Les temps satellites

Avec des photographies contemporaines de Raymonde April, Philip-Lorca diCorcia, François Deladerrière, Pierre Filliquet, Aurélien Froment, Angela Grauerholz, Suzanne Lafont, Eric Nehr, Bernard Plossu, Fiona Rukschcio et des photographies anciennes d’Auguste Bartholdi, Adolphe Braun et Henri Ziegler.

François Deladerrière

Proposée par l’association L’agrandisseur et imaginée par Anne Immelé, l’exposition au musée des Beaux Arts de Mulhouse
« Les temps satellites » invite, à travers une sélection de photographies anciennes et contemporaines, à une réflexion sur la notion de temps inhérente au travail photographique et s’offre comme une déambulation propre à permettre à chaque regardeur de vivre une expérience visuelle faite d’une pluralité d’instants photographiques.
Depuis son invention, des perceptions et des interprétations liées au temps gravitent autour de la photographie, tant ce medium instaure une relation particulière à l’éphémère et à l’immuable. Ce sont ces temps satellites que l’exposition met en évidence. Le rapport au temps se noue lors de la prise de vue mais aussi dans la mise en relation de photographies.
Par la mise en regard de photographies du 19e siècle et de photographies du temps présent, l’exposition propose de confronter des esthétiques photographiques qui peuvent se rejoindre et se répondre, indépendamment d’un regard historique, à partir de thématiques liées aux temporalités de la photographie.
Raymonde April

A l’instar de Raymonde April et de François Deladerrière, artistes invités, les photographes réunis par Anne Immelé proposent une expérience de la durée et du passage du temps, à partir d’une esthétique de l’instant et de l’immobilité vive. L’expérience de vie et le rapport au monde sont au coeur de leurs oeuvres, si bien que leurs photographies sont autant de témoignages de leur manière d’habiter le monde.
Structurée à partir de quatre thématiques transversales, l’exposition impulse une réflexion sur les différents enjeux et usages de la photographie en proposant un agencement d’images de périodes et mouvements artistiques hétérogènes, tout en veillant à ce que s’installe un dialogue entre les photographies contemporaines et les « incunables »
Des visages en écho
Les images de Fiona Rukschcio (Gaspard Ziegler et moi, 2008) de Suzanne Lafont (Portrait n° 11, portrait n° 12, 1989) et d’Eric Nehr (Darja, 1988) font écho au geste et au visage du garçon à la montre d’Henri Ziegler (Portrait à la montre de Gaspard Ziegler, daguerréotype, 1841) Portraits en plans rapprochés, composés sous forme de diptyque (S Lafont) ou de photocollage séquentiel (F. Rukschio) il s’agit de visages qui interpellent le spectateur et l’invitent à la contemplation, tant par la force de leur présence que par le pouvoir silencieux qui en émane.
Henri Ziegler - Portrait à la Montre de Gaspard Ziegler

 
Avant l’effacement
La photographie joue le rôle de prothèse de la mémoire, mais elle rste une fixation fragile et momentanée. La photo hante nos mémoires, mais elle semble parfois sur le point de disparaître, soit par la destruction du support photographique, soit par l’oubli. Les photographies d’Auguste Bartholdi (Egypte 1855-60) et d’Angela Grauerholz (1989-1993)
Rendent visible des processus d’apparitions et de disparitions. La collecte d’images et ses archivages permettent de remedier à cet effacement, de garder la trace de ce qui a disparu comme l’hommage rendu à Irma Vep par Aurélien Froment (Inventaire de succession, 2006)
Dans sa séquence Train de Lumière (1997) Bernard Plossu retranscrit l’éphémère de la perception des paysages défilant par la fenêtre du train, autant d’images qui s’effacent de nos mémoire au fil de leur succession.
Esthétique de l’immobilité
Indépendamment des périodes historiques, Adolphe Braun, Pierre Filliquet, et François Deladerrière interrogent la question du paysage en réalisant des images qui sont des plans fixes éternisés. Alors que beaucoup de photographes montrent des paysages pétrifiés et immuables. L’illusion tranquille (2008-2011) est une série réalisée par François Deladerrière dans des vallées reculées. Les vues de forêt ou de roches côtoient des images de discothèques vides, en marge de toute contemporanéité. L’apparente harmonie des paysages et le silence des lieux festifs semblent être troublés par une puissance inquiétante.
Les plis du présent
C’est grâce à un dispositif d’accrochage sous forme de constellation que Raymonde April (Mon regard est net comme le tournesol, 2011) active la possibilité d’un présent photographique, à partir d’images réalisées depuis une trentaine d’années, au fil de son quotidien. Ce déploiement autobiographique nous montre la fulgurance d’un présent photographique simultanément avec des remous du passé. Dans la séquence les Temps satellites (1986) Raymonde April associe des photographies qui esquissent un présent fugitif insaisissable. Philip-Lorca diCorcia (Paris 1996) revisite le fameux instant décisif d’Henri Cartier Bresson, en introduisant le doute d’une mise en scène et d’une artificialité dans des prises de vues sur le vif, faisant participer le regardeur à un « présent » en train de se faire, dont il deviendrait un témoin involontaire.
Texte Anne Immelé
 Au Musée des Beaux-Arts
Réservation conseillée au 03.89.33.78.11
Ouverts tous les jours de 13h à 18h30
sauf les mardis et jours fériés
Entrée libre
Rencontre exceptionnelle lundi 24 septembre 2012 à 19h avec
Bernard PLOSSU
(à écouter le podcast sur France culture dans Hors Champs)

Bernard Plossu

 
Présentation de l’exposition LES TEMPS SATELLITES et de la série de photographies
« Train de lumière » réalisée par Bernard Plossu en 1997
– Projection des courts-métrages « Marseille en autobus » (1991) & « Sur la voie »
(1997) réalisés par Hedi Tahar (dans le cadre du Ciné-club de Musées Mulhouse Sud-
Alsace)
– Discussion, suivie d’une séance de dédicace, autour des ouvrages publiés aux éditions
Médiapop : FAR OUT !, De Buffalo Bill à Automo Bill. (texte de David Le Breton)
et Iles Grecques, Mon amour (texte de Philippe Lutz).
En présence de :
Bernard Plossu, artiste-photographe
Anne Immelé, commissaire de l’exposition
Philippe Schweyer, éditeur
Philippe Lutz, auteur
Bernard Plossu

Mercredi 10 octobre à 19 h
Conférence d’Anne Immelé, photographe et enseignante
« Figures de l’éphémère. Sur la dimension du mémento mori dans la photographie »
A l’occasion de la parution de l’ouvrage éponyme publié dans la collection des cahiers de recherche de l’Université de Strasbourg – UFR Arts et dans le cadre de l’exposition Les temps satellites.
Mercredi 17 octobre à 18h45
« Soirée intime » proposée par la Librairie Bisey
Lecture d’extraits d’ouvrages à sujets photographiques en regard d’oeuvres présentées dans l’exposition Les temps satellites
Vendredi 19 octobre à 20h
Concert « Et si l’on pouvait photographier un son ? » de l’ensemble de musique baroque Antichi Strumenti en écho à l’exposition Les temps satellites dans le cadre des « Vendredi au Musée ».
Le temps du photographe est-il le même que celui du musicien ? La perception du regard dure-t-elle autant que celle de l’écoute ? Que représente pour le musicien le « moment suspendu » au coeur de l’exposition Les temps satellites ? A la suite de réflexions suscitées par la visite de l’exposition, des instantanés sonores seront proposés par l’ensemble AntichiStrumenti dans une création pensée pour répondre à ces questions et en poser d’autres…
Dimanche 21 octobre de 11h à 16h
« Dialogues, regards croisés n°7 » entre la Filature – Scène Nationale, le Musée des Beaux-Arts et La Kunsthalle – Centre d’art contemporain de Mulhouse à l’occasion des expositions Photographes en Alsace : paysages intimes, Les temps satellites et Tchernobyl on tour, Elena Costelian.
Le public est invité à parcourir trois lieux et autant de chemins de traverse que d’oeuvres et de questions artistiques abordées en miroir.
Mercredi 24 octobre à 19h
Conférence de Christian Kempf, photographe et historien de la photographie
« Henri Ziegler, Adolphe Braun et Auguste Bartholdi : de l’amateur au professionnel, lespremiers procédés photographiques en Alsace » dans le cadre de l’exposition Les temps satellites.
 Jusqu’au 10 novembre 2012

Auteur/autrice : elisabeth

Pêle-mêle : l'art sous toutes ses formes, les voyages, mon occupation favorite : la bulle.