Au musée des Beaux Arts de Mulhouse
jusqu’au 15 mai 2016
C’est une mise à nu de l’artiste. Tout est dans le trait,
un travail sur le corps souffrant, en mutation, en lévitation,
à la fois masculin et féminin, animal et végétal, un corps androgyne
allant vers la lumière, la réconciliation et l’acceptation.
Elle démontre par sa création, sous forme de légèreté, la dualité
de l’être, le dur chemin du cerveau au coeur. C’est une recherche
où elle a mis son corps à contribution, où elle
s’est isolée dans la montagne, sans frivolités, sans palette,
ni tubes de couleurs.
Du dessin sous-jacent des débuts, elle arrive en 2015/16
à un dessin direct sur lepapier ou la toile.
photo Pascal Bichain
Simone Adou nous livre le cheminement de sa création
s’étalant sur 26 ans.
Chez Simone Adou, la création apparait comme une catharsis,
permettant d’exorciser traumatismes et souffrances.
Sa vie est pour elle une matière première qu’elle sublime, portée
par un imaginaire fécond et une perception poétique et
métaphysique du monde.
La connaissance du bouddhisme à partir de 1999, tout d’abord
révélation d’une démarche libératrice, laisse place ensuite à une
réflexion philosophique sur l’existence. L’artiste puise dans cette
sagesse la possibilité d’une distance vis-à-vis d’elle-même, jusqu’à
observer son sujet à la manière d’un anthropologue. Loin d’être
égocentrique, la visée est au contraire centrifuge, menant à une
meilleure compréhension de l’Autre et à une connaissance de soi
en vérité. Le processus est dynamique, il tend au dépassement,
à une constante recherche de sa place dans un univers en mouvement.
Simone Adou se concentre sur les techniques graphiques et les
aborde toutes : crayon, aquarelle, sanguine, encre, lavis, pastel.
Le trait est sûr, précis, rapide ; parfois des lavis ou des taches ombrent
ou brouillent la forme. L’artiste dessine sur du papier Ingres écru,
qu’elle affectionne, pour sa fragilité et sa sensualité, à la trame visible,
et expose ses oeuvres avec un dispositif scénique de suspensions
qui les arrachent à la terre.
En apesanteur… avec des techniques mixtes écrit-elle
Les VII chambres
A l’entrée des espaces le visiteur peut s’appuyer sur des textes poétiques écrits par l’artiste pour découvrir les sept chambres de la Villa Steinbach. Elles ne correspondent pas à un descriptif des oeuvres, mais aux émotions produites en regard des oeuvres.
Chacune de ses chambres représente un fragment de sa vie.
« Telle la musique de chambre ou le cinéma d’art et d’essai ou l’essai poétique, l’exposition est une déambulation intimiste qui nous invite là où l’on se met à nu : la chambre.
Invitation ou rituel à pénétrer dans sept chambres, sept passages symboliques d’une tranche de vie à l’autre constituant le parcours de ma vie avec un intervalle de 26 années entre la première et la dernière. Plus d’une centaine d’oeuvres presque exclusivement sur Ingres, ce papier écru si particulier où se lit la trame de la grille qui a formaté la pâte de papier, le papier semblant être un support idéal pour l’absorption de cette farandole émotionnelle… mais également une «deuxième peau» au travers de laquelle je respire et transmets mes expériences sensorielles et sensuelles.»
Simone Adou
Chambre I : La souffrance
elle s’est « amusé » à reproduire les caricatures du public des vernissages,
les Trois Grâces évoquant pour elle l’amour, les 3 faunes, la solitude et la dissection la haine, (femme tenant à bout de bras ses entrailles) dessinés à la sanguine.
elle illustre les 4 souffrances : la saisie, la répulsion, l’orgueil, la jalousie. (Les voiles de l’esprit (VoieDuBouddha)
« Passer d’une pièce à l’autre afin de l’habiter chacune pleinement et y laisser ses mues
Y consacrer des temps différents selon la chambre où la coquille de l’instant reste intacte […..]
La fleur au scalpel, j’explore ces corps monstrueux, écorchés, étonnamment touchants, sur la table opératoire de nos émotions à la recherche d’une certaine esthétique, dans cette expression graphique presque caricaturale qui te va si bien !
Alors : toucher – enfin – la peau de tes yeux. »
Chambre II : Les entrailles
[…] Dans mon ventre quelquechose naît, picote –
Oh ! nudifier la feuille et la charger à l’extrême –
te caresser et te maltraiter jusqu’à te rendre à l’invisible –
Je le voudrais !
Je me livre et me délivre…
Chambre III : Epuration : la ligne
ils se regardèrent et ils comprirent que le reflet frontal ne pouvait les satisfaire
alors ils créèrent un miroir pour se regarder de-derrière-d’eux et aussitôt il se reconnurent…
Chambre IV : L’apesanteur
Objet, corps et reflet en lévitation, pastels secs sur vélin d’Arches noir, 2010
…[Quelle image donne-t-on à son existence ?
Il faut aller gratter l’ombre de soi-même en équilibre sur un fil pour découvrir la nature
véritable de notre âme.
Le chemin est à l’image de nos vies tels des fragments subtils s’emboitant les uns dans les
autres et se répondant en écho –
Mes couleurs sont éléments : jaune pour la terre – rouge pour le feu – bleu pour le cosmos-
Le chemin est prêt : c’est une quête.]…
Chambre V : L’équilibre
Lucy in the sky 1999
Des ékilibr, techniques mixtes sur papier Ingres, 1999
Nous naissons du «dedans» pour vivre «au dehors» –
L’illusion du grand angulaire nous rappelle que le début et la fin se touchent – Celui qui a trouvé va mourir –
Celui qui cherche va naître –
Au centre se trouve l’équilibre…
(Yves Coppens et les Beatles)
Chambre VI : Espace-temps
Ce corps et tous ces corps marchent sur la Terre et ce pas et tous ces pas résonnent en elle – chaque pas englouti grossit la fréquence de sa Mémoire – l’engrosse des consciences oubliées
– l’ensanguinise –
La Terre : «Me mettre pieds nus et marcher sur la mousse fraîche – Oui – Je le voudrais !
Je regarderais mes pieds s’imbiber de sève et s’enfoncer dans un bruit de bulle-qui-éclate
– Comme ce serait bon !»
Le Reflet :
«Avance, avance toujours et sois tout entier dans tes pas.»
Chambre VII : La conscience
Ma création s’inscrit dans tout un processus de transformation
intérieure qui aura une répercussion directe sur ma vie artistique.
La conscience de ce qui est essentiel, le discernement, le sens
de nos propres actions et des évènements de notre existence,
toute cette observation rigoureuse du dedans
intimement reliée au dehors, m’ouvrira la voie d’une
Porte sensorielle, m’obligera à soulever des voiles, m’assoir à coté
de mes peurs archaïques et les reconnaître…
De cette fouille interne est née la série des « Ancêtres»
un travail sollicitant les sens et les
sensations, plongeant le regard dans l’intime, me forçant à
pénétrer, aller au travers du Désir afin d’intercepter notre processus
mental et le forcer à se retourner pour mieux se voir sous tous les
angles possibles.
Dans cet interstice j’ai créé des corps anthropomorphiques,
mi-homme, mi-animal, mi-déïté issus d’un lointain passé à travers
un gigantesque arbre généalogique aux embranchements
incertains…
Cette famille d’ancêtres peuplée d’androgynes, de lycanthropes,
d’êtres cornés-passeurs d’âmes tout droit sortis des tiroirs de
l’inconscient, renoue avec une expression graphique
presque caricaturale des débuts mais représentée avec une
grande profondeur de sentiments. Pour exprimer cette idée,
j’ai choisi un matériau qui me colle à la peau depuis
toujours : le papier. Le papier me permet de poser mes pattes,
d’ouvrir le Geste et déployer des constellations graphiques,
elliptiques en tous genres afin de mieux m’identifier.
Simone Adou est née à Thann en 1958, formée à l’Ecole des
Beaux-Arts de Mulhouse et à l’Ecole des Arts Décoratifs
de Strasbourg, Simone Adou vit et travaille à Mulhouse,
dans son atelier du quai d’Oran.
son site : https://www.simoneadou.com/
la plupart des textes sont de Simone Adou
Les + de l’exposition
visite guidée, le 24 avril 2016
Vendredi 29 avril à 19 h
CONTES ET LEGENDES
A partir de 7 ans
La légende d’Altan
Musique nomade de Mongolie
Avec Michel Abraham du groupe URYA
Il y a plus de 2.000 ans dans les montagnes de l’Altaï, au nord-ouest
de la Mongolie vivait un garçon prénommé Altan. Ce jour-là,
il ramassait de maigres racines au bord de la rivière Eeven.
C’est qu’il vivait modestement et même si son prénom signifie
« or » en mongol, lui et sa famille étaient très pauvres.
Jeudi 12 mai 19h CINEMA
Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures
CINE-CLUB proposé par Musées Mulhouse Sud Alsace
Film thaïlandais du réalisateur Apichatpong Weerasethakul, sorti
en 2010. Il remporte la Palme d’or lors du festival de Cannes 2010.
Oncle Boonmee souffre d’insuffisance rénale grave.
A Jen, sa belle-soeur venue lui rendre visite dans la ferme
qu’il dirige, il explique qu’il dépend de l’aide que lui apporte
l’un des ouvriers immigrés laotiens qu’il a embauché sans
savoir si ses papiers étaient en règle, Jaai. Jen découvre la vie
quotidienne et le travail auprès des ruches, des abeilles et du
miel qui occupe Boonmee. Un soir qu’ils dînent sous la veranda,
la défunte épouse de Boonmee se matérialise. Puis sort des
ténèbres un être hirsute, le fils disparu de Boonmee, devenu
un singe par amour de la photographie, de la forêt et d’un
singe fantôme qu’il a suivi d’arbre en arbre…
réserver auprès du musée, places limitées 03 89 33 78 11
Un catalogue très original, au prix de 10 Euros est en vente à l’accueil du musée.
Musée des Beaux-Arts – Musées Mulhouse Sud Alsace
Horaires
Ouvert tous les jours, sauf mardis et jours fériés de 13h à 18h30
Du 1er juillet au 31 août : de 10h à 12 h et de 13h à 18h30
entrée du musée des BA gratuite
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Je ne peux que vous encourager à visiter cette exposition
merci à toi Simone pour ton appréciation
ton article me donne l’envie folle d’aller découvrir cette exposition.. Merci de me donner l’occasion de voir ces oeuvres qui déjà sur le papier me touchent.
Bisous Miss
Merci Claire, nous nous connaissons ?
Très beau témoignage de Elisabeth Itti