Au musée Unterliden de Colmar jusqu’au 30.1.17
La première exposition d’art moderne organisée par le Musée Unterlinden après son extension par Herzog & de Meuron rend hommage au célèbre peintre allemand
Otto Dix (1891-1969).
Frédérique Goerig-Hergott,
Conservatrice en Chef, chargée des collections d’art moderne et contemporain.
Avec plus de cent œuvres issues des plus grandes collections
publiques et privées, l’exposition montre comment
Otto Dix s’est inspiré du chef d’œuvre du musée peint par
Grünewald, le Retable d’Issenheim (1512-1516).
Né en Thuringe le 2 décembre 1891, Otto Dix est l’une des
figures majeures de l’art allemand du 20 e s.
De cet admirateur de Nietzsche, on connait essentiellement
le portrait de la journaliste Sylvia von Hadern,
la vocation de l’exposition colmarienne
Otto Dix – le Retable d’Issenheim
est aussi de remettre en lumière une part injustement
méconnue de son oeuvre.
C’est à l’occasion du 125 e anniversaire de sa naissance et
des 500 ans du Retable d’Issenheim de Mathias Grünewald,
Que cette exposition permet de faire un parallèle entre les
2 artistes.
De ses débuts expressionnistes à Dresde dans les années 1910
à la Première Guerre mondiale, de la Nouvelle Objectivité
à son statut d’artiste dégénéré sous le régime nazi, de son
« exil intérieur » sur les bords du lac de Constance
à son emprisonnement à Colmar en 1945-1946,
jusqu’à son retour en Allemagne, le retable
de Grünewald n’a cessé de hanter son œuvre.
Un parcours chrono-thématique, déployé sur près de
800 m2, permet d’appréhender la richesse
de l’oeuvre d‘Otto Dix tout au long de sa carrière.
Le parcours est également ponctué de quelques tableaux
réalisés par les contemporains du peintre, de reproductions
à l’échelle d’oeuvres de Dix, dont une disparue pendant la
Seconde Guerre mondiale, et de documents d’archives (lettres, livres, photographies, journaux illustrés…).
On ignore encore si Otto Dix eu la possibilité de voir le retable lorsque ce dernier fut présenté à Munich. Pourtant il est certain que le peintre fut confronté à plusieurs occasions aux reproductions du polyptyque, à la fois dans la presse – à une époque où le retour du retable à Colmar, redevenue française, fait polémique – mais aussi au travers des nombreuses publications spécialisées dont Grünewald fut l’objet de prédilection dans les deux premières décennies du 20e siècle (et dont certaines figuraient dans la bibliothèque de l’artiste).
Otto Dix à Colmar (1945-1946)
« J’ai vu deux fois le Retable d’Issenheim, une oeuvre
impressionnante, d’une témérité et d’une liberté
inouïes, au-delà de toute « composition », de toute construction,
et inexplicablement mystérieuse dans ses différents éléments. »
Lettre d’Otto Dix à Martha, Colmar, le 15 septembre 1945.
Otto Dix, oeuvre disparue, reconstituée par Daniel Schlier et les élèves de la HEAR présentée dans la piscine
Considérant la guerre comme le symbole d’un nouveau départ
et la possibilité de laisser derrière soi une époque révolue
et bourgeoise, Otto Dix s’engage dans la Première
Guerre mondiale. À l’issue du conflit, hanté par la vision du chaos,
le peintre a recours au vocable des maîtres anciens pour exprimer
l’indicible horreur du conflit dans ses oeuvres comme
La Tranchée (disparu) en 1923 et les gravures de La Guerre en 1924.
Avec la montée du nazisme, Otto Dix doit démissionner en 1933,
de son poste de professeur à l’Académie des Beaux-Arts de Dresde,
qu’il occupe depuis 1927. Taxé d’ « artiste dégénéré », deux cent soixante
de ses oeuvres sont confisquées par les autorités du IIIe Reich,
dont certaines sont exposées au sein de l’exposition
itinérante Entartete Kunst.
Faces aux menaces faites à l’encontre de la liberté artistique,
Otto Dix peint des oeuvres dénonçant l’idéologie nazie,
et pour lesquelles il se réfère toujours au Retable d’Issenheim.
Après son retour chez lui, à Hemmenhofen
en février 1946, Otto Dix continue d’être
hanté par le Retable. Afin d’exorciser sa période
d’incarcération, et fidèle à sa pratique de l’autoportrait,
il peint de nombreuses toiles exprimant l’horreur
du camp de prisonnier et l’humiliation subie.
À partir des années 1950, les références au Retable d’Issenheim se font plus ponctuelles, il n’en demeure pas moins que celles-ci persistent jusqu’à la fin de la vie de l’artiste.
À une époque où l’abstraction connaît son plein essor, Dix,
qui s’y est toujours refusé, est alors perçu comme un peintre du passé.
L’exposition permettra ici de présenter cette période longtemps
délaissée de la carrière de l’artiste et d’offrir au regard du public
des oeuvres encore mal connues.
Musée Unterlinden
Place Unterlinden – 68000 Colmar
Tél. +33 (0)3 89 20 15 51
info@musee-unterlinden.com
www.musee-unterlinden.com
Horaires :
Lundi, Mercredi 10-18 h
Jeudi 10-20 h
Vendredi – Dimanche 10-18 h
Mardi : fermé
• Cycle histoire de l’art / Kunsthistorisches Zyklus
Profitez de la nocturne du jeudi soir pour découvrir
un aspect de la démarche artistique d’Otto Dix à l’occasion de visites en Français ou en Allemand.
Otto Dix, Grünewald, La Crucifixion par Aude Briau, assistante scientifique de l’exposition. Le 13 octobre à 18h30.
Dix, Grünewald, La Tentation de saint Antoine par Aude Briau, assistante scientifique de l’exposition. Le 20 octobre à 18h30.
Otto Dix und der Issenheimer Altar. En allemand par le Dr. Gitta Ho, assistante scientifique de l’exposition. Le 3 novembre à 18h30.
Otto Dix et les deux guerres mondiales par Aude Briau. Le 10 novembre à 18h30.
Otto Dix in Colmar. En allemand par le Dr. Gitta Ho. Le 17 novembre à 18h30.
La technique picturale d’Otto Dix, un empreint aux Maîtres anciens ? par Daniel Schlier, peintre et professeur de peinture, responsable du groupe de recherche Peinture(s) au sein de la Haute école des arts du Rhin, Mulhouse-Strasbourg.
Le 24 novembre à 18h30.
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