées
dessinées sur des rouleaux suspendus (kakejiku) ou des
rouleaux horizontaux (makimono), le public peut admirer des
scènes panoramiques peintes sur des panneaux et des paravents
représentant des paysages fantastiques, des sages à l’air renfrogné,
ou encore des scènes de la vie quotidienne.

Grâce à la composition iconographique peu conventionnelle
des peintures de Rosetsu et ses coups de pinceaux dynamiques,
les motifs traditionnels de la peinture asiatique connaissent une
interprétation nouvelle qui ne cesse de surprendre, divertir et
fasciner le spectateur.
Lorsqu’il peint avec les doigts ou travaillait au moyen de pinceaux
émoussés, Rosetsu est un artiste impétueux et excentrique.
Mais lorsqu’il représente des chiots, des singes ou des enfants,
c’est avec délicatesse qu’il applique l’encre de Chine sur
le papier à l’aide de son pinceau fin, avec grande précision et
une attention aux moindres détails.
Au coeur de cet événement, on retrouve les 48 panneaux peints
– dont le tigre et le dragon – ainsi que des rouleaux
suspendus que Rosetsu a réalisé en 1786 pour la résidence
de l’abbé de Muryōji, un temple Zen
de Kushimoto (préfecture de Wakayama).
Ils n’ont, jusqu’à présent, jamais été vus ailleurs dans leur
intégralité. À Zurich, ils sont mis en scène dans une reconstruction
du temple et offrent au public une expérience unique ainsi que la
possibilité de profiter de la peinture dans son contexte architectural
d’origine.
Les peintures murales du temple Muryōji sont accompagnées
de nombreuses oeuvres exceptionnelles:
toutes ces images peintes sur des paravents, des rouleaux
suspendus (kakejiku), des rouleaux horizontaux
(makimono), des albums et des éventails illustrent de façon
impressionnante la carrière productive et variée de Rosetsu.
Le sens de l’humour unique de Rosetsu et ses compositions
avant-gardistes nous montrent un autre aspect, encore inconnu,
de la peinture japonaise en particulier, et de la culture japonaise
du XVIIIe siècle en général.
Pour des raisons de conservation, l’exposition dure deux mois.
Certaines pièces exposées seront échangées avec d’autres au bout
de quatre semaines.Issu d’une lignée de Samouraï, Rosetsu a suscité l’attention de
son vivant. De part sa personnalité débridée et son talent
extraordinaire, il a fait sensation dans les cercles artistiques
de la capitale impériale de Kyoto et des régions environnantes
de l’ouest du Japon. Reconnu depuis longtemps comme
l’un des disciples les plus talentueux du célèbre peintre influent
Kyoto, Maruyama Ōkyo (1733-1795), le nom de Rosetsu est
étroitement associé à la «généalogie des excentriques» parmi
lesquels on retrouve des artistes plus anciens tels que
Itō Jakuchū et Soga Shōhaku.
Commissaires de l’exposition
Dr. Khanh Trinh, conservatrice du département d’art japonais et
coréen au Musée Rietberg à Zurich
Dr. Matthew Mc Kelway, Professeur d’histoire de l’art japonais
à Université Columbia de New York et directeur du Centre d’art
japonais Mary Griggs Burke
Catalogue de l’exposition
Dans le cadre de l’exposition, un catalogue est à paraître aux
Éditions Prestel, en allemand et en anglais,
avec des essais scientifiques et des textes sur toutes les pièces
exposées, ainsi que des illustrations en couleurs de tous les objets.
Le catalogue présente les recherches les plus récentes;
c’est, en outre, la première publication la plus complète sur
Nagasawa Rosetsu en langues occidentales.

Visites guidées privées et publiques, ainsi que des ateliers
à l’attention des groupes scolaires, sont adossées à l’exposition et
complétées par un riche programme de manifestations.
Cette exposition est réalisée en coopération avec l’Agence pour
les affaires culturelles du gouvernement japonais (Bunkachō)

The Music of Color – Sam Gilliam, 1967–1973

Jusqu’ 30 septembre 2018, au
Kunstmuseum Basel | Neubau

Commissaires : Jonathan Binstock, Josef Helfenstein

Avec The Music of Color, le Kunstmuseum Basel organise
la première exposition individuelle et institutionnelle en Europe
consacrée à l’artiste Sam Gilliam (né en 1933). L’équipe
curatoriale internationale propose d’apporter un éclairage sur
les années 1967–1973, soit la période de création la plus radicale
de l’artiste américain qui
fut le premier Afro-Américain à représenter
les États-Unis à la Biennale de Venise.

Sam Gilliam

Une sélection resserrée de 45 oeuvres provenant de collections
particulières et publiques du monde entier offre aux visiteurs un
aperçu de l’oeuvre singulière de ce peintre influent pourtant inconnu
en Europe et permet, dans le même temps, d’aborder l’histoire de la
peinture abstraite dans les années 1960 et 1970 sous un angle nouveau.
À travers ses oeuvres souvent monumentales et dotées de couleurs
vives, Sam Gilliam ouvre un débat artistique et théorique en
interrogeant la séparation communément admise entre peinture,
sculpture et architecture. Pour l’exposition bâloise, l’artiste a repensé
certains de ses travaux afin de répondre aux particularités
architecturales du Neubau.

Sam Gilliam

Lorsqu’il emménage à Washington D.C. en 1962, Gilliam se
rapproche de la color field painting, raison pour laquelle les
historiens de l’art l’associent souvent à la Washington Color School.
Cependant, Gilliam ne tarde pas à délaisser la voie tracée par
Mark Rothko, Louis Morris et Kenneth Noland pour affirmer son
indépendance. Deux ensembles d’oeuvres majeurs –
les Slices (ou beveled-edge paintings) et
les Drapes (ou Drape paintings) – permettent de saisir la
diversité de sa pratique artistique et le caractère novateur
de ses travaux réalisés entre 1967 et 1973.

Sam Gilliam, Lady Day

En 1967, Gilliam commence à réaliser les beveled-edge paintings.
Sa technique consiste à verser de la peinture acrylique largement
diluée sur la toile non apprêtée, puis à la plier et à la froisser tandis
que la peinture est encore fraîche. Il tend ensuite la toile sur un
châssis incliné qui confère à l’oeuvre des qualités spatiales semblables
à celles d’un objet. Malgré leurs dimensions considérables, les
oeuvres paraissent flotter à quelques centimètres du mur.
Les slices of color – motifs et lignes aléatoires résultant du
séchage – forment des textures contingentes. L’application gestuelle
de la couleur renvoie au processus pictural et à la matérialité de la
toile et de la peinture, non au peintre lui-même.
Ce faisant, Gilliam prend le contre-pied des représentants du
Minimal Art et du Pop Art qui se prononcent alors contre le geste
expressif de l’expressionnisme abstrait.

Gilliam réalise sa performance artistique la plus radicale
avec les Drapes qu’il débute en 1968
. Il continue à employer
de la peinture acrylique largement diluée et des toiles non apprêtées,
mais il renonce au châssis. Présentant des formes et des formats
les plus divers, les Drapes semblent onduler dans l’espace, glisser
sur les murs et s’apparenter aux angles d’une salle, à des rideaux,
des vêtements ou bien des voiles de bateaux. Gilliam parvient ainsi
à maîtriser le champ d’action de ses peintures, à jouer avec le
plafond, le sol et les murs de l’espace d’exposition et à proposer
aux visiteurs de nouvelles expériences esthétiques. Ainsi libérés,
les Drapes se renouvèlent sans cesse et enveloppent l’espace
d’exposition de manière performative. En jouant avec des éléments
figuratifs, certains Drapes présentent des caractéristiques florales
ou anthropomorphes.

The Music of Color aborde également la dimension politique
et historique de l’oeuvre de Gilliam. Même s’il est rare que l’artiste
s’exprime personnellement sur la politique, l’exposition présente
des travaux des séries Martin Luther King et Jail Jungle qui
font écho aux émeutes raciales de 1968. De plus, l’oeuvre intitulée
Composed (formerly) Dark as I am (1968–1974) aborde,
non sans ironie, la polarisation du débat autour du Black Art et
le rôle des artistes noirs dans la peinture abstraite dans les
États-Unis des années 1960 et 1970.

Pour la première fois, l’oeuvre Rondo (1971) est présentée dans
l’exposition. Grâce au soutien du Arnold Rüdlinger-Fonds
de la Freiwillige Akademische Gesellschaft pour la collection
du Kunstmuseum Basel, cette oeuvre a pu être acquise
en 2017. Des prêts d’exception provenant de collections
particulières et publiques du monde entier, dont celles du
Museum of Modern Art (New York), du Metropolitan Museum
of Art (New York) et du Smithsonian American Art Museum
(Washington DC), viennent compléter l’exposition.
Dans le cadre de l’exposition, la publication The Music of Color,
Sam Gilliam 1967–1973 paraît aux éditions
Buchhandlung Walther König avec des contributions de
Josef Helfenstein, Jonathan Binstock, Sam Gilliam,
Rashid Johnson et Lynette Yiadom Boakye.
une partie des photos crédit du Kunstmuseum

150 ans du zoo de Mulhouse, Cinq regards – Robert Cahen

« Voir, entendre, découvrir le zoo autrement”
et « Sons en liberté  »
deux installations pérennes de Robert Cahen,
Cinq gros tubes, en PVC posés sur des pieds en bois de châtaignier,
sorte de longues-vues géantes disposés dès l’entrée, du côté
du Vortex.  Mêmes longues vues que celles exposées à Colmar
Robert Cahen proposait par le même procédé :
« La peinture en mouvement – Les œuvres du musée Unterlinden »
C’est une première approche du parc qui s’offre à nous.

Thierry Maury, Robert Cahen, Brice Lefaux, vétérinaire, directeur du Parc zoologique & botanique de Mulhouse et Pierre Louis Cereja

Pour les 150 ans du zoo de Mulhouse, Pierre-Louis Cereja
ancien journaliste à « L’Alsace » Monsieur Cinéma,
Extérieur jour, et Thierry Maury, de Pixea Studio,
producteur,
complice de Robert Cahen, vidéaste à la réputation internationale
qui pose son regard poétique sur le parc.
C’est un rêve d’enfance, que les 2 anciens « gamins » réalisent, alors
qu’ils se promenaient auprès de la fosse aux ours en compagnie
de leurs parents. Ils se sont rencontrés adulte, mais ont constaté
qu’ils avaient la même fascination pour le zoo, ses animaux,
sa nature, ses sons. Ils ont décidé de mettre en forme leur rêve.
Ensemble ils ont soumis leur projet à Brice Lefaux,
(le directeur du parc),
qui a immédiatement bien accueilli leur idée et soutenu
le projet.
Cigognes noires

Projetés sur une toile depuis le fond du tube grâce à un
pico projecteur”,
cinq montages de 9 minutes chacun, diffusés en boucle,
dévoilent de courtes scènes, les museaux terreux des suricates,
la moue d’un chameau, le ballet aquatique de l’ours Vicks,
les cigognes sur leur nid avec vue imprenable sur Mulhouse,
des allées verdoyantes et secrètes, des sculptures enfouies.
photo Thierry Maury

« On essaie d’emporter le visiteur-spectateur dans des choses
qu’on avait envie de mettre en valeur »
,
commente Robert Cahen.
photo Eliane Goepfert

Filmé à la fois dans ce qu’il est, ce grand parc zoologique où la nature
entoure si bien les animaux, se révèle dans les aspects les plus cachés,
secrets, voire magiques.
Entre réalité et imaginaire, une création originale,
plus expérimentale,
que documentaire, dans laquelle le visiteur se
laisse entrainer dans une
promenade poétique et un dialogue
intime avec l’image

(Robert Cahen)
un petit aperçu juste pour vous faire envie, un autre,
un dernier pour la route, la réalité est nettement meilleure.
Un barrissement d’éléphant (alors que cet animal n’y a jamais mis
sa trompe), des coassements de grenouilles (alors que ces amphibiens
ne grenouillent pas beaucoup au zoo) ou le chant des gibbons
(bien présents, eux, mais pas vraiment dans ce coin-là) :
voilà qui peut plonger dans un certain trouble et éveiller la curiosité
et l’écoute.
Cinq sources sonores disposées et dissimulées dans le parc.
Diffusion aléatoire de son d’animaux, en cinq boucles de 20 mn
Panda roux

zoo-mulhouse.com
03 69 77 65 65
51 rue du jardin zoologique
68100 Mulhouse
 

Balthus à la Fondation Beyeler

A la Fondation Beyeler jusqu’au 1 janvier 2019
Comme à son habitude la Fondation Beyeler nous
offre un programme de choix.

« L’œuvre de Balthus est verbe dans le trésor du silence.
Nous désirons, tous, la caresse de cette guêpe matinale que
les abeilles désignent du nom de jeune fille et qui cache dans
son corsage la clef de Balthus. »
Cahier d’art 1946.
René CHAR, Dans l’atelier du poète, Quarto Gallimard édition établie
par Marie-Claude Char. © Gallimard, 1996. p. 432-433.

Balthus autoportrait CP

L’exposition réunit 40 tableaux clé de toutes les phases
de sa carrière, des années 1920 aux années 1990.
À travers cette sélection, c’est pour ainsi dire la quintessence de
l’oeuvre de Balthus que découvre le visiteur, fruit d’une
carrière très longue qui n’aura pourtant produit que quelque
350 travaux.
Vidéo

Tout d’abord je vous propose d’écouter les 2 vidéos que j’ai
enregistrées, à la conférence de presse où
Madame  Setsuko Balthus (14 mn50)
raconte avec bonheur et humour, Balthus, son travail,
leur rencontre.
(7mn46)

Michiko Kono, Madame Setsuko Balthus, Sam Keller, Dr Raphaël Bouvier,

D’ascendance polonaise par son père, Erich Klossowski, historien d’art,
peintre et décorateur de théâtre, et russe par sa mère
Baladine Klossowska (mais tous deux ressortissants prussiens),
Balthasar Klossowski naît à Paris, un 29 février 1908 à Paris.
Sa famille, du fait de ses origines, se réfugie en Suisse lors de la
Première Guerre mondiale. Ses parents se séparent peu après et
Balthus passe son enfance avec son frère Pierre dans la région
de Genève, près de leur mère et bientôt de Rilke.

Balthus, le Roi des Chats -1935

A l’âge de 11 ans, le garçon publie son premier livre de dessins,
Mitsou, sous l’impulsion de ce mentor, lorsqu’il a quatorze ans.
Il signe le recueil du surnom de « Baltusz  » avec des textes de Rainer
Maria Rilke. C’est l’histoire d’un chat, le décor de sa vie de peintre
est planté.
Balthus n’aime pas parler peinture, il dit «  je suis un peintre dont
on ne sait rien, mais regardons mes peintures« .
Dans un geste modeste, il se dit artisan et non artiste, tout en adoptant
la posture et le statut de l’aristocrate intellectuel cultivant des
liens étroits avec de grands philosophes, écrivains, gens de théâtre
et cinéastes de son temps. C’est un peintre de la figuration.
Sa longue vie, qui a coïncidé avec la quasi-totalité
du 20ème siècle, a ainsi oscillé constamment entre ascèse
et mondanité.
Madeleine Malraux dit de lui :
«  sa peinture est douce, comme la musique
de Mozart », musicien préféré du peintre.
Il n’aime pas l’abstraction.
Suivons Jean Clair dans son analyse
Admirateur des peintres de la Renaissance, il réalise des copies
au Louvre de Poussin, Courbet Cézanne, Füssli.
Il est instruit par Bonnard, Derain lui prête son atelier où il
commence La Rue.
Ses amis sont Matisse, Picasso et Giacometti
A Florence il copie les maîtres italiens, Piero della Francesca,
Masaccio, Giotto. En examinant attentivement ses peintures
on y retrouve les compositions géométriques,  dans la Rue,
1933, il réalise
des emprunts spécifiques, comme les couvre-chefs,  des détails,
comme la diagonale de la croix, qu’il transpose dans le monde
contemporain. Les visages sortis des toiles de la Renaissance,
mais aussi empruntés aux bandes dessinées des  contes pour enfants
germaniques.(StruwelPeter). Il y a confusion très savante d’une
mémoire érudite de la grande peinture et de son enfance.

Balthus la Rue 1933

L’oeuvre majeure Passage du Commerce-Saint-André
(1952–1954
),

qui se trouve à la Fondation Beyeler depuis de nombreuses
années en tant que prêt permanent d’une importante collection
privée suisse, qui a été précédé par  la Rue, est une scène avec
un arrière fond historique. C’est ici que la guillotine a pour la
première fait une victime un agneau.
Puis on y voit la clé d’or, il y fait un mélange historique, onirique,
avec l’histoire et les récits de son enfance.

Balthus Passage du Commerce St André 1952 – 54

Les personnages sont figés comme sur une scène de théâtre,
le chien a une tête d’agneau ébouriffé. Le tableau condense de manière
particulièrement forte le souci intense du peintre de rendre visibles
les dimensions de l’espace et du temps et de révéler leur rapport
avec les figures et les objets – aspects fondamentaux de son art.
Artiste méticuleux – certains tableaux nécessitant plusieurs années
pour être achevés et après de nombreuses études préparatoires -,
Balthus est resté célèbre pour ses tableaux de jeunes filles nubiles,
souvent peintes dans des poses ambiguës, jouant sur l’idée
de l’innocence perdue à l’adolescence.

Balthus Thérèse rêvant (1938)

« Je vois les adolescentes comme un symbole.
Je ne pourrai jamais
peindre une femme.
La beauté de l’adolescente est plus intéressante.

L’adolescente incarne l’avenir, l’être avant qu’il ne se
transforme en
beauté parfaite. Une femme a déjà trouvé
sa place dans le monde,
une adolescente, non.
Le corps d’une femme est déjà complet.

Le mystère a disparu. »
L’artiste de la contradiction et du trouble, dont les oeuvres à la fois
sereines et fébriles font se rencontrer des contraires qui mêlent de
manière unique la réalité et le rêve, l’érotisme et la candeur,
l’objectivité et le mystère, le familier et l’étrange. Dans ce jeu de contrastes,
Balthus combine des motifs de la tradition artistique à des éléments
empruntés aux illustrations populaires de livres pour enfants
du 19ème siècle. Ses tableaux sont empreints d’ironie tant
implicite qu’explicite, réfléchissant et s’interrogeant par là
sur les possibilités et les impossibilités figuratives et esthétiques
de l’art du 20ème siècle.
Un portrait de femme adulte, dont il était éperdument amoureux,
la Bernoise Antoinette de Watteville qui lui opposait un refus,
mais qu’il a fini par épouser en première noce
et dont il s’est séparé, a donné le magnifique toile :
la Jupe Blanche 1937.

Balthus la Jupe Blanche 1937

Le Chat au miroir III, 1989–1994
Le chat et le miroir – deux motifs qui scandent toute son
oeuvre – se trouvent réunis dans Le Chat au miroir III.
Balthus n’a jamais renoncé à la peinture et a continué
de réaliser, jusqu’à un âge avancé, des tableaux
qui, avec leurs couleurs saturées, leurs étoffes tantôt
lourdes tantôt délicates et leurs motifs caractéristiques,
témoignent toujours aussi fortement de sa maestria.
Vêtue d’un costume d’un autre temps, la jeune fille est
assise sur un sofa recouvert de draps et de coussins.
Cette fois-ci, le miroir est tenu à la hauteur d’un chat,
mais ce dernier ne semble pas y prêter attention et
d’ailleurs, rien ne s’y reflète.

La Chambre turque, 1965/66
La Chambre turque fut peinte dans les années 1960,
alors que Balthus était directeur de l’Académie de France
à Rome, installée dans la Villa Médicis. Le tableau
surprend par sa riche ornementation aux réminiscences
orientales. Telle une odalisque étendue sur un divan de
la fameuse « chambre turque » de la Villa, une femme
gracile se prélasse en robe de chambre et se regarde dans
un miroir. Mais s’y contemple-t-elle vraiment ?
La seconde femme de Balthus, la peintre japonaise
Setsuko Ideta, sert de modèle pour ce tableau, dans
la pose traditionnelle de Vénus. La surface mate de
La Chambre turque – due à l’emploi de caséine et de
tempéra – rappelle beaucoup la peinture à fresque de
la Renaissance, que Balthus a pu étudier durant ses
nombreux séjours en Italie. En consacrant le plus clair
de son temps à la restauration du vieux palais romain
décati, Balthus a développé un goût prononcé pour
l’ornement. Les dallages opulents, les étoffes très
colorées aux motifs sophistiqués sont caractéristiques
de son oeuvre tardive.

Balthus la Chambre Turque 1965/66

Elle a raconté sa rencontre avec Balthus lors d’une visite à la Villa Medicis,
à l’âge de 20 ans, en temps qu’étudiante en art. Balthus lui a fait croire
qu’il avait 40 ans alors qu’il en avait 50 ans.
Elle conclue, que pour elle à ce moment là, elle n’y voyait pas de
différence !
Tous les dimanches, de 13 à 14 h
Lors de la visite de l’exposition, le musée recueille toutes vos questions
sur l’artiste et son oeuvre pour en débattre ensuite avec vous
directement devant les tableaux. « Balthus im Gespräch » : gratuit

Dans le Jardin d’hiver qui borde la salle 7, vous trouverez un
mur sur lequel apposer vos propres commentaires sur l’exposition.
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Programme lié à l’exposition  à consulter sur le site de la Fondation
A noter le mercredi 31 octobre à 18 h 30 en français
Robert Kopp , professeur émérite de littérature française
moderne à l’Université de Bâle
Balthus entre Rilke Artaud et Jouve.
Balthus peintre de la lenteur (l’art est la matière- France culture)