Fantin-Latour, À fleur de peau

Au Musée du Luxembourg jusqu’au 12 février 2017
Cette exposition met en lumière les oeuvres les plus
emblématiques d’un artiste surtout connu pour ses
natures mortes et ses portraits de groupe, et révèle
également la part importante occupée dans son œuvre
par les peintures dites
« d’imagination ».
Fantin Latour autoportrait
Très attaché dès sa jeunesse à la restitution fidèle de la réalité,
Fantin-Latour explora également, avec délectation,
une veine plus poétique qui le rapproche des symbolistes.
L’exposition, qui embrasse toutes les facettes de cette
riche carrière, propose un parcours dense rassemblant
plus de cent vingt oeuvres, tableaux, lithographies,
dessins et autres études préparatoires.
vue-de-lexpo-fantin-latour-les-brodeuses
Suivant un plan chronologique, l’exposition s’ouvre sur les œuvres
de jeunesse de l’artiste, en particulier les troublants autoportraits
qu’il réalise dans les années 1850-1860. Confiné dans l’atelier,
Fantin-Latour trouve alors ses sources d’inspiration au coeur de
son intimité : modèles captifs, ses deux soeurs sont mises en scène
en liseuses ou en brodeuses, tandis que les natures mortes savamment
composées des années 1860 révèlent, déjà, les qualités d’observation
exceptionnelles du jeune artiste.
Fantin Latour un atelier aux Batignolles
Un atelier aux Batignolles 1870 huile sur toile ;
204 x 273,5 cm Paris, musée d’Orsay,
Fantin Latour Coin de Table
Coin de table
de gauche à droite : Paul Verlaine, Arthur Rimbaud, Elzéar Bonnier,
Léon Valade, Emile Blémont, Jean Aicart, Ernest d’Hervilly, Camille
Pelletan 1872 huile sur toile ; 161 x 223 cmParis, musée d’Orsay
Les coups d’éclat de la décennie 1864-1872, période charnière
dans le travail de Fantin-Latour, sont mis en lumière dans
la seconde partie de l’exposition. Mu par de grandes ambitions,
le jeune artiste travaille alors intensément, innovant avec panache
dans le domaine du portrait de groupe.
Fantin Latour, Hommage à Delacroix
Avec l’Hommage à Delacroix, le premier de ses grands portraits
de groupe, il inscrit son nom dans l’histoire d’une certaine
modernité, aux côtés de Delacroix ou de Manet.
Avec Le Toast (1864-1865), Un atelier aux Batignolles (1870) et
Coin de table (1872), il multiplie les oeuvres à valeur de manifestes.
fantin-latour-nature-morte
La troisième partie de l’exposition présente les séries de
natures mortes et de portraits que l’artiste réalise entre
1873 et 1890. À l’exception des portraits de commande, qui se
raréfient peu à peu dans son oeuvre, il qualifie lui-même
la plupart de ces toiles d’ « études d’après nature ».
fantin-latour-capucines-doubles
Les somptueux portraits de fleurs qu’il brosse alors par dizaines
témoignent d’un talent rare dans la composition des
bouquets autant que d’une exceptionnelle virtuosité dans
le rendu des matières.  Ses portraits, qu’ils soient posés ou
plus intimistes, illustrent eux aussi un sens aigu de l’observation.
fantin-latour-la-nuit

L’artiste se lasse pourtant peu à peu des portraits et des
natures mortes, ainsi que le révèle la quatrième partie de l’exposition.
« Je me fais plaisir » : par cette phrase écrite dans une lettre
à son ami et marchand Edwards en 1869, Fantin-Latour évoque
les oeuvres dites  « d’imagination » qui occupent une part croissante
dans son oeuvre au fil des années.
Nourries de sa passion pour la musique, inspirées par des sujets
mythologiques ou odes à la beauté du corps féminin sous couvert
de chastes allégories, ces oeuvres révèlent un visage moins connu de l’artiste.

Henri Fantin-Latour
Entre l’austérité des portraits familiaux, la richesse des natures
mortes et la féerie des tableaux d’imagination se dessine
ainsi un personnage tout en nuances, dont la personnalité
complexe se trouve éclairée par l’abondante correspondance
qu’il entretint avec plusieurs de ses amis et artistes de l’époque.

Henri Fanti-Latour, détail hommage à Berlioz
Henri Fanti-Latour, détail hommage à Berlioz

L’exposition innove d’ailleurs en consacrant une salle au processus
créatif de Fantin-Latour qui, centrée sur L’Anniversaire
peint en 1876, présente en parallèle peintures, dessins et
lithographies retravaillées à de nombreuses reprises.
Cette rétrospective est enfin l’occasion de dévoiler au public
un corpus de photographies inédit, saisissant répertoire
de formes pour l’artiste.
Henri Fantin-Larour, Finale de la Walkyrie
Henri Fantin-Larour, Finale de la Walkyrie

Au-delà de la mise en lumière du genre traditionnellement
mineur de la nature morte, érigé par Fantin-Latour
en véritable portrait de fleurs, l’exposition souhaite brosser
l’image d’un artiste en prise avec les débats de son temps,
entre passion du réel et besoin d’évasion, qui a su s’imposer,
malgré sa discrétion, comme une figure marquante de son siècle.
podcast France culture, la Dispute

Auteur/autrice : elisabeth

Pêle-mêle : l'art sous toutes ses formes, les voyages, mon occupation favorite : la bulle.